La présidente de l'Assemblée Nationale Yaël Braun-Pivet revient sur l'inscription historique dans la Constitution de la liberté garantie des femmes de recourir à l'IVG et se projette sur les prochains sujets forts sur lesquels les députés vont travailler. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien/l-invite-de-8h20-le-grand-entretien-du-mercredi-06-mars-2024-2993220
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00:00 Et avec Léa Salamé, nous recevons ce matin dans le grand entretien du 7-10, la présidente de l'Assemblée Nationale, députée Renaissance, Désiveline.
00:09 Vos questions et réactions, amis auditeurs, amies auditrices, au 01 45 24 7000 et sur l'application de France Inter.
00:18 Yael Braun-Pivet, bonjour.
00:19 - Bonjour.
00:20 - Et bienvenue à ce micro. Revenons avec vous sur la journée de lundi au congrès à Versailles que vous avez présidé.
00:28 On peut désormais lire dans la Constitution de la République, à l'article 34, je cite,
00:34 « La loi détermine les conditions dans lesquelles s'exerce la liberté garantie à la femme d'avoir recours à une interruption volontaire de grossesse. »
00:43 Fin de citation.
00:45 Qu'avez-vous éprouvé, qu'avez-vous ressenti lundi vers 18h30, quand le vote a été acquis à une écrasante majorité ?
00:53 - Oui, une écrasante majorité, près de 90% du Parlement a été favorable à cette nouvelle inscription dans la Constitution
01:01 et à la protection que nous offrons aux femmes de ce pays, à nos filles, à nos petites-filles.
01:08 Il y a eu beaucoup d'émotion, beaucoup de joie partagée.
01:11 Et la joie se ressentait dans l'hémicycle, dans les travées au niveau des parlementaires, dans les tribunes aussi,
01:19 parce que dans les tribunes il y avait mêlées des militantes qui s'étaient battues pour le droit à l'interruption volontaire de grossesse,
01:28 des anciennes ministres qui avaient œuvré chacune l'une après l'autre, la famille de Simone Veil, de Gisèle Halimi, ma famille aussi.
01:37 Et il y avait une émotion partagée, un beau moment d'union et de communion. C'est important.
01:43 - C'est un message pour le monde, il faudrait que cette première française fasse des émules ailleurs, en Europe,
01:49 ailleurs dans le monde ?
01:50 - C'est un message pour le monde pour deux raisons.
01:53 D'une part pour dire que les droits des femmes méritent la plus haute protection juridique institutionnelle dans un pays.
02:02 Et c'est ce que nous avons fait avec cette constitutionnalisation.
02:06 Et puis c'est un message pour le monde parce que la France renoue ainsi avec sa tradition universaliste.
02:13 Vous savez, celle que portait si haut Robert Badinter et tant d'autres.
02:18 La France c'est la patrie de la déclaration des droits de l'homme.
02:22 Et donc que la France porte ce flambeau, c'est ce que nous devons faire, c'est notre responsabilité.
02:28 - Yael Broun-Pivet, vous vous réjouissez aujourd'hui de cette constitutionnalisation de l'IVG,
02:32 ça n'a pas toujours été le cas.
02:33 En juillet 2018, alors que déjà des députés d'opposition réclamaient cette constitutionnalisation,
02:38 vous étiez présidente de la commission des lois et vous vous y étiez opposée clairement,
02:42 quasiment avec les mêmes arguments que Gérard Larcher quand il s'y est opposé.
02:46 C'est-à-dire, je vous cite, vous l'aviez dit à l'émission, la vidéo elle est partout sur les réseaux sociaux
02:50 en rappelant que vous étiez contre il y a 4 ans.
02:53 Les droits des femmes à l'égard de la contraception et de l'avortement sont aujourd'hui extrêmement bien assurés dans notre pays.
02:58 Je ne crois pas que l'inscription de ces droits dans la constitution soit ni nécessaire ni utile.
03:03 Alors quoi, vous avez évolué ?
03:05 - Qu'est-ce qui s'est passé ? Il s'est passé aux Etats-Unis.
03:09 Moi, quand je suis devenue présidente de l'Assemblée nationale, j'ai rencontré en septembre 2022 à Berlin,
03:16 Nancy Pelosi, speaker du congrès américain.
03:20 Et j'ai eu la chance, l'honneur d'avoir un échange en tête à tête avec elle.
03:26 Et je lui ai parlé de ce fameux arrêt de la Cour suprême qui remettait en cause le droit à l'avortement aux Etats-Unis.
03:33 Et je lui ai demandé, mais est-ce que vous vous y attendiez ?
03:35 Comment vous avez vécu ça, vous qui êtes engagée dans la politique et dans les droits des femmes depuis toujours ?
03:40 Et elle m'a dit à quel point elle n'avait jamais imaginé que le droit à l'avortement puisse ainsi être remis en cause aux Etats-Unis.
03:48 Et elle m'a avertie en me disant "mais protégez-le parce qu'on ne sait jamais de quoi l'avenir est fait".
03:55 - Donc profondément, vous avez évolué, vous avez changé d'avis ?
03:57 - Eh bien parce que le monde a changé, Léa Salamé, le monde a changé.
04:01 - Pardon de vous dire, en 2018 quand vous y étiez opposée, il y avait déjà des menaces sur l'avortement.
04:06 Il y en avait en Espagne, il y en avait en Pologne, il y en avait en Argentine, il y avait déjà des remises en cause dans le monde.
04:10 - Il y avait déjà des remises en cause. Pas aussi nettes que ce qui s'est passé aux Etats-Unis.
04:15 J'ai rencontré après des militantes en Pologne se battre pour le droit à l'interruption volontaire de grossesse.
04:24 Et oui, j'ai évolué. Mais quelle femme politique je serais si je n'étais pas à l'écoute du monde et des gens ?
04:33 - Oui, bien sûr.
04:34 - Et donc oui, évidemment, j'ai évolué parce que le monde a changé, parce que les menaces qui pèsent sur les droits des femmes s'accentuent.
04:42 Parce qu'aujourd'hui, bien loin de progresser, les droits des femmes régressent dans le monde.
04:48 Et donc il faut que nous agissions de plus en plus fort parce que nous devons être à l'écoute du monde
04:54 et nous devons assumer la responsabilité qui est la nôtre en tant que patrie des droits de l'homme.
04:58 - Alors dans cette constitutionnalisation de l'IVG, il y a deux femmes, une députée et une sénatrice,
05:04 qui ont beaucoup bataillé depuis novembre 2022, qui ont milité sans relâche pour cette cause.
05:11 Il s'agit de la députée insoumise Mathilde Panot et de la sénatrice écologiste Mélanie Vogel.
05:17 Elles étaient à notre micro lundi. Gabriel Attal ne les a pas mentionnées dans son discours face au Congrès,
05:25 alors qu'il a salué plusieurs femmes qui ont fait avancer la cause. Simone Veil, Yvette Roudy, Martine Aubry,
05:30 Marisol Touraine, Ajat Valobel-Kassem, Laurence Rossignol.
05:33 Ça a suscité une réaction vive de Jean-Luc Mélenchon dans un tweet.
05:38 « Attal, minable petit, invisibilise le rôle des insoumis et de la présidente Mathilde Panot dans la décision d'aujourd'hui ».
05:46 Vous regrettez, Yael Broun-Pivet, ces deux oublis de la part de Gabriel Attal ?
05:51 On leur a rendu hommage tous et toutes. Après, le Premier ministre ne pouvait pas citer toutes les femmes qui se sont battues pour ce droit.
06:01 Mais effectivement, moi, je suis fière que cette avancée majeure soit due au départ à des initiatives parlementaires de tous bords politiques.
06:11 Il y a eu à l'Assemblée Mathilde Panot, évidemment, et moi j'ai eu beaucoup d'échanges avec elle.
06:18 Et même après le résultat du vote, je l'ai eu au téléphone et elle m'a remercié et félicité.
06:23 Je lui ai renvoyé ses félicitations parce que je sais ce qu'on lui doit.
06:28 Il y a eu horreur berger à l'Assemblée nationale. Beaucoup de femmes se sont impliquées.
06:32 C'est une victoire des femmes. C'est une victoire parlementaire.
06:37 Moi, je suis très fière que le Parlement ait été à l'avant-garde.
06:40 C'est un Parlement dont on dit parfois qu'il est trop agité et qu'il n'arrive pas à produire ses beaux moments.
06:48 Eh bien, nous avons démontré le contraire et le Président de la République, et là aussi je voudrais lui rendre hommage, a été à l'écoute du Parlement.
06:54 On dit parfois que le Président de la République nous ignore. Ce n'est pas vrai. Il nous a entendus.
06:59 Cette concitionalisation de l'IVG a été permise par le dépassement des clivages partisans, comme vous l'avez écrit sur Twitter.
07:05 Politiquement, ça doit faire école. Espérez-vous, pour être très clair, un tel dépassement des clivages, par exemple pour le texte sur la fin de vie, qui est censé arriver...
07:14 Je ne sais pas quand d'ailleurs, parce qu'il est censé se repousser.
07:18 En tout cas, moi, je l'attends fermement avant l'été.
07:22 Alors, des dépassements des clivages, on arrive à les retrouver sur certaines causes.
07:26 Pour tout vous dire, la cause des femmes nous permet d'avoir beaucoup de moments d'unité.
07:30 Encore hier soir, dans l'hémicycle, nous avons voté de façon unanime un texte sur l'ordonnance de protection pour les femmes qui sont victimes de violences intrafamiliales.
07:38 Et ce texte a été voté à l'unanimité.
07:40 On arrive à se retrouver sur les questions agricoles aussi, beaucoup, sur les textes relatifs notamment aux retraites agricoles.
07:46 Donc, il y a des sujets comme ça qui rassemblent le Parlement, Assemblée Nationale et Sénat.
07:51 Sur la fin de vie, chaque groupe va évidemment donner à chacun la liberté de vote.
07:57 Je pense que ça va être un débat absolument essentiel pour chaque citoyen de notre pays.
08:05 J'espère qu'on arrivera, en tout cas, moi, je mettrai tout en oeuvre pour en garantir la dignité et le respect.
08:10 Mais je ne sais pas dans quelles conditions il se déroulera, ni quand, j'espère, avant l'été, comme je vous le disais.
08:18 - Pourquoi ça tarde autant ? Pourquoi ce texte est si long à être écrit ?
08:24 Il devait être présenté l'été dernier, puis ensuite on nous a dit que ce sera Noël.
08:29 C'est sûr, sûr, avant la fin 2023, on aura le texte. On est en printemps, bientôt.
08:34 - Écoutez, je vais vous dire très franchement, ce n'est pas moi qui l'ai écrit, c'est le gouvernement qui est à la plume sur ce texte.
08:42 C'est important de prendre son temps, il y a ses consultations.
08:45 Maintenant, moi, je crois très clairement qu'il est temps.
08:48 Et donc, il est temps que le Parlement se saisisse de ce sujet.
08:51 Il est temps que le préjet de loi soit présenté au Conseil des ministres pour que les parlementaires puissent en délibérer.
08:59 En tout cas, c'est ce que je vous souhaite. - Et vous voulez une délibération ? Enfin, un débat très long.
09:02 - Mais moi, je veux qu'on prenne le temps pour qu'on prenne le temps... - Une année, deux années, c'est ce que vous avez dit.
09:08 - Oui, parce qu'il ne faut pas être en procédure accélérée.
09:11 Il faut que chaque chambre puisse prendre le temps de réunir ce qu'on appelle une commission spéciale,
09:16 qui va réunir un certain nombre de parlementaires pour qu'ils puissent faire des auditions,
09:21 qu'ils puissent réfléchir à l'évolution du texte.
09:23 Parce que la copie qui va être présentée par le gouvernement ne sera évidemment pas celle qui sera votée par les parlementaires.
09:30 Les parlementaires vont faire leur travail et il faut qu'ils puissent le faire sereinement, calmement, respectueusement.
09:36 Le temps est une condition d'un débat serein.
09:39 Mais moi, ce que je souhaite, c'est qu'à la fin de cette mandature, donc c'est avant 2027,
09:45 nous ayons pu adopter une législation sur l'aide active à mourir en France.
09:50 Il est temps, il est grand temps.
09:51 - Quelle est votre intime conviction à vous ?
09:53 - Eh bien, mon intime conviction, c'est qu'il faut aller plus loin.
09:57 - Jusqu'à l'euthanasie ?
09:58 - Il faut aller plus loin. Il faut donner à chaque Français, à chacun de nos concitoyens,
10:04 la liberté de son choix de la fin de vie.
10:07 Moi, j'ai rencontré de nombreuses personnes qui me disent qu'aujourd'hui, ça ne va pas.
10:15 Elles n'ont pas suffisamment accès aux soins palliatifs.
10:18 Et parfois, elles souhaiteraient avoir accès à une fin de vie autre.
10:22 Il faut que nous leur offrions ce choix.
10:24 - Mais vous, présidente de l'Assemblée nationale, vous êtes sur le modèle belge, le modèle suisse.
10:30 On sait qu'il y a différence sur le modèle de l'Oregon aux Etats-Unis.
10:33 - Il y a effectivement beaucoup de modèles.
10:36 Moi, ce que je crois, c'est que là aussi, il faut que nous inventions notre modèle.
10:40 Et notre modèle, il doit être issu de la délibération parlementaire.
10:44 Et donc, c'est la raison pour laquelle je souhaite que l'on prenne le temps,
10:47 mais qu'on agisse de façon résolue.
10:49 Je ne me satisferais pas d'une fin de mandat sans que nous ayons un texte en la matière.
10:53 - Le Parlement. Un article paru dans le JDD ce week-end était intitulé
10:58 « La colère sourde du Parlement ».
11:01 Et il faisait état de l'agacement dans les couloirs de l'Assemblée nationale
11:05 en raison de l'absence d'agenda clair.
11:07 « C'est le flou absolu », disait un élu Renaissance avec d'autres apolitikos.
11:12 Les députés sont dans le brouillard car le gouvernement n'a toujours pas décidé
11:15 des prochains textes qui seront examinés à l'Assemblée avant l'été.
11:20 Est-ce que vous demandez au gouvernement de se dépêcher, de faire des arbitrages ?
11:26 Est-ce que vous ne commencez pas à vous ennuyer à l'Assemblée ?
11:28 - On ne s'ennuie jamais à l'Assemblée parce qu'on a toujours beaucoup de travail.
11:33 Soit en législation, nous étions encore hier dans l'hémicycle et nous y serons tout à l'heure.
11:37 Soit parce que nous avons une action de contrôle du gouvernement et d'évaluation des politiques publiques.
11:41 Donc les parlementaires sont toujours occupés.
11:43 Et quand nous ne travaillons pas à l'Assemblée nationale, nous sommes sur le terrain à la rencontre des Français.
11:48 J'y étais vendredi dernier, dans la Manche, et vous l'en garantie qu'on ne s'ennuie pas.
11:51 - Vous l'entendez la petite gronde des députés, toute famille politique dont la vôtre qui dit...
11:56 - Et je l'ai exprimé moi-même au Premier ministre.
11:58 - Oui, qui dit qu'il y en a marre de ne pas avoir de texte à l'agenda.
12:00 Mais vous savez, on a besoin d'un calendrier de travail parce qu'on a besoin de pouvoir anticiper les sujets
12:07 pour pouvoir justement consulter les Français, rencontrer les associations, les entreprises,
12:13 faire des auditions, travailler nos amendements.
12:16 Et donc pour faire du travail parlementaire, nous avons besoin de pouvoir l'anticiper.
12:20 Donc nous avons un agenda qui va courir jusqu'au mois de mai.
12:23 Nous attendons la suite pour justement pouvoir avoir notre calendrier jusqu'à l'été.
12:29 Mais de toute façon, nous savons que nous aurons la loi sur l'orientation agricole.
12:35 Nous savons, et je l'espère, que nous aurons la loi sur la fin de vie.
12:39 Je pense que nous aurons une loi sur la simplification.
12:43 Ce sont des lois qui ont été annoncées par le Premier ministre, confirmées dans l'hémicycle à l'Assemblée nationale.
12:49 Donc elles devraient être examinées avant l'été.
12:50 - Laquelle est la plus prioritaire selon vous ?
12:53 - La plus prioritaire aujourd'hui ? - Le sommet de la pile ?
12:55 - Le sommet de la pile, la loi d'orientation agricole.
12:58 - Vous avez souhaité avec Gérard Larcher renforcer les pouvoirs du Parlement.
13:01 Lundi, vous vous êtes dit favorable à une forte dose de proportionnel au législatif.
13:04 Pour ça, il faut changer la Constitution.
13:07 On peut mettre de la proportionnel ?
13:10 - En fait, la proportionnel, il suffit d'une loi ordinaire.
13:13 Donc une loi simple. Nous n'avons pas besoin de modifier la Constitution.
13:17 - Alors du coup, ça va aller plus vite. Ma question va aller plus vite.
13:20 C'était une des promesses d'Emmanuel Macron.
13:23 Ça fait sept ans qu'il promet une réforme des institutions.
13:25 Pour ça, il faut un changement de la Constitution.
13:28 Mais si vous dites que par une simple loi organique, on peut instaurer...
13:30 - Une loi ordinaire.
13:31 - Une loi ordinaire, on peut instaurer de la proportionnel.
13:35 Pourquoi il ne le fait pas ? Il l'a exprimé à plusieurs reprises qu'il le souhaitait.
13:40 - Après, les conditions politiques n'ont jamais été réunies à l'Assemblée nationale
13:44 pour réaliser la réforme institutionnelle qui a été prévue par le président de la République en 2017,
13:50 dont on a parlé, qui a été mise à l'ordre du jour à l'Assemblée en 2018.
13:55 Mais cette réforme et la vision du président de la République,
13:58 qui était une vision globale avec le volet et le mode d'élection des députés, proportionnel,
14:03 il y avait le non-cumul dans le temps, rappelez-vous.
14:05 - Mais c'est ce que j'allais vous dire, c'est l'autre question qui arrive.
14:07 - Ah, je préhente. Et puis il y avait des sujets sur la Cour de justice de la République, etc.
14:14 C'était une réforme globale.
14:15 - D'accord, mais sur la proportionnelle...
14:16 - Et c'est vrai que moi, je crois que sur la proportionnelle, il faut que nous avancions.
14:19 Parce qu'aujourd'hui, moi, je suis à la tête d'une Assemblée qui représente pleinement
14:24 tous les courants politiques qui existent dans notre pays.
14:26 Et je pense que c'est très sain que l'Assemblée nationale...
14:29 - Mais alors pourquoi avoir besoin de proportionnelle ?
14:30 - Parce que c'est...
14:32 - Que vous dites vous-même qu'elle est représentative en général.
14:34 On met de la proportionnelle parce que l'Assemblée, il n'y a que deux grands partis
14:38 et que les autres sensibilités ne sont pas représentées.
14:40 C'est vrai que dans l'Assemblée aujourd'hui, elle est plutôt représentative.
14:43 - Elle est plutôt représentative et d'aucuns disent que c'est cette Assemblée
14:46 qui résulterait d'un scrutin proportionnel.
14:48 Donc moi, ce que je voudrais, c'est finalement inscrire cela dans le temps,
14:52 faire en sorte que durablement, l'Assemblée nationale soit plus représentative des Français.
14:56 - Et que vous répond Emmanuel Macron ?
14:58 - Eh bien, je n'ai pas encore abordé ce sujet récemment avec lui,
15:01 mais moi, je ne doute pas que le Président de la République
15:04 souhaite toujours ce scrutin proportionnel qui figurait dans son programme présidentiel en 2017.
15:12 - Sur le cumul des mandats, vous l'avez préempté la question, Yael Brown-Pivet,
15:16 sur le cumul des mandats, il y a des députés de votre majorité,
15:19 notamment des députés Horizons, d'Edouard Philippe,
15:22 qui veulent le retour du cumul des mandats. Vous ?
15:25 - Moi, je suis très opposée au retour au cumul des mandats.
15:28 Je pense qu'il ne faut pas permettre aux parlementaires de cumuler avec un mandat exécutif.
15:34 On parle bien de cela.
15:36 Aujourd'hui, moi, j'ai 50% de parlementaires qui exercent un mandat local.
15:40 Conseillers municipales, je suis moi-même conseillère municipale,
15:43 conseiller départemental, conseiller régional,
15:45 ils ont des permanences parlementaires, donc ils ont un lien accru avec le terrain.
15:49 C'est ça qui compte. Et moi, je ne souhaite pas le retour au cumul des mandats.
15:52 - Un mot sur ce qui s'est passé mercredi dernier lors des questions au gouvernement.
15:56 La ministre Sabrina Agresti-Roubach, qui devait prendre la parole,
16:00 s'est absentée pour téléphoner à son cabinet, c'est ce qu'elle a dit.
16:04 Vous avez formulé un rappel à l'ordre.
16:07 Je vous remercie d'indiquer à chaque ministre qu'il faudrait vraiment qu'il réponde aux questions
16:11 que lui pose le Parlement.
16:12 C'est ce que vous avez dit à Marie Lebec, ministre chargée des Relations avec le Parlement.
16:16 C'est un détail ou le signe d'un agacement quant à la manière dont le gouvernement traite l'Assemblée nationale ?
16:25 - Alors, c'est tout sauf un détail.
16:26 Parce que dans une démocratie, il faut, et c'est Montesquieu,
16:30 il faut qu'un pouvoir arrête un autre pouvoir.
16:32 Et donc, la séance de questions au gouvernement, ça n'est pas une séance de questions anecdotique.
16:38 C'est l'expression très claire du fait que le gouvernement est responsable
16:43 devant le Parlement et singulièrement l'Assemblée nationale.
16:46 - Donc vous n'avez pas aimé qu'elle sorte au moment d'une question ?
16:49 - Alors non, ce que je n'ai pas aimé, c'est que le gouvernement ne réponde pas précisément
16:54 aux questions qui lui sont posées par les parlementaires.
16:58 Et c'est un sujet qui revient souvent.
17:00 Et je suis heureuse de voir qu'hier, aux questions au gouvernement, les réponses étaient très complètes.
17:05 - Pourquoi ils ne répondent pas de manière récurrente, comme vous dites ?
17:09 C'est vous qui le dites, aux questions des parlementaires.
17:12 C'est un défaut de compétence sur le sujet ou sur la question ?
17:16 - Non, pas du tout. C'est parfois difficile.
17:19 Vous savez, les questions peuvent être extrêmement précises sur un sujet.
17:24 On n'est pas au courant des questions qui vont être posées à l'avance.
17:27 Donc le ministre peut se retrouver surpris.
17:31 Après, il est aussi parfois hors de son champ de compétences.
17:35 Vous voyez, on n'a pas l'ensemble du gouvernement au banc, lors des questions au gouvernement.
17:41 Donc des ministres prennent des questions qui ne ressortent pas nécessairement de leur champ de compétences.
17:45 Mais en tout cas, ce qui est important, et le Premier ministre, il sera très attentif,
17:50 on en a reparlé, à ce que le gouvernement réponde au parlement.
17:54 C'est une obligation constitutionnelle.
17:56 Et mon rôle en tant que présidente de l'Assemblée nationale,
17:59 c'est de faire respecter notre constitution. C'est notre règle commune.
18:03 Allez, on passe au Standard Inter. Bonjour Laurent.
18:06 Bonjour Nicolas, bonjour messieurs-dames.
18:09 Donc je vais rebondir sur ce que m'a dit madame Braun-Pivet sur la réforme des institutions.
18:16 Peut-être qu'à court terme, la priorité, c'est les questions agricoles.
18:20 Mais je pense que depuis au moins deux mandats, présidentiels et à long terme,
18:25 ce qui tracasse les Français, ce qui crée notre situation un petit peu de chaudron permanent,
18:33 c'est le non-respect de la parole politique, que ce soit au niveau local ou au niveau national.
18:38 Les paroles s'en vont, les écrits restent.
18:41 Donc la question que moi je me pose, est-ce que pour responsabiliser les hommes politiques,
18:46 quel que soit le niveau législatif ou exécutif,
18:50 est-ce qu'il ne faudrait pas que les programmes politiques soient considérés comme des contrats,
18:55 c'est-à-dire pas seulement des catalogues de promesses, parfois non réalisables,
19:00 d'après les diagnostics locaux, mais comme un contrat,
19:04 c'est-à-dire des objectifs chiffrés, des engagements avec validation,
19:09 validation éventuellement des autorités de la préfecture ou alors de la Cour des comptes.
19:18 Parce que si vous observez dans votre région, je ne dis pas à tous les auditeurs,
19:23 la Cour régionale des comptes, vous allez voir la liste des élus locaux
19:28 qui ont des poursuites pour non-respect de la loi ou des procédures.
19:34 Et s'il n'y a pas des fonctionnaires territoriaux qui de temps en temps balancent l'information,
19:41 ça passe à l'as !
19:42 - Bien compris Laurent, merci pour cette intervention.
19:45 Yael Broun-Pivet vous répond rapidement.
19:47 - Bonjour monsieur, c'est le B.A.B.A de la politique,
19:49 vous savez lorsque l'on s'engage en politique, c'est pour faire quelque chose
19:53 et la moindre des choses c'est de faire ce pour quoi on s'est engagé.
19:57 Donc évidemment les hommes et les femmes politiques doivent rendre des comptes
20:01 sur les promesses qu'ils ont réalisées et sur les promesses qu'ils ont tenues.
20:05 Et quand elles n'ont pas été tenues, sur le pourquoi elles n'ont pas pu être tenues.
20:09 Mais l'homme et la femme politique aujourd'hui doivent être responsables devant ses électeurs.
20:14 - Les questions internationales, Yael Broun-Pivet, on va venir au Proche-Orient dans un instant.
20:18 Mais d'abord hier à Prague, Emmanuel Macron a jugé nécessaire de bousculer les alliés de l'Ukraine.
20:22 Je le cite, qu'il a exhorté à ne pas être lâche face à une Russie inarrêtable.
20:27 Les propos de Macron sur les lâches qui n'aident pas Kiev
20:31 ne vont pas à estimer le ministre allemand de la Défense.
20:35 Question simple, est-ce qu'il y a une crise sur l'Ukraine entre Paris et Berlin ?
20:39 - Il n'y a pas de crise, il y a des échanges nourris.
20:44 Il y a surtout un besoin soutenu d'aide à l'Ukraine aujourd'hui.
20:48 On voit qu'on est dans une situation très compliquée.
20:51 Les Etats-Unis aujourd'hui ont une aide de 60 milliards qui est suspendue.
20:55 Moi-même avec mes homologues européens à la demande de Ruslan Stephanchuk,
20:59 le président de la Rada ukrainienne,
21:01 nous avons écrit à notre homologue du Congrès pour qu'il aide à débloquer cette aide.
21:07 Les Européens soutiennent massivement l'Ukraine.
21:10 Qu'il y ait des discussions, des échanges, etc. c'est normal.
21:14 - Mais là les discussions sont tendues quand même.
21:16 Entre la France et Emmanuel Macron, depuis trois semaines,
21:20 chaque déclaration de chancellerie est tendue vis-à-vis soit de l'Allemagne, soit de la France.
21:25 Vous l'avez noté ?
21:26 - Je l'ai noté, mais elle ne touche pas à l'essentiel.
21:28 Elle ne touche pas à l'essentiel ce soutien à l'Ukraine,
21:31 le soutien financier massif à l'Ukraine que nous devons réaliser,
21:34 le soutien humain, le soutien en armement, le soutien diplomatique,
21:38 la parole très ferme vis-à-vis de la Russie.
21:41 Donc pas de crise, mais en revanche une envie commune et un besoin impérieux de soutenir l'Ukraine.
21:47 - Le Proche-Orient.
21:48 - Question de Jérôme sur l'application d'Inter.
21:50 Le 7 octobre, le Hamas a commis des exactions.
21:54 Cela ne fait pas débat.
21:55 En réponse, il est établi qu'Israël a commis des exactions.
22:00 Apportez-vous toujours votre soutien sans réserve à Israël ?
22:04 - Alors, vous savez, il y a des moments comme ça quand on fait de la politique,
22:08 où de façon continue, il y a des phrases qui vous reviennent.
22:14 Je vous rappelle que lorsque j'ai apporté mon soutien inconditionnel à Israël,
22:17 et je le maintiens, à ce moment-là, Israël n'avait pas riposté.
22:22 Et je n'ai jamais prononcé le mot de soutien inconditionnel au gouvernement de Netanyahou.
22:28 C'était un soutien inconditionnel à l'État d'Israël dans la souffrance qu'il venait de subir.
22:33 Et cela, je le maintiens aujourd'hui.
22:36 Maintenant, la situation a considérablement évolué avec l'offensive militaire d'Israël sur Gaza.
22:42 Et ce que nous voyons aujourd'hui est absolument dramatique et tragique.
22:46 Et donc, il faut que cela cesse.
22:49 Il faut que nous arrivions, et c'était l'objet de mes discussions encore récentes
22:53 avec l'émir du Qatar que j'ai reçu à l'Assemblée nationale,
22:57 il faut que nous parvenions à un cessez-le-feu.
22:59 Il faut que nous parvenions à faire obtenir la libération des otages.
23:04 Et il faut que nous fassions rentrer de façon urgente davantage d'aides humanitaires sur Gaza.
23:09 Parce que la situation est absolument dramatique et insoutenable.
23:15 Il y a une semaine sur CBS, Benjamin Netanyahou promettait de lancer une offensive sur Rafa,
23:19 même en cas de trêve.
23:21 Cette offensive ne serait que retardée si une trêve était conclue le temps du Ramadan,
23:26 expliquant que l'objectif est toujours le même pour le gouvernement israélien, détruire le Hamas.
23:30 Et que tant que le Hamas ne sera pas détruit, on continue.
23:33 Je comprends l'objectif de destruction du Hamas, qui est une organisation terroriste.
23:38 Et nous devrions évidemment avoir tous en commun cet objectif d'anéantir de notre planète le terrorisme.
23:45 Maintenant, on voit à quel point les dégâts sur les populations civiles sont absolument incommensurables.
23:52 Et donc il faut que nous parvenions maintenant à se cesser le feu et à une solution de paix négociée.
23:58 Et j'espère que la France, et j'en suis convaincue, prendra toute sa part en la matière.
24:02 Interrogé sur Radio J ce dimanche au sujet de l'antisémitisme supposé de Jean-Luc Mélenchon,
24:08 après notamment un tweet controversé à votre sujet où il vous accusait de camper à Tel Aviv,
24:13 le garde des Sceaux, Eric Dupond-Moretti a déclaré, je réponds oui à votre question,
24:18 Eric Dupond-Moretti a estimé que Jean-Luc Mélenchon s'exprime comme un antisémite.
24:23 Employez-vous les mêmes mots ?
24:25 Moi je n'emploie qu'un mot vis-à-vis de M. Jean-Luc Mélenchon, c'est le mépris.
24:30 Ça ne m'intéresse pas de commenter ou de polémiquer avec ce triste océan.
24:34 Pourquoi le mépris ?
24:35 Parce que je trouve que ces tweets sont méprisables.
24:39 Je n'ai rien d'autre à dire.
24:41 Mais c'est un élu de la République Jean-Luc Mélenchon.
24:43 Il n'est plus élu, il n'est pas élu de la République.
24:46 Donc pour vous c'est le mépris qui vous inspire ?
24:49 Oui, ça n'est que ça.
24:51 Bien.
24:52 Merci.
24:53 Juste une réaction sur l'appelé d'inter de Pierrot.
24:56 Vous êtes en route pour 2027 Yael Brune-Pivet, c'est flagrant.
25:00 C'est ça qu'il vous dit, il écoute et il vous dit ça.
25:03 Il est gentil.
25:05 Non, je suis en route pour l'Assemblée Nationale,
25:07 où je vais recevoir dans quelques heures 25 présidentes d'Assemblée Nationale du monde entier.
25:13 Vous pensez à 2027 ? Vous ne vous dites pas pourquoi pas moi, pourquoi pas une femme ?
25:16 Quand je pense à 2027, c'est que je me dis que j'aurais fini mon mandat de président de l'Assemblée
25:21 et j'espère que j'aurais réussi à faire tout ce que je veux faire pour cette Assemblée Nationale.
25:24 Ouh la la la !
25:26 Pas du tout, ce n'est pas mon genre, vous me connaissez un peu.
25:29 Merci Yael Brune-Pivet, président de l'Assemblée Nationale.
25:34 Jusqu'en 2027.