Agrandir son troupeau laitier
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00:00Bonjour, nous allons parler de l'agrandissement des exploitations laitières et notamment comment les facteurs de réussite pour s'agrandir de la façon la plus sereine possible.
00:18Je suis avec Hervé Morinville, directeur du BTPL, le bureau technique de la promotion laitière, qui propose différentes formations aux éleveurs laitiers sur des thématiques très variées, à la fois techniques et humaines.
00:38Pour démarrer, on sait que la fin des quotas arrive très vite, on est à 6-7 mois d'avril 2015. Qu'est-ce qui motive les éleveurs que vous pouvez rencontrer dans les réseaux du BTPL à vouloir s'agrandir ?
00:53Je dirais qu'aujourd'hui, la première chose, c'est que le fait que les éleveurs agrandissent leurs troupeaux est quelque chose qui est dans l'air du temps, avec une volonté de rester en adéquation avec les besoins de la filière.
01:08Je crois que c'est la première des choses. Ensuite, il y a différentes choses qui motivent les éleveurs. Ça peut être une histoire pour faciliter le travail, ça peut être également une volonté de faire des économies d'échelle ou de partager une exploitation et d'avoir des éleveurs qui viennent s'associer en plus.
01:29Mais ça peut être aussi une volonté de développer les revenus, voire éventuellement, il y a de temps en temps aussi des notions de prestige ou une volonté d'avoir une exploitation un peu plus importante qui peuvent rentrer en ligne de compte là-dedans.
01:44À agrandir, il y a énormément de sujets auxquels c'est lié dans le contexte de l'exploitation. Notamment, il y a un peu de grands thèmes, il y a l'aspect technique. On sait qu'il y a des solutions qui existent pour adapter à chaque exploitation. Mais il y a surtout l'aspect humain. Qu'est-ce que vous conseillez aux éleveurs qui veulent s'agrandir ?
02:11C'est effectivement une des thématiques qui est au BTPL. Nous travaillons beaucoup et aujourd'hui, ce qui nous semble important et les écueils à ne pas tomber, c'est surtout le fait de ne pas rester isolé. Je crois que c'est extrêmement important. L'idée de travailler en groupe pour les éleveurs est quelque chose sur lequel nous travaillons déjà depuis une quarantaine d'années.
02:33À ce titre, un éleveur qui n'a pas de projet est un éleveur en danger. Le fait que l'éleveur puisse définir son projet sur du court terme, du moyen et du long terme est quelque chose d'extrêmement important de sorte à ce que l'éleveur ne soit pas comme étant quelqu'un qui subit son projet, mais c'est bien l'éleveur qui va être maître de son propre projet.
02:59D'accord, donc ça veut dire vraiment mettre noir sur blanc, sur du papier, qu'est-ce que je veux faire dans un an, dans cinq ans, dans dix ans ? Et du coup, ça demande quand même de se faire accompagner, j'imagine ?
03:09Tout à fait. Alors déjà, ça nécessite l'obligation, je dirais, d'anticiper ce développement et d'avoir des projets qui restent évolutifs. Et effectivement, les accompagnements en la matière sont extrêmement importants. Les éleveurs font déjà beaucoup de choses et le métier d'éleveur est compliqué. On ne peut pas tout savoir faire. Et effectivement, les accompagnements proposés par toutes les structures qui sont autour de l'agriculture sont extrêmement importantes pour les éleveurs.
03:37Oui, à tout point de vue que ce soit les vétérinaires pour avoir des protocoles de soins adaptés qui ne sont bien évidemment pas les mêmes à 60 ou à 200 vaches.
03:45Tout à fait, tout à fait.
03:46D'accord. Et il y a quand même des effets de seuil souvent. On dit tout se passe bien jusqu'au moment où on rajoute quelques vaches et là c'est la cata ?
03:57Le développement et l'agrandissement des exploitations ne se fait pas de façon colossale en rajoutant 100 ou 150 vaches dans un élevage. La plupart du temps, les agrandissements rencontrés jusqu'à présent sont plutôt des agrandissements où on a 5 à 10 vaches de plus chaque année.
04:16Et au travers de ce type d'agrandissement, on se rend compte qu'il y a certains seuils de saturation sur lesquels des points de vigilance sont extrêmement importants. Et à ce titre, on parlait tout à l'heure de l'accompagnement.
04:29Je crois que des accompagnements au niveau technique et économique qui sont proposés peuvent aller dans ce sens-là et aider les agriculteurs justement à être vigilants sur ces seuils et à ne pas basculer parce que quand on passe un certain seuil, pour une ou deux vaches de plus, on peut remettre en cause un certain nombre au niveau technique, économique, sanitaire l'élevage et ainsi créer des difficultés.
04:57Un des points de saturation qu'on voit souvent dans les troupeaux qui s'agrandissent, c'est quand même le travail. Notamment le temps de travail. Alors ça peut être soit le travail de l'éleveur, soit aussi faut-il embaucher ou pas, faut-il automatiser ou pas. Comment vous, au BTPL, vous aidez à gérer cette thématique travail ?
05:17On est vraiment, nous, dans l'accompagnement et dans la formation. Je crois que là, en la matière, on le disait, la formation est extrêmement importante pour les éleveurs à deux niveaux. Je crois que les accompagnements RH, que ce soit au niveau de l'organisation en tant que telle de l'éleveur et de la façon dont il va travailler et mettre en place un certain nombre de protocoles.
05:38Et puis également tout ce qui est management de la relation humaine au sein des GAEC, dans le sens où il est extrêmement important de retravailler là-dessus pour être en adéquation avec un fonctionnement effectif et efficace de l'exploitation.
05:58La règle, ça serait quand même de pouvoir toujours en garder un peu sous le coude, avoir un peu de marge de manœuvre au niveau temps de travail, pouvoir travailler à deux si on est trois.
06:08Tout à fait. L'efficacité du travail est mesurée et aujourd'hui, au travers des expériences que l'on peut avoir et des différents réseaux techniques et économiques qu'on peut suivre, l'aspect humain est pris en compte et on s'aperçoit qu'on a encore quelques marges de manœuvre au niveau de cela et que l'automatisation est une réponse mais n'est pas toute la réponse à cette problématique-là.
06:34D'accord. Un conseil qu'on pourrait donner pour finir, c'est peut-être finalement de rester curieux, d'aller voir ce qui se passe ailleurs.
06:41Tout à fait. Je crois qu'on a l'habitude de rester peut-être un petit peu trop en retrait par rapport à ce qui peut se passer à droite à gauche en France. On a de nombreux exemples d'exploitations qui ont réussi leurs agrandissements.
06:58Je crois qu'il serait intéressant pour tout le monde de pouvoir aller suivre ce qui se passe ailleurs en France ou même au sein même de sa région et puis pourquoi pas au niveau européen. Le BTPL anime le réseau European Dairy Farmers qui est un réseau de 400 exploitations au niveau européen qui a pour ambition de comparer les coûts de production et donc d'échanger entre éleveurs et à ce titre c'est extrêmement intéressant quand on va voyager et voir ce qui se passe ailleurs.
07:27Pour en tirer le meilleur. D'aller voir des Irlandais ou des Allemands qui gèrent tout seul 500 ou 1000 vaches avec des salariés.
07:37Le terme de grand troupeau est un terme un peu galvaudé avec des différences extrêmement importantes de vision entre une vision française, une vision de l'Europe du Nord ou une vision américaine où les dernières fermes en question sont des fermes de 40 000 vaches avec un management un peu comme un parc d'attraction sachant qu'il y a la possibilité de visiter les exploitations et autour de tout cela.
08:06Un marketing qui a été fait pour justement aller beaucoup plus loin que l'élevage en tant que tel.
08:13On en est encore là en France je crois pour l'instant.
08:15Tout à fait.
08:16Hervé et Moraville je vous remercie.
08:18Merci à vous.