Pourquoi les violences continuent-elles en Nouvelle Calédonie ?

Sud Radio

Avec Nicolas Metzdorf, député Ensemble pour la République de la 1ère circonscription de Nouvelle-Calédonie   Abonnez-vous pour plus de contenus : http:// ow.ly/7FZy50G1rry  ______________________________________  Retrouvez nos podcasts et articles : https://www.sudradio.fr/  ______________________________________  Nous suivre sur les réseaux sociaux  ▪️ Facebook : https://www.facebook.com/SudRadioOfficiel  ▪️ Instagram : https://www.instagram.com/sudradioofficiel/  ▪️ Twitter : https://twitter.com/SudRadio  ▪️ TikTok : https://www.tiktok.com/@sudradio?lang=fr   ##L_INVITE_DU_GRAND_MATIN-2024-08-16##

Transcript

00:00Le Grand Matin Sud Radio, 6h-10h, Jean-Marie Bordry.

00:04Il est 8h12 sur Sud Radio. Tout de suite, parlons de la situation en Nouvelle-Calédonie.

00:10Je le disais, hier, un nouveau décès a été déploré au terme d'une fusillade avec les gendarmes mobiles qui ont riposté.

00:17Onzième victime depuis le début de ces émeutes qui ont commencé il y a quelques mois en Nouvelle-Calédonie.

00:24Pourquoi la violence ne retombe pas ? C'est ce qu'on voit avec notre invité Nicolas Metzdorf. Bonjour.

00:29Bonjour.

00:29Soyez le bienvenu sur Sud Radio. Député Ensemble pour la République, c'est la majorité présidentielle de la Nouvelle-Calédonie.

00:38Onzième victime à déplorer, ça signifie que les violences continuent en ce moment sur votre territoire.

00:46Oui, il n'y a que les métropolitains qui ne le savent pas.

00:49Ça a été un moment difficile pour nous que de suivre les Jeux Olympiques et de voir la ferveur qu'il y avait,

00:55puisque ici les violences continuent et les blocages continuent aussi.

01:00Donc c'est vrai qu'on a été un petit peu oublié ces derniers temps et malheureusement on parle de la Nouvelle-Calédonie à chaque fois qu'il y a des morts.

01:08Donc c'est dommage, mais aujourd'hui l'état de droit n'est clairement pas rétabli sur l'ensemble du territoire calédonien.

01:14On en est particulièrement désolé.

01:16Effectivement, d'en parler seulement quand ça se passe mal, concrètement, vous dites que les violences continuent, que les blocages continuent,

01:23ça veut dire qu'il y a toujours des barrages sur les routes ?

01:26Oui, bien sûr, il y a des barrages sur les routes, notamment sur la côte Est.

01:29Il y a encore ce qu'on appelle le Mont d'Or Sud qui est la troisième plus grosse ville du pays qui est coupée d'accès avec le reste de l'île.

01:37Et donc les gens doivent circuler en bateau le matin pour aller travailler plutôt que de prendre la route,

01:41parce que la tribu qu'on appelle de Saint-Louis, qui est une tribu très violente, continue de bloquer les axes routiers.

01:49Donc c'est vrai que le nombre de forces de l'ordre déployée a permis de ramener plus de sérénité,

01:58mais clairement aujourd'hui on n'est pas dans une situation où on peut circuler librement et où chacun peut se sentir en sécurité.

02:05Mais ça fait pourtant plusieurs semaines, voire plusieurs mois que cela dure.

02:08Pour quelles raisons les blocages sont toujours en cours ? Que demandent les émeutiers ?

02:14Non mais les émeutiers demandent l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie et de chasser tous ceux qui ne sont pas canaques.

02:21En fait on envoie des gendarmes face à des gens qui sont là pour faire la guerre.

02:28Donc on n'est pas en train de gérer une manifestation qui dérape,

02:32ou même des émeutes comme on a connu en métropole il y a plusieurs mois maintenant.

02:37On est face à une guerre d'indépendance armée et donc c'est difficile pour les gendarmes de contenir ça.

02:44Donc pour vous, la Nouvelle-Calédonie est en guerre ?

02:47Clairement aujourd'hui il y a des Calédoniens qui sont en guerre pour l'indépendance de la Nouvelle-Calédonie.

02:52Donc je vais rappeler ce qui s'est passé, malheureusement, et ce qui a entraîné la mort d'une onzième personne.

02:56Les gendarmes étaient en train de progresser sur un axe qui était manifestement bloqué.

03:00Il semble qu'une forme d'embuscade leur ait été tendue puisqu'ils ont reçu des cailloux, des projectiles, des cocktails Molotov,

03:06et des coups de feu qu'ils ont répliqués eux-mêmes avec des armes à feu à l'heure.

03:11Et c'est ce qui a entraîné la mort de cette personne, ça veut dire qu'on essaie de tuer des gendarmes en ce moment ?

03:17Clairement aujourd'hui il y a une partie des émeutiers, de ceux qui mènent l'insurrection qui veulent tuer des gendarmes, tout à fait.

03:26On voit passer sur les réseaux sociaux ces mots d'ordre-là.

03:31C'est vraiment aujourd'hui tout ce qui représente la France et donc les forces de l'ordre en premier qui sont visées.

03:38Effectivement. Comment on a pu en arriver là maintenant ?

03:40Revenons sur les raisons. Après tout, il y a eu trois référendums.

03:44Je rappelle que le troisième sur l'indépendance a été boycotté par les indépendantistes.

03:48Qu'est-ce qui fait qu'une telle flambée de violence est apparue, presque en surprenant la métropole ?

03:56C'est des décennies d'indoctrinement d'une jeunesse qui n'a pas trouvé sa place dans le développement qu'a connu la Nouvelle-Calédonie ces dernières années.

04:07Ça ressemble parfois à l'islamisme radical qu'on connaît en métropole, c'est-à-dire que c'est une religion aujourd'hui kanakie et donc rien n'est trop beau pour la lutte.

04:19On a le droit aussi de souhaiter l'indépendance, cela étant dit.

04:22Ça c'est une chose, mais comment expliquer, vous disiez, j'aimerais qu'on revienne sur ce terme,

04:27une jeunesse qui n'a pas trouvé sa place dans le développement de la Nouvelle-Calédonie, ça s'explique comment ?

04:33Je pense que chez le peuple kanak, il y a une partie de sa population qui n'arrive pas à s'intégrer dans l'économie du marché,

04:46dans le développement que connaît tous les pays dans la région, qui se met un petit peu au bord de la route, on va dire.

04:57Et donc c'est une jeunesse qui se radicalise beaucoup, qui a des soucis avec l'alcool et la drogue,

05:03et qui donc aujourd'hui est totalement hors de contrôle, même de ceux qui ont lancé au début les manifestations contre le projet de loi sur le gel du corps électoral.

05:11Alors pardonnez-moi de vous le dire ainsi, mais c'est important de vous poser la question.

05:15Quand on vous entend, Nicolas Metzdorff, je ne parle pas des violences, je parle du fait que cette jeunesse soit exclue du développement.

05:22On a l'impression que pour vous c'est la faute de cette jeunesse qui serait tombée dans l'alcool,

05:25qui ne veut pas jouer le jeu de l'économie de marché, contrairement aux pays autour, aux régions autour,

05:31et qui en quelque sorte refuserait le développement, ce n'est pas nécessairement sa faute ?

05:35Moi je veux bien qu'on m'explique c'est la faute de qui du coup.

05:41Parce que vous savez, la Nouvelle-Calédonie a entamé un processus de décolonisation unique au monde,

05:47on est l'île la plus autonome de France, on dirige tout, on a toutes les compétences ici,

05:53on a notre propre système de santé, notre propre système de l'enseignement, notre propre code de l'environnement,

05:58les indépendantistes dirigent deux provinces sur trois, dirigent le gouvernement, dirigent le congrès,

06:03on a interdit les métropolitains de droit de vote même aux élections locales,

06:06vous voyez ce que je veux dire, je crois que la France a fait le travail en Nouvelle-Calédonie,

06:11les non-indépendantistes aussi, c'est peut-être pas la faute de la jeunesse,

06:15mais en tout cas c'est la faute des leaders indépendantistes qui ont entretenu

06:19finalement le même discours que dans les années 70 par facilité politique,

06:24et qui aujourd'hui ont amené leur jeunesse dans le mur.

06:27J'ai une dernière question pour vous Nicolas Metzdorff, les violences continuent, les blocages persistent manifestement,

06:33et pourtant on a envoyé presque un gendarme mobile sur cinq de ce que compte le pays en Nouvelle-Calédonie,

06:39qu'est-ce qu'il faut faire de plus ?

06:43Je crois que la solution elle est aussi politique, mais c'est vrai que, vous en parlez dans votre titre,

06:47le fait que la France n'ait pas de gouvernement, il n'y a personne qui s'occupe du dossier,

06:53ça a été les JO, c'est les vacances, il n'y a pas de gouvernement,

06:57donc c'est vrai qu'il n'y a pas de pilotage du dossier au quotidien ou plus haut niveau,

07:03et donc tant qu'on n'a pas réamorcé la pompe politique,

07:06malheureusement on continuera de temps en temps à m'appeler pour passer à la radio pour expliquer pourquoi il y a eu un manque de plus.

07:13On va vous faire une promesse Nicolas Metzdorff, à vous comme aux autres élus d'ailleurs,

07:17qu'ils soient indépendantistes ou pas de la Nouvelle-Calédonie,

07:20c'est qu'on vous rappellera avant pour parler de ce qui va et faire le point et ne pas attendre le prochain drame.

07:25En tout cas merci d'avoir pris la parole ce matin sur Sud Radio,

07:28je rappelle que vous êtes député ensemble pour la République de la première circonscription de Nouvelle-Calédonie, 8h20 sur Sud Radio.

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