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Aujourd'hui dans "Punchline", Laurence Ferrari et ses invités débattent du résultat des élections législatives.
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Transcription
00:00Allez, on parle de Jordan Bardella, il était ce matin au QG du Rassemblement National.
00:05Il a évoqué un certain nombre de choses, il y a des choses assez intéressantes.
00:09Notamment, il dit qu'il prend sa part de responsabilité dans ce qu'il appelle la défaite du Rassemblement National.
00:15Écoutez-le.
00:16On commet toujours des erreurs, j'en ai commis, nous en avons commis, et je prends ma part aussi,
00:22ma part de responsabilité dans ce résultat.
00:24J'ai été le chef de file du Rassemblement National, à la fois aux européennes, mais aussi dans cette campagne.
00:29Et donc, j'assume ma part de responsabilité, tant dans la victoire aux élections européennes que dans la défaite d'hier.
00:35Mais ça nécessitera probablement que nous regardions les choses sur l'investiture d'un certain nombre de candidats
00:43que nous avons été amenés à écarter en début de campagne, parce qu'ils ne répondaient pas à la ligne politique que je portais.
00:51Maintenant, c'est un stock sur lequel nous allons bâtir les victoires futures.
00:54Voilà pour Jordan Bardella, Rachel Khan.
00:55Ce qui est intéressant, c'est qu'il utilise le mot défaite.
00:58Lorsque son parti passe de 88 députés à 143, il verbalise cela comme un échec.
01:03Et après, il parle des candidatures, limite, évidemment, qui ont émergé à la faveur de ce législatif.
01:09Il dit qu'il va falloir qu'on fasse le ménage.
01:10Oui, et puis c'est une voix dissonante par rapport aux autres partis politiques qui se disent tous avoir gagné.
01:17Et on comprend bien pourquoi, dans ce jeu des négociations, où tout le monde a envie de rentrer au gouvernement,
01:23et Jean-Luc Mélenchon, le premier, qui a fanfaronné des 20h05 pour dire qu'il avait gagné.
01:29Donc là, effectivement, il utilise ce mot défaite.
01:32C'est peut-être plus une déception, puisque concrètement, il gagne des sièges.
01:37Après, je le trouve très lucide par rapport à cette semaine de campagne, où ils n'ont pas été bons, où il y a eu aussi...
01:43Il est assez cash, là-dessus.
01:44Il est cash.
01:45Et puis, par ailleurs, il y a eu toutes ces candidatures, entre guillemets, brebis galeuses.
01:52Donc, il regarde le réel en face.
01:55Je trouve que c'est plutôt sain.
01:57D'accord. Louis Dragnel ?
01:58Je trouve qu'il y a très peu d'hommes politiques qui reconnaissent leur défaite, aujourd'hui, et leur échec.
02:03Et là, bon, il le fait.
02:04Et c'est suffisamment rare, je trouve, pour être souligné.
02:07Là où c'est assez tactique, c'est que ça évite toutes les polémiques sur le droit d'inventaire.
02:11Là, en faisant ça...
02:13Qu'est-ce que veut dire le droit d'inventaire ? C'est l'autocritique, quoi ?
02:15Oui, les critiques, remise en question de la ligne, remise en question de l'autorité du chef.
02:19C'est souvent ce qui se passe en politique lorsqu'il y a des défaites.
02:22Et puis, enfin, moi, je trouve qu'il y a quand même une révélation pendant cette campagne,
02:26et c'est vrai que moi, je l'ai découvert pendant l'entre-deux-tours.
02:28J'ai pris conscience du fait qu'au Rassemblement national, il y avait plusieurs cercles concentriques.
02:32En fait, il y a une trentaine de députés qui sont plutôt bien formés,
02:36qui savent parler dans les médias et qui sont très travailleurs.
02:39Et c'est ceux qui sont les plus visibles.
02:42Et avec eux, c'est un peu la face présentable du RN.
02:46Et ce qui est vrai, c'est que ce qu'on a découvert,
02:49c'est qu'il y avait toute une partie du Rassemblement national qui était un peu négligée,
02:52où on voit que la sélection...
02:55Il y en a qui n'ont pas le droit de parler,
02:57parce que tout le monde sait que s'ils ouvrent la bouche, ça va être un peu compliqué.
02:59Et puis, ça vous fait sourire, mais c'est la réalité.
03:03Et puis d'autres, manifestement, leur CV n'a pas été si bien épluché que ça.
03:08Et donc, je pense qu'ils vont essayer de tirer,
03:11de transformer cet échec plutôt en opportunité,
03:15pour surtout ne pas recommettre les mêmes erreurs,
03:17si et seulement si, il y avait une dissolution dans un an ou un peu plus de temps.
03:23Non, mais c'est vrai qu'il a raison de reconnaître que c'est un échec au vu du contexte.
03:26Ceci dit, il y a une progression du RN.
03:29Mais à mon avis, il y a deux choses qui ont joué.
03:30C'est en effet le déficit en matière de professionnalisation.
03:34Et on le voit, les investitures ont été parfois accordées,
03:37certainement de manière un peu légère.
03:38On voyait qu'il y avait un plan Matignon.
03:40Oui, mais manifestement, le plan Matignon, il y avait des trous dans la raquette.
03:43Mais il l'était, je pense, par rapport au casting gouvernemental et à la manière de gouverner.
03:46Il l'était plus par rapport au casting gouvernemental et des experts,
03:48mais pas forcément auprès des candidats.
03:49Et ensuite, quand même, moi, je pense qu'ils ont lancé un sujet
03:53qui a été l'objet d'une grosse controverse et qui a permis la radiabolisation,
03:57en partie, et qui a permis au Front républicain.
04:00C'est la question de la binationalité.
04:02Ça, je pense que ça a été une erreur politique.
04:06Et là, je crois qu'ils l'ont d'une certaine manière payée,
04:10non pas dans les urnes, mais dans la capacité, si vous voulez,
04:13à relancer le Front républicain contre eux.
04:16Et ce qui a expliqué que, finalement, ils n'ont pas bénéficié d'abstention
04:19ou éventuellement de votes qui auraient pu permettre à certains candidats de l'emporter.
04:22Parce que vous regardez, il y a au moins une centaine de candidats,
04:25un peu moins peut-être, 80,
04:27qui sont battus dans une fourchette de deux points.
04:30Il y a un candidat en Charente qui est battu à 64 voix.
04:34Donc, oui, c'est...
04:36J'avais une question à vous poser.
04:37Ils ont fait une belle campagne.
04:38Non, mais je suis d'accord.
04:39C'est une belle campagne, mais c'est une lourde.
04:40Le CV, moi, je suis un peu moins critique.
04:43Parce que, quand on voit qu'un fichier S est élu...
04:45Oui, c'est ce que j'allais dire.
04:46Non, mais c'était quasiment un argument de campagne.
04:47Je suis d'accord.
04:48C'est-à-dire qu'elle peut avoir un CV...
04:49Oui, Raphaël Arnault, la France insoumise.
04:51Non, la campagne n'a pas été bonne.
04:53Les binationaux, ça les a plombés.
04:55Et ils ont perdu une cinquantaine de députés, comme ça.
04:58Est-ce qu'il n'y a pas eu sur cette question-là ?
04:59Ah oui, parce que quand il manque 50, 100, 200 voix,
05:03c'est que la campagne...
05:04Parce que l'intérêt aussi de Sylvain Zé,
05:06c'est qu'une campagne, ça sert à quelque chose.
05:08Est-ce qu'il n'y a pas eu...
05:09Je voulais vous poser la question.
05:10Une campagne électorale, ça a aussi un intérêt.
05:12Est-ce qu'il n'y a pas eu une surestimation, pardon,
05:13de l'état d'avancement de la dédiabolisation ?
05:17Peut-être, oui, en l'occurrence.
05:18Mais vraisemblablement, puisque la preuve,
05:20c'est que les reports se sont faits de manière,
05:24peut-être pas totalement mécanique,
05:25mais les désistements ont fonctionné.
05:27Donc, il y a certainement eu une sous-estimation
05:29de la stratégie de normalisation.
05:32Moi, je pense qu'effectivement,
05:35on voit que la dédiabolisation n'est pas totalement acquise.
05:40Et moi, c'est presque ce qui m'inquiète le plus.
05:41Parce qu'effectivement, en face,
05:43il y avait des fichés S et surtout une idéologie.
05:46C'est-à-dire qu'il y avait des brebis galeuses.
05:48Il y avait des brebis galeuses au Rassemblement national.
05:50Ah, trois ?
05:51Au Rassemblement national.
05:52Mais si vous voulez, la tête du parti
05:55n'est pas idéologiquement, si vous voulez,
05:59susceptible d'être taxé d'antisémitisme,
06:03de communautarisme, d'islamo-gauchisme, si vous voulez.
06:05Donc, les deux dangers, s'il fallait...
06:08Le danger de la France insoumise, rationnellement,
06:11me paraissait beaucoup plus grand
06:12que celui du Rassemblement national.
06:14Et pourtant, ça n'a pas été le cas aux yeux des Français.
06:16Donc là, on voit que la dédiabolisation n'est pas achevée.
06:19Et ensuite, il y a beaucoup de Français, je crois,
06:22qui ne pensent pas du tout que le Rassemblement national
06:25est un parti fasciste ou dangereux pour les droits de l'homme
06:28ou je ne sais quoi,
06:29mais qui pensent que ce sera un parti incompétent,
06:31incapable de gérer.
06:32Et c'est vrai que, de ce point de vue,
06:34les députés qu'ils ont envoyés
06:36ou une partie des députés qu'ils ont envoyés,
06:39ça pouvait nourrir des procès en incompétence.
06:42Donc, il a raison de faire ce diagnostic-là.
06:44Il va falloir trouver un chemin s'ils veulent gagner,
06:47parce que l'idée que le Rassemblement national
06:50ne peut pas gagner au second tour,
06:51qui était une idée qui avait un peu disparu,
06:53va ressurgir.
06:54Donc, s'ils veulent malgré tout forcer le barrage,
06:58il va falloir qu'ils trouvent un chemin étroit
06:59et ça passe par une professionnalisation accrue.
07:01Alors, Joseph Macé Scarron ?
07:03Monsieur la délibéralisation,
07:05moi, ce qui m'a frappé, c'est que
07:09les personnes qui, au moment des Européennes,
07:12ça ne leur posait aucun problème
07:14de dire qu'elles votaient pour l'ORN.
07:16Aucun. Elles le disaient.
07:18Mais vraiment, dans la rue, personne.
07:20Elles vous en parlaient et tout.
07:21Et puis, le rouleau compresseur, évidemment,
07:25est venu avec une telle force
07:27que tout d'un coup, cette parole s'est eue
07:30et que l'on a senti que chez les personnes,
07:31il y avait une sorte de rétractation.
07:33Et que ça, c'est un élément vraiment qui est important.
07:36Il y a deux situations.
07:37Vous l'avez certainement vécu comme je l'ai vécu.
07:40Premier point. Le deuxième point,
07:41c'est que le problème, évidemment,
07:44c'est le serpent qui se prend à la queue,
07:45c'est que beaucoup de personnes se disent
07:47mais finalement, ils n'ont jamais été aux affaires.
07:49Parce que ce qu'on ne dit pas, c'est par exemple,
07:51Georgia Meloni, elle a été de 2008 à 2011,
07:54pardonnez-moi, ministre de l'Environnement.
07:57Elle a eu des responsabilités politiques dans les ministères.
08:01Et puis, le troisième point qui est important,
08:03c'est que, pour l'instant,
08:06contrairement à l'EFI,
08:07l'URN a montré que c'était un parti
08:10de fonctionnement démocratique.
08:12Contrairement. Ça, c'est indiscutable.
08:13Mais, il y a un point, c'est que,
08:16est-ce qu'il est capable de faire vivre une coalition ?

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