Stéphane Séjourné, ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, a qualifié vendredi matin d'"indéfendable" et d'"injustifiable" l'émeute autour d'une distribution alimentaire à Gaza qui a fait, selon le Hamas, une centaine de morts. Il affirme que la France soutient la demande d'une enquête.
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00:00 L'invité du grand entretien de la matinale ce vendredi avec Marion Lourdes, nous recevons
00:04 le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, également secrétaire générale du parti
00:09 Renaissance.
00:10 Vos questions, elles sont déjà nouvreuses.
00:12 Vos interventions, chers auditeurs au 01 45 24 7000 ou sur l'application France Inter.
00:18 Bonjour Stéphane Séjourné.
00:19 Bonjour Aude.
00:20 Bonjour.
00:21 Merci d'être avec nous ce matin, votre parole est très attendue et nous avons de nombreux
00:24 dossiers à aborder avec vous et nous allons commencer par ce qui s'est passé hier à
00:29 Gaza, plus de 100 morts selon le Hamas lors d'une distribution d'aide alimentaire et
00:34 cette réaction extrêmement forte du président de la République, je cite Emmanuel Macron,
00:39 ouvrez les guillemets, "profonde indignation face aux images qui nous parviennent de Gaza
00:44 où des civils ont été pris pour cible par des soldats israéliens", écrivait le chef
00:49 de l'état sur X-Star dans la nuit et il continuait "j'exprime ma plus ferme réprobation
00:55 envers ces tirs et demande la vérité, la justice et le respect du droit international".
01:01 Première question, assez rapidement, est-ce que vous aussi vous êtes en colère ce matin
01:06 contre Israël ?
01:08 Oui, d'abord la situation humanitaire est depuis maintenant plusieurs semaines catastrophique
01:14 et ce qui se passe est indéfendable et injustifiable et je pense qu'Israël doit pouvoir l'entendre
01:20 et cela doit cesser.
01:22 Maintenant nous avons franchi un cap supplémentaire, les gens se battent pour de la nourriture
01:29 et il y a des émeutes.
01:30 Dans cette situation, j'ai entendu notamment la demande du secrétaire général des Nations
01:36 Unies d'ouvrir une enquête indépendante et je pense que la France soutiendra cette
01:40 démarche.
01:41 Il y a une question qui est importante aujourd'hui, c'est celle de savoir quelles sont les images
01:46 dont parle le président de la République, ces images qui nous parviennent de Gaza où
01:51 des civils ont été pris pour cible par des soldats israéliens, nous ne les avons pas
01:56 vues mais elles tournent sur les réseaux.
01:58 Vous avez des images particulières Stéphane Cijourné ?
02:01 Justement, les images ont tourné sur un certain nombre de réseaux et c'est pour ça qu'une
02:05 enquête indépendante pour éclaircir ce qui s'est passé doit être menée.
02:10 En général, le fait que des populations se battent aujourd'hui pour avoir de la nourriture,
02:19 c'est plus que normalement.
02:20 Rafa, qui est une ville qui compte à peu près 300 000 habitants, est aujourd'hui
02:26 submergée par 1,2 million d'habitants, qui a des déplacements forcés de population.
02:32 Tout ça doit nous mener à qualifier à un moment donné des faits et puis à demander
02:37 des explications.
02:38 Au gouvernement israélien ?
02:40 Au gouvernement israélien, je veux être très clair aujourd'hui, nous demandons des
02:45 explications et il faudra une enquête indépendante pour déterminer ce qui s'est passé.
02:49 Il ne peut pas y avoir dans notre narratif à nous deux poids deux mesures par rapport
02:55 à des situations.
02:56 La France dit les choses, elle dit les choses quand il s'agit de qualifier de terroriste
03:01 le Hamas mais elle doit dire les choses aussi quand il se passe des atrocités à Gaza.
03:05 Mais quand le président de la République écrit « des civils ont été pris pour cible
03:09 par des soldats israéliens », vous n'avez pas les images où ces soldats tirent en
03:14 direction des civils ?
03:15 C'est les informations qu'on a mais encore une fois je pense qu'il faudra une enquête
03:18 indépendante et nous soutiendrons la proposition du secrétaire général des Nations Unies.
03:23 Et si on vous écoute bien Stéphane Séjourné, en tout cas le gouvernement israélien est
03:26 responsable.
03:27 Vous êtes un peu sur la même ligne que MSF, Médecins Sans Frontières qui dit ce
03:30 matin « la responsabilité de tout cela revient à ceux qui ont organisé cette pénurie
03:34 de nourriture », autrement dit Israël.
03:37 On se bat depuis maintenant des semaines.
03:39 Au niveau international, il suffit de regarder d'ailleurs nos votes aux Nations Unies,
03:43 de regarder notre mobilisation humanitaire, je parle de la France, pour que nous puissions
03:47 ouvrir des points de passage nécessaires pour l'aide humanitaire et puis pour que
03:53 les gens puissent se nourrir, tout simplement.
03:55 Et donc je pense que la France a été un des pays moteurs de la mobilisation internationale
04:03 sur ce sujet, nous continuerons à le rester et l'indignation de penser même que des
04:08 gens sont en train de mourir de faim à Gaza est insupportable pour nous.
04:12 Emmanuel Macron réclame la justice, est-ce qu'il faudra juger ces soldats israéliens
04:16 qui ont pris pour cible des civils Stéphane Séjourné, ces soldats et leur commandement ?
04:22 D'abord, il y a des instances internationales et une cour internationale de justice qui
04:28 peut être saisie, d'ailleurs elle est déjà saisie, elle se prononcera sur un certain
04:32 nombre d'éléments et nous suivrons attentivement les déroulés.
04:37 Emmanuel Macron demande la justice ? Oui, tout à fait, il y a une justice internationale
04:41 qui soit traduite devant les tribunaux.
04:42 Évidemment, à partir du moment où on pourrait qualifier de crime de guerre ce genre de
04:47 fait, il faudra que la justice se prononce.
04:51 Et au vu de cette situation de la mort de plus de 100 civils palestiniens selon le Hamas,
04:57 est-ce que de votre point de vue, Stéphane Séjourné, un cessez-le-feu qu'on espérait
05:01 encore il y a quelques jours est encore possible ?
05:03 Oui, je veux redire juste la position de la France pour être très clair.
05:06 Nous souhaitons un cessez-le-feu durable, la libération des otages.
05:11 Je veux rappeler quand même à vos auditeurs qu'il y a encore trois de nos compatriotes
05:14 qui sont retenus à Gaza, que nous avons toujours dit les choses de manière transparente par
05:21 rapport à des grands principes.
05:22 Le principe justement de qualifier de terrorisme les attentats du CET, de donner aussi le droit
05:29 à Israël de se défendre face au terrorisme, mais en même temps nous ne pouvons pas justifier
05:35 l'injustifiable et notamment la situation catastrophique qui est la situation humanitaire
05:40 aujourd'hui.
05:41 Vous le souhaitez, mais est-ce qu'il est possible ce cessez-le-feu ?
05:43 Nous y travaillons, on travaille en format différent.
05:46 La France est dans beaucoup de formats pour justement travailler au jour d'après et
05:50 au travail au cessez-le-feu.
05:51 J'étais encore avec des homologues, notamment des pays arabes, qui travaillent également
05:56 à faire pression et à proposer une solution pour l'après.
06:00 Mais ça le repousse quand même.
06:01 Oui mais vous savez, moi je ne crois pas qu'on puisse résoudre la question sécuritaire
06:07 de manière détachée de la question politique.
06:09 Et donc il faudra réunir les deux.
06:12 Et pour avoir un cessez-le-feu durable, il faudra également régler la situation politique.
06:17 Et nous travaillons également avec l'ensemble des partenaires et puis de mes homologues
06:21 sur ce sujet.
06:22 Il y a plusieurs questions d'auditeurs qui concernent la reconnaissance de la Palestine,
06:26 Stéphane Séjourné, pour faire bouger Israël.
06:28 Je cite l'un d'entre eux pour faire avancer vers une solution.
06:33 « Ne faut-il pas à un moment que la France reconnaisse la Palestine comme un État à
06:37 part entière ? »
06:38 Aujourd'hui, à peu près 140 pays sur près de 190-200 reconnaissent la Palestine.
06:44 Mais pas la France, pas les États-Unis, pas beaucoup de pays européens.
06:48 Je vais être très transparent avec vous.
06:50 C'est un outil dans le processus de paix.
06:54 Il faut l'utiliser au bon moment.
06:57 Mais à partir du moment où nous avons comme doctrine, et c'est notre position, la position
07:03 de la France, la solution à deux États, évidemment que ça reste un outil au service
07:08 de la paix.
07:09 Et donc ça doit être utilisé dans le processus de paix à partir du moment où il y aura
07:12 un accord.
07:13 La langue diplomatique, elle peut ressembler à la langue de bois.
07:15 Mais en l'occurrence, ça veut dire que la France y est prête.
07:18 Je pense qu'aucun ministre des Affaires étrangères n'a jamais dit ça.
07:21 Donc ce n'est pas de la langue de bois.
07:22 Vous dites que l'un des outils c'est la reconnaissance éventuellement de la Palestine.
07:26 Un autre outil pour peser pour la France, c'est quoi ? C'est une éventuelle alliance
07:31 avec le Qatar ? Puisque le président de la République a reçu l'émir du Qatar cette
07:35 semaine et que tous les deux ont appelé d'une même voix au cessez-le-feu ?
07:38 Alors nous travaillons sur la question humanitaire avec l'Egypte et la Jordanie notamment.
07:43 Nous travaillons avec le Qatar et les Émirats sur la question du cessez-le-feu, de la libération
07:48 des otages.
07:49 Vous le rappelez avec nos trois compatriotes qui sont encore retenus à Gaza.
07:52 Donc oui, nous sommes dans tous les formats de discussion qui permettent une solution
07:57 politique et puis de régler la question sécuritaire pour que deux États puissent vivre en paix
08:03 et puis pour que justement les garanties de sécurité soient données aux Palestiniens
08:07 et aux Israéliens.
08:08 Alors je disais que nous avions beaucoup de dossiers à aborder avec vous.
08:12 Stéphane, ces journées, vous allez peut-être nous aider à faire l'anatomie d'une phrase
08:16 qui a fait couler beaucoup, beaucoup d'encre cette semaine après la déclaration du président
08:21 de la République lundi soir où il disait qu'il n'y avait pas de consensus pour envoyer
08:26 de manière officielle des troupes au sol mais que rien ne devait être exclu.
08:30 Il y a eu la précision du ministre des Armées qui parlait d'opérations, de déminage, de
08:36 formation.
08:37 Est-ce que ce n'est pas une erreur d'Emmanuel Macron d'avoir parlé d'envoyer des troupes
08:42 combattantes ou de laisser penser que ça pourrait être des troupes combattantes que
08:46 les Français enverraient en Ukraine ?
08:49 Je pense que nous devons d'abord la vérité aux Français sur le constat.
08:54 C'est peut-être l'élément qui manque aujourd'hui dans le débat politique et
09:00 médiatique sur ce sujet.
09:02 D'abord, il y a un risque d'effondrement de l'Ukraine et il y a des conséquences
09:06 à ce risque d'effondrement de l'Ukraine.
09:08 Je pense notamment à ce qui concerne la violation du droit international.
09:12 Laisser un pays venir dans le cadre des frontières et de la Charte des Nations Unies et violer
09:23 l'intégrité territoriale d'un État souverain, c'est aussi donner la justification
09:28 de nombreux conflits dans le monde.
09:30 Il y aurait une catastrophe économique, je l'ai dit souvent, mais si l'Ukraine
09:36 s'effondrait, 30% du marché du blé serait maîtrisé par la Russie, ce qui donnerait
09:41 la possibilité de nous attaquer sur les marchés.
09:44 Donc, également pour les Français, la question du pouvoir d'achat se reposerait, l'augmentation
09:49 des matières premières et puis probablement une vague…
09:52 Mais c'était vraiment opportun de faire cette déclaration quand on voit autant de
09:55 rejets chez nos alliés avec le chancelier allemand qui contredit brutalement le président
10:01 de la République.
10:02 Le signal envoyé, c'est la division des Européens, ce n'est pas une manifestation
10:05 de force.
10:06 Je vais juste finir sur le constat parce que c'est très important.
10:08 Une des conséquences serait également probablement la question humanitaire avec une vague de
10:15 réfugiés jamais vus depuis la deuxième guerre mondiale.
10:19 On parle de 10 millions d'Ukrainiens qui pourraient quitter l'Ukraine en cas d'effondrement.
10:23 Et puis, on sait très bien, et nous avons des informations, que la Russie ne s'arrêtera
10:28 pas là.
10:29 Vous voulez dire qu'elle ira jusqu'où ? La Pologne ?
10:33 Je pense notamment à la Moldavie qui sont des pays qui sont aujourd'hui en danger.
10:38 La Transnistrie ?
10:39 Ce que je veux vous dire ce matin, c'est qu'on ne peut pas se retrouver dans la même
10:42 période que septembre 38.
10:44 Au moment où on a lâché la Tchécoslovaquie pour une paix éphémère.
10:49 Les Sudètes.
10:50 Les Sudètes.
10:51 Et puis un an après…
10:52 T'as pas raison et raison Stéphane Séjourne.
10:53 Je vous dis qu'on ne peut pas se retrouver dans cette période.
10:56 Je ne dis pas qu'on est dans cette période mais l'histoire se répète.
10:59 Et moi je retiens quand même, peut-être un enseignement de cette période avec l'histoire,
11:06 c'est que un pas de côté face à une puissance impérialiste, c'est lui donner la possibilité
11:11 de faire un pas en avant.
11:12 Et donc aujourd'hui, qu'est-ce qui a été dit par le Président de la République ?
11:15 Il y a un cadre très clair qui a été fixé.
11:17 C'est-à-dire mettre en échec la Russie sans faire la guerre à la Russie.
11:22 Et dans ce cadre-là, rien n'est exclu.
11:25 Voilà, et donc les choses sont dites, sont claires, ça participe à l'ambiguïté
11:29 stratégique mais en même temps, ça nous met du bon côté de l'histoire et moi je
11:33 suis très content de voir que le Président de la République ait pu justement poser les
11:38 choses et aussi créer ce débat au niveau européen.
11:40 Pourquoi ce changement de ligne politique ou stratégique ? Pourquoi maintenant puisque
11:43 la guerre dure maintenant depuis plus de deux ans Stéphane Séjourne ?
11:46 Parce que le contexte est instable.
11:48 On a des élections américaines qui justement nous rendent instables le soutien de l'Ukraine
11:56 dans la durée.
11:57 On a Donald Trump qui a fait également des déclarations sur l'article 5 de l'OTAN
12:02 et donc la solidarité envers les pays.
12:05 Et donc si cette clause est contractualisée, elle n'existe plus.
12:08 Si les Etats-Unis ne soutiennent plus l'Ukraine, je ne sais pas si les Européens aujourd'hui
12:13 pourront faire face.
12:15 On ne représente que 30% de l'aide.
12:17 Tous les Européens, 30% de l'aide à l'Ukraine.
12:20 Sans les Américains, nous ne pouvons pas durer.
12:22 Et l'aide des Américains est bloquée.
12:23 Et l'aide des Américains aujourd'hui est bloquée.
12:24 Et puis il y a une deuxième conséquence.
12:27 C'est que la Russie aujourd'hui nous attaque.
12:29 Sur le volet informationnel, sur le volet informatique, on est dans une situation de
12:35 fragilité avec la préparation des élections européennes, avec la préparation des Jeux
12:39 Olympiques et la France ne permettra pas.
12:43 Ça c'est la grande crainte.
12:44 Ça attaque nos services publics, nos transports, nos hôpitaux.
12:47 Et imaginez deux minutes que nous n'ayons plus d'hôpitaux dans la région parisienne,
12:53 que les transports s'arrêtent à cause des attaques informatiques de la Russie.
12:57 Tout ça fait que la Russie a changé de posture.
13:01 C'est notre avis, c'est notre analyse.
13:02 Et ça démontre aussi qu'elle ne s'arrêtera pas là.
13:07 Et donc dans ce cadre-là, le cadre fixé par le président de la République de ne rien
13:10 exclure permet d'envoyer un message très clair.
13:13 Un message très clair à la Russie que nous ne lâcherons pas le combat avec les Ukrainiens.
13:18 Justement Stéphane Séjourné, il y a eu les mots du président de la République,
13:21 Emmanuel Macron, et il y a eu la réponse de la Russie, notamment hier le discours de
13:26 Vladimir Poutine qui a agité la menace d'une guerre nucléaire.
13:30 On entendait tout à l'heure l'édito de Pierre Haski.
13:34 Est-ce qu'on ne nourrit pas une escalade en parlant de troupes au sol même si elles
13:39 ne sont pas combattantes ?
13:40 Faites attention à nous-mêmes, ne pas nourrir le discours de la Russie.
13:44 Ceux qui nourrissent aujourd'hui l'escalade, ce sont les Russes.
13:48 Ceux qui attaquent l'Ukraine aujourd'hui et qui mettent en danger la sécurité de
13:54 l'Europe, ce sont les Russes.
13:57 Nous-mêmes, Français, ne travaillons pas avec les éléments de langage et la doctrine
14:02 du Kremlin.
14:03 Et donc il faut qu'on fasse très attention à ça.
14:06 Parce que je pense qu'on fait le jeu aujourd'hui en évoquant ces sujets.
14:10 Il y a un certain nombre de formations politiques qui font le jeu, aujourd'hui sans le savoir
14:14 ou en le sachant, de la Russie.
14:17 Je vous dis les choses assez clairement.
14:21 Depuis que nous avons décidé de soutenir l'Ukraine, que ce soit d'ailleurs pour
14:28 l'envoi de matériel humanitaire au début, Vladimir Poutine a agité la question nucléaire.
14:36 Quand nous avons décidé d'envoyer du matériel militaire, il a agité la menace nucléaire.
14:41 Quand nous avons décidé d'envoyer des chars, il a agité la menace nucléaire.
14:45 Quand nous avons décidé d'envoyer des avions, il a agité la menace nucléaire.
14:49 Et donc là, nous passons à un stade supérieur en n'excluant rien et il agite la menace
14:55 nucléaire.
14:56 Donc j'ai envie de vous dire, c'est une logique et une forme de désinhibition de
15:02 la Russie par rapport à la menace nucléaire.
15:04 Bonjour Benjamin, et merci d'être avec nous ce matin sur Inter.
15:09 Vous avez une question pour le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, Stéphane
15:13 Sejourné.
15:14 Une question, revenons quand même sur un truc, c'est que l'Union européenne avait
15:21 déclaré que c'était une kleptocratie, l'Ukraine est comme la Russie.
15:24 Mais bon, passons.
15:26 La question hier dans le Figaro, Jean-Pierre Chevènement disait qu'il serait bon qu'Emmanuel
15:34 Macron se souvienne que nous n'avions pas élu Volodymyr Zelensky comme président.
15:40 Est-ce qu'il s'en souvient ? Est-ce que moi, je n'ai pas du tout envie de mourir
15:42 pour l'Ukraine ? Et je pense que personne n'a envie d'envoyer ses enfants mourir pour
15:46 l'Ukraine.
15:47 Merci pour votre intervention Brice.
15:50 Les Français ont élu Emmanuel Macron comme président, pas Volodymyr Zelensky, écrivait
15:56 donc Jean-Pierre Chevènement dans le Figaro.
15:58 Qu'est-ce que vous répondez à ceux qui vous rétorquent ça ?
16:01 Je pense que le parallèle que je disais, il ne fallait pas qu'on se retrouve dans
16:05 la situation de septembre 1938, c'est exactement ce que je viens de dire.
16:09 C'est-à-dire que tout ce que nous faisons est pour éviter la guerre et évidemment
16:14 pas pour rajouter un degré d'inquiétude aux Français.
16:19 Et donc notre stratégie de rajouter l'ambiguïté stratégique à ce moment-là est justement
16:24 pour éviter l'effondrement de l'Ukraine.
16:27 Je veux juste rappeler…
16:28 Et à ceux qui vous disent "je ne veux pas mourir pour l'Ukraine" ou "je ne veux
16:31 pas mourir pour Danzig" ?
16:33 Les Français ne mourront pas pour l'Ukraine.
16:36 On ne nous enverra pas de troupes militaires, combattantes puisque le cadre a été fixé,
16:42 c'est-à-dire empêcher la Russie de gagner sans faire la guerre à la Russie.
16:47 Et dans ce cadre-là, rien n'est exclu, c'est ce qu'a dit le président de la
16:51 République.
16:52 Je veux rappeler peut-être une chose, c'est que l'effondrement de l'Ukraine nous
16:56 coûterait beaucoup plus cher.
16:58 Et on passe dans un autre monde.
17:00 Ce n'est plus 2% du budget du PIB de la France qui serait consacré à la défense,
17:05 mais c'est plutôt 4 ou 5.
17:07 Les attaques sur les marchés de matières premières seraient évidentes, les vagues
17:13 migratoires de plus de 10 millions d'Ukrainiens seraient massives et notre sécurité collective
17:19 serait en danger.
17:20 Par ailleurs, nous avons encore une fois des informations comme quoi la Russie ne
17:24 s'arrêtera pas là.
17:25 Donc le contexte, je veux bien que vos auditeurs aient en tête, ce contexte-là nous pousse
17:34 justement à un moment donné tout faire pour soutenir l'Ukraine dans la durée et justement
17:40 garder la possibilité d'une paix durable en Europe.
17:43 Et donc, tout notre appareil diplomatique et les prises de parole du président de la
17:48 République servent à protéger les Français.
17:50 Il y a le militaire, la communication, l'influence.
17:54 Le Monde rapporte que la DGSI enquête sur une tentative de déstabilisation des élections
17:58 européennes par des pro-russes en France.
18:00 Il y aurait en France une liste politique qui sert les intérêts de la Russie.
18:04 Est-ce que vous avez connaissance de ces faits ? De cette liste qui serait conduite par un
18:10 ancien député FN, en l'occurrence Jean-Luc Schiaffoseur ?
18:13 Non, mais par contre j'ai connaissance de toutes les manœuvres de déstabilisation,
18:20 notamment informationnelles qui sont en cours.
18:22 On en a dévoilé une avec mon homologue polonais et la ministre des Affaires étrangères allemande
18:30 il y a maintenant 15 jours.
18:32 Il s'agissait de 193 sites dormants qui sont très pros.
18:37 D'ailleurs on dirait le site de France Inter avec des vraies informations, des fausses
18:41 informations.
18:42 Ce n'est pas encore activé.
18:43 Il fallait juste appuyer sur le bouton pour viraliser ces informations, les mettre sur
18:49 les réseaux sociaux et les faire passer dans le système informationnel français,
18:55 allemand et polonais, classique, sur vos antennes, etc.
18:59 Donc vous voyez qu'il y a une vraie stratégie.
19:01 Ça coûte très cher de mettre en place un réseau de 193 sites, surtout avec un degré
19:06 de professionnalisme important.
19:08 Ce sont des groupes criminels liés au FSB ?
19:11 C'est une organisation de désinformation et de manipulation des opinions publiques
19:16 dans le cadre des élections européennes qui était en préparation.
19:19 Et qu'est-ce qu'on peut faire ?
19:20 Justement d'abord le dénoncer.
19:22 Vous savez, nous on a, à la différence peut-être de la Russie, nos médias sont
19:28 libres, la presse est plurielle et je ne vous dicte pas les questions que vous devez me
19:33 poser.
19:34 D'ailleurs j'en ai une à vous poser Stéphane Séjourné.
19:37 Le seul élément pour justement contrer ces attaques informationnelles, c'est aussi
19:41 que les gens soient éduqués à ça.
19:44 Et donc, identifiez les fausses informations.
19:46 Voie aussi quand un site est tout nouveau, que le nom n'est pas connu, qu'il ne puisse
19:52 pas se fier à ce qu'il y a écrit dessus.
19:54 Et puis c'est vous qui aussi filtrez, récupérez les sources.
19:57 Est-ce que vous confirmez que ces groupes criminels ont attaqué le réseau électrique
20:01 RTE en France ?
20:02 Je ne peux pas vous certifier ça, je n'ai pas totalement les informations.
20:07 Mais c'est une des craintes qu'on a aujourd'hui, notamment sur les services publics et dans
20:11 le cadre de la préparation des JO en France.
20:14 Bien sûr.
20:15 Alors il y a évidemment une dimension politique à ces conflits.
20:17 Est-ce que vous avez le sentiment que les Français comprennent bien le discours présidentiel
20:20 deux ans après le début de la guerre en Ukraine ? On a vu par exemple cette campagne
20:24 sur les réseaux au moment du Salon de l'agriculture, ce qui faisait le parallèle entre les centaines
20:29 de millions d'euros donnés aux agriculteurs pour les aider à traverser leurs difficultés
20:34 et les milliards d'aides supplémentaires promis à l'Ukraine.
20:37 Qu'est-ce que vous leur répondez lorsqu'ils vous parlent de cette disproportion-là ?
20:41 Je leur dis que ce qu'on donne à l'Ukraine aujourd'hui est rien comparé à ce que nous
20:47 allons devoir payer si l'Ukraine s'effondre.
20:50 Et donc évidemment ce sont des éléments de langage qui vont dans le sens d'ailleurs
20:55 de la Russie.
20:56 Je cherche à affaiblir notre soutien et pour affaiblir notre soutien je cherche à toucher
21:02 nos opinions publiques en faisant des comparaisons de la sorte et puis pour lasser l'opinion
21:09 publique européenne.
21:10 Vous savez, on nous aurait dit il y a deux ans que les Ukrainiens auraient repoussé
21:17 notamment le front aussi loin, qu'ils auraient réussi à ouvrir en mer Noire un passage
21:22 pour les céréales.
21:24 Je pense qu'on n'y aurait pas cru et donc normalement la Russie aurait dû écraser
21:29 l'Ukraine en quelques jours.
21:31 L'Ukraine a tenu grâce notamment aux Européens et il faut que ça continue comme ça.
21:36 Donc c'est notre responsabilité à nous de faire aussi ce décryptage politique et
21:44 j'essaye de le faire également aujourd'hui avec vous.
21:46 Et justement face à cette Russie écrasante, il faut évidemment une Europe forte.
21:49 Le parti Rignou vient de lancer la campagne avec sa tête de liste Valérie Ayé qui a
21:55 été investie hier.
21:56 Elle est peu connue, elle n'est pas très médiatique, elle est peu connue du grand
22:00 public.
22:01 C'est vrai que Julien Denormandie et Bruno Le Maire avaient refusé cette tête de liste.
22:06 Est-ce que l'Europe finalement ça n'intéresse plus la majorité présidentielle ?
22:10 Non, je pense que Valérie Ayé elle est légitime.
22:13 Elle a pris d'ailleurs main suite à la présidence du groupe Rignou.
22:16 Le groupe Rignou c'est 103 parlementaires pour vos auditeurs, 25 nationalités différentes.
22:22 Ce n'est pas uniquement le groupe des Français de la majorité présidentielle.
22:27 Donc ça lui donne une légitimité très forte.
22:30 Et puis, je veux dire, elle a un bilan.
22:34 Elle est une des députées les plus influentes aujourd'hui au Parlement européen.
22:38 Elle a beaucoup travaillé.
22:40 Elle incarne une forme de sincérité que moi j'aime bien parce qu'elle croit en
22:45 ses combats.
22:46 Elle les porte depuis maintenant 5 ans.
22:48 C'est quelqu'un avec qui j'ai beaucoup travaillé.
22:50 Et vous allez soutenir Ursula von der Leyen pour sa réélection ?
22:53 Pour l'instant, moi je prends les choses par étapes.
22:56 Bon, elle le souhaite en tout cas.
22:58 Et donc là pour l'instant il y aura la campagne des élections européennes.
23:02 On fera campagne, on fera des propositions.
23:04 Il y aura une liste aux européennes qui sera dévoilée dans les prochaines semaines.
23:10 Et puis après, une fois que les élections seront passées, on s'attaquera au poste
23:14 à responsabilité.
23:15 Et donc à l'élection du président de la commission ou de la présidente de la commission
23:20 en fonction du rapport de force du Parlement.
23:22 Évidemment.
23:23 Il y a quelques jours vous étiez au Maroc Stéphane, c'est journée pour, je cite,
23:26 « ouvrir un nouveau chapitre dans cette relation compliquée entre les deux pays ».
23:30 Est-ce que ça réussit ?
23:32 Pas franchement quand on lit la presse marocaine.
23:35 Qu'est-ce qui retient la France de faire comme l'Espagne par exemple, pays voisin,
23:42 et de déclarer que la solution proposée par le Maroc pour régler le conflit ou le
23:48 problème du Sahara, c'est la solution qu'il faut privilégier ?
23:53 Pourquoi ne pas faire comme l'Espagne ou comme les Etats-Unis ?
23:55 Oui, alors d'abord effectivement, ouvrir un nouveau chapitre.
24:00 Je pense qu'on a une relation qui est très particulière avec le Maroc.
24:03 Je l'ai expliqué sur place.
24:05 Et nous avons besoin de ce lien diplomatique et de le réaffirmer.
24:09 Et puis je pense de le construire également sur la base de contenus politiques et d'échanges
24:16 économiques, touristiques.
24:18 Bref, tout ça est encore en travail.
24:21 Nos diplomates ont travaillé énormément.
24:24 Sur la question du Sahara, je me suis exprimé.
24:27 La France a été le premier pays à soutenir le plan d'autonomie du Sahara qui a été
24:33 posé notamment et discuté aux Nations Unies.
24:36 On continue et je l'ai dit publiquement, je m'engagerai personnellement pour que ça
24:41 avance.
24:42 Je le redis aujourd'hui.
24:43 Et puis après ça sera…
24:45 C'est comme tout ce que vous allignez sur l'Espagne ou les Etats-Unis ?
24:47 Aujourd'hui, on s'aligne sur la position française qui est le soutien du plan marocain
24:53 sur le Sahara.
24:54 En quelques secondes, parce qu'on arrive vraiment à la fin de cet entretien.
24:57 L'opposant russe Alexei Navalny doit être enterré aujourd'hui dans un cimetière
25:02 de Moscou.
25:03 Est-ce que vous tenez le Kremlin pour responsable de sa mort ?
25:06 Je ne vois pas comment on ne peut pas tenir le Kremlin responsable de sa mort.
25:12 Il a été enfermé pour des raisons politiques.
25:14 Il est mort dans des conditions de détention.
25:17 Aujourd'hui, ça dit quelque chose d'un pays.
25:19 Moi, j'y vois un aveu de faiblesse de la part de la Russie.
25:23 Le fait, dans ce moment précis justement, d'exécuter en réalité un opposant politique,
25:31 de le laisser mourir, bref, les circonstances de la mort, je pense qu'on ne les connaîtra
25:35 jamais.
25:36 La France sera représentée aux obsèques de Navalny ?
25:38 Je ne peux pas dire encore puisque ça n'a pas encore été décidé.
25:41 L'ambassadeur de France à Moscou s'y rendra ?
25:43 Je vous dirai ça dans les quelques heures qui viennent.
25:47 Merci infiniment Stéphane, cette journée, d'avoir été l'invité de France Inter ce