• il y a 5 mois
Projet de loi Alimentation

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Transcription
00:00Bonjour à tous. Bienvenue sur l'Aspace TV.
00:10On va parler ensemble de répartition de la valeur.
00:12Sujet d'actualité avec les discussions sur le projet de loi
00:17des états généraux de l'alimentation.
00:20Pour en parler, Jean-Marie Serroni, bonjour.
00:21Bonjour.
00:22Vous êtes agroéconomiste et vous connaissez ces sujets par cœur,
00:26j'ai envie de dire.
00:29Vous suivez de près ce projet, l'avancée de ce projet de loi
00:34issu des états généraux de l'alimentation.
00:37Sur son premier chapitre, sur la construction du prix,
00:40est-ce que vous pensez, ma question est assez générale,
00:42est-ce que vous pensez que ça va fonctionner ?
00:47Alors, quand on écoute les discussions qu'il y a,
00:49on peut être très, très sceptique sur le fait
00:53qu'est-ce que ça va fonctionner.
00:55Mais on peut se dire aussi, est-ce que ça peut fonctionner ?
00:59Autrement dit, quel est le rôle de la loi dans l'économie
01:04et notamment dans la formation du prix ?
01:08L'INRA a sorti une étude sur les conséquences de la LME
01:12et qui dit qu'en gros, sur 10 ans, ça a eu un impact
01:15d'à peu près 2% au total sur les prix alimentaires,
01:18de baisse, ce qui est finalement assez faible.
01:23Donc la question du prix, c'est principalement...
01:25Et la question de la valeur, qui n'est pas que le prix,
01:28ça se construit par les entreprises.
01:31C'est une entreprise qui crée de la valeur.
01:33Et la valeur, c'est ce que je produis,
01:35donc c'est une question de nature de ce que je produis,
01:37de volume que je produis et effectivement de prix.
01:42Mais c'est pas la loi qui détermine le prix.
01:45Sur la construction du prix à partir des coûts de production...
01:48Et la répartition aussi.
01:49La répartition, c'est pas la loi qui va fixer
01:51la répartition.
01:53Moi, je pense que la valeur ajoutée,
01:55un, ça se construit,
01:57et deux, ça ne se partage pas.
02:00On est tous les 2 producteurs.
02:03Vous êtes naisseur de porc et moi, je suis agresseur.
02:07Est-ce que je vais avoir envie de partager ?
02:09On va se battre pour le prix du porcelet.
02:11On va pas partager.
02:12Par contre, au bout d'un moment, quand on aura assez de se battre,
02:15on va essayer de passer un contrat dans la durée
02:18pour pas se battre à chaque bande.
02:21Et on négocie ensemble un contrat dans la durée.
02:25Et moi, je pense que le partage de la valeur ajoutée,
02:28encore une fois, ça ne se partage pas,
02:30mais ça se négocie dans l'intérêt à long terme
02:34des différentes parties.
02:35Mais c'est pas justement ce qu'essaie de faire cette loi,
02:38ce projet de loi ?
02:40Pas véritablement.
02:42Le projet de loi sur le prix, qu'est-ce qu'il met ?
02:45Il se bagarre sur les seuils de revente à perte,
02:47sur les 30 % au maximum de volume
02:52pour en faire l'objet de rabais.
02:55Il se bat pas sur la contractualisation,
02:58sauf dans les plans de filière, mais ça, c'est pas la loi.
03:01On réduit les Etats généraux à la loi,
03:04mais les plans de filière, c'est issu des Etats généraux,
03:07et à mon avis, c'est porteur, mais c'est pas la loi, ça.
03:09Vous parliez de tenir compte des entreprises.
03:13Vous considérez que la méthode qui est engagée
03:17par le gouvernement ne tient pas compte
03:20des entreprises agricoles, notamment ?
03:22Je pense que le problème que l'on a
03:25dans la chaîne agroalimentaire française,
03:28c'est qu'on a des entreprises agricoles
03:30qui, pour un certain nombre d'entre elles,
03:32ne sont pas suffisamment efficaces,
03:34et surtout, pour d'autres, pas efficientes,
03:36et que certaines ne produisent pas assez
03:37et ne dégagent pas assez de valeur.
03:40Donc il faut régler ce problème.
03:42Que le métier d'agriculteur est de plus en plus complexe,
03:45ce qui fait qu'il y en a qui réussissent
03:47dans toutes les productions, dans tous les départements,
03:50au même moment où d'autres s'enfoncent progressivement.
03:53Et que ça, c'est une vraie question qu'il faut régler,
03:55qu'on a la même question sur les entreprises agroalimentaires,
03:58quand on regarde l'outil de production
04:02agroalimentaire français vieilli,
04:05de manière plus ou moins rapide,
04:07suivant les filières,
04:10mais grosso modo, et le Crédit Agricole le montre très bien,
04:12les investissements nouveaux sont inférieurs
04:15à l'amortissement de l'année des investissements existants.
04:19Ca veut dire que l'appareil vieillit.
04:21L'Agna a montré des données assez récentes
04:24sur lesquelles la productivité du travail
04:27dans l'industrie agroalimentaire baisse.
04:30Donc on a un vrai problème là-dessus.
04:31On peut imaginer que le plan d'investissement va y aider,
04:33mais on a un vrai problème là-dessus.
04:35Le problème du prix, c'est une question...
04:37J'ai dit hier...
04:39Je vais choquer en disant que cet accessoire,
04:42ça ne va rien régler, le prix.
04:44Ca ne va rien régler au problème que l'on a.
04:46Ca va faciliter, bien sûr.
04:47Il vaut mieux que les prix montent de 5%, de 10%.
04:49C'est évident. C'est évident.
04:51Mais ça ne va pas régler grand-chose.
04:52Et pourtant, il y a des contre-exemples.
04:54On voit une démarche qui a été largement médiatisée.
04:57La démarche CQ le patron,
04:58où là, on a visiblement une contractualisation
05:02du producteur jusqu'au consommateur qui fonctionne.
05:05Alors c'est pour moi un exemple
05:09extrêmement parlant.
05:11Certains savent peut-être que j'ai un petit peu rouspété
05:13contre CQ le patron,
05:14mais je trouve que c'est un exemple qui est très parlant.
05:18Il y a eu une valeur créée par le prix.
05:22Le produit est grosso modo le même.
05:24C'est du lait acheté, demi-écrémé.
05:26Le cahier des charges est extraordinairement léger.
05:28C'est le même que les autres, pour simplifier.
05:30Pas tout à fait vrai, mais pour simplifier.
05:33Il y a eu un travail d'image super bien fait
05:36et de manière très efficace
05:38qui fait qu'il y a une valeur supplémentaire.
05:41Mais il y a eu un accord, quelque part,
05:43entre les différentes parties prenantes
05:45pour se répartir cette valeur supplémentaire créée.
05:48Tout ne va pas chez le producteur.
05:50Le producteur voit son prix qui augmente.
05:52L'industriel voit sa marge qui augmente.
05:56Et la distribution voit sa marge qui augmente aussi.
05:59Et c'est pour ça qu'elle le met en avant.
06:01C'est parce qu'elle a intérêt à le vendre.
06:02Elle y gagne plus.
06:03C'est pas ce qui est dit au consommateur ?
06:06C'est la réalité telle que je me la suis fait expliquer
06:09de manière très détaillée.
06:10Et donc, ça montre que quand on arrive
06:14à se répartir un gain de valeur...
06:16Et c'est ça que je crois fondamentalement.
06:19On ne partage pas une valeur,
06:22mais on peut négocier à plusieurs
06:24pour créer une valeur supplémentaire.
06:26Et on négocie ensemble comment on la crée.
06:29C'est en ça que, pour moi, la valeur,
06:30ça ne se partage pas, ça se construit et ça se négocie.
06:34Mais c'est quand même un contre-exemple
06:35à la guerre des prix que se livre la grande distribution.
06:39Complètement.
06:40Mais quand on voit que la grande distribution est sous tension,
06:43si je schématise, depuis 4 ans,
06:46le chiffre d'affaires des grandes surfaces alimentaires
06:50n'augmente plus.
06:511re contrainte.
06:532e contrainte qui est un peu l'origine de la 1re.
06:57La part de consommation alimentaire
06:59qui se fait dans la restauration hors foyer
07:01augmente régulièrement.
07:02Aujourd'hui, c'est un quart des dépenses alimentaires
07:05qui sont faites dans la restauration hors foyer.
07:07Donc c'est de la valeur de service.
07:10Ca n'est plus dans la chaîne de commerce.
07:12Donc ça, c'est très contraignant pour la grande distribution.
07:15Donc elle est sous contrainte.
07:17Le 3e élément, c'est que les parts de marché
07:19dans la grande distribution bougent.
07:21En gros, ils perdent toutes des parts de marché
07:22sauf Leclerc.
07:25Je schématise, c'est un peu faux ce que je dis,
07:26mais caricature.
07:28Donc quand on est sous contrainte, on peut se dire,
07:30mais c'est là, c'est plus facile de passer des accords...
07:34Parce qu'on pourrait dire, ils sont sous contrainte,
07:35donc ils vont nous pressurer encore plus sur les prix.
07:38Mais ça peut être aussi l'occasion
07:40de passer des accords durables...
07:44Enfin, des accords durables dans la durée, j'allais dire,
07:45mais durables sur le moyen terme.
07:47Et ça veut dire que la démarche Séquilpatron
07:50montre que c'est possible ?
07:51Montre que c'est possible, d'autant que les consommateurs...
07:54Et Séquilpatron le fait subtilement,
07:57de manière subliminale,
07:58mais les consommateurs, aujourd'hui,
08:01sont intéressés par les agriculteurs.
08:04Toutes les démarches de Carrefour, etc., le montrent bien.
08:07Mais autant le négocier pour créer de la valeur
08:10dans tous les maillons de la filière.
08:12Mais ça, c'est pas la loi, c'est le business
08:13et c'est les contrats entre les acteurs.
08:16Et donc, c'est du travail aussi
08:17des représentants du monde agricole ?
08:19Des représentants du monde agricole dans les interprofessions.
08:21Jean-Marie Saronni, merci beaucoup pour cet éclairage.
08:24Et retrouvez sur Ternet.fr d'autres analyses,
08:29toute l'actualité des états généraux de l'alimentation,
08:31de la répartition de la valeur. Merci.
08:33Merci.

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