Comme chaque jour dans le Live BFM, Roselyne Dubois répond à vos questions sur l'actualité.
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00:00 des consultations des spécialistes en question.
00:02 Oui, parce que non seulement c'est souvent difficile d'avoir un rendez-vous,
00:05 il faut s'y prendre franchement à l'avance, mais en plus c'est cher, parfois très cher.
00:09 « Est-ce normal que je paye 75 euros pour une consultation chez le pédiatre ? »
00:13 demande Pauline, alors que la Sécu va vous rembourser deux fois moins.
00:17 Bonjour Maria Oubsova, merci d'être avec nous.
00:19 Vous êtes la chargée de mission santé à l'UFC Que Choisir,
00:21 qui se bat pour un meilleur accès au sang.
00:23 On a déjà eu l'occasion de l'évoquer ensemble.
00:25 Vous avez mené une vaste étude, et c'est vrai que dans certaines communes,
00:28 notamment en région parisienne, mais pas seulement,
00:30 ça s'envole, en particulier pour les pédiatres.
00:33 Bonjour. Oui, tout à fait.
00:36 On s'est intéressés dans cette étude aux ophtalmologues, gynécologues et aux pédiatres.
00:42 Et ce qu'on a montré, c'est que d'une part, il y a des communes
00:45 où il y a des tarifs moyens de consultations qui sont très élevés,
00:48 donc par exemple plus du double du tarif remboursé par la Sécurité sociale.
00:52 Et ce qu'on a montré aussi, c'est que plus il y a des médecins
00:55 qui font des dépassements dans une commune, et plus leurs tarifs sont élevés.
00:58 C'est-à-dire que si on augmente la quantité de médecins qui font des dépassements,
01:02 les nouveaux arrivants vont avoir tendance à imiter les tarifs de leurs confrères voisins,
01:08 alors qu'en revanche, si on ajoute un médecin qui respecte le tarif de base de la Sécurité sociale,
01:12 ça a un effet de modération sur le tarif de ses confrères qui pratiquent des dépassements.
01:17 Vous avez donc plusieurs propositions, notamment forcer les nouveaux médecins à faire du tarif Sécu.
01:24 Alors nous, on souhaiterait effectivement qu'il n'y ait aucun nouveau conventionnement,
01:29 aucune nouvelle installation hors secteur 1, donc respectant le tarif de base de la Sécurité sociale,
01:35 ou à la limite, l'option pratique tarifaire maîtrisée.
01:38 C'est un objectif qui vise à limiter les dépassements,
01:42 et il y a un plafond qui est le double du tarif remboursé.
01:46 Donc nous, on voudrait qu'il n'y ait aucune installation au-dessus du double du tarif de la Sécurité sociale,
01:51 ce sera déjà un bon début.
01:53 Et ensuite, qu'on autorise l'installation dans les zones les mieux dotées,
01:56 seulement à condition de respecter le tarif de base de la Sécurité sociale.
02:00 Donc ce qu'on espère, c'est ce qu'il se passe, ce qu'on montre dans cette étude,
02:03 c'est que l'arrivée d'un médecin qui respecte le tarif de la Sécurité sociale
02:06 va avoir un effet même sur les tarifs de ceux qui ne le respectent pas autour de lui.
02:11 Le ministre de la Santé, dès tout à l'heure sur le plateau de BFMTV,
02:14 justement, on lui a posé la question.
02:16 Écoutez, et puis vous réagissez juste après.
02:18 Pour lui, il y a déjà beaucoup de contraintes, et freiner l'attractivité des médecins,
02:21 ce n'est pas forcément la solution. Écoutez.
02:23 Aujourd'hui, il y a des négociations qui sont engagées entre l'assurance maladie et les médecins.
02:28 Mon sujet, c'est que je crois que c'est plutôt de la confiance,
02:34 plutôt que la coercition qu'il faut rétablir.
02:37 Après, il est certain qu'on a devant nous, il faut qu'on aide et qu'on accompagne
02:42 pour que les médecins s'installent là où il y a les plus gros besoins.
02:46 Mais moi, ce dont je suis sûr, parce que je le vois au quotidien
02:49 dans toutes les visites que je peux faire, c'est que les médecins,
02:52 ils ne s'installeront pas parce qu'il y a une décision administrative,
02:55 ils s'installeront parce qu'il y a un projet médical avec d'autres professionnels de santé.
02:58 Et ça peut marcher en Dordogne, dans le Gard, comme dans une grande métropole.
03:04 L'attractivité, elle passe par l'intérêt et le sens du travail
03:07 pour les professionnels de santé, quels qu'ils soient.
03:09 Et si on met des règles et des impositions administratives et technocratiques,
03:14 à la fin, on va se planter parce qu'ils choisiront peut-être notre métier.
03:19 On va se planter, dit le ministre.
03:21 Alors, plusieurs points.
03:24 Déjà, effectivement, c'est dans l'intérêt des patients aussi que la négociation
03:27 qui a actuellement lieu entre l'assurance maladie et les médecins libéraux,
03:31 que cette négociation aboutisse, puisque nous, ce qu'on souhaite,
03:35 c'est un meilleur contrôle par la sécurité sociale des pratiques tarifaires.
03:38 Et donc, si la sécurité sociale parvient à un tarif qui soit acceptable pour les libéraux,
03:43 on peut espérer que ça fasse moins de dépassements d'honoraires
03:46 et moins de restes à charge pour les patients.
03:49 Et ensuite, sur la question des contraintes administratives et bureaucratiques,
03:54 si le ministère faisait des bonnes politiques qui ne soient pas bureaucratiques,
03:57 ça pourrait marcher.
03:59 Et nous, ce qu'on préconise, c'est juste fermer l'accès aux zones les mieux dotées du territoire.
04:06 Et ensuite, on est pour laisser les médecins choisir parmi toutes les autres zones,
04:11 parce qu'il y a énormément de zones sous-dotées, donc ça leur laisse quand même pas mal de choix.
04:14 Nous, on n'a jamais demandé la contrainte de l'installation,
04:16 c'est-à-dire qu'on ne va pas dire aux médecins d'aller à tel endroit,
04:19 on va juste dire "vous allez où vous voulez, sauf les zones les mieux dotées".
04:24 Et par ailleurs, l'UFSC Choisir a déposé du coup un recours au Conseil d'État
04:28 pour inaction des autorités sur l'accès aux soins,
04:30 et on invite les patients à signer notre pétition pour améliorer l'accès aux soins,
04:35 puisqu'on pense que le ministère refuse de mettre en œuvre des mesures véritablement contraignantes et effectives,
04:43 parce que certes, il faut maintenir la confiance des médecins,
04:47 mais nous on pense qu'il y a un chemin à trouver qui soit aussi dans l'intérêt des patients,
04:51 en prenant des mesures de pilotage de l'offre de soins.
04:54 Merci beaucoup, Maria Roupsova, d'avoir été en direct.