Chaque jour, Céline Géraud et ses invités font un point complet sur l'actualité.
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00:00La suite d'Europe 1 13h sur Europe 1 avec vous Céline Giraud et votre nouvel invité Benoît Habitaux.
00:04Débuté Europe 1, Europe Ecologie Les Verts en sixième position sur la liste des écologistes pour les européennes.
00:11Et avec Alexis Delafontaine du service politique d'Europe 1 dans ce studio. Bonjour Benoît Habitaux.
00:16Bonjour à vous. Un grand merci. Merci de votre invitation.
00:18Mais merci à vous d'être avec nous en direct dans Europe 1 13h.
00:21Alors parlons de cette campagne européenne. Dans les récents sondages, Raphaël Glucksmann est au coude-à-coude avec Valérie Ayé à 15%.
00:28Et vous les écologistes, vous êtes, on peut le dire, loin derrière à seulement 5-6% des voix.
00:33Est-ce que le vote utile à gauche, cette fois, ça ne serait pas Glucksmann ?
00:39Un vote utile pour un scrutin à la proportionnelle, c'est toujours un concept que j'ai du mal à concevoir.
00:45L'intérêt d'un scrutin à la proportionnelle, mais c'est pas dans la culture des Français puisque on n'a pas d'autres expériences que l'élection européenne
00:51où on a un vote à la proportionnelle.
00:54Mais l'intérêt d'un vote à la proportionnelle, c'est que toutes les voix comptent et que
00:57j'ai du mal avec le vote utile. Et puis un vote utile pour les forces de gauche qui renforce un groupe dont on sait que
01:04le lendemain du vote, ils vont entrer en coalition avec le PPE où siègent les Républicains et Réunion où siège la République En Marche.
01:12Il faut qu'on m'explique, quand on est de gauche, où est le vote utile.
01:16Les Verts risquent de n'avoir aucun député européen s'ils obtiennent moins de 5%. Qu'est-ce que ça changerait à un Parlement européen sans députés écologistes ?
01:24Eh bien, c'est le recul de tous les enjeux qui menacent vraiment ce continent européen.
01:31C'est le dérèglement climatique. On ne peut pas attraper cet enjeu-là à un autre échelon qu'à un échelon continental.
01:38C'est l'enjeu de l'effondrement de la biodiversité
01:41qu'on ne peut pas attraper non plus à un autre échelon que l'échelon continental. Et moi qui suis agriculteur, ce qui menace aujourd'hui
01:48l'avenir de l'agriculture, ce qui menace le revenu des agriculteurs, ce qui menace la souveraineté alimentaire,
01:53c'est précisément le dérèglement climatique et l'effondrement de la biodiversité.
01:57Et il s'avère qu'une politique majeure de l'Union européenne, qui s'appelle la politique agricole commune, qui pèse 38% du budget de l'Union européenne,
02:06va conditionner ces enjeux-là. Et donc, s'il n'y a pas d'écologistes pour essayer de réorienter
02:12significativement cette politique publique, eh bien,
02:15effectivement, on va droit vers la dérive
02:18alors qu'il y a urgence. Si on écoute les scientifiques, il y a vraiment urgence.
02:22C'est ce que disait d'ailleurs David Cormand, qui était notre invité hier, eurodéputé, en sortant des écologistes.
02:28Il y a eu des avancées, mais il y a une tentation de revenir en arrière sur l'écologie. Vous venez d'en parler.
02:34Qu'est-ce qui a cloché ? Pourquoi ce retour ?
02:36C'est plus qu'une tentation, c'est-à-dire que
02:40souvent, quand on parle d'Union européenne, quand on parle de l'Europe,
02:44quand je vois les citoyens, et là je suis Place de la République en train de tracter,
02:47un mot qui revient souvent, c'est les lobbys. Eh bien, ce qui s'est passé dans la dernière
02:53partie de cette mandature, dans les six derniers mois, c'est que
02:57des députés, la Commission européenne, ont continué de tendre l'oreille
03:02aux propos des lobbys, qui nous disent qu'il n'y a pas d'agriculture sans pesticides, il n'y a pas d'agriculture sans engrais de synthèse,
03:08il n'y a pas d'agriculture sans OGM. Ce qui est absolument faux. Les scientifiques nous montrent l'exact inverse. Et donc, l'enjeu de ce scrutin,
03:15ce n'est pas de s'attaquer frontalement contre les lobbys, c'est de couper les oreilles
03:19de ceux qui continuent d'écouter les lobbys. Eh bien, nous, les écologistes, et moi je peux témoigner,
03:25on n'est pas à l'écoute des lobbys. Moi, les six premiers mois de mon mandat, les lobbys sont venus me voir.
03:30Je vous assure que depuis quatre ans et demi, j'ai une paix royale,
03:33parce que je n'écoute plus les lobbys. Et donc, si vous voulez couper les oreilles des lobbys,
03:38ou les oreilles de ceux qui écoutent les lobbys, on peut voter écologiste aussi.
03:42Vous parlez des lobbys, il y a un autre mot qui revient beaucoup aussi, quand on pense à l'Union européenne,
03:46c'est les normes. Les agriculteurs se plaignent aussi d'avoir trop de normes de la part
03:50de l'Union européenne. Est-ce que vous comprenez aussi cette colère de leur part ?
03:56J'ai du mal à comprendre, parce que
04:00on nous dit que l'agriculture, la vocation de l'agriculture européenne, par exemple, c'est de savoir exporter des produits de grande qualité.
04:08C'est grâce aux normes qu'on ne produit que du cognac, qu'à Cognac, qu'on produit du Bordeaux, qu'à Bordeaux,
04:14qu'on produit du champagne.
04:16Mais les normes, c'est aussi des démarches administratives à rallonge, aussi, pour les députés, pour les électeurs qui passent une grande partie de leur journée à faire des démarches administratives, au lieu d'être dans leur chambre.
04:25Si c'est de celle-ci que vous parlez,
04:27moi je suis à l'aise. Nous, les écologistes, on demande une simplification
04:31drastique de toutes ces formalités administratives. Je suis moi-même agriculteur, je peux témoigner au moins d'une chose,
04:37c'est que quand on fait son dossier PAC,
04:39c'est une véritable purge. Et donc, parce que je peux m'appuyer sur ma propre expérience d'agriculteur qui dépose chaque année son dossier PAC,
04:45je peux vous assurer qu'on a des réponses pour simplifier
04:49la façon dont on peut instruire ces aides publiques de l'Union Européenne. Et si on sortait, par exemple, des aides par unité de surface et
04:57pseudo-conditionnalité qui
05:00n'en n'est pas des vraies, qu'on écoutait les écologistes qui proposent de distribuer des aides par unité de
05:05main-d'oeuvre, qui ferait qu'à partir du moment où on a un statut d'agriculteur,
05:08on est éligible aux aides. Et si on a une unité de main-d'oeuvre, on a une première brique d'aide et deux unités de main-d'oeuvre,
05:14une deuxième brique. Je vous assure que ça simplifie
05:17drastiquement les formalités administratives, et donc les fameuses normes dont les agriculteurs nous parlent. Sauf que on n'écoute pas les écologistes,
05:25mieux ou pire, on les accuse d'être à l'origine de toutes ces lourdeurs administratives,
05:32alors qu'on n'a jamais été au pouvoir, on nous a jamais donné la majorité pour faire la démonstration que,
05:38y compris sur ce terrain-là, on est les meilleurs alliés des agriculteurs.
05:41Benoît Habitaud avec nous en direct, député européen sortant sixième sur la liste de Marie Toussaint pour les écologistes, et vous êtes un ancien
05:47agriculteur, je le rappelle aussi.
05:49Je suis toujours agriculteur, madame.
05:51Vous êtes toujours, toujours agriculteur, oui, vous avez raison de le préciser.
05:53En attendant, aujourd'hui, tous les partis ont un programme et des propositions pour inverser les changements climatiques. Est-ce qu'on a toujours
06:00besoin d'un parti écologiste ? Puisque tout le monde en fait.
06:05Il faut quand même se méfier
06:07des
06:08mauvaises copies, si je puis m'exprimer comme ça. Alors, moi, je fais partie de la génération qui pense au Canada dry, mais tout le monde n'a pas la référence.
06:14C'est-à-dire que ça a le goût du Canada dry ?
06:18Oui, mais ça a la couleur.
06:20Mais ça ressemble, mais ça n'en est pas.
06:22Mais ça n'en est pas, voilà.
06:24Et bien, voilà, c'est exactement ça.
06:27C'est-à-dire que toutes les formations politiques ont bien compris que
06:29l'écologie, ça faisait partie quand même
06:31des sujets
06:33qui inquiètent les citoyens aujourd'hui.
06:35Mais, donc, tout le monde en parle.
06:37Tout le monde met l'écologie à toutes les sauces.
06:39Sauf que l'écologie, ça convoque une approche globale.
06:41Ça convoque une vision
06:43à long terme. Et quand je vois
06:45que dans la case écologie,
06:47certaines formations
06:49politiques nous disent qu'on a besoin
06:51de pesticides encore, que d'autres
06:53nous parlent qu'il faut relancer
06:55la possibilité de libérer les OGM
06:57à l'échelon du continent européen,
06:59on voit bien que le logiciel écologiste n'y est pas.
07:01Et je reviens
07:03sur mon domaine de compétences favoriques
07:05et l'agriculture. Aujourd'hui,
07:07il n'y a que les écologistes qui ont fait le lien
07:09entre la souveraineté alimentaire
07:11et les menaces qui pèsent sur la souveraineté alimentaire,
07:13et le dérèglement climatique,
07:15et l'effondrement de la biodiversité.
07:17C'est nous qui sommes
07:19le relais des scientifiques.
07:21Pour un électeur de gauche,
07:23vous pouvez bien comprendre aussi que
07:25les programmes écologistes sont très similaires entre
07:27Raphaël Lutzmann, vous, ou Manon Aubry.
07:29Comment il peut s'en sortir ?
07:31Comment il peut faire son choix ?
07:33Je suis désolé, je vous ai parlé de la politique
07:35agricole commune tout à l'heure, qui est le principal
07:37budget de l'Union européenne.
07:39Les socialistes français ont voté contre,
07:41mais ils siègent
07:43dans un groupe où les trois quarts
07:45des socialistes de ce groupe ont voté
07:47cette PAC qui, au-delà de ne pas être écologiste,
07:49est antisocial, est injuste,
07:51est inéquitable pour les agriculteurs.
07:53Donc, ils siègent dans un groupe
07:55où, majoritairement, on trouve
07:57des voix qui valident cette PAC-là.
07:59Donc, aller renforcer ce groupe-là
08:01et nous dire qu'on fait de l'écologie, moi, j'ai du mal.
08:03Et j'insiste,
08:05le seul groupe... Non, non, je finis.
08:07Le seul groupe qui n'a pas voté cette PAC,
08:09on est 72 dans notre groupe
08:11au Parlement européen,
08:13eh bien, les 72 écologistes
08:15n'ont pas voté cette PAC.
08:17C'est le seul groupe où il ne manque pas
08:19une voix pour repousser la PAC.
08:21Merci beaucoup, Benoît Biteau. On était ravis de vous avoir
08:23dans Europe en 13h. Résultat, le 9 juin...