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  • 04/09/2024
Depuis le 1er septembre, les 3.500 agentes de l'Eurométropole de Strasbourg peuvent bénéficier d'un "congé de santé gynécologique" : 13 jours d'absence exceptionnelle par an pour celles souffrant de douleurs menstruelles, d'endométriose ou de symptômes liés à la ménopause. On en parle avec Florence Chappert, responsable santé à l'Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail.
Regardez L'invité pour tout comprendre avec Yves Calvi du 04 septembre 2024.

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Transcription
00:00Duquelvie et Agnès Bonfillon, RTL Soir.
00:03Il est 18h42, bonsoir Florence Chaper, vous êtes responsable santé à l'agence nationale
00:08pour l'amélioration des conditions de travail, merci beaucoup de nous rejoindre sur RTL.
00:12Depuis dimanche, les femmes employées par la métropole de Strasbourg peuvent bénéficier
00:16d'un congé de santé gynécologique, et cela en cas de règles douloureuses,
00:20d'endométriose, mais aussi de symptômes liés à la ménopause.
00:2313 jours d'absence par an sont accordés sur certificat médical.
00:28Il est sans doute utile de rappeler ce qu'est très concrètement la ménopause,
00:32pouvez-vous nous donner une définition claire Florence Chaper ?
00:36Bonjour à vous, alors je ne suis pas une spécialiste côté médical,
00:42effectivement par contre, ce dont on va s'intéresser nous à l'agence
00:47pour l'amélioration des conditions de travail, c'est les impacts sur le travail.
00:51Effectivement, une femme qui est en période de ménopause, a des bouffées de chaleur,
00:57a des insomnies, a des douleurs articulaires, c'est très variable selon les femmes.
01:02Mais ce que l'on sait, c'est que cela a un impact sur la sphère professionnelle
01:08et un impact qui est très peu connu.
01:10Elle peut avoir des difficultés à changer de position ou à tenir des positions dans la durée,
01:16par exemple rester debout pour une vendeuse ou pour une hôtesse d'accueil.
01:22Elle peut avoir besoin d'interrompre son activité en allant aux toilettes,
01:27elle peut avoir aussi une baisse de sa capacité de concentration.
01:32Tout cela génère également pour elle, parce que c'est un tabou en entreprise ou dans les administrations,
01:42et j'avoue que la métropole de Lyon est très innovante parce que pour moi,
01:47c'est une des premières à mentionner dans ses dispositions la question de la ménopause,
01:53puisque pour les femmes, elle gère cela dans la gêne, dans la culpabilité, dans l'irritabilité,
02:02voire cela peut conduire à une certaine dépression.
02:06Donc souvent pour les femmes, ça se traduit par finalement un certain présenthéisme,
02:12malgré les douleurs, des stratégies pour effectuer le travail,
02:16mais parfois au détriment de leur santé.
02:18Vous nous dites, pardonnez-moi, que des femmes viennent travailler
02:20parce que finalement, d'une certaine façon, elles se sentent contraintes ou elles ne peuvent pas en parler,
02:25parce que ça n'est pas géré aujourd'hui dans un nombre d'entreprises importantes,
02:28dans de mauvaises conditions au moment de leurs règles ?
02:32Absolument.
02:33Alors une femme qui est en période de ménopause, c'est justement l'arrêt des règles.
02:38Ce dont vous parlez, c'est plutôt de l'endométriose qui génère des crises.
02:45Pour les femmes qui sont en situation de ménopause,
02:50elles vont avoir besoin, par exemple, qu'on adapte leur poste de travail,
02:55qu'on leur permette de bouger, de développer des marges de manœuvre
02:59quand elles sont dans des postes fixes,
03:01parce que les postures pénibles tenues dans la durée leur sont difficiles.
03:06Elles vont avoir besoin d'être au frais,
03:07si elles sont dans des locaux surchauffés, pas climatisés,
03:11elles vont avoir besoin d'avoir de l'eau à proximité.
03:15Mais également, elles peuvent avoir besoin qu'on adapte leur activité,
03:19par exemple...
03:21Mais les entreprises jouent le jeu, pardonnez-moi de vous interrompre,
03:23est-ce que parfois certaines entreprises jouent le jeu ?
03:26Ou commencent à intégrer ces notions qui sont quand même relativement récentes de prise en charge ?
03:32Alors moi, je ne connais quasiment pas d'entreprise
03:35qui effectivement, sur la question de la ménopause, s'engage.
03:40La métropole de Strasbourg est effectivement tout à fait précurseur sur le sujet.
03:46Par contre, vous avez sûrement entendu parler,
03:49et nos auditeurs et auditrices également,
03:51de la question de l'endométriose.
03:54Lanacte a d'ailleurs réalisé un guide pour aider les managers et les ressources humaines
04:00à adapter le travail, adapter l'activité, adapter le temps de travail.
04:04C'est tout à fait nouveau, si je puis dire, en France,
04:09parce qu'adapter les conditions de travail à des spécificités féminines,
04:14notamment gynécologiques,
04:15mais on pourrait parler des spécificités morphologiques, physiologiques,
04:20on ne tient pas forcément compte dans les matériels,
04:23dans les équipements de protection individuelle,
04:25des différences de taille, de force physique, de force musculaire, etc.
04:30Et donc, c'est tout à fait tabou.
04:33Les femmes ont peur d'être discriminées,
04:35et finalement, beaucoup de managers ou de ressources humaines
04:40préfèrent, par exemple, en situation d'endométriose
04:44ou en situation de ménopause ou de fibromyalgie
04:49qui touche plus les femmes, par exemple, ou même de cancer du sein,
04:53elles préfèrent que les femmes soient arrêtées
04:56plutôt que d'adapter leur travail et leur activité.
05:01En fait, en France, finalement, on a un peu un mythe
05:04de l'égalitarisme au travail, je dirais.
05:07Cette idée que tout le monde doit travailler pareil,
05:11au même moment, tout le monde doit avoir la même productivité.
05:15Or, c'est vrai que le système reproductif féminin
05:19fait que, oui, il y a des variations hormonales,
05:23il y a des variations dans le corps
05:28qui sont peut-être plus importantes,
05:30là aussi, je ne suis pas médecin,
05:32plus importantes que pour les hommes,
05:35et finalement, prendre en compte,
05:39adapter le travail à ces variations
05:43tout au long de la vie d'une femme.
05:46Mais ce que je dis pour une femme peut valoir aussi,
05:50peut-être pour des hommes qui ont de l'endopause,
05:52mais aussi peut valoir pour les jeunes femmes
05:55qui ont des règles douloureuses,
05:56pour celles qui ont de l'endométriose, fibromyalgie,
05:59mais aussi pour celles qui réalisent une aide médicale à la procréation
06:05ou qui ont un IVG ou lors d'un post-partum.
06:09Donc, vous voyez qu'il y a beaucoup de situations,
06:12si je puis dire, dans la vie d'une femme,
06:16mais qui concernent également les personnes intersexes,
06:20les personnes non-binaires, les personnes trans
06:22qui vivent aussi des variations hormonales.
06:25Je ne voudrais pas uniquement être restrictive.
06:28Et c'est là que l'employeur a beaucoup à gagner,
06:34si je puis dire, sortir de ce tabou,
06:39en parler, créer des conditions d'échange sur ce sujet,
06:46d'abord avec sa salariée.
06:48Mais c'est sûr qu'il faut garder une certaine confidentialité
06:51vis-à-vis aussi de l'équipe,
06:54vis-à-vis tout le monde n'a pas envie que ces problématiques de santé...
06:58Vous avez été parfaitement clair,
07:00pardonnez-moi de vous interrompre Florence Chaper,
07:01je rappelle que vous êtes spécialiste santé à l'Agence nationale
07:05pour l'amélioration des conditions de travail.
07:07Merci d'avoir pris la parole ce soir sur RTL.
07:09Dans un instant, nous serons avec Marc-Antoine Lebray.

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