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Le gouvernement a fait trop de concessions environnementales pour obtenir la paix avec les agriculteurs selon Rudy L'Orphelin, membre du groupe écologiste au conseil régional de Normandie

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Transcription
00:00 Et à mes côtés à 8h15 Didier Charpin pour accueillir notre invité ce matin, Rudi Lorphelin, conseiller régional écologiste de Normandie.
00:08 Bonjour Rudi Lorphelin.
00:09 Bonjour Ed Charpin.
00:10 Pour tenter d'apaiser la colère des agriculteurs, Gabriel Attal a fait plusieurs annonces hier avec succès.
00:16 L'immense majorité des barrages n'existent plus ce matin.
00:19 Il a apporté les bonnes réponses après vous ?
00:22 Non seulement, je pense que les réponses de Gabriel Attal n'apportent pas de solution aux problèmes de fonds
00:28 qui étaient posés par le mouvement agricole, mais en plus je pense qu'elle marque un certain nombre de recul.
00:33 Elle apporte pas de réponse aux problèmes de fonds qui étaient celui, et qui est celui, de la question de la rémunération des agriculteurs.
00:41 Il y aura davantage de contrôle pour que la loi Egalim soit respectée ?
00:44 Oui, c'est bien le minimum qu'un gouvernement puisse promettre, à savoir appliquer la loi, je crois.
00:48 Toujours est-il que le problème de fonds n'est pas résolu, puisqu'on le voit, comment les prix agricoles ont augmenté,
00:57 les charges augmentent, les prix alimentaires baissent, les prix agricoles baissent,
01:06 et ce qui explose, ce sont les marges des industriels.
01:09 Et c'est ça la vraie question aujourd'hui, c'est comment on invente un modèle qui permette de rémunérer nos agriculteurs.
01:16 Et puis, il y a un vrai sujet auquel Gabriel Attal n'apporte pas de réponse,
01:21 c'est bien sûr sur le modèle néolibéral d'agro-business, qui lui n'est absolument pas remis en question.
01:27 - Les accords de libre-échange ? Après on peut pas les annuler comme ça ?
01:30 - Alors que, comme on a ici une classe politique qui a accompagné et qui a voté pour l'ensemble des accords de libre-échange,
01:37 et je pense que ces deux questions de fonds ne sont pas résolues.
01:40 Et puis, il y a un recul considérable, il y en a un en particulier, c'est bien sûr l'abandon,
01:46 ou en tout cas la pause qui est faite dans le plan de réduction des pesticides.
01:50 - Il s'appelle EcoFito, il devait diviser par deux l'usage de pesticides d'ici à 2030, il est simplement mis sur pause.
01:57 - Il est à priori simplement mis en pause, mais je pense que c'est un signal extrêmement problématique,
02:02 parce que pour l'instant on nous dit "on fait une pause", mais jusqu'à quand fait-on une pause ?
02:06 Et dans quelles conditions ce plan sera-t-il éventuellement remis en oeuvre ?
02:10 En tout cas, il est fondamental qu'on avance vers des pratiques plus vertueuses,
02:14 c'est en réalité la question de la santé.
02:17 Et c'est pour ça qu'on a besoin aujourd'hui de lois qui protègent nos agriculteurs,
02:21 mais qui protègent aussi notre alimentation et notre santé.
02:24 - Est-ce qu'on a besoin aussi de progrès scientifique ?
02:26 Parce que grosso modo, les agriculteurs pour les grandes cultures, céréales, sucre, betteraves,
02:30 nous disent "on n'a pas d'alternative propre".
02:33 - Nous on n'a pas, les écologistes, on n'a jamais eu de difficulté effectivement
02:36 avec l'idée de favoriser et de soutenir toute recherche qui permette effectivement
02:41 d'améliorer et les pratiques à l'école et l'environnement.
02:44 Mais ça ne peut pas constituer une excuse à l'inaction.
02:48 Et je pense qu'aujourd'hui, la difficulté c'est qu'on a une captation de la valeur
02:55 qui est très forte et qui pose une immense difficulté et un vrai problème démocratique
03:01 sur le modèle agricole qu'on souhaite promouvoir.
03:04 Il faut savoir par exemple qu'aujourd'hui, 20% des agriculteurs captent 80% des aides
03:14 de la politique agricole commune.
03:15 Donc il y a des intérêts convergents qui malheureusement maltraitent les plus faibles.
03:20 Et aujourd'hui, la revendication fondamentale qui était celle des petits exploitants,
03:25 ceux qui globalement aujourd'hui touchent moins de 1000 euros par mois alors qu'ils
03:29 font un travail remarquable pour notre alimentation, pour notre agriculture, pour nos paysages,
03:35 et bien c'est celles et ceux-là qui sont oubliés.
03:37 Et c'est bien le problème des réponses qui ont été apportées par Gabriel Attal hier,
03:41 c'est qu'elles ne répondent pas à cette question fondamentale.
03:43 - Une question, en 2024, est-ce que l'agriculture et le respect de l'environnement sont compatibles ?
03:47 - Absolument, moi j'en suis, et nous en sommes absolument convaincus.
03:52 - Alors quelle est la méthode magique ?
03:53 - Non seulement agriculture rime avec environnement, mais je suis même convaincu que les meilleurs
03:57 alliés des agriculteurs ce sont les écologistes.
04:00 Parce qu'il faut savoir que depuis des années, les écologistes défendent avec les agriculteurs
04:09 des combats qui sont des combats communs.
04:10 Comme par exemple la question de la rémunération dont je parlais à l'instant, mais aussi la
04:14 question de la lutte contre l'artificialisation des sols et la préservation des terres agricoles.
04:18 Ça c'est des combats qu'on mène en commun depuis très longtemps.
04:21 Pourquoi ? Parce que les écologistes, avec René Dumont dès 1974, ont compris que préserver
04:26 l'environnement ça passait par la préservation de notre modèle agricole.
04:30 C'est absolument fondamental, par la préservation des sols, par la préservation de notre santé.
04:34 Et donc, moi je suis absolument convaincu que demain on peut évoluer vers un modèle
04:40 agricole compatible avec l'environnement.
04:42 Et du reste, on avance, et on a avancé ces dernières années, vers des pratiques agroécologiques.
04:49 Mais quand on répond à la question aujourd'hui, dans le contexte dans lequel on est, où par
04:57 exemple l'agriculture biologique est en grande souffrance, alors qu'on a ici des paysans
05:01 qui ont des pratiques absolument vertueuses.
05:03 Quand on ne vient pas en soutien de ce type de modèle, et bien effectivement, on veut
05:09 faire croire qu'il y aurait incompatibilité entre agriculture et environnement, ce qui
05:12 est absolument faux.
05:13 L'immense difficulté c'est de rendre ces pratiques vertueuses à l'échelle de la planète.
05:17 C'est une illusion ça ?
05:19 C'est une difficulté, c'est un chantier immense, mais ça commence par faire en sorte
05:26 que, à partir du moment où on souhaite et on veut aller vers des standards de haut
05:31 niveau en termes de qualité environnementale, et bien effectivement ça commence par une
05:35 logique de cohérence.
05:36 Et donc dans ce cas-là, on ne va pas signer les traités de libre-échange, dans ce cas-là
05:41 on ne soutient pas une politique agricole commune qui ne fait que broyer les agriculteurs
05:46 et favoriser finalement des modèles qui sont sur le moins environnemental.
05:50 Rudi Lorphelin, conseiller régional écologiste de Normandie, invité France Bleu France 3
05:55 ce matin.

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