Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent des traversées de la Manche.
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00:0018h-19h sur CNews et Europe 1, Punchline, Laurence Ferrari.
00:13On se retrouve dans Punchline, sur CNews et sur Europe 1, avec au coeur de l'actualité ce drame.
00:18Dans la Manche, au moins 12 morts qui ont péri dans le naufrage d'une embarcation, un bateau de migrants.
00:24Il s'agit d'un bilan provisoire. Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur des missionnaires, est arrivé sur place.
00:29Il salue en ce moment même les forces de l'ordre. Il va prononcer quelques mots. On va les entendre en direct sur nos deux antennes.
00:34On va écouter quelques réactions d'habitants de Boulogne-sur-Mer qui malheureusement connaissent depuis longtemps ce type de tragédie. Écoutez-les.
00:42Pourquoi toujours les empêcher ? Après, ils reviennent comme ça par leurs propres moyens et puis malheureusement ça finit toujours très mal.
00:50On finit par être habitués à force malheureusement. À notre échelle, on ne peut pas faire grand-chose.
00:54Nous ici, en tant qu'habitants du Boulogne, même du Calaisie, on est un peu impuissants par rapport à tout ça.
01:00Quand on apprend ça d'une ville comme Boulogne-sur-Mer qu'à chaque fois il y a des naufrages, il faudrait qu'un peu que ça cesse.
01:08Parce que franchement c'est triste de voir ça à l'heure actuelle.
01:12Les gens se font de l'argent en les faisant passer. Il y aurait peut-être d'autres moyens à réfléchir et pas que ça soit avec des passeurs.
01:20En fin de compte, ce sont des trafiquants d'humains.
01:24Effectivement des trafiquants d'humains. Merci à Charles Baget d'avoir recueilli ces témoignages d'habitants de Boulogne-sur-Mer.
01:29Louis de Ragnel, le ministre de l'Intérieur est sur place. Ce phénomène, malheureusement, je le disais, les habitants y sont tristement habitués.
01:36Les habitants et puis Gérald Darmanin qui lui-même est issu de cette région-là et qui en tant que ministre de l'Intérieur a plusieurs reprises
01:43est venu faire ces déplacements un peu sinistres pour observer justement tous ces morts, les sauveteurs aussi.
01:52Mais on n'arrive pas à juguler ça ? On n'arrive pas à arrêter les passeurs, à empêcher les bateaux de partir des côtes ?
01:57Je vais en profiter pour rebondir sur ce qui était dit par un habitant très intéressant sur les passeurs.
02:01Ce que disent beaucoup de policiers qui travaillent dans la région et dans le département explique qu'aujourd'hui même les passeurs viennent attaquer,
02:08qu'ils s'en prennent directement aux policiers et aux gendarmes, ont des moyens de plus en plus évolués,
02:13surveillent les mouvements des policiers et des gendarmes en utilisant des drones.
02:16Et donc à chaque fois la police et la gendarmerie... Un coup de retard.
02:19Maintenant il y a quand même un investissement qui a été fait, notamment un équipement qui a été beaucoup plus évolué.
02:26Les policiers et gendarmes utilisent des drones, des moyens sinophiles, ils utilisent des quads,
02:31tous les moyens qui permettent d'aller sur la plage, il y a des surveillances la nuit, le jour, au petit matin, à la tombée de la nuit.
02:37Il y a un travail qui est vraiment fait en coopération avec la Marine Nationale, avec le CROSS, les sauveteurs en mer.
02:43Là le bateau dont on parle est affrété par l'État pour faire du sauvetage en mer.
02:48Donc c'est un bateau qui a l'habitude de faire ça.
02:51Donc on ne peut pas dire qu'il n'y a rien qui est fait.
02:53Le problème réellement il est, et c'est un peu ce que disait, on en parlait avec Eric Crevel,
02:58c'est au niveau européen les frontières extérieures de l'Union Européenne qui ne sont pas tenues.
03:04Et puis on voit bien qu'il y a des intérêts divergents.
03:06C'est-à-dire que les pays qui tiennent les frontières extérieures de l'Union Européenne
03:09savent très bien que les migrants qui passent dans leur pays ne veulent pas rester dans le pays.
03:13Donc globalement ils n'ont pas vraiment d'intérêt à fermer leurs frontières, à mettre des moyens pour la fermer.
03:18Eux ce qu'ils veulent c'est que les migrants passent le plus rapidement possible.
03:21Et pour les pays de destination, que nous sommes la France, qu'est l'Angleterre absolument,
03:27il y a beaucoup d'Africains anglophones,
03:32et puis des gens qui viennent de l'ancien Empire britannique et même encore de l'actuel Empire britannique.
03:37Et donc voilà, ce sont ces phénomènes-là qu'on a beaucoup de difficultés à juguler
03:42et avec beaucoup de réticences au niveau de l'Union Européenne.
03:45Parce qu'il y a des courants politiques qui s'opposent avec des énormes contradictions.
03:50C'est-à-dire que vous avez des chefs d'État qui affichent une intention de mieux contrôler, voire d'arrêter.
03:55Et puis il y a beaucoup d'autres chefs d'État pour qui ce n'est absolument pas un sujet, voire ils s'y opposent.
04:00Je termine simplement d'un mot.
04:02Il y en a de moins en moins.
04:03Oui, parce que beaucoup de pays européens sont confrontés par le problème.
04:07Et puis il y a quand même un mot sur les associations qui viennent en aide aux migrants.
04:11Je pense qu'il va falloir un peu crever l'abcès de ce sujet.
04:13Les Italiens ont commencé à le faire, nous pas du tout.
04:16On vit un immense paradoxe où le ministère de l'Intérieur délègue à ces associations l'accueil et la prise en charge de ces migrants.
04:23Donc nous finançons ces associations qui viennent en aide aux migrants, mais qui s'en servent comme d'une arme politique parce qu'ils servent un projet politique.
04:33Et ensuite, systématiquement, dès qu'il y a une décision d'expulsion qui est prononcée par la justice administrative,
04:39vous voyez ces associations financées par l'État qui viennent essayer de casser les décisions qui sont prises.
04:46Et donc c'est un peu le serpent qui se meurt à la queue.
04:48Et je pense qu'à un moment donné, un jour ou un autre, il va falloir qu'on crève cet abcès-là.
04:53Mais ça n'est pas été prévu dans la loi Asile et Migration qui a été votée.
04:56Bien sûr, Laurence.
04:57Il y a quelques mois.
04:58Je pense qu'un jour, on sera obligé d'assumer de dire que le ministère de l'Intérieur prend en charge l'intégralité de l'accueil, de la gestion des migrants.
05:07Mais même sur la dimension humanitaire.
05:10Parce que si vous déléguez cette mission-là, qui est très importante dans sa dimension humaine et aussi dans la gestion du traitement, du suivi des dossiers,
05:17si vous déléguez ça à des associations exclusivement dont la plupart des membres sont des gens d'ultra-gauche et qui veulent simplement organiser la plus grande subversion migratoire dans notre pays,
05:27on n'y arrivera pas au bout de ce sujet.
05:30On attend toujours la prise de parole de Gérard Darmanin.
05:33Oui, c'est vrai.
05:34Ces associations, je dirais, prennent en chantage un peu notre humanité.
05:39C'est-à-dire que, bien sûr qu'il faut secourir des gens qui sont en mer et qui, au péril de leur vie, traversent des frontières maritimes.
05:46Mais on voit bien aussi que ces associations ne vivent de subvention, ne survivent que parce que ce trafic humain continue quand même.
05:54Et puis, sans vouloir être trop anxiogène, le réchauffement climatique, vous avez abordé le sujet tout à l'heure, va évidemment inonder de nouvelles terres, va donc déplacer des populations.
06:04Et le flux migratoire auquel il faut s'attendre dans les années qui viennent va être très important.
06:09Alors, depuis très longtemps, et c'est vrai pour la France, par l'ancienne Caisse centrale de coopération économique qui est devenue l'Agence française de développement,
06:18l'une de ses filiales, la Proparco, crée des projets industriels d'emploi sur place dans ces pays.
06:24Mais en fait, ça ne sert pas à grand-chose.
06:27Il y a une démographie puissante, il y a le réchauffement climatique, et malheureusement...
06:31Et l'attrait de l'El Dorado européen, en tout cas.
06:34Et puis l'Europe passe le mirage.
06:37Mais vous avez des pays qui ont tenté...
06:40Je vous donne un exemple, Giorgia Meloni à la tête de l'Italie.
06:43Elle a été condamnée par des postures morales depuis le début de son arrivée au pouvoir.
06:48Sauf qu'aujourd'hui, son déclaratif, ce qu'elle a dit, l'intention de maîtriser les gens qui arrivent sur les côtes italiennes, ça a eu un effet dissuasif.
06:57Elle est allée voir chacun des chefs d'État des pays du sud de la Méditerranée, et elle leur a tenu un discours de vérité honnête.
07:05Et globalement, du coup, les chiffres sont en baisse.
07:08Alors, on va écouter Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur des missionnaires, qui se trouve à Boulogne-sur-Mer à propos de ce naufrage de bateaux de migrants.
07:18Bien, à la demande du président de la République, je me suis rendu cet après-midi ici à Boulogne-sur-Mer, monsieur le maire,
07:26d'abord pour remercier les pêcheurs et les services de secours sous l'autorité du préfet Marétime et du préfet du département du Pas-de-Calais,
07:37qui, toute la matinée, tout le début de cet après-midi, ont apporté secours à un naufrage d'une embarcation extrêmement frêle,
07:45puisque sur un petit bateau de moins de 7 mètres, 70 personnes s'étaient fait entasser par des passeurs partant des côtes boulonnaises
07:55pour aller, évidemment, se rendre en Grande-Bretagne. Et les secours sont intervenus extrêmement vite.
08:01Et encore une fois, je voudrais remercier les pêcheurs qui sont intervenus et, bien évidemment, aussi tous les fonctionnaires de l'État,
08:09quels qu'ils soient, les militaires, les douaniers, les policiers, les gendarmes, les sapeurs-pompiers et puis les associations de protection civile.
08:18La rapidité des secours a permis de sauver de trop nombreuses vies, puisqu'il y a, évidemment, 51 personnes sauvées, vous le savez,
08:25dont deux personnes qui sont, malheureusement, encore en urgence absolue, et, malheureusement, 12 personnes déclarées décédées,
08:32une dizaine de femmes, de ce que j'en sais, dont certaines seraient mineures. Et, évidemment, c'est un drame.
08:41Dès qu'une personne perd la vie sur notre territoire, je voudrais, évidemment, avoir une pensée extrêmement émue pour elle, pour leur famille,
08:52elle qui cherchait sans doute un monde meilleur en Grande-Bretagne. Je voulais, évidemment, redire une nouvelle fois la détermination de notre pays,
09:02d'abord d'accueillir les personnes qui sont sur notre sol et qui demandent l'asile, ces personnes qui sont sur le territoire du Nord-Pas-de-Calais,
09:10de la Somme, ont le droit de demander l'asile sur notre pays. Malheureusement, moins de 5% d'entre elles demandent l'asile en France.
09:17Ceux qui veulent, c'est partir – vous le savez – depuis de très nombreuses années en Grande-Bretagne.
09:22Et le fait que nous avons énormément mis de moyens, d'abord à Calais – bien sûr, c'est une île sous la Manche –, ensuite vers Dunkerque,
09:29puisqu'il y avait beaucoup de départs il y a deux ans à partir de la côte dakarkoise, font qu'aujourd'hui, il y a beaucoup d'embarcations
09:35de personnes qui veulent aller en Grande-Bretagne à partir des côtes boulonnaises et puis jusque dans le Contentin.
09:40Et donc nous oblige à, évidemment, mettre de plus en plus de moyens. Il y a aujourd'hui 1 700 policiers et gendarmes par jour qui sont mobilisés
09:46sur cette façade, et de plus en plus de moyens financiers également avec nos amis britanniques pour pouvoir surveiller cette côte.
09:54Et aujourd'hui, nous mettons les moyens supplémentaires. Nous devons mettre des moyens supplémentaires sur la côte qui va, grosso modo,
09:59de Vimereux jusque la baie de Somme. Donc évidemment, ce matin, c'est un drame qui nous touche tous. Et en remerciant tous les secours
10:08qui ont pris des risques pour leur vie en sauvant ces 51 personnes, et évidemment à déplorer ces 12 décès qui, une nouvelle fois,
10:15font de la mer de la Manche que nous aimons tant, tant qu'élus de la région, un lieu où les femmes, les enfants, les hommes meurent sous le coup des passeurs
10:24qui sont de véritables criminels. Et je voudrais ici remercier M. le procureur de la République qui nous accompagne, qui a ouvert une enquête, évidemment,
10:32puisque les passeurs, souvent d'origine étrangère, touchent beaucoup d'argent pour pouvoir faire passer des personnes, justement, en Grande-Bretagne.
10:41Ils sont les responsables, sont des criminels. Je voudrais constater que la loi immigration que j'ai fait adopter avec le Parlement donne désormais
10:48des moyens extrêmement importants, puisqu'on risque de 15 à 20 ans de prison désormais pour le crime qui a été commis ce matin.
10:53M. le ministre, au-delà des moyens humains et sécuritaires que vous mettez en avant, les drames dans la mer du Nord se font quasiment plusieurs fois par an.
11:03Plusieurs fois par an, les morts s'accumulent. Est-ce qu'il y a vraiment une solution ?
11:06Alors d'abord, je voudrais remercier le travail que font les policiers et les gendarmes, parce que j'ai constaté, dans l'année 2023, comme vous,
11:13vous en avez fait la une de beaucoup de vos journaux, le fait qu'il y ait moins de gens qui aient passé en Grande-Bretagne.
11:20Il y a quand même plus de 20 000 personnes qui passent en moyenne en Grande-Bretagne, même si ce chiffre a baissé.
11:2560 % des embarcations, puisque c'est d'abord tout, quand nous intervenons, c'est évidemment pas simplement pour tenir la frontière pour nos amis britanniques,
11:33c'est pour empêcher les gens de prendre la mer dans des conditions extrêmement dangereuses, comme on l'a encore vu ce matin.
11:39Nous empêchons des personnes de prendre la mer pour les protéger.
11:43Et 60 % des embarcations, aujourd'hui, connaissent un stop par les policiers et les gendarmes avant qu'ils n'arrivent à mettre les bateaux dans la mer.
11:51Et il n'y a pas plus de bateaux qui vont à la mer que dans les années précédentes.
11:55Simplement, aujourd'hui, par la patte du gain, vous comprendrez que là où il y avait 30 à 40 personnes qui étaient sur ces bateaux,
12:01des petits bateaux avec une petite motorisation, aujourd'hui, il y a 170 à 80 personnes sur les mêmes bateaux.
12:07Et ce qui s'est sans doute passé, l'enquête dira, sous l'autorité de M. le Procureur de la République,
12:11c'est que ce bateau s'est sans doute très rapidement affaissé sur lui-même.
12:15Et moins de 8 personnes avaient un gilet de sauvetage, ce matin, fourni par les passeurs.
12:19Ce qui condamnait à la mort certaine d'une grande partie des personnes si nous n'arrivions pas très vite.
12:24Donc, ce que nous faisons fonctionne. Il n'y a plus aujourd'hui d'intrusion dans le port de Calais, dans le tunnel sous la Manche,
12:30contrairement à il y a 20 ans, de moins en moins de départs du côté de la côte belge et d'Inquerquoise.
12:34Mais évidemment, c'est une continuité sans fin, puisque les gens, pour répondre à votre question, veulent partir en Grande-Bretagne.
12:39Et ce ne sont pas les dizaines de millions d'euros que nous négocions chaque année avec nos amis britanniques,
12:43qui ne payent qu'un tiers de ce que nous dépensons, nous, l'État français, depuis très longtemps.
12:47Moi, je voudrais remercier tout le travail qui a été fait depuis très nombreuses années,
12:51du démantèlement de la jungle de Calais par le ministre Bernard Cazeneuve, jusqu'à ce que nous essayons de faire aujourd'hui,
12:57avec des moyens extrêmement importants.
13:00Nous devons absolument, et ça c'est un point très important, rétablir des relations particulières avec nos amis britanniques.
13:07Le nouveau gouvernement britannique a évoqué un « reset » avec l'Union européenne, pour reprendre le mot du Premier ministre britannique.
13:13J'ai eu de très nombreux échanges avec quatre ministres de l'Intérieur britannique depuis que je suis en responsabilité.
13:19Je remercie Mme la ministre Cooper. D'abord, j'ai eu un échange téléphonique avec elle tout à l'heure,
13:23des condoléances qu'elle a dressées à la France, mais aussi, je crois, et c'est très important,
13:27et ce sera sans doute le rôle du prochain gouvernement dès qu'il sera nommé, et donc du prochain ministre de l'Intérieur,
13:32de négocier ce que nous demandons, et ce qui a été demandé par le Président de la République à Boris Johnson il y a plus de deux ans,
13:38un traité migratoire entre la Grande-Bretagne et l'Union européenne.
13:42Parce qu'aujourd'hui, les personnes qui vont, aujourd'hui c'est sans doute des personnes du Corne de la Grande de l'Afrique
13:48qui ont été concernées par ce drame, qui vont en Grande-Bretagne, ils vont pour rejoindre une famille,
13:54pour y travailler parfois dans des conditions qui ne sont pas acceptables en France,
13:58et il est important de rétablir une relation migratoire classique avec notre ami et voisin la Grande-Bretagne,
14:04sinon nous n'arrêterons évidemment pas, malgré tout l'effort que font les policiers et les gendarmes,
14:08ces difficultés qui touchent le nord de la France.
14:10A quelle distance de l'embarcation peut-on connaître le périple de l'embarcation ?
14:13Je vais te laisser, M. le procureur de la République, peut-être répondre, puisque l'enquête est ouverte,
14:16sur ce qu'il sait de l'enquête et notamment de l'embarcation, peut-être s'il le souhaite.
14:23Mais à quelle distance de la côte ?
14:30D'abord, une enquête a été ouverte, des connaissances des événements, des chefs d'aides à des étrangers
14:40en situation irrégulière aggravée par les circonstances de bandes organisées et de risques d'infirmité ou de mort.
14:47C'est un délit qui est puni de 15 ans de réclusion criminelle, d'association de malfaiteurs en bandes organisées
14:53et également d'homicide involontaire aggravé.
14:56Ces investigations sont conduites par l'Ultime, l'office de lutte contre le trafic illicite de migrants,
15:03qui actuellement a 33 personnes qui sont auditionnées, les personnes qui ne sont ni décédées naturellement
15:09et par ailleurs les personnes qui ne sont pas hospitalisées, puisque 12 personnes sont encore hospitalisées.
15:14Dans le cadre de ces auditions, ça nous permettra de déterminer les conditions dans lesquelles les événements sont survenus,
15:19à la fois de la zone de départ précise, à la fois les conditions dans lesquelles le bateau a coulé,
15:25sachant qu'il est coulé à peu près à 5 km au large du Cap Grinet.
15:32Par ailleurs, ces faits interviennent dans une succession d'événements,
15:37puisque le parquet de Boulogne-sur-Mer a connu depuis le début de l'année de 8 événements
15:42concernant des naufrages avec 33 décès pour le ressort de Boulogne-sur-Mer.
15:48Je ne compte pas les autres décès qui sont intervenus et qui portent un nombre plus élevé sur l'ensemble de la côte française.
15:55Actuellement, nous avons au sein du parquet de Boulogne-sur-Mer une vingtaine d'enquêtes qui sont conduites
16:02pour remonter des filières d'immigration clandestine, de mise à disposition de bateaux.
16:08Cette année, nous avons jugé 84 personnes, soit en flagrance, soit sur des affaires de démantèlement de filières
16:16concernant des faits des étrangers en situation irrégulière.
16:22Voilà les seuls éléments que je peux vous donner.
16:25Actuellement, sur les nationalités, nous avons des informations qui nous permettent de considérer
16:30que ce sont des personnes d'origine africaine, essentiellement d'origine érythréenne,
16:34mais nous n'avons pas d'éléments consolidés qui nous permettraient de dire, d'une part, les nationalités précises
16:40par nature de nationalité, ni les tranches d'âge précises des douze décédés,
16:47sachant que nous avons six mineurs et une surreprésentation féminine, comme l'a indiqué M. le ministre,
16:52puisqu'il y a dix femmes qui sont décédées.
16:56Voilà, donc, pour les mots de Guirec-Lebrun, le procureur de Boulogne-sur-Mer,
17:02après ce drame en mer, cette embarcation avec 70 personnes, 12 personnes décédées,
17:09dix femmes, parmi elles des femmes mineures, essentiellement donc des Africaines, des Érythréennes,
17:14selon ce procureur, qui a aussi, et c'est important de le noter, Jean-Sébastien Ferjou,
17:19expliquer les efforts qui se sont faits pour tenter de démanteler ces filières de passeurs.
17:2384 personnes ont été jugées depuis le début de l'année, a-t-il dit.
17:26Et il n'empêche, les embarcations prennent la mer tous les jours, avec des drames à la clé, tous les jours, presque.
17:32C'est ça, le véritable paradoxe.
17:34Notamment pendant l'été, personne ne prenait qu'il y avait des efforts qui ont été faits par la police française
17:39pour, justement, essayer d'endiguer ces filières-là, même si la presse britannique, de son côté,
17:44considère que les Français, dans un certain nombre de circonstances,
17:47ferment les yeux sur certaines embarcations, en disant, après tout, s'ils sont passés au Royaume-Uni,
17:52nous ne les avons plus.
17:53Quel est-ce qui a certainement existé un peu dans le passé, moins aujourd'hui ?
17:57Maintenant, on peut se poser la question, pourquoi est-ce qu'on ne tape pas plus au portefeuille ?
18:00Parce que ces filières de passeurs, ça leur apporte beaucoup d'argent.
18:03Et donc, il y a du blanchiment de cet argent.
18:05Et cet argent-là, on peut le retrouver.
18:07Les services de l'État mettent beaucoup, beaucoup d'efforts à aller chercher,
18:10parfois, des poux dans la tête de petites entreprises.
18:14Parce que c'est facile de leur demander, parce qu'elles ne vont pas s'enfuir.
18:18Certainement moins vis-à-vis de gens qui gagnent beaucoup d'argent dans ces filières-là,
18:23qui relèvent d'un véritable esclavage humain,
18:25parce que c'est de trafic d'êtres humains dont il s'agit.
18:27Et peut-être y a-t-il un défaut de volonté politique.
18:30Malgré tout, encore là-dessus, parce que c'est vrai que la relation entre le Royaume-Uni et la France,
18:34même si un nouveau traité, Gérald Darmanin l'a rappelé, a été signé en 2022,
18:40il y a quand même beaucoup de mauvaise volonté de part et d'autre.
18:43Parce que les Français disent, écoutez, regardez, vous voyez bien que vous continuez à être un moteur aspirant,
18:47puisque les gens qui arrivent à passer, vous les intégrez,
18:50et donc gérez votre problème avec des Britanniques, nous vous payons pour les...
18:54Bref, et chacun, en quelque sorte, joue avec la vie d'être humain.
18:57Rachel Kane, j'aimerais vous entendre sur ce drame absolu, sur ces morts, 12 morts au minimum.
19:02Oui, c'est assez affreux, c'est inqualifiable, surtout en 2024.
19:09Moi, j'ai passé trois mois à Lampedusa, dans un camp de migrants,
19:15et c'est tout un parcours pour ces personnes-là.
19:18C'est-à-dire que c'est tout un parcours depuis chez eux, où ils quittent tout,
19:23ils sont prêts à tout quitter, des femmes enceintes, des enfants...
19:29Pour un mirage, encore une fois.
19:30Pour un mirage, et surtout, pour toute une série de passeurs,
19:33qui, effectivement, vous avez raison de le rappeler, les maltraitent.
19:37C'est de la maltraitance, en leur prenant tout leur argent.
19:40Ensuite, ils sont sur les côtes libyennes, où ils subissent des sévices sans nom,
19:45et je ne vous parle même pas de ce qui se passe sur les femmes et les enfants,
19:49les jeunes filles, pour arriver là, à s'échouer dans la mer.
19:53Donc, c'est vrai qu'il y a, effectivement, la communauté européenne
19:58qui doit véritablement agir et mettre en place très fortement,
20:02et sanctionner, en fait, ces profiteurs de misère,
20:06mais aussi une collaboration étroite entre les Etats européens,
20:10et puis que la communauté internationale se réveille,
20:13parce qu'elle donne des résolutions à la communauté internationale,
20:17mais par rapport à ces droits humains-là, on l'entend très peu.
20:20Et puis, quel signal envoyons-nous ?
20:22Est-ce qu'on envoie le signal de la grande fermeté, Sabrina Medjeba ?
20:26Ou est-ce qu'on envoie le signal, voilà, il y a de la place,
20:30venez, on peut vous accueillir ?
20:31C'est ça, aussi, c'est quel signal on envoie vers ces pays ?
20:35Nous, l'Europe, et nous, la France.
20:38Et le Royaume-Uni.
20:39Et le Royaume-Uni a un signal de très grande fermeté avec les faibles,
20:43et de faiblesse avec les forts.
20:45En réalité, c'est que l'immigration, de toute façon,
20:49c'est une donne qui va s'accroître,
20:52c'est une donne que le politique ne peut pas escamoter du débat démocratique.
20:56Plusieurs pays européens ont pris en main cette question.
20:59Je pense à l'Italie, je pense au Danemark, je pense à l'Angleterre.
21:03La France, elle doit aussi prendre ses responsabilités,
21:06non pas par rapport à l'idéologie de l'immigration,
21:09c'est-à-dire celle de, finalement, la figure du migrant, délinquant, etc.,
21:13mais celle, vraiment, de l'intégration sociale et culturelle de l'immigration.
21:18Il faut vraiment que la France réfléchisse à comment faire
21:21pour que l'État français, qui est un État-providence,
21:24c'est-à-dire un État où la communauté nationale existe,
21:27où l'État finance la communauté nationale,
21:29non contrairement aux États, par exemple aux États-Unis,
21:32ou l'Angleterre, qui sont des modèles multiculturalistes
21:34qui érodent la solidarité nationale.
21:36Eh bien, il faudrait penser à comment intégrer,
21:39sur le plan culturel et économique, toutes ces personnes,
21:41sans leur faire miroiter, effectivement, le mirage des aides sociales,
21:45le mirage du travail, le mirage d'une santé économique
21:48qui permettrait à tous de s'intégrer par le travail
21:50et donc de s'intégrer par la culture et la voie économique.
21:54Et à partir de là, je pense que si la France mettait sur la table,
21:57comme l'a fait Madame Mélanie, comme l'ont fait les Danois, par exemple,
22:01avec des lois sur les sociétés parallèles, des plans anti-ghettos,
22:03pour éviter, justement, les heurts civilisationnels
22:05qui conduisent à ce qu'on a vécu, ce qu'on a vu en Grande-Bretagne cet été,
22:09eh bien, il faut aussi penser comment gérer notre immigration
22:13sans que ce soit, comment dire, une forme d'imprécation,
22:18une forme d'idéologie mortifère.
22:21Comment accepter, finalement, la gestion d'une immigration saine
22:24pour un État sans que cela ne conduise à des heurts civilisationnels ?
22:27Il s'agit, et on a entendu le procureur, de ressortissants érythréens.
22:31Donc ce sont des gens qui sont en transit sur le plan français.
22:34Ils ne veulent pas rester en France.
22:37C'est pour ça que Gérald Darmanin réclame un traité migratoire
22:40entre Londres et l'Union européenne.
22:42Mais en réalité, la France est ligotée. La France ne peut rien faire.
22:46C'est ça, la vérité, non ?
22:48Éric Revelle ?
22:49Oui, vous avez raison.
22:50Non, mais parce qu'on parlait tout à l'heure de cette Europe passoire,
22:54et notamment Louis Dragnel en parlait des frontières extérieures,
22:57mais il y a aussi des pays, effectivement, où il y a une volonté politique
23:00et où il y a des choses qui ont été faites.
23:02Sébastien Ferjou le rappelait tout à l'heure.
23:04Mais quand même, Darmanin a raison sur un point sur lequel il faut insister.
23:09C'est que ce trafic d'êtres humains répond à la loi,
23:13comme toute loi économique, de l'offre et de la demande.
23:15La demande, c'est des gens qui fuient la misère.
23:18L'offre, c'est ces passeurs sans scrupules qui s'enrichissent.
23:23Et pardonnez-moi, je pense aussi à ces gens idéologisés dans les associations
23:28qui aident, qui croient aider.
23:31Mais en fait, ces gens livrent, notamment en Grande-Bretagne,
23:34à des exploiteurs du travail de ces migrants,
23:38ils leur livrent une main d'œuvre extrêmement bon marché.
23:41Et ces gens de gauche qui expliquent, qui dénoncent le travail,
23:46qui dénoncent l'exploitation, en fait, c'est eux-mêmes qui livrent,
23:49notamment en Grande-Bretagne, où il suffit d'arriver sur le marché,
23:52c'est eux qui livrent cette main d'œuvre bon marché.
23:55Ils défendent les passeurs.
24:01Quand on voit que ceux qui font du bateau savent qu'un bateau de 7 mètres,
24:06jamais on peut mettre 70 personnes dessus.
24:08Même 20, même 30, c'est beaucoup trop.
24:11Donc s'ils font ça et qu'ils donnent des gilets de sauvetage
24:14à seulement 8 personnes sur 70,
24:17ils savent très bien ce qui va se passer.
24:19Ils les envoient à la mort.
24:20Et donc la lutte doit se faire aussi pour démanteler tous ces réseaux de passeurs,
24:24mais qui souvent sont eux-mêmes des érythréens,
24:27sont eux-mêmes issus des communautés qu'ils transportent.
24:30Et sans, là pour le coup, une vraie coopération européenne
24:33entre les services de police européens...
24:35Je sais qu'entre, par exemple, les services français et les services allemands,
24:38la coopération se passe très bien, parce qu'il y a beaucoup de liens.
24:41Les passeurs, souvent, viennent déposer, prennent l'argent
24:43et ensuite partent en Allemagne ou dans un autre pays de l'Union européenne.
24:46Mais c'est vrai que c'est le travail sur lequel il faut intensifier tous les efforts,
24:50puisque sans passeurs, en réalité, les migrants ne partent pas tout seuls.
24:54On ne commande pas comme ça des Zodiacs qui font 7 mètres sans ordinateur.
24:59Et on parle de 700 traversées depuis des milliers d'années.
25:01C'est colossal.
25:03Et puis, il faut quand même imaginer que tout l'écosystème local
25:07est tellement imprégné par cette dramatique actualité,
25:10que si vous allez dans des magasins de sport, par exemple,
25:12Décathlon à Boulogne-sur-Mer, vous ne pouvez pas trouver de gilet sauvetage.
25:16Parce qu'il y a des arrêtés d'interdiction de vente dans des magasins de sport
25:20de tout objet nautique qui permet de flotter.
25:23Et donc, c'est tout un écosystème, toute une région qui vit comme ça,
25:27avec l'empreinte du deuil, des naufrages, de la misère,
25:31de gens pour lesquels ils n'ont aucune haine, évidemment.
25:34Ce sont les premiers à pleurer dès lors qu'il y a des morts noyés.
25:39C'est les premiers à détester les passeurs.
25:42Et ce sont les premiers aussi à subir les squats illégaux de migrants
25:46qui viennent au bout de leur jardin et qui leur mènent de facto la vie impossible,
25:50puisque c'est sans respect de la loi, sans respect des normes sanitaires.
25:54Et donc, il est vraiment temps de s'attaquer à ce problème.
25:58Mais on vient de voter une loi asile-immigration, encore une fois,
26:01qui n'a résolu aucun des problèmes auxquels sont confrontés les Canadiens.
26:05La loi asile-immigration, elle concerne le droit français.
26:07Si la France fait adopter une loi un tout petit peu plus ferme,
26:10parce que globalement, ce n'est pas une loi qui règle tous les sujets,
26:13elle est un chouïa plus ferme que ce qui existait par le passé,
26:16et que, par ailleurs, vous avez d'autres pays de l'Union européenne qui ne jouent pas le jeu,
26:19je pense par exemple, alors là, je ne pense pas qu'ils soient passés par ce pays-là,
26:22mais l'Espagne, qui a un rôle très ambigu dans sa politique migratoire.
26:26En fait, on est tout seul, et là, c'est les limites de la coopération européenne.
26:30Et moi, je me souviens, puisque Gérald Darmanin l'a cité,
26:33je me souviens de Bernard Cazeneuve, lorsqu'il était ministre de l'Intérieur,
26:37qui avait rétabli les contrôles systématiques aux frontières,
26:40mais réellement systématiques, jour et nuit, le long de la frontière franco-italienne.
26:44Après les attentats qui avaient frappé Paris en 2015,
26:47ça fonctionnait très bien, il n'y avait aucun habitant,
26:50tous les habitants comprenaient ce qui se passait,
26:52et personne ne se plaignait d'ouvrir son coffre dès qu'il y avait un contrôle de police,
26:55parce qu'il savait que c'était dans l'intérêt général.
26:58On pourrait toujours rétablir des contrôles automatiques aux frontières,
27:00si tenté, que l'administration des douanes existe toujours,
27:03puisqu'on l'a démantelée, malgré tout, il y a un problème de moyens humains,
27:06mais le Conseil d'État a décidé, en application du droit européen,
27:09que si une personne n'avait pas de papier pour rentrer sur le territoire,
27:14il n'était pas possible aux policiers français qu'il arrêtait ou qu'il a contrôlés
27:18de la renvoyer à l'extérieur du territoire français.
27:20Donc, de toute façon, il y a une telle absurdité, en quelque sorte,
27:24du discours politique français qui martèle, qui veut endiguer les flux migratoires,
27:29et par ailleurs, une réalité institutionnelle qui fait qu'on ouvre des facteurs.
27:32On est entravés par nous-mêmes.
27:33Parce qu'il y a la question du financement des associations,
27:35même s'il y a des associations qui font aussi un travail humain,
27:38parce que ce sont des êtres humains,
27:40donc il y a une part du travail des associations-là qui est utile,
27:44parce qu'il s'agit quand même d'aider des personnes comme nous tous, évidemment.
27:51Mais il y a aussi cette réalité juridique, la Cour européenne des droits de l'homme,
27:54la Cour de justice de l'Union européenne, le Conseil d'État français,
27:57le Conseil constitutionnel, regardez, la fameuse loi immigration,
28:00elle a été expurgée de tout ce qui la rendait plus dure que l'état du droit précédent,
28:04mais c'est aussi un défi politique vertigineux.
28:07C'est aussi un défi politique qu'il faudra gérer,
28:09parce que la marque de souveraineté populaire qui reste aux populations européennes
28:13est très faible, que ce soit en France ou au Royaume-Uni.
28:15Une des clés du Brexit, c'était le contrôle des flux migratoires.
28:17Mais regardez où on est, le Royaume-Uni.
28:18Mais il ne faut jamais oublier que ces personnes préfèrent quitter leur pays
28:23quitte à mourir en mer, en fait.
28:25Et c'est ça le truc, je trouve que dans nos politiques, la détresse,
28:28on est dans un monde, c'est richesse du monde, pauvreté des nations.
28:32On parlait du dérèglement climatique, mais la question politique aussi,
28:36elle est majeure, on critique beaucoup l'Occident,
28:38on critique beaucoup la démocratie.
28:40Ce sont des territoires où les hommes n'ont pas la possibilité
28:43de vivre libre et de s'épanouir librement.
28:46On parle des territoires d'où partent ces migrants, évidemment.
28:49Même si c'est un peu tôt sur ce point-là, il y a un grand paradoxe aussi,
28:52il faut le rappeler bien souvent,
28:53ceux qui partent sont ceux qui ont les moyens de partir,
28:55c'est-à-dire que les plus pauvres et les plus précaires...
28:57Le passage coûte 4 à 5 000 euros.
28:59Parfois, c'est tout un village qui se cotise.
29:01L'armature intellectuelle pour ce projet.