Céline Géraud, accompagnée de la rédaction d’Europe 1, propose chaque midi un point complet sur l’actualité suivi de débats entre invités et auditeurs.
Retrouvez "Europe 1 13h" sur : http://www.europe1.fr/emissions/europe-1-midi3
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00:00Puis, alors que les débats sur le budget se poursuivent au Sénat, parlons maintenant du Rassemblement National qui accentue la pression sur le gouvernement
00:06avec la menace d'une motion de censure qui est agitée avec de plus en plus de convictions par Marine Le Pen.
00:11Le parti de Jordan Bardella estime ne pas être assez entendu par Michel Barnier. Écoutez Jordan Bardella, c'était hier soir sur BFM.
00:18La censure est une décision extrêmement lourde, extrêmement grave, qui précipite par définition la démission du gouvernement.
00:24Il y a une discussion budgétaire qui a lieu.
00:26Le texte a été discuté à l'Assemblée Nationale. Nous avons proposé beaucoup d'amendements et nous avons réussi à faire adopter beaucoup d'amendements.
00:31Le texte va maintenant être étudié par le Sénat et je pense qu'il est important que le Parlement puisse finir l'examen du texte.
00:38Mais ce qui est clair, c'est que si le texte reste en l'État, si le cap politique que je ne trouve pas en ce moment dans le gouvernement de Michel Barnier se poursuit,
00:47alors ce gouvernement prend le risque et prend le chemin de la censure. Donc, vous envisagez de voter la motion de censure. Je l'ai toujours envisagé.
00:55Voilà, Jordan Bardella qui l'a toujours envisagé. Et pendant ce temps-là, à la gauche, qui elle, évidemment, avait déjà brandi cette menace,
01:01Fabien Roussel va la voter. On va l'écouter. Le secrétaire national du Parti Communiste était sur Sud Radio ce matin.
01:06Je ferai tout pour défendre le pouvoir d'achat des Français. Si le gouvernement revient par un 49-3, avec un budget qui va taxer le pouvoir d'achat des Français,
01:13il faudra qu'il soit censuré et qu'il tombe. Il faudra que le RN vote cette motion de censure.
01:18J'appelle le Rassemblement National à mettre leurs actes en concordance avec leurs discours.
01:24Paul Melun, le gouvernement Barnier était déjà sous la surveillance du RN. Il est désormais en sursis ?
01:28Pour moi, il est en sursis depuis le premier jour. C'est-à-dire que du moment que la tripartisation de la vie politique a été choisie par les Français
01:39à l'issue des élections législatives et qu'il n'y a pas de majorité dans aucun des trois blocs, il y a forcément le bloc qui va être aux affaires, en l'occurrence le bloc central,
01:47qui va être sous la surveillance des deux autres. Et dès lors que les deux autres se ligueront, il en sera terminé de lui.
01:51Donc, on ne découvre pas cette situation politique. Et Jordan Bardella, pour le coup, est plutôt sincère quand il dit que ça a toujours été le cas.
01:58Il y a toujours eu cette surveillance. La question maintenant, c'est...
02:01Là, il accentue quand même. Il resserre d'un coup, d'un cran.
02:05C'est exactement ça. C'est la rupture de ton. C'est pourquoi est-ce que maintenant, plus qu'il y a 15 jours, ou il y a trois semaines, ou il y a un mois,
02:11il y a ce changement de rhétorique. Précisément, à mon avis, parce qu'il y a aussi un peu de politique politicienne derrière tout ça,
02:18parce qu'il n'aura échappé à personne que Marine Le Pen ait face à ses juges,
02:21que le Rassemblement national a tout intérêt aussi à parler d'autres sujets que du temps judiciaire,
02:27et que la menace vis-à-vis du gouvernement, ça fait évidemment aussi beaucoup parler,
02:33et qu'ensuite, si Marine Le Pen était frappée d'inéligibilité et que ça devait s'exécuter tout de suite à l'issue de son procès,
02:38elle aurait peut-être même intérêt. Là, on est dans des scénarios politiques très compliqués, très hypothétiques.
02:43Mais on peut imaginer aussi qu'il y avait intérêt Marine Le Pen à arriver à des présidentielles anticipées
02:47pour pouvoir se présenter avant d'avoir cette peine d'inéligibilité.
02:50Donc, il y a plein de choses qui se passent, il y a beaucoup de stratégies politiques derrière tout ça,
02:55il y a aussi de la sincérité de la part du Rassemblement national qui, à mon avis, évidemment, désapprouve ce budget,
03:00mais le fait que ça arrive là maintenant, c'est tout sauf anodin.
03:03Et si ça se concrétisait, s'il y avait vraiment le gouvernement Barnier qui était renversé,
03:07nous irions vers une crise de régime, probablement, je ne veux pas dire le mot sans précédent,
03:12mais dans les dernières décennies, c'est quand même assez inédit.
03:16La difficulté de la situation pour le Rassemblement national, c'est qu'il n'est pas prêt à gouverner.
03:22Il s'est donné du temps pour réfléchir à la fois à son programme et aussi à ses candidats,
03:29parce qu'on l'a vu aux dernières législatives, il avait un gros problème de ressources humaines,
03:35il avait présenté des candidats qui étaient quand même assez étranges ou très controversés.
03:41Et il le sait, il sait qu'il n'a pas, qu'il lui manque en fait, cette manœuvre en quelque sorte.
03:47Donc ça m'étonnerait qu'il soit prêt à mettre sa menace à exécution.
03:51Bon, d'un autre côté, je ne vais pas parier là-dessus, parce que quand je fais des paris, je les perds.
03:55Pour vous, il y a deux semaines, j'ai perdu mon pari contre Paul Hollin sur l'élection américaine.
04:00Ça a coûté à Laetitia une bouteille de champagne.
04:03Ah bah c'est possible.
04:04Qu'il a reçue, mais pour poursuivre.
04:07En tout cas, on s'en rapproche un peu plus, je ne pense pas qu'on y soit.
04:10C'est quoi, c'est un poker menteur ?
04:12Non, c'est une façon de resserrer un petit peu la surveillance, de montrer qu'ils sont là, qu'ils regardent.
04:17Pour demander peut-être aussi au gouvernement Barnier à faire des concessions sur des sujets,
04:20comme la sécurité, l'immigration, est-ce qu'ils peuvent négocier quelque chose ?
04:24D'abord, mais ensuite, ils ont besoin de montrer à leurs électeurs qu'ils sont là, qu'ils sont présents,
04:28qu'ils habitent l'espace politique et médiatique.
04:31Et regardez, on parle beaucoup d'eux, ils sont sur toutes les lèvres finalement.
04:35Le Rassemblement National, c'est le sujet de conversation politique le plus important en France
04:40depuis des mois, des semaines, des jours, et ça ne va pas s'arrêter là.
04:44Je ne veux pas que ce soit des menaces en l'air.
04:47Je pense que, à la différence de Laetitia, je m'attends à tous les scénarios.
04:50Je pense que le scénario du gouvernement Barnier qui tombe avant janvier, c'est possible.
04:55On va écouter en attendant Édouard Philippe.
04:57Il était sur RTL ce matin, le chef du Parti Horizon.
05:00Il est inquiet et il veut éviter cette censure.
05:02C'est trop facile de bâcher tout le monde.
05:05Je considère que, encore une fois, Barnier est dans une situation qui est délicate et qu'il faut l'aider.
05:12Pas simplement parce que j'aime bien Michel Barnier, mais parce que si on ne stabilise pas la situation politique,
05:18on aura une crise, une crise grave, qui sera une crise politique, mais qui ne sera pas seulement une crise politique.
05:23Vu l'état de nos finances, je vous garantis qu'une crise politique déclenche une crise financière.
05:27Et je ne veux pas.
05:28Édouard Philippe ce matin...
05:30Il a plutôt raison.
05:31Moi, je pense que le Rassemblement National aurait plutôt intérêt, entre nous, à ne pas voter de motion de censure,
05:38à laisser le gouvernement Barnier sa chance, au moins jusqu'à juin ou juillet,
05:42puisque là, de fait, il sera possible de convoquer une nouvelle dissolution.
05:46Mais que les Français aiment aussi la stabilité.
05:49Et que si, de cette motion de censure, naissait une crise politique ou économique
05:54qui devait se poursuivre pendant des semaines ou des mois,
05:57et bien, peut-être, les Français se diraient-ils,
05:59est-ce que ces gens qui ont convoqué cette motion de censure sont vraiment prêts à occuper le pouvoir ?
06:03Sachant que, par leur vote, ils ont déséquilibré le pays.
06:06Donc, pour moi, le brevet de respectabilité qu'essaient d'acquérir Marine Le Pen et Jordane Bardella,
06:11il est fragile.
06:13Et ils ont plutôt intérêt à se montrer, en partie de gouvernement, raisonnable, capable d'amender, de faire pression,
06:19patient, attendre leur heure.
06:22La politique, c'est aussi l'art de la patience.
06:24Et pas forcément afficher par terre le jeu d'échec tout de suite et attendre peut-être la fin de la partie.
06:29Pour conclure, Laetitia ?
06:31En tout cas, les prochaines semaines vont être certainement assez palpitantes.
06:37Donc, on verra si on a droit à une élection anticipée ou non.
06:40Ce qui va donner du sel à vos interventions, cher chroniqueur !
06:43Aujourd'hui, on ne jure plus de rien avec Laetitia.
06:45On est devenus très prudents.
06:47Et on ne parie plus que ça va coûter des sommes folles en Champagne, on ne peut pas.
06:50Bon, ben voilà, on va rester raisonnables.
06:51Merci beaucoup.
06:52En tout cas, c'était un plaisir de vous avoir comme chaque jour pour Décrypter l'actualité.
06:55On se retrouve demain pour de nouvelles aventures des 13h.
06:57Et ce soir, Pierre de Villeneuve incontournable, les 19h avec toute son équipe.
07:00De 19h à 21h, Europe 1 ce soir.
07:02C'était Céline Géraud sur Europe 1.
07:04Et demain matin, Sonia Mabrouk vous donne rendez-vous dans Europe 1 matin pour la grande interview CNews Europe 1.
07:10Des entretiens sans concession tous les matins en direct à 8h10 sur Europe 1.
07:15Et demain matin, notez que Sonia Mabrouk reçoit Jean-Noël Barraud, ministre de l'Europe et des affaires étrangères.
07:21D'ici là, passez une excellente après-midi avec nous sur Europe 1.
07:24Et Christophe Ondelat dans un instant, 14h-15h.
07:27C'est Ondelat Raconte sur Europe 1.