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Après les Législatives, Emmanuel Macron s'adresse pour la première fois aux français via une lettre publiée dans la presse régionale. Il y rappelle que personne n'a remporté le scrutin, que la nomination d'un nouveau Premier ministre n'est pour le moment pas au programme mais il demande aux forces politiques "républicaines" de "bâtir une majorité solide". Eric Dupont-Moretti, garde des Sceaux, ministre de la Justice répond aux questions d'Olivier Bost.
Regardez L'invité de RTL avec Olivier Bost du 11 juillet 2024.

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Transcription
00:007h45, Olivier Bost, votre invité en ce jeudi 11 juillet, et donc le ministre de la Justice.
00:09Éric Dupond-Moretti, je le disais, vous ne vous êtes pas exprimé depuis le second tour des élections législatives.
00:14Dans sa lettre aux Français, Emmanuel Macron écrit « personne ne l'a emporté ».
00:19Où est la clarification du paysage politique promise par le chef de l'État ?
00:24D'abord, il n'y a pas de gagnant, c'est vrai.
00:29Donc pas de clarification.
00:30Mais il y a d'abord un retour massif aux urnes pour nos compatriotes.
00:37Et s'il y a un gagnant, c'est la démocratie.
00:40Ensuite, on prend acte des résultats.
00:43La gauche dit « on a gagné ». La même gauche qui disait toutes les semaines depuis 2022
00:49« vous n'êtes pas, vous, Renaissance, le camp présidentiel légitime parce que vous n'avez pas la majorité absolue ».
00:55Et voilà qu'aujourd'hui, ils ont gagné.
00:57Donc, ils ont perdu. Nous avons perdu.
01:01La droite républicaine a perdu.
01:04Et la seule possibilité pour obtenir une majorité, c'est qu'on travaille ensemble.
01:10Voilà la réalité.
01:12Mais Emmanuel Macron dit de manière explicite « pas de coalition de la gauche avec Elefi, pas de rassemblement national ».
01:18Avec Emmanuel Macron, il n'y a plus d'alternance possible en fait.
01:21C'est-à-dire que c'est le bloc central et si vous votez majoritairement autre chose, c'est toujours le bloc central.
01:26Non, Elefi c'est non, parce qu'Elefi n'est pas dans les clous.
01:32Vous avez vu cette lettre ? Vous l'avez lue, évidemment. On parle de quoi ?
01:36On parle d'État de droit, on parle de respect du Parlement.
01:41Elefi a démontré pendant deux ans qu'il ne respectait en rien le Parlement.
01:45Pour le reste, il y a toute la gauche classique, la gauche dite de gouvernement.
01:51Il y a le bloc central que nous représentons, il y a la droite.
01:56Voilà la réalité. Moi je vais vous dire quelque chose qui me choque beaucoup.
02:00C'est la raison que je ne me suis pas exprimé.
02:02Mais en réalité, tous ceux qui ont été élus ou réélus d'ailleurs,
02:06ne l'ont pas été uniquement sur leur nom et sur l'étiquette qui est la leur.
02:11Bon.
02:13Socialiste qui a été élu ou réélu, il le doit à des LR qui sont allés voter.
02:19Le ventre plié en se pinçant le nez.
02:22Les LR qui ont été réélus, l'ont été parce que des socialistes ont voté pour eux.
02:27Chez nous, c'est exactement la même chose.
02:30Et tous ces députés, le dimanche soir à 20h02, disent
02:36« Je me souviendrai, nous nous souviendrons de qui nous a élus ».
02:41Ils le disent dans ce qu'on appelle la PQR, la presse régionale.
02:46C'est d'ailleurs l'une des raisons, à mon sens, pour laquelle le Président a choisi ce levier.
02:50Et dès lundi, ils ont tout oublié. Tout oublié.
02:53Mais concrètement, quand le Président écrit « Je demande à l'ensemble des forces politiques républicaines
02:57d'engager un dialogue sincère et loyal pour bâtir une majorité solide »,
03:02comment vous voyez cette majorité solide ?
03:04Aujourd'hui, les LR disent non, l'EPS dit non.
03:07Mais Monsieur, je suis en train de vous dire que les électeurs, les gens qui nous écoutent là,
03:12ils sont allés voter parfois pour des députés qu'ils ne souhaitaient pas voir.
03:17Là, vous parlez des électeurs.
03:18Mais justement, il y a un lien entre les électeurs et les élus.
03:21Et il faut qu'il y ait un lien.
03:23Parce que cet effort que nous avons fait, nous, concitoyens, quand nous sommes allés voter,
03:28les élus doivent le faire.
03:31Et ils ne peuvent pas oublier ce qu'ils ont dit dimanche soir en disant « On va se souvenir de qui nous a élus ».
03:36Ce n'est pas très compliqué, écoutez-moi.
03:38Soit ça s'appelle une coalition, soit ça s'appelle un pacte législatif.
03:43Mais il y a moyen de travailler ensemble.
03:45D'ailleurs, il y a un certain nombre de textes, sous majorité relative à compter de 2022,
03:51qui ont été adoptés.
03:52Moi, je peux vous donner un certain nombre d'exemples de cela.
03:55Et il y a moyen de dégager un certain nombre de textes et de faire avancer le pays.
03:59À situation exceptionnelle, réponse exceptionnelle.
04:04Ce qui compte, c'est les idées, c'est les programmes et ce n'est certainement pas les postes.
04:08Alors, pour bien comprendre la volonté d'Emmanuel Macron,
04:10il dit que cette coalition doit garantir la plus grande stabilité institutionnelle possible.
04:15Ça veut dire quoi ?
04:16Ça veut dire que c'est la majorité absolue, sinon rien ?
04:19Cette coalition doit être impossible à renverser ?
04:22La seule majorité absolue, elle est composée, je vous l'ai dit,
04:26de communistes, de socialistes, d'écolos, de notre groupe central, de la droite classique.
04:32Voilà la majorité absolue.
04:33Il faut la trouver, mais ça va venir.
04:36D'abord, parce qu'il faut respecter les électeurs qui ont fait un effort.
04:39Il n'y a pas de raison que seuls les électeurs fassent l'effort et que les élus ne le fassent pas.
04:45Alors, Emmanuel Macron dit que ça prendra effectivement un peu de temps.
04:48La France sans gouvernement, ça vous semble tenable combien de temps ?
04:52D'abord, la France, elle a un gouvernement.
04:54Mais dans les autres pays, et c'est ce que je viens de vous dire,
04:58à situation exceptionnelle, solution exceptionnelle.
05:01L'Italie, par exemple, met toujours plusieurs semaines, pour ne pas dire plusieurs mois,
05:05pour constituer un gouvernement.
05:07Ce qui compte, ce n'est pas les postes.
05:09Ce qui compte, ce n'est pas les personnalités.
05:11Ce qui compte, c'est le programme.
05:12Par exemple, il faut trouver un premier ministre avec lequel tout le monde soit d'accord.
05:15Je vais vous donner un exemple précis.
05:17Là, il y a une question de personne.
05:18Non, mais je vais vous donner un exemple précis.
05:20La question du premier ministre ne se pose pas pour vous.
05:22Qu'ils se réunissent tous, tous, tous les républicains, tout l'arc républicain.
05:29Donc, tout le monde, sauf LFI et le RN, pour être précis.
05:32Tout le monde, sauf les extrêmes.
05:33Donc, tout le monde dans une pièce.
05:35Oui, je n'ai pas envie de les enfermer.
05:38Mais qu'ils sortent avec une solution.
05:41Le chef de l'État et le garant de nos instituts.
05:44Moi, je vais vous donner un exemple précis qui touche mon périmètre.
05:47Ça revient quand même à dire, Emmanuel Macron a mis le bazar, et maintenant, débrouillez-vous.
05:51Non, mais ne dites pas cela.
05:52Emmanuel Macron, il a demandé aux Français d'aller voter.
05:56Expliquez-moi en quoi...
05:58Les Français, ils n'ont pas finalement, d'abord, rejeté le président de la République ?
06:01Non, mais monsieur, ça, c'est vous qui le dites.
06:03Les Français, ils sont allés voter en masse.
06:06Voilà.
06:07Nous, nous n'avons pas gagné, mais les autres non plus.
06:10Bon, moi, je vais vous donner un exemple précis dans le périmètre qui est le mien.
06:14On a fait des opérations placenet.
06:16Des opérations placenet XXL contre la drogue.
06:20Il faut toucher le haut du spectre.
06:21C'est-à-dire la très haute délinquance.
06:24Je suis en train de préparer un texte.
06:27LR, Jean-François Ricard, ancien procureur national antiterroriste, m'a remis un rapport.
06:33Parallèlement à cela, il y a une commission d'enquête parlementaire,
06:37sénatoriale en l'occurrence, qui a travaillé sur la question.
06:40Qui on retrouve ?
06:41On retrouve à la tête de cette commission d'enquête, monsieur Durin, socialiste, rapporteur,
06:46et monsieur Blanc, président, socialiste.
06:49LR, qui ont travaillé ensemble.
06:51Toutes les commissions d'enquête fonctionnent comme ça.
06:53Mais c'est bien la preuve qu'on peut travailler ensemble.
06:55Je vais vous donner un autre exemple.
06:56C'est pour quoi ?
06:57C'est pour préparer un texte.
06:59Je me suis inspiré de leur travail.
07:01Je suis du camp présidentiel.
07:03On a un socialiste, un LR.
07:05On va tous dans le même sens.
07:06Il y a un texte à dégager.
07:08Est-ce qu'il est urgent de le voter ?
07:11Oui.
07:12Bien sûr qu'il est urgent de le voter.
07:14Plus vite nous aurons une majorité, plus vite nous pourrons avancer.
07:18Ça dure un an maximum.
07:20Je vous demandais, et vous me disiez, je n'ai pas prévu de vacances.
07:24Probablement, d'ici la semaine prochaine, le gouvernement sera démissionnaire
07:27pour permettre aux ministres élus députés de siéger à l'Assemblée nationale.
07:30Vous serez, écrit Emmanuel Macron, en charge des affaires courantes.
07:34Ça veut dire quoi ?
07:35Ça veut dire la continuité de l'État.
07:37Mais vous ne pouvez plus prendre de décisions.
07:38Gérer les affaires courantes, c'est...
07:40Pardonnez-moi s'il y a une difficulté qui vient à se poser.
07:43Il y a un chef au ministère de la Justice.
07:46Et il y aura des ministres, évidemment, pour répondre à ces difficultés.
07:52Puis moi, je vais vous dire quelque chose, monsieur, sur les postes, vous voyez.
07:56J'aurai une certaine peine à quitter ce ministère, parce que je l'aime,
08:00et que j'aime les gens avec qui je travaille depuis 4 ans.
08:02Ça veut dire quoi ? Une coalition ? Vous voudriez en faire partie ?
08:05Mais si je dois partir, parce que le Premier ministre ne souhaite pas que je reste ministre.
08:10Je partirai.
08:11Et la peine qui est la mienne, que je viens d'exprimer, avec un peu d'heure peut-être,
08:15elle est superfétatoire et n'a strictement aucun intérêt
08:19à côté de l'intérêt supérieur de notre pays.
08:22Une dernière question au ministre de la Justice, pas encore démissionnaire.
08:26Dans quelques jours, cela fera 2 mois que Mohamed Amra et ses complices sont en cavale
08:30après avoir assassiné 2 agents pénitentiaires.
08:33Un appel à témoins a été lancé hier.
08:35Comment se fait-il qu'au moins 5 personnes, au moins 5,
08:38Mohamed Amra et ses complices soient encore introuvables ?
08:42Monsieur, je voudrais vous dire que 300 policiers,
08:46beaucoup de magistrats sont mobilisés pour retrouver cette équipe de malfaiteurs.
08:52Ça fait beaucoup de monde, là, qui reste introuvable.
08:55Monsieur, et je vais vous dire autre chose.
08:57Moins on parle de cette affaire, et plus elle progressera vite.
09:02Amra et ses complices...
09:04Un appel à témoins, ce n'est pas moi à en parler.
09:06Mais c'est un acte d'enquête parmi tant d'autres.
09:09Ce n'est pas ici que je vais détailler un certain nombre de choses.
09:14Mais un appel à témoins, ça veut dire quand même que l'enquête repart quasiment du point de départ.
09:19Monsieur, je ne veux pas commenter cela.
09:21Il y a 300 policiers qui bossent jour et nuit,
09:25des magistrats qui travaillent d'arrache-pied.
09:29Amra et ses complices seront arrêtés, ils seront jugés.
09:33Où en est l'inspection administrative que vous avez demandé pour comprendre
09:36comment Mohamed Amra avait pu continuer de s'asséluler tous ces trafics ?
09:42Le rapport va m'être rendu dans les jours qui viennent et je le publierai.
09:47Des choses ont changé en prison depuis ?
09:49Bien sûr, nous avons déjà un certain nombre de mesures qui sont en place.
09:52Mais là aussi peut-être, voyez-vous, qu'il y a un besoin urgent de légiférer
09:57et que l'on a donc besoin d'une majorité absolue.
10:00Et la majorité absolue, c'est ce que je vous ai dit.
10:03Éric Dupond-Moretti, merci.
10:04Merci à tous les deux.
10:05Entretien évidemment que vous retrouvez dès maintenant.

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