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Élections européennes, visite officielle en France du Président chinois, montée de l'antisémitisme en France... Raphael Glucksmann, tête de liste PS-Place publique, est l'invité de Amandine Bégot.
Regardez L'invité de RTL avec Amandine Bégot du 07 mai 2024

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Transcription
00:00 *Générique*
00:04 RTL 7h42, excellente journée à vous tous qui nous écoutez.
00:06 Amandine Bégaud, vous recevez donc ce matin Raphaël Glucksmann,
00:09 tête de liste PS Place Publique aux élections européennes du 9 juin prochain.
00:12 Raphaël Glucksmann, vous êtes désormais crédité de 14% d'intention de vote
00:16 dans notre tout dernier sondage Toulouna Harris Interactive publié ce matin.
00:21 C'est un point de plus que la semaine dernière et c'est surtout un point de moins seulement
00:25 que la liste Renaissance emmenée par Valérie Hayek, qui est donc à 15%.
00:29 Jamais l'écart entre vos deux listes n'a été aussi faible dans notre sondage.
00:33 C'est quoi la prochaine étape ? Passer devant ? C'est ça l'objectif d'ailleurs ?
00:36 - Alors, je suis la pire personne pour parler de projection dans les sondages
00:40 parce que je me plante à chaque fois.
00:42 - Mais vous les regardez !
00:43 - Bien sûr, ce serait mentir.
00:44 Les politiques qui vous disent qu'ils ne regardent pas les sondages sont des hypocrites.
00:47 Mais je les regarde, mais je suis incapable de faire la moindre prédiction.
00:49 Par contre, ce que je vois, ce que je sais, c'est qu'il y a un espoir qui est en train de naître,
00:54 une espérance, qu'il y a beaucoup, beaucoup, beaucoup de gens qui viennent dans nos réunions publiques
00:57 et qui nous disent qu'enfin, ils ont l'impression de respirer,
00:59 qu'ils ont l'impression de retrouver la gauche humaniste, pro-européenne,
01:03 celle de Jacques Delors, celle de Robert Badinter,
01:06 qu'ils ont l'impression aussi de bouleverser un échiquier politique qui semblait figé et suffocant.
01:12 Et c'est ça, moi, qui me fait plaisir.
01:14 Et d'autant plus qu'en fait, on fait une campagne un peu bizarre en France.
01:17 C'est qu'on fait une campagne en répondant à la question posée par une élection.
01:20 C'est-à-dire que moi, au début de la campagne, on m'a dit, vous savez, ne parlez pas d'Europe.
01:24 L'Europe, ça ennuie tout le monde.
01:25 Eh bien, je parle d'Europe partout, de ce que l'Europe peut devenir, de ce que l'Europe doit devenir,
01:28 de ce qu'elle peut faire pour les citoyens et les citoyens français.
01:31 Et ça passionne.
01:32 Et c'est important parce que dans un pays où on refait toujours une présidentielle,
01:35 moi, je pense que la démocratie, ça suppose de répondre à la question posée par une élection.
01:39 - Vous n'êtes pas fixé un objectif ?
01:41 Mieux que la dernière fois, c'était 6,9%.
01:43 - J'avoue que je serais très déçu de ne pas remplir cet objectif en toute sincérité.
01:47 Mais non, mon objectif, c'est de faire la campagne la plus enthousiaste possible,
01:52 qu'il y ait à nouveau une sorte de flamme démocratique.
01:56 Vous savez, on est dans un moment où la démocratie est extrêmement fragile,
01:58 où le débat public est brutalisé en permanence,
02:01 où on a recours à la violence, à la calomnie, aux fake news.
02:04 Eh bien, moi, je veux faire une campagne centrée sur des propositions qui sont enthousiastes.
02:07 Je veux qu'on montre aux Français que la France est plus puissante qu'ils ne le pensent souvent,
02:12 que l'Europe n'est pas condamnée à la faiblesse
02:15 et qu'en fait, on est à un moment décis de notre histoire où on peut s'affirmer,
02:18 on peut créer une puissance européenne, une puissance écologique européenne,
02:21 une puissance industrielle européenne, une puissance démocratique européenne
02:24 et que finalement, on n'est pas condamné à assister à un match entre les États-Unis et la Chine
02:28 pour décider de l'avenir du monde.
02:29 - La Chine, venons-y justement.
02:32 L'Europe a été au cœur des discussions pour le coup hier à l'Elysée
02:34 avec le premier jour de cette visite du président chinois.
02:36 Paris donc hier, les Hauts-de-Pyrénées aujourd'hui.
02:39 Dans une tribune publiée hier dans le journal Le Monde,
02:41 vous accusez Emmanuel Macron de dérouler le tapis rouge à un tyran.
02:44 Ça veut dire quoi ? Qu'on ne doit pas recevoir le président chinois en France ?
02:47 - On peut tout à fait recevoir le président chinois en France,
02:49 mais on ne le traite pas en ami.
02:51 On ne traite pas en ami le président qui est le principal soutien
02:56 de la guerre de Vladimir Poutine qui menace l'ensemble du continent européen.
02:59 Le président qui scelle un traité d'amitié sans limite
03:02 avec le dictateur russe qui menace notre société.
03:03 - Sauf que c'est lui qui discute encore avec Vladimir Poutine
03:06 et Emmanuel Macron se dit pourquoi pas essayer si ça peut être un lien ?
03:09 - On établit un rapport de force avec lui,
03:11 mais on ne l'amène pas dans le village de la grand-mère dans les Pyrénées.
03:15 On ne donne pas une tonalité amicale à cette visite.
03:19 Ce n'est pas notre ami.
03:20 L'homme qui déporte les Ouïgours, qui réprime les Hongkongais,
03:23 qui réprime les Tibétains n'est pas notre ami.
03:25 - Ce n'est pas un moyen d'obtenir quelque chose quand hier,
03:28 Emmanuel Macron dit qu'il obtient une trêve olympique par exemple.
03:31 - Mais Emmanuel Macron a tenté cette diplomatie narcissique de "je flatte le tyran"
03:36 avec Vladimir Poutine pendant cinq ans, le fort de Brégançon, souvenez-vous,
03:39 le musée de l'Hermitage, l'étu, l'étoile, l'amitié, la camaraderie,
03:43 la célébration de la poésie et tout cela s'est conclu par quoi ?
03:47 Par l'invasion de l'Ukraine et les menaces de plus en plus fortes sur nos démocraties,
03:51 les ingérences dans nos démocraties.
03:52 Moi, j'ai présidé la commission spéciale du Parlement européen sur les ingérences.
03:56 Et je peux vous dire que Xi Jinping, l'homme qu'on reçoit en amie,
03:58 c'est un homme qui a orchestré la déstabilisation de nos démocraties pendant la pandémie.
04:03 C'est un homme qui essaye d'acheter des dirigeants français
04:07 pour promouvoir les intérêts chinois.
04:08 C'est un homme qui orchestre des attaques de hackers,
04:11 le groupe APT31 qui menace, qui attaque directement nos industries stratégiques.
04:15 Et c'est l'homme surtout, pour les Français.
04:17 C'est l'homme qui a comme stratégie de ratiboiser notre production.
04:21 Moi, j'étais encore avec les dirigeants d'une entreprise florissante.
04:23 - Attendez, ratiboiser notre production, OK, mais on a besoin de la Chine.
04:27 Aujourd'hui, on est ultra dépendant que ce soit...
04:29 - La Chine a besoin de nous, nous sommes plus forts que nous le pensons.
04:32 Ça ne sert à rien de dérouler le tapis rouge.
04:34 La Chine a besoin du marché européen, qui est le premier marché mondial.
04:36 Donc, on doit se servir de ce marché comme d'un levier pour entrer en rapport de force.
04:40 Les dirigeants de... - Mais si demain la Chine nous dit
04:42 "je vous fournis plus de batteries électriques, par exemple, pour vos voitures", on est mal.
04:46 - C'est bien pour ça qu'il faut découpler nos économies, qu'il faut dérisquer nos économies.
04:49 - Mais tout ça, ça va prendre du temps.
04:50 - Mais oui, mais quand est-ce qu'on commence en fait ?
04:53 Il y a un moment où il faut assumer de redevenir producteur.
04:56 Aujourd'hui, on dépend de la Chine en tout, dans toutes les industries stratégiques.
05:00 Et on est incapable d'établir un rapport de force.
05:02 Vous savez, le dumping, le dumping chinois,
05:06 quand les Canadiens identifient du dumping qui menace leurs industries,
05:10 ils taxent les produits chinois à 235%.
05:12 Quand les Européens font la même chose et qu'ils identifient une menace,
05:16 on les taxe à 15%.
05:17 C'est-à-dire que les Chinois s'en moquent.
05:19 - Non mais sauf que ça veut dire que c'est le consommateur qui risque de payer au final.
05:22 Si on augmente les taxes des produits chinois,
05:23 les produits chinois, on n'a pas le choix pour les acheter pour la plupart.
05:25 - Nous ne trouvons pas à être que des consommateurs.
05:27 Nous n'avons pas le choix, pourquoi ?
05:28 Parce que nous avons laissé ratiboiser notre production.
05:29 Nous avions des champions en France et en Europe des panneaux photovoltaïques,
05:34 des panneaux solaires.
05:34 Une entreprise comme Sistovi était une entreprise florissante.
05:38 Moi j'ai rencontré les dirigeants et ils m'ont dit quoi ?
05:40 Ils ont dû mettre la clé sous la porte parce que les Chinois ont divisé leur prix par 4
05:43 de manière complètement artificielle pour tuer les productions françaises.
05:46 - Sauf que ce que vous proposez, c'est pour dans 10 ans, Raphaël Duxman.
05:49 - Aujourd'hui, on n'a pas le choix.
05:51 - Sistovi, c'était des employés qui travaillaient maintenant et on les a laissés crever.
05:55 - Mais aujourd'hui, 96% des panneaux photovoltaïques, ils nous viennent de Chine.
05:59 On n'a pas le choix.
06:00 - Et donc vous voulez ça ? Une vie de vassal ?
06:02 Mais non, moi ce que je veux pour l'Europe,
06:03 c'est qu'on redevienne un continent de producteurs, producteurs de sécurité.
06:06 On ne peut pas dépendre des États-Unis exclusivement pour savoir si nos capitales seront défendues.
06:10 On ne peut pas dépendre des pays du Golfe pour notre énergie.
06:14 Il faut faire la révolution énergétique.
06:16 On ne peut pas dépendre de la Chine dans toutes les industries stratégiques.
06:18 Ce qu'il faut faire, c'est reprendre en main notre destin.
06:20 Et donc, ça passera par des rapports de force.
06:23 Oui, des rapports de force et un protectionnisme écologique.
06:25 - Même si ça doit pénaliser, par exemple, les producteurs de cognac.
06:27 - Mais... - Par exemple.
06:29 - On doit produire des batteries électriques.
06:32 On doit produire des éoliennes.
06:34 On doit produire des panneaux solaires.
06:36 - Mais ça ne se fait pas en un claquement de doigts.
06:37 - Mais ça ne se fait pas en un claquement de doigts.
06:39 Mais ça commence par des protections commerciales.
06:41 Là, ce qu'on a fait depuis 20 ans, c'est "open bar".
06:44 C'est ouvrir nos frontières et laisser la Chine devenir le principal bénéficiaire de la globalisation,
06:49 qui était en fait simplement un grand déménagement du monde.
06:52 On a donné nos clés.
06:53 Il faut les reprendre et produire à nouveau chez nous.
06:57 Sinon, ce qui nous guette, c'est un destin de vassal.
07:00 Et moi, je ne veux pas ça pour l'Europe.
07:02 Je veux qu'on soit une puissance productrice de son propre destin,
07:05 qu'on soit capable de contrôler notre avenir, de prendre nos décisions.
07:08 Et ce n'est pas en déroulant le tapis rouge face à un tyran qui ratiboise nos productions
07:12 que nous y arriverons.
07:13 On négocie avec lui en rapport de force, en s'appuyant sur le marché européen
07:17 et sur, surtout, une volonté de puissance qui nous manque aujourd'hui en Europe.
07:21 - Autre dîner, Raphaël Pluiesman, qui avait lieu hier soir,
07:23 c'est celui du CRIF, avec ses chiffres donnés par le Premier ministre Gabriel Attal.
07:28 366 faits antisémites au premier trimestre, ça fait 4 par jour, plus 300% sur un an.
07:34 Vous avez dénoncé la semaine dernière les menaces nombreuses dont vous faisiez l'objet,
07:37 des menaces souvent, avez-vous dit, à caractère antisémite.
07:41 C'est nouveau, vous n'aviez pas reçu ce genre de menaces lors de la précédente campagne ?
07:44 - Non, c'est nouveau et c'est une libération de la parole et de la haine qui est extrêmement dangereuse.
07:49 Et ça s'inscrit dans un cadre général, ça cible particulièrement les Juifs depuis le 7 octobre,
07:54 mais ça s'inscrit dans un cadre général qui est celui de la brutalisation de la parole publique,
07:58 du débat public, de la libération des haines et des violences.
08:02 Et moi je vous le dis, il faut mettre un stop tout de suite à cela.
08:06 Il faut arrêter d'attiser le feu, il faut faire très très très attention,
08:11 puisque ce type de violence, ce type de stigmatisation,
08:15 ce type de comportement emporte les démocraties dans l'abîme.
08:19 - Le président du CRIF hier soir disait Jean-Luc Mélenchon
08:21 est un totalitaire en puissance et un danger pour la République.
08:24 C'est lui le grand responsable de tout ça ?
08:26 - Je ne pense pas qu'il y ait un grand responsable de tout ça,
08:29 mais vraiment, j'appelle tous les responsables politiques et Jean-Luc Mélenchon en particulier
08:34 à ne jamais jouer avec les flammes, parce que...
08:38 - Il joue avec les flammes là aujourd'hui ?
08:39 - Finalement, aujourd'hui, on est dans une station essence,
08:42 donc il ne faut plus craquer d'allumettes.
08:43 On se calme tous, on reprend nos responsabilités,
08:46 on revient à la raison et on met fin à la brutalisation du débat public.
08:51 Moi, je vous le dis, toute la campagne que j'ai conçue,
08:53 c'est un antidote à cette brutalisation.
08:56 C'est une mobilisation contre ce type de rapport à la chose publique et à la politique.
09:02 C'est finalement un vote contre le retour des haines,
09:05 le retour de la violence qui emporte les démocraties et qui les condamne.
09:10 On doit faire très attention, vous savez, la démocratie, c'est quelque chose de fragile.
09:13 On a toujours considéré que c'était un acquis.
09:16 On est né dedans, vous et moi, on est né dedans.
09:19 Et on a toujours pensé que ça pouvait être éternel, finalement, que c'était naturel.
09:23 Ça n'a rien de naturel, la démocratie, vous savez.
09:25 Il faut la cultiver, sinon elle s'érode.
09:27 Il faut se battre pour elle, sinon elle s'effondre.
09:28 - Un dernier mot, Raphaël Guzman, de ce qui se passe actuellement à Rafah sur le terrain.
09:32 Il y a d'un côté le Hamas qui dit accepter cette proposition de cesser le feu faite par l'Egypte et le Qatar.
09:37 Israël qui a mené des frappes sur Rafah 7/11, vous y croyez à cette trêve ?
09:40 - Il faut le cesser le feu.
09:42 Il faut mettre fin au carnage.
09:44 Il faut un cesser le feu permanent et la libération des otages.
09:48 L'attaque sur Rafah serait une catastrophe, une catastrophe humanitaire.
09:52 Et vraiment, vraiment, il faut tout faire pour mettre fin à ce carnage,
09:57 pour que l'aide puisse arriver à la population palestinienne de Gaza
10:01 et pour qu'enfin on puisse retrouver la voie de la paix.
10:03 Et la voie de la paix, ça passera par quoi ?
10:05 Par la reconnaissance d'un État palestinien et la sécurité des zones.
10:09 - Merci beaucoup. - Merci.
10:10 - L'Europe doit redevenir un continent de producteurs, vient de nous dire, à l'instant, même Raphaël Guzman.

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