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00:00Bonjour Jérôme Boussard, vous êtes secrétaire général CGT Stellantis Sochaux, les ouvriers ont-ils abandonné la gauche ?
00:08On en voit les sondages, 54% c'est énorme, c'est triste et ça inquiète, ça interpelle,
00:14pourquoi ce vote arrive et quelles conditions on a, ouvriers, qui va nous défendre aujourd'hui, nous les ouvriers.
00:22Les ouvriers ont abandonné la gauche, mais est-ce que la gauche a abandonné aussi les ouvriers ?
00:26Oui, on l'a vu avec le gouvernement, notamment Hollande, avec les lois qu'ils ont imposées,
00:31notamment la loi travail, la loi résamaine, les lois Macron, donc les ouvriers se sont, je pense, sentis perdus.
00:38Aujourd'hui, ce n'est pas un vote qui est complètement raciste, c'est un vote de défiance envers les gouvernements de droite et de gauche.
00:43Un vote contestataire plutôt que d'adhésion ?
00:46C'est ça.
00:47Mais dans les mesures du Rassemblement National, qu'est-ce qui peut parler aujourd'hui aux ouvriers ?
00:51Je ne sais pas. Justement, moi, je regarde le programme de l'URN et je me dis qu'il est complètement anti-ouvrier.
00:57Pourquoi exactement ?
00:58Par exemple, ne serait-ce qu'un exemple qu'il y a eu à l'Assemblée Nationale, l'URN a voté contre l'augmentation du SMIC.
01:05Voilà, donc comment voulez-vous qu'un ouvrier, pour moi, se tourne vers l'URN,
01:09mis à part un vote de défiance et de peur de son emploi ?
01:12On l'a vu sur le reportage notamment de France 3 où les salariés disent « on a peur pour nos emplois,
01:16donc la gauche nous a trahis, la droite, on n'attendait pas mieux, donc on va suivre l'URN ».
01:20Mais les sondages nous apprennent aussi que le thème de l'immigration, ça interpelle les ouvriers.
01:26Oui, moi qui suis dans l'usine, je ne vois pas ça.
01:29À Stellantis, en tout cas, je ne vois pas une défiance envers les immigrés profondes.
01:34Oui, il y a des gens qui pensent comme ça.
01:36Oui, il y en a une petite partie, mais ce n'est pas la majorité des électeurs du RN.
01:39Dans votre entourage, ce n'est pas...
01:41Dans mon entourage, en tout cas.
01:42Passer d'un vote de gauche à un vote d'extrême droite, c'est un sacré grand écart.
01:46Mais est-ce qu'on ne peut pas dire aussi que le monde ouvrier n'a pas énormément changé ces 30 dernières années également ?
01:53Oui, ça n'a pas changé.
01:54Mais ce grand écart entre gauche-droite, moi je l'explique comme ça un peu.
02:00La parole est aux ouvriers, ce matin ici sur France Bleu, Belfort-Molière et France 3.
02:05Franche-Comté, venez nous dire si vous croyez encore en la gauche.
02:080-3-84-22-82-82.
02:11Et on continue d'en parler avec Jérôme Boussard, secrétaire général CGT Stellantis Sochaux.
02:16Je vous propose d'écouter le témoignage de Christophe en sortie d'usine à Alstom-Belfort.
02:20Ils sont un peu indécis, bien sûr.
02:22En fait, on se demande vraiment si ça peut améliorer les choses aujourd'hui.
02:25On ne sait pas qui que ce soit.
02:27À mon avis, ça va être compliqué les avenirs à venir.
02:29Surtout, c'est du bon, du mauvais.
02:30Mais voilà, on ne sait pas.
02:31On ne sait pas réellement ce que ça peut donner.
02:33Le gros doute.
02:34Qui que ce soit, c'est peut-être finalement un sentiment de défiance globale vis-à-vis de la politique en général.
02:40Les classes populaires se sentent abandonnées.
02:42Jérôme Boussard ?
02:43C'est ça.
02:44C'est très bien résumé.
02:45C'est une défiance envers les partis politiques.
02:47Pourtant, aujourd'hui, il y a le nouveau front populaire qui va se mettre en place.
02:51Oui, on va en parler tout à l'heure.
02:52Comme le dit Sophie Binet, nous, ça ne sera pas un chèque en blanc à cette rassemblement de la gauche.
02:57On le laissait.
02:58Tout ce que la classe ouvrière a obtenu, c'est dans la rue et c'est par les luttes.
03:02Pourtant, à Belfort, on ne peut pas dire que rien n'est fait pour l'industrie.
03:05Au contraire, développement de l'industrie.
03:07Hydrogène, c'est ici.
03:09McPhee, pionnier de l'industrie de l'hydrogène.
03:12A l'inverse, Belfort est au cœur du programme nucléaire français.
03:14Avec les turbines arabelles, il y a de quoi se satisfaire quand même.
03:18Sur Belfort, peut-être.
03:19Mais ce n'est pas encore suffisant sur l'emploi.
03:21Si je prends ces lentisses en disant qu'on a perdu 5000 emplois à Sochaux.
03:25Voilà la casse politique.
03:27Voilà les aides publiques où elles vont.
03:30Elles vont finir à vider nos usines.
03:32Et comment on fait avec tout ça ?
03:34Nous, on a besoin d'un réel programme qui sauve nos emplois.
03:38Qui nous permette de vivre avec nos salaires dignement.
03:40Qui nous permette aussi de ne pas subir l'inflation comme on l'a subi.
03:44Un ouvrier aujourd'hui, c'est 1400 euros ou 1500.
03:47C'est compliqué de vivre avec ça.
03:49Donc tout ce programme industriel en France ne sert pas aux ouvriers.
03:53C'est ça que vous nous dites.
03:54Il sert à qui ?
03:55Il sert au grand patron.
03:57J'ai un patron qui s'appelle M. Tavares.
04:01M. Tavares, il en a plein les poches.
04:03Alors que nous, en bas, on en a moins.
04:05C'est ça aussi qui fait que c'est un climat oxygène.
04:08Et c'est un climat défiant vers la politique aujourd'hui.
04:11Les auditeurs nous ont écrit à ce sujet sur nos réseaux sociaux.
04:14Daniel, par exemple, sur Facebook.
04:16Je vous lis son message.
04:17Je cite.
04:18« La gauche, à part défendre les immigrés, les sans-papiers, ne parle plus de la condition ouvrière.
04:24Que dire de certains syndicats comme la CGT ? »
04:26Alors les ouvriers se tournent vers la droite, voire l'ERN.
04:29Vous êtes vous-même secrétaire général CGT, Jérôme Boussard.
04:32Les syndicats doivent aussi se remettre en question ?
04:35Bien sûr.
04:36Si on voit bien la montée de l'extrême droite.
04:40Mais aussi dans l'entreprise.
04:42Nous, on n'a jamais lâché le terrain.
04:44On est toujours sur le terrain aux côtés des salariés.
04:46Je me défie à qui que ce soit de nous dire que la CGT, on n'a pas pris en compte la condition ouvrière.
04:50Et qu'on n'est pas dans les instances.
04:52Et qu'on n'est pas au milieu des camarades de travail.
04:54On a des postes de travail, comme tout le monde.
04:56Et on se bat tous les jours sur ces conditions ouvrières.
04:59Et nous avons Bernard.
05:01Bernard qui habite à Chagé.
05:03Vous avez la parole en direct sur France Bleu, Belfort-Montréal, France 3, France Comté.
05:06Bonjour Bernard.
05:07Bonjour France Bleu, bonjour tout le monde.
05:09On vous écoute.
05:10Ben oui, comment ne pas croire encore aux valeurs de la gauche ?
05:14Moi, je suis quand même, je ne suis plus ouvrier évidemment.
05:18Mais la gauche, c'est la sécu, c'est les congés payés.
05:24La droite, c'est tout le contraire.
05:26Ils ont toujours essayé de tirer vers le bas.
05:28Quand j'entends le Front National qui n'a jamais voulu voter des augmentations de salaires,
05:34et qu'ils viennent faire le bourg maintenant, je ne comprends pas.
05:38C'est de la désinformation qu'ils nous font.
05:42Merci Bernard pour votre témoignage ce matin.
05:44Jérôme Boussard, une réaction ?
05:46Parfaitement ça.
05:47L'extrême droite est dans un truc de séduction de l'électorat.
05:52Ils ne veulent pas revenir sur la retraite.
05:54Ils sont contre les augmentations de salaires.
05:56Ils ne parlent pas des droits des femmes qui vont être laminés.
05:59C'est un parti qui ment.
06:02Et aujourd'hui, est-ce que vous croyez vraiment en ce nouveau Front Populaire ?
06:06Je précise que votre syndicale, la CGT, a appelé à voter pour ce Front Populaire
06:10aux élections législatives des 30 juin et 7 juillet.
06:13J'y crois, mais sous condition que ce ne sera pas un chèque en blanc.
06:16On sera vigilant, on sera dans la rue s'il le faut pour défendre nos droits.
06:20Parce qu'elle nous a trahi une fois la gauche, elle ne nous trahira pas deux fois.
06:23Pourtant, baisse d'impôts, âge de la retraite abaissé, c'est le programme de la gauche.
06:26Mais Jérôme Boussard, c'est aussi le programme du Rassemblement National pour ces élections législatives ?
06:31Oui, c'est aussi le programme du Rassemblement National.
06:33Mais il faut savoir comment ils financent le Rassemblement National.
06:36C'est tout un volet.
06:38Par exemple, si on prend l'augmentation des salaires,
06:40c'est par la baisse des cotisations patronales.
06:42Et nous, les cotisations, elles nous servent à nous soigner,
06:45elles servent en cas de chômage, elles servent à plein de choses, à l'éducation et autres.
06:48Vous voterez nouveau Front Populaire, Jérôme Boussard ?
06:51Oui, je vais voter Front Populaire.
06:53Merci beaucoup d'être passé dans les studios de France Bleue ce matin.
06:56Jérôme Boussard, secrétaire général CGT, Stélentis, Sochaux.
06:59Bonne journée à vous.
07:00Bonne journée.