Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.
Retrouvez "Voyage en absurdie" sur : http://www.europe1.fr/emissions/chronique-en-absurdie
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00:00 Emmanuel Ducrot, bonjour Emmanuel !
00:02 - Bonjour Dimitri, bonjour à tous !
00:03 Je suis super nerveuse parce que Gaspard fait son petit sport à côté de moi.
00:06 - Ah oui d'accord, mais toujours bien.
00:07 - Bonjour Emma, on t'écoute !
00:08 - Vous nous racontez Emmanuel ce matin une histoire de règlement de compte pas banal,
00:12 elle oppose des économistes de gauche.
00:14 - Et il y a du rififi chez les économistes atterrés, vous les connaissez !
00:19 Il s'agit d'une association née en 2011 qui regroupe des universitaires, des chercheurs en économie,
00:24 ils sont une cinquantaine et certainement sont assez connus du grand public.
00:27 Thomas Porcher, Frédéric Lordon ou David Cayla, ils ont pour point commun d'être opposés à ce qui s'appelle l'orthodoxie néolibérale,
00:34 ils abreuvent de leurs travaux toute la gauche française.
00:37 - Et depuis quelques temps ces économistes atterrés se déchirent.
00:40 - C'est Christophe Rameau, économiste à la Sorbonne, qui décrit l'affaire sur son compte X.
00:45 Les économistes atterrés, qui ont permis depuis plus de dix ans d'alimenter le pluralisme dans les débats économiques,
00:51 connaissent une crise sans précédent, écrit-il.
00:53 L'histoire est un peu technique mais si je résume, un groupe de cinq chercheurs des économistes atterrés,
00:58 dont Philippe Rameau, se sont vus refuser le label "économistes atterrés"
01:02 pour un ouvrage sur les alternatives à l'économie libérale.
01:06 Passe encore, mais les auteurs concernés sont maintenant l'objet d'une procédure d'exclusion, épuration,
01:13 chez les économistes de gauche.
01:14 - Mais qu'est-ce qui s'est passé ? L'ouvrage est de mauvaise qualité ?
01:17 - Non, non, il est tout à fait sérieux, mais Christophe Rameau, qui se définit comme un "Keynésien républicain" plutôt raisonnable,
01:22 se dit victime du sectarisme de certains à gauche.
01:25 "Nous sommes d'accord", dit-il, "sur la critique du néolibéralisme,
01:29 sur les dégâts économiques de la finance libéralisée,
01:32 mais sur les alternatifs, nous avons des divergences", dit-il.
01:35 Or, ces divergences et le fameux pluralisme du débat sont devenus insupportables pour certains économistes atterrés.
01:41 Christophe Rameau désigne les censeurs à la manœuvre.
01:45 Des anticapitalistes décroissants qui veulent mettre à bas le système,
01:49 des économistes de l'association Attaque et de l'institut La Boétie.
01:53 Ils voudraient donc mettre la main sur l'association, la redresser, la purifier.
01:58 La Boétie se demande, Christophe Rameau,
02:01 "Cet institut rattaché à la France Insoumise est-il le mieux placé pour donner des leçons de démocratie interne ?"
02:07 - Oui, ça part dans tous les sens. - C'est un pugilat.
02:09 Les économistes atterrés se bagarrent en public à coup de message.
02:13 Éric Bers, de ce fameux institut La Boétie, visé par les critiques, se rebiffe.
02:17 Il explique que le pluralisme n'est pas en danger,
02:20 mais il dénonce un comportement individuel inapproprié au sein du collectif.
02:24 Règlement de compta, ok, Corral, ce qu'il reproche, en fait,
02:26 c'est qu'on ne soit pas d'accord avec sa vision des choses.
02:29 L'assemblée d'exclusion est programmée le 8 juin, on sera à la veille des élections européennes.
02:33 "Et oui, elles se traduiront", écrit Christophe Rameau,
02:36 "par un score record pour l'extrême droite et par une gauche affaiblie comme rarement dans l'histoire."
02:41 Les économistes atterrés n'auraient donc comme principale préoccupation à ce moment que d'exclure certains de leurs membres.
02:47 Alors au sein de la gauche radicale, vous le savez, il est banal de se traiter de social,
02:50 traître de complice du libéralisme, d'éléments antisocial,
02:53 mais effectivement, le faire pendant que l'extrême droite cumule à 40%,
02:57 ça donne une image atterrante des économistes atterrés.
03:00 - Signature Emmanuel Ducrot, merci beaucoup Emmanuel.