Presume Innocent L Affaire Michelle Perron 2022 DOC S01E01 FRENCH 1080p
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00:00 ♪ ♪ ♪
00:03 - Le réalisateur de Radio-Canada, Gilles Perron,
00:05 devra subir un procès pour le meurtre de sa femme, Michèle.
00:07 - Michèle Perron a été assassinée après sa journée
00:10 de travail dans le stationnement de la clinique médicale
00:12 Concord. C'est son mari, Gilles Perron, qui l'a découverte
00:15 ainsi.
00:16 - Le 15 décembre 87, il y a une tempête de neige,
00:19 on voit rien et il y a une femme qui a été assassinée
00:22 dans une voiture.
00:24 - Comme ça, des furets, puis poignardés, puis tout.
00:26 C'est le pire que j'ai vu, ça.
00:27 - Vous la voyez encore?
00:28 - Je suis fait à mes yeux puis je la vois encore là.
00:30 - Il faut 11 mois d'enquête et plusieurs revirements
00:33 avant que Gilles Perron soit accusé du meurtre de sa femme.
00:36 - Au procès de Gilles Perron...
00:38 - Gilles Perron.
00:39 - Gilles Perron.
00:40 - C'est Gilles Perron.
00:41 - C'est une histoire qui est devenue très médiatisée
00:43 parce que c'était un réalisateur connu à Radio-Canada
00:45 qui a travaillé avec plein de vedettes, qui a fait
00:47 "Les démons du midi", "Stand un soir". Donc tout le monde
00:49 connaissait Gilles Perron dans le milieu du showbiz.
00:51 - Tous les jours, dans le journal, il y avait
00:53 le comprendu du procès.
00:54 Dans les allopolis, dans tous les médias, des photos.
00:56 - Les réalisateurs, sans être des stars dans l'attitude,
00:59 étaient des stars, étaient des gens très respectés.
01:02 - C'était quelqu'un du milieu médiatique. Donc c'est quelqu'un
01:05 qui essayait de frayer un peu avec les journalistes.
01:08 - C'est là qu'il m'a dit qu'il était agent secret.
01:10 - C'était plutôt un homme très artiste avec une tendance
01:13 à embellir les choses.
01:14 - Mais ça te fait pas de toi un meurtrier.
01:16 - Il y a quelque chose d'être tellement glam dans cette affaire
01:18 là, puis il y a quelque chose d'être tellement lugubre,
01:20 c'est presque de la fiction.
01:21 - Il y a une heure, un jury a reconnu le réalisateur
01:24 de Radio-Canada, Gilles Perron, coupable.
01:27 - La Couronne soutient qu'il y a trop d'éléments fantastiques
01:29 dans ces différentes versions pour qu'on puisse le croire,
01:31 Gilles Perron.
01:32 - Gilles Perron est arrêté le 15 février 89.
01:36 - Il va y avoir deux procès et deux verdicts différents.
01:39 - Première impression qu'on a tous eues, c'était peut-être
01:41 un vol qui a mal tourné.
01:42 Après, ce qui nous a mis des doutes, c'est la réaction
01:44 du monsieur. Pas de réaction du tout.
01:46 - Eux autres sont partis que c'était Gilles Perron.
01:50 - Non, pas.
01:51 - Les gars, c'est l'agement, Gilles?
01:53 - Oui, c'est fini.
01:54 - Gilles Perron a été accusé, il a été acquitté.
01:57 Puis à travers tout ce tourbillon-là, on a perdu
02:00 la trace de ce qui est arrivé.
02:01 - C'est un meurtre qui demeure non résolu.
02:04 Ça se peut fort bien que celui qui a participé à ça
02:08 est encore en liberté.
02:11 - Marie-Claude et moi, les deux, on a fait des documentaires,
02:13 chacun de notre côté l'an dernier, et on travaille
02:15 tous les jours ensemble à la radio. Et elle m'a dit,
02:17 à un moment donné, j'aimerais ça faire une affaire en judiciaire,
02:19 une affaire de meurtre. Tout de suite, moi, je lui ai dit,
02:22 il faut qu'on fasse l'affaire à Gilles Perron.
02:24 S'il y a un dossier qu'il faudrait ouvrir au Québec,
02:26 c'est le dossier du meurtre de Michel Perron.
02:28 C'est impensable que personne ne l'ait fait à date.
02:30 - Tu vois, ça, c'est vraiment à l'époque où Gilles Perron
02:32 travaillait à Radio-Canada.
02:33 Tu vois, ça, c'est des photos des archives de mon père.
02:35 Ça, c'est avis de recherche, 84-85.
02:37 - Gilles Perron, c'est un réalisateur à Radio-Canada
02:40 dans les années 80.
02:41 Mon père était réalisateur à Radio-Canada
02:44 dans les années 80.
02:45 - Tu vois, moi, mon père a travaillé une fois avec
02:47 Gilles Perron. Mon père était un journaliste sportif, tout ça.
02:49 Puis, il a rencontré une fois, j'ai eu une impression
02:51 particulière. Ça fait que c'est une affaire, moi,
02:54 qui m'a toujours obsédé.
02:55 Depuis que c'est arrivé, j'étais tout petit,
02:57 j'ai jamais décroché de vouloir savoir ce qui était vraiment
02:59 arrivé dans le cas de Michel Perron.
03:01 - C'est comme si Michel Perron, c'est une victime
03:04 qui a été oubliée.
03:06 C'est un meurtre qui est non résolu.
03:08 Je veux dire, on peut pas laisser ça de même.
03:10 - As-tu le coupé, maintenant, s'il te plaît? Ça va?
03:12 - Vas-y.
03:13 - OK. Je suis très heureux de sortir et je tiens à remercier
03:16 Maître Boreau qui a tout fait pour ma libération.
03:19 - On est là aujourd'hui à rouvrir ce dossier-là parce que
03:22 c'est la fenêtre d'opportunité.
03:24 Les gens concernés par cette histoire-là ont entre 75 et 80.
03:27 Ça fait qu'on n'a pas une éternité pour aller revisiter,
03:30 reprendre des témoignages.
03:32 - C'est une bavure policière au niveau de l'enquête
03:35 de la police de la Vache.
03:36 - Ils ont regardé un peu à gauche et à droite, mais jamais
03:39 on est allé tenter de vérifier des éléments, que ce soit
03:42 au dépanneur voisin, que ce soit au club de danseuses en face.
03:45 - Gilles Perron, ça fait cinq ans qu'il est décédé.
03:48 - Le fait qu'il soit parti va donner la liberté à certaines
03:51 personnes de s'exprimer.
03:53 - Il y a moins d'un mois avant le meurtre, ils vous annoncent
03:56 que ses problèmes financiers sont réglés.
03:59 - C'est ça, il y avait eu un accord avec son ex, puis là,
04:02 il n'y avait plus de pension à payer.
04:05 - On s'est pointé à sa demande, puis sa femme a répondu.
04:08 Il y avait beaucoup de choses qui lui cachaient.
04:11 - Puis là, j'ai découvert que, oups, il a pas tête faite.
04:14 - Pour une maîtresse qui voit quatre fois par année pour
04:17 une femme, elle a vu l'hypothèse de couronne.
04:20 - Non, non, non. Un inconnu qui arrive là pour tuer une femme,
04:24 non, non, non. Où ils ont ça?
04:25 - Moi, ce que je veux comprendre, c'est si c'est pas
04:27 Gilles Perron qui a été le seul accusé et qui a été acquitté,
04:29 qui a pu faire ça?
04:30 - Elle va me dire que c'est quelque chose de réveilleux.
04:33 Wow!
04:34 - Oui.
04:35 - Comme ça que ça s'est passé.
04:37 ♪ ♪ ♪
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04:52 (vrombissement)
04:57 - Ça se passe le soir du 15 décembre 1987. C'est une des
05:00 pires tempêtes de neige de l'année. On voit absolument
05:03 rien à l'extérieur. La visibilité est complètement nulle.
05:06 Dans l'après-midi, Gilles Perron, qui est réalisateur à
05:09 l'extérieur, voit sa femme, Michèle Perron, qui, elle,
05:12 travaille à la polyclinique de Laval, puis veut savoir vers
05:15 quelle heure elle termine.
05:17 - 18 h, elle croise Nicole Villeneuve, l'infirmière,
05:20 en chemin vers sa sortie.
05:21 Elle a terminé de travailler, elle sort sur la porte côté
05:24 ouest de la polyclinique.
05:26 - À 18 h 15, Michèle Perron retourne à l'intérieur de la
05:29 polyclinique et là raconte à l'infirmière Nicole Villeneuve
05:32 qu'elle s'est embarrée à l'extérieur de sa voiture par
05:35 accident alors qu'elle la déblayait. Et pendant qu'elle
05:38 se déplace derrière elle, c'était son mari, Gilles Perron.
05:41 Nicole Villeneuve rapporte au procès les propos de Michel
05:44 Perron. Elle dit qu'elle lui a dit "Fais-moi plus jamais peur
05:47 de même chose que Gilles Perron, ni catégoriquement." Selon la
05:50 version de Gilles Perron, il arrive sur les lieux par
05:53 surprise comme ça parce que sa voiture est tombée en panne à
05:56 à peu près 750 m de la clinique.
05:58 Donc, il a marché pour aller rejoindre sa femme pour
06:01 découvrir qu'elle s'était embarrée à l'extérieur de son
06:04 véhicule et que son double à lui des clés était dans la
06:07 voiture. Michel Perron sort à nouveau et là, ce qui va se
06:10 passer dans les 20-25 prochaines minutes, encore aujourd'hui,
06:13 on ne le sait pas exactement.
06:14 ♪ ♪ ♪ - À 19 h, l'infirmière
06:19 Nicole Villeneuve entend quelqu'un crier dans le
06:22 corridor. Il y aurait une personne en détresse dans le
06:25 stationnement de la polyclinique. Elle court aussi
06:28 comprendre qu'il s'agit de Gilles Perron lui-même.
06:31 Elle sort, 100 m de manteau, arrive face à face avec
06:34 un homme qui semble titubé.
06:36 Elle lui demande si ça va et lui pointe plutôt vers la voiture
06:39 en disant "c'est Michel".
06:40 Nicole Villeneuve se rend vérifier l'état de santé de
06:43 Michel Perron. Pendant ce temps-là, au lieu de la suivre,
06:46 Gilles Perron, lui, entre dans la polyclinique et on saura plus
06:49 tard de son propre aveu qu'il avait du sang sur les mains et
06:53 qu'il est allé se les laver.
06:54 - L'infirmière Nicole Villeneuve arrive à la voiture de Michel
06:57 Perron. Michel Perron est assise côté passager dans sa voiture.
07:00 Sa ceinture de sécurité est bouclée. Les clés sont dans le
07:03 cou et la porte côté conducteur est barrée.
07:06 - Michel Perron a été sauvagement attaqué. On parle de
07:09 sept coups de couteau, entre autres au visage et un fatal
07:12 dans le cou.
07:14 - Après autant de temps, restent-ils encore des preuves?
07:17 Serons-nous capables d'obtenir des informations qui vont
07:20 permettre une fois pour toutes de dire que cette affaire est
07:23 close?
07:25 ♪ ♪ ♪
07:29 - Oui, bonjour, je m'appelle Sébastien Trudel. Je vous
07:31 présente parce que j'anime un documentaire télé. On tiendrait
07:34 de le faire présentement sur l'affaire Michel Perron.
07:36 - Allô, c'est Marie-Claude Savard. Comment ça va? Dès qu'on
07:39 a commencé l'enquête, tout de suite, on s'est dit que ça nous
07:41 prend un mentor. Ça nous prend des guides, des gens qui
07:44 connaissent à la fois le milieu policier, le milieu judiciaire.
07:47 Alors Patrice Abel, qui est un enquêteur retraité de la Sûreté
07:49 du Québec, tout de suite s'est présenté à nous comme étant
07:52 le guide qui allait nous accompagner.
07:54 - Ça fait que là, dans le fond, nous autres, on part dans
07:57 une quête d'aller revisiter tout le dossier du meurtre de
08:00 Michel Perron.
08:02 - OK.
08:03 - Donc, y a-tu des choses qu'il faut absolument qu'on invite?
08:06 On a-tu des pièges devant nous?
08:07 - L'idéal, c'est toujours d'avoir le dossier devant nous,
08:10 savoir qu'est-ce qui s'est fait puis comment ça a été fait.
08:12 Ça, c'est l'idéal. Est-ce que c'est public? En général, non.
08:15 Tout ce qui est rapport de police, en général, c'est
08:17 confidentiel. Sauf qu'il y a eu des procès. Donc, c'est sûr,
08:20 n'ayant pas accès au dossier de police, si vous avez accès
08:22 au procès, déjà, vous avez une bonne image de ce qu'a été
08:25 l'enquête.
08:27 Le mandat à l'intérieur de cette enquête-là n'est pas de refaire
08:29 l'enquête. C'est plus, à titre d'expert de contenu, un peu de
08:32 diriger là-dedans Marie-Claude et Sébastien un peu dans la
08:35 recherche de ce qu'ils font.
08:36 Un peu peut-être d'établir une certaine chronologie des choses
08:39 qui pourraient vérifier.
08:40 - On parle, t'sais, on va aller chercher des infos, on va faire
08:43 notre travail, on va te rapporter ça. Mais à ce moment-ci, là,
08:45 au début de tout ça, si t'avais un grand conseil, c'est de
08:48 faire un petit peu de recherche.
08:49 - C'est ça, c'est ça.
08:51 - C'est ça, c'est ça.
08:52 - C'est ça, c'est ça.
08:53 - Au début de tout ça, si t'avais un grand conseil à nous
08:56 donner, là, ça serait lequel?
08:58 - La scène de crime, là.
08:59 Tu pars, ton crime est ici, puis après ça, tu t'en vas comme
09:02 ça, t'élargis un peu. Mais faut que tu partes de là, parce que
09:05 c'est là que c'est arrivé.
09:07 Puis c'est là que tes preuves, souvent tes indices peuvent
09:10 partir.
09:11 ♪ ♪ ♪
09:17 - Fait que c'est là, Polyclinique de Laval.
09:20 Grosse clinique, quand même.
09:22 - Grosse clinique, oui. Ça a changé un peu à travers les
09:25 années, mais c'est la même clinique, c'est juste que
09:27 l'entrée est pas à la même place, en fond.
09:30 - C'est quand même passant, t'sais.
09:33 - Il y a deux stationnements aujourd'hui. Il y en a un
09:35 derrière.
09:36 - Là-bas.
09:38 - Il est beaucoup plus gros.
09:39 Puis le stationnement de l'époque, il est derrière, là,
09:41 c'est un couche-temps, mais c'est un professeur à l'époque.
09:44 - Exact.
09:45 - Puis ça l'est beaucoup plus isolé, quand même.
09:47 - C'est vrai. Mais quand même, t'sais, t'as des places où les
09:50 gens, ça va te dire de quoi?
09:51 Peut-être que non. Après ça, tu t'en vas où? T'sais, moi.
09:54 T'es dans un stationnement, t'es en arrière de la
09:56 Polyclinique Concorde, il y a des maisons, là, je connais
09:59 le secteur, là. On s'en va comme ça. L'infirmière qui l'a vue
10:02 aller en dedans, mais t'sais, ça part autour de là. Puis peut-être
10:05 que les témoins vont dire des choses qui vont venir corroborer
10:07 des choses que t'as vues sur la scène qui semblaient anodines
10:10 au début, deviennent importants avec le témoin, mettons,
10:13 qui a vu dans la fenêtre, t'sais.
10:15 - OK, fait que c'est la gritte ici. Caméra de surveillance
10:18 là.
10:20 - Il y en avait vraiment pas à l'époque, il y a une autre
10:23 caméra là. Mais là, ce que je remarque de plus frappant, c'est
10:26 qu'il y a un seul lampadaire pour tout le stationnement.
10:29 Fait qu'imaginez, dans le noir, tempête de neige, t'as un
10:32 lampadaire, le char est parqué dans le fond d'un bar ou de
10:35 l'autre. Comment tu veux voir quelque chose? Même de la rue,
10:38 là, mettons.
10:40 - Bien, t'as les lumières des maisons autour. T'sais, moi,
10:43 j'en compte des fenêtres, là.
10:44 Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept, huit. Regarde la
10:47 réfection ici! Ça se peut pas que personne ait rien à dire,
10:50 pour vrai, là!
10:52 ♪ ♪ ♪
11:01 Bon, fait que c'était le stationnement. C'était pas plus
11:04 grand que ça, hein?
11:05 - Non, c'était pas plus grand que ça tellement. C'était pas mal
11:08 plein. Il y avait pas de guérite, donc des fois, il y avait
11:12 des sortes de gens qui se stationnaient là. Mais
11:15 essentiellement, c'était comme ça, là.
11:18 - T'sais, à Pâle Clinique, en 87, il y avait beaucoup de
11:21 monde qui travaillait là. Et il y a Michel Trudeau.
11:24 - Le producteur?
11:25 - Oui, Michel Trudeau. Le mari de Fabienne Larouche, lui, il était
11:28 psychologue à l'époque et il louait des bureaux. Et il était
11:31 là le soir du mercredi.
11:33 Fait que le 15 décembre 87, explique-moi un peu, qu'est-ce
11:36 que tu faisais ici à ce moment-là?
11:39 - Bien, nous, on avait travaillé, on avait reçu des
11:42 informations, puis on avait dit qu'à ce moment-là, puis on est
11:45 descendu de la section psychologie, on est descendu
11:48 puis on est arrivé au secrétariat, parce que le
11:51 secrétariat central était dans ce coin-là, puis on a été
11:54 arrêté là, on pouvait pas sortir parce qu'il y avait un
11:57 périmètre de sécurité qui avait été installé dans le parking
12:00 puis on disait que quelqu'un s'était fait agresser. Ça, c'est
12:03 la première information qu'on a eue.
12:06 - On a su qu'une personne était morte. À ce moment-là, on
12:09 avait parlé, puis il avait dit au secrétaire André que sa femme
12:12 était morte, elle avait été assassinée.
12:15 - As-tu un souvenir? Parce que moi, je vois juste une lumière
12:19 là en ce moment dans la stationnement.
12:22 - Non, c'est un stationnement qui est assez sombre.
12:25 T'sais, on était en 1987, ça a l'air de rien, ça fait presque
12:28 35 ans. T'sais, Laval est encore assez paisible à cette époque-là,
12:31 donc il n'y avait pas nécessairement de raison de
12:34 sursécuriser l'endroit ou le périmètre. On n'en était pas
12:37 au point de faire des violences ou on s'attendait à ce genre
12:40 de choses.
12:41 - C'était quel type de personne, Michel Perron?
12:44 - C'était une clinique qui avait quand même 80 professionnels,
12:48 puis il y avait plusieurs membres du personnel. On se croisait,
12:51 on se parlait, mais on se connaissait pas nécessairement
12:54 intimement. Je sais que c'était quelqu'un qui était ami de tout
12:57 le monde. Le Dr Perrier, qui était le directeur de la
13:00 clinique, pourra vous donner des informations à ce sujet-là.
13:03 - Alban Perrier était là quand Michel Perron travaillait.
13:06 C'est lui, théoriquement, qui l'a embauché. C'est une des
13:09 rares personnes qui va pouvoir nous parler de Michel. Donc,
13:12 on va rencontrer un témoin quand même important pour nous autres.
13:15 - Au moment où c'est arrivé tout ça, ça faisait combien de
13:18 temps que Michel travaillait ici à la clinique?
13:21 - Je dirais trois, quatre ans, mais peut-être plus que ça.
13:24 - Il avait tissé des liens ici?
13:26 - Oui, oui, oui, oui, oui, oui, oui. Elle était très, très
13:29 avenante.
13:30 - Est-ce qu'elle parlait beaucoup de son conjoint qui
13:33 jouait?
13:34 - C'était une femme qui verbalisait, qui était pas
13:37 prudente dans ses mots, t'sais.
13:39 Mais par contre, elle était très, très respectueuse
13:42 d'avis des autres. Mais sa vie à elle, on la connaissait
13:45 un peu.
13:46 (rire)
13:49 ♪ ♪ ♪ - Il y a bien des avenues,
13:52 t'sais. Forcément, il y a des témoins qu'on peut approcher
13:56 nous-mêmes puis interviewer.
13:57 Mais il y a beaucoup de policiers qui se sont ramassés
14:00 sur cette scène-là le soir du 15 décembre 87.
14:03 Comment on peut faire pour avoir la police de Laval de notre
14:06 côté, parce qu'ils ont été malmenés là-dedans?
14:09 - La meilleure solution, c'est un peu d'expliquer vers quoi
14:12 on veut aller puis c'est quoi l'objectif du travail qu'on fait.
14:15 Parce que c'est sûr que le but, c'est pas de frapper plus
14:18 sur quelqu'un ou plus sur le suspect, parce qu'ils vont
14:21 dire effectivement qu'il a été...
14:23 - Acquitté.
14:25 - ...acquitté, mais de leur demander peut-être comment
14:27 eux autres ont vécu cette enquête-là, sans rentrer...
14:30 Parce que tu pourras pas rentrer dans les détails, tu comprends,
14:33 quand tu vas les approcher, parce que c'est confidentiel.
14:35 - L'idéal, quand t'es capable, c'est d'aller chercher
14:38 un enquêteur qui a travaillé proche de cette enquête-là.
14:40 Ne serait-ce que les policiers, même les patrouilleurs,
14:43 ça peut être intéressant parce que tout le monde en a entendu
14:45 parler de ça d'où c'est là à Laval.
14:47 ♪ ♪ ♪
14:52 - On se revoit bien rencontrer aujourd'hui Paul Dacaque,
14:55 qui est un des premiers policiers à arriver sur la scène de crime
14:58 le soir du 15 décembre 87 et qui ensuite est devenu sergent
15:02 de l'équipe qui a été impliqué, entre autres avec Jean-Claude
15:04 Poulain, l'enquêteur principal.
15:05 - Donc, M. Dacaque, on va reculer pas mal de l'an passé.
15:08 C'est la première fois que vous parlez de l'affaire Perron,
15:10 je pense.
15:11 - Effectivement.
15:12 - À l'époque, vous avez été un des premiers policiers sur
15:15 la scène le 15 décembre 87.
15:16 - J'étais le premier policier patrouilleur sur la scène,
15:19 effectivement. J'étais accompagné de Mario Champagne.
15:21 C'est nous qui avions reçu l'appel d'urgence.
15:24 - Donc, vous, quand vous arrivez, vous vous dirigez
15:26 vers le stationnement?
15:27 - Moi, je me dirige directement vers le stationnement et mon
15:30 collègue est allé à la polyclinique et moi, j'ai pris
15:33 charge de la scène de crime.
15:34 - Qu'est-ce que vous avez vu, que pouvez-vous nous décrire?
15:37 - En arrivant sur les lieux, je me suis stationné près du
15:39 véhicule. Je me suis approché, j'ai vu qu'il y avait une
15:42 bourse qui était à l'extérieur, près de la partie à côté
15:44 passager. La partie, elle a été ouverte. J'ai vu Mme Étendue,
15:47 qui est attachée du côté passager avec la ceinture,
15:49 mais elle avait la tête qui était allongée entre les deux
15:51 banquettes et je voyais une plaie très profonde au niveau
15:54 du cou. J'ai informé immédiatement mon supérieur,
15:57 le sergent Béchara, qu'on avait un problème.
15:59 J'ai informé immédiatement mon supérieur, le sergent Béchara,
16:02 qu'on avait affaire à un homicide et j'ai commencé à
16:04 faire le périmètre de sécurité en attendant l'arrivée des
16:07 enquêteurs et d'autres collègues.
16:08 ♪ ♪ ♪ - À l'intérieur,
16:15 possiblement de 2-3 minutes, 4 minutes, je me suis présenté
16:17 sur les lieux.
16:18 - Et là, tout de suite, est-ce que vous vous rendez compte
16:21 que c'est une personne qui est décédée?
16:23 - Je vois bien, effectivement, selon les blessures,
16:26 qu'elle est décédée. Je me dis bon, j'ai vérifié le poul.
16:28 Elle semblait complètement inanimée.
16:31 - Donc, c'est un crime très violent.
16:33 - Oui, un crime très violent, oui, exact. Quand on voit
16:36 un événement comme ça, c'est comme un choc, puis ce choc-là
16:39 déclenche comme une caméra.
16:41 Ça prend une photo, clic, de l'événement, puis la photo,
16:44 bien, elle a resté imprégnée dans la mémoire longtemps.
16:47 - Vous la voyez encore?
16:49 - Ah oui, je ferme les yeux puis je la vois encore là.
16:52 ♪ ♪ ♪ - On s'en vient rencontrer
16:56 l'agent Trudeau, qui était à l'identité judiciaire
16:59 à l'époque. Puis c'est celui vraiment qui va pouvoir nous
17:02 décrire le mieux la scène de crime parce qu'il va ressortir
17:05 les photos.
17:06 - Je sais que c'est pas vous qui étiez là ce soir-là, mais
17:09 pouvez-vous nous décrire ce que vous voyez comme expert sur
17:12 la scène de crime?
17:14 - Là, on montre la licence de 311 PC 102. On peut identifier
17:17 le char, puis on voit le nom de char, Starling, puis de côté.
17:20 Mais là, de côté, il y a des flocons de neige. C'est pas moi
17:23 qui ai vu ce photo-là. Ça, ça semble être la victime, ça,
17:26 la figure de la victime en sanglanté.
17:29 - C'était un type de meurtre qui arrivait fréquemment ou c'était
17:32 quelque chose d'assez unique?
17:33 - Là, c'était assez unique.
17:35 J'en ai vu des meurtres, des coups de feu tirés sur un
17:38 humain, là. Mais comme ça, défigurés, là, puis poignardés
17:41 puis tout, là. C'est le pire que j'ai vu.
17:44 ♪ ♪ ♪ - Quand moi, j'arrive sur
17:48 la scène, je prends charge de la scène. Et dans l'engagement
17:51 policier, on dit... on gèle la scène, c'est vraiment gelé.
17:54 Personne rentre, personne sort.
17:55 - Puis le sac à main était...
17:57 - À l'extérieur.
17:58 - À l'extérieur de la voiture.
17:59 - Oui.
18:00 - Est-ce qu'il était vidé?
18:01 - Il était vidé.
18:02 - Moi, ma première impression, c'est que c'était un vol,
18:05 vol de sacoche, possiblement, qui a mal viré.
18:08 - Mais cette théorie-là du vol, est-ce qu'après ça, ça tient
18:11 la route?
18:12 - Non, parce qu'il y a rien de volé à l'intérieur de la
18:15 sacoche. Il y a des choses qui coïncident pas. Fait que c'est
18:18 là qu'on se dit bon bien, il y a-tu du travail de fait sur
18:21 la victime après avoir été agressée pour donner de fausses
18:24 directions?
18:28 ♪ ♪ ♪
18:33 ♪ ♪ ♪
18:38 - Une enquête, c'est comme un entonnoir. On part large,
18:41 mais on s'en va vers le bas en disant bien, on a tout
18:44 éliminé, on a tout fermé les portes qu'il pouvait y avoir
18:47 et on arrive à un seul mobile ou à une seule personne.
18:50 - Si tu as un mari jaloux, un amant jaloux, la blonde du
18:53 mari jaloux, un vol de véhicule, tentative de viol, on les
18:56 énumère toutes. Puis pour finalement me dire, bon bien,
18:59 OK, on enlève le vol de véhicule, bon bien, selon le
19:02 modèle de véhicule, c'est peu probable. Par contre,
19:05 quand tu as un meurtre dans une maison, tu fermes la porte,
19:08 ça va bien. Mais là, quand on parle d'un stationnement,
19:11 une tempête de neige dans une maison, c'est pas possible.
19:14 Quand on parle d'un stationnement, une tempête de
19:17 neige dans une zone commerciale, là, c'est pas la même chose
19:20 du tout. Tu peux à peu près rien chercher.
19:23 ♪ ♪ ♪ - Le fait qu'il neigeait autant
19:27 le soir du crime, ça a été difficile de retrouver à la fois
19:30 l'arme puis ensuite de voir les traces partout.
19:33 - C'est ça.
19:35 - Parce que chaque heure, il y avait trois centimètres
19:37 qui s'ajoutaient partout.
19:39 - Ce qui peut dire à du monde que les circonstances étaient
19:41 parfaites pour quelqu'un, mettons, qui voulait commettre
19:44 un crime.
19:45 - Il y avait personne dans l'ule, dans le chemin,
19:47 les choses circulaient pas, ça fait qu'il a choisi un bon
19:50 moment pour être quasiment tout seul avec la victime puis dans
19:52 le stationnement, tu sais.
19:54 ♪ ♪ ♪ - Le réalisateur, donc,
19:59 est-ce qu'il a réalisé le crime parfait?
20:02 C'est des questions qui se sont posées.
20:05 ♪ ♪ ♪ - Ça fait que c'était tout
20:09 un brouhaha le 15 décembre 87, 18h30, à Polyclinique de Laval,
20:12 parce qu'il est débarqué, tu sais, en trombe.
20:15 - Tout le monde.
20:16 - Une voiture, deux voitures, trois voitures, envoient
20:18 les strides, on bloque.
20:19 Il y a beaucoup de monde qui est passé.
20:21 - Oui.
20:22 - Jean-Claude Poulin, ça a été l'enquêteur principal
20:24 de l'affaire Perron.
20:25 Donc, c'est lui qui a reçu le dossier et qui l'a enquêté.
20:27 C'est lui qui menait ça, si on veut. Par moments, il a été
20:29 aidé par d'autres policiers.
20:30 Il y a beaucoup, beaucoup de gens qui ont été impliqués
20:32 là-dedans, mais le gars qui menait cette enquête-là,
20:34 c'était Jean-Claude Poulin.
20:36 - D'après moi, Jean-Claude Poulin, c'était un des bons
20:43 enquêteurs qu'on avait.
20:44 Minutieux, puis un gars qui fouille pour essayer d'arriver
20:46 à quelque chose.
20:47 - Il cherche tout le temps la perfection dans son dossier.
20:49 Quand Jean-Claude Poulin a un dossier en main, on sait
20:51 qu'il va être bien traité et on sait que la personne qui va
20:53 être impliquée dans le dossier va être la bonne personne.
20:55 - Jean-Claude, malheureusement, on ne pourra pas lui parler
20:57 parce qu'il est décédé.
20:58 Par contre, j'ai réussi à en parler avec le gouverneur
21:00 de la police, mais il n'a pas répondu.
21:02 - C'est un homme qui a été arrêté.
21:04 - Il est décédé.
21:05 Par contre, j'ai réussi à rejoindre Fernand Lamarche.
21:07 - Allô?
21:08 - M. Fernand Lamarche.
21:09 - C'est moi.
21:10 - C'est Marie-Claude Savard.
21:11 Comment ça va?
21:13 - Marie-Claude Savard, à point doux.
21:15 - Il a été très important.
21:16 Je ne suis pas certaine qu'il veut parler à la caméra.
21:18 Par contre, il y a des affaires à partager.
21:20 - OK.
21:21 - Donc, il veut te rencontrer.
21:22 - OK.
21:23 - Toi.
21:24 - À cette époque-là, on est dans la période des vacances.
21:26 Mon partenaire et moi étions en vacances.
21:28 Puis le partenaire à Jean-Claude Poulin et à la fleur
21:30 étaient en vacances aussi.
21:31 Pour les circonstances, ce vendredi soir, on nous a
21:34 jumelés pour cet incident-là.
21:36 - OK.
21:37 - Donc, on est arrivés là-bas sur la scène.
21:39 Puis pendant que Jean-Claude et son bof faisaient une démarche,
21:42 j'ai fait le tour du building.
21:43 Si on ne verrait pas un mat quelconque là...
21:46 - Hum!
21:47 - Parce qu'on peut penser, quand on voyait la scène,
21:49 que c'était un couteau qui avait servi,
21:51 parce qu'il y avait trop de sable.
21:53 ♪ ♪ ♪
21:55 - Par la suite, j'ai vu l'École Villeneuve,
21:58 j'ai vu le médecin.
22:00 Je leur ai demandé un petit peu, brièvement,
22:02 ce qui s'est passé, ce qu'ils ont fait.
22:04 Ils ont dit bon bien, l'époux de la dame est à l'intérieur.
22:07 J'ai rencontré le monsieur, je lui ai demandé
22:09 ce qui s'est passé.
22:10 - Jules Perron.
22:11 - Jules Perron.
22:12 - Il semble dans quel état, à ce moment-là?
22:14 - Il y avait très peu de réaction.
22:16 Aucune émotion qu'on peut percevoir de son visage,
22:19 de son parler.
22:21 Très calme.
22:22 Je vous laisse faire votre travail.
22:24 Je m'en remets à vous pour le déroulement de l'incident.
22:27 - C'est carrément ça que vous avez décidé.
22:30 - 40 ans plus tard, ça t'accroît l'esprit.
22:33 Je vous la laisse entre les mains.
22:35 ♪ ♪ ♪
22:37 - Un peu plus tard dans la soirée, nous avons eu
22:40 le consigne, moi et M. Champagne, de reconduire
22:42 M. Perron au poste numéro un à la division des crimes
22:44 contre la personne.
22:45 - Est-ce qu'il parle, à ce moment-là?
22:47 - Non, pas un mot dans le véhicule de police.
22:49 - Puis dans la voiture où était M. Perron, donc avec vous,
22:51 il pleurait pas? Il y avait pas de réaction?
22:53 - Aucune réaction. Zéro.
22:54 Non, j'ai trouvé ça anormal de le voir.
22:57 - Anormal d'une part d'une personne qui trouve
22:59 sa conjointe décédée d'une mort violente.
23:01 - Première impression qu'on a tous eues, c'était peut-être
23:03 un vol qui a mal tourné, qui laisse croire, puisque
23:05 nos sacoches étaient à l'extérieur.
23:07 Après, ce qui nous a mis des doutes, c'est la réaction
23:09 du monsieur.
23:10 Pas de réaction du tout.
23:11 C'est-à-dire, je veux dire, ta femme est trouvée assassinée,
23:13 là.
23:14 - La problématique avec ça, c'est que quelle que soit
23:16 la réaction que vous allez avoir, elle va être retenue
23:18 contre vous.
23:19 Si vous êtes indignés, ils vont dire "Ah, il fake!"
23:21 Si vous êtes atterrés, ils vont dire "Ah, il fake!"
23:23 Si vous êtes atterrés, ils vont dire "On voit bien, on l'a frappé,
23:25 c'est lui."
23:26 Que vous fassiez n'importe quoi.
23:27 ♪ ♪ ♪
23:28 - Et là, on a eu un premier référendum.
23:30 Puis je me souviens que j'ai assis, M. Perron,
23:33 dans une salle.
23:34 Il était assis là, puis il était habillé en gris.
23:36 Il a une cravate grise.
23:37 Puis ça, ça me fait mal.
23:38 Il y a une goutte de sable qui est séchée, là.
23:40 Je sais pas d'où vient la goutte.
23:42 C'est juste qu'il y a une goutte de sable.
23:44 Mais là, on commence à prendre sa déclaration.
23:46 ♪ ♪ ♪
23:47 - C'est un peu comme un crime.
23:48 Mais là, on commence à prendre sa déclaration.
23:50 ♪ ♪ ♪
23:54 - Dès le départ, Gilles Perron donne des versions
23:56 différentes à la fois aux enquêteurs et à travers
23:58 le temps, jusqu'à la cour de ce qui est arrivé le soir
24:00 du 15 décembre 87.
24:01 - La base de son histoire est la même. C'est toujours
24:04 les détails qui changent.
24:06 Puis dans cette histoire-là, les détails sont
24:08 hyper importants.
24:09 - OK, on se projette dans le fil du temps.
24:11 On est le 15 décembre 87.
24:12 Essentiellement, ça s'est passé ici, entre le stationnement
24:15 et la clinique.
24:16 - Oui, l'entrée de la clinique était de ce côté-ci.
24:18 Donc, on sait que Michel Perron est sorti par là.
24:20 - Exact. Moi, j'ai les deux versions ici de Gilles Perron,
24:22 c'est-à-dire son interrogatoire et sa déclaration écrite.
24:24 Ce qu'il dit, c'est qu'à 16 h 30, il est à Radio-Canada.
24:26 - Oui.
24:27 - Et là, il prend le pont Papineau-Leblanc puis sa voiture
24:29 commence à faire des siennes.
24:30 Il se dirige vers les galeries Papineau. Ça cale.
24:32 - Non, mais il était allé au garage. Je suis en plein.
24:34 Puis, il pouvait le faire arranger mon tour, mais il avait
24:36 pas le temps, il avait trop de monde.
24:39 - Il se dit "Merde, je suis dans une tempête de neige,
24:46 ma voiture a calé. Je vais aller rejoindre Michel, j'espère
24:48 qu'elle est encore à la polyclinique parce qu'elle m'avait
24:50 dit qu'elle finissait de bonne heure."
24:52 - Mais il est quand même à au moins 750 m d'ici et il a une
24:54 hernie, donc il a de la difficulté à marcher. Il a une
24:56 grosse tempête de neige.
24:57 - Oui.
24:58 - Et là, il rencontre sa femme directement alors qu'elle sort.
25:00 Il la rencontre sur le trottoir qu'elle a. Ça fait qu'ils se
25:02 croisent directement là.
25:03 - Bien, madame Espoustou, c'est pas ça qu'elle nous dit.
25:05 - Oui.
25:06 - Selon ce qu'elle nous dit, elle était en train de neiger
25:08 et elle a fait un saut.
25:09 ♪ ♪ ♪
25:10 - Le soir du meurtre, il y a deux témoins très importants.
25:12 Nicole Villeneuve, qui est une infirmière de la polyclinique,
25:14 et il y a Louisette Espoustou, qui est un secrétaire médical
25:16 qui était aussi sur les lieux.
25:17 - Les deux comptent pas mal la même chose, en fin de compte.
25:20 C'est qu'ils ont vu, évidemment, Michel Perron entrer dans la
25:22 polyclinique une fois qu'elle s'était embarrée dans sa voiture.
25:24 Michel Perron a raconté que son mari lui avait fait faire un
25:26 saut. Les deux disent pas mal la même phrase. Ils ont été
25:28 interrogés séparément, mais ils disent pas mal que "Oui, oui,
25:30 elle a eu peur, elle a eu peur de la police."
25:32 - Déjà, on voyait quelque chose qui fonctionnait pas.
25:39 - Qui fonctionnait pas. Ça fait qu'à un moment donné, on s'est
25:41 resté riches en tout. Puis moi, j'ai dit, je vais me confronter
25:43 avec ce qu'on a. Mais là, on nous en manque bien trop pour
25:45 l'accuser, pour l'obtenir. Il a fallu le saluer pour faire
25:47 s'ouvrir le boitier, puis quoi?
25:48 Puis on avait pas d'âme, on avait pas, t'sais, pas de...
25:50 - C'est pas le cas.
25:51 - C'est pas le cas.
25:52 - C'est pas le cas.
25:53 - C'est pas le cas.
25:54 - C'est pas le cas.
25:56 - C'est pas le cas.
25:57 - C'est pas le cas.
25:58 - C'est pas le cas.
25:59 - C'est pas le cas.
26:00 - C'est pas le cas.
26:01 - C'est pas le cas.
26:02 - C'est pas le cas.
26:03 - C'est pas le cas.
26:04 - C'est pas le cas.
26:05 - C'est pas le cas.
26:06 - C'est pas le cas.
26:07 - C'est pas le cas.
26:08 - C'est pas le cas.
26:09 - C'est pas le cas.
26:10 - C'est pas le cas.
26:12 - C'est pas le cas.
26:13 - C'est pas le cas.
26:14 - C'est pas le cas.
26:15 - C'est pas le cas.
26:16 - C'est pas le cas.
26:17 - C'est pas le cas.
26:18 - C'est pas le cas.
26:19 - C'est pas le cas.
26:20 - C'est pas le cas.
26:21 - C'est pas le cas.
26:22 - J'ai l'impression que ça commence à déneiger.
26:24 Puis, à un moment donné, dans le déneigement, hein,
26:26 la porte du côté conducteur s'est refermée.
26:28 "Gilles, on est embarrés."
26:29 Lui, il dit, "C'est pas grave, j'ai mon double de clés
26:31 dans mes poches de manteau."
26:33 Alors, comme fouille dans les poches de manteau,
26:35 j'ai pas mon double de clés.
26:36 - En fait, c'est pas juste le double de clés,
26:38 c'est ses propres clés de voiture. Alors, lui,
26:40 il a laissé ses clés dans sa voiture en panne,
26:42 selon sa version.
26:43 - Fait que là, il dit, "Je vais retourner chercher mes clés."
26:45 - Oui.
26:46 - Fait que là, elle rentre se réchauffer, puis c'est là
26:48 qu'elle raconte des affaires à Nicole Villeneuve.
26:50 - Et la secrétaire musicale Esposito, Louisa Esposito?
26:52 - Oui. Là, il arrive à sa voiture...
26:54 Oh! Elle repart!
26:55 - Elle repart.
26:56 - La voiture repart.
26:58 Fait que pout, pout, pout, revient vers le stationnement
27:00 ici. Et là, c'est là que c'est plus trop clair,
27:02 parce qu'il le dit lui-même dans toutes ses versions,
27:04 il y a eu un blackout peu de temps après.
27:06 Ce qu'il dit, c'est que quand il est arrivé dans
27:08 le stationnement, la bourse de Michel était dans la neige.
27:10 Donc, il a vu ses effets personnels dans la neige.
27:12 - Oui.
27:13 - Il dit "J'ai tiré sur la portière côté passager,
27:15 j'ai vu les jambes de Michel.
27:16 J'étais énervée parce qu'elle faisait des chutes de pression.
27:18 Puis le samedi précédent, elle avait perdu connaissance
27:20 dans la salle de bain.
27:21 Mon fils était là, ça nous avait vraiment énervés."
27:23 - Mais là, le problème de tout ça, c'est qu'il s'est pas
27:26 stationné dans le stationnement de la polyclinique quand
27:28 il est revenu en voiture.
27:29 ♪ ♪ ♪ - C'est par après, c'est
27:31 le lendemain.
27:32 Mme Villeneuve, l'infirmière à l'urgence, elle m'appelle.
27:34 Elle dit "Hier, là..." Elle dit "Moi, je vous ai su,
27:36 Gilles Perron, t'es arrivé dans la clinique, je me dis
27:38 Michel, Michel, Michel." Elle dit "Je suis passé en courant,
27:40 t'es arrivé dans la chambre."
27:41 Puis là, elle dit "Pendant que t'étais dans la chambre,
27:43 là, je touchais un Michel."
27:44 Puis c'était chaud, puis elle dit "Qu'est-ce que c'était?"
27:46 - L'infirmière Nicole Villeneuve, alors qu'elle est
27:48 à genoux, à côté de la voiture, il y a aucune lumière,
27:50 elle voit absolument rien.
27:51 Elle touche quelque chose qui est gluant, elle réalise pas
27:53 que c'est du sang, et là, elle est aveuglée par des phares.
27:55 Et là, elle voit ses mains, elle voit que c'est le sang
27:57 de Michel Perron.
27:59 Et quand elle s'en revient, le chauffeur ferme les phares,
28:06 et c'est Gilles Perron qui vient de se stationner.
28:10 - Là, elle dit "Gilles Perron, il arrive avec son auto
28:12 puis il se stationne."
28:13 À nous, ce qu'ils nous disent, c'est qu'ils sont en station
28:15 dans son auto, qu'ils voient l'auto de Michel Perron.
28:17 Mais c'est pas ça, là, le portrait-là. Il s'est parqué
28:19 à l'arrière de Mme Villeneuve, après. Son scénario, il a
28:21 faussé quelque part.
28:22 Là, on avait ces deux éléments-là qui disaient "Il faut
28:24 enquêter, il faut trouver, il faut aller plus loin."
28:26 - Elles autres sont parties que c'était Gilles Perron,
28:28 on appelle ça en anglais le "tunnel vision".
28:30 Ils sont partis avec ça.
28:31 Toute l'histoire des erreurs judiciaires, tant au Québec,
28:34 au Canada qu'aux États-Unis, le tunnel vision, c'est
28:37 l'origine du plus grand nombre d'erreurs judiciaires.
28:40 Et ça, c'en était une.
28:42 - Si M. Perron n'aurait jamais été sélieux pendant une tempête
28:45 cette journée-là, on l'aurait peut-être dit, bien,
28:48 c'est peut-être pas lui, là, s'il a été chez eux en train
28:51 de préparer le souper à sa conjointe. Mais il est sélieux
28:54 du crime, là. Tu peux pas tasser Gilles Perron de cette
28:57 façon-là.
28:59 ♪ ♪ ♪
29:09 - C'est vraiment une enquête qui a été particulière parce
29:12 qu'elle a été longue.
29:14 - Oui, parce que toutes les preuves sont circonstancielles.
29:16 Il y a personne qui a été témoin directement du meurtre.
29:19 Donc, eux veulent prouver, les policiers, que Gilles Perron
29:21 était la seule personne qui pouvait commettre le crime et
29:24 qu'il avait l'occasion de le faire.
29:26 - C'est une preuve.
29:27 - Absolument. C'est juste...
29:29 c'est plus difficile à démontrer, c'est plus long.
29:31 Puis c'est pour ça que l'enquête a duré 11 mois.
29:34 - C'est juste que quand tu as pas le motif, tu sais pas
29:37 où chercher.
29:38 Tu sais, t'énumères tout dans ta tête, il y en a un paquet,
29:41 t'élimines vite-vite.
29:43 Mais quand il t'en reste encore 3, 4, 5, bien là, le temps
29:46 que tu finisses ton entonnoir, les journées, les mois passent.
29:49 - Quand on a vu qu'il nous mentait, ça correspondait pas
29:52 avec l'élévation qu'on prenait de Madame Cipollito,
29:55 on a sonné sur la scène.
29:56 On a fait toutes les poubelles qu'on pouvait faire, mais là,
29:59 la neige a tout abri.
30:01 Je veux dire, là, il y avait un tapis de neige épais comme
30:04 à Massodière, là, et on a fait tous les containers qu'il pouvait
30:07 avoir autour.
30:09 - On va aller faire un tour occasionnellement à la fonte
30:12 des neiges, 3 mois, 4 mois après, 5 mois après.
30:15 Y a-tu des indices qu'on pourrait trouver? La neige a fondue?
30:18 Le couteau a-tu été lancé dans un banc de neige?
30:21 - La mentalité, quand on regarde un roman, on lit un roman
30:24 et on attend à voir des faits, puis la preuve, c'est des faits.
30:27 Nous autres, on trouve partout la preuve des faits, puis du sang,
30:30 puis de l'ADN, il y en a partout.
30:31 Il y a pas 5 % des crimes qui sont les a eu grâce à ça.
30:34 Pas 5 %.
30:37 ♪ ♪ ♪
30:42 - Maître Yves Bertion, lui, ça a été le procureur de la couronne
30:45 du premier procès. Donc, il est arrivé pendant l'enquête
30:48 des policiers, ce qui est un peu normal parce que le procureur,
30:51 il est là pour départager les éléments d'enquête et voir
30:54 ceux qui vont tenir le coup en cours. C'est un peu ça.
30:57 - Exactement, dans le fond.
30:58 Fait que Yves Bertion va assister les policiers,
31:01 ce qui est normal, pour voir s'il pouvait vraiment avoir
31:03 des accusations solides contre Gilles Perron.
31:06 - Et maître Yves Bertion, c'est vraiment le procureur
31:08 de la couronne d'expérience.
31:10 - Oui.
31:11 - Il était dans le moment le plus fort de sa carrière.
31:13 Donc, il arrivait avec envergure, si on veut.
31:15 - Absolument.
31:17 - Maître Bertion a toujours été là pour guider les enquêteurs,
31:19 à donner un coup de pouce, à un mien fort.
31:21 - J'ai toujours gardé de la relation avec monsieur Bertion.
31:24 - Oui.
31:25 - Donc, à moi, c'était mon plus grand procureur.
31:27 Parce que pour cette cause-là, il agit, je dirais,
31:29 comme maître enquêteur.
31:31 ♪ ♪ ♪
31:34 - Pendant le cours de l'enquête, maître Yves Bertion
31:36 travaille avec les policiers, puis à un moment donné,
31:39 il s'est dit qu'on a besoin d'aide, on a besoin
31:41 d'aller chercher des ressources supplémentaires.
31:43 Donc, il a fait appel à la Sûreté du Québec.
31:45 - Mon nom, c'est John Galliano.
31:47 Je suis un membre traité de la Sûreté du Québec.
31:51 Maintenant, j'opère une compagnie qui s'appelle
31:53 Galliano's Polygraph Expert.
31:55 - Vous avez été impliqué un peu dans l'enquête,
31:57 en tout cas durant une journée, à la demande du procureur.
31:59 - Oui, à l'époque, j'ai travaillé au Clément-de-la-Versailles,
32:02 dans la Sûreté du Québec.
32:03 Et le procureur Yves Bertion m'appelle et me demande
32:07 si je pourrais pas réunir des enquêteurs d'expérience
32:12 pour rencontrer les policiers de Laval
32:13 qui enquêtaient l'affaire Perrault.
32:16 Donc, on a fait une réunion,
32:17 qui s'est tenue par la justice de Montréal.
32:19 ♪ ♪ ♪
32:22 - Et nous avons gardé le dossier d'un bout à l'autre.
32:25 On a donné nos suggestions à chacun.
32:28 Et comment on pourrait procéder là-dedans.
32:31 - Moi, je privilégiais qu'à l'époque,
32:33 qu'on mette du temps sur la famille de M. Perrault.
32:37 ♪ ♪ ♪
32:40 - Alors, ils se sont présentés à la Polyvalente
32:42 pour aller lui poser des questions.
32:44 Ils avaient pas obtenu l'autorisation de Gilles Perrault.
32:48 Alors, Gilles Perrault s'est présenté à la Polyvalente
32:51 en furie parce qu'il dit
32:52 «Vous interrogez mon fils sans ma permission,
32:54 c'est un mineur. »
32:55 Et les policiers l'ont arrêté sur les lieux de la Polyvalente,
32:58 devant tout le monde,
32:59 et ils l'ont sorti en voiture de police
33:01 et sont partis avec lui.
33:02 Ce que ça nous dit, c'est qu'à un moment donné,
33:05 les policiers ont voulu provoquer des choses
33:07 pour essayer de faire avancer l'enquête.
33:09 - Quand la police, elle a sa preuve,
33:10 elle va pas écœurer tout le monde,
33:11 excusez l'expression, mais c'est ça.
33:13 ♪ ♪ ♪
33:20 - Tu sais, Gilles Perrault, c'est un réalisateur vedette
33:22 à Radio-Canada, puis on parle tout le temps
33:23 «Les démons du midi», puis on parle toujours
33:25 de «Star d'un soir», puis c'était ça toujours
33:26 qui était relaté dans les médias.
33:28 Mais ça a aussi été le réalisateur de «Chez Denise».
33:30 ♪ ♪ ♪
33:32 Et Normand Bratwaite commençait sa carrière
33:35 dans «Chez Denise».
33:36 Et s'il y en a un qui retient tous les menus détails
33:39 de chaque personne qu'il rencontre, c'est bien lui.
33:41 Je l'ai appelé, il se souvient de Gilles Perrault.
33:44 ♪ ♪ ♪
33:47 Normand, parle-moi donc de Radio-Canada des années 80.
33:50 Ça ressemblait à quoi, cet univers-là du show business?
33:53 - Moi, je viens du théâtre expérimental,
33:56 alors je pensais jamais travailler à Radio-Canada
33:59 ou je pensais pas faire de télévision, rien de tout ça.
34:02 Et c'était très impressionnant.
34:06 ♪ ♪ ♪
34:10 Tu rentres à Radio-Canada et là, c'est les vedettes
34:12 qui passent, les vedettes que tu vois depuis ton enfance.
34:16 Puis je me souviens, ce qui m'impressionnait beaucoup,
34:19 c'était les costumes dans le corridor.
34:22 Tu sais, t'avais un peu l'impression de rentrer
34:25 dans un musée à cette époque-là.
34:27 Radio-Canada, c'était beau, c'était propre,
34:30 c'était moderne.
34:31 - Ça fait que les gens qui ravitaient autour de ça
34:33 dans les années 80, quand tu disais
34:35 «Je travaille à Radio-Canada, je suis un réalisateur
34:38 à Radio-Canada», il y avait une envergure à ça.
34:40 - Oui, oui. Puis il y a eu beaucoup de stars.
34:43 Il y a eu Jean Bissonnet, puis il y a eu, tu sais,
34:45 des grands Guillaufman.
34:46 C'était une époque où on connaissait le réalisateur
34:50 avant de connaître tout le monde de l'équipe.
34:53 Les réalisateurs, sans être des stars dans l'attitude,
34:56 étaient des stars, étaient des gens très respectés.
34:59 On voyait une émission de...
35:01 Maintenant, ça passe comme ça, à la fin.
35:04 - Si on parle de la carrière de Gilles Perron,
35:06 c'était quand même un gros show chez Denise pour un réalisateur.
35:09 On parle des grandes ligues de Radio-Canada.
35:11 - Oui, oui, oui. 2,3 millions à chaque semaine.
35:14 C'était un très, très, très gros show.
35:16 - Parle-moi de Gilles Perron.
35:18 Comment tu l'as rencontré, puis c'était quel genre de gars?
35:22 - Bizarrement, il ne m'avait pas impressionné beaucoup
35:24 parce que je travaillais avec Denise Fiatrou.
35:28 Le boss, c'était pas nécessairement le réalisateur,
35:32 dans le sens que Denise, elle nous dirigeait
35:35 comme elle dirige au théâtre.
35:37 Moi, je me souviens juste de quand il a quitté.
35:39 Il y a eu une altercation avec Denise.
35:41 C'était à propos d'une affaire d'escalier.
35:44 Lui, il voulait qu'elle reste en haut,
35:46 puis elle, elle voulait descendre.
35:47 Et là, le ton a monté un peu,
35:50 puis Denise est sortie de la salle de répétition.
35:54 Puis quand elle est revenue, c'était plus lui le réalisateur.
35:57 C'est tout ce que je me souviens.
35:59 Je veux rien enlever à "Semaine verte", là,
36:01 mais je sais qu'il faisait "La semaine verte",
36:04 puis j'ai Denise.
36:05 - Il donnait pas l'impression d'être un réalisateur grandiose.
36:09 - As-tu suivi un peu ce qui s'est passé par la suite?
36:12 - Pas vraiment.
36:13 En concernant M. Perron,
36:17 j'ai juste fait un petit barbecue dans la tête,
36:19 mais je sais pas pourquoi.
36:21 ♪ ♪ ♪
36:24 - Un coup de théâtre dans cette histoire-là,
36:26 et ce qui commence à susciter vraiment l'intérêt des gens,
36:28 c'est que Gilles Perron est pas encore accusé
36:31 du meurtre de Michel Perron.
36:32 Puis il y a une page de pub qui apparaît
36:34 dans différents journaux qui offre 100 000 $ de récompense
36:37 à quiconque a des renseignements sur le meurtre de Michel Perron.
36:40 - Au départ, l'annonce avait été placée de façon anonyme.
36:44 Par la suite, on a appris que c'était
36:46 un des vice-présidents des Rôtisseries Saint-Hubert,
36:48 Jean-Pierre Léger, qui avait fait pareil de cette annonce-là.
36:51 - C'est quelqu'un qui est intervenu
36:52 dans une affaire judiciaire
36:54 dans laquelle il y a pas d'affaire-là du tout, lui.
37:03 - Quand on parle de l'affaire Perron,
37:05 tout de suite, les Rôtisseries Saint-Hubert
37:06 se mêlent à ça quand tu fais des recherches,
37:08 parce que le fondateur des Rôtisseries, Jean-Pierre Léger,
37:11 s'est mêlé de l'affaire, et c'est même lui
37:14 qui a précipité l'arrestation de Gilles Perron
37:16 et le premier procès.
37:18 - C'est assez fou, mais c'est parce que, bon,
37:19 le meurtre a lieu le 15 décembre,
37:21 puis déjà au mois de février de l'année suivante,
37:22 Gilles Perron était tombé en amour avec Pierre Léger,
37:24 donc sa soeur, et lui, dit-il, avait peur pour la vie de sa soeur.
37:28 ♪ ♪ ♪
37:31 - À l'époque, peu de gens savaient que Gilles Perron
37:33 avait amorcé une relation avec Claire Léger,
37:37 qui était l'autre vice-présidente des Rôtisseries Saint-Hubert,
37:40 et que cette relation-là évoluait rapidement
37:43 à un point tel qu'on commençait probablement
37:45 à parler de mariage.
37:46 - C'était totalement inusité, c'est-à-dire que là,
37:49 vous aviez quelqu'un qui était soupçonné de meurtre.
37:53 Il y avait une enquête par la police de Laval
37:55 et qui commençait à fréquenter l'héritière
37:59 d'une des entreprises les plus connues au Québec.
38:01 Et Jean-Pierre Léger, lui, du début,
38:04 était convaincu de la culpabilité de Gilles Perron
38:08 et voulait pas que sa soeur le marie.
38:10 - Donc Jean-Pierre Léger, il a pris de son argent,
38:13 il a dépensé pour relancer l'enquête
38:16 avec les policiers de Laval.
38:18 - Ce qui a mené à la découverte de Monique Serrois,
38:20 la maîtresse, donc, de Gilles Perron,
38:22 qu'il est allé rencontrer avant les policiers,
38:24 c'est ça qui est fascinant.
38:25 Et il l'a convaincu de parler aux détectives après ça.
38:28 ♪ ♪ ♪
38:31 Oui, bonjour, madame.
38:33 Je cherche à rejoindre quelqu'un qui a déjà enseigné chez vous.
38:35 C'est Mme Monique Serrois.
38:37 Monique Serrois, on voulait la trouver depuis le début.
38:39 Ça a été la maîtresse de Gilles Perron pendant 12 ans.
38:41 Elle n'a jamais accordé d'entrevue à personne,
38:43 fait que c'était pas facile de la convaincre.
38:46 Mais finalement, je pense qu'aujourd'hui,
38:47 après toutes ces années,
38:48 elle est prête à parler de ça objectivement.
38:50 Puis en même temps, elle a tout noté.
38:51 Donc, au niveau de la mémoire, ça, j'ai pas de doute,
38:53 parce que chaque conversation avec Gilles Perron,
38:55 chaque rencontre a été résumée dans son journal.
38:57 - La maîtresse, je pense que c'est une pièce...
38:59 Parce que, t'sais, on dit une enquête, c'est un casse-tête,
39:01 puis c'est une grosse pièce.
39:02 C'est une grosse pièce qui va te donner peut-être
39:05 le reste du paysage de ton casse-tête.
39:07 ♪ ♪ ♪
39:09 - Monique Serrois, merci beaucoup de cette entrevue-là.
39:11 On vous a cherché un bout de temps, on vous a enfin trouvée.
39:13 C'est la première fois que vous parlez à la caméra comme ça
39:16 de l'affaire Gilles Perron.
39:17 - Ah! En effet, oui.
39:18 - OK. Vous avez évidemment témoigné en cours.
39:21 - Oui, ça, oui.
39:22 - Vous avez rencontré des policiers
39:23 qui vous ont posé beaucoup de questions là-dessus.
39:25 - Oui.
39:26 - Mais jamais d'entrevue comme ça publique.
39:28 - Non. Pas pour cette affaire-là.
39:31 ♪ ♪ ♪
39:36 Jean-Pierre Léger avait fait passer une annonce
39:38 dans les journaux de Sherbrooke.
39:40 - Oui.
39:41 - Si quelqu'un connaît un meurtrier,
39:43 bien, moi, je me sentais pas concernée du tout,
39:46 mais j'étais sûre que c'était pas lui.
39:48 Et puis, après cette annonce-là,
39:51 je reçois un téléphone,
39:53 il me dit, Jean-Pierre Léger de Saint-Hubert,
39:56 j'ai reçu un message comme quoi, vous rappelez?
39:59 Je dis, bien, voyons donc.
40:00 J'ai jamais appelé, moi.
40:02 Je vous connais pas.
40:04 Puis là, c'est là qu'il me dit,
40:06 bien, connaissez-vous Gilles Perron?
40:08 Bien là, par exemple, ça sonnait une cloche.
40:11 Alors, il est venu à Sherbrooke, dans un Saint-Hubert.
40:15 - Oui.
40:16 - On a parlé pendant quatre heures.
40:17 Puis là, il m'a tout raconté,
40:19 sa relation avec sa soeur.
40:22 Et puis, moi, j'ai raconté mon histoire aussi.
40:25 Mais il en revenait pas non plus.
40:27 Là, c'est M. Léger
40:29 qui a contacté les enquêteurs,
40:32 M. Poulin et Lafleur.
40:35 Puis...
40:37 Ils étaient bien contents que j'ai un journal
40:39 puis que j'ai pris toute en note les téléphones,
40:42 la date des téléphones qu'ils m'ont envoyés,
40:44 puis avec les reçus, puis tout ça.
40:46 C'était un cadeau pour eux autres, là.
40:48 - Ça va faire 45 ans que vous avez connu Gilles Perron
40:50 pour la première fois. - Oui, c'est ça.
40:52 - Si on part de votre première rencontre, c'est en 1976.
40:54 - Hum-hum. - Ça se passe dans un bar,
40:56 ici, dans le coin Sherbrooke. - Oui, c'est ça.
40:58 ♪ ♪ ♪
41:03 Il est venu me demander pour danser.
41:05 On avait passé la soirée ensemble.
41:07 Puis là, il m'a dit, bon, bien, qu'il aimerait me revoir.
41:10 Il pouvait pas me donner son numéro de téléphone
41:12 parce qu'il demeurait chez la belle-soeur
41:15 parce qu'ils venaient de... ils étaient séparés.
41:18 - Ils venaient de séparer, c'est ça.
41:19 - C'est ça. - Il vous dit aussi
41:20 qu'il travaille à Radio-Canada, ce qui est vrai.
41:22 - Oui, oui. En premier lieu, il m'a dit qu'il était
41:24 réalisateur à Radio-Canada le premier soir
41:26 que je l'ai rencontré. - Donc, ça, c'est la vérité.
41:29 - Ça, c'était vérifiable, c'était la semaine verte.
41:31 - Hum-hum. - Mais après ça,
41:33 après deux ou troisième rencontre,
41:36 c'est là qu'il m'a dit que...
41:38 il était peut-être pas un bon amant
41:41 parce qu'il était pour être absent souvent.
41:45 - Hum-hum. - Parce que il fallait pas
41:46 que j'en parle, mais qu'il était agent secret.
41:49 - La présentation de sa maîtresse,
41:52 pour qui il se présentait comme étant un agent secret
41:55 de la GRC, ça démontre un peu la couleur du personnage.
42:00 - Mais quand tu fais des reportages
42:02 en tant que réalisateur dans d'autres villes,
42:05 là, il me demande d'aller le rejoindre.
42:09 - Puis à ce moment-là, qui paye pour la chambre d'hôtel?
42:12 Qui paye pour les soupers? - C'est moi.
42:14 Parce que semble-t-il que la raison
42:18 pour laquelle il est agent secret,
42:20 c'est qu'il avait commis une bêtise
42:24 quand il était plus jeune,
42:26 et puis il avait la possibilité de se racheter.
42:30 Au lieu d'avoir une peine de prison,
42:32 il avait pas de salaire. C'est ce qu'il me disait.
42:35 - C'était plutôt un homme très artiste...
42:37 - Oui. - ... de par sa profession,
42:39 entre autres, et avec une tendance à embellir les choses.
42:42 Tu peux avoir une personne qui était pas franc
42:45 avec la maîtresse ou qu'elle pouvait mentir,
42:49 mais ça te fait pas de toi meurtrier.
42:52 ♪ ♪ ♪
42:54 - Il vous parle à ce moment-là de son ex-femme.
42:57 - Bien oui, un peu, parce qu'il a dit que s'il était séparé,
43:02 c'est parce que son ex-femme n'acceptait pas
43:05 le fait qu'il soit agent secret,
43:07 qu'il ait un fusil sous l'oreiller.
43:10 - Tous les mensonges, là, incroyables.
43:13 Comment ça se fait que j'ai cru ça?
43:15 Mais l'amour est aveugle. J'étais aveugle.
43:19 - La soeur de M. Léger, s'il intervient pas, là,
43:22 est-ce que sa soeur se fait embarquer
43:24 comme l'autre s'est fait embarquer?
43:26 C'est sûr et certain que M. Léger, là,
43:28 c'est pas un député que ça. C'est sûr qu'il s'est posé des questions.
43:31 - Le personnage là-dedans qui est dérangeant,
43:33 c'est Jean-Pierre Léger.
43:35 Lui, il pensait que Perron était là pour la doc de sa soeur
43:38 ou pour l'envoi de tout l'argent de sa soeur.
43:40 Puis Gilles, là, il se met à l'aise de regarder ça,
43:42 les poulets, comment ça se vendait,
43:44 puis c'est pas de ses affaires, vraiment.
43:46 Donc lui, ça dérangeait l'autre.
43:48 - Donc selon vous, c'est pas parce qu'il avait peur
43:50 pour la vie de sa soeur, là?
43:51 - M. Léger trouvait anormal que suite à un événement comme ça,
43:55 que M. Perron ait une relation avec sa soeur, claire.
43:59 - Rapidement.
44:01 - Rapidement, très rapidement après les événements.
44:03 Fait qu'il a dit à M. Poulet,
44:05 "Dis-moi ce que tu veux que je fasse, je vais vous aider
44:07 pour trouver la vérité."
44:09 - Lui, il a fait sa propre enquête, il a même tapé,
44:12 il a enregistré, il a bugué.
44:14 - Dans n'importe quel crime, il y a un mobile.
44:16 C'est sûr qu'il y a tout le temps quelque chose
44:18 qui fait en sorte que... bang!
44:19 - On s'est pointés à sa demande, puis sa femme a répondu.
44:22 Il y avait beaucoup de choses qui lui cachaient.
44:24 ♪ ♪ ♪
44:29 ♪ ♪ ♪
44:34 ♪ ♪ ♪
44:39 ♪ ♪ ♪
44:44 ♪ ♪ ♪
44:49 ♪ ♪ ♪
44:52 C'est bon.
44:53 *Bruit de marteau*