• il y a 5 mois
[Interview] Projet de loi EGA

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Transcription
00:00Sur les conséquences du relèvement du seuil de revente à perte qui est prévu dans le projet de loi issu des états généraux de l'alimentation,
00:13la fourchette haute estime à 5 milliards le surcoût pour les ménages.
00:18Est-ce que ce ne serait pas supportable pour les consommateurs pour mieux rémunérer les agriculteurs ?
00:24La question, c'est la question du juste prix et de l'efficacité de la mesure.
00:30Quand on ramène à quelques euros, il faut savoir qu'il y a le budget d'alimentation, il y a des rentes de situation en téléphonie,
00:38il y en a en matière d'assurance, etc. Et les petits ruisseaux font les grandes rivières.
00:42Donc on ne peut pas laisser passer des augmentations de prix qui vont venir enrichir les marges de la grande distribution
00:49sans qu'il n'y ait de bénéfice pour les agriculteurs. Parce que c'est là qu'il y a un enfumage.
00:54L'enfumage, c'est de croire que ce sacrifice, même s'il est modéré des consommateurs, va venir sauver le revenu agricole.
01:03Et c'est ça qu'on démontre. Il faut savoir que le seuil de revente à perte, cette augmentation ne va concerner que les produits de grandes marques.
01:11C'est là qu'il y a une intensité concurrentielle qui fait que les marges des grands distributeurs sont extrêmement faibles.
01:18Prenez du Nutella, prenez du café, prenez du cacao, ça ne concerne pas l'agriculture française.
01:24Et quand ça concerne l'agriculture française, c'est extrêmement faible la part de la production agricole dans ce produit industriel transformé.
01:32Et ça suppose quand même aussi que parce que Leclerc, par exemple, m'a vendu plus cher un produit,
01:39du coup il va l'acheter plus cher à l'industriel et l'industriel va accepter de mieux rémunérer sur la partie matières premières agricoles
01:46le producteur. Donc ça fait beaucoup de si, on rêve éveillé.
01:52C'est une affirmation de principe comme si ça allait ruisseler naturellement dans le revenu des agriculteurs.
02:00Nous on dit que c'est un mauvais coup porté aux consommateurs pour rien.
02:05Ce n'est pas comme ça qu'on sauvera le revenu agricole et donc pour nous c'est un motif d'interrogation et même de colère
02:11de se dire qu'il y a eu un pacte entre la FNSEA, entre la grande distribution et les grands industriels sur le dos des consommateurs
02:21et on ne voit pas où est l'intérêt des producteurs et des agriculteurs dans cette affaire.
02:26Pour mieux rémunérer les producteurs, il faudrait déjà qu'ils s'organisent, ça tout le monde le sait.
02:30S'ils veulent être un contrepoids face aux lactalis et autres, il faudrait peut-être qu'ils s'organisent.
02:36Deuxièmement, le fait d'inverser la formation des prix et partir des coûts, ça c'est une solution qui nous semble intéressante.
02:46Nous on est pour la vérité des prix qui part de la vérité des coûts.
02:51Mais encore faut-il, puisqu'on est pour la vérité des coûts, que tous les coûts soient intégrés.
02:56Parce qu'on en a quand même assez de cette agriculture qui va être gourmande en eau, qui va éventuellement polluer la nappe phréatique.
03:05Ça, ça a des coûts environnementaux. Il faudrait que ce soit intégré.
03:09Aujourd'hui, ça ne l'est pas. Aujourd'hui, c'est le consommateur qui a une double peine,
03:13puisque la nappe, elle est polluée, donc il va payer plus cher l'eau.
03:16Mais les redevances que paye le consommateur aux agences de l'eau, c'est 80% du budget des agences de l'eau.
03:24Alors que la pollution, elle vient à 80% d'une certaine agriculture.
03:28Donc, il faudrait que ce coût de dégradation de la ressource soit intégré dans le coût de fabrication de l'agriculture conventionnelle.
03:37Il n'y a que comme ça qu'on aurait le juste coût de cette agriculture, et on verrait à ce moment-là que ça fait augmenter les prix.
03:44Et on verrait que du coup, cette agriculture, elle n'est peut-être pas aussi concurrentielle qu'on pourrait le croire de prime abord,
03:50notamment face à une agriculture bio, où là, on sait très bien aussi que les coûts sont plus importants,
03:56il y a plus de main-d'oeuvre, il y a moins de productivité à l'hectare, etc.
04:02Et donc, ça, ce serait sain d'avoir ces mécanismes-là.
04:06Vérité des coûts, on internalise tous les coûts, y compris ceux d'impact à l'environnement, de dégradation de la ressource.
04:14C'est le principe pollueur-payeur, tout bêtement. Et après, on forme les prix.
04:19Producteur, consommateur, même combat. Vous êtes d'accord avec ça ? Consommateur, producteur, même combat ?
04:25Même combat, oui, sous l'angle des intermédiaires qui, au passage, s'engraissent de marge,
04:36au détriment aussi bien du producteur, de l'agriculteur, que du consommateur.
04:40Mais il faudrait être sûr, pour aller plus loin dans la convergence de l'intérêt,
04:45que les agriculteurs vont résolument vers une autre agriculture, moins gourmand dans l'eau,
04:52moins gourmand dans l'intrant, moins polluante pour la nappe phréatique.
04:58Il faut donc revoir le modèle agricole et les choix d'agriculture dans un certain nombre d'endroits en France.
05:05C'est ça l'enjeu de demain, augmenter la qualité des produits et augmenter le potentiel d'une agriculture respectueuse de l'environnement.

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