S'éloigner des réseaux sociaux lorsqu'on est artiste peut sembler risqué. Leona Rose, artiste plasticienne, utilise ces plateformes pour donner de la visibilité à son art. Grâce à des partenariats avec des marques, elle parvient à vivre de sa passion sans intermédiaire, et assume pleinement ses deux rôles : artiste et entrepreneure.
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00:00Et je suis en compagnie de Léonard Rose qui est artiste plasticienne et qui s'est
00:08faite connaître via la plateforme Instagram.
00:10Elle est suivie par plus de 260 000 abonnés.
00:14Elle vit de son art grâce notamment à la visibilité que lui a apportée cette plateforme.
00:19Merci beaucoup d'être avec nous.
00:20Enchantée.
00:21Alors sur cette plateforme, on voit que vous faites bien sûr énormément de collaborations.
00:25Vous créez de l'art avec des collaborations.
00:28Est-ce que vous vous considérez comme une artiste ou aussi une entrepreneure ? C'est
00:33vrai qu'on est sur Vismart.
00:34Il fallait que j'utilise ce terme entrepreneur qui crée en fait tout un business via la
00:42plateforme.
00:43Pour moi, c'est vraiment les deux à la fois.
00:44Il y a le côté artiste, c'est-à-dire se reconnecter à ses créations, ses inspirations,
00:50aller chercher un peu à l'intérieur de soi ce qu'on a envie de montrer, de créer,
00:54des inspirations hyper émotionnelles et de l'autre côté, vraiment le côté entrepreneuriat
01:01pour tout ce qui est négociation de contrats, création de contenu par rapport à… je
01:07fais beaucoup de collaborations avec des marques.
01:09Donc vraiment, on attend de moi, j'ai des briefs précis à respecter, des choses différentes
01:16qu'on me demande, des deadlines, etc.
01:18C'est vraiment tout un côté entrepreneurial en parallèle de la création.
01:22Ça fait plusieurs années que vous êtes sur Instagram, c'était une reconversion
01:27d'après ce que j'ai compris.
01:28Quel a été le shift ? Vous vous êtes dit « je veux devenir artiste, je veux utiliser
01:32cette plateforme pour me donner de la visibilité ».
01:35Je dirais que ça s'est fait assez naturellement pour moi.
01:38Pour moi, Instagram c'était un média, un outil hyper facile, hyper accessible.
01:44Je n'ai jamais été très geek et rien que faire un site internet pour moi, c'était
01:48déjà hyper compliqué et j'avais envie de pouvoir partager des choses spontanément
01:52avec les gens et c'est ce qui m'a permis de faire Instagram.
01:55Je peux aussi bien proposer des contenus hyper travaillés avec des photographes, des
02:00vidéastes que j'adore, comme des choses hyper spontanées, c'est ce que j'aime.
02:04En fait, c'est ce décalage entre des choses plus travaillées et des choses plus spontanées
02:09et c'est aussi ce que je suis.
02:10Et comment ça s'est fait ? J'imagine que c'est la première collaboration qui est
02:15la plus difficile.
02:16Après, plus vous travaillez, plus ça nourrit aussi votre visibilité.
02:21Comment ça s'est fait cette première collaboration ?
02:23C'est difficile à dire, j'avoue que je ne me rappelle pas de la première, je dirais
02:28que c'est les premières.
02:29Pour moi, ça ne devait pas forcément être parfait dès le début, c'est juste que
02:34j'apprends à utiliser Instagram, il y a des choses qui me plaisent et qui me plaisent
02:38moins.
02:39Peut-être que je suis moins à l'aise avec des stories face cam, je préfère faire
02:44des créations de contenu par d'autres moyens, filmer différentes choses.
02:48C'est une manière pour moi de créer mon univers, savoir ce que je montre, ce que je
02:52ne montre pas et qui crée un peu un personnage autour de moi à travers comment je rythme
02:58mes journées, ce que je choisis de partager ou non.
03:01Je dirais que c'est plusieurs petites collaborations au départ qui m'ont permis un petit peu
03:07d'ajuster ça, savoir ce que j'avais envie de montrer, comment, sous quel angle, quel
03:12type de photo, qui créent et qui viennent aussi compléter mon identité d'artiste.
03:18Oui, mais est-ce que vous avez réfléchi consciemment à votre identité d'artiste ?
03:23Ça, c'est quelque chose d'assez difficile pour certains artistes à imaginer, à penser.
03:28Consciemment, non.
03:30Spontanément, oui.
03:31Je dirais en me voyant à posteriori, il y a des choses que j'aime, des choses que
03:36j'aime moins, il y a des choses que j'aime mais que je ne veux pas forcément garder
03:40parce qu'en termes de discours ou de direction où j'ai envie d'aller, il y a des choses
03:46que j'avais envie de changer aussi mais je dirais que ça se fait spontanément au fil
03:49de l'eau.
03:50Ça vous arrive d'effacer des choses que vous avez postées ces post-it-art ?
03:54Aussi, voilà.
03:55Comme dans la vraie vie, je peux dire quelque chose et retirer ce que j'ai dit deux minutes
03:58après.
03:59Et comment est-ce que vous faites pour choisir vos partenariats parce que c'est ça aussi
04:02qui crée votre visibilité et la construction de votre image ?
04:05Les partenariats, je dirais que je les choisis spontanément avec le cœur.
04:09Oui, forcément, il y a des collaborations qui sont intéressantes sur le plan financier
04:16forcément dans le monde dans lequel on vit.
04:18Je pense qu'on a tous besoin de payer son loyer.
04:21Donc, il y a ce critère-là, oui, clairement.
04:24Mais c'est toujours des choses, des marques que j'aime bien, des marques qui me plaisent
04:27avec lesquelles j'ai envie de travailler.
04:29Je fais toujours les choses avec le cœur et c'est aussi pour ça que j'ai arrêté
04:32toute ma carrière d'avant parce que j'ai vraiment besoin que ça résonne pour moi.
04:38Pas que l'aspect financier, j'essaie toujours de trouver un bon arbitrage entre les deux.
04:43Mais sinon, dès que je peux me le permettre, évidemment, des projets du cœur et des choses
04:47qui me parlent.
04:48Est-ce que vous avez choisi consciemment de ne pas passer par des intermédiaires ? Parce
04:53qu'en tant qu'artiste, vous n'êtes pas représentée par des galeries, vous n'avez
04:56pas forcément vos œuvres d'art qui sont dans des institutions.
04:59Ce n'est pas la voie classique d'une artiste.
05:02Est-ce que ça a été fait aussi comme quelque chose que vous vouliez ? Ou c'est juste que
05:07vous êtes bien aussi dans cette situation ?
05:08Je ne dirais pas que c'est voulu.
05:11Je me laisse un peu porter, disons.
05:13Après, si demain une galerie me contacte, c'est vraiment au cas par cas, au feeling,
05:19si j'apprécie les personnes et l'échange que j'ai.
05:20Je dirais qu'il n'y a pas de règle.
05:24En fait, on me pose souvent « tu es sur Instagram, donc tu ne peux pas forcément être en galerie
05:29». Je pense que jusqu'à présent, j'ai montré la preuve du contraire, c'est-à-dire
05:32qu'il n'y a pas de règle.
05:33Je déteste les étiquettes et j'aime bien un peu mener ma barre comme je le ressens,
05:40de manière spontanée et vraie.
05:41Et j'évolue aussi en tant que personne.
05:43Peut-être qu'aujourd'hui, j'ai envie de quelque chose, j'aurais envie d'autre chose
05:46dans six mois.
05:47Donc vraiment, c'est assez spontané avec le cœur.
05:49Je me laisse un peu porter.
05:51Et ça dépend vraiment des rencontres que je fais.
05:53Je me remets beaucoup en question aussi.
05:54Ça dépend des gens que je vais rencontrer, des discussions qu'on a.
05:57Et ça m'arrive d'être représentée.
06:00Je bosse avec plein d'agences différentes.
06:02L'exclusivité, ce n'est pas quelque chose qui me plaît.
06:07Je ne crois pas à l'exclusivité de manière générale, même dans la vie.
06:11J'aime bien être bien entourée, de manière bienveillante.
06:13Et je pense que tout le monde a sa place.
06:14Est-ce que vous avez senti que vous avez gagné en légitimité en tant qu'artiste
06:20via la plateforme ?
06:21Grâce à Instagram.
06:23Clairement, oui.
06:24Ça m'a permis vraiment d'avoir une audience, un public, de manière spontanée, un peu
06:30hors institution.
06:31Parce qu'au début, quand j'ai commencé, je suis autodidacte.
06:34Je n'ai pas du tout un parcours académique classique.
06:37Et ça m'a clairement légitimisé.
06:40J'ai des gens qui ont pu me contacter directement.
06:42Du coup, il y a un échange assez spontané, humain, qui se met en place, où je peux expliquer
06:47ma démarche, qui je suis.
06:48Et du coup, il y a un peu des coups de cœur qui se font comme ça.
06:50Ça crée de la proximité avec les gens.
06:53Vous savez avec qui sont les personnes qui achètent vos œuvres d'art ?
06:57Est-ce que c'est un public très différent de ceux qu'on pourrait voir en galerie ?
07:01Pas forcément.
07:03J'ai vraiment des gens de tout milieu social, de tous horizons, un peu de partout dans le
07:07monde.
07:08C'est juste des gens avec qui j'ai une super connexion à un moment donné.
07:10Mes œuvres leur parlent ou leur procurent une émotion, un sentiment.
07:14Ils me contactent, ils me demandent si elle est disponible, si c'est possible de l'acheter.
07:18Je leur réponds tout simplement.
07:19J'aime bien être dans le partage, dans l'authenticité, dans quelque chose de simple.
07:24Pour terminer, est-ce que vous conseillerez aux artistes, c'est vrai qu'il y en a beaucoup
07:29qui n'aiment pas se mettre en avant comme ça, est-ce que vous leur conseillerez quand
07:32même de se donner un petit coup de boost et de se forcer à créer une image sur les
07:38réseaux ?
07:39Je dirais que tout le monde gagne à être connu.
07:41C'est chouette d'être artiste parce que je trouve qu'on propose une autre vision
07:46du monde.
07:47Je pense que c'est des gens qui ont plein de choses à dire.
07:49Après, je pense qu'il ne faut pas forcément se forcer.
07:52Il faut juste être naturel et soi-même.
07:53Poster pour poster, ce n'est pas quelque chose qui me parle.
07:58C'est comme parler pour ne rien dire.
08:00Je pense que ça s'applique aussi à Instagram.
08:02Je dirais juste d'être authentique, de partager les choses qu'on a envie.
08:06Peut-être de se faire accompagner par un ami photographe, un ami vidéaste pour peut-être
08:11prendre confiance.
08:12Voilà exactement.
08:13Et vraiment rester connecté à son cœur et partager ce qu'on a envie de la manière
08:17la plus authentique possible.
08:19Merci beaucoup Léonara.
08:20Je rappelle que vous êtes artiste plasticienne.
08:22Quant à nous, on se retrouve la semaine prochaine pour un nouveau numéro d'Art et Marché.