Marc Menant, à l'occasion de la journée du livre : «Sans les mots, on n'est rien. Sans les mots, on est au mieux un mâchouilleur. Sans les mots, nous n'existons pas, on est englué dans l'esprit.»
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00:00 Sans les mots, on n'est rien.
00:02 Sans les mots, on est au mieux un mâchouilleur,
00:04 quelqu'un qui répète ce qui est plus ou moins en suspension
00:09 dans les bistrots.
00:10 Alors, on a entendu ça, ça vous paraît joli,
00:13 pof, on tente de faire le malin
00:15 et on lance ça à ceux qui sont autour de vous.
00:18 Mais qu'y a-t-il dans votre crâne ?
00:21 Rien.
00:22 Le grand drame, c'est que sans les mots,
00:24 nous n'existons pas, nous ne pouvons pas nous réaliser.
00:28 Sans les mots, on est englués dans l'esprit,
00:31 on est encalminés.
00:33 Y a quelque chose, un bouillonnement qui ne peut pas se faire.
00:37 C'est-à-dire que vous savez que vous aimeriez dire quelque chose,
00:41 mais quoi ? Comment ?
00:43 Vous n'avez pas les éléments qui valent la possibilité
00:48 d'esquisser la pensée et ensuite de la développer.
00:52 C'est le grand drame de l'époque.
00:54 C'est-à-dire que dans les sondages,
00:57 y en a un dans le Figaro,
00:58 on nous dit que les jeunes de 12 à 19 ans
01:01 passent 5h30 par jour sur Internet.
01:05 Maximum 35 minutes à lire, et ce sont les livres de l'école.
01:09 Mais ce ne sont pas ces livres-là qui vous emportent, pardon de dire ça.
01:13 Il faut s'accaparer les mots.
01:15 Il faut être conscient que ce sont les créatures
01:19 qui nous valent d'être des êtres humains,
01:22 des êtres pensants, des êtres de raison,
01:24 des êtres qui possèdent leur libre arbitre.
01:27 Sans les mots, il n'y a pas de liberté.
01:30 On ne sait même pas ce que peut être la liberté
01:32 puisqu'on ne pourrait pas la défendre.
01:34 Il n'y a pas de liberté sans justification
01:37 de ce que l'on formule, de ce que l'on pense.
01:41 Et comment penser sans mots ?
01:43 Vous rendez compte cette équation terrifiante ?
01:46 Avec des gamins, aujourd'hui, on dit,
01:48 encore dans les sondages, 60 % qui, en sixième, sont balbutiants.
01:53 Ils n'arrivent pas à déchiffrer quoi que ce soit.
01:56 Les mots, c'est pas voir le prix de je ne sais trop quel produit,
02:00 de dire, "Ah tiens, il y a écrit short ou je ne sais trop quoi."
02:04 Non, les mots, c'est cet enflamment.
02:07 Les mots, c'est l'enthousiasme.
02:08 Les mots, ce sont les tisons de la pensée.
02:13 Et une fois qu'on a ces mots, eh bien ces tisons,
02:16 on peut, avec le souffle, leur donner cette envergure,
02:21 cette émancipation et avoir la réalisation de soi.
02:26 Il faut donc, à tout gamin, offrir un mot
02:29 et, à côté, lui donner, eh bien, le carnet du chasseur.
02:34 Pourquoi le carnet du chasseur ?
02:36 Parce que les mots, il faut les traquer,
02:39 il faut les débusquer.
02:40 Alors, vous êtes là, au départ, c'est pas facile.
02:43 Et puis, ils vous apparaissent.
02:45 Et là, vous les notez sur votre petit cahier de vocabulaire.
02:50 C'est votre gypstière.
02:53 Et ils sont là.
02:54 Et chaque jour, vous allez les visiter.
02:58 Sous-titrage ST' 501
03:01 [Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org]