Archive : en 1981, Michel Audiard parlait du métier de dialoguiste sur Antenne 2.
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00:00 Un dialoguiste c'est avant tout un voleur, on pique des mots.
00:03 Moi j'ai piqué des mots à des chauffeurs de taxi, à des garçons coiffeurs, à des garçons de restaurant.
00:09 Je n'arrête pas de piquer. On invente finalement très peu.
00:12 La grosse difficulté c'est de mettre en situation ce mot que vous avez entendu un jour.
00:16 Par exemple, une fois j'ai fait dire à Gabin dans un film, il disait ça je crois, à Dalban,
00:22 "quand on mettra les cons sur orbite t'as pas fini de tourner".
00:25 Il y a deux ans avant j'avais entendu dire ça par un chauffeur de taxi qui s'engueulait avec un cyclaire dans la rue.
00:30 J'ai mis deux ans à le caser mais croyez bien j'étais bien décidé à le mettre.
00:34 J'ai jamais pris une note parce que j'ai une excellente mémoire et par contre je perds les carnets.
00:40 Ça ça pourrait être un dialogue.
00:43 Dis-moi Michel Audiard, mais tout de même le fait d'avoir été cycliste, ça n'est pas un grand apport dans votre carrière de dialoguiste ?
00:50 Ça m'a servi effectivement car il y a d'abord une corporation où il y avait maintenant, je ne sais plus, je les fréquente moins,
00:56 mais où il y avait un langage très très vif, très brillant, c'était les porteurs de journaux.
01:01 Ça, tout le monde l'a connu, c'était des gens drôles.
01:04 D'ailleurs il y avait des gens drôles dans les imprimeries de presse.
01:07 Ça ne concernait pas que les porteurs de journaux, les types beauté, les types marrants, les bistrots de presse.
01:12 Il y avait un langage très très très parisien, très drôle.
01:15 Bon, mais pas vulgaire forcément.
01:16 Pas vulgaire du tout, vulgaire je suis devenu par la suite, mais ça c'est à moi-même que je le dois.
01:20 Mais les porteurs de journaux parlaient un joli langage.
01:23 Et alors il y a un langage des coureurs cyclistes qui est alors absolument ébouriffant.