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00:008h15, 50 secondes. On parle ce matin des métiers de l'industrie dit en tension.
00:05Les entreprises n'arrivent pas à recruter, les formations ne se remplissent pas, Flora.
00:09Oui, par exemple celle gérée par l'Union des industries et métiers de la métallurgie de Franche-Comté.
00:13On est justement avec son directeur général des pôles formations. Bonjour Frédéric Duda.
00:17Oui, bonjour.
00:18Avant de parler de ces métiers en tension avec vous, je rappelle aux auditeurs, aux téléspectateurs
00:22qu'ils ont la parole comme tous les matins. Venez nous dire quelle image vous vous faites
00:26de ces métiers de l'industrie, chaudronnerie, maintenance, soudage.
00:30Pourquoi à votre avis ça n'attire plus autant qu'avant ? On vous attend au standard,
00:34au 03 84 22 82 82. Frédéric Duda, ça veut dire quoi des métiers en tension ?
00:40Les métiers en tension, c'est simplement des métiers qui nécessitent des embauches tout simplement.
00:46Il y a plein d'industriels de la région qui ont des postes vacants, qui n'arrivent pas à embaucher
00:52et sur le marché du travail, il n'y a personne. Il n'y a personne chez Pôle emploi qui a les qualifications nécessaires.
01:00Il n'y a personne dans les formations, dans les bacs pro, dans les BTS.
01:05Et pourtant, les industriels ont des commandes et ne peuvent pas embaucher.
01:10Prenons le problème à la racine, pourquoi il n'y a personne dans les formations, à votre avis ?
01:15Il y a beaucoup de raisons. Tout simplement, j'aurais tendance à dire une première raison,
01:21c'est que nos jeunes, les jeunes qui sont au collège notamment, qui sont dans une situation d'orientation en fin de collège,
01:28ne touchent plus, ne pratiquent plus rien avec leurs mains tout simplement.
01:33On peut déplorer tout le temps avec leur smartphone, c'est bien.
01:39Sur la partie éducative, si on prend le cours de technologie tout simplement,
01:44il y a 20 ans, à mon époque, on pratiquait. J'ai soudé, avec le fer à souder, des composants pour faire des petits produits, des petits circuits imprimés, etc.
01:56Aujourd'hui, ce n'est plus du tout pratiqué dans les collèges.
01:58Oui, ce que vous dites, c'est que la population française, en tout cas les jeunes, la jeunesse, s'éloigne un peu de tout ce qui est manuel dans la vie de tous les jours
02:05et donc forcément, ça a des conséquences dans les métiers dans ce secteur-là.
02:09Tout à fait, et pas que pour l'industrie. Si on prend d'autres métiers manuels, c'est exactement le même problème.
02:13Quand on regarde les commentaires de nos auditeurs sur la page Facebook, ils ont été très nombreux à réagir à ce thème.
02:19Il y a par exemple Fabienne qui nous écrit « Mon fils est chaudronnier soudeur chez Alstom. Il y a du boulot pour une décennie, voire plus, mais depuis un an, il est intérimaire.
02:28L'embauche, on ne lui en parle pas, c'est pas faute de demander. »
02:31Ça aussi, c'est un problème. Ça veut dire que ça n'embauche pas sur des postes pérennes.
02:37Alors effectivement, si on prend le cas d'Alstom, grande industrielle du secteur, que ce soit sur les TGV, il y a encore eu un article hier sur des motorisations, il y a des commandes pour 10 ans.
02:51Après, je ne voudrais pas parler à la place d'Alstom évidemment, mais les industriels doivent également jouer le jeu, bien sûr.
02:59Et ce qui n'est pas toujours le cas, donc.
03:01C'est pas toujours simple, parce qu'effectivement, on peut avoir en tête des marchés énormes que la France a pris sur des sous-marins nucléaires, par exemple avec l'Australie.
03:11Les commandes ont été annulées. Si tout le monde avait été embauché en CDI, la situation serait compliquée.
03:17Cette situation paraît d'autant plus surprenante que nous, on est une terre industrielle ici dans le Nord-Franche-Comté.
03:23Tout à fait, c'est vraiment une terre d'industrie, reconnue d'ailleurs par l'État, on a des labels ici sur le territoire, et une concentration beaucoup plus importante que sur d'autres territoires.
03:36Et une industrie qui sait s'adapter également, qui sait se muter et se transformer.
03:41Écoutez le témoignage de Tristan, il est soudeur vers Toulouse, il est vice-champion de France de soudure, et il adore son métier.
03:48Pour ma part, il y a aussi une chose qui est très dure, qui est très pénible, c'est un métier très masculin, très machiste.
03:53Ça peut poser quelques difficultés, notamment pour les femmes, pour pouvoir arriver dans ce métier-là.
03:59Tristan qui nous dit qu'il adore son métier, mais vous venez d'entendre son témoignage, il y a quand même des petites réserves, c'est vrai que c'est un métier d'homme essentiellement ?
04:06Alors oui, je ne vais pas vous cacher, sur les 57 apprentis qu'on a aujourd'hui en formation chez nous, on a 57 hommes.
04:16Il y a peut-être un cliché à déconstruire, il y a peut-être un effort à faire pour aller vers les femmes aussi ?
04:20Alors effectivement, il y a des efforts qui sont faits, il y a des campagnes de publicité qui sont faites mettant en avant des femmes soudeuses.
04:26C'est un métier aujourd'hui qui est tout à fait abordable par n'importe qui.
04:32Il n'y a pas de capacité spécifique à avoir en amont.
04:36Et je prendrais peut-être un exemple, on lance des groupes pour des demandeurs d'emploi, qui sont financés d'ailleurs par France Travail, par la région, etc.
04:43Deux groupes chaque année, c'est 24 jeunes chaque année, on ne demande aucun prérequis.
04:48Frédéric Duda, autre témoignage, celui de Jean-Pierre Gebart, président directeur général de Select Art S.A.S. à Grand-Villard.
04:56Son entreprise produit des produits de soudage, il est obligé lui de former ses futurs employés, il a créé un centre de formation sur le site.
05:04Ce centre, on l'ouvre alors que la plupart des concurrents les ferment.
05:07Nous on l'ouvre parce qu'on veut l'utiliser pour non seulement former notre personnel, mais également nos clients, nos utilisateurs finaux.
05:14Non pas à devenir des soudeurs, mais surtout à maîtriser nos produits et à connaître les applications de nos produits et de les mettre en pratique.
05:21On en est là dans ces métiers de l'industrie, on forme sur place ?
05:24Oui, je connais bien Jean-Pierre, il m'a fait visiter son centre de formation, on en a parlé ensemble.
05:29Il y a une vocation complémentaire à la nôtre, c'est vraiment former des professionnels sur des produits spécifiques.
05:36C'est effectivement aussi un élément important, le métier de soudeur, ça ne s'apprend pas juste en deux ans d'apprentissage.
05:43C'est un métier manuel, donc il faut de la pratique, il faut de l'expérience.
05:48Et effectivement, au cours de cette expérience, des formations continuent pour progresser encore et pouvoir avoir des qualifications spécifiques.
05:56Si je veux souder dans le nucléaire, je ne peux pas souder dans le nucléaire dès que j'ai mon diplôme, en bac pro par exemple.
06:03L'industrie a quand même un peu d'avenir, on imagine bien qu'on va savoir de plus en plus faire des choses, des choses avec les nouvelles technologies.
06:10Mais est-ce qu'il y aura donc de plus en plus de postes aussi dans ces secteurs-là ?
06:14Ah oui, alors là c'est certain.
06:16Quel est l'avenir en fait ?
06:17C'est certain, l'avenir en Orfranche-Comté sur le métier de soudeur, c'est une explosion des besoins.
06:22Une explosion des besoins avec, j'ai parlé du nucléaire, on a parlé des transports avec les TGV, mais également avec toute la partie énergie aussi.
06:31Pas que les soudeurs d'ailleurs ?
06:32Et d'ailleurs pas que les soudeurs, dans les métiers de la maintenance, les chaudronniers, des électroniciens, etc.
06:39Tous les métiers industriels sont en tension dans l'Orfranche-Comté.
06:42Merci beaucoup Frédéric Duda d'être intervenu ce matin dans ICI matin sur France Bleu.
06:47Belfort Montbéliard, je rappelle que vous êtes le président directeur de l'union des industries et métiers de la métallurgie de Orfranche-Comté.
06:55Et je vous souhaite une bonne journée, merci d'être intervenu ce matin.
06:58Merci beaucoup.