• il y a 9 mois

Category

🗞
News
Transcription
00:00 Le 6/9, France Bleu, Belfort Montbéliard.
00:03 Il est 8h moins le quart, l'invité d'ici matin nous parlons d'un grave problème pour la démocratie et l'engagement en politique en général Thierry Compreneur.
00:10 Oui, aux prochaines élections municipales en 2026, le risque est grand de n'avoir aucun candidat au poste de maire pour de nombreuses petites communes.
00:18 La fonction n'attire plus, trop difficile, trop lourde, sans compter les menaces physiques et verbales de son victime les élus.
00:24 Et ce matin, dites-le franchement, seriez-vous prêt à devenir maire ? Rappelez-nous au 0384 22 82 82.
00:32 Bonjour Jean-Paul Carteret.
00:34 Bonjour.
00:36 Président de l'association des maires ruraux de Haute-Saône. En 2026, certaines communes pourraient donc se retrouver sans maire. Votre avis, c'est un risque important ?
00:46 C'est un risque grandissant, on l'entend, et c'est pourquoi les maires ruraux se battent pour un vrai statut de l'élu.
00:53 Un statut, d'ailleurs, ça fait son chemin puisque les parlementaires se sont emparés du sujet, avec une proposition de loi hier au Sénat et une autre à venir à l'Assemblée Nationale, pour que les maires aient un vrai statut.
01:09 On va en parler dans un instant justement de ce projet de loi, mais il y a quand même une vraie crise de vocation en ce moment, enfin même depuis quelques années. Comment vous l'expliquez ?
01:19 Il y a un blues certain. Les décisions se sont éloignées, puisque souvent ce sont les communautés de communes qui décident pour nous. L'esprit devient plus violent, mais ce n'est pas le cas partout.
01:39 Je regrette souvent que les médias fassent d'un cas une généralité, c'est dommage. Il fait si bon vivre dans la ruralité, et moi je dis qu'il faut y croire.
01:48 Il y a de moins en moins de jeunes dans les territoires, peut-être que la crise de l'engagement est là aussi. La démographie est vieillissante, et les jeunes s'engagent moins qu'avant, nous le savons tous.
02:03 Donc il y a une crainte effectivement, j'en entends parler, elle est énorme, tout ce qui est énorme c'est fantastique, tout ce qu'on nous impose.
02:13 Pourtant nous sommes des agents de l'État, et je crois qu'aujourd'hui, avec tout ce que l'État nous demande, il pourrait peut-être nous gratifier davantage.
02:23 - Jean-Paul Carteret, il faut savoir qu'en France, plus de 4% des maires élus en 2020, il y a seulement 4 ans, ont démissionné. C'est le cas de Serge Morello.
02:33 Il était élu maire de Fenon, un petit village du territoire de Belfort, il a rendu son écharpe deux ans plus tard. Écoutez son témoignage.
02:42 - Ceux qui sont partis à mon avis ne reviendront pas. Ceux qui sont honnêtes avec eux-mêmes en disant pourquoi je suis parti, on n'y sera pas revenu.
02:49 Même avec un salaire. Alors peut-être après avec du pouvoir, avec des projets, ouais. Quand on vous suit avec des projets, ouais.
02:57 - Jean-Paul Carteret, ce genre de témoignage, j'imagine que vous l'entendez souvent lors des réunions avec les maires du Rouen ou des autres maires.
03:06 - Souvent non, mais je le partage. Le fait est que plusieurs maires n'en sont pas à leur premier mandat aujourd'hui. Il y a aussi une usure par rapport à tout ça.
03:16 - C'est votre cas d'ailleurs, à l'avant-cours. - Ah ben c'est mon cas, oui, je suis à mon cinquième mandat. Donc au bout d'un moment, j'ai vu l'évolution, je peux vous le dire.
03:25 Du respect qu'il y avait et qu'il n'y a plus, des responsabilités qui sont les nôtres sans cesse accrues, des difficultés pour obtenir des subventions,
03:36 on nous demande des études et puis il y a tellement d'études à faire qu'il n'y a plus personne pour les faire, alors il faut attendre son tour.
03:43 C'est le cas par exemple quand on veut, y compris en vrai agent de l'État, contribuer à la transition écologique, alors on nous demande des études pour nous subventionner.
03:53 Sauf qu'il n'y a pas grand monde pour faire le boulot et on attend notre tour. Les enveloppes pour nous aider sont de plus en plus minces, même si elles ont considérablement été augmentées.
04:04 Il faut le dire, la DETR, la DECI, les dotations d'État pour l'aide à l'investissement des communes, ont beaucoup augmenté ces années dernières.
04:11 Mais il n'empêche que, je le vis en ce moment, il faut passer par des études. Alors le temps qu'on ait l'étude et qu'on ait le résultat de l'étude et que les conditions soient remplies,
04:20 il s'en passe, il se passe énormément de temps, c'est souvent décourageant. Et pourtant les maires ont des...
04:27 Moi je me suis, et puis beaucoup comme moi, mes collègues, on se passionne, être au service des habitants, c'est vraiment quelque chose de...
04:35 - C'est une vocation. - Au bout d'un moment on y prend goût.
04:38 Seriez-vous prêt à devenir maire et plus globalement vous engager en politique ? Dites-le franchement en nous appelant ici au 0384 22 82 82.
04:46 Et nous sommes ce matin avec le président de l'association des maires ruraux de Haute-Saône, Jean-Paul Carteret.
04:51 Le Sénat examine en ce moment, on l'a dit, un projet de loi pour améliorer le statut des élits locaux. L'objectif est de mieux les former, mieux les rémunérer.
05:00 Est-ce que ça va dans le bon sens selon vous ?
05:02 - C'est des demandes qu'on avait formulées nous-mêmes. Mais si l'indemnité augmente, on nous parle de 10%, il faut voir comment l'État va réagir.
05:12 Mais l'État doit nous aider parce que c'est bien que l'État décide d'augmenter les indemnités des maires, mais beaucoup de communes ne peuvent pas, n'ont pas les moyens.
05:21 On a été tellement essoré depuis de nombreuses années avec la baisse des dotations et tout. Il y a des communes, elles ne peuvent pas augmenter l'indemnité des élus.
05:29 Il n'y a pas que ça qui est dans nos demandes. Il nous faut un statut qui permette, par exemple, de pouvoir s'absenter plus longtemps, de pouvoir continuer son mandat même quand on a un arrêt maladie.
05:44 Regardez, le maire de Poitiers s'est supprimé de ses indemnités parce qu'il était en arrêt maladie. Alors, il vivait comment ?
05:50 C'est des sujets qui sont récurrents. Il faudrait aussi, par exemple, qu'un maire qui ne se présente plus ou n'est plus élu puisse faire valoir ses acquis d'expérience pour que ça lui fasse une ligne sur sa carte de visite et rechercher un travail.
06:06 - Jean-Paul Carter, il y a aussi un phénomène dont on a un peu parlé tout à l'heure, c'est la violence dont les maires et les élus en général sont victimes depuis quelques années maintenant.
06:16 Est-ce qu'il y a moyen de lutter contre ce phénomène ?
06:21 - On fait ce qu'il faut. L'État, les gendarmes, la police font ce qu'il faut. Mais je le redis, il ne faut pas faire d'un cas une généralité.
06:30 - Alors, il n'y a pas qu'un seul cas, monsieur le maire.
06:32 - On a l'impression que c'est comme ça partout. Quand on entend les médias, on a l'impression que c'est comme ça partout.
06:35 - Il y a souvent un phénomène de violence, ne serait-ce que verbal, c'est-à-dire qu'on ne respecte plus la fonction de maire de premier registre ?
06:42 - Ça je suis d'accord. Comme on ne respecte plus non plus les gendarmes, vous savez, ou qu'on ne respecte plus l'enseignant.
06:49 Moi, j'ai connu le maire, la astythe, le curé. Il y a un bouquin qui est sorti là-dessus, qui était respecté et qu'on écoutait au moins un peu.
06:59 Ce n'est plus le cas. Même les jeunes, les enfants n'ont plus peur des gendarmes. Alors le maire à côté...
07:07 - Merci beaucoup Jean-Paul Carteret, président de l'association des maires, bureau de Haute Saône.
07:12 Je pense que vous attendez beaucoup de ce projet de loi qui va être étudié ensuite à l'Assemblée nationale pour savoir...
07:18 - On attend surtout à l'Assemblée nationale parce que c'est là que ça se décidera.
07:21 - C'est là que ça se décidera. Merci beaucoup et on suivra ça avec vous. Bonne journée.
07:25 - Au revoir.
07:26 Et retrouvez cet entretien sur l'application ici, par France Bleu et France 3 et francebleu.fr, Belfort Montbéliard.

Recommandations