• il y a 10 mois
Une petite idée, de gros efforts, une belle réussite !
Laura, elle, a créé un lieu cosy pour déguster un bon petit plat végétarien et pouvoir repartir avec l'assiette, la tasse ou avec le décor… confidences de la Cafteuse !
Agnès, de son côté, nous dévoile les secrets de son savoir-faire de teinturière végétale, et crée des « Objets d’émotion" aux couleurs de sa cueillette !
Quant à Moyno, il compose avec son temps… et rompt l'idée de la distance en réalisant un album avec des artistes pourtant bien loin d’ici !

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Transcription
00:00 Avec Giltrinia Résidence, vous êtes confortablement installé pour regarder si on parlait.
00:29 Bienvenue à tous, très heureuse de vous deviner à travers votre écran toujours plus curieux et impatient
00:35 de découvrir les talents de notre territoire.
00:38 Comme cette jeune femme qui propose de déguster de bons petits plats végétariens
00:42 et de repartir avec leur assiette, leur tasse ou même avec le décor.
00:46 Comme cette teinturière qui crée en accord avec son être, naturelle, respectueuse, selon un savoir-faire ancestral.
00:53 Et comme cette artiste qui crée avec son temps et rond l'idée de la distance et qui sort un nouvel album.
01:00 Et il s'appelle Pardon my French, avec l'accent c'est ça ?
01:05 - Voilà.
01:07 C'est son nom, c'est le nom de cet album, il est encore tout chaud et il est signé Moineau.
01:11 Bienvenue. - Bonsoir.
01:13 Alors c'est votre nom, parce que votre pseudonyme c'est Bruno Moyen ou c'est l'inverse ?
01:17 - Voilà c'est l'inverse oui. En fait ça part d'un... - Oui, oui, bien sûr.
01:21 - Ça part d'un anagramme approximatif, puisqu'on m'appelait au lycée Moineau Brouillant,
01:30 qui est un anagramme de Bruno Moyen. - D'accord.
01:32 - Voilà, et donc on a gardé Moineau. - C'est rigolo.
01:35 Et vous êtes compositeur, auteur, photographe aussi.
01:38 Et vous nous raconterez la naissance de cet album qui est le fruit d'une démarche très originale.
01:43 Bonsoir Agnès. - Bonsoir.
01:45 - Alors vous, vous créez des étoffes absolument uniques.
01:48 Elles sont tantôt éclatantes, tantôt pastelles, imprimées, tamponnées, avec des produits issus de votre cueillette.
01:56 - Exactement. - C'est l'art de teindre avec les plantes.
01:59 Vous allez révéler votre secret dans un petit instant.
02:02 Et bienvenue chez nous Laura. - Merci, bonsoir.
02:05 - Vous qui accueillez les passants, les gourmands, les chineurs aussi, avec tellement de chaleur.
02:10 C'est nous qui sommes très heureux cette fois-ci de vous recevoir.
02:13 Alors vous avez eu l'idée de créer un café brocante en 2021 qui s'appelle La Cafteuse.
02:19 Vous êtes un peu pipelette ou pas ? - Un petit peu, ouais.
02:22 Plutôt j'aime bien qu'on me raconte des histoires et c'est ce côté-là, cafteuse, que j'aime bien.
02:27 C'est de rencontrer les champs et d'échanger avec eux.
02:29 - Ok, vous n'allez pas forcément les répéter. - Non, ça c'est bon, je les garde pour moi.
02:33 - D'accord. Et bien La Cafteuse est devenue un des lieux chouchous des Grenoble-Ouen.
02:37 Un lieu très tendance, alors qu'il est bien vintage aussi.
02:40 C'est un peu s'il n'existait pas, il fallait l'inventer.
02:43 C'est le lieu que vous auriez aimé avoir ou vous auriez aimé aller s'il n'existait pas ?
02:48 - C'est exactement ça, ouais.
02:50 C'est le café que je cherchais pendant des années et des années sans vraiment le trouver.
02:54 Et il correspond à plein de choses, notamment à mes envies de m'amuser à décorer un lieu sans cesse
03:03 et de le renouveler avec une décoration et d'occasion et du coup qui change.
03:08 - Il faut s'habituer aux changements. Il est rutière ce lieu.
03:13 Les images sont peut-être d'ailleurs déjà périmées puisqu'il y a peut-être des éléments de décor qui ont disparu.
03:20 L'idée en fait c'est un café, un restaurant où on déguste et on peut acheter et tout ce qui est présent, tout ce qu'on voit s'achète.
03:29 - Exactement, ouais.
03:31 Tout le mobilier est chiné, toute la décoration, toute la vaisselle est chinée.
03:38 Et donc du coup on peut tout acheter, vraiment tout ce qui nous tombe sur les yeux quasiment, on peut l'acquérir.
03:45 - Alors c'est ouvert déjà le matin, c'est seulement à partir du midi, le soir ?
03:50 - Alors du coup je suis ouverte de 9h30 à 18h30 du lundi au samedi.
03:55 - Pour le petit déjeuner.
03:56 - Pour le petit déjeuner, pour le déjeuner et du coup pour le goûter un peu tardif ou le goûter un peu trop tôt.
04:02 Et voilà. Et qu'est-ce que je peux dire ?
04:06 - Et c'est ouvert donc on peut y prendre simplement un café, on peut juste venir pour prendre son petit déjeuner, pour manger des bonnes choses.
04:13 - Ouais ou même juste pour chiner et puis découvrir le lieu déjà dans un premier temps, passer le pas de la porte et se rendre compte de l'atmosphère du lieu.
04:20 Les gens sont les bienvenus quoi.
04:22 - Donc en fait l'idée c'était d'avoir toujours, de pouvoir rencontrer des gens aussi.
04:27 Partagé vous avez quand même une éthique et cette éthique c'était vraiment de promouvoir le local, de promouvoir la seconde main aussi.
04:34 - Ouais alors pour le côté cuisine c'est vraiment, bah déjà c'est végétarien, c'est circuit court.
04:40 Avec Fanny la cuisinière elle va au marché tous les matins, c'est de saison, c'est local.
04:46 - Donc voilà et aussi bien d'ailleurs pour le sucré où du coup il y a beaucoup de gâteaux à base de fruits ou même de légumes.
04:52 En ce moment il y a beaucoup la tarte patate douce noix ou le cake butternut en sucré et vraiment déjà c'est original et c'est très bon.
04:59 - Donc c'est ça l'idée c'était aussi, c'est une tarte chaque semaine ou est-ce que vous avez proposé plus de choses ?
05:05 - Ouais c'est une tarte par semaine, un plat par semaine, c'est toujours le même.
05:07 Et le mercredi on fait même des croque-monsieur maison avec un pain de mie maison bien moelleux etc.
05:12 - D'accord.
05:13 - Et voilà.
05:14 - On a des images de ce qu'on peut manger chez vous, il y a pas mal d'offres sucrées aussi quand même.
05:17 - Et il y a une offre sucrée ouais, c'est ce que je disais par rapport à la tarte patate douce, la brioche à la butternut etc.
05:23 Et donc voilà.
05:25 - D'accord voilà c'est ça.
05:26 Alors on a, voilà.
05:28 - Là il y a les roulées à la cannelle, on voit la brioche à la butternut, là c'est un gâteau poire noisette chocolat.
05:33 - Waouh.
05:34 - Trop bon.
05:35 Et les fameux cookies.
05:36 - Et donc elle s'éclate en cuisine alors du coup votre cuisine y est aussi bien avec l'offre sucrée que salée ?
05:42 - Pour le coup en cuisine on reste quand même deux donc Fanny fait essentiellement le salé et moi on se partage le sucré.
05:48 Et du coup je cuisine aussi un petit peu le sucré.
05:52 - C'est pas vegan hein ?
05:53 - Non non non c'est pas vegan, c'est végétarien.
05:55 Il y a des propositions vegan bien entendu, même des propositions sans gluten.
05:59 Mais c'est juste, c'est pas allé entre guillemets trop vers un extrême et du coup je trouve déjà la proposition végétarienne dans le cadre qu'elle propose permet une diversité et une gourmandise qui est déjà chouette.
06:11 - Et si c'est vegan c'est rarement complètement local en fait c'est ça aussi ?
06:15 - L'idée c'est de trouver avec tout ce qu'on peut trouver autour de nous et à proximité, bah comment est-ce qu'on peut le cuisiner sans aller chercher un peu trop loin et voilà.
06:24 Sans pour autant le diaboliser hein.
06:26 Mais il n'y a pas de bonne manière d'être mais c'est juste que voilà la cuisine végétarienne pour moi en tout cas ça me parle plus que la cuisine vegan.
06:32 - Il y a la noix de Grenoble ici vous pouvez faire ce que vous voulez.
06:35 - Exactement.
06:36 - Poireau noix de Grenoble ça marche bien aussi.
06:37 - Oui c'est pas mal.
06:38 - Vous verrez.
06:39 - Et vous vous êtes végétarienne aussi ?
06:41 - Non non non moi je ne suis pas végétarienne et encore une fois par exemple si on prend l'exemple du café c'est dire faisons mieux avec ce qu'on est en fait.
06:50 Et du coup moi de temps en temps j'aime bien manger de la viande mais ça reste de l'ordre de l'anecdote et par contre au moment où je consomme la viande j'ai conscience de ce que je fais.
06:58 Donc voilà c'est juste voilà.
07:00 - On peut aussi la manger, bien la manger.
07:02 - Exactement.
07:03 - Avec une manière éthique.
07:04 Ce principe des cafés brocantes ça existe par ailleurs ? Vous en fait vous vouliez en faire plus qu'un café brocante c'était vraiment un tiers lieu, un lieu qui vit ?
07:12 - Alors moi la première idée en vrai je l'ai rencontré quand j'étais en Finlande parce que dans les pays nordiques ils ont l'habitude de ces lieux un petit peu mixtes, des cafés laveries, des cafés librairies etc.
07:21 Et moi j'avais rencontré justement un café brocante quand je faisais mon année Erasmus, il y a quelques années de cela.
07:26 Et du coup quand aujourd'hui, enfin il y a deux ans maintenant je me suis dit je vais ouvrir mon café, j'avais vraiment envie que ce soit un lieu où les gens puissent se rencontrer.
07:36 Donc c'est pour ça aussi que j'organise des événements, que ce soit des marchés de créateurs ou alors des concerts, des cafés-concerts le dimanche soir etc.
07:45 C'est vraiment faire en sorte que les gens se rencontrent, puissent partager des bons moments et voilà.
07:52 - Un marché de créateurs ça veut dire il y a des artisans ?
07:54 - Exactement. - C'est pas facile parfois de vivre quand on est un artisan, en tout cas de faire connaître aussi son commerce, cette matière ?
08:01 C'est par exemple Agnès ?
08:03 - Ah mais complètement ! C'est vrai, Agnès aurait complètement sa place dans un des marchés de créateurs.
08:08 A chaque fois j'essayais de trouver un fil conducteur en tout cas par rapport à des thématiques, une fois c'était autour des bijoux, la dernière fois c'était autour de l'illustration etc.
08:16 Mais oui oui, elle pourrait complètement faire partie pour une prochaine édition de la Nouvelle Intention.
08:22 - D'accord, et avec, attends, en plus je crois que vous êtes une habituée d'eux, c'est ça.
08:27 Les habituées vous les appelez vos chouchous ?
08:29 - Oui c'est les chouchous de la cafeteuse, parce que pour le coup les chouchous m'apportent autant que eux me donnent.
08:39 Enfin je sais pas si c'est française ce que je viens de dire.
08:41 - Oui oui si si, c'est ce que je te disais.
08:42 - En tout cas c'est du donnant donnant et j'adore les recevoir et donc du coup voilà, ce sont mes chouchous.
08:47 - Donc si vous m'appelez chouchou quand je rentre, je saurais que je fais partie un petit peu des buts et d'appeler tout le monde chouchou.
08:53 - Oui le plus possible.
08:54 - Alors dans les objets qu'on a vus, j'ai même vu un album des Bee Gees, en fait ça va d'un album des Bee Gees jusqu'à une tasse à café.
09:02 C'est vraiment, c'est tout type d'objets ?
09:05 - C'est vraiment tous les objets.
09:06 - Vous définissez les vendus, comment vous les choisissez en fait ?
09:08 - Alors de manière très très subjective, parce que je les trouve beaux tout simplement et que je me dis qu'ils auraient de la place au café.
09:15 Et puis surtout j'aime bien l'idée de se dire c'est nous qui donnons la fonction à l'objet.
09:20 Donc du coup, une tasse moi je vais m'en servir comme une tasse, mais aussi bien si vous vous en voyez l'utilité comme un pot pour une plante, pourquoi pas.
09:28 Par exemple moi j'ai une passoire qui me sert de luminaire.
09:31 Voilà donc les objets je les dispose un peu partout en fonction du besoin que j'ai au moment donné au café.
09:37 Mais en vrai libre à vous derrière d'en faire ce que vous voulez.
09:40 - Oui et puis l'avantage d'un café brocante c'est qu'on voit l'objet, on s'en sert aussi.
09:44 Donc on peut l'imaginer, la seconde vie elle a déjà commencé au moment où on s'en sert.
09:48 - Exactement, oui.
09:49 Et puis un objet de seconde main n'est pas aussi obligé d'être rare ou précieux, juste qu'on en ait l'utilité c'est ça aussi la cafeteuse.
10:00 - C'est un coup de cœur, donc c'est pas une vieille brocante d'antiquité.
10:03 Parce qu'il y a aussi différents types de cafés brocantes qui peuvent exister avec des objets qui ont une autre histoire ou une autre valeur.
10:11 Vous vous fournissez entre guillemets dans les ressourceries.
10:16 - Oui, moi je vais chez Ulysse, donc une ressourcerie grenobloise.
10:19 Et tout ce que je chine est déjà en l'état d'être servi.
10:23 Donc je ne suis pas une vraie brocanteuse, donc je ne retape pas, je ne cherche pas.
10:27 Mais par contre tout est en l'état et tout peut être réutilisé directement chez soi.
10:32 - Et c'est à un prix abordable j'imagine ?
10:34 - C'est à un prix abordable parce que oui, encore une fois, c'est l'idée de dire on peut consommer d'occasion et c'est accessible.
10:41 Et derrière moi je reverse une partie de l'argent à Ulysse aussi.
10:44 Comme ça c'est un beau cercle vertueux qu'on met tous en place.
10:47 - D'accord, c'était pas votre métier de base ça ?
10:49 - Pas du tout, ni la restauration, ni la brocante.
10:53 J'étais dans la communication publique auparavant.
10:55 - Et ouvrir un café brocante en septembre 2021, pas de problème.
10:59 La plaie salitaire, on n'est pas du tout dedans.
11:02 - Je ne sais pas si c'est de l'inconscience, mais en tout cas j'en avais envie.
11:06 - C'est courageux. Déjà c'est pas inconscient, c'est courageux.
11:09 - Oui, je ne sais pas à quel point c'était courageux, mais en tout cas j'en avais envie.
11:14 Et puis quand je vois, c'est ce que je disais à Agnès justement tout à l'heure,
11:18 quand je vois les gens qui viennent de plus en plus nombreux chez la cafeteuse,
11:21 depuis deux ans c'est cool d'avoir construit tout ça.
11:25 - Et très sincèrement vous êtes ici aussi parce qu'on nous en parle beaucoup.
11:29 C'est vraiment un lieu, c'est tendance, je crois que vous avez déjà eu deux fois le coup de cœur
11:33 de nos invités ici dans cette émission.
11:36 Donc voilà, encore, eh bien merci, merci beaucoup.
11:40 On est vraiment ravis de vous avoir accueillie.
11:42 On reste avec le réemploi, l'emploi, le réemploi, pour donner cette fois-ci de la vie aux étoffes.
11:48 - C'est vrai que c'est le réemploi de la nature, de ce que la nature nous offre.
12:01 Et donc pour iriser les tissus, c'est fait ici, c'est cousu main et c'est signé Agnès Tourtey-Proal.
12:10 Vous êtes artisane, vous êtes spécialisée en teinture végétale.
12:15 Alors seulement depuis quelques années, pourquoi ?
12:18 Ça aussi, ce n'était pas votre formation originale ?
12:20 - C'est tout un parcours, un grand parcours circulaire, on va dire.
12:25 Si en fait, depuis toute petite, je travaille la couleur.
12:28 Après, j'ai fait des études d'art plastique dans le textile, fin d'art appliqué.
12:32 Après, j'ai fait autre chose et je suis revenue au tissu en fait par les plantes.
12:38 - Vous faisiez des bijoux ?
12:39 - Auparavant, je faisais des bijoux et puis j'ai aussi un peu voyagé.
12:43 Et en fait, moi je cherche, ce qui m'intéresse depuis le début, c'est comment la couleur arrive sur les objets en fait.
12:51 Et en découvrant les plantes, c'était tellement un émerveillement que voilà, je suis tombée dans la marmite.
12:58 - Oui, et c'est avec l'origine de la teinture.
13:01 Vous êtes vraiment allée vous former avec des savoir-faire qui sont ancestraux, qui sont vieux comme le monde ?
13:09 - Oui, alors en fait, il n'y a pas si longtemps quand même, jusqu'en 1920, on teignait encore avec les plantes quand même, presque tout.
13:17 Et puis après, avec la chimie, voilà, les plantes ont disparu.
13:21 Et en fait, là, il y a beaucoup, beaucoup de savoir-faire qui sont en train de revenir.
13:27 Et voilà, donc je me suis formée en plusieurs endroits.
13:31 Je suis allée au Japon pour l'indigo. Enfin voilà.
13:35 - Alors on va voir ça. En fait, vous vous fournissez en étoffes et vous les baignez ensuite selon cette tradition très ancienne.
13:42 En fait, comment commence ce process ?
13:45 - Alors là, il y a beaucoup, beaucoup de recettes différentes.
13:48 En fait, il y a peut-être autant de recettes que de teinturiers.
13:52 Donc moi, principalement, j'ai deux techniques.
13:55 Donc une technique d'impression avec des tampons.
13:58 C'est des objets. Donc j'ai ramassé ces feuilles. Enfin, les feuilles qui sont représentées sur le tampon sont ramassées à Grenoble.
14:05 Et après, l'objet est fabriqué par mon mari.
14:08 Et avec ce tampon, en fait, j'imprime.
14:12 Donc ça s'appelle un mordant, le produit qui permet à la couleur végétale de s'accrocher sur le tissu.
14:17 C'est un mordant. Donc ça se fait tout. Au tout début, on imprime. Et après, on trempe dans les plantes.
14:22 - D'accord. Alors justement, moi, je vais d'abord connaître les plantes.
14:25 - Est-ce que vous réutilisez ce que vous employez ?
14:29 Parce que je crois que certains aussi utilisent des techniques de teinture avec des pots d'avocats, avec ces propres...
14:37 Vous, ça peut arriver, en fait ? Avec ces propres végétaux consommation ?
14:41 - Oui, justement, j'ai de la grenade. Donc en fait, ça, c'est que de la récupération.
14:45 C'est tous les gens qui mangent des grenades qui me les donnent.
14:49 - Ça part pas au compost. Ça part chez Agnès.
14:51 - Ça part chez moi. Pour faire un bain qui va donner un jaune vert. Enfin, quelque chose de... Voilà.
14:58 - Et puis la cueillette, c'est essentiellement... Vous partez cueillir. Qu'est-ce que vous cueillez ?
15:03 Ça, c'est un trouenne, non ?
15:05 - Alors, je cueille un peu tout. Non, c'est un aulne.
15:08 - Ah, pardon. Un aulne, pardon. OK.
15:10 - Je cueille un peu tout parce qu'en fait, je cueille des plantes qui vont me servir à faire la couleur.
15:14 Et je cueille aussi des plantes qui vont me servir à faire le motif.
15:18 - D'accord. Donc vous imaginez, vous cueillez, vous imaginez en même temps ?
15:22 - Voilà. Par exemple, si on prend le noyer. Donc, tout le monde connaît le brou de noix.
15:27 - Ah, bien sûr.
15:28 - Donc on peut du coup teindre avec la bogue qui entoure la noix. Et on peut imprimer avec la feuille.
15:35 - D'accord. Et avec cette cueillette, une fois que vous avez réalisé cette cueillette, qu'est-ce qu'on met ?
15:41 C'est végétaux dans l'eau, qui bouillent ? Il y a des produits dedans ?
15:45 - On les fait sécher. Enfin, on peut aussi teindre avec les végétaux frais, mais on maîtrise moins la couleur obtenue.
15:51 Donc généralement, on les fait sécher parce qu'il faut autant de végétaux que de poids de tissu.
15:56 Donc il faut imaginer que quand on teint quelque chose qui fait 100 g, il va nous falloir 100 g de plantes.
16:02 Donc 100 g d'avocat, bon, ça va parce qu'il y a les noyaux.
16:05 Mais si on veut teindre avec 100 g de cosmos, par exemple, eh bien, il va falloir vraiment une très grosse cueillette.
16:11 - Ah oui, c'est sûr. Là, qu'est-ce que vous avez ? C'est quoi, ces petites boules dans ce pot ?
16:14 - Alors ça, c'est un mystère. - On dirait des noix de muscade.
16:17 - En fait, c'est des gales de chêne. Donc c'est un insecte qui attaque l'arbre.
16:24 Pour se défendre, l'arbre fabrique cette bille. Et en fait, ça, c'est le trésor du teinturier.
16:29 Ça permet de préparer tous les tissus avant de les teindre.
16:35 - Ah, c'est vrai qu'il y a ça parfois dans les boîtes de couturière. Ça me... Oui, on a déjà vu ça.
16:40 Et donc, vous les préparez, c'est-à-dire ?
16:43 - Alors donc ça, c'est broyé. - D'accord. OK.
16:45 - Et en fait, ça contient énormément de tannin. Et donc, les tannins permettent,
16:49 notamment pour les fibres cellulosiques, à la couleur de s'accrocher mieux.
16:53 - Donc c'est un fixeur. - Voilà. - Ah, je comprends.
16:56 Et donc ensuite, vous préparez cette décoction, en fait. On fait bouillir les végétaux.
17:00 - Oui. Oui. Donc pour les... Alors il n'y a pas les mêmes recettes si c'est pour les fibres végétales
17:05 ou pour les fibres animales. Donc déjà, il y a des différences.
17:09 Et après, la plupart du temps, les végétaux sont cuits, bouillis.
17:13 Alors il y en a qui ne peuvent pas bouillir parce qu'ils sont trop fragiles.
17:15 Après, on les enlève ou pas. Et on met son tissu dedans.
17:19 - D'accord. J'ai vu que parfois, il y avait des coquilles d'œufs dans les bouillons teinture.
17:22 - Ah non, moi, je ne mets pas ça. Mais peut-être... - Ah d'accord. J'ai vu ça, je ne sais pas à quoi ça sert, mais...
17:26 - Ben après, il y a beaucoup, beaucoup de recettes. En fait, l'avantage de la teinture végétale,
17:29 c'est quand même que c'est partagé par tous les peuples, avec toutes les plantes de toute la terre.
17:34 Et du coup, à chaque fois, on découvre des nouvelles choses. C'est ça qui est chouette.
17:38 - C'est intéressant. Alors vous nous parliez tout à l'heure de ces imprimés.
17:41 Alors ça, c'est un tampon. Là, on regarde... Là-dedans, il y en a un du monde.
17:45 - Oui. - C'est... C'est...
17:47 - Ça, c'est autre chose. C'est plus pour le... Pour faire comme sur le... L'impression directe sur le coussin.
17:52 - Ah, on va voir le coussin. C'est ça, l'impression directe, en fait ?
17:55 C'est que vous pliez ces feuilles dans le tissu ? C'est quoi, ces rouleaux ?
18:00 - Ah oui. Alors les rouleaux, c'est les... Donc effectivement, le tissu...
18:04 Un sandwich tissu-feuilles et ficelles qui était mis dans le bain précédent avec de l'eucalyptus et de l'oignon.
18:11 - Ah ! Donc il y a un bain révélateur qui va imprimer. - Voilà. Oui.
18:14 - Ça, c'est de l'impression directe, alors ? - Voilà. Ça, c'est que des feuilles de cotinus.
18:18 - D'accord. Donc ça, c'est unique. Il n'y en a pas d'autres, puisque c'est celle qui...
18:21 - Ah bah oui. Il y a que une impression. C'est celle qui était là. Après, la feuille, elle est cuite et elle est...
18:25 - OK. Et ça, c'est un tampon. - Voilà.
18:28 - Donc ça, c'est lui. Voilà.
18:30 - Et donc c'est une toute autre technique, en fait, avec...
18:34 Bah donc en fait, c'est vraiment le geste qui est répété et le tissu qui est préparé pour pouvoir faire cet effet-là.
18:41 - Et donc vous préparez un bain de teinture... - Alors je prépare un bain de tannin.
18:47 - De tannin, oui. - Après... Donc je trempe mon tissu avec ces tannins.
18:52 Je retrempe mon tissu dans un bain d'alun. Donc il y a déjà 2 bains.
18:56 Après, j'imprime avec un autre type de fixateur. Et après, je fais mon bain de plante.
19:02 - Un bain d'alun. D'alun, comme la pierre d'alun. - Un bain d'alun, comme la pierre d'alun.
19:05 - D'accord. Mais c'est naturel ? C'est pas du produit impactant ?
19:09 - Nous, c'est synthétique, parce que sinon, en fait, ça fait trop d'extractions. Enfin, c'est pas bien de... Voilà.
19:15 Et après, il y a aussi des plantes, comme le simple locos, qui est une plante indonésienne, qui a les mêmes propriétés que l'alun.
19:22 Donc on peut aussi trouver les ressources dans les plantes pour préparer le tissu avant même la couleur.
19:28 - D'accord. Et une fois que vous avez le tissu et la couleur, vous prenez votre boîte à couture et vous réalisez ces objets.
19:35 Là, j'ai un coussin qui est bien moelleux et qui est très joli. Donc là, on voit en plus toutes vos techniques.
19:40 On a impression directe, le tampon et les tissus unis. - C'est ça.
19:44 - Et donc, vous vous éclatez. Vous travaillez sur commande aussi ?
19:48 - Alors, je fais plutôt des... Je fais plutôt, en fait, des pièces, parce que je fais des tout petits coupons.
19:54 Donc il y a peu de commandes, sauf si les gens décident d'acheter le coupon.
19:58 - Bah oui, ça, par exemple, là-dessus, c'est quoi ? Une trousse, une trousse de maquillage, une pochette ?
20:02 - Avec... Après, comme Laura en parlait, je réemploie aussi beaucoup de tissus.
20:09 - Ah, il y a de la récup aussi. La récup... - Il y a beaucoup de récup.
20:12 Donc en fait, il y a en gros 50 % de tissus achetés et 50 % de récup.
20:17 - D'accord. Et parce que les tissus unis, là, on a vu des choses qui étaient quand même assez naturelles, qui...
20:23 C'est des couleurs qui sont quand même pétantes. On peut les avoir aussi. Avec quoi vous les avez ?
20:28 Là, il y a un... - Eh bah, le jaune, là, c'est la gaude.
20:31 Donc c'est une plante... - La gaude ?
20:33 - La gaude. - D'accord. Qu'est-ce que c'est ?
20:35 - Reseda luteola. - Ah, le Reseda. D'accord. OK.
20:38 - Alors donc, c'est une partie... Ça, c'est une plante que j'achète à des productrices qui sont dans le sud de la France.
20:43 - OK. - Voilà. On a le bleu de l'indigo.
20:46 Sur le côté de la trousse. - Ça ? OK.
20:49 - Voilà. Qu'est-ce qu'on a ? On a le rouge, un tout petit bout de rouge de garance.
20:54 Donc c'est la racine, parce que dans les plantes, les racines, certaines fois, c'est les racines,
20:58 des fois, c'est les fruits, des fois, c'est les feuilles, des fois, c'est l'écorce.
21:02 - C'est infini, en fait. - C'est infini.
21:04 - Les fleurs ? - Les fleurs, oui, bien sûr.
21:06 - Les fleurs, vous parliez des cosmos tout à l'heure. Ça donne nécessairement du rose ou ça se transforme ?
21:11 - Non, le cosmos... En fait, on parle du cosmos sulfureux. C'est orange.
21:15 Donc moi, j'en utilise très peu, parce que j'essaye aussi de prendre des plantes qui vont pas...
21:20 Alors déjà, les fleurs, ça m'embête pour les abeilles. - Bah oui.
21:23 - Et ensuite, j'essaye de prendre des plantes qui existent en grande quantité,
21:26 parce que quand on va faire une cueillette, il faut quand même qu'on sache si on peut en ramasser un certain volume.
21:31 - Du romarin, ça pousse en buisson, ça repousse... - Voilà.
21:34 - Fayez à pas faire disparaître l'espèce. - Ah. Eh oui.
21:38 - Voilà. - Eh oui. Faites-moi voir là, votre... Hop. C'est joli.
21:42 C'est joli. C'est un petit... On dirait presque un petit kimono. Vous me parliez du Japon tout à l'heure.
21:46 Je peux le mettre ? - Attendez. Attendez. C'est joli.
21:49 - Je vous le rends après. - C'est un drap...
21:52 - Mais c'est du lin. Alors, pardon, on vous entend plus. Il faut vous asseoir devant le micro.
21:57 Ça, c'était un drap ? - C'était un vieux drap.
22:00 - Mais en plus, ça sent bon, dis donc. Alors voilà. Je sais pas si ça va vraiment avec le verre.
22:05 - Ça va très bien. - C'est vrai ? Ah. Bah alors, regardez.
22:09 Là, bah du coup, on a beaucoup de feuillages différents, en fait, dessus.
22:13 - Ah, c'est vrai. Là, j'ai plein de petits buissons partout.
22:16 - Le noyé noir, c'est les grandes feuilles. L'érable. Qu'est-ce qu'on a ?
22:21 On a du bambou, qui est l'antacide. - Regardez. Regardez.
22:25 - Voilà. Le tulipier. Voilà. Donc je ramasse beaucoup, beaucoup les arbres, moi.
22:32 - D'accord. Bah écoutez, c'est joli comme tout. Le Japon, vous en parliez tout à l'heure de l'indigo.
22:38 C'est-à-dire on doit forcément avoir les mains toutes bleues pour faire du bleu.
22:43 Ça, c'est une technique qui doit beaucoup plaire aux enfants, j'imagine.
22:47 - Non. Alors là, c'est... Donc j'ai eu la grande chance de partir avant le Covid en 2019 au Japon.
22:54 Et où, en fait... Alors nous, en France, on teint à partir du pigment d'indigo.
23:01 C'est-à-dire qu'il y a des entreprises qui vendent ce pigment.
23:04 Ils font du compost de la plante et ils teignent à partir de ce compost.
23:08 Ça s'appelle le sukumo. Et donc voilà. 12 jours dans les mains, dans le bleu japonais.
23:14 - Ça part quand même. - Oui, ça part. Mais longtemps après, quand même.
23:18 - Faites-moi voir vos mains. Elles sont jolies. - Vos mains, ça va.
23:20 - Ah oui. Donc c'est que ça reste fixé sur le tissu, pas dans les mains.
23:24 Ça me rappelle une petite pub. C'est joli comme tout. Je voudrais pas l'abîmer non plus.
23:28 Donc je vous le rends. Mais c'est... Hein ? Vraiment, il y a de l'idée.
23:32 On peut les retrouver chez Laura ? C'est nécessairement de la seconde main au marché des créateurs ? Oui, mais...
23:40 - En fait, j'aime bien l'idée que chez la Capteuse, ce soit que du mobilier et pas forcément des vêtements.
23:44 - Ah, d'accord. - Donc voilà. Mais en vrai, par exemple, le coussin, pourquoi pas ?
23:49 - Et bien, c'est... Ouais, exactement. Des petits coussins, c'est très joli.
23:52 En tout cas, bravo à Agnès, qui travaillait à la Ville-Neuve et qui est en train de s'envoler vers le Trievh.
23:59 - Oui, tout à fait. Eh bien, du coup, l'idée, c'était de planter une forêt comestible et teintoriale, on va dire.
24:05 Donc il fallait un peu de terrain. Et on vient de trouver... On a trouvé l'an dernier.
24:09 Et donc on a un peu travaillé sur la maison. Mais après, l'atelier va sûrement migrer là-haut.
24:14 - Ça pourra se visiter ? - Je pense, oui.
24:16 - Ah, oui. Ça sera peut-être du travail en plus d'accueillir du public. Mais ça serait vachement intéressant.
24:20 - Oui, oui. Ben après, il faut laisser un peu de temps pour les plantes. Et puis...
24:23 - Eh bien, bravo à vous, Agnès. Donc parmi les artisans, c'est fait ici. C'est en Isère. C'est tout fait main. Bravo à vous.
24:31 - Merci. - Eh bien, regardez, on était dans la tradition.
24:34 Alors on va faire un bond en avant vers la modernité, mais à vol d'oiseau. Allez.
24:38 *Musique*
24:47 - Le petit jeu de mots, le petit calembour de l'émission. À vol d'oiseau, Moineau. Rebienvenue.
24:53 Alors c'est quand même assez trompeur. C'est un acteur qui s'appelle Bruno Moineau. Alors vous, c'est Bruno Moyen.
24:58 C'est Monsieur Prescovic. - Bon, j'ai découvert ça après.
25:02 Enfin, comme tout le monde, en regardant le Père Noël, il est une ordure. - Voilà. Ou les bronzes.
25:06 - Mais j'avais déjà ce surnom avant. Donc bon. - Ah. C'est lui qui vous l'a piqué alors, peut-être.
25:11 - Peut-être. - Et voilà. Il a vu que vous aviez du succès.
25:14 - Voilà. - En tout cas, c'est écrit ici, en toutes lettres. Moineau, Bruno Moyen.
25:20 C'est votre album qui sort, donc, en ce début de mois de février.
25:25 Et c'est un album... Alors on vous a connu photographe. Vous êtes aussi musicien, compositeur.
25:31 C'est un peu mondain, ça ? - Je suis plus, on va dire, pour prendre un anglicisme,
25:37 enfin, je me considère plus comme songwriter que comme musicien. - Chansonnier, alors.
25:41 - Je suis très mauvais musicien. - Ah. D'accord. - Je joue un peu de tout, mais très mal.
25:45 - D'accord. - Donc je suis pas un bon client pour le live, mais plutôt dans mon studio, voilà.
25:53 - Alors songwriter, donc vous le dites en anglais, un chansonnier, donc il s'appelle Pardon, ma french. Pourquoi ?
26:00 - Alors c'est parce que j'ai un accent français à couper au couteau que je ne change pas vraiment à corriger.
26:05 Et parce que mes amis américains me disent "Nothing but charming", donc... Et puis je veux pas me forcer.
26:14 Et puis bon, c'est un jeune mot, donc je m'excuse d'être... Voilà, je m'excuse, j'excuse pas mon anglais,
26:20 mais j'excuse mon français, mon accent. Et puis parce que c'est une expression anglaise,
26:25 les Anglais, avant de dire une grossièreté, disent "Pardon, my french", et ils disent la grossièreté.
26:31 - Excuse my french, ils le disent. Ah, ils disent pardon ? J'ai entendu "Excuse my french" quand j'ai déjà...
26:35 - Pardon my french, c'est une expression anglaise, avant de dire une grossièreté.
26:41 - Parfois ils le disent après aussi. - Ou ils le disent après, ouais.
26:44 - C'est ça, dans les films, on entend un petit peu ça en version originale. Et donc Pardon my french, les titres,
26:49 alors je les ai pas comptés, c'est un bel album quand même. - 11 titres.
26:53 - 11 titres, il y a deux reprises. - Oui, et puis un petit coup de coeur, hein.
26:58 - Voilà, qui parle de rivière, avec une chanteuse avec une voix absolument délicieuse.
27:03 On peut l'écouter tout de suite, ce duo. Un petit extrait quand même de cette chanson avec Olia. Elle s'appelle "Écoutez".
27:11 Eager to dive
27:13 In the waters
27:16 Down by the river
27:19 Down by the river
27:22 Down by our rivers
27:27 We float in different lives
27:31 Down by the river
27:34 We held in different arms
27:38 Down by our rivers
27:41 By the ocean, by the sea
27:45 Down by the river
27:48 Down by the sea
27:51 - "Down by the river", ça rappelle un égo-spirituel, ça.
28:00 - C'est assez récurrent dans la chanson américaine, les rivières, les trains.
28:09 - Oui, alors d'abord, la première chose qu'on voit, c'est ce graphisme, vous en avez fait une signature, on la retrouve dans beaucoup de vos vidéos aussi.
28:15 C'est vous qui faites ça, en fait, qui créez ça ?
28:18 - Oui, voilà, en fait, je fais à peu près tout, sauf quand je fais appel à d'autres musiciens, comme Olia en particulier.
28:29 - Exactement, et en fait, c'est presque ça, toute l'originalité de cet album, c'est que vous faites tout, vous êtes un homme orchestre, avec des musiciens additionnels, mais qui ne sont pas d'ici.
28:38 C'est-à-dire que vous leur envoyez, vous proposez, il y a des plateformes qui existent pour que votre composition trouve un interprète ?
28:45 - Donc en fait, je fais les titres avec les différentes pistes, et il y a un site qui s'appelle Fiverr, sur lequel on peut trouver plein d'indépendants.
28:55 Ça peut être des graphistes, enfin, il y a toutes sortes, mais il y a des musiciens, et c'est mondial.
29:00 Donc si vous voulez trouver un joueur de cornemuse, c'est tout à fait possible, vous pouvez trouver tout, des quatuors à cordes, etc.
29:08 Et donc, on fait son marché, les personnes se présentent, on a des petites vidéos.
29:15 - Mais pour ça, il faut une maquette, en fait, il faut déjà avoir produit quelque chose, ou il faut juste une partition ?
29:21 - Non, je veux dire, les gens qui se... Non, moi, par exemple, je compose dans mon studio, j'ai toutes les différentes pistes, j'ai ma partie chantée.
29:29 - Tout assisté par ordinateur, alors ?
29:31 - Voilà, et après, j'envoie le morceau en entier à la personne, que la partie instrumentale, plus que la partie que la piste chant, par exemple.
29:41 Et Olia, en particulier, elle m'envoie cinq pistes, avec le chant principal, des harmonies, à la tierce, à la quinte, etc.
29:51 Enfin bon, et moi, après, je fais ma petite cuisine avec tout ça.
29:56 - Alors, Olia, c'est vrai que c'est un petit coup de cœur, parce qu'elle a une voix sublime, et vous ne l'aviez jamais rencontrée.
30:00 Olia, elle est ukrainienne, et vous l'aviez rencontrée sur cette plateforme ?
30:05 - Sur cette plateforme, oui.
30:06 - Et donc, elle chante depuis son pays, qu'est-ce qui vous a particulièrement touchée ?
30:13 - Les artistes mettent des extraits de chansons, et puis, on fait des essais.
30:22 Et puis, ça a bien fonctionné, ça a bien fonctionné aussi dans les échanges.
30:28 Je trouvais que ce qu'elle me proposait, c'était intéressant.
30:31 C'était toujours réinventé, c'est-à-dire, c'est toujours beaucoup mieux que ce que je peux faire dans ma maquette de base.
30:38 - Elle se l'approprie.
30:40 - Elle pouvait apporter quelque chose.
30:43 Et puis, après, je me suis dit, si je fais un album, autant qu'il y ait une unité, que ce soit toute la même chanteuse,
30:51 qui me fasse la partie féminine des voix.
30:55 - Et il y a quand même une... Vous êtes en contact en permanence ?
30:59 - En permanence, non, mais très souvent, je lui envoie un petit mot.
31:04 Et je lui... Voilà.
31:08 Quand le disque sort... Je lui ai envoyé, d'ailleurs, le disque il y a au moins 15 jours,
31:14 parce que ça fait un moment que je l'avais. Il n'est toujours pas arrivé.
31:17 - Ah oui. Et cette vidéo, c'est elle qui l'a tournée et qui vous l'a envoyée pour la réalisation de ce clip ?
31:24 - Voilà, oui. Elle m'a proposé de se filmer quand elle chante, donc avec deux plans.
31:30 Le plan de face et le plan de côté. Et puis, moi, j'ai inclus dans la vidéo.
31:34 - C'est vrai que c'est vraiment très joli. Elle a une voix qui est magnifique.
31:39 Avec le projet, forcément, quand un album sort, il y a souvent une tournée par la suite.
31:43 Est-ce que c'est réalisable quand on compose de cette manière ?
31:46 - Alors, oui, non, c'est pas vraiment réalisable.
31:49 Ça pourrait se faire éventuellement avec d'autres musiciens, mais ça pourrait même se faire avec d'autres musiciens que moi.
31:54 Parce que, bon, c'est vrai que ça... Je sais pas...
31:58 - Vous êtes pas un homme de scène, c'est ça ? - Je veux bien déléguer, donc bon...
32:02 - C'était pas votre but, en fait ?
32:04 - Non, mais est-ce que j'ai vraiment un but ? Maintenant, en fait, je m'amuse.
32:09 Il y a des gens qui me disent "Ah, mais il y a plein de choses différentes dans cet album."
32:14 C'est vrai que c'est les différentes facettes.
32:16 Et comme je dis, j'ai pas l'intention de faire carrière, donc je fais comme ça me chante.
32:22 - Alors, comme ça vous chante, il y a un petit quelque chose, quand même, parce que vous parlez de votre french, de votre accent qui est assumé.
32:28 Il y a quand même un côté un petit peu rock, un peu... Un petit côté Léonard Cohen, quand même, un peu aussi.
32:37 Je sais pas si c'est recherché, mais ça s'entend.
32:40 - Voilà, c'est bon, ça c'est... - Donc vous vous amusez, mais vous avez une patte quand même aussi.
32:45 - Oui, oui, non, oui, mais disons que j'ai pas...
32:51 Je dis que je m'amuse, j'ai pas d'ambition professionnelle.
32:54 Je serai jamais Mozart à mon âge, vous voyez ?
32:57 Donc ça me rend beaucoup plus libre plutôt que de me dire "Ah bah bon, je connais plein de gens beaucoup plus jeunes."
33:08 Quelquefois, ils ont tendance à se dire "Qu'est-ce qu'il faut que je fasse pour que ça marche ?"
33:12 - Vous, non, vous êtes vous-même. - J'ai pas ce problème, moi.
33:15 - Et vous aimez beaucoup l'Asie, alors vous avez réalisé cette vidéo.
33:20 - Alors oui, ça c'est bon. C'était au Vietnam en novembre.
33:25 - Beaucoup de deux roues.
33:26 - En fait, je suis aussi des cours de composition et de production musicale sur Internet.
33:33 Et tous les mois, on a des défis, des compositions à faire, des exercices avec des contraintes.
33:40 Et là, j'étais pendant un mois au Vietnam, il y avait cette contrainte.
33:44 Il fallait que je fasse ce morceau.
33:47 Et donc, j'ai fait sur mon iPad, sur mon iPhone, et je suis rentré avec le morceau,
33:53 puis en ayant filmé les images à un œil.
33:57 - D'accord. Et on l'a vu, c'est souvent assez vaporeux, ce que vous montrez dans vos images.
34:02 Il y a beaucoup de figures, on se figure, on imagine, c'est très onirique.
34:05 C'est aussi ce que vous avez beaucoup exercé dans le cadre de votre métier,
34:08 votre métier de photographe, avec vraiment un sens de l'évasion aussi.
34:13 Et puis, c'est toujours très vapeureux. C'est vous, Lu, ça ?
34:17 - Alors, disons que...
34:18 - C'est très onirique.
34:19 - Alors, dans les photos... Au départ, je suis un photographe commercial de commande.
34:24 Mais dans mes photos personnelles, c'est vrai que j'ai plutôt tendance à interpréter la réalité
34:30 plutôt que à la reproduire telle qu'elle.
34:32 Donc, c'est des photos... On va dire... Bon, c'est du pictorialisme, on va dire, pour être assez large.
34:40 Aussi bien dans des choses en noir et blanc qu'en couleur.
34:43 - Mais c'est la manière dont vous l'apercevez. C'est ce que vous faites, ça ?
34:46 - Oui, oui, voilà. C'est... Oui, oui, c'est mon monde.
34:51 Comme je dis très souvent, que ça soit un disque ou des photos,
34:55 je pense que toute œuvre est un autoportrait.
34:59 Donc... Mais même s'il y a des choses très différentes,
35:04 c'est toujours des facettes de la personne.
35:08 Enfin, je veux dire, si l'œuvre est réussie, puis si on creuse un peu,
35:11 parce que, en fait, moi, j'aime bien faire des séries, aller au bout,
35:15 faire juste une image comme ça ou juste un morceau comme ça,
35:19 c'est de creuser le sillon. Et là, à ce moment-là, la personnalité ressort.
35:25 - C'est souvent très endormi aussi. Le temps s'arrête.
35:28 Vous l'y a aussi dans votre album, on ressent ça aussi ?
35:32 - De quoi ? Le...
35:34 - Voilà. Ce temps suspendu. On suspend votre vol.
35:38 - J'ai dans des morceaux plus récents où j'ai repris des guitares
35:43 et qui sont des choses un peu plus rock. Mais bon, c'est aussi une autre facette.
35:48 Et puis dans ce disque, il y a des morceaux un peu électro, d'ailleurs.
35:51 Donc, bon, c'est... Voilà, c'est les différentes facettes du Moineau.
35:56 - Oui. Alors ça, c'est une autre facette, façade, et que j'aime beaucoup,
36:02 puisque vous avez photographié Grenoble d'une manière qui se prête à la contemplation.
36:08 Et pourtant, la ville n'est pas réputée pour ça. Et c'est bien dommage.
36:12 Vous avez beaucoup travaillé autour de l'architecture
36:17 et vous avez donc réalisé cet album qui s'appelle "Grenoble sous un autre angle"
36:21 avec beaucoup de façades, art déco notamment, art nouveau également.
36:24 Il y en a quelques-unes, des façades 19e haussmannienne.
36:28 - Alors, je vous corrige un peu. Justement, ce ne sont pas des façades, ce sont des angles.
36:33 - Pardon, c'est vrai. C'est vrai, c'est vrai.
36:35 - D'ailleurs, si vous ouvrez la pochette, c'est l'angle de ce bâtiment. Voilà.
36:41 - Elle est là. C'est ça.
36:42 - Donc, parce que c'était bon. Au départ, c'était un reportage pour un magazine.
36:47 Mais j'ai commencé à photographier des immeubles et je me suis aperçu
36:51 que quand on les prenait en angle, ça les isolait. Ils deviennent tout seuls.
36:56 Et après, l'architecte avec qui j'ai bossé a fait des plans et des croquis
37:01 pour les resituer dans la ville.
37:03 Mais le fait de ne prendre que des angles, le bâtiment est tout seul.
37:09 - Et c'est assez saisissant parce qu'on ne les voit pas nécessairement comme ça,
37:12 ne serait-ce que lorsqu'on passe à pied. On les redécouvre vraiment.
37:16 Et on redécouvre toute cette richesse photographiée un peu à la manière du Flatiron Tower.
37:21 Vous savez, le Ferrare passé à New York qu'on prend systématiquement à l'angle.
37:26 Alors que c'est vrai que sur la façade, la vraie façade, cette fois-ci,
37:29 il a son intérêt, mais moins que avec l'angle.
37:33 On a envie de discuter encore beaucoup avec vous.
37:35 Vous avez un petit coup de cœur à nous donner.
37:37 Attendez, on met le petit jingle et puis vous nous le donnez.
37:40 - Allez !
37:41 - Et le coup de cœur de l'émission, c'est une consoeur presque.
37:50 C'est Nicolas Richard. - C'est une photographe.
37:52 C'est une photographe grenobloise qui travaille des natures mortes en lumière naturelle.
37:58 - À la manière de l'école hollandaise un peu.
38:02 - Exactement. Je ne pense pas dévoiler un secret en disant que c'est fait à l'iPhone.
38:07 - Ah bon ? Ah ouais, elle a un talent incroyable, Nicole Richard.
38:11 - Et elle arrive maintenant. C'est vrai que maintenant, les téléphones sont très, très perfectionnés.
38:18 On peut faire des agrandissements géants.
38:20 - Et c'est un photographe très technicien de l'image qui nous le dit.
38:22 Donc voilà, c'est aussi l'avenir. Mettre la technique aussi à la portée de chacun.
38:26 C'est aussi la technologie à portée de chacun. C'est aussi ça le progrès.
38:29 Voilà. Allez, merci beaucoup Bruno pour cette belle découverte.
38:34 Merci à vous toutes. On va vous les rendre, mais je vais peut-être garder le coussin quand même.
38:39 Allez, merci beaucoup. À très bientôt et merci encore à vous tous de votre fidélité. Au revoir.
38:44 (Générique)

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