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Dans son édito du 02/07/2024, Elodie Huchard revient sur les désistements de candidats de la majorité présidentielle au profit de ceux du Nouveau Front populaire, face au Rassemblement national.

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Transcription
00:00Alors du côté notamment du camp présidentiel, si vous comprenez la stratégie du camp présidentiel pour les désistements,
00:06il faut se manifester maintenant ou se taire à jamais.
00:09Alors globalement, on a compris, il faut barrer la route au Rassemblement national.
00:12Jusque-là, c'est clair.
00:13Mais comment doit-on faire ?
00:15On l'a vu dès dimanche soir, le président de la République expliquait qu'il faut faire barrage au Rassemblement national,
00:20mais sans citer dans sa déclaration le nouveau Front populaire.
00:23Alors évidemment, les Français restent logiques dans la plupart des cas.
00:26Faire barrage au Rassemblement national, c'est favoriser le Front populaire.
00:29Mais quand même, il ne faut pas le dire trop fort.
00:31Alors il y a trois écoles pour l'instant dans la majorité.
00:33Ceux qui disent « faisons barrage au Rassemblement national », coûte que coûte, ils sont en réalité assez nombreux.
00:39Il y a ceux qui disent plutôt « c'est un nini avec nuance », je dirais.
00:42C'est-à-dire, il faut faire barrage au Rassemblement national, sauf si c'est un candidat de la France insoumise.
00:47C'est la majeure partie d'entre eux qui ont cet avis.
00:50On l'a vu notamment hier avec une réunion autour du président de la République.
00:53La plupart de ses ministres étaient sur cette voie.
00:56Et puis, il y a ceux aussi, un peu plus extrêmes, qui disent « aucune voix pour le nouveau Front populaire ».
01:00En revanche, du côté de la France insoumise, les choses sont bien plus claires.
01:03Si un candidat du nouveau Front populaire est arrivé en troisième position
01:07et que son désistement permettra d'éviter une victoire du RN, dans ce cas-là, il se retire.
01:11Alors je vous donne quelques exemples quand même assez improbables qui sont liés à ces désistements.
01:15Gérald Darmanin, le ministre de l'Intérieur, qui va sans doute être élu grâce aux voix et au désistement de Leslie Mortreux,
01:20qui représentait le nouveau Front populaire, donc un ministre de l'Intérieur réélu grâce à une candidate
01:25qui dit que la police tue et qu'il faut la désarmer.
01:28On a aussi en Seine-Maritime le candidat Horizon, c'est Laurent Bonaterre qui va permettre la victoire d'Alma Dufour,
01:33cette députée insoumise qui applaudit quand on brandit le drapeau palestinien dans l'hémicycle.
01:37Alors il a dit ceci, ce candidat, « si l'annonce de mon désistement a mis le seum au RN, tant mieux ».
01:42Le seum, ça veut dire la rage, je traduis.
01:44Et puis, on a aussi Renaissance qui soutient David Guiraud.
01:47Je pense que je n'ai même plus besoin de donner d'exemple pour ce cas-là.
01:49Finalement, à quoi servent ces désistements réalisés par ceux qui veulent empêcher le RN de l'emporter ?
01:55Quelle est l'idéologie derrière ?
01:57Le problème, c'est qu'il n'y a ni idéologie, ni pensée en réalité.
02:00Derrière, il y a une obsession, c'est de faire battre le Rassemblement national à tout prix.
02:04On a donc organisé des élections pour tenter d'influencer le résultat.
02:08Si on ne voulait pas le RN au pouvoir, peut-être que la solution la plus simple pour le camp présidentiel,
02:12c'était de ne pas dissoudre.
02:13On aurait gagné un peu de temps.
02:14On était hier soir à déjà plus de 150 désistements.
02:18Il faut bien comprendre que ce chiffre est absolument énorme.
02:21On verra effectivement à 18h jusqu'où on peut aller sur ces chiffres.
02:24Et puis, il y a un hareau total sur tous ceux qui refusent de se désister.
02:27Ils sont décriés en place publique.
02:29Tout le monde pousse ces candidats-là à se désister alors qu'ils ne veulent pas.
02:32Et puis surtout, on ne comprend pas du tout la logique.
02:35Quelle est la logique de voir des soutiens entre la France insoumise, par exemple, et Renaissance ?
02:39Ça fait deux ans qu'on entend le camp présidentiel dire que la France insoumise a bordélisé l'Assemblée nationale.
02:44Ce qui est vrai, qu'ils ne respectent pas les institutions.
02:46Ce qui est vrai, qu'ils ont un problème avec les républiques, qu'ils flirtent avec l'antisémitisme.
02:49Tout ça, on l'a entendu non seulement pendant deux ans, mais encore plus récemment avec les élections.
02:53Et bien, finalement, maintenant, ils sont devenus respectables.
02:56On s'entend avec eux.
02:56Alors, je mets une nuance, effectivement, c'est-à-dire que les candidats qui se désistent
03:00ne le font pas forcément en accord ou en alliance avec celui qui va profiter de ce désistement,
03:05mais quand même la réalité.
03:06Et là, on va juste imaginer deux secondes un monde où le Rassemblement national n'a pas de majorité absolue.
03:11Personne n'a de majorité absolue.
03:12Et donc, Emmanuel Macron continue à avoir des macronistes, par exemple, dans son gouvernement.
03:16Le Front populaire va sans doute rappeler en permanence à ses élus qu'ils sont là grâce à eux.
03:21Et puis, surtout, le gouvernement ne pourra plus jamais accuser la France insoumise de quoi que ce soit.
03:24Ils ont permis leur réélection.
03:26La situation la plus symbolique de cette panique qui prend, qui étreint une partie de nos politiques,
03:36c'est ce qui se passe à Tourcoing avec Gérald Darmanin, qui pourrait être élu, comme vous le disiez,
03:40et puis on le voyait à 6h30, grâce au désistement d'une élue France insoumise.
03:47Ces arrangements, ils se font contre les Français, elle le dit ?
03:51Oui, parce qu'en fait, pourquoi on a voulu des élections ?
03:53Puisqu'on ne veut pas entendre le résultat des élections.
03:55On peut condamner le résultat des élections.
03:57Il est évidemment sans aucun contexte, sans aucune critique possible.
04:01Et on se demande pourquoi aller voter dimanche est utile, puisque quoi qu'il en soit,
04:04en fait, il ne faudrait pas voter Rassemblement national.
04:06On voit bien à quel point les partis qui sont en train d'organiser ça sont totalement déconnectés,
04:11à la fois de la réalité du terrain, mais aussi de la volonté des Français.
04:13C'est un profond mépris démocratique quand on voit, surtout, à quel point la participation a été importante.
04:18On voit que les Français ont voulu faire entendre leur voix.
04:20Donc pourquoi, une fois de plus, on ne l'entend pas ?
04:23Et puis, c'est un peu dire aux Français, vous êtes des enfants, vous n'avez pas bien compris,
04:25vous n'avez pas bien compris pour qui il faut voter.
04:27Alors, on va vous aider.
04:28C'est ce qui va totalement agacer les Français plus encore.
04:31Alors, on rappelle que ces désistements, ils ont toujours existé.
04:33C'est ce qu'on appelle le fameux front républicain.
04:35Alors, quand c'était il y a des années et qu'on avait deux, trois circonscriptions,
04:38où c'était le cas, pourquoi pas, quand là, on est sur la plupart,
04:41la grande majorité des circonscriptions, honnêtement, ça s'apparente vraiment à un déni démocratique.
04:45Et puis, surtout, il faut que les partis comprennent que la situation actuelle, elle est liée à ça.
04:49Elle est liée aussi à la montée du Rassemblement national,
04:51au fait que les partis politiques n'ont pas su écouter les Français
04:55et les Français n'ont pas envie qu'on confisque leur vote dimanche.

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