Le propre d’une organisation est de se construire au fil du temps des compétences à travers ses activités. Comme nous musclons nos muscles en les faisant travailler, la compétence se construit, s’aiguise et s’affine dans l’action. L’enchaînement vertueux de cette construction de compétences commence par un tâtonnement à la recherche d’un avantage concurrentiel sur un espace de survie viable pour l’entreprise. De là, l’activité opérationnelle répétée renforce progressivement les compétences initiales et les consolide. [...]
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00:00Le propre d'une organisation est de se construire au fil du temps des compétences à travers
00:13ses activités.
00:14Comme nous musclons nos muscles en les faisant travailler, la compétence se construit, s'aiguise
00:20et s'affine dans l'action.
00:21L'enchaînement vertueux de cette construction de compétences commence par un tâtonnement
00:27à la recherche d'un avantage concurrentiel sur un espace de survie viable pour l'entreprise.
00:32De là, l'activité opérationnelle répétée renforce progressivement les compétences
00:37initiales et les consolide.
00:38Jusqu'à rencontrer un obstacle, par exemple lorsque l'environnement évolue, des demandes
00:44changeantes des clients, des offres nouvelles des concurrents, une réglementation contraignante,
00:49une évolution technologique de rupture.
00:51La compétence accumulée qui s'était jusque-là auto-construite comme un atout peut devenir
00:58un handicap qui entrave la capacité de l'entreprise à s'adapter.
01:01Aucun fabricant de relais à calcul n'est parvenu dans les années 70 à se reconstruire
01:06sur le marché des calculatrices électroniques.
01:08Aveuglé par son succès sur la photo argentique, Kodak n'a pas su accepter l'idée même
01:14de préparer l'image digitale.
01:16De même, IBM n'a pas su accepter l'arrivée du PC.
01:20Les services postaux ont vécu le pic du courrier postal au tournant du siècle et aucun n'est
01:26parvenu à se repositionner sur le courrier via Internet ou les messageries.
01:29Les compétences sont pour l'entreprise un peu ce que les rails sont à la locomotive.
01:35Aussi longtemps que le train vise à aller là où va la voie ferrée, les rails habilitent,
01:42en ce sens qu'ils permettent d'atteindre sa destination.
01:44Mais si le train est attendu ailleurs, ou ne vont pas les rails, le train n'ira pas.
01:50Les rails contraignent.
01:54Cette double caractéristique des rails, ils habilitent et contraignent à la fois, vaut
01:59pour les compétences.
02:00Selon ce que veut faire l'entreprise, ces compétences habilitent et contraignent à
02:06la fois.
02:07Ceci conduit à l'idée de TIS, relative à ce qu'il a baptisé des capacités dynamiques.
02:13Pour sortir de la tyrannie de la continuité, face à une situation qui requiert du changement
02:20Pour se repositionner, l'entreprise a besoin d'une autre sorte de compétences, à savoir
02:25des compétences qui permettent la remise en cause et la transformation.
02:29La Lune est un corps céleste condamné à tourner encore et encore autour de la Terre
02:34comme le fait la Terre autour du Soleil.
02:36Ce piège de l'orbite lunaire tient, on le sait, à ce que la force d'attraction
02:40de la Lune par la Terre est exactement compensée par la force centrifuge de la rotation lunaire.
02:45Pour s'échapper, la Lune aurait besoin d'une force complémentaire qui lui permettrait
02:50de s'extraire de l'attraction terrestre.
02:52Cette force supplémentaire illustre l'idée de capacités dynamiques pour l'entreprise
02:57qui souhaite sortir de sa zone de confort, qui est une zone de confort passée, pour
03:02se redéployer vers de nouvelles activités qui permettront de construire de nouveaux
03:06avantages concurrentiels, de nouvelles compétences autour de nouvelles routines.
03:10Là où les choses se corsent avec ce concept très intuitif de capacités dynamiques,
03:15c'est au moment du passage au concret, c'est-à-dire sur l'opérationnalisation.
03:20Quelques exemples simples peuvent aider à toucher du doigt ce dont il s'agit, néanmoins.
03:24Un savoir-faire d'acquisition, incluant l'étape critique des acquisitions, à savoir
03:31la digestion post-acquisition, dote une entreprise d'une capacité à entrer dans de nouvelles
03:36activités.
03:37Un savoir-faire d'innovation fournit un jeu de jambes et une culture à même de permettre
03:42de générer de nouvelles activités.
03:44Une capacité à conduire et à digérer des réorganisations de structures et de processus
03:50dote l'entreprise des réflexes et de l'expérience nécessaires pour se remettre en cause et
03:55faire évoluer non seulement ses façons de travailler, mais aussi la nature de ses activités.
04:00Une capacité de réflexion stratégique à l'écoute permanente des signaux faibles
04:04de l'environnement, à même de décrire des futurs ribles, des futurs possibles, et
04:09des scénarios de réponses stratégiques permet de se doter, les acteurs de l'organisation,
04:15d'une posture proactive face au changement et à l'idée qu'il nous fera bien un jour
04:19sortir de nos rails de confort.
04:20Au total, les routines du quotidien construisent des compétences, sortent de rails, qui permettent
04:27à l'entreprise d'avancer.
04:29Pourtant, si ces rails rendent possible, ils limitent tout autant les compétences habilites
04:34et contraignent à la fois.
04:36Si l'entreprise a besoin d'apprendre à apprendre, il lui arrive aussi d'avoir besoin
04:40d'apprendre à désapprendre.
04:41Au fond, c'est tout l'enjeu des capacités dynamiques.