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Anne Fulda reçoit Dorothée Olliéric pour son livre «Vie et mort d’un soldat d’élite Maxime Blasco» dans #HDLivres

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Transcription
00:00 - Bienvenue à l'heure des livres, Dorothée Oliéric.
00:02 Vous êtes journaliste, vous êtes reporter de guerre depuis 30 ans.
00:06 Vous avez couvert beaucoup de fronts pour France 2
00:10 et vous avez écrit quelques livres.
00:11 Le dernier vient de sortir en poche,
00:13 "Vie et mort d'un soldat d'élite", Maxime Blasco.
00:16 Un livre qui est donc paru chez Elytos,
00:18 un livre dans lequel vous dressez un beau portrait d'un soldat mort en mission
00:24 le 24 septembre 2021, le caporal-chef Maxime Blasco.
00:30 Pourquoi avez-vous décidé de faire son portrait ?
00:33 Vous le connaissiez déjà,
00:34 puisque vous aviez fait un documentaire sur lui en 2019.
00:37 - C'est justement parce que je le connaissais
00:39 et il fait partie de ces militaires qu'on a envie de revoir,
00:43 parce que ce ne sont pas des gens toujours faciles d'accès.
00:46 Maxime était un peu taiseux, montagnard, chasseur alpin
00:49 et j'avais réussi à briser la glace.
00:51 Et on avait décidé de se revoir en mission au Mali.
00:55 On se disait, on va se retrouver prendre une bière à la popote à Gao,
00:58 enfin des choses qu'on partage comme ça parfois,
01:00 mais pas systématiquement avec les militaires.
01:02 Et j'avais gardé contact avec lui.
01:04 Donc le jour où il est mort, effectivement,
01:06 c'était une évidence de raconter son histoire.
01:08 Déjà parce que les gens ne connaissent pas les militaires.
01:11 Et je me suis dit, c'est le moment où j'aimais de pointer,
01:15 de raconter son histoire et d'aller moi-même découvrir
01:17 ce qu'il y avait derrière ce garçon, derrière ce tireur d'élite.
01:21 - Alors, il est mort au Mali et vous lui aviez consacré un documentaire
01:25 parce qu'il s'était distingué dans une action de sauvetage
01:27 digne d'un film de Hollywood, c'est ça ?
01:30 - Ah oui, quelque chose de dingue.
01:31 Il se crache avec le pilote, le copilote.
01:33 Il s'en sort tous les trois blessés et il va sauver ses camarades
01:37 parce qu'il ne pouvait pas imaginer sauver sa peau sans sauver les autres.
01:40 Et il va les accrocher carrément sur le train d'atterrissage
01:43 d'un hélicoptère de combat tigre où il ne peut y avoir que deux personnes,
01:47 donc sur les roues quasiment.
01:49 Lui accroché vraiment à l'extérieur de l'hélicoptère, sous le feu.
01:54 C'était un héros déjà de son vivant et un modèle pour les jeunes
01:58 qui étaient bluffés de par son héroïsme, son courage.
02:01 Et deux ans après, il trouve la mort en opération au Mali.
02:04 - Alors, ce qui est fou, c'est qu'après cet accident,
02:07 ce sauvetage incroyable, il avait été blessé de façon assez importante,
02:11 mais il a décidé de retourner sur le front.
02:13 Pourquoi ? Parce qu'il y a une forme d'adrénaline.
02:16 Il ne pouvait pas vivre sans cette vie-là, cette vie de soldat.
02:20 - Alors, il a reconnu effectivement que c'était pour l'adrénaline,
02:23 mais pas seulement.
02:24 Il avait vraiment ce sens de l'engagement de servir son pays,
02:28 de servir sa patrie.
02:29 Il me dit "moi, c'est ce que je sais faire.
02:31 Qu'est-ce que tu veux que je fasse d'autre ?
02:33 J'ai besoin de ça, j'ai besoin de cette vie extraordinaire,
02:36 mais j'ai besoin d'aider les autres.
02:37 J'ai besoin de donner un sens à ma vie.
02:39 Et ce n'est pas juste les mecs qui vont rouler des mécaniques
02:42 sur la ligne de front.
02:43 Il y a beaucoup de choses derrière et beaucoup de sensibilité.
02:45 - Oui, ça qu'on sent dans le livre.
02:47 Alors, son itinéraire est étonnant parce qu'en fait, à l'origine,
02:50 il était pâtissier et il n'était pas parti pour devenir un militaire
02:54 comme ça, d'élite.
02:55 - Non, non, pâtissier à Grenoble, un bon pâtissier,
02:59 d'après ses parents et ses sœurs.
03:00 Mais avec ce rêve de faire quelque chose d'autre,
03:03 ce rêve d'être sniper, tireur d'élite,
03:05 il pensait que ce n'était pas pour lui.
03:06 Et en fait, c'est sa compagne, Alexandra,
03:09 qui l'a poussé à se renseigner, à s'engager.
03:12 Et là, il a passé toutes les qualifications, les formations
03:15 et c'est devenu un soldat, mais vraiment dans l'excellence,
03:19 un des meilleurs tireurs d'élite du groupe Commando Montagne.
03:22 Voilà, et jusqu'à donner sa vie,
03:24 enfin jusqu'à effectivement tomber sur quelqu'un
03:27 qui était plus fort que lui ce jour-là.
03:28 - Alors, justement, vous dites jusqu'à donner sa vie.
03:32 J'imagine, enfin, vous le dites, ce sujet de la mort possible,
03:37 il l'avait évoqué avec certains de ses proches.
03:39 Parce que lorsqu'on s'engage dans de telles missions,
03:41 ça fait partie des risques du métier.
03:43 - Alors, ils en parlent peu.
03:45 Ils en parlent un peu une fois pour toutes avec leur famille.
03:49 Mais il ne faut pas que ce soit quelque chose qui plombe.
03:51 Parce que quand vous partez, et moi, c'est pareil dans mon métier,
03:54 si sans arrêt, on ramène à cette possibilité de la mort,
03:57 les proches sont tétanisés, terrorisés à chaque départ en mission.
04:01 Donc, il faut partir quand même à chaque fois dans la légèreté, presque,
04:05 dans la joie.
04:07 C'est-à-dire qu'une mission pour les militaires,
04:08 c'est quatre mois en opération.
04:10 C'est très long.
04:11 Et son fils était petit.
04:12 Donc, il a évacué cette idée.
04:15 Il l'a accepté.
04:16 Et si un jour, ça m'arrive, eh bien, il ne faudra pas pleurer.
04:19 Je l'ai fait pour mon métier et pour servir son pays.
04:22 - Alors, vous avez rencontré ses proches, ses amis, sa famille.
04:28 Ses compagnons d'armes, c'est important, ça.
04:30 D'ailleurs, le terme en lui-même revêt toute l'importance
04:33 de ce que ça revêt, les compagnons d'armes.
04:36 - La fraternité d'armes, c'est vraiment quelque chose
04:39 qu'on sent quand on est sur le terrain avec eux.
04:42 C'est-à-dire que dans cette cohésion militaire,
04:45 chacun est prêt à mourir pour l'autre.
04:47 Et pour ça, Maxime était très exigeant sur la formation
04:50 de ceux qui arrivaient, des jeunes.
04:52 Il disait qu'ils ne sont pas assez formés.
04:53 Il dit "ma vie va reposer entre les mains de celui qui est devant moi,
04:57 celui qui est à côté de moi, celui qui est derrière moi".
04:59 Et donc, ça crée forcément des moments,
05:02 des relations humaines très fortes, très positives
05:05 et effectivement très intenses.
05:07 - Alors, vous écrivez "Max était un greniard, un soldat d'élite".
05:10 Non, c'est quelqu'un qui vous dit ça.
05:13 Max était un greniard, un soldat d'élite,
05:15 toujours tendu vers la recherche de l'excellence.
05:17 Est-ce que c'est un modèle ? Est-ce que c'est un héros contemporain ?
05:19 - Alors, il n'aimait pas ce terme de héros, bien évidemment.
05:22 Il y a l'humilité, la pudeur du militaire.
05:24 Et plus il excelle, et souvent, moins il la ramène.
05:27 Mais effectivement, aujourd'hui, c'est un modèle, c'est une icône.
05:30 C'est quelqu'un qui va laisser vraiment une trace dans l'histoire.
05:33 - Et dernière question.
05:35 Il a été tué par des djihadistes.
05:37 Est-ce que cette mission au Mali revêtait pour lui un sens particulier ?
05:42 - Alors, oui. Il avait le sentiment de protéger sa famille,
05:46 de protéger ses amis, de protéger la France.
05:48 Et que chaque action de guerre, de combat contre les djihadistes au Mali
05:52 avait un sens.
05:53 Alors, évidemment, peu de temps après, la mission s'est terminée pas très bien.
05:57 La France a été un peu chassée du Mali et d'autres zones en Afrique.
06:01 Mais est-ce que ça vaut le coup de mourir pour le Mali ?
06:04 Il aurait dit oui. Ça vaut le coup de mourir pour défendre son pays.
06:07 - En tout cas, ça vaut le coup d'y lire votre livre
06:09 sur cette histoire singulière d'un soldat d'élite.
06:14 Ça s'appelle "Vie et mort d'un soldat d'élite".
06:16 Maxime Blasco s'est paru chez Litos en Poche.
06:18 Merci beaucoup pour votre lyrique.
06:20 (Générique)
06:23 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org

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