• il y a 4 mois

Stéphanie de Muru revient pendant deux heures, sans concession, sur tous les sujets qui font l'actualité.

Vous voulez réagir ? Appelez-le 01.80.20.39.21 (numéro non surtaxé) ou rendez-vous sur les réseaux sociaux d’Europe 1 pour livrer votre opinion et débattre sur les grandes thématiques développées dans l'émission du jour.
Retrouvez "Europe 1 et vous" sur : http://www.europe1.fr/emissions/pascal-praud-et-vous

Category

🗞
News
Transcription
00:00Et on reçoit maintenant, à présent, pour parler de cette décision que la France a prise en faveur du Maroc et qui ne plaît pas à l'Algérie,
00:07on reçoit Samira Sittahi, l'ambassadrice du Maroc en France. Stéphanie.
00:10Absolument, Madame l'ambassadrice Samira Sittahi, bonjour, merci d'être avec nous sur Europe 1.
00:16Merci pour votre invitation Stéphanie Lemureux.
00:19Avec plaisir, alors cela fait des années évidemment que la question du Sahara occidental est posée,
00:25c'est un conflit vieux de plus de 50 ans, c'est une décision historique d'Emmanuel Macron, annoncée à l'occasion des 25 ans de reine de Mohamed VI.
00:34C'est une victoire pour le Maroc, Madame l'ambassadrice ?
00:38Écoutez, moi je suis tentée de vous dire qu'évidemment c'est une décision qui nous réjouit parce qu'elle constitue une évolution significative
00:46en direction du règlement de ce différent, mais qu'en même temps je vous dirais qu'il n'y a ni de recherche de perdants, ni de recherche de gagnants.
00:56Il faut que cette question, nous puissions tous en ressortir vainqueurs, à commencer par les populations elles-mêmes,
01:04qui sont en attente de cette solution, comme vous le savez, nous avons plusieurs milliers de nos compatriotes
01:10qui sont retenus dans de véritables prisons à ciel ouvert, dans des camps, dans le sud algérien et ce, dans la plus grande indignité.
01:18Donc encore une fois, c'est une évolution significative, d'autant plus qu'il s'agit d'un soutien à la souveraineté du Maroc.
01:27Vous disiez depuis plus de 50 ans, moi je suis tentée de dire même plus de 130 ans,
01:33il y a les 49 ans depuis que nous avons récupéré nos territoires et notre souveraineté sur ces territoires,
01:43il y a les 92 ans d'occupation espagnole, et avant cette occupation évidemment, c'est un territoire dont personne ne conteste,
01:53ni sur le plan historique, ni sur le plan juridique, qu'il fût un territoire marocain, partie intégrante de l'Empire du Maroc.
02:03Alors Samira Sittahi, c'est un courrier dans lequel le Président de la République marque le soutien de la France à la proposition de plan d'autonomie sous souveraineté marocaine pour le Sahara occidental,
02:15est-ce à dire que la France reconnaît la marocanité de la région, puisque c'est vrai que le mot n'est pas prononcé explicitement ?
02:23A partir du moment où vous parlez de souveraineté marocaine sur ce territoire, et c'est ce que fait le Président de la République, c'est une avancée majeure.
02:36Le Président de la République dit que dans le présent et dans l'avenir, l'intangibilité de la position française sur ce territoire est un enjeu qui se fera,
02:50est un règlement qui se fera dans le cadre de cette souveraineté marocaine.
02:53Alors évidemment, pardonnez-moi, allez-y.
02:57Pour ce qui est de l'autonomie, la position de la France n'est pas nouvelle.
03:01Aujourd'hui, il y a une avancée significative, une évolution significative, mais elle ne vient pas du néant.
03:08La France soutient de manière ferme, claire, la proposition d'autonomie mise sur la table des négociations par le Maroc en 2007.
03:19Donc vous voyez, c'est une séquence qui s'imbrique dans la continuité.
03:23Et oui, j'imagine que cette prise de décision intervient maintenant, elle a été le fruit de de longues discussions.
03:30Mais c'est vrai, pourquoi maintenant, Mme Langlois-Sadrice ?
03:33Écoutez, comme vous le disiez si bien, elle est dans la continuité de ces 17 ans et puis elle intervient à un moment où sur le plan mondial,
03:43sur le plan géostratégique mondial, nous assistons à un rabattage des cartes à partir duquel la France souhaite émettre aujourd'hui un message pacificateur,
03:56un message de fait, de paix, puisqu'il s'agit de contribuer aux règlements de ce dossier.
04:02Alors pourquoi aujourd'hui ?
04:03Simplement parce que, encore une fois, cette géostratégie, les conflits qui nous entourent, nous amènent à opérer un certain nombre de règlements.
04:12C'est une région qui doit être stabilisée.
04:16Le seul pays qui joue cet effet et qui pèse sur la stabilisation de cette région, c'est le Royaume du Maroc.
04:22Il convient aujourd'hui de remplir ce devoir de vérité, ce devoir de justice vis-à-vis de ce pays qui, encore une fois, contribue à la sécurisation et à la stabilisation de l'Europe dans son entièreté.
04:38Alors c'est vrai que la France était un petit peu dans le statu quo.
04:41Donald Trump avait reconnu la souveraineté du Maroc sur la région en 2020.
04:45L'Espagne, c'est une puissance coloniale de ce territoire, vous l'avez rappelé, avait reconnu le plan d'autonomie comme base la plus sérieuse, suivi ensuite de l'Allemagne, des Pays-Bas.
04:54Que souhaite désormais le Maroc pour aller encore plus loin et espérer définitivement trouver une résolution à ce conflit ?
05:01Alors écoutez, il y a des faits que nous souhaitons, c'est que les faits sont que vous avez 164 pays, vous parliez de ceux qui reconnaissent, qui ont avancé plutôt sur ce plan d'autonomie.
05:16C'est ce plan d'autonomie, les 23 dernières résolutions du Conseil de sécurité ont appuyé ce plan d'autonomie comme étant une solution crédible et sérieuse.
05:31Aucune des 23 dernières résolutions du Conseil de sécurité n'évoque l'option du référendum en tant que telle.
05:40C'est une option qui a été abandonnée par les Nations Unies elles-mêmes dès 2008 lorsque l'envoyé spécial du secrétaire général, M. Van Valsom,
05:50a exposé devant le Conseil de sécurité le fait que cette option est irréalisable et que l'option d'une indépendance est irréalisable.
05:59Donc avançons, ce que souhaite le Maroc c'est avancer et dire encore une fois que sur les 193 membres du Conseil de sécurité,
06:09164 ne reconnaissent pas la République autoproclamée de Tindouf, cette pseudo-rase manipulée, instrumentalisée et créée par un pays qui s'appelle l'Algérie.
06:23Alors justement, j'allais y venir Mme l'ambassadrice, l'Algérie évidemment, ils ne sont pas ravis de cette décision de la France, de cette initiative,
06:31poignard dans le dos, a dit l'ambassadeur algérien, crise ouverte, Algiers qui parle de petits arrangements entre pays coloniaux, qu'est-ce que vous répondez ?
06:41Écoutez Stéphanie de Mourou, d'abord j'aimerais me poser une question, je me pose la question sur le plan des principes.
06:48Je ne comprends pas ce que vient faire ici une réaction algérienne aussi virulente par rapport à une décision souveraine, française, prise par l'État français.
07:01Je parle d'abord du principe de ceux qui se légitiment, ceux qui sont légitimes à en parler, à en discuter, peut-être même à critiquer ou accepter ou refuser,
07:14mais ce sont les français et uniquement les français, donc je m'interroge et je ne comprends pas que l'on puisse accepter qu'un grand État comme la France
07:24puisse dicter sa conduite par un État étranger, comment l'Algérie peut-elle interférer dans une décision souveraine d'un État aussi puissant que la France ?
07:35Oui, non mais écoutez, ceci interroge tout de même parce que la France est insultée dans ce communiqué et ceci constitue une insulte non seulement à la France,
07:45mais à l'ensemble des français. Je le dis d'autant plus à l'aise que l'Algérie prétend ne pas être une partie prenante à ce conflit,
07:53or elle a été la première à y réagir de cette manière qui ne laisse aucune place à une quelconque équivoque, qu'elle est la principale partie prenante qui paralyse le règlement de ce dossier depuis près de 5 ans.
08:10Samira, si t'as une dernière petite question parce qu'on est déjà en retard, c'est vrai qu'il y a forcément du commerce,
08:23notamment avec l'Algérie aussi, l'exportation de gaz dont on peut peut-être craindre l'arrêt.
08:28Il y a aussi Emmanuel Macron qui propose au roi du Maroc maintenant d'approfondir et moderniser un partenariat d'exception, il promet des investissements au Sahara occidental.
08:36Rapidement, Madame l'Ambassadrice, comment Rabat accueille cette proposition française de partenariat ?
08:42Alors écoutez, cette proposition française, nous sommes dans un processus de reconstruction.
08:50Nous ne souhaitons pas uniquement normaliser nos relations Stéphanie, il s'agit pour nous d'aller plus loin.
08:55Et cette volonté exprimée au plus haut niveau des deux États, aussi bien par sa Majesté Moïse VI que par le Président Emmanuel Macron,
09:02de prendre la forme d'un partenariat d'exception rénové où tous les domaines seront valisés,
09:09ils le sont déjà, vous savez, nous avons 950 filiales françaises qui arrivent à terme,
09:16il y a des contrats qui arrivent à terme, il y a d'autres choses qui arriveront, il y a des enjeux énormes dans la gestion de l'eau,
09:23pour le changement climatique, il y a énormément de sujets sur lesquels nous sommes en train de travailler
09:30et qui prendront sans doute forme avec la prochaine visite d'État du Président Macron au Maroc.
09:34Merci beaucoup Samira Sittahi, ambassadrice du Maroc en France d'avoir été sur l'antenne d'Europe 1 ce matin, merci à vous.

Recommandations