• il y a 9 mois

Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.
Retrouvez "Voyage en absurdie" sur : http://www.europe1.fr/emissions/chronique-en-absurdie

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Transcription
00:00 Et puis c'est dans 10 minutes aussi pour l'heure des prouettes.
00:03 A tout de suite Pascal, Emmanuel Ducroce est à vous.
00:05 Vous nous racontez ce matin une polémique britannique.
00:08 Ils sont très forts les Anglais pour ce genre d'histoire.
00:11 L'accusé est de marque.
00:12 William Shakespeare, rien que ça, des chercheurs tentent de faire tomber le dramaturge de son piédestal.
00:17 C'est une histoire croustillante racontée par le quotidien de Télégraphes.
00:20 Elle se passe dans une université londonienne, Rowhampton.
00:23 Un groupe d'universitaires y mène une étude dont le but est de recentrer la lecture théâtrale
00:28 sur les communautés marginalisées dans la représentation contemporaine des premières pièces modernes.
00:34 Je vous la fais courte sur les conclusions.
00:36 À cause de la place culturelle de Shakespeare, le théâtre est trop blanc masculin,
00:40 hétérosexuel et cisgenre, après le roi Lyre, le roi des lyres.
00:44 - Cisgenre, je précise pour ceux qui ne savent pas, ça veut dire quand on a l'identité sexuelle,
00:50 on a les organes génitaux de son genre.
00:52 Vous êtes un homme et vous êtes un homme.
00:54 - Et vous êtes hétérosexuel. - Vous êtes une femme, vous êtes une femme.
00:56 - Bon, et cette affaire fait grincer des dents outre-manche.
00:59 - Oui, pas ce "encore qu'on enfonce des portes ouvertes" à savoir que Shakespeare était un homme de son temps.
01:04 Ce qui agace le plus, c'est que de l'argent public a été investi dans cette étude.
01:08 Beaucoup d'argent public. 800 000 livres, 950 000 euros,
01:12 donnés par un conseil de recherche en arts et sciences humaines, financé par le contribuable.
01:17 Lequel conseil est accusé maintenant de faire dans le putaclic culturel.
01:22 Il y a quelque chose de pourri au royaume de l'arnaque.
01:24 - Bon, que disent les... Vous n'allez pas faire toutes les...
01:26 - Bah oui ! - Toutes les pièces de Shakespeare.
01:28 Que disent les détracteurs de ce projet de recherche ?
01:30 - Bah qu'à l'époque de Shakespeare, la population européenne était blanche,
01:33 que la société était masculine et que l'homosexualité était réprimée.
01:37 Vouloir à tout prix rendre Shakespeare responsable de ce qu'il a véhiculé est un contresens.
01:42 Vouloir nier son contexte historique est une bêtise,
01:44 mais visiblement on ne fait pas d'amelette sans casser des oeufs.
01:47 - Est-ce qu'on apprend quelque chose dans cette étude tout de même ?
01:51 - Bah oui, le contribuable n'a pas tout perdu. L'histoire ne s'arrête pas là.
01:54 L'équipe des chercheurs a entrepris de prouver que si les contemporains de Shakespeare
01:58 avaient été un peu plus ouverts aux questions de genre et aux préoccupations LGBTQIIA+,
02:04 ils ne seraient pas passés à côté d'un autre dramaturge, un dénommé John Lilly,
02:09 L-Y-L-Y, lui il avait tout compris.
02:12 Sa pièce "Galatéa" met en scène des personnages déguisés en personnes du sexe opposé,
02:17 une œuvre qui offre, je cite, "une démographie affirmative et intersectionnelle sans précédent,
02:23 explorant les vies féministes queer, transgenres et migrantes".
02:27 Alerte anachronisme, pas de bol, cette pépite tellement brillante n'a pas été jouée depuis 1558.
02:33 L'équipe va donc lui redonner une vie théâtrale, c'est l'art de la tempête dans une tasse de thé.
02:38 - Donc on est en train de redécouvrir un auteur injustement méconnu,
02:42 mais vous nous dites que ces auteurs vont devant de graves désillusions.
02:46 - Mais oui, il y a un constat inacceptable pour le monde intersectionnel et woke,
02:50 si Shakespeare dure, c'est parce qu'il met en scène des thèmes universels
02:54 auxquels on peut tous s'identifier, l'amour, la haine, l'ambition, la perte, la jalousie,
02:58 le langage commun de l'humanité.
03:00 Ça, quand on voit le monde à travers son nombril, le nombril de l'identité, c'est insupportable.
03:05 Et tout ce qu'on a trouvé à opposer à Shakespeare dans cette affaire est un auteur mineur, oublié,
03:09 exhumé juste parce qu'on peut lui coller sur le dos et sans son consentement
03:14 des obsessions contemporaines de genre et d'identité.
03:16 Le pire, c'est que ça se veut être une déconstruction très audacieuse
03:20 alors que c'est devenu incroyablement banal et conformiste, beaucoup de bruit pour rien.
03:25 - Ça va Gaspard, vous tenez le coup là ?
03:27 - C'est une souffrance !
03:28 - Ces gens sont jamais fatigués, c'est ça qui m'impressionne le plus.
03:31 - Je vous ai vu défaillir quand elle a parlé des vies féministes, queer, transgenres et migrantes.
03:35 C'était trop pour vous, non ? Bon merci, bon allez, on va écouter les apéries politiques.
03:40 - Zappons, zappons.
03:42 - Merci Emmanuel Ducroch, signature Europe 1, 8h52.