• il y a 4 mois

Olivier de Lagarde revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité. Aujourd’hui, retour sur la procédure de destitution d'Emmanuel Macron, avec l'analyse de Bruno Cautrès.

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Retrouvez "Europe 1 et vous" sur : http://www.europe1.fr/emissions/pascal-praud-et-vous

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Transcription
00:0011h-13h, Europe 1 et vous, Olivier Delagarde.
00:06Bonjour à tous. Rappelons que cette émission d'actualité est votre émission.
00:11Vous pouvez nous appeler, commenter, réagir. On rappelle le numéro de téléphone non surtaxé avec vous.
00:18Bonjour Olivier Delagarde, bonjour aux auditeurs d'Europe 1.
00:21Vous pouvez nous joindre au 01 80 20 39 21 pour réagir à ces sujets d'actualité au cours de cette émission Europe 1 et vous jusqu'à 13h.
00:29On vous a concocté un programme pas trop mal, je crois. Il y a pas mal de choses aujourd'hui, de la politique évidemment,
00:35avec les troupes de Jean-Luc Mélenchon qui veulent destituer le président de la République,
00:39qui mettent un beau bazar au sein de leur nouveau front populaire.
00:42On parlera également de l'épidémie de Mpox. Est-ce qu'il faut en avoir peur ?
00:46Est-ce que vous en avez peur ? Est-ce que vous commencez à être habitué ?
00:49Vous pouvez nous appeler sur la question. Est-ce que vous avez l'impression que les pouvoirs publics nous informent suffisamment sur le sujet ?
00:54On sera avec un spécialiste pour éclairer notre lanterne.
00:58Autre question que j'aimerais bien qu'on puisse répondre.
01:01Comment un voilier de luxe de 56 mètres peut-il en 2024 sombrer Corse et Bien en Méditerranée ?
01:08Comment avec les moyens de communication et de secours modernes peut-on encore mourir en mer ?
01:12Un accident arrivé au large de la Sicile.
01:15Et puis nous reviendrons sur la mort du grand chef cuisinier Michel Guérard, puis évidemment Alain Delon.
01:21Alain Delon, oui, qui est toute cette semaine à l'honneur d'un Europe 1 et vous.
01:24Tous les jours dans cette émission, nous diffusons des épisodes du podcast Destin Extraordinaire Alain Delon,
01:29narré par Pascal Praud, dont vous aurez encore deux épisodes au cours de cette émission.
01:34Voilà, vous avez le programme. C'est parti pour deux heures d'émission.
01:44Après une longue trêve estivale et olympique, c'est le grand retour de la politique.
01:49Avec évidemment une grande question, qui pour succéder à Gabriel Attal ?
01:54Et puis l'autre question subsidiaire, c'est peut-être à quoi joue LFI,
01:59en cette rentrée des Insoumis qui réclame désormais la destitution d'Emmanuel Macron.
02:03Et pour en parler avec vous Olivier Delagarde, nous sommes avec Bruno Cotteres,
02:06chercheur au CEVIPOF, Centre d'études de la vie politique française, également enseignant à Sciences Po.
02:11Bonjour Bruno Cotteres.
02:13Bonjour.
02:14Merci de prendre quelques temps pour répondre aux auditeurs d'Europe 1 et puis à mes questions à moi.
02:21D'abord sur cette demande de destitution, sur quoi s'appuie-t-elle ?
02:25Alors elle s'appuie sur un article de la Constitution de la République, l'article 68,
02:30qui prévoit le cas de figure où il faudrait, en cas de manquement du chef de l'État grave
02:36à ses obligations de chef de l'État,
02:40ça c'est normal que dans une Constitution démocratique, il y ait un mécanisme
02:44qui permettrait le cas échéant de destituer le chef de l'État.
02:48Mais on voit bien que l'état d'esprit de la Constitution, c'est si le chef de l'État, par exemple,
02:52avait trahi la nation, c'est le cas de haute trahison, c'est ça au fond l'état d'esprit fondamentalement.
02:58Où vous devenez fou ou quoi ?
03:00Voilà, le manquement grave, mais il est normal que dans une Constitution démocratique,
03:04on ait à un moment donné une petite trappe qui puisse s'ouvrir pour exfiltrer le chef de l'État
03:08si jamais la situation devenait extrêmement grave.
03:12Et là, on n'est pas dans ce cas de figure.
03:14Le chef de l'État prend son temps, ça c'est sûr,
03:16mais il a organisé une consultation des forces politiques le 23.
03:22Il a aussi, le 10 juillet, publié une lettre à l'adresse des Français
03:26pour leur dire comment, lui, il analysait les élections législatives.
03:30Donc on n'est pas du tout dans le cas de figure d'un non-respect par le chef de l'État
03:34des principes fondamentaux de notre Constitution.
03:37Sur le mécanisme de cet article 68, ça fonctionnerait comment ?
03:42Alors c'est un peu compliqué.
03:44La Constitution dit un certain nombre de choses,
03:47mais évidemment on voit que dans la pratique,
03:49il faudrait que ça passe par le bureau de l'Assemblée nationale,
03:52faire que les insoumis soient représentés.
03:54Il faudrait que ça passe par la commission des lois de l'Assemblée nationale.
03:58Il faudrait que ça réunisse deux tiers des députés.
04:01Il faudra ensuite que ça aille au Sénat et que ça remplisse à nouveau les mêmes conditions
04:05pour que le Parlement dans son ensemble se transforme en haute cour de justice
04:10qui, à ce moment-là, pourrait statuer sur est-ce que le chef de l'État a trahi ses missions fondamentales.
04:17Donc on voit que c'est très compliqué aussi au niveau de la mise en œuvre.
04:21Alors Bruno Cotteres, on est également avec Alexis de Lafontaine du Service politique d'Europe 1.
04:25Bonjour à vous Alexis.
04:27Alexis, on vient d'étudier avec Bruno Cotteres le mécanisme de cet article 68
04:34en gros ça veut dire que cette destitution n'a pas la moindre chance d'aboutir.
04:38Non, alors la France insoumise peut quand même la lancer
04:41parce que pour lancer cette procédure en tous les cas, il faut 10% des députés.
04:46Et avec ces 72 députés, la France insoumise peut donc lancer toute seule cette procédure.
04:53Mais comme l'a très bien expliqué Bruno Cotteres,
04:56cette procédure devra ensuite recueillir deux tiers des voix des députés et des sénateurs
05:02et là c'est mission impossible, c'est voué à l'échec.
05:05Jean-Luc Mélenchon le sait, ses partenaires le savent.
05:08C'est pour ça que Olivier Faure et même Lucie Castex hier soir le disent.
05:12Nous préférons la censure d'un prochain gouvernement qui ne serait pas du Nouveau Front Populaire
05:17à la destitution du Président qui n'a aucune chance d'aboutir.
05:20Bon Bruno Cotteres, si on a bien compris que c'est un coup politique finalement,
05:23pourquoi les filles jettent ce pavé dans la mare à ce moment-là ?
05:28Je pense d'abord et avant tout que c'est pour prendre date,
05:31au fond non seulement vis-à-vis de l'opinion publique,
05:33mais peut-être aussi à l'intérieur du Nouveau Front Populaire
05:36pour incarner au fond cette radicalité que veut incarner la France insoumise.
05:41Admettons que finalement Emmanuel Macron dise « bon ben on y va, je nomme Lucie Castex ».
05:46À ce moment-là les insoumis pourront dire « ben vous voyez, c'est le gros coup de pression qu'on a mis,
05:51qui a obligé le chef d'État, c'est grâce à nous ».
05:54Et puis si le chef d'État ne nomme pas Lucie Castex, c'est pour le moment une hypothèse assez plausible.
06:00Alors à ce moment-là les insoumis pourront dire « eh bien vous voyez, on avait bien raison
06:04de vouloir dire que le chef d'État n'était plus digne de ses fonctions ».
06:09Et puis c'est aussi vis-à-vis de l'opinion publique, bien évidemment,
06:12pour que les insoumis apparaissent, ceux qui incarnent au fond la colère vis-à-vis d'Emmanuel Macron.
06:20C'est un bon coup Alexis de La Fontaine pour Jean-Luc Mélenchon,
06:25finalement ils apparaissent comme un petit peu le parti central de cette rentrée politique.
06:31Il veut garder son leadership du moins au sein du Nouveau Front Populaire,
06:35il veut montrer que c'est lui qui impose son tempo, qui impose ses thématiques,
06:39et c'est en tous les cas une stratégie qui ne plaît pas à ses alliés socialistes
06:45parce qu'ils essayent de s'émanciper, de garder leur autonomie, de faire entendre leur voix.
06:51Hier on a appris que certains socialistes étaient déjà contre le fait d'une venue
06:57en tant que Nouveau Front Populaire à cette réunion à l'Élysée.
07:00Ils auraient préféré que les socialistes viennent de leur côté,
07:03que les écologistes viennent de leur côté, les communistes aussi,
07:06et eux les socialistes de leur côté, parce qu'ils ne voulaient pas venir avec la France insoumise.
07:11Et une frange aussi de ce parti socialiste souhaite aussi débattre avec Olivier Faure
07:18de cette position de la France insoumise, parce qu'ils sont vraiment opposés à ça,
07:22et eux préfèrent plutôt tendre la main à une voix de secours qui serait peut-être Bernard Cazeneuve
07:28ou autre, une autre personnalité de gauche,
07:30plutôt que s'enfoncer dans une radicalité qui est une voix sans issue
07:35et qui en fait n'apportera rien à cette sortie triste que cherche le parti socialiste.
07:40Bruno Cotteres, pourquoi à gauche, personne ne s'aligne sur la position des insoumis ?
07:46On voit qu'en toile de fond, il y a des différences au sein de la gauche,
07:53au sein du Nouveau Front Populaire, il y a sans doute des différences importantes
07:57en termes stratégiques, en termes au fond de qu'est-ce que veut dire être un opposant à Emmanuel Macron,
08:03qu'est-ce que voudrait dire participer à un gouvernement
08:06qui serait presque une forme de cohabitation avec Emmanuel Macron.
08:09Donc c'est ça qui est en toile de fond.
08:12Du côté des socialistes par exemple, on est sans doute encore légataire d'une culture de gouvernement.
08:18On voit incarner que l'on s'inscrit dans le cadre du resté de la fonction d'Emmanuel Macron,
08:24que d'après les socialistes, on ne serait pas dans un cas de milieu de l'article 68,
08:28une forme de trahison par le chef de l'État de ses missions, de son rôle institutionnel,
08:34alors que du côté de la France insoumise,
08:37on veut incarner cette insoumission, c'est-à-dire l'idée qu'il faut aller, au fond,
08:42pousser Emmanuel Macron presque en dehors de ses fonctions.
08:48On voit qu'en toile de fond, on aurait sans aucun doute une attitude assez différente
08:51du côté des socialistes et des insoumis sur le fonctionnement d'une cohabitation
08:57entre Emmanuel Macron et le Nouveau Front Populaire.
08:59C'est une façon aussi peut-être Bruno Cotteres de s'attaquer à Emmanuel Macron en cette rentrée.
09:05Emmanuel Macron qui sort finalement fortifié de cette période olympique,
09:11où on l'aura beaucoup vu, où on aura peu entendu ses opposants,
09:16et où finalement l'absence de gouvernement ne s'est pas fait sentir.
09:20Eh oui, il y en a effectivement une situation qui est tout à fait inédite,
09:24tout à fait intéressante. On a un Emmanuel Macron qui, d'ailleurs, il l'a reconnu,
09:28a perdu les élections législatives, mais le chef d'État, quelque part,
09:32s'il admet la défaite électorale, il essaie de réinterpréter ce qui s'est passé,
09:37presque en histoire politique, en disant comme si finalement,
09:40le résultat de ces élections législatives donnait crédit, donnait raison à son diagnostic à lui,
09:45qui est qu'il faut une coalition de tous les centres pour sortir de l'impasse.
09:50Et rappelons que la coalition de tous les centres, fondamentalement,
09:53c'est le projet de départ d'Emmanuel Macron en 2016, quand il crée le Mouvement En Marche,
09:58et en 2017. Donc on a un Emmanuel Macron qui a mis à profit cette période des Jeux Olympiques
10:06pour donner du temps au temps, pour laisser décanter les choses,
10:09comme si aujourd'hui, l'idée d'une obligation, d'une injonction sur le chef de l'État
10:15de nommer forcément quelqu'un issu du Nouveau Front Populaire,
10:19c'était un peu un étau qui s'était un peu desserré autour du chef de l'État.
10:23Bruno Cotteres, Alexis de La Fontaine, vous restez bien avec nous,
10:27on continue à débattre de cette situation politique,
10:29et puis vous, auditeurs, vous pouvez nous appeler.
10:31Au 01.80.20.39.21, Europe 1 et vous, il est 11h15, on fait une petite pause, on revient tout de suite.
10:41Et on continue à parler de politique. Quand je dis on continue, on se remet à parler de politique,
10:46parce que c'est vrai que depuis plusieurs semaines, la politique s'était mise en sommeil,
10:50et là, elle a été réveillée brutalement. Vous nous rappelez qui sont nos invités, ma chère Estelle ?
10:55Tout à fait, nous avons avec nous Bruno Cotteres, chercheur et enseignant à Sciences Po,
11:00et avec nous, notre consultant politique d'Europe 1, Alexis de La Fontaine.
11:05De La Fontaine, du service !
11:07Il n'est pas consultant, il est du service politique d'Europe 1.
11:11Bruno Cotteres, une grande question qui se pose,
11:16alors c'est la question à 100 000 $,
11:18qui sera le prochain Premier Ministre en lieu et place de Gabriel Attal ?
11:24Est-ce que vous avez une petite idée du profil ?
11:27Alors, on ne lit pas dans le mar de questions du chef de l'État, c'est assez compliqué,
11:31la situation est assez compliquée.
11:33On voit bien que le profil, au fond, ça serait une personne,
11:38une personnalité politique, sans doute issue ou du centre-droit ou du centre-gauche.
11:43Il faut une personnalité politique du centre-gauche qui plairait au centre-droit,
11:47et réciproquement du centre-droite qui plairait au centre-gauche,
11:50le problème de départ reste toujours entier,
11:53qui est la capacité à durer au-delà d'un premier vote de défiance,
11:59et donc il faut une personnalité qui arrive à aller chercher des voix à l'Assemblée nationale,
12:05sur les bancs d'autres formations politiques.
12:09Il faut sans doute aussi une personnalité qui a du savoir-faire politique,
12:12parce que pour arriver à faire ça, ce n'est pas donné à tout le monde.
12:15Il faut avoir quelqu'un qui a une forte expérience de la vie politique,
12:18de la vie parlementaire, qui peut jouer de son crédit personnel auprès d'autres formations politiques.
12:25Donc, équation très compliquée à résoudre.
12:29Au fond, on a deux théories sur la nomination, et c'est ça qui est vraiment intéressant de la personne.
12:35Vous avez une première théorie, c'est celle de Lucie Cassé, de Nouveau Front Populaire,
12:39qui devient, nous, notre programme de départ.
12:41C'est la base de discussion, et on pense qu'on peut arriver à aller convaincre
12:45des députés d'autres formations politiques, car qui pourraient s'opposer
12:49à davantage de recrutement dans la fonction publique,
12:53chez les infirmières, les enseignants, par exemple.
12:56Mais LFI ne veut pas de compromis, on les a bien entendus.
13:00Oui, voilà. La base, c'est le programme de Nouveau Front Populaire.
13:03Rien que le programme, mais tout le programme.
13:05Et que pense se faire fort de pouvoir convaincre d'autres députés de venir voter sur leurs mesures.
13:11Vous avez une deuxième théorie, qui est celle d'Emmanuel Macron,
13:14qui est que personne n'a fondamentalement gagné les élections législatives.
13:18Il faut se réunir autour de la table pour mettre au point, pour élaborer,
13:22un programme autour duquel des compromis sont possibles.
13:26Et on voit que derrière cette nuance un peu civiline, un peu subtile comme nuance,
13:30il y a véritablement une confrontation de deux lectures des élections législatives.
13:35L'une qui dit qu'on a gagné, c'est Nouveau Front Populaire et sa lecture,
13:39et l'autre, c'est celle d'Emmanuel Macron. Personne n'a gagné.
13:42Et donc, il faut trouver une solution de compromis.
13:44Alexis de La Fontaine ?
13:45Pour revenir sur ce que vous parliez, sur la France insoumise qui ne veut pas faire de compromis,
13:51je vais vous donner une petite phrase qu'un chef de la France insoumise m'a confiée il y a quelques semaines.
13:56Il m'a dit, déjà, le Nouveau Front Populaire, pour nous, c'est un compromis.
13:59Il faut bien se mettre en tête que pour eux, ils ont déjà fait le compromis en faisant le Nouveau Front Populaire.
14:04Alors, faire un compromis du compromis, c'est impossible.
14:06Ensuite, pour revenir sur ce dont parlait Bruno Cotteres, sur le profil de ce Premier ministre,
14:12il faut voir qu'Emmanuel Macron va chercher à déstabiliser l'alliance du Nouveau Front Populaire
14:20en essayant de trouver une personne qui va séduire certains députés socialistes
14:25et, en même temps, ne pas perdre l'aile droite de sa majorité ou, du moins, son dialogue avec les Républicains.
14:31Et c'est pour ça que quelqu'un comme Karim Bouamrane, le maire de Saint-Ouent, est une hypothèse qui...
14:38C'est l'hypothèse qui monte en ce moment.
14:40C'est l'hypothèse qui monte, on peut le dire.
14:41Il y a eu beaucoup de noms qui ont circulé. C'est la dernière en date.
14:44C'est la dernière en date. En fait, pourquoi est-ce que c'est une bonne idée ?
14:47Je pense parce que Karim Bouamrane vient du Parti Socialiste.
14:51Il est justement issu de ce centre gauche, mais il s'oppose à la radicalité de la France insoumise.
14:58Il s'oppose justement à cette dérive et cette bordélisation de la France insoumise.
15:03Et, en même temps, il a un discours sécuritaire sur l'autorité et l'ordre, un discours très républicain,
15:10qui parle aussi à une partie de la droite, qui peut parler aussi à certains députés de droite.
15:16Et donc, c'est un profil qui pourrait déstabiliser, en quelque sorte, les positions à gauche et à droite.
15:22Mais il faut bien avoir une chose en tête, c'est que le premier gouvernement qui sera proposé par Emmanuel Macron,
15:30le premier nom, fera face à toutes les radicalités.
15:33C'est-à-dire que personne ne voudra faire la concession en premier.
15:37C'est-à-dire que, peu importe qui sera nommé, chacun voudra rester sur ses positions et ne voudra pas céder.
15:43Et donc, le premier gouvernement qui sera présenté fera forcément face aux motions de censure.
15:50Et donc, il restera très fortement de tomber.
15:53Bruno Cotteres, qu'est-ce que vous pensez de cette hypothèse qui court les rédactions, celle de Karim Ouamran ?
16:00C'est une hypothèse qui est en train de monter beaucoup.
16:05Et si Emmanuel Macron choisissait cette personnalité politique, ça ferait un sacré coup de billard.
16:13D'abord parce qu'Emmanuel Macron restait fidèle, au fond, à son image dans l'opinion.
16:18C'est-à-dire quelqu'un qui arrive à surprendre, qui arrive à se sortir, au fond, d'un très mauvais pas.
16:25Et puis alors, c'est un coup de billard parce qu'évidemment, ça fait un coin enfoncé à l'intérieur du nouveau front populaire.
16:33Parce qu'il est socialiste.
16:36Il est socialiste, mais de cette branche des socialistes qui n'adhèrent pas, au fond, au projet commun avec la France insoumise dont il s'est démarqué.
16:46Il vient effectivement sur les thèmes régaliens sécuritaires dont on sait que le pilon est très sensible sur ces questions.
16:53Donc ça pourrait intéresser effectivement des républicains.
16:56Ça mettra en difficulté aussi le rassemblement national.
16:59Il est jeune. Il est réputé pour être assez brillant.
17:04Et donc ça pourrait aussi faire de l'ombre, quelque part, à ceux qui se voient, au fond, en successeur d'Emmanuel Macron.
17:10Donc un sacré coup de billard éventuellement.
17:12Alors ça, c'est pour l'hypothèse du centre-gauche.
17:15On a beaucoup parlé durant ces dernières semaines.
17:18Il faut beaucoup parler, parce qu'en politique, on parle toujours beaucoup.
17:20L'hypothèse Xavier Bertrand, Alexis de La Fontaine, elle est complètement abandonnée, à votre avis, aujourd'hui ?
17:26Oui, alors moi, de mes informations, en tout cas, elle n'est plus à l'ordre du jour.
17:30Ce n'est plus une hypothèse crédible dans l'entourage d'Emmanuel Macron.
17:35Il a entretenu quand même cette petite musique.
17:38Peut-être comme un leurre, quoi.
17:39Il a entretenu cette petite musique pendant un certain temps, parce qu'il demandait à des proches
17:44« Mais alors, comment travaille Xavier Bertrand ? »
17:46ou ce genre de questions pour vraiment un petit peu faire monter cette petite musique.
17:51Mais souvenez-vous, déjà en 2017, quand Emmanuel Macron a choisi Édouard Philippe comme Premier ministre,
17:57l'hypothèse Xavier Bertrand était, elle aussi, sur la table.
18:00Et Xavier Bertrand avait dit « J'ai servi de leurre, mon nom est sorti partout,
18:05mais en réalité, c'est Édouard Philippe qui a été choisi et j'ai servi de leurre. »
18:08Eh bien là, je pense que Xavier Bertrand va à nouveau être un leurre pour Emmanuel Macron,
18:13que c'est le nom qui monte et sur lequel toutes les attaques sont ciblées.
18:17Parce qu'aujourd'hui, on voit bien à gauche ou au RN ou ailleurs,
18:20chacun dit que Xavier Bertrand ne serait pas un bon Premier ministre.
18:24Et donc, c'est lui qui prend toutes les attaques pour qu'une autre hypothèse émerge
18:27plutôt que celle de Xavier Bertrand.
18:29Bon, mais si vous restez avec nous, nous sommes en ligne avec un auditeur d'Europe 1.
18:34Dominique, je crois ?
18:35Vous nous appelez de Corse, c'est ça ?
18:37De Haute-Corse, oui, tout à fait.
18:39Bienvenue, merci de prendre quelques minutes pour nous appeler.
18:42Écoutez, je vais utiliser un de vos arguments.
18:45Vous avez dit en substance qu'Emmanuel Macron, l'actuel Président de la République,
18:49va essayer de déstabiliser le Front populaire.
18:52Encore faut-il que l'inverse se produise, à savoir que le Front populaire
18:56puisse déstabiliser l'actuel Président de la République
18:59et de trouver une ligne politique qui puisse se dégager
19:04et trouver des solutions aux problèmes que rencontre la France,
19:07notamment, vous le savez, en premier chef, la dette publique, etc.
19:12Oui, c'est une bonne remarque.
19:14Bruno Cotteres, c'est la question,
19:16est-ce que derrière la marque Nouveau Front populaire,
19:20est-ce qu'il y a une union des partis qui la compose ?
19:23C'est ça la grande question.
19:26Vous savez, la gauche a toujours été diversifiée.
19:30Il y a toujours eu différents logiciels politiques au sein de la gauche.
19:37L'histoire de l'union de la gauche, c'est une histoire marquée
19:40par des moments de tension, des moments de rupture, parfois,
19:43et puis des réconciliations.
19:44C'est très important pour l'électorat de la gauche, l'idée de la gauche unie.
19:48Elle est très populaire au sein des électeurs.
19:50C'est clair, il y a eu une forte demande depuis très longtemps à gauche
19:53de davantage d'unions.
19:55On l'a vu au moment des élections, d'ailleurs.
19:57Il y avait vraiment une dynamique à gauche.
20:00Une dynamique, voilà.
20:01Mais à l'intérieur de la gauche, il y a, par rapport à l'Europe,
20:04par rapport aux contraintes liées à la globalisation de l'économie,
20:08c'est sûr qu'il y a différentes approches.
20:10Alors, il y a un parti dont on n'entend plus du tout parler,
20:13c'est le parti de Marine Le Pen.
20:17Quelle pourrait être, à votre avis, Bruno Cotteres,
20:21la stratégie du Rassemblement National, en cette rentrée ?
20:25Le Rassemblement National est tombé de haut au lendemain des élections législatives.
20:29Rappelons-nous quand même, au lendemain du premier tour,
20:32tout le monde est sur l'idée qu'il y a une victoire inéluctable.
20:36Oui, avec une majorité absolue possible.
20:42Jordan Bardella avait clairement une dynamique
20:45et se projetait clairement vers Matignon.
20:49Donc là, aujourd'hui, la meilleure stratégie pour le Rassemblement National,
20:53c'est sans doute de laisser passer l'orage
20:55et de s'inscrire, au fond, dans le droit fil de sa stratégie,
20:59mettre le cap sur 2027,
21:02sur une candidature de Marine Le Pen, sans aucun doute, à la présidentielle,
21:06mais peut-être aussi de tenir compte de ce qui s'est passé dans l'entre-deux-tours,
21:10appelé cet entre-deux-tours,
21:11qui avait fait apparaître un certain nombre de difficultés
21:14chez les candidats du Rassemblement National.
21:17On a vu quand même beaucoup de candidats
21:19dont on a rappelé, au fond, des propos homophobes, racistes, etc.
21:24Donc l'ORN a sans aucun doute aussi intérêt,
21:27pour le moment, à être un peu en sourdine
21:30et à revenir en force au lendemain de cette rentrée politique,
21:33une fois qu'on saura quel est le périmètre de ce nouveau gouvernement.
21:40Moi, je pense que le Rassemblement National a deux stratégies possibles.
21:45Premièrement, rester dans son opposition très ferme à Emmanuel Macron
21:50et à toute forme de gouvernement,
21:52et voter toutes les motions de censure contre n'importe lequel des gouvernements,
21:56jusqu'à aller dans une impasse
21:58et peut-être essayer de pousser le président de la République à la démission.
22:01C'est la stratégie numéro une du Rassemblement National.
22:04La deuxième stratégie, ça c'est ce qu'il souhaiterait,
22:07mais ça va être difficile d'y arriver,
22:09c'est qu'un premier ministre de droite ou de centre droit
22:12fasse une coalition entre les Républicains et la Macronie
22:15avec un pacte avec le Rassemblement National,
22:18s'il ne vote pas la motion de censure,
22:20en échange d'un ou deux ou trois textes législatifs
22:24sur des sujets clés comme l'immigration ou le pouvoir d'achat.
22:27Et avec ce système-là, il briserait le front républicain
22:31en pactisant un petit peu avec ce futur gouvernement très hypothétique.
22:35Merci à vous Alexis de La Fontaine du service politique d'Europe 1.
22:39Merci à vous Bruno Cotteres, chercheur au Cevipof, enseignant à Sciences Po.
22:43Et puis merci à Dominique, cette auditeur de Haute-Corse qui nous a appelés.
22:4811h29 dans Europe 1 et vous dans quelques instants,
22:50le journal permanent d'11h30, puis tout autre sujet ensuite,
22:53le M-POX qu'on appelait la variole du singe,
22:55près de 20 000 cas déjà recensés en Afrique, un quart recensés en Europe.
22:58Est-ce que ça vous fait peur ?
22:59Appelez-nous pour en parler au 01 80 20 39 21.
23:02A tout de suite.

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