"Nous avons été bernés !", le maire de Rodez, Christian Teyssèdre s'agace des annonces du PDG de Bosch
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00:00 Nous sommes le lundi 18 décembre 2023. Réchauffez-vous en écoutant, en regardant France Bleu et France 3 Occitanie.
00:06 Il est 8h15 ce matin. On se demande quel sera l'avenir de l'usine Bosch d'Eurodess,
00:10 le maire de la cité avéronnaise et président de l'agglomération, et votre invité ce matin Clémence.
00:15 Bonjour Christian Tessadre.
00:16 Bonjour.
00:17 Merci d'être avec nous ce matin.
00:19 L'usine Bosch d'Eurodess produisait des injecteurs pour les voitures diesel.
00:23 La direction avait promis de changer d'activité, de faire des piles à hydrogène,
00:28 mais elle a finalement annoncé la semaine dernière que c'était abandonné ce projet.
00:31 Que s'est-il passé ? Est-ce que vous le savez ?
00:33 Alors, il ne faisait pas que des injecteurs à hydrogène.
00:36 On faisait aussi des bougies et des bus, donc fin de tout le matériel autour des voitures diesel.
00:41 En fait, ce qu'il faut comprendre, c'est que c'est la troisième fois que Bosch ne respecte pas ses engagements.
00:48 D'abord en 2013, il y a eu un premier accord avec François Hollande concernant le maintien de l'emploi.
00:54 Et d'ailleurs, l'État a fortement financé le chômage partiel.
00:58 Après, il y a eu un deuxième accord en 2018-2019,
01:02 dans lequel la direction de Bosch s'était déjà engagée à financer 300 emplois dans la diversification.
01:09 Et le troisième accord, c'est celui dont vous parlez, c'est celui de 2021,
01:15 où Bosch dit là on va vraiment s'engager, ils n'ont pas respecté celui de 2018,
01:20 on va vraiment s'engager dans la production d'une activité d'assemblage, comme vous l'avez dit,
01:24 depuis la combustible, pour les monteurs hydrogène.
01:27 Donc les directeurs de Bosch sont des menteurs ?
01:29 Je ne dis pas ça, je ne suis pas là.
01:32 Je dis simplement qu'ils ne tiennent pas leurs engagements, sauf que les effectifs baissent.
01:37 Quand je suis arrivé maire, il y avait 2000 agents-travailleurs à Bosch, aujourd'hui, ils sont 760.
01:44 Alors je veux bien croire que la crise du diesel n'a pas facilité les choses au niveau mondial,
01:49 parce que la production a baissé.
01:50 Mais moi, quand j'ai le PDG de Bosch, M. Éliot Carrier, au téléphone,
01:55 je lui ai dit "Mais pourquoi, vraiment pourquoi, et ça je le dis à l'État aussi,
01:59 pourquoi les injecteurs qui étaient fabriqués à Rodez sont aujourd'hui fabriqués en Turquie ?
02:04 Et qu'est-ce qu'on vous répond ?
02:05 Ah ben on ne répond pas.
02:06 On ne vous répond pas, vous n'avez pas de réponse.
02:08 C'est un drôle de pays quand même la France.
02:11 C'est un très beau pays, tout le monde adore la France,
02:13 mais quand même sur ce niveau-là, il n'y a pas que la responsabilité de Bosch,
02:17 il y a aussi la responsabilité de l'État de se faire entendre.
02:20 Alors nous, et les salariés de Bosch, les syndicats, tout le monde était content
02:25 quand en 2021 l'accord 13-12 a été fait de produire ici des piles à combustible
02:30 pour destiner aux moteurs hydrogènes,
02:33 sauf qu'aujourd'hui on a été doucement douchés, pour le dire simplement,
02:38 de savoir que maintenant ils annulaient tout.
02:40 - Pourtant vous aviez dit, sur notre antenne il y a deux ans,
02:42 "Je crois à ce projet industriel", vous avez été berné.
02:45 - Oui, oui, vous pouvez le dire, oui, on a été berné.
02:48 Ils ont un discours très ambigu.
02:50 Le PDG de Bosch dit que l'hydrogène fonctionne très bien en Chine,
02:56 l'hydrogène aujourd'hui fonctionne bien aux États-Unis,
03:00 et nous on l'arrête, je ne vois pas la cohérence.
03:02 Si ça marche bien ailleurs, c'est qu'ils ont trouvé des clients,
03:06 c'est que c'est porteur.
03:08 Pourquoi on s'engagerait ici en France, en Europe, sur l'hydrogène,
03:11 et notamment la Rodèze, sur comme ça ?
03:14 Il y a de l'incohérence.
03:16 Par contre, les salariés, nous, on est particulièrement inquiets.
03:19 - Vous êtes inquiets aussi, j'imagine, pour Bosch.
03:22 Est-ce que vous pensez que ça peut aller jusqu'à la fermeture totale de l'usine,
03:27 comme certains huténois qui en ont posé la question le disent ?
03:31 On les a entendus ce matin sur France Bleu Occitanie.
03:33 - Non, je ne pense pas que l'usine va fermer,
03:36 il y aura des engagements qui seront tenus,
03:38 mais après ce ne sera pas des emplois d'avenir.
03:40 Quand vous fabriquez des buses,
03:42 quand vous fabriquez des bougies de préchauffage pour les véhicules diesel,
03:46 ce ne sont pas des emplois d'avenir.
03:48 Donc jusqu'à l'horizon 2030, il n'y aura pas de souci,
03:51 de mon point de vue, il y aura toujours...
03:53 Mais après, bon, 2030, dans l'industrie, vous allez assez loin.
03:57 Mais aujourd'hui, ce qu'il faudrait,
03:59 c'est qu'ils respectent leurs engagements en mettant des emplois d'avenir.
04:03 Et moi, je pointe aussi du doigt quelque chose de très important que personne ne parle.
04:07 C'est-à-dire que Bosch, aujourd'hui, ils dégraissent au niveau des effectifs,
04:10 mais ils n'embauchent plus d'ingénieurs, de techniciens et compagnie.
04:13 Ça veut dire que demain, tout ce qui est le savoir-faire de Bosch va partir,
04:18 et aujourd'hui, malheureusement, on n'aura plus que des gens travaillant sur les chaînes.
04:22 Il faut absolument, et ça, je l'ai dit au ministre Roland Lescure la semaine dernière,
04:27 il faut absolument qu'ils recrutent des ingénieurs, des techniciens supérieurs, etc.
04:32 - Donc vous demandez aujourd'hui à Bosch de s'engager sur des emplois d'avenir.
04:35 Est-ce que vous avez une demande aussi sur l'allier de l'argent public ?
04:38 On le disait, les 2 millions d'euros donnés par l'État et à la région.
04:41 Où est cet argent ? Est-ce que Bosch doit le rendre ?
04:43 - Mais bon, c'est l'État qui a versé.
04:45 Mais ils ont versé beaucoup plus l'État au niveau du chômage partiel dans les années 2013-2017,
04:52 beaucoup plus. Il faudrait qu'ils demandent des contreparties.
04:54 On ne les connaît pas aujourd'hui.
04:55 Bon, il va y avoir une réunion fin janvier à Rodez avec le ministre, les syndicats,
05:00 les élus et la direction. On verra bien ce qui va être fait.
05:04 Mais moi, je demande à l'État de mettre la pression aujourd'hui sur...
05:08 Quand on a eu la vision l'autre jour de le PDG de Bosch,
05:10 bon, l'État n'a pas dit un mot.
05:12 Je vous le dis, l'État n'a pas dit un mot, la région n'a pas dit un mot.
05:16 On n'a été que 2 ou 3 à intervenir en demandant des comptes à Bosch.
05:20 - Et donc, pour vous, Bosch et l'État doivent se positionner.
05:24 Merci beaucoup, Christian Tessèdre, maire de Rodez, président de La Globe,
05:27 d'avoir été avec nous ce matin.
05:28 On a bien noté cette réunion importante qui va se tenir fin janvier sur l'avenir de la Bosch.
05:32 On vous rappellera évidemment pour prendre des nouvelles.
05:34 Et on a entendu votre message ce matin qu'on fera passer à Bosch.
05:38 Bonne journée à vous.
05:39 - Merci. - Au revoir.