• l’année dernière
Transcription
00:00 Salut Mysterio, on va rembobiner ta vie de 2023 à 1984.
00:03 Je suis franco, t'as vu ?
00:05 2023, c'est la sortie de mon projet HLM3.
00:10 J'ai retiré mon bracelet électronique, j'étais assigné à résidence.
00:13 Donc j'étais beaucoup à la maison, beaucoup trop à la maison.
00:15 Pour ton projet aussi, moi j'ai noté ça, le morceau "La douche" de mon fils.
00:20 C'est mon fils, il avait fait un petit morceau pour rigoler,
00:23 comme ça il voulait venir au studio enregistrer un petit morceau.
00:26 Il l'a enregistré, franchement j'ai écouté, j'ai bien aimé.
00:28 Donc je l'ai mis dans le projet, j'ai même fait un remix avec un rappeur qui s'appelle Harobi.
00:32 Et voilà, ils ont fait un morceau tous les deux au studio
00:38 et donc j'ai tenu à le mettre dans le projet.
00:41 C'est la naissance de mes jumeaux.
00:43 Donc j'ai eu des jumeaux, deux petits garçons, Hamza et Ayoub.
00:45 Et trois semaines après, je me retrouve,
00:48 je me fais interpeller à l'aéroport d'Orly avec mon fils le plus grand, le troisième.
00:52 Et je me retrouve incarcéré à la santé.
00:54 Franchement, j'étais pas prêt.
00:55 C'est la sortie de HLM2, début d'année, pour mon anniversaire, le jour de mon anniversaire.
01:00 Planet Rap, Skyrock, des freestyles d'anthologie.
01:03 Une année très rap, très rap et très ensoleillée.
01:06 Avec Jul, on a fait le classique organisé, il m'avait invité, j'ai posé sur deux morceaux.
01:09 Rien que l'invitation, ça m'avait fait grave kiffer.
01:11 En plus, le morceau, on a le morceau "La loi de la Calié" qui a énormément marché.
01:14 C'était le premier single qui a été envoyé sur le projet, le message, il était fort.
01:17 Merci à Jul pour l'invitation.
01:19 C'était un peu calme.
01:20 Au mois de juin, j'ai sorti "Les oiseaux".
01:21 J'avais fait le morceau avec Marwa qui a tout déchiré, "Millions d'euros".
01:24 Il y avait le morceau aussi avec Naps, "Chihuahua" qui était très bien.
01:27 Franchement, c'était un petit EP, mais franchement, il avait fait un gros boom.
01:34 La plupart des morceaux, ils avaient grave cartonné.
01:36 Je les avais vraiment enregistrés sans prise de tête.
01:40 À chaque fois que je fais un morceau avec Balty, à chaque fois, c'est un carton.
01:49 Après moi, la particularité que j'ai, c'est que je maîtrise très bien l'arabe,
01:54 pas littéraire, mais l'arabe d'Aleja comme on dit chez nous.
01:56 Et même le tunisien, j'arrive à le parler, pourtant je suis d'origine marocaine.
01:59 Je suis né à Belleville et il y a beaucoup, beaucoup de Tunisiens.
02:01 Donc, des fois, même carrément, on me demande "Est-ce que tu es Tunisien ?"
02:03 Aujourd'hui, on le sait que je suis marocain.
02:05 Mais à l'époque, on ne savait pas, est-ce que j'étais Algérien, Marocain, Tunisien ?
02:08 Et moi, je n'ai pas honte de porter tous ces drapeaux,
02:10 parce que pour moi, nous sommes tous frères et c'est une fierté carrément.
02:13 C'est la naissance de mon fils Ahmed, le plus grand.
02:16 Je commence à réaliser que, bon, moi, j'ai toujours été un petit peu,
02:20 légèrement un peu un gamin dans ma tête.
02:22 Pas autant qu'aujourd'hui, mais voilà, j'ai commencé à me responsabiliser un petit peu
02:25 et à me remettre en question et prendre un certain virage dans ma vie.
02:28 C'est la sortie.
02:30 À l'époque, j'étais incarcéreur à la santé.
02:31 C'était la fin de ma semi-liberté.
02:33 Donc là, je commence vraiment à embrasser la musique.
02:35 Parce qu'à l'époque, je devais rentrer tous les soirs à 19h à la santé.
02:39 J'avais quand même mes week-ends, mais c'était un peu compliqué.
02:41 C'est à dire, comme je disais à l'époque, la journée, j'étais Justin Bieber.
02:44 Le soir, j'étais un détenu comme tous les autres.
02:47 Je suis à la santé.
02:49 On voit des amis que je n'avais pas vus, ça faisait longtemps.
02:50 Après, justement, pas la santé, ce n'est pas la pire des prisons.
02:54 La détention, c'est de la folie.
02:55 Mine de rien, la santé, tu as vu, j'étais quand même à Paris
02:58 avec pas mal de jeunes de mon quartier.
03:00 À un moment, il y a carrément cette gecko qui est arrivée.
03:02 Il y a eu MDR. MDR qui a été enregistré pendant ma cavale aussi,
03:05 qui est sorti pile en même temps que je suis en 2010,
03:08 quand je suis sorti en semi-liberté.
03:09 Tu as eu le morceau "Les Petites Chez Moi", la maison de disques
03:11 que je venais de signer chez Universal.
03:13 Et on m'a dit "c'est bon, tiens, ton morceau, il rentre en playlist et tout".
03:15 Et moi, j'étais content parce que moi,
03:17 j'étais déjà passé plusieurs fois sur Sky, mais que dans les nocturnes avec Fred.
03:20 Et à l'époque, c'est la première fois que je rentre en playlist.
03:22 Je me rappelle, le jour où il est passé, tout le monde était là.
03:24 Je leur disais "les gars, écoutez mon son, il y a un son à moi, il va passer,
03:27 c'est bon, il rentre sur Sky en playlist et tout".
03:29 Et là, j'avais l'impression que c'était un match de foot,
03:31 que c'était une finale de Champions League.
03:33 Dès que le son a commencé, "tin, tin, tin, les petites chez moi".
03:36 Et t'as toute la zombrie qui tape avec les casseroles dans la porte.
03:40 "Yougataga, yougataga", des coups de pied et tout.
03:42 Franchement, ça reste la tôle, mais ça reste un souvenir, franchement, incroyable.
03:46 Quand j'étais incarcéré, après, grâce à Dieu, je suis sorti,
03:49 donc je n'ai pas sorti le projet, mais je comptais faire un projet qui s'appelait
03:51 Phone Game.
03:52 Et en fait, le concept, c'était que de ma cellule, j'allais appeler des artistes
03:55 et chacun en allait faire des couplets.
03:56 Ensuite, avec les ingénieurs du son, on allait les mettre en musique.
04:00 Et ce concept là, il n'a jamais été fait.
04:02 Bon, je suis à ta personne, t'as vu ?
04:03 La prison et tout, mais ceux qui sont en prison, les rappeurs là,
04:06 si ça peut vous donner une idée, voilà, moi, à l'époque,
04:08 j'allais faire un projet qui s'appelait Phone Game.
04:10 Parce qu'il y a un film qui s'appelle comme ça, Phone Game.
04:11 Et j'avais déjà plein de gens qui avaient répondu présent à la peine.
04:14 Il y avait Seth Gueko, justement, il y avait Nesbill,
04:17 il y avait du bon monde qui m'avait dit "OK, quand tu veux".
04:19 Et voilà, mais bon, grâce à Dieu, ça ne s'est pas fait.
04:21 Je suis sorti directement et je n'ai pas eu besoin de sortir ce projet.
04:25 En fin d'année, je me retrouve en Caval, justement.
04:27 Je me retrouve en Caval, il y a une commission regatoire dans le quartier.
04:30 Ils viennent, ils interpellent tout le monde.
04:31 Moi, quand ils viennent chez moi, ce jour-là, j'ai...
04:34 Comment ça s'appelle ? Je ne voulais pas retourner.
04:35 Voilà, je ne voulais pas retourner, je me suis sauvé, j'ai sauté par la fenêtre.
04:38 Je me suis enfui et j'ai commencé une Caval assez rocambolesque.
04:42 - Comment t'as fait pour sauter du deuxième ?
04:43 Et t'avais pas mal ?
04:45 - Franchement, si, je me suis fait grave mal, mais avec la peur et la panique.
04:48 Et voilà, t'as vu ?
04:49 Donc, tu trouves des super pouvoirs, je ne t'avance pas.
04:51 Et avec la panique, à l'époque, j'avais déjà une phrase qui est vraiment vraie.
04:54 Tu sais, sur le coup, c'est réfléchis beaucoup ou réfléchis pas.
04:57 Et sur le coup, je n'ai pas réfléchi.
04:58 Je vois, ça tape à la porte, ça casse.
05:00 Ils veulent arriver, ils veulent me mettre fou.
05:01 J'ai ouvert la fenêtre, j'ai sauté.
05:03 - 2006.
05:03 - La rue, Coctel de rue, à cette époque-là, je sors du mixtape, je l'enregistre,
05:08 qui est sorti en 2006, 2007.
05:09 C'est un double album et c'est le succès d'Estime dans la street.
05:13 T'as vu, je commence à faire beaucoup de bruit, mais en même temps,
05:16 je rappe parce que c'est une passion en vrai.
05:17 Dans les quartiers, on m'apprécie beaucoup et mon nom tourne un petit peu partout,
05:21 mais on ne me reconnaît pas forcément.
05:22 On ne me reconnaît pas dans les rues, il n'y a pas la force d'Internet qu'on a aujourd'hui.
05:25 Les sons tournent en Bluetooth.
05:27 Donc, c'était dans les voitures, c'était les CD, ça tourna mort, les CD gravés.
05:31 Et à l'époque, ce CD, Coctel de rue, je me rappelle que je le vendais dans l'immeuble.
05:34 On était dans l'immeuble, donc voilà, on vendait un peu de détail.
05:35 Et moi, je vendais mon album aussi.
05:37 Donc, les mecs, ils venaient, ils voulaient pécho un vin.
05:38 Je disais, tiens, prends un 10 et prends mon album.
05:40 J'ai quand même vendu 4000 mixtapes de ce projet, ce qui est énorme pour l'époque.
05:45 2004
05:45 L'époque, à Fleury, j'ai été élu meilleur rappeur.
05:47 Dès qu'il y avait un mec qui rappait et tout, qui arrivait, je disais,
05:49 on va te ramener où, va te refroidir.
05:50 Et des fois, à l'époque, ça me faisait penser un peu comme le film 8 Mile,
05:54 les freestyles et tout.
05:55 Ça freestylait à l'époque, à Fleury, il y avait le préau.
05:57 Donc, le préau, c'était chaud.
05:58 T'as vu, c'était...
05:59 Pour traîner sous le préau, c'était dangereux.
06:01 Et voilà, on restait sous le préau, on faisait des freestyles.
06:03 Et moi, c'était quand vraiment, tu sais...
06:05 "Bon, c'est bon, vous avez freestylé, vous avez freestylé.
06:06 Bah tiens, vas-y, je vais vous lâcher un couplet."
06:08 Ah, et t'as...
06:09 Je mettais tout le monde d'accord et les gens me donnaient de la force.
06:11 Et c'était incroyable, quoi.
06:13 2003
06:13 C'est le premier album, c'est même pas un EP, c'était une mixtape, en fait.
06:16 À l'époque, donc, avant ça, t'as vu, je commençais à enregistrer,
06:18 faire des sons pour le quartier, pour ça, ça.
06:20 Et les gens, ils aimaient bien.
06:21 Donc, à l'époque, avec Marvin, justement, on décide de faire une mixtape.
06:24 Et la mixtape, c'était "Millange, mi-démon".
06:26 Pourquoi ? Parce que lui, c'était un peu l'ange, moi, j'étais un peu le démon du truc.
06:28 Mais en vrai, c'est qu'on était tous un peu ange et démon en nous-mêmes.
06:31 Et voilà, on sort notre première mixtape, on invite les gens un peu, tu sais, des alentours.
06:35 Des mecs de Barbès, de Jouress, il y avait des mecs d'un peu partout.
06:38 À l'époque, il y a AP du 113, qui fait une grosse dédicace.
06:41 T'as vu, qui vient, qui fait un morceau avec nous.
06:43 Le 113, à l'époque, en plus, ils étaient on fire, donc...
06:45 Donc voilà, il enregistrait avec nous, AP, c'était le morceau.
06:47 Ce qui est ça, en 13, Belleville, on était trop fier, on le mettait dans les voitures, c'est ça.
06:50 On avait percé pour nous, quoi.
06:51 Voilà, dès qu'on bougeait, on le mettait partout, on tournait partout.
06:54 "Millange, mi-démon", c'est...
06:55 On va dire, c'est le premier bébé en CD que j'ai eu dans la rue, quoi.
06:58 C'est mon premier projet.
06:59 Et j'en étais grave fier et...
07:01 Moi même, d'ailleurs, je te jure, pas plus tard que...
07:03 C'était quand ? Hier, j'étais en studio, j'ai un pote de Danube qui s'appelle Khalidou.
07:06 Il m'a demandé où est-ce qu'on pouvait retrouver "Millange, mi-démon".
07:08 Parce que, maintenant, "Cocktail de rue", on a réussi à le remettre sur les plateformes,
07:11 tous ces CD, ils existent encore.
07:12 Mais "Millange, mi-démon", plus de sons, plus d'images.
07:14 On n'arrive pas à le retrouver.
07:15 Il n'y a pas eu beaucoup d'exemplaires et c'était...
07:16 Voilà, c'était il y a 20 ans.
07:18 Et donc, ce projet, il y a quelques sons qui traînent sur Internet, vraiment très peu.
07:21 Des sons comme, par exemple, le morceau "Hommage".
07:23 "Aussi bien qu'on peut être mal, on peut être bien,
07:25 mais avec la mort, c'est ça la scène, pas de blond et pas de veau."
07:28 C'est un morceau, déjà, même quand tu l'écoutes,
07:29 tu vois que les punchlines et tout, c'est moins un peu... Tu sens l'écriture, que c'est du you.
07:33 Tu écoutes la voix, tu sens que j'étais gamin.
07:36 J'écoute beaucoup de rap.
07:38 C'est l'année de la Funky Family.
07:40 J'avais écouté aussi Aïa, beaucoup,
07:42 mais la Funky Family, je m'étais mangé une bonne claque.
07:44 Quand j'avais écouté Loralou Tchano, Sat', j'avais kiffé, je kiffais,
07:48 jusqu'à maintenant encore, t'as vu, c'est vraiment...
07:51 Ça a été aussi des professeurs dans la musique, le rap marseillais, très présent.
07:55 Donc, très rap et très street.
07:56 Tupac.
07:57 Tupac, depuis jeune, j'ai découvert, j'ai commencé à...
07:59 J'ai kiffé, j'ai pas lâché.
08:01 Je me suis percé le nez, je mettais des bandanas, on m'appelait Yupac.
08:04 J'ai eu un période de ouf.
08:06 Carrément, à un moment, je me sentais teutré quand les gens, ils écoutaient Biggie,
08:08 moi, j'écoutais pas. T'as capté ?
08:09 Je me sentais là, je suis un lâche si j'écoute Biggie, tu sais.
08:12 C'est les premières clopes, les premiers pétards, très rap.
08:18 J'écoute, comme je t'ai dit, j'écoute le crimpe en boucle.
08:20 Et voilà, je suis tout jeune et je tombe amoureux du rap.
08:23 C'est les éducateurs à l'époque, Feuvert, une association,
08:26 ils venaient d'arriver, ça faisait pas longtemps, dans le quartier,
08:28 et ils nous encadraient, t'as vu ce qui était bien,
08:29 c'est qu'ils venaient nous chercher, c'était un peu comme nos oncles.
08:32 Donc ils nous ramenaient au foot,
08:33 celui qui aimait bien la musique, donc ils les ramenaient à l'époque dans leur studio,
08:37 dans leur loco, dans la cave, ils nous avaient mis un petit sipiste,
08:40 avec des micros, on ramenait des cassettes, on enregistrait, on mettait les cassettes.
08:44 Tout le monde rappe plus ou moins dans le quartier.
08:45 Moi, c'était l'école, je traîne pas beaucoup, je me rappelle que le mercredi,
08:50 à l'époque, on avait pas cours, y'avait le club de Rotay, y'avait Dragon Ball Z.
08:53 C'était le seul jour de la semaine où je rentrais en courant de l'école à la maison,
08:56 je mettais une minute, je partais en courant, je rentrais en courant,
08:59 je me posais, je regardais l'épisode de Dragon Ball Z,
09:01 sinon tous les autres jours, je finis à 16h30, je rentre à 18h,
09:04 tu sais, tu commences à traîner un peu plus, tu traînes en bas,
09:06 "Ma mère, t'étais où ? T'étais où ? T'étais où ? J't'ai en bas,
09:08 j't'ai à la cité, j't'ai au quartier, j't'ai à la cité, j't'ai à la cité,
09:10 t'es devoir, t'as que t'as, tu préfères un peu, voilà quoi, mais c'était Dragon Ball Z à mort.
09:14 1984
09:15 5 février 1984, bah c'est ma naissance, je suis né à Belleville,
09:18 pour l'anecdote, pour citer encore une fois Booba qui disait dans un texte,
09:22 je suis né à 2km d'où je traîne, moi je suis né à 600m d'où je traîne,
09:25 t'as vu, je suis né rue Clavel, dans le 19ème arrondissement à Belleville,
09:28 donc je suis vraiment né à vol d'oiseau, ça je crois, tu regardes,
09:31 entre la rue Rébeval et la rue Clavel, je crois y'a 300m, 400m, maximum quoi,
09:36 donc je suis vraiment né en bas de chez moi quoi.
09:38 *Bruit de pet*
09:39 MON MIMI !
09:40 *cri*

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