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Les Vraies Voix avec Philippe Bilger, Tom Connan et Bernard Cohen Hadad

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##LE_GRAND_DEBAT_DES_VRAIES_VOIX-2024-05-20##

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News
Transcription
00:00 Voici le grand débat du jour.
00:02 L'instauration de l'état d'urgence en Nouvelle-Calédonie n'aura pas épargné une nouvelle nuit de violence sur le Caillou.
00:08 Vive scène de tension dans les rues de Nouméa.
00:10 Véhicules blindés, transports de troupes, gendarmes aux fins de course.
00:14 600 gendarmes et membres du GIGN sont mobilisés.
00:17 Les autorités ont bien l'intention de rétablir la sécurité, notamment sur ces axes majeurs.
00:23 L'idée que le Premier ministre reprenne la main me paraît être une nécessité.
00:27 Que les anciens premiers ministres soient remis en activité pour retrouver les fils du dialogue aussi.
00:33 La Nouvelle-Calédonie reste en proie au blocage malgré les renforts déployés par l'état sur place.
00:38 L'aéroport de Nouméa va rester fermé aux vols commerciaux au moins jusqu'à jeudi.
00:42 Et ce matin, le criminologue Alain Bauer en appelait à former un conseil de conciliation avec les anciens premiers ministres pour tenter de débloquer la situation.
00:51 Alors parlons vrai, est-ce que cette proposition vous paraît plausible vu la situation dans l'île ?
00:56 Est-ce que ce ne serait pas plutôt à Matignon ou à l'Elysée de prendre le dossier en main ?
01:01 Est-ce que l'exécutif vous semble déplacé ?
01:03 Et à cette question, comme dit Alain Bauer, faut-il rappeler les anciens premiers ministres pour ramener le calme en Nouvelle-Calédonie ?
01:08 Vous dites non à 67%. Vous voulez réagir ?
01:11 Aude attend vos appels au 0826 300 300.
01:14 Et on va poser la question dans un instant à Henri Veil, qui est avec nous journaliste, qui a couvert ces événements en Nouvelle-Calédonie.
01:19 C'était en 1984 et 90 avec son blog "Ainsi va le monde" blogspot.com.
01:25 Bonsoir, en tout cas merci d'avoir accepté notre invitation.
01:28 Juste un tour de table avant Philippe Bilger sur cette proposition d'Alain Bauer.
01:33 - Alors l'excellente question de Sud Radio, de mon point de vue, n'avait pas besoin de s'abriter derrière Alain Bauer
01:41 pour demeurer pertinente parce que ça fait plusieurs jours que l'on parle de l'influence bénéfique de ces anciens premiers ministres.
01:50 D'autant plus qu'ils avaient alerté, il y a quelque temps, le pouvoir en disant
01:56 "il ne faut pas aborder la Nouvelle-Calédonie autrement qu'avec une main tremblante".
02:03 Et je crois que ce serait une excellente initiative si les anciens premiers ministres
02:09 qui avaient déjà averti le pouvoir des dangers de la politique mise en oeuvre
02:16 reprenaient du service à condition, et ça je crois qu'il ne faut pas l'oublier,
02:21 qu'Emmanuel Macron accepte cette entremise parce qu'elle démontrera que pour l'instant la gestion du pouvoir n'est pas bonne.
02:32 C'est le moins qu'on puisse dire.
02:33 Et Emmanuel Macron n'aime pas être dépossédé de ce qui relève de son pouvoir.
02:39 Même quand il, d'une certaine manière, il dérape.
02:43 Je donne une petite info sur votre propos, c'était dans le JDD, c'était Jean-Marc Ayrault,
02:48 Manuel Valls et Edouard Philippe.
02:50 Non mais c'est pas une mauvaise idée, après je pense que la perspective des européennes
02:54 fait que c'est sans doute compliqué pour l'exécutif de se mouiller sur un dossier aussi difficile,
03:00 aussi clivant, aussi sulfureux d'une certaine façon.
03:03 Mais pourquoi pas faire appel au-delà des premiers ministres à des personnes compétentes sur le dossier ou sur ces sujets-là.
03:09 Taubira par exemple s'est exprimé récemment sur le sujet, je trouve que c'était assez intéressant.
03:13 Vous voulez qu'elle crée davantage de désordre qu'elle doit le rendre ?
03:17 Non mais pas nécessairement, parce que c'est aussi quelqu'un qui a une légitimité.
03:19 Là il y a un sujet aussi sur Taubira.
03:21 J'ai vu que Benoît Hamon la soutenait également, c'est quelqu'un qui a quand même été ministre.
03:28 Il a quand même des responsabilités importantes aujourd'hui en matière de politique migratoire
03:33 dans une organisation qui s'appelle Singa, je crois bien.
03:35 Voilà, donc c'est aussi toutes ces personnes qui peuvent aussi, pas forcément être rappelées directement,
03:39 en tout cas être sollicitées pour qu'on puisse écouter leur voix.
03:42 Bernard Cohenadade.
03:44 Moi j'apprécie beaucoup Alain Bauer, il a souvent une vision de long terme,
03:48 mais je me demande quand même si c'est la bonne solution. Pourquoi ?
03:51 Parce qu'on a évoqué aussi une mission de conciliation du président Larcher et de Yael Brown-Pivet,
03:59 on a évoqué que le président de la République s'abriterait derrière Gabriel Attal.
04:04 Moi je suis plutôt pour une mission d'expert, sans agenda politique.
04:08 Je trouve que les premiers ministres ont un agenda conduit, il peut y avoir aussi un avenir politique.
04:12 Et surtout, une mission comme ça a été fait du temps de Michel Rocard, sur place, dépaysée,
04:19 je pense que ce serait préférable avec des grands sages, y compris Philippe Bidjerre,
04:23 parce qu'il pourrait en faire partie.
04:25 Je n'aurais pas de préjugés en tout cas.
04:27 Ni d'agenda politique, mon cher Philippe.
04:29 On sait pas, on sait pas.
04:31 Henri Veil, vous êtes journaliste, vous avez couvert les événements de Nouvelle-Calédonie de 1984,
04:36 les premiers événements, vous avez même écrit un livre qui n'est plus disponible sur la grotte d'Ouwea,
04:40 et vous populez également un blog, ainsi va le monde, blogspot.com.
04:46 Est-ce qu'on est revenu 40 ans en arrière, 1984-2024, avec les violences aujourd'hui en Nouvelle-Calédonie ?
04:54 Non pas du tout, il ne faut pas comparer deux dates, ce n'est pas les mêmes choses.
05:01 Le seul élément qui est commun, parce qu'en 1984 c'était déjà pas tant,
05:06 c'est le corps électoral et sa composition.
05:09 Je voudrais, juste avant de poursuivre, répondre à monsieur qui disait tout à l'heure
05:15 qu'il faudrait un certain nombre de politiques qui pourraient être potentiellement dans cette mission du dialogue.
05:22 Vous savez, moi j'ai écouté, lu, beaucoup de déclarations d'un politique métropolitain
05:29 qui se servent de la situation calédonienne pour nourrir leur récit.
05:34 Et ça, ça me peine assez parce que ça ne nous fait absolument pas progresser,
05:39 et c'est des gens qui ne connaissent pas la situation en Calédonie.
05:42 Parce que pour parler de la Calédonie, il faut au minimum la connaître, et c'est une situation complexe.
05:47 Il faut également avoir un certain nombre de repères culturels pour comprendre la Calédonie.
05:53 Je vais faire une deuxième citation. Hier, l'archevêque de Nouméa, dans son homélie, a dit ceci.
06:01 "L'île la plus proche du paradis", c'est un élément qu'on utilise beaucoup en termes touristiques pour la Calédonie,
06:07 "l'île la plus proche du paradis est aujourd'hui la plus proche de l'enfer".
06:12 Et bien c'est exactement ça.
06:13 Aujourd'hui, sur le terrain, on assiste à des émeutes, bien entendu,
06:20 sur lesquelles il faut trouver la solution la plus consensuelle possible.
06:27 Mais la Chambre de commerce et d'industrie de Nouvelle-Calédonie chiffre à 200 millions de dégâts,
06:33 à 1 500 emplois perdus. Donc, quelle sera la solution ? Je l'ignore.
06:39 Est-ce que ce sont des anciens premiers ministres ? Est-ce que c'est une mission du dialogue ?
06:43 Ce n'est pas le problème. Le problème, c'est trouver la solution.
06:46 Philippe Bilger veut réagir.
06:48 Je voudrais vous demander, à la suite de lecture récente,
06:53 certains affirment que ce qui se passe en Nouvelle-Calédonie n'a rien à voir avec la contestation de la loi
07:02 sur le changement du corps électoral, mais presque avec un racisme anti-blanc, une détestation.
07:11 Est-ce que c'est votre avis ou non ?
07:15 Or, il va y avoir...
07:18 Écoutez, moi je ne suis pas aussi certain qu'il y ait un racisme anti-blanc aussi patent que ça.
07:25 Il est possible dans certains stades. Je crois que le point le plus important,
07:30 vous savez, il y a eu une migration des Kanaks, qui représentent 42 % de la population de Nouvelle-Calédonie,
07:39 270 000 habitants, des airs coutumières ou en tout cas des tribus, vers la ville, c'est-à-dire Nouméa.
07:47 Et là, je crois que le problème le plus important, c'est la désocialisation d'un certain nombre de personnes.
07:56 Vous savez, chez les jeunes, si on prend une statistique de l'INSEE, qui s'appelle en Calédonie l'ISEE,
08:04 on estime qu'en 2019, il y avait 54 % des jeunes d'origine européenne qui avaient un BAC+2.
08:16 Eh bien, le chiffre pour les Kanaks, c'est 8 %.
08:19 Je crois que cette comparaison, non-vos-paraisons, mais en tout cas fournit un certain nombre d'informations.
08:26 Et je crois que le point central, il est là.
08:29 Est-ce que les émeutiers ont été dirigés par les indépendantistes ?
08:36 Moi, je l'ignore.
08:37 Est-ce qu'ils sont solitaires et ils ne répondent pas aux mots d'ordre indépendantistes ?
08:45 Je l'ignore également.
08:46 Ce que je sais, c'est que lorsqu'il y a des élections territoriales en Nouvelle-Calédonie,
08:52 des élections régionales ici, les jeunes ne vont pas forcément,
08:57 indépendantistes ou Kanaks, en tout cas, ne vont pas beaucoup voter.
09:01 Mais pour le référendum, au contraire, les trois référendums qui ont eu lieu,
09:06 eh bien, ils sont allés voter.
09:08 Henri Veil, depuis 2020, la Nouvelle-Calédonie est gérée par le ministre des Outre-mer.
09:16 Est-ce qu'il faut le remettre sous le sceau de Matignon ?
09:20 Est-ce que c'est Matignon qui doit gérer ce sujet ou ce dossier épineux ?
09:25 C'est possible.
09:28 Il y a deux premiers ministres qui ont parfaitement ou plutôt bien géré
09:33 et qui ont fait l'unanimité.
09:35 C'est Michel Rocart-Naguerre et c'est Edouard Philippe, peu plus récemment.
09:39 Il faut que je me contente de ça.
09:41 Moi, je n'ai pas d'avis spécifique.
09:43 Je vous dis l'essentiel, c'est le résultat.
09:45 Justement, comme vous l'avez un peu probablement interpellé tout à l'heure sur mon intervention,
09:49 vous, quels sont les experts ou les personnalités qui seraient pertinentes à solliciter
09:55 pour avoir un éclairage sur la situation ?
09:57 Parce que là, pour l'instant, on parle de manière un peu générale.
09:59 Mais concrètement, pour vraiment faire en sorte qu'il puisse y avoir des solutions concrètes
10:02 à suggérer à des responsables politiques,
10:06 quelles seraient les personnes qui, selon vous, seraient bien placées ?
10:09 Vous permettez, je rajoute un morceau à la question.
10:11 Vous dites oui pour Edouard Philippe, mais Ero et Valls, ils sont bons aussi pour ce dossier ?
10:17 Moi, je crois dans les hommes de bonne volonté.
10:21 C'est un peu vague.
10:23 C'est un peu vague.
10:25 Vous dites Edouard Philippe, oui, mais c'est...
10:27 Non, mais c'est bien.
10:29 Alors, si vous invitez un et pas l'autre, est-ce qu'il faut composer une mission du dialogue ?
10:33 Je vous donne une indication.
10:35 En 1988, la mission du dialogue était conduite par le préfet, à l'époque, Christian Blanc.
10:44 Il avait auprès de lui un magistrat, Philippe Bilger, ancien directeur général de la police nationale.
10:52 Il y avait le président de la Fédération protestante de France.
10:55 Roger Leray.
10:57 Il y avait un chanoine.
10:59 Et il y avait un préfet qui s'appelle Pierre Steinmetz.
11:03 Voilà quelle était sa composition.
11:05 Alors, Pierre Bilger, il a donné quelques pistes tout à l'heure.
11:08 Philippe Bilger.
11:10 Philippe Bilger.
11:12 C'est cool, mais bon...
11:14 Ça envoie un drôle de message, justement, d'aller rechercher dans l'ancienne garde pour essayer de gérer un dossier vis-à-vis du gouvernement.
11:23 C'est étrange, non ?
11:25 Est-ce que ça ne leur donne pas aux Calédoniens, ou en tout cas aux Canards, qu'une force un peu supplémentaire en disant "finalement, ils ne savent pas nous gérer" ?
11:32 Oui, mais vous savez...
11:36 C'est à moi, je prends une question.
11:38 Oui, bien sûr, bien sûr.
11:40 Vous savez, il y a quelque chose qui est assez étonnant, parce que je reviens un peu sur les déclarations que l'on a pu lire ce week-end, ou entendre, etc.
11:53 Votre question est tout à fait intéressante.
11:57 Il faut savoir qu'en Calédonie, en Nouvelle-Calédonie,
12:01 le gouvernement territorial est dirigé par des indépendantistes.
12:09 Le congrès du territoire est dirigé par des indépendantistes.
12:13 Et deux des trois provinces sont dirigées par des indépendantistes.
12:17 Donc, effectivement, il y a une co-responsabilité dans la gestion du dossier, et cette co-responsabilité, il ne faut surtout pas l'ignorer.
12:26 Bernard Cohen à Dad, et après on part au 0826-333.
12:30 Oui, c'est pour Henri Veil.
12:32 On a quand même des référendums qui ont été très clairs.
12:35 On a des référendums qui ne veulent pas l'indépendance.
12:38 Est-ce qu'on peut continuer à ne pas appliquer une loi ?
12:42 C'est ça, un petit peu, ma question.
12:44 Et je comprends bien ce que vous avez dit, Henri Veil, sur la désocialisation,
12:48 sur la paupérisation des populations canarques,
12:51 sur leur manque d'illettrisme, leur capacité à ne pas être parmi l'élite de l'île.
13:01 Mais est-ce qu'enfin, on peut appliquer la loi de la République dans un territoire, quand même, qui est la France ?
13:07 Henri Veil, rapidement.
13:09 Oui, vous allez loin quand vous parlez d'illettrisme.
13:11 Ce qui est un fait, c'est que les deux premiers référendums 2020-2021,
13:16 ont dit oui à la poursuite dans l'ensemble français, à 56,3% et 53,4% la deuxième fois.
13:27 La troisième fois, effectivement, à l'époque du Covid,
13:31 les Canarques n'ont pas souhaité participer, à juste titre ou pas du tout.
13:37 Ça, c'est une vraie question.
13:39 Et à partir de là, les problèmes, 30 ans après les accords de Matignon ou d'Inno
13:47 et les accords de Nouméa, la situation a dérapé.
13:51 On part au 0826-300-300, notre vrai voix du jour, Gérald Dosser.
13:56 Qu'est-ce que vous en pensez ?
13:58 Est-ce que pour vous, ce serait une bonne chose de faire revenir trois anciens premiers ministres,
14:01 Jean-Marc Ayrault, Manuel Valls et Edouard Philippe,
14:03 pour faire "Messieurs bons offices" en Nouvelle-Calédonie ?
14:06 Je suis très partagé, dans le sens où, moi, si on devait rappeler des anciens ministres,
14:11 moi, je n'en vois qu'un seul, Jean-Marc Ayrault.
14:13 Il faut quelqu'un, je dirais, qui soit posé, mais qui soit aussi ferme dans ses décisions.

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