À 9h20, Léa Salamé reçoit le cinéaste Abderrahmane Sissako à l'occasion de la sortie en salles de « Black Tea », le 28 février prochain. Plus d'info : https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/l-interview-de-9h20/l-itw-de-9h20-du-lundi-26-fevrier-2024-9071438
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00:00 - Et Léa, ce matin vous recevez un cinéaste !
00:02 - Oui, on va continuer d'ailleurs de parler de Nina Simone, puisque sa chanson, une de ses chansons, Feeling Good,
00:06 est le cœur et le fil rouge du nouveau film de notre réalisateur qui est là ce matin.
00:11 Bonjour Abdérahman Sissako ! - Bonjour !
00:13 - Merci d'être avec nous ce matin ! - Merci !
00:15 - Si vous étiez un pays, un homme d'État et un sentiment, vous seriez quoi ?
00:20 - Si j'étais un homme d'État ? - Non, un pays d'abord !
00:23 - Un pays ? Je serais un pays ouvert aux autres, absolument !
00:28 - Vous ne lui donnez pas de nom ce pays-là ?
00:31 - Non, je serais un pays ouvert au monde parce que je vis en Afrique,
00:37 je souffre quelque part du fait que nous ne sommes pas les bienvenus ailleurs,
00:41 donc je me sers de ce rejet, disons, pour être un pays ouvert.
00:45 - Si vous étiez un homme d'État ? - Un homme d'État, je serais un homme de paix,
00:50 parce que c'est important, un homme de paix...
00:52 - Vous avez une référence, un homme de paix ? Il y a quelqu'un qui vous vient à l'esprit ?
00:56 - Je dirais Mandela.
00:58 - Et si vous étiez un sentiment ?
01:02 - Un sentiment, je serais un vent chaud.
01:06 - Un vent chaud ? - Oui.
01:08 - C'est beau ça !
01:09 Céline a écrit dans Le Voyage au bout de la nuit,
01:11 « Voyager c'est bien utile, ça fait travailler l'imagination,
01:14 tout le reste n'est que déception et fatigue.
01:16 Notre voyage à nous est entièrement imaginaire, voilà sa force.
01:19 Et puis d'abord, tout le monde peut en faire autant, il suffit de fermer les yeux,
01:23 c'est de l'autre côté de la vie.
01:25 Le voyage, qu'il soit réel ou imaginaire, il est important pour vous,
01:29 pour faire travailler cette imagination. »
01:31 - C'est très beau cette citation, c'est très beau,
01:33 parce que je pense que le voyage c'est exactement ça.
01:36 Le voyage, ce n'est pas une géographie, ce n'est pas des lieux où on est allés.
01:40 Le voyage pour moi, c'est vraiment tous ceux qui sont partis avant de faire le voyage,
01:45 celui de l'imaginaire, qui est un peu le sujet même du film dans un sens.
01:50 Oui, je trouve ça très beau, et que quoi qu'il se passe,
01:53 l'être a la capacité de se déporter, de partir ailleurs par l'esprit.
02:00 - Le voyage est au cœur de votre nouveau film, Abdarrahman Sissako,
02:02 Black Tea, qui sort ce mercredi en salle,
02:05 et que vous avez présenté la semaine dernière à la Berlinale.
02:07 C'est votre grand retour, dix ans après le succès retentissant,
02:12 succès critique, succès populaire aussi en salle, de Timbuktu,
02:15 qui avait remporté sept Césars, dont Meilleur film et Meilleur réalisateur.
02:18 Vous avez donc mis dix ans à faire votre nouveau film.
02:22 Vous n'êtes pas un homme pressé, c'est le moins qu'on puisse dire.
02:25 - Non, je ne suis pas pressé de nature, mais entre dix ans...
02:30 Bon, dix ans, j'ai fait un opéra, qui m'a pris deux années et demie,
02:35 mais j'ai surtout un enfant qui a neuf ans.
02:37 - Vous l'avez vu grandir ? - Oui, absolument.
02:40 Je n'ai pas vu le temps passer.
02:42 Et j'ai attendu effectivement de revenir dans un sens au cinéma,
02:47 avec ce film qui était en moi depuis très longtemps.
02:50 - Black Tea, donc.
02:52 Qui était en vous depuis très longtemps, vous avez raison de le dire,
02:54 parce que j'ai lu une interview que vous avez donnée à Libération en 2014,
02:57 donc il y a dix ans, qui vous demandait votre prochain projet,
03:00 pensant que vous alliez faire un film dans les deux ans.
03:01 Bon, il a fallu attendre dix ans et déjà, vous disiez la Chine et l'Afrique,
03:06 puisque c'est le cœur de votre nouveau film, Black Tea.
03:10 C'est un film doux et mélancolique, sensuel et onirique,
03:13 qui dit la rencontre de la Chine et de l'Afrique à travers une histoire d'amour
03:16 entre un Chinois et une Ivoirienne.
03:18 C'est l'histoire d'Aya, incarnée par l'actrice Nina Mello,
03:22 qui crève littéralement l'écran.
03:24 Le film commence le jour de son mariage avec son fiancé Ivoirien,
03:27 elle est en Côte d'Ivoire, quand devant toute la famille et tous les amis,
03:30 elle dit non. Elle dit non.
03:33 Voulez-vous prendre tac-tac pour époux, quoi ?
03:36 Je ne me souviens plus de son nom.
03:37 Et elle part. Elle quitte tout.
03:39 Elle quitte son pays, sa famille, sa culture pour émigrer en Chine, à Canton,
03:43 où elle va travailler pour un Chinois qui a une boutique de thé.
03:46 Et ils vont se rapprocher et tomber amoureux.
03:48 Votre film, c'est l'émancipation.
03:50 C'est l'histoire de l'émancipation de la femme.
03:52 Qu'elle soit africaine ou qu'elle soit brésilienne,
03:54 ou qu'elle soit française ou américaine,
03:56 elle parlera. C'est un thème universel, l'émancipation de la femme.
03:59 Elle aurait pu être iranienne aussi, tiens d'ailleurs.
04:01 Elle a décidé de régler son compte à son passé, à sa culture, à son pays,
04:05 à son assignation identitaire.
04:06 Elle a décidé de choisir sa vie.
04:08 Oui, c'est exact.
04:09 Et comme toute femme, j'aime beaucoup ce que vous dites par rapport à ça,
04:14 parce que parfois, on a tendance à parler de l'africaine qui part.
04:18 Moi, je voulais parler de la femme, justement.
04:20 Que toute femme, quelque part, est soumise ou a été soumise.
04:24 Je ne dis pas que c'est...
04:27 Dans certains lieux, c'est peut-être beaucoup plus fort que ça.
04:30 Donc pour moi, l'émancipation de la femme est fondamentale,
04:33 parce que c'est une force réelle.
04:36 Et dire non à sa société n'est pas une chose facile.
04:40 Dire non et partir vers l'autre, celui dont aujourd'hui la Chine...
04:45 La Chine est un symbole...
04:46 On va y venir, à la Chine et à la rencontre de l'Afrique et de la Chine.
04:48 Mais c'est vrai que c'est une manière de dire non.
04:50 Et puis, il y a autre chose qui est intéressante dans votre film,
04:52 c'est qu'elle ne s'exile pas pour des raisons économiques.
04:55 En général, on voit la question des migrants qui partent
04:57 pour trouver une vie meilleure ailleurs.
04:59 Non, ce n'est pas du tout ça.
05:00 Elle s'exile pour sa liberté.
05:01 C'est en ça que votre thème est universel.
05:04 Il y a toujours un petit élément déclencheur à l'origine de vos projets.
05:07 Timbuktu, c'était la fameuse vidéo très choquante d'une lapidation
05:10 d'un couple qui avait eu des enfants hors mariage.
05:12 Pour Black Tea, c'est plus doux si j'ose dire.
05:14 C'est la fréquentation d'un restaurant à Bamako,
05:16 quand vous tourniez il y a quelques années,
05:20 un restaurant qui s'appelle la Colline Parfumée,
05:22 qui était tenu par un Malien et une Chinoise.
05:24 C'est ça qui vous a donné l'idée de ce film ?
05:25 C'est ça. L'idée était là à la base.
05:28 Parce que déjà en 2000, je faisais un film "En attendant le bonheur".
05:33 Et dans ce film-là, il y a une petite séquence,
05:36 un Chinois assis avec une Africaine.
05:39 Moi, je voyais depuis ce moment-là,
05:41 parce que les Chinois immigrent en Afrique,
05:43 je vois un monde qui change petit à petit.
05:45 Et donc, j'ai eu cette idée déjà.
05:47 Mais l'idée déclencheur, c'est effectivement ce restaurant
05:51 à Bamako, la Colline Parfumée, où un couple tient.
05:54 Et ce couple, lui, il parle chinois,
05:57 mais elle, qui est serveuse, a fait venir son oncle,
06:00 ses soeurs dans ce restaurant.
06:02 Mais ils parlent tous bambara.
06:04 Donc, ça m'a vraiment dit une chose,
06:06 que le monde est en train de changer très vite.
06:10 Parce que la Chine est un géant, l'Afrique aussi.
06:13 Ces deux mondes se mettent ensemble,
06:16 ça va changer le monde, forcément.
06:18 Et je crois en bien, mais ça va changer le monde.
06:21 Parce que c'est...
06:24 Vous savez, je ne me rappelle plus qui l'avait écrit,
06:26 "Quand la Chine s'éveillera".
06:27 - C'était Alan Turen, il me semble, non ?
06:30 C'était Perfit ? - Perfit.
06:32 - C'était Perfit, voilà.
06:33 - Voilà, donc c'est arrivé, elle s'est réveillée, bien sûr.
06:37 Tout le monde a peur un peu.
06:38 - Tout le monde a peur. Justement, quel regard vous avez sur cette Chine,
06:42 qui est partout maintenant en Afrique,
06:44 qui a remplacé les Européens en Afrique.
06:46 On dit "la Chine a acheté l'Afrique".
06:49 Quel regard vous avez sur cette présence chinoise ?
06:51 - Je n'ai pas peur.
06:52 Déjà, comme sentiment, la peur, c'est quelque chose que je ne connais pas beaucoup.
06:56 Mais surtout, ce que je dis par là, c'est que...
06:59 Effectivement, nous, aujourd'hui, ce que nous ressentons,
07:02 c'est que l'Europe nous dit, nous, Africains, dans ce sens.
07:06 Et attention, la Chine va venir, la Chine va vous bouffer,
07:08 presque comme une petite leçon.
07:11 Non, je ne vois pas les choses comme ça.
07:13 Je pense que l'histoire est en mouvement
07:17 et l'Afrique doit profiter de ce moment-là pour se dresser, effectivement.
07:21 Faire attention, se dresser, mais profiter de cette eventualité.
07:25 Parce que le passé, les liens avec l'Europe, l'Occident en général,
07:29 ne sont pas été un lien formidable et de développement réel.
07:33 Voilà, ça a été un lien...
07:34 - Vous trouvez que le lien avec la Chine est un meilleur développement ?
07:37 - C'est un autre, c'est un départ pour autre chose, où l'Afrique doit se positionner.
07:41 Mais ce qui s'est passé avant, non, ça a été un lien d'exploitation terrible,
07:45 parfois de bépris, pas de considération.
07:48 Il y a une sorte d'arrogance envers ce continent qui est très fruissant.
07:54 - Mais effectivement, quand on regarde votre film,
07:57 il y a la rencontre de l'Afrique et de la Chine et il y a un grand absent.
08:02 C'est l'Occident, c'est l'Europe, mais c'est l'Occident en...
08:06 C'est fou !
08:07 - C'est fou, c'est vrai.
08:08 - Vous dites d'ailleurs, on pourrait presque dire que votre film,
08:12 c'est la vie de décès de l'Occident en fait.
08:15 Vous le disiez à France Culture il y a quelques jours,
08:17 vous dites "c'est un nouveau monde que l'Europe ne voit pas,
08:20 car elle se regarde beaucoup elle-même".
08:22 - Oui, oui.
08:23 C'est pas le décès parce que l'Europe est un grand continent,
08:26 très riche, qui a contribué et qui contribuera toujours.
08:30 Mais il y a effectivement quelque chose...
08:34 L'Europe n'a pas cette capacité de regarder ailleurs.
08:38 Donc il y a cette façon de se regarder soi-même en permanence.
08:42 Et on s'appauvrit quand on est dans une position comme ça.
08:45 Il y a un monde qui change véritablement.
08:47 Ce monde existe et il est beau, il est fort.
08:51 Et il faut en tenir compte.
08:53 - Ce monde-là, effectivement, que vous filmez,
08:55 c'est dans le quartier africain de Canton,
08:57 parce que moi j'ai découvert qu'il y avait un quartier qui s'appelle Chocolate City,
09:00 qui est à Canton, en Chine,
09:02 où il y a eu jusqu'à 200 000 Africains à un moment.
09:06 Ça s'est un peu refermé ensuite avec le Covid.
09:08 Il y avait un reportage de France 24 il y a quelques années
09:12 qui raconte ce Chocolate City,
09:14 cette ville africaine au cœur de la Chine.
09:16 Écoutez.
09:17 - "Pour un peu, on pourrait se croire à Dakar ou à Bidjan.
09:21 Et pourtant, nous sommes en plein cœur de la Chine, à Canton.
09:27 Pour les habitants, c'est un choc.
09:28 Pendant des millénaires, ils n'avaient jamais vu un Africain de près.
09:32 Ils conservent à l'égard des gens à la peau noire des préjugés ancestraux.
09:37 Ils ont d'ailleurs baptisé le quartier black de Canton Chocolate City,
09:41 la ville chocolat.
09:43 Pour l'instant, au-delà des sourires de façade,
09:46 la cohabitation ne se passe pas très bien.
09:49 Et pourtant, avec ses grattes-ciels, Canton est le nouvel Eldorado africain,
09:54 à 2000 kilomètres au sud de Pékin.
09:58 En seulement 10 ans, plus de 200 000 Africains,
10:01 l'équivalent de la population de la ville de Lille, se sont installés ici.
10:05 Ils viennent pour faire expédier en Afrique des produits made in China."
10:10 - Voilà, ça c'est Chocolate City, ce qu'on ne connaît pas.
10:13 Très étonnant aussi de voir une Africaine parler parfaitement mandarin,
10:17 parler parfaitement chinois.
10:18 C'est très étonnant, d'autant plus que vous qui ne parlez pas chinois.
10:21 Votre actrice, elle est née à Aubervilliers, elle est française,
10:23 elle ne parle pas chinois.
10:24 Elle a appris par cœur.
10:26 Et c'est vrai que c'est étonnant de voir ces Africains qui parlent parfaitement mandarin.
10:29 - Non, c'est étonnant.
10:30 J'ai été à Chocolate City plusieurs fois, à Guangzhou,
10:33 dans le cadre de l'écriture du film.
10:36 Et ce qui est fascinant, quand on est là-bas,
10:39 on voit un Nigérian qui parle avec un Sénégalais,
10:43 mais c'est un chinois.
10:45 C'est un chinois qui communique.
10:46 - C'est ça que vous filmez.
10:47 Alors vous êtes allé à Guangzhou, mais vous n'avez pas tourné à Guangzhou,
10:49 puisque la Chine ne vous a pas donné l'autorisation.
10:51 Vous êtes allé tourner à Taïwan.
10:53 Pourquoi ? Pourquoi elle n'a pas donné l'autorisation ?
10:55 - C'est dommage. Je trouve ça triste
10:58 qu'il y ait encore cette Chine-là qui empêche.
11:01 Et c'est dommage parce que le film n'est pas contre la Chine.
11:04 - Pourquoi ils n'ont pas donné ?
11:05 Effectivement, ce n'est pas un film contre la Chine.
11:06 - Je pense qu'ils ont eu un regard,
11:09 ils ont estimé, sans l'écrire,
11:10 que le personnage principal, Tsai,
11:14 ne représente pas les valeurs chinoises.
11:16 Parce que peut-être il a divorcé,
11:20 il est allé voir une Africaine.
11:23 C'est un peu ça.
11:24 - Oui, parce qu'il y a aussi du racisme quand même.
11:25 C'est ça qu'on voit.
11:26 C'est-à-dire que ce n'est pas non plus
11:27 une utopie merveilleuse et idéalisée.
11:30 On voit aussi qu'il y a du racisme
11:32 envers les Africains et cette Africaine
11:35 vis-à-vis des Chinois.
11:36 - Il y a du racisme,
11:38 mais je dirais plutôt que ce n'est pas la particularité.
11:41 La Chine est grande,
11:42 effectivement, la Chine n'est pas ouverte au monde.
11:45 Elle a été ouverte récemment,
11:47 donc il y a le rejet,
11:48 comme la France qui rejette il y a 70 ans les Italiens.
11:52 C'est ça en fait, c'est l'histoire de tous les peuples.
11:55 - Mais de toute manière, vous dites,
11:56 moi j'ai toujours évité de dépeindre
11:57 toute une société comme raciste.
11:58 Je n'aime pas quand on dit la France est raciste,
12:00 je n'aime pas quand on dit la Chine serait raciste.
12:02 Vous dites qu'il y a du racisme,
12:05 mais ce n'est pas une généralité.
12:07 Ça, vous n'aimez pas faire système.
12:09 - Non, ce n'est pas une généralité.
12:10 Et surtout, quand on est créateur,
12:12 quand on est artiste,
12:13 on n'a pas ce droit-là de généraliser.
12:15 Quand on est créateur,
12:17 on doit être ouvert et être optimiste.
12:20 - Alors, il y a cette chanson
12:21 qui définit votre personnage Aya,
12:22 c'est ce fil rouge,
12:23 "Feeling Good" d'Inna Simone,
12:25 qu'on entend à plusieurs reprises dans le film,
12:27 soit dans la version originale,
12:28 soit dans la version reprise
12:29 par Fatoumata Diawara.
12:32 "Feeling Good", on écoute tout de suite la reprise.
12:36 (Chante en ingonois)
12:39 (Chante en ingonois)
12:42 (Chante en ingonois)
12:45 (Chante en ingonois)
12:48 (Chante en ingonois)
12:51 (Chante en ingonois)
12:54 (Chante en ingonois)
12:57 (Chante en ingonois)
13:00 (Chante en ingonois)
13:03 (Chante en ingonois)
13:06 (Chante en ingonois)
13:09 (Chante en ingonois)
13:12 (Chante en ingonois)
13:15 (Chante en ingonois)
13:18 (Chante en ingonois)
13:21 (Chante en ingonois)
13:24 (Chante en ingonois)
13:27 (Chante en ingonois)
13:30 (Chante en ingonois)
13:33 (Chante en ingonois)
13:36 (Chante en ingonois)
13:39 - Vous la chantez ? - Oui.
13:42 - Alors ?
13:45 - Fatoumata Diawara est une chanteuse extraordinaire.
13:50 Une femme engagée, un peu comme Aïa.
13:53 Et forte, qui aussi est partie du Mali.
13:56 Fatoumata.
13:59 - Belle chanson qui dit ces femmes fortes.
14:03 Et Nina Simone.
14:06 Vous répondez rapidement, c'est les questions de fin.
14:09 - Je suis nul en ça. - Oui, mais on va y arriver.
14:12 D'abord, un mot sur vous.
14:15 Vous, qui êtes née en Mauritanie,
14:18 qui avez passé votre jeunesse au Mali,
14:21 grâce à une bourse étalée, étudiez le cinéma en Russie,
14:24 à l'époque URSS, parce qu'on est dans les années 80,
14:27 quel regard avez-vous sur ce pays que vous avez adoré ?
14:30 Vous dites que vous avez passé 10 ans en URSS,
14:33 et que vous avez adoré la Russie.
14:36 - J'ai beaucoup appris.
14:39 J'avais 19 ans, j'ai grandi en Russie,
14:42 à Moscou à l'époque.
14:45 Aujourd'hui, je suis triste de ce qui se passe.
14:48 Triste pour l'Ukraine, triste pour la Russie.
14:51 Parce que j'ai passé mes vacances à Odessa,
14:54 à Kiev, et j'étais à Moscou.
14:57 C'était de peu plus frais.
15:00 - Vous êtes toujours si calme, tout le temps.
15:03 Qu'est-ce qui vous met en colère ? - L'injustice.
15:06 - Quel regard vous portez sur le cinéma français,
15:09 qui se prend la vague "Me too" dans le visage ?
15:12 - Non, sa diversité, quand même.
15:15 - Sa diversité du cinéma français ? - Oui.
15:18 - Quel est le plus grand de vos rêves ?
15:21 - "El Monde Sangueiro".
15:24 - C'est mal barré.
15:27 Qui mérite le plus l'Oscar du meilleur film,
15:30 "Anatomie d'une Chute" ou "Oppenheimer" ?
15:33 - Les deux.
15:36 Mais c'est vraiment "Anatomie d'une Chute" que je préfère.
15:39 - Qui a-t-il de russe en vous, en un mot ?
15:42 - Pouchkine. - De français ?
15:45 - Maupassant, peut-être. - D'africain ?
15:48 - Je dirais Mandela.
15:51 - De chinois, maintenant ? - Confucius.
15:54 - Paris ou Bamako ? - Les deux.
15:57 - Martin Scorsese ou Spielberg ? - Scorsese.
16:00 - Paris ou Londres ? - Les deux.
16:03 - Liberté, égalité, fraternité, vous choisissez quoi ?
16:06 - Égalité.
16:09 - Il va falloir attendre 10 ans pour votre prochain film ? - Non.
16:12 - Et Dieu dans tout ça, Abderrahmane Sissako ?
16:15 - Tout, pour moi.
16:18 - Merci à tous.
16:21 Merci à vous. Belle journée.
16:22 Merci.