• il y a 8 mois
Lors de la première session du Think & Do Tank du 02 avril 2024 « Plus de femmes dans les métiers de la transition écologique », nous avons eu le plaisir d'écouter Élodie Bernadi lors des rencontres aspirationnelles.

Category

🗞
News
Transcription
00:00 [Musique]
00:07 Nous allons commencer tout de suite notre séance de rôle modèle avec Élodie Bernardi
00:17 qui est directrice du développement durable de L'Oréal en France.
00:23 On peut l'applaudir.
00:24 [Applaudissements]
00:32 Bonjour Élodie.
00:33 Bonjour Émilie.
00:34 Alors ma première question, ça va être déjà, quel est votre poste ?
00:42 On se tutoie, on se connaît, on peut se...
00:46 Quel est ton poste Élodie ?
00:48 Donc effectivement moi je suis directrice du développement durable de la filiale France du groupe L'Oréal.
00:52 Donc ça veut dire que je m'occupe de faire en sorte de transformer notre modèle d'affaires, notre périmètre de filiale
00:59 et faire en sorte qu'il soit respectueux des limites planétaires.
01:02 Vaste question, vaste sujet, rien que ça.
01:06 Donc un métier à impact et je parlais de point de bascule, comment est-ce que toi tu es venue à ces métiers là,
01:12 à ce poste là finalement si on regarde un petit peu en arrière ?
01:16 Alors c'est marrant parce que c'est pas forcément un point de bascule, c'est une espèce d'enchaînement logique.
01:22 Donc moi je viens du business, j'ai fait une école de commerce, j'ai démarré en marketing chez Danone,
01:27 j'ai fait un passage chez Rémy Cointreau sur une marque de champagne et je suis arrivée chez L'Oréal il y a 14 ans.
01:33 Et j'ai un parcours marketing et business dans ce qu'on appelle chez L'Oréal la division des produits grand public
01:39 qui est tout ce qui est, tous les produits de beauté qui sont vendus en supermarché et en hypermarché.
01:43 Et en fait au gré de l'évolution de ma carrière, des changements de marques etc, mon dernier job business,
01:49 j'étais directrice générale de la marque Garnier pour la France et qui est une marque qu'on a totalement transformée
01:54 sur toute sa chaîne de valeur.
01:56 A l'époque effectivement il y avait le boom du bio, il y avait pas mal de pure players, de marques indépendantes
02:03 qui commençaient à sortir dans l'industrie cosmétique qui étaient très intègres dans la manière dont elles abordaient justement leurs impacts.
02:11 Et donc on a voulu retravailler complètement Garnier et donc j'ai bossé sur cette marque pendant 3 ans et demi
02:16 et j'ai été complètement émerveillée par le fait qu'une marque qui se transforme de manière sincère,
02:23 tant dans son sourcing de matières premières que dans l'innovation packaging, que même dans sa manière de communiquer,
02:29 combien elle arrivait à lier vraiment une relation forte avec ce qu'on appelle chez nous les consommateurs.
02:36 Et je me suis dit mais c'est génial parce que si j'arrive à faire ça sur une marque aussi importante que Garnier,
02:45 ça veut dire qu'il y a des gens qui font ça à l'échelle du groupe L'Oréal.
02:49 Et d'ailleurs j'en avais rencontré certains dans le travail qu'on faisait sur Garnier.
02:53 Et donc en fait c'est arrivé un peu comme ça, c'est à dire je me suis dit mais en fait ce que font ces gens au niveau du groupe
02:59 de transformer ce grand leader de la cosmétique mondiale, c'est un peu fou ce qu'ils font.
03:07 J'ai envie de participer à cette transformation là parce que j'aime profondément L'Oréal, j'aime profondément la beauté
03:15 et j'ai envie que cette entreprise soit sincère et intègre et surtout j'ai envie qu'elle soit encore là dans 50 ans ou dans 100 ans.
03:22 Merci. Est-ce qu'il y a des femmes qui t'ont aidé tout au long de ton parcours ?
03:29 Alors moi j'avoue mon parcours professionnel, même indépendamment de L'Oréal, est jonché de femmes hyper inspirantes.
03:36 J'ai eu la chance d'avoir beaucoup de femmes comme boss.
03:41 Donc oui moi j'ai grandi vraiment tout au long de ma carrière avec des femmes qui étaient des femmes courageuses,
03:49 des femmes de tête mais aussi des femmes qui avaient une vie perso hyper florissante, des enfants, des maris ou des femmes,
04:01 une vie culturelle, enfin bref qui arrivaient vraiment à jongler avec tout.
04:05 Donc ça, ça m'a déjà beaucoup apaisée dans la manière de voir ce que c'est que le succès dans le boulot, qu'est-ce que ça veut dire.
04:12 Et puis effectivement je pense que ce qui m'a aussi pas mal aidée dans le fait de prendre ce poste chez L'Oréal en développement durable,
04:20 ça a été aussi la rencontre de celle qui était notre grande patronne du développement durable au niveau mondial,
04:25 qui est une femme d'origine autrichienne qui s'appelle Alexandra Palt, qui vient juste de partir,
04:30 mais qui m'a extrêmement impressionnée dans l'exigence qu'elle avait pour L'Oréal, l'amour qu'elle avait pour L'Oréal,
04:38 c'est-à-dire de se dire "voilà, je veux emmener cette boîte-là plus loin" et justement faire en sorte qu'elle survive un peu à cet espèce d'effondrement que nous vivons,
04:49 et qui effectivement m'a donné envie parce qu'elle m'a montré que justement c'était pas forcément un boulot d'expert et que même venant du business, j'avais ma place.
05:00 Est-ce que tu aurais des conseils ou des recommandations pour les femmes qui n'ont pas encore fait carrière, peut-être, qui sont dans la salle ?
05:09 C'est dur. Moi je dirais effectivement, ce qui a déjà été dit, je pense, avoir conscience de sa valeur et ne pas laisser sa place.
05:21 Et ça c'est vrai qu'on a eu probablement trop tendance à s'excuser d'être là parfois en tant que femme qui opère justement ce type de transformation.
05:31 Et je voudrais revenir aussi sur ce qui a été dit un petit peu plus tôt, mais je pense qu'on a effectivement énormément de chance d'être en majorité dans cette practice du développement durable aujourd'hui,
05:41 et qu'il ne faut pas laisser passer cette chance. Et effectivement les hommes vont venir, parce que maintenant c'est des jobs de pouvoir,
05:48 c'est des jobs qui sont au cœur des stratégies d'entreprise, c'est des jobs où effectivement on gagne bien sa vie.
05:55 Donc les hommes vont arriver, et effectivement il faut qu'on garde jalousement notre place.
06:01 Et donc il ne faut pas effectivement se laisser avoir par, peut-être, ce syndrome de l'imposteur.
06:06 Si les femmes sont là, c'est qu'elles ont eu l'intuition que c'était un sujet d'importance pour l'avenir des entreprises, et elles ont eu raison d'avoir cette intuition.
06:15 Et donc gardons-la, parce que la transformation durable va nous guider pour des siècles et des siècles,
06:19 parce que malheureusement les dégâts que les activités humaines ont opérés, ils vont nous suivre encore pendant des dizaines, peut-être des centaines d'années.
06:28 Donc on aura besoin de l'intuition des femmes pour continuer à porter ces métiers-là.
06:33 Merci. J'ai envie de dire un petit mot pour les hommes aussi, parce qu'il y a quand même des hommes dans la salle.
06:37 C'est vrai que je fais que de dire pour les femmes, toutes les femmes, mais il y a quand même des hommes.
06:42 Donc un petit mot pour les hommes aussi.
06:45 Non, mais effectivement, dans mon parcours aussi, j'ai eu quand même des patrons inspirants, bien entendu, des hommes.
06:52 Et effectivement, j'ai aussi aujourd'hui, moi je travaille au quotidien avec deux personnes importantes pour L'Oréal France,
06:59 qui est donc notre directrice générale, Céline Bruecker, qui est une femme, mais aussi notre président, Hervé Navloo,
07:04 qui est un homme, qui est un homme d'une... je ne veux pas donner son âge, mais il a à peu près une soixantaine d'années,
07:09 donc il fait partie de cette génération de grands dirigeants qui ont vécu des modèles d'entreprise qui n'ont jamais eu à faire face
07:18 à l'énorme défi qu'on a face à nous, et qui pour autant font preuve de beaucoup d'écoute et de modernité.
07:24 Donc effectivement, pour les hommes dans cette salle, oui, effectivement, il faut écouter les femmes.
07:30 Est-ce que vous avez des questions ? Pour Élodie, il y en a une. Est-ce que... attendez, ne bougez pas, le micro va venir à vous.
07:40 Il est en route. Sinon j'en ai un là, c'est bon. Il arrive.
07:47 Je ne sais pas depuis quand vous êtes chez L'Oréal, mais depuis la disparition de la Scodia, comment...
07:59 La disparition de la ?
08:01 La Scodia. C'était une partie de chez L'Oréal qui opérait en Birmanie, dans les pays de l'océan indien.
08:14 Et ne faudrait-il pas envoyer plus d'expatriés que faire plutôt milliers de milliers aller-retour ?
08:24 Alors, je ne connais pas la Scodia, mais ce qui est certain, c'est que nous, on a de nombreuses filiales dans le sud-est asiatique.
08:34 Donc je n'ai pas en tête tous les pays, et il faudrait peut-être que vous en discutez avec Mickaël qui est encore là,
08:39 mais on a de nombreuses filiales sur place qui, évidemment, embauchent des collaborateurs et des collaboratrices sur place.
08:46 Donc je ne sais pas ce que vous avez en tête, mais en tout cas, en Indonésie, en Inde, en Chine, on a des filiales...
08:54 Vous êtes présents dans combien de pays ? Plus de 100 pays ?
08:56 Plus d'une centaine de pays. Donc on est partout et on embauche évidemment des personnes et des collaborateurs localement.
09:05 Donc ils ne viennent pas de France ?
09:07 Non, on ne fait pas voyager tout le monde de France pour opérer chez L'Oréal partout dans le monde.
09:12 Au contraire.
09:16 Est-ce que vous avez une autre question pour Elodie ? N'hésitez pas.
09:24 C'était très clair.
09:28 J'aimerais bien peut-être que tu puisses expliquer comment est-ce que tu arrives à faire qu'une marque ait une logique éco-circulaire depuis son design, son éco-design,
09:43 et puis faire en sorte qu'on soit non plus dans un système linéaire où on va jeter un produit.
09:50 Mais vraiment, là, aujourd'hui, les produits L'Oréal sont pensés pour, sur toute la chaîne de valeur, respecter une économie circulaire.
09:59 Oui. Alors, ce n'est pas ce que je fais moi au quotidien, parce que moi je suis vraiment dans un périmètre de filiale, c'est très opérationnel.
10:05 Mais effectivement, le modèle L'Oréal et la manière dont on envisage le développement aujourd'hui, c'est effectivement,
10:11 dès la conception de nos produits cosmétiques, de veiller à leur impact sur toute la chaîne de valeur,
10:17 évidemment en considérant ce que tu mentionnais, qui est la fin de vie.
10:21 Donc effectivement, ça va être quel choix de matériaux d'emballage on va faire, qui vont faire en sorte d'être les mieux recyclés possibles,
10:30 dans l'état actuel de ce qu'on connaît des filières de recyclage.
10:33 C'est effectivement veiller aussi à la biodégradabilité de nos formules, parce que nous on a une grosse partie du portefeuille L'Oréal qui s'utilise sous la douche,
10:40 puisque chez L'Oréal on fait beaucoup de shampoing, de soins capillaires, on fait aussi de l'hygiène.
10:44 Et quand ça finit dans la douche, ça finit dans les eaux usées et ça peut avoir un impact sur les écosystèmes aquatiques.
10:50 Donc comment on va faire des choix d'ingrédients, très souvent issus du vivant, qui vont nous garantir une meilleure biodégradabilité
10:56 et faire en sorte que nos formules n'aient pas d'impact, justement, sur les écosystèmes aquatiques.
11:01 Pour ça aussi, on a chez L'Oréal ce qu'on appelle un score d'impact environnemental, qu'on a mis en place déjà depuis 2015, il me semble,
11:11 avec lequel travaillent nos équipes développement. Donc en gros, ce score d'impact environnemental est calculé sur chaque étape, justement,
11:18 du cycle de vie de nos produits, donc du sourcing de matières premières jusqu'à leur fin de vie,
11:22 et sur les 14 grands facteurs d'impact que nous donne la science environnementale.
11:26 Le CO2, l'eau verte, l'eau bleue, l'impact sur l'usage des sols, voilà, les 14 grands facteurs d'impact de la science environnementale.
11:36 Et ça nous donne un indice. Et en gros, chez L'Oréal, un chef de produit qui travaille sur de l'innovation n'a pas le droit de lancer un produit
11:44 dont l'indice d'impact environnemental est inférieur à la génération précédente.
11:48 Et effectivement, la circularité entre dans le calcul de ce facteur d'impact et est un bonus, je dirais, de ce facteur d'impact.
11:57 Merci beaucoup, Elodie, pour cette témoignage et pour l'applaudissements.
12:00 Merci, merci.
12:01 [Applaudissements]
12:06 [Musique]

Recommandations