DB - 02-03-2024
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00:00 (musique)
00:14 Bonsoir. Je vous ai raconté l'histoire du docteur Morodival,
00:20 assassiné chez lui en pleine nuit, d'un coup de sabre qui lui avait ouvert le crâne.
00:26 Et vous vous souvenez encore sans doute de la belle assurance de ce jeune officier de police,
00:31 déclarant à son chef qu'il connaissait l'assassin, alors même que l'enquête venait à peine de commencer.
00:38 Eh bien, je ne veux pas finasser avec vous. Je vous livre tout de suite le nom du coupable.
00:47 Jacques Darty. Parfaitement. Le secrétaire du docteur.
00:53 Comment s'est-il trahi? Oh, le plus bêtement du monde.
00:59 Rappelez-vous.
01:01 Lorsque Jacques Darty est arrivé chez son patron ce matin-là, il est censé tout ignorer du drame.
01:16 L'officier de police lui annonce la nouvelle sans détail superflu.
01:20 Le docteur Morodival a été assassiné dans la nuit.
01:24 Oubliant de jouer son rôle d'innocent, il va tout droit vers le petit salon
01:34 où il sait que se trouve le cadavre de son patron.
01:38 Jacques Darty n'était pas un criminel endurci. Il ne tarda pas à faire des aveux complets.
01:44 Il avait besoin d'argent, ses petites amies, sa jolie voiture.
01:50 Elle lui coûtait cher. Alors, la tentation était trop forte de négocier à l'insu du docteur
01:56 quelques timbres rares de la collection.
01:59 Tout alla bien jusqu'au jour où un courtier d'Amsterdam proposa au docteur
02:05 l'exemplaire unique d'un timbre de 2 cents 1856 de la Guyane anglaise
02:11 qu'il possédait déjà. Gardant pour lui ses soupçons,
02:15 le collectionneur résolut de prendre son voleur la main dans le sac.
02:19 Lorsque le docteur surprit Darty dans le petit salon devant l'armoire au timbre,
02:26 une lutte violente s'engagea entre les deux hommes.
02:31 Darty, plus jeune et plus agile, eut le dernier mot en fracassant le crâne du docteur
02:38 avec le premier objet qui lui tomba sous la main.
02:42 Oh non, pardon, en fait, non, non, le dernier mot, c'est la justice qu'il a eue.
02:48 Darty purge actuellement une peine de 30 ans de réclusion.
02:52 Permettez-moi de vous présenter le colonel Dubois de la Tour.
03:03 Dubois en deux mots, s'il vous plaît. 1 m 82, 82 kilos.
03:09 Non, rassurez-vous, ce n'est pas son cadavre que vous voyez là, il dort tout simplement.
03:15 A 58 ans, il a encore des dents de loup et il croque joyeusement la fortune de sa femme
03:21 décédée il y a une douzaine d'années. Il a dû quitter l'armée bien avant l'âge de la retraite.
03:26 Tout le monde l'appelle colonel car il y tient beaucoup, mais personne ne sait
03:31 s'il a été vraiment colonel ni dans quelle arme il a servi.
03:35 En tout cas, il ne porte jamais de décoration.
03:38 Oui, entrez.
03:42 Il est juste à 9 heures, mon colonel. Très bien, merci.
03:50 Georges, mets-en un scotchon.
04:17 Ah, au réveil, il n'y a rien de tel. Certainement, mon colonel.
04:40 Mon colonel a bien dormi ? Comme inconscrit.
04:45 Mon colonel s'est touché tard. Pas de pub d'habitude, 2 heures et demie.
04:51 Mon colonel a gagné hier au soir. Une culotte, Georges, ratissée jusqu'à l'os du thé.
05:01 C'est terrible, mon colonel. Une série. Une série noire.
05:10 Bah, tant mieux. La chance va tourner. C'est ce soir que nous allons nous refaire.
05:16 C'est mathématique. Il est toujours permis d'espérer, mon colonel.
05:26 Voyons, Georges, je ne vous reconnais plus. Qu'est-ce qui se passe ?
05:32 Ils ont coupé le téléphone hier, mon colonel.
05:36 Vous n'avez rien pu faire ? Pas cette fois-ci, mon colonel.
05:40 Voyons, Georges, ne faites pas cette tête-là. Ce n'est pas le moment de flancher.
05:45 C'est facile à dire, mon colonel.
05:48 Voyons, Georges, il y a combien de temps qu'on se connaît ?
05:53 Bientôt 15 ans, mon colonel. 15 ans, c'est quelque chose, non ?
05:58 Oui, mon colonel, c'est quelque chose.
06:03 Alors, mon Georges, entendu, je peux compter sur vous ?
06:06 C'est-à-dire que... Je peux, oui ou non ?
06:09 J'essaierai, mon colonel. Merci, Georges, je m'en souviendrai.
06:15 Georges, vous ne trouvez pas que la vie est belle ?
06:22 Et oui, la vie était tellement belle que le lendemain matin,
06:29 peu après 9 heures, le fidèle Georges se rendait au commissariat.
06:33 Qu'est-ce que c'est ? Je voudrais parler au commissaire.
06:37 Il n'est pas encore arrivé. C'est à quel sujet ?
06:40 Mon patron s'est suicidé. Quoi ? Il y a longtemps ?
06:44 Je ne sais pas. Je viens de le découvrir.
06:46 Vous ne pouviez pas téléphoner, non ?
06:48 Le téléphone ne marche pas, alors je suis venu tout de suite.
06:51 Avez-vous prévenu un médecin ?
06:53 Non. De toute manière, c'était trop tard.
06:56 Tant mieux. Enfin, je veux dire, tant pis.
06:58 Le commissaire va vous accompagner. Nous disons quelle adresse.
07:03 Par ici, messieurs. La chambre est au premier.
07:13 Je vous laisse.
07:15 Ils sont assez loin de là-haut. On peut se mettre ici ?
07:25 Comme vous voudrez.
07:27 Je vais déjà noter quelques éléments pour mon rapport.
07:29 Est-ce que je vous ai sous la main ?
07:31 Je suis à votre exposition.
07:33 Je veux que l'essentiel. De toute manière, il y aura une enquête.
07:37 Bon. Alors, le nom du défunt, quel nom vous m'avez dit déjà ?
07:42 Dubois de la Tour. Dubois en deux mots.
07:44 Colonel Dubois de la Tour.
07:46 Dubois de la Tour. Colonel ?
07:48 En retraite.
07:49 Bien. Et vous ?
07:51 Moi ?
07:52 Oui, votre nom ?
07:53 Sabourot. Georges Marcel.
07:55 Sabourot. Georges Marcel.
07:59 Non, non, inutile. Plus tard.
08:02 Depuis combien de temps étiez-vous à son service ?
08:05 Oh, bientôt 15 ans.
08:08 Vous permettez ?
08:10 Oui.
08:12 Il y a quelque chose que je ne comprends pas.
08:21 Pourquoi avez-vous parlé de suicide ?
08:23 Une mort subite à cet âge-là, ça se voit tous les jours.
08:25 Et tant qu'on n'aura pas les résultats de l'autopsie,
08:27 tout ce qu'on peut dire, c'est qu'il est mort.
08:29 Non, pour moi, il s'est suicidé.
08:30 Avec quoi ?
08:31 Ce que je sais.
08:32 Nous n'avons rien trouvé qui permette de le supposer.
08:34 Pas même une lettre d'adieu.
08:36 Mais ça ne prouve rien.
08:37 Il vous avait fait part de son intention de mettre fin à ses jours ?
08:40 Non.
08:41 Alors, vous voyez bien.
08:42 Il avait des raisons.
08:44 Racontez-moi ça.
08:46 On peut téléphoner ?
08:50 Non, je regrette, le téléphone est coupé depuis avant-hier.
08:53 Alors, bon, comment je vais faire ?
08:55 Demandez au voisin, mon vieux.
08:57 Qui a coupé le téléphone ?
09:03 Qui voulez-vous ? Les PTT, naturellement.
09:05 Ah, je comprends.
09:06 Vous me parliez de raison tout à l'heure.
09:08 Difficulté financière.
09:10 Oui, terrible.
09:11 Le colonel jouait beaucoup et depuis six mois, il n'arrêtait pas de perdre.
09:15 Ah, et vous étiez au courant ?
09:17 Forcément.
09:18 Mais c'est pas une raison pour se suicider, ça.
09:21 Vous savez, quand il ne reste plus d'espoir...
09:24 Parce qu'il en était là ?
09:26 Oui.
09:27 Vous voulez dire qu'il était ruiné ?
09:29 Ruiné, c'est encore trop peu dire.
09:31 Même la villa est hypothéquée.
09:33 Alors, si je comprends bien, le téléphone coupé...
09:36 Il n'avait pas payé.
09:38 Je suppose qu'il ne vous payait pas non plus.
09:40 Il y a trois mois qu'il ne m'a pas donné un sou.
09:43 Et vous ne disiez rien ?
09:44 Qu'est-ce que j'aurais pu dire ?
09:46 On voit bien que vous ne le connaissiez pas.
09:48 Il était tellement sûr de lui qu'on ne pouvait pas lui résister.
09:50 Ainsi, moi, par exemple, j'avais quelques petites économies...
09:53 Quoi, vous lui avez prêté de l'argent ?
09:55 Oui.
09:56 Beaucoup ?
09:57 Pour moi, c'était beaucoup.
09:59 Vous avez signé une reconnaissance de dette.
10:01 Pensez-vous, c'était sur l'honneur.
10:03 Je pense que vous pouvez faire une croix dessus.
10:06 Oui, je le sais.
10:07 D'autant que je n'étais pas le seul.
10:09 Il avait emprunté à tous ses amis.
10:11 Depuis que les choses allaient si mal, il ne voyait plus personne.
10:14 Les uns le fuyaient et les autres, c'est lui qui les évitait.
10:17 Alors, d'après vous, c'était sans issue.
10:19 Mais oui, mais c'est le jeu qui l'a tué.
10:21 Tenez, hier soir encore, il était sûr de gagner.
10:23 Il m'a demandé 1 000 francs pour aller au casino.
10:25 Mais vous les lui avez donnés ?
10:27 Oui.
10:28 C'était de la folie.
10:29 Quand je l'ai vu rentrer plus tôt que d'habitude,
10:31 j'ai tout de suite compris que tout était perdu.
10:33 Je n'ai rien dit et je suis monté me coucher.
10:36 Inutile de vous dire que j'ai mal dormi.
10:38 Au fait, où est votre chambre ?
10:48 Au deuxième, sur la rue.
10:50 Et vous n'avez rien entendu ?
10:51 Non, rien. Je ne pouvais pas me douter.
10:53 Ce matin, je suis descendu à 8 heures, comme d'habitude.
10:56 Ici ?
10:57 Oui. J'ai préparé le plateau du petit-déjeuner.
11:00 Ce plateau-là ?
11:01 Oui.
11:02 C'est triste à dire, mais les soucis ne lui avaient pas coupé l'appétit.
11:07 Dès le réveil, il avalait un vrai repas.
11:09 Des oeufs, du jambon, de la confiture avec du pain grillé.
11:12 Vous vous rendez compte, il était d'une inconscience.
11:14 Alors, ce matin ?
11:16 Je ne savais rien.
11:18 Je lui ai monté son petit-déjeuner, comme d'habitude, à 9 heures.
11:22 J'ai frappé. Rien.
11:24 Je suis entré quand même, et j'ai tout de suite vu qu'il était mort.
11:28 Et qu'avez-vous fait ?
11:30 Qu'est-ce qu'il aurait fallu faire ? J'ai couru au commissariat.
11:33 Sans perdre une minute ?
11:36 Naturellement.
11:38 Vous aurez bientôt fini de nous raconter des histoires ?
11:41 Oui, mais je vous assure que j'ai couru au commissariat.
11:43 Ça, je veux bien le croire.
11:45 Et je veux bien croire aussi que le colonel n'est pas mort de mort naturelle.
11:47 Mais c'est ce que j'ai toujours dit.
11:48 Mais là où je ne suis plus d'accord du tout,
11:50 c'est quand vous dites qu'à 9 heures ce matin, vous ne saviez pas que votre patron était mort.
11:52 C'est la vérité.
11:53 À d'autres, vous saviez très bien qu'il était mort.
11:56 Vous aviez de bonnes raisons de le savoir.
11:58 Vous m'accusez ? Pourquoi ?
12:02 Devinez.
12:04 Et vous, avez-vous deviné ?
12:12 Avez-vous remarqué l'erreur commise par le valet de chambre ?
12:16 L'oubli impardonnable qui le désigne déjà comme le présumé coupable.
12:20 Non ?
12:21 Bon, eh bien, je vais vous mettre sur la voie.
12:25 Je dirais que c'est son sens des économies qu'il a perdu.
12:30 Vous avez compris ?
12:33 Oui ? Vous croyez ?
12:35 Bon, eh bien, nous nous retrouvons demain.
12:37 À demain, bonsoir.
12:39 Ah, non, j'oubliais, nous arrivons à la fin de la semaine et nous n'avons pas rendez-vous demain.
12:44 Alors, si vous voulez connaître la solution de cette énigme,
12:47 restez devant votre poste et je vous la donnerai dans quelques minutes.
12:52 De toute façon, je vous la présenterai à nouveau au début de la semaine prochaine
12:56 avant de vous raconter une nouvelle histoire.
13:00 Au revoir.
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