• il y a 7 mois
Philippe de Villiers passe en revue l'actualité de la semaine dans #FaceAPhilippedeVilliers. Présenté par Eliot Deval

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Transcription
00:00 - 19h sur CNews, merci d'être avec nous pour Face à Philippe Devilliers.
00:04 Cher Philippe, bonsoir.
00:06 - Bonsoir Elias, bonsoir Geoffroy.
00:07 - Geoffroy Lejeune, est-ce que vous allez bien Geoffroy ?
00:10 Je le dis aux téléspectateurs, toujours transparents,
00:13 vous m'avez dit "j'ai besoin de vous annoncer quelque chose" en début d'émission.
00:16 - Parce que cette semaine, j'étais mardi à Aubagne pour la fête de Cameroun,
00:21 de la Légion étrangère, et je me suis fait arrêter toute la journée,
00:24 mais toute la journée, par des militaires, par des soldats, des légionnaires,
00:29 des gens aussi qui étaient venus, qui m'ont parlé uniquement de l'émission de Philippe Devilliers.
00:33 Tous, ils m'ont dit "le vendredi soir, on rate jamais", etc.
00:35 C'était absolument dingue, ça ne m'est jamais arrivé,
00:36 donc je voulais vous le dire, je voulais profiter de ce moment,
00:39 je les remercie parce que déjà, ça fait très plaisir.
00:41 Et Philippe, il faut que vous veniez l'année prochaine avec moi à Cameroun, à Aubagne,
00:44 parce que vous allez être accueillis comme une rockstar.
00:47 - C'est agréable de savoir ça Philippe.
00:50 - Mais en plus, la Légion étrangère, c'est vraiment mythique pour un fils et un frère de soldat.
00:57 - On parlera justement des soldats français en fin d'émission, on ne dit rien.
01:01 Et on parlera dans un instant du courage.
01:04 Philippe Devilliers, l'histoire se répète malheureusement à Sciences Po,
01:08 c'est l'histoire sans fin, signe que les concessions du directeur provisoire Jean Basser,
01:12 ni les débats organisés cette semaine n'ont absolument rien changé.
01:16 Bien au contraire, ce vendredi, Sciences Po, Paris a une nouvelle fois été fermé.
01:21 91 étudiants ont été délogés selon la préfecture.
01:26 Vous les voyez donc très heureux d'avoir une nouvelle fois bloqué Sciences Po Paris.
01:32 Il y a un mot qui me vient à l'esprit Philippe Devilliers, c'est l'échec.
01:36 Quel échec quand on voit ces images ?
01:39 - Alors en fait, ce qui est frappant à Sciences Po,
01:45 et par effet de ricochet dans les universités françaises qui s'arrêtent de travailler,
01:52 c'est, vous avez raison, l'échec, c'est-à-dire le manque de fermeté.
01:58 Vous savez, en 68, de Gaulle disait le dialogue "oui, la chandelier non".
02:04 Et il avait ajouté une phrase qui était assez remarquable,
02:10 "les étudiants sont faits pour étudier et les enseignants pour enseigner".
02:17 Tout est dit.
02:18 Or là, on a des étudiants qui sont faits pour débattre.
02:24 Donc ça ne peut pas marcher.
02:27 Donc l'échec de la fermeté, il n'y a plus d'autorité.
02:30 Comme disait la référence Garrault à Charles Pesquois devant moi,
02:34 "mon pauvre Charles, on n'est plus gouverné".
02:37 C'est clair.
02:39 Et la deuxième chose qui est beaucoup plus grave,
02:44 c'est que Sciences Po est à la fois la tête de pont
02:53 avancée des universités américaines gangrenées par le wokeisme
03:02 et en même temps l'avant-garde de ce qui nous attend
03:08 lorsque le pays sera lui-même entièrement gangrené
03:12 par la nouvelle idéologie décoloniale.
03:16 Et je pense que les Français n'ont pas encore pris conscience
03:19 de ce que ça veut dire, l'idéologie décoloniale.
03:21 Je souhaite qu'on en parle pendant ce moment.
03:24 L'idéologie décoloniale, c'est la revanche des derniers de la Terre
03:28 qui maintenant disent "allez, on leur fait la peau".
03:30 Et ça commence comme d'habitude par les universités.
03:34 N'oublions jamais que mai 68, ça a commencé avec Berkeley.
03:38 Mai 68, c'était la révolte mimétique des étudiants de Berkeley.
03:46 Et là, on a la révolte mimétique à Sciences Po
03:50 grâce à la discrimination positive.
03:53 Honte à ceux qui ont installé Richard Décoin.
03:56 La discrimination positive, il a voulu jouer les Américains.
04:01 Et donc il a joué l'Américain.
04:03 Et on a l'Amérique en France.
04:06 C'est un pays qui est un empire qui se décompose.
04:11 Donc Sciences Po, je ne reconnais plus Sciences Po,
04:14 mais je ne reconnais plus la France.
04:15 C'est-à-dire qu'en fait Sciences Po, il faut bien regarder Sciences Po.
04:18 C'était l'excellence et voilà ce qu'ils en ont fait.
04:22 Et ils sont incapables avec cette madame...
04:26 - Rotaïo, la ministre de l'enseignement supérieur.
04:28 - J'arrive pas à retenir son nom.
04:32 Bon, elle n'est pas faite pour ça.
04:35 Il y a peut-être quand même des sources d'espoir.
04:37 Pourquoi ? Parce que je vais vous proposer un témoignage.
04:39 Il s'appelle Pierre-Alexandre Zal.
04:41 Lui aussi, il est étudiant à Sciences Po.
04:45 Mais contrairement aux 91 militants,
04:48 il n'était pas en train de bloquer, lui.
04:50 Et il représente peut-être cette majorité silencieuse.
04:53 Et il a pris la parole.
04:55 Il a eu courage de prendre la parole en connaissant les risques
04:57 qui pouvaient en découler.
04:58 Il était l'invité de Pascal Praud cette semaine.
05:00 Écoutez.
05:02 - Aujourd'hui, Sciences Po est dans une situation d'une extraordinaire gravité
05:05 à cause justement de cette minorité étudiante
05:08 qui parle beaucoup, qui est très bruyante
05:10 et qui est en train de scier la branche sur laquelle on est tous assis.
05:13 Donc en fait, on est menacé aujourd'hui par cette minorité.
05:16 Et puis vous avez en face une direction qui ne dit rien,
05:20 qui cède tout.
05:21 On pourrait même se demander si on a encore une direction
05:23 parce que voilà, ça fait 5 ans, 6 ans que je suis à Sciences Po.
05:26 Et en réalité, j'ai connu deux directions,
05:28 deux administrations provisoires.
05:30 Il n'y a pas de cap, il n'y a pas de vision.
05:32 Il n'y a pas d'autorité.
05:33 Et donc en fait, tout est permis.
05:34 Aujourd'hui, des étudiants comme moi qui veulent simplement travailler,
05:37 on est livrés à nous-mêmes.
05:38 On a été tellement indignés avec certains camarades de l'école de droit
05:41 du communiqué qu'on a vu tomber vendredi soir
05:44 après ce qui s'est passé toute la journée de vendredi,
05:47 qu'on s'est dit qu'on devait réagir spontanément.
05:49 Et voilà, c'est pour ça qu'aujourd'hui, je prends la parole.
05:51 Honnêtement, je sais le risque que je prends
05:53 parce qu'après, je sais le harcèlement qui va en découler, etc.
05:56 Mais ça me semble important parce que sinon,
05:58 après, la réputation de cette école,
05:59 elle va être salie par ces minorités qui ne travaillent pas,
06:02 par ces minorités qui vont salir tout le monde
06:04 et qui vont nous empêcher, nous,
06:05 de pouvoir aspirer aux carrières qu'on envisage.
06:09 Geoffroy Lejeune, vous avez une question pour Philippe de Villiers.
06:11 C'est vrai qu'il est courageux, ce garçon,
06:13 et il est en train de déplorer le manque de courage de sa direction.
06:15 Quelle est votre définition à vous du courage ?
06:18 C'est la phrase sur Jacques Maupelier
06:28 que vous connaissez peut-être.
06:30 "Le courage s'accomplissait en lui comme la marche ou la respiration."
06:35 C'est à cette phrase que je pense en regardant ce jeune étudiant.
06:40 Et je me dis, au fond, le courage, c'est un instinct.
06:44 Ce n'est pas le contraire de la peur, c'est la peur surmontée.
06:47 Ce jeune homme voit clair, il discerne, il est courageux.
06:51 Et pour répondre à votre question,
06:54 vous avez vu cette semaine le courage au feu, mardi, à Aubagne.
07:01 Le courage au feu précède le courage au forum.
07:06 Le courage militaire précède le courage civil.
07:10 Mais il y a une vertu siamoise, en fait, qui les relie.
07:16 Le courage militaire, c'est l'idée de mettre au-dessus de sa vie
07:21 quelque chose qui lui est supérieur,
07:25 quelque chose qui dépasse la vie, mais qui s'appelle l'honneur,
07:29 qui s'appelle l'offrande de sa propre vie.
07:32 Heureux ceux qui sont morts dans une juste guerre,
07:36 heureux les épimurs et les blés moissonnés.
07:40 Alors le courage civil, le courage des autorités civiles,
07:47 il prend la forme d'un service.
07:55 C'est un paradoxe de dire ça aujourd'hui.
07:58 Le pouvoir est un service, ça n'est pas une consommation.
08:04 Le pouvoir, il est sacrificiel.
08:09 Une grande, une haute politique, elle est sacrificielle, on se sacrifie.
08:14 Et je pense en cet instant, en disant cela à Solzhenitsyn,
08:18 le déclin du courage où il décrit l'hédonisme et le consumérisme politique.
08:24 Alors, il y a en fait trois formes de courage.
08:31 Il y a le courage d'abord de voir.
08:36 C'est le plus difficile, la lucidité, cette blessure la plus proche du soleil.
08:41 Le courage de voir ce que l'on voit, le courage de voir qu'un pays s'abîme.
08:48 Le pouvoir de voir le changement de peuplement, l'éclipse de l'intelligence.
08:55 Le pouvoir de voir que le système occidental va vers son état ultime d'épuisement spirituel.
09:03 Ensuite, il y a le courage de dire, encore plus difficile.
09:08 Le courage de dire, ça veut dire accepter le contre-temps,
09:13 accepter d'oser braver les lieux communs et d'appliquer la recommandation de Richelieu.
09:23 Il faut gagner la rive comme les rameurs en lui tournant le dos.
09:28 Et enfin, le courage de faire, c'est-à-dire de se laisser habiter par le sous-sit exclusif du bien commun,
09:37 quitte à accepter, à devoir accepter le statut de paria.
09:44 C'est le courage d'aller plutôt sur les cimes que dans la vallée.
09:50 Dans la vallée, on récolte, sur les cimes, on prend l'air frais et parfois piquant.
09:56 Je pense souvent, et vous me faites penser à une pièce extraordinaire de Monterlant,
10:04 le maître de Santiago, qui réunit les chevaliers de Saint-Jacques.
10:11 Et devant eux, il oppose la pureté du conducteur de peuple en altitude
10:17 à la fortune de ceux qui cherchent, en ramassant le pouvoir, à ramasser le succès de l'instant.
10:24 Et il leur dit ceci, chevaliers de terre, hommes de terre,
10:30 nous savons tous que, au fond, à la fin, les valeurs nobles sont toujours vaincues.
10:42 L'histoire n'est que le récit de leur défaite renouvelée,
10:45 mais il ne faut pas que ce soit ceux qui ont pour mission de les défendre qui les minent.
10:51 Si nous ne sommes pas les meilleurs, nous n'avons plus à exister.
10:58 Nous n'avons plus de raison d'être.
11:03 Autre sujet, Philippe de Villiers.
11:04 On va parler de la manifestation du 1er mai, la fête du travail.
11:07 Cette année, ça a fait pchit, cette mobilisation,
11:10 puisqu'il y avait dans toute la France 121 000 personnes selon les forces de l'ordre,
11:16 bien moins que l'année précédente.
11:19 Parmi ces manifestants, il y avait aussi des hommes politiques,
11:22 un peu partout en France,
11:24 dont un candidat aux européennes,
11:26 M. Glucksmann, qui a été insulté, bousculé à Saint-Etienne,
11:31 il a même jeté de la peinture et il a dû s'exfiltrer de cette manifestation.
11:36 Regardez.
11:38 [Cris de la foule]
12:03 Geoffroy Lejeune.
12:04 La question est très simple, qu'est-ce que ça dit de la classe politique,
12:08 de la vie politique française, de la gauche aussi,
12:10 ces images d'une tête de liste socialiste, malgré tout,
12:13 qui se fait exfiltrer dans un cortège ?
12:16 - Il y a la révolution française, la révolution russe,
12:25 la révolution de Khomeini, à chaque fois c'est le même processus,
12:29 il y a toujours plus à gauche pour liquider la gauche.
12:33 Et vous commencez comme révolutionnaire et vous faites liquider,
12:38 c'est-à-dire que vous êtes girondin et vous terminez votre vie sur l'échafaud
12:44 parce que les montagnards sont plus à gauche que vous.
12:47 Donc là, Glucksmann, il a rencontré en tant que girodin des montagnards qui l'ont viré.
12:53 Il me fait penser à un révolutionnaire qui était un grand député de la Gironde,
12:58 qui était un orateur brillant pendant la révolution, qui s'appelait Verniau.
13:03 Et Verniau, il monte à la tribune et il dit "quel dommage, citoyens,
13:10 quel dommage que vous ayez choisi de consommer la révolution par la terreur,
13:17 j'aurais tellement voulu qu'on la consomma par l'amour".
13:21 C'est Glucksmann, vous voyez.
13:23 C'est un jeune homme aventurier, il a eu des aventures,
13:28 il était en girurgie, il a été le conseiller du président de la girurgie
13:32 qui est passé en Ukraine, etc.
13:33 C'est quelqu'un qui voyage, vous voyez.
13:36 Il voyage dans les idées, il voyage avec ces idées qui ne sont pas toujours les mêmes.
13:40 Et il me rappelle son père, sauf que son père était à la fin de sa vie devenu un ami.
13:50 – Et on voit les photos d'ailleurs de Glucksmann père.
13:54 – André Glucksmann.
13:55 – Au Puy du Fou.
13:56 – Oui, alors André Glucksmann en fait, c'était un repenti.
14:03 Il est venu au Puy du Fou avec Yves Montand, Bernard Kouchner, Christina Ockrent,
14:10 et Montand qui aimait beaucoup le Puy du Fou d'ailleurs.
14:14 C'est avec eux qu'on a fait une émission qui s'appelait "Vive la crise".
14:16 Et André Glucksmann était fasciné par le Puy du Fou
14:20 et accessoirement par ma petite personne, par le jeune homme que j'étais,
14:24 parce qu'il disait "c'est toi la voie à venir".
14:28 J'espère que son fils nous écoute, il va être sidéré.
14:31 "C'est toi la voie à venir", pourquoi c'est moi la voie ?
14:33 Parce que toi, tu as compris deux choses.
14:36 Tu as compris le capitalisme sans capital, c'est ce que tu as fait,
14:41 et tu as compris la miniaturisation "small is beautiful", ce que font les Américains.
14:46 C'est-à-dire la combinaison contradictoire de l'infiniment petit, de l'infiniment puissant.
14:50 Et donc en fait, j'étais porté par la gauche caviar,
14:53 et à un moment donné, je vais vous faire une confidence, Eliott.
14:56 - Dites-nous tout.
14:57 - Je me suis demandé si j'étais pas de gauche.
15:00 - Vous le demandez encore, bien sûr.
15:02 - C'est drôle parce que je ne connaissais pas cette histoire,
15:04 pourtant souvent je les ai déjà lues, vos histoires.
15:06 Et en fait, ce sont exactement les qualités que Michel Onfray trouve au Puy du Fou.
15:11 - Voilà. - Il a le même regard.
15:12 Voilà. Voilà.
15:14 - Vous savez quoi faire désormais ?
15:16 Demander à Raphaël Glucksmann de venir au Puy du Fou.
15:19 Raphaël Glucksmann qui a ciblé certains militants d'extrême gauche
15:23 et qui a pu dire que c'était une expulsion de cette manifestation,
15:28 en partie orchestrée par la France insoumise.
15:32 Et Jean-Luc Mélenchon lui a répondu.
15:34 Regardez cette séquence.
15:36 - Alors franchement, je ne les connais pas personnellement,
15:38 donc c'est compliqué, on va voir qui c'est.
15:39 Mais ce qui est sûr, c'est qu'il y avait des drapeaux de partis politiques.
15:41 Il y avait des drapeaux de révolution permanente et de la France insoumise.
15:44 Donc voilà, c'est leur conception du débat démocratique, c'est pas la nôtre.
15:51 - Pour m'éviter qu'on me pose 200 fois la question,
15:55 je ne suis pas d'accord avec l'expulsion qui a été organisée
15:59 par le groupe qui la revendique, la jeunesse communiste,
16:03 de M. Glucksmann à Saint-Étienne.
16:06 Mais je note qu'il aurait dû réfléchir avant de parler
16:10 et d'accuser la France insoumise,
16:12 qui est le confort que ces gens se donnent à toute circonstance.
16:17 - Geoffroy Lejeune.
16:18 - Alors, comme on vient de découvrir que vous êtes un homme de gauche,
16:20 puisque c'est ce que vous nous avez dit juste avant,
16:23 est-ce que vous reconnaissez la gauche, que vous avez connu toute votre vie ?
16:26 Est-ce que la gauche, c'était mieux avant ?
16:28 - Ah oui. D'abord, je voudrais dire que là, quand on voit Mélenchon
16:34 qui harangue la foule sur le thème "J'y suis pour rien, mais non, c'est pas nous", etc.
16:39 Il me fait penser à Robespierre qui regarde passer la charrette avec Danton.
16:44 Et Danton lui dit "T'inquiète pas, bonhomme, ça sera ton tour".
16:48 Voilà. Et donc, souhaitons que le tour de Mélenchon soit prochain
16:55 pour le bien commun de la France.
16:58 Alors, votre question sur la gauche, je ne suis pas nostalgique.
17:04 Et je dirais que nous vivons le chant du signe de la gauche historique,
17:11 de la gauche à l'ancienne.
17:15 Et je voudrais dire pourquoi.
17:18 Elle était populaire et elle était messianique.
17:24 Elle avait une base idéologique, elle avait une base sociologique.
17:30 Elle a perdu les deux. Elle avait une base idéologique.
17:36 Elle s'abreuvait à deux mythes, le grand soir
17:41 et l'appropriation collective des moyens de production.
17:46 Je me souviens très bien avoir parlé de ça avec François Omitterand,
17:49 qui disait "Non, non, on parle plus de ça".
17:51 C'est en 80 le programme d'Omitterand,
17:53 l'appropriation collective des moyens de production.
17:55 Or, qu'est-ce qui s'est passé ? Les deux mythes se sont effondrés.
17:59 Le premier s'est fracassé contre le mur de Berlin.
18:01 Il n'y a plus de grand soir, il n'y a plus d'espoir,
18:04 il n'y a plus les lendemains qui chantent.
18:06 Il faut trouver autre chose.
18:08 Et l'appropriation collective des moyens de production,
18:10 elle a été balayée par la mondialisation libérale
18:14 à laquelle Omitterand s'est mis à croire sous l'impulsion de Delors.
18:19 Donc la base idéologique s'est évaporée, s'est effritée, s'est évanouie.
18:28 Quant à la base sociologique, en fait la gauche,
18:32 elle a trahi deux promesses.
18:35 Qu'étaient les promesses de la gauche ?
18:37 La promesse du social et la promesse de la laïcité.
18:42 La promesse du social, elle a trahi les ouvriers.
18:48 En 1983, c'est Omitterand qui, sous l'impulsion de Cansu,
18:53 Delors et les démocrates chrétiens, ouvre le marché,
19:00 se plie aux marques et fait rentrer les capitaux.
19:06 Il croit à la mondialisation heureuse, sous l'impulsion de Manck et tout ça.
19:10 Et à ce moment-là, qu'est-ce qui se passe ?
19:12 Il ne croit plus à l'industrie.
19:13 C'est la désindustrialisation qui commence, les délocalisations.
19:17 Et il met le cap sur les nouvelles clientèles.
19:22 Les minorités et les cols blancs, c'est-à-dire les services.
19:26 Tout le monde ne croit plus qu'aux services.
19:28 Donc on passe du bleu de travail aux cols blancs.
19:31 Et donc, c'est là qu'arrive la gauche caviar,
19:35 pour recueillir ce nouvel électoral et cols blancs.
19:39 Et la deuxième promesse, c'est la laïcité.
19:43 Alors là, c'est encore plus flagrant, avec l'islamisation progressive,
19:48 avec l'immigration invasive, avec aussi l'écologie
19:51 de la décroissance qui tourne la société plutôt vers la consommation
19:57 et l'importation que vers la production et le travail et les travailleurs.
20:01 Et pour finir, la fabrique de l'inde de sable avec l'AGPA.
20:06 Parce que quand on est de gauche et qu'on est pour l'AGPA,
20:09 on est pour la marchandisation du corps humain.
20:13 Alors là, c'est le fin du fin.
20:15 C'est la fin de la gauche, la fin du progressisme.
20:18 En fait, le progressisme aura fini dans l'hédonisme,
20:26 l'individualisme et le transhumanisme.
20:30 - Bon, Philippe de Villiers, vous avez parlé de la gauche caviar.
20:32 Vous savez que pendant le festival de Cannes, il y a une autre gauche.
20:35 Vous avez déjà participé au festival de Cannes ?
20:37 - Je suis allé au festival de Cannes, oui.
20:39 - Il y a la gauche croisette.
20:40 - J'avais vu ce jour-là un film extraordinaire qui s'appelait "Mission".
20:43 - Oui.
20:45 - Vous avez gardé des bons souvenirs alors de cette gauche croisette ?
20:50 - Légèrement.
20:51 - Jamais aimé porter le smoking.
20:54 - Parlons du travail.
20:56 On revient sur le 1er mai.
20:57 Pourquoi ? Parce qu'à Paris, malheureusement,
21:01 à cette manifestation, il y a eu son lot de violence.
21:04 Au moins 35 personnes ont été placées en garde à vue.
21:06 57 membres des forces de l'ordre ont été blessés.
21:10 Et puis il y a cette image, les Black Blocs qui ont dégradé du mobilier urbain.
21:13 Mais pas que. Nalwen, par exemple, restauratrice de Vitro,
21:16 a vu sa camionnette partir en fumée après le passage de ces éléments radicaux.
21:21 On lui a tendu le micro à Nalwen.
21:22 Écoutez, c'est quelques minutes après la découverte de cette camionnette,
21:27 de sa camionnette brûlée.
21:30 - J'étais en train de travailler dans mon atelier juste à côté.
21:32 Et puis là, il y a eu trop, trop de monde, CRS.
21:35 Et c'était le début de la manif.
21:37 Et là, il y a eu pas mal de casse, beaucoup de pétards.
21:41 Et j'ai fait mince le camion et il y a eu les flammes.
21:44 Et c'est parti trop vite.
21:45 On a voulu essayer d'éteindre avec des sodeaux,
21:47 mais les CRS nous ont dit non, non, on n'y allait pas.
21:49 Et après, on a vu le camion cramé.
21:52 Bon, ça m'embête vraiment là, parce que je devais travailler demain avec,
21:56 livrer des clients. Je vais retarder la livraison.
22:01 Heureusement, les Vitro ne sont pas dedans.
22:03 Il y a un peu de matériel dedans, mais on va voir ce qu'il y a.
22:05 J'ai appelé l'assurance, on va voir comment ça se passe.
22:07 Ce qui m'embête, c'est que pourquoi les camions des personnes qui travaillent ?
22:12 C'est un peu dommage.
22:15 Je ne suis pas une grosse enseigne.
22:17 Je n'avais pas besoin de ça.
22:18 Même les grosses enseignes, c'est idiot ce que je dis,
22:20 mais je n'avais vraiment pas besoin de ça.
22:23 – Geoffroy Lejeune.
22:24 – La pauvre, on a l'impression qu'elle vit dans sa chair
22:28 ce que vous venez de raconter sur la manière
22:29 dont la gauche a abandonné les travailleurs.
22:32 En fait, elle a changé, elle a trahi cette promesse.
22:34 Est-ce que le travail a encore un sens dans notre société ?
22:36 – Oui, à condition qu'on lui donne un sens
22:42 et que le capital et le travail marchent ensemble,
22:45 alors que la mondialisation les a dissociés.
22:48 Et c'est très grave.
22:49 Le travail prime le capital.
22:52 En fait, votre question me fait penser à un dialogue
22:57 auquel j'ai assisté entre Raymond Barre et François Michelin.
23:03 Il y a Raymond Barre, qu'il y a François Michelin.
23:06 Ça part de manière anodine, vous allez voir.
23:10 Vous comprenez, monsieur Michelin,
23:12 les jeunes aujourd'hui, ils n'ont plus le goût du travail.
23:16 Et Michelin lui dit, pourquoi vous dites ça ?
23:20 Il dit, parce qu'ils ne font plus d'efforts,
23:23 ils ne font plus de sacrifices,
23:24 ils ne respectent plus les horaires, la discipline,
23:26 ils n'acceptent plus la sœur au front, voilà.
23:31 Et Michelin dit, mais c'est quoi votre définition du travail,
23:36 monsieur le Premier ministre ?
23:38 Ben c'est ça, c'est justement ça,
23:41 c'est la sœur au front, c'est faire des efforts.
23:43 Non, monsieur le Premier ministre,
23:46 le travail, c'est pas ça, c'est pas faire des efforts,
23:49 c'est faire une œuvre.
23:51 Faire des efforts, c'est un moyen.
23:54 La discipline, les sacrifices, les horaires, se lever tôt,
23:58 la sœur au front, c'est des moyens.
24:01 Une société se perd lorsqu'elle substitue les moyens au fin.
24:05 La fin, c'est l'œuvre.
24:08 Dites-moi quelle œuvre vous leur donnez aux jeunes,
24:11 et vous verrez qu'ils se passionneront pour leur travail.
24:15 La publicité, on revient dans un instant.
24:17 On parlera du président de la République
24:19 qui a persisté et signé dans la possibilité
24:22 d'envoyer des troupes occidentales en Ukraine.
24:24 On parlera également de cette dissuasion nucléaire française
24:27 qui pourrait être européenne demain.
24:29 Sujet absolument sous-traité,
24:31 mais qui vous intéresse, Philippe Devilliers.
24:33 À tout de suite pour la suite de Face à Philippe Devilliers.
24:35 Un peu plus de 19h30 sur CNews,
24:42 on poursuit Face à Philippe Devilliers.
24:44 Cher Philippe, parlons d'un nouveau drame,
24:46 et le meurtre de Matisse, 16 ans,
24:49 tué de plusieurs coups de couteau à Châteauroux.
24:51 Son bourreau est un Afghan de 15 ans,
24:53 déjà connu de la police et de la justice.
24:55 Le père de Matisse a pris la parole.
24:57 Une marche blanche solidaire d'ailleurs
24:58 sera organisée ce samedi.
25:01 Je vous propose d'écouter le papa de Matisse.
25:04 Matou était très aimé à Châteauroux,
25:10 de par le fait que nous on est connu
25:13 et de par le fait que c'était un petit garçon très sociable
25:16 qui avait plein d'amis.
25:17 Matou, du côté de sa maman,
25:20 il a du sang algérien, il a du sang italien.
25:23 Savoir que Matou,
25:26 il joue au foot depuis des années à l'Etoile à Châteauroux,
25:30 qui est un club de cité
25:34 où il y a une tonne d'enfants issus de l'immigration.
25:39 Je ne veux pas que ça monte au créneau
25:41 parce que l'agresseur,
25:46 c'était un Afghan,
25:49 comme on l'entend depuis deux jours.
25:52 Oui, je veux que la justice soit faite
25:57 parce que c'est surtout pour moi le meurtrier de mon fils.
26:02 Il me paraît logique qu'il y ait justice.
26:05 Et pour lui et pour sa mère,
26:09 on se rend compte vraiment que la violence, elle est partout.
26:12 Il faut être vigilant
26:17 et puis il faut que les parents...
26:20 Ce n'est pas du tout à la mode ce que je dis,
26:23 ça va faire très vieux con,
26:24 mais il faut pister les gamins.
26:26 Je suis désolé.
26:27 Il faut savoir où ils sont,
26:31 à quel moment ils y sont.
26:33 - Chauffroy Lejeune, vous avez une question pour Philippe Deville.
26:36 - Malheureusement, on en commente beaucoup des drames comme celui-là.
26:39 Et pourtant, à chaque fois, c'est ce que vous faites dans cette émission.
26:42 Philippe, vous réussissez à trouver le sens
26:44 qu'il y a derrière chaque drame.
26:45 A votre avis, cette fois-ci, de quoi s'agit-il ?
26:49 - Là, nous sommes devant un déni.
26:54 Alors, bien sûr, on écoute le papa et...
26:58 Quand on est père de famille,
27:00 on ne peut pas ne pas pleurer avec les parents, avec la famille.
27:05 Père d'un enfant, c'est une amputation, c'est une mutilation.
27:09 C'est comme un bras.
27:10 On sent qu'il est toujours là,
27:13 alors qu'on l'a perdu.
27:16 Mais le devoir de ceux qui réfléchissent
27:22 et qui sont en charge du bien commun,
27:26 c'est de faire la bonne analyse
27:30 pour ne pas ajouter au malheur du monde.
27:33 C'est-à-dire de prononcer les mots.
27:36 Et je vais vous dire quelque chose qui peut paraître
27:41 un peu brutal,
27:44 mais qui est la vérité.
27:48 Ce jeune homme afghan, l'assassin de Matisse,
27:53 n'aurait jamais dû être en liberté
27:56 et il n'aurait jamais dû être en France.
28:00 Et donc, en fait, Matisse est mort du laxisme migratoire
28:06 en amont et du laxisme judiciaire en aval.
28:12 Quand je dis qu'il n'aurait jamais dû être en liberté,
28:19 il était sous contrôle judiciaire,
28:22 alors qu'il aurait dû être en prison
28:25 pour des faits qui datent du dimanche d'avant.
28:30 Et si on avait résolu le problème de l'excuse de minorité,
28:39 le problème ne se poserait pas.
28:41 Il devrait être en prison.
28:42 Il serait en prison.
28:43 Si on avait des peines courtes, mais fermes,
28:46 et non pas ce que M. Dupond-Moretti appelle
28:49 les peines alternatives, il sera en prison.
28:53 Si en 2021, M. Dupond-Moretti n'avait pas
29:00 imposé son idéologie,
29:02 c'est-à-dire l'éducation plutôt que la sanction,
29:04 il sera en prison.
29:08 Ce qu'on peut reprocher aujourd'hui à l'idéologie judiciaire,
29:13 comme le fait très bien Mme Brugère,
29:16 qui était chez Sonia Mabrouk cette semaine,
29:19 dans un entretien qui était brillantissime,
29:22 ce qu'on peut reprocher à la nomenclature des juges,
29:26 c'est en fait de ne pas protéger la société.
29:32 Cette idée a disparu.
29:36 Quant au laxisme migratoire,
29:40 je voudrais vous dire quelque chose
29:41 que je n'ai jamais dit ici,
29:45 et que je crois profondément.
29:48 Moi, je suis, et ça m'a sauvé,
29:51 et ça m'a porté, et ça me porte vers vous,
29:55 je suis un enraciné,
29:57 à un point que vous n'imaginez pas.
30:00 Je respire ma terre.
30:04 Je respire le chant des oiseaux dont j'ai besoin pour vivre.
30:10 Je sais ce que c'est que les racines.
30:13 Le laxisme migratoire, à ce site particulier,
30:17 il est souhaité par les élites.
30:19 Les élites sont mondialistes.
30:21 Elles croient à l'individu substituable,
30:23 remplaçable, au matricule.
30:27 Mais c'est une folie.
30:29 Les migrations, elles portent le déracinement
30:31 comme la nuée porte l'orage.
30:35 Être déraciné, c'est une mutilation.
30:38 Se réenraciner, c'est une greffe.
30:40 Réussir la mutilation, cotériser la plaie,
30:44 et réussir ensuite la greffe, c'est très difficile.
30:49 Ce sont des cas rares,
30:51 et toujours des personnes au sens individuel du terme.
30:56 Pourquoi ?
30:56 Parce que l'immigration, elle déracine,
31:05 et ce faisant, elle arrache l'individu déraciné
31:10 aux attachements vitaux.
31:14 Pour le père, la mère, c'est un rêve brisé.
31:20 Pour l'enfant, c'est un cauchemar.
31:25 L'enfant déraciné court après sa mémoire perdue,
31:34 et il en veut à la terre entière
31:37 d'avoir perdu la sienne de terre.
31:43 Un jour, il y avait un bûcheron,
31:45 un de mes voisins, à la Macarrière,
31:47 mon cher Frére Baston s'en souvient,
31:50 qui me disait, tu sais mon petit gars,
31:53 on ne coupe pas les arbres n'importe comment.
31:56 On ne coupe pas un arbre à sève montante,
32:01 sinon il pourrit.
32:05 Et Jacques-Elias disait,
32:09 grand poète breton,
32:10 pour être de son temps, il faut être de quelque part,
32:13 sinon on est de nulle part.
32:16 Et donc ce qu'on fabrique en ce moment en France,
32:19 ce sont des gens de nulle part.
32:22 Et on s'étonne que ces gens de nulle part
32:24 expriment leur désarroi, leur détresse,
32:28 leur colère à travers la violence.
32:33 L'immigration est un crime,
32:36 le crime du déracinement.
32:39 - Philippe Devilliers, parlons de
32:42 politique internationale à présent,
32:45 et de la dissuasion nucléaire,
32:46 la dissuasion nucléaire française.
32:48 Pourquoi je vous dis ça ?
32:49 C'est un sujet qui a été complètement sous-traité
32:51 ces dernières semaines,
32:52 et pourtant qui pourrait changer la phase
32:54 de notre défense militaire française.
32:56 Emmanuel Macron envisage d'ouvrir le débat
32:58 sur la dissuasion nucléaire.
33:00 La France dispose de l'arme atomique,
33:01 mais le chef de l'État pourrait repenser
33:03 cette dissuasion à l'échelle européenne.
33:04 Voilà ce qu'il a dit le week-end dernier.
33:08 Je suis pour ouvrir ce débat,
33:09 qui doit donc inclure la défense antimissiles,
33:11 les tirs d'armes de longue portée,
33:14 l'arme nucléaire pour ceux qui l'ont,
33:16 ou qui disposent sur leur sol
33:18 de l'arme nucléaire américaine.
33:20 Mettons tout sur la table et regardons
33:22 ce qui nous protège véritablement,
33:24 de manière crédible.
33:26 Philippe de Villiers, sommes-nous en train d'avancer
33:29 vers la fin de la souveraineté française
33:31 en matière d'armes nucléaires ?
33:34 Vous savez, l'arme nucléaire,
33:36 comme dit mon ami Dominique Souchet, l'ambassadeur,
33:39 c'est une arme rustique.
33:42 Si vous me passez la métaphore,
33:45 si vous, Éliott,
33:49 vous faites un pas de plus dans mon jardin,
33:51 je rase votre maison, je vous vitrifie.
33:54 C'est ça, la dissuasion.
33:56 C'est la dissuasion du faible au fort,
33:57 c'est une doctrine de vulnérabilité mutuelle,
34:01 les représailles massives,
34:03 c'est-à-dire que vous avez la première frappe,
34:06 j'ai la seconde frappe, donc vous hésitez.
34:11 C'est ce qu'on appelle une arme rustique.
34:13 Elle est vieille comme le monde,
34:15 sauf que là, ça cogne un peu plus fort.
34:21 Ensuite, c'est une arme qui est liée ontologiquement à la souveraineté.
34:26 De Gaulle l'a dit,
34:27 la défense est la première raison d'être de l'État.
34:33 S'il y manque, il se détruit.
34:41 Ensuite, l'arme nucléaire,
34:46 elle repose sur la crédibilité d'une personne.
34:54 Mitterrand disait un jour à Védrine, je crois,
34:58 la dissuasion c'est moi, il avait raison.
35:01 C'est-à-dire, c'est la personne qui dispose de l'arme,
35:03 qui peut appuyer sur le bouton,
35:06 qui est crédible ou pas crédible.
35:07 C'est important ce que je dis, vous allez voir la suite.
35:10 Mais déjà, vous comprenez.
35:13 Et donc, si le monsieur qui doit appuyer sur le bouton,
35:16 éventuellement se pavane et tombe dans une logorhée chronique,
35:27 l'incontinence verbale sur le thème,
35:29 vous allez voir ce que vous allez voir.
35:31 Plus personne ne le croit.
35:34 En d'autres termes, c'est Bruno Tartret qui disait récemment,
35:42 la dissuasion nucléaire, c'est Oscar Wilde qui dit,
35:44 la beauté, c'est dans le regard de l'autre.
35:47 La dissuasion, c'est dans le regard de l'autre.
35:49 Donc, si par exemple, l'adversaire a peur, c'est bon.
35:53 La dissuasion fonctionne parce que c'est une arme de non-emploi.
35:58 Et donc, ça veut dire l'incertitude.
36:00 Ça veut dire qu'en fait,
36:01 vous n'avez pas à donner les limites de vos intérêts vitaux,
36:05 puisqu'il s'agit de ça, de la protection des intérêts vitaux.
36:07 Les intérêts vitaux, il y a trois sortes d'intérêts vitaux.
36:09 Il y a un, l'exercice de la libre souveraineté,
36:12 deux, la protection d'une population et trois, l'intégrité du territoire.
36:18 Et donc, la formule de la mutualisation de l'arme nucléaire,
36:24 c'est une formule qui manque à la souveraineté,
36:28 parce qu'il n'y a pas de souveraineté européenne,
36:29 il n'y a pas de peuple européen.
36:30 Et c'est une formule qui manque à la doctrine d'emploi,
36:35 puisqu'on passe de l'incertitude au verbe et à la formule publique,
36:48 à la formule qui en fait dévalorise complètement le secret de la bombe atomique.
36:56 Et tout militaire vous dira, le nucléaire, c'est quelque chose dont on ne parle jamais.
37:05 - Philippe Devilliers, je le dis aux téléspectateurs.
37:07 - Mais attendez, je n'ai pas fini.
37:09 Je voulais simplement ajouter quelque chose.
37:10 - Oui, allez-y.
37:11 - C'est qu'en fait, pourquoi il a fait ça ?
37:14 Il a fait ça parce que c'est dans le cadre d'un projet fédéraliste
37:19 qu'il veut mettre en œuvre et il se sert de l'atome
37:22 comme on s'est servi de l'euro à une époque.
37:24 Vous savez ce que les Américains appellent le "spiel over effect", l'engrenage.
37:31 Et donc en fait, pour faire avancer l'Europe, selon le vieux processus de Delors,
37:36 on ouvre une crise et on s'engouffre.
37:39 Et donc, en réalité, avec le partage, la mutualisation du nucléaire,
37:46 il veut créer l'Europe souveraine parce qu'il ne veut plus de la souveraineté nationale.
37:52 Et là, je pèse mes mots, on est limite forfaiture.
37:57 - Philippe Devilliers, pour terminer cette émission,
38:00 on va repartir 70 ans en arrière.
38:02 On a commencé en parlant des militaires avec vous, cher Geoffroy Lejeune,
38:06 et on va terminer en parlant des militaires français,
38:08 souvent oubliés avec vous, Philippe Devilliers, en pleine guerre d'Indochine,
38:12 cet affrontement qui oppose les troupes de l'Union française aux forces militaires du Vietmine.
38:16 Replongeons-nous dans l'enfer de la cuvette de Dien Bien Phu avec vous, Philippe Devilliers.
38:23 - D'abord, je voudrais dire que mardi dernier, à Aubagne,
38:27 dans un hommage magnifique, la Légion étrangère a commémoré une page d'héroïsme,
38:34 Cameroun, 1863, où vous étiez, Geoffroy.
38:41 Vous avez donc assisté à une cérémonie très émouvante.
38:47 On apporte sur un coussin la main de bois du capitaine Donjou,
38:52 qui s'est illustré lors de cette bataille.
38:57 Ce coussin a été porté par un ancien combattant de l'Indochine.
39:03 - Prisonnier, oui.
39:05 - Et qui va sur ses 100 ans.
39:08 - La musique que je voudrais vous faire entendre et que vous entendez, grâce à Ben,
39:23 n'est pas n'importe quelle musique.
39:26 C'est un chef-d'œuvre de Georges Delruy, qui porte bien son nom,
39:30 "L'adieu à la France", le concerto de l'adieu.
39:37 En fait, c'est l'adieu de la France à l'Indochine.
39:40 C'est une bataille qui est la dernière.
39:46 C'est la fin d'une épopée tragique et glorieuse.
39:54 Je revois quelqu'un que j'ai bien connu et qui s'appelait le général Bizarre.
40:02 Gorge serrée, visage douloureux, qui me raconte,
40:06 on nous a envoyés là-bas, au Caspip,
40:10 comme les sentinelles avancées de l'Occident,
40:16 contre la montée du communisme.
40:21 Et puis un jour, Paris nous a lâchés.
40:25 12 000 hommes dans une cuvette, entourés de collines chéries.
40:33 12 000 hommes immolés, pris au piège.
40:35 7 000 d'entre eux ne sont jamais revenus,
40:40 disparus sans sépulture ni souvenir.
40:45 Ils sont restés là-bas.
40:49 Ils sont restés là-bas comme des insectes,
40:54 comme des mouches, avalées par l'eau des rizières,
41:02 dans les natures insolentes des vallées éblouissantes.
41:11 Écoutez cette musique.
41:15 Elle dit beaucoup plus que tous les mots qu'on peut prononcer,
41:20 parce que seul l'archer peut descendre dans les profondeurs
41:29 des âmes secrètes, blessées, inconsolables.
41:36 Ils sont partis là-bas, ils ne sont jamais revenus.
41:43 Et l'hommage aujourd'hui leur est rendu.
41:46 Hommage aussi aux sentinelles du soir, à Elie de Noix-de-Saint-Marc,
41:52 qui disait ceci, et c'est pour moi comme une devise,
41:57 si demain on doit ne plus comprendre qu'un homme
42:03 ait choisi de donner sa vie pour quelque chose de plus grand que lui,
42:09 alors ça en sera fini de tout un monde et peut-être même d'une civilisation.
42:16 Merci Philippe de Villiers.
42:19 On se retrouve évidemment la semaine prochaine.
42:21 Merci à vous Geoffroy Lejeune.
42:23 J'ai une petite pensée pour Max Méfray qui a chanté aussi Diane Bienfou.
42:27 Et c'est une très belle chanson.
42:29 Il dit "Aujourd'hui tout le monde s'en fout, mais nous nous sommes fiers de vous".
42:32 La France est le seul pays, je pense souvent à ça, où on fête les victoires.
42:40 Et quand on fête les victoires, on fête le pays tout entier.
42:43 Mais on commémore aussi les défaites,
42:46 parce que dans la défaite française, il y a le panache de Cyrano.
42:51 Et donc il arrive que la défaite soit plus belle que la victoire.
42:54 Parce que la victoire c'est celle des armes,
42:58 et la défaite c'est la grandeur des armes.
43:03 Et c'est la France.
43:07 Eh bien merci.
43:09 Eh bien merci et à la semaine prochaine pour évidemment une nouvelle émission avec vous deux.
43:14 C'est un plaisir d'être avec vous chaque vendredi soir.
43:17 Dans un instant c'est l'heure des pros.
43:19 Merci.
43:20 ...

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