Réunir ensemble dans un même lieu des artistes pluri-disciplinaires, des personnes atteintes de troubles autistiques et le public, c'est le projet que mène depuis 3 ans une compagnie montpelliéraine, N.U Collectif.
Un projet baptisé ESPACES VIVANTS, durant lequel ces 3 mondes se rencontrent et créent ensemble une performance artistique.
Jeudi, vendredi et samedi, le collectif N.E et plusieurs de ses artistes (comédiens, danseurs, musiciens ou photographes) vont donc investir les locaux de la Bulle Bleue pour proposer 3 jours de de création collaborative, à ses résidents mais aussi au public.
On en parle ce matin avec Mathias Beyler, membre de la compagnie montpelliéraine N.U Collectif.
Un projet baptisé ESPACES VIVANTS, durant lequel ces 3 mondes se rencontrent et créent ensemble une performance artistique.
Jeudi, vendredi et samedi, le collectif N.E et plusieurs de ses artistes (comédiens, danseurs, musiciens ou photographes) vont donc investir les locaux de la Bulle Bleue pour proposer 3 jours de de création collaborative, à ses résidents mais aussi au public.
On en parle ce matin avec Mathias Beyler, membre de la compagnie montpelliéraine N.U Collectif.
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00:00 et vous avez choisi France Bleu Héros, réunir ensemble dans un même lieu des artistes pluridisciplinaires,
00:05 des personnes atteintes de troubles autistiques et le public.
00:07 C'est le projet que mène depuis trois ans une compagnie montpellierenne nu collective
00:11 et justement Mathias Beller de la compagnie est avec nous dans le 6/9 de France Bleu Héros.
00:16 Bonjour Mathias Beller.
00:17 Bonjour Guillaume.
00:18 Merci d'être venu nous rejoindre.
00:20 Ce laboratoire nomade de création collaborative, comme vous l'appelez, existe depuis déjà deux ou trois ans.
00:27 Ce n'est pas la première fois. Ce qui va se passer en fin de semaine, on va expliquer à nos éditeurs,
00:31 à l'ESAT, la bulle bleue à Montpellier, ce n'est pas une première.
00:34 C'est un projet que vous conduisez depuis deux ou trois ans maintenant.
00:37 C'est un projet qui se développe effectivement depuis trois ans, qui est effectif depuis deux ans.
00:42 On a déjà huit ans de résidence qui ont été mis en place un peu partout sur le département
00:47 puisqu'on travaille également sur Nîmes, autour du Gard et sur CET.
00:53 Et ce collectif, ce nul collectif, où qu'elle vous appartenit, réunit des artistes pluridisciplinaires,
01:01 vous-même vous êtes comédien et metteur en scène.
01:03 Comédien et metteur en scène, il se trouve que j'ai une pratique sonore aussi depuis quelques années.
01:07 Il y a des musiciens au plateau, un batteur, un musicien électronique, il y a également danseurs, plasticiens, beaucoup.
01:14 Voilà, l'idée c'est vraiment de s'immerger effectivement dans un bain artistique
01:18 et d'avoir tous les médiums de création à disposition.
01:21 - Alors ce bain artistique a pour, pas seulement comme ambition d'ailleurs,
01:25 puisqu'il existe depuis maintenant déjà deux ou trois ans,
01:28 de réunir dans un même lieu, sur un même plateau, comme on dit dans le métier artistique,
01:33 des artistes pluridisciplinaires, donc musiciens, photographes, des spécialistes du son, des comédiens,
01:40 donc des personnes atteintes de troubles autistiques et le public.
01:45 Le public, c'est pas complètement participatif en fait, c'est ça ?
01:48 - Alors on s'est aperçu assez rapidement que la petite communauté qu'on formait,
01:52 cette espèce d'utopie fonctionnelle, avait une grosse capacité d'absorption.
01:58 C'est-à-dire qu'au départ on accueillait famille, on accueillait à l'intérieur du dispositif les familles,
02:04 les éducateurs, les accompagnants, et progressivement on s'est aperçu qu'on pouvait accueillir d'autres gens.
02:10 Et on a fait une première tentative à Nîmes, au cas du Periscope,
02:15 pour effectivement commencer à immerger des spectateurs à l'intérieur de cet espace-là
02:20 et lui demander d'être participatif, de pratiquer avec nous.
02:23 - Alors le mot "spectacle" n'est peut-être pas le mot le plus approprié, mais c'est "performance".
02:27 On va parler de performance, de spectateurs.
02:30 Elles sont complètement spontanées et instantanées, c'est-à-dire que rien ne se prépare à l'avance,
02:34 tout se crée dans l'instant présent en fait, c'est ça ?
02:37 - Exactement. On se donne éventuellement des durées d'exploration de certains médiums
02:43 pour que ça reste dans une compatibilité,
02:47 mais après on est vraiment sur l'idée de ce qui se passe au moment où on se retrouve tous ensemble.
02:52 - Alors pour ça, vous associez, j'imagine, beaucoup de sons, de musique, en live,
02:57 parce que les musiciens jouent en live, un batteur par exemple.
03:01 - Voilà, le son est prépondérant, la rythmique et le son sont prépondérants.
03:05 Tout le monde y a accès à l'idée, c'est aussi que chaque artiste interroge son propre médium
03:10 et essaye de comprendre comment il peut le démultiplier pour le rendre accessible à chacun.
03:14 Le batteur n'est pas celui qui jouera forcément de la batterie le jour où il viendrait.
03:18 - D'accord. Vous vous appuyez aussi sur des images, il y a des photographes qui peuvent éventuellement intervenir,
03:23 sur des accessoires, pour ceux qui nous regardent sur France 3,
03:26 on voit des images par exemple de quelqu'un avec ses restaurants,
03:28 c'en est pas une, mais un peu une couverture de survie, enfin une couverture dorée,
03:32 donc vous vous appuyez sur des accessoires aussi par exemple ?
03:34 - Sur tout ce qu'il peut faire. Alors ça c'est plutôt le travail des plasticiens et des plasticiennes,
03:38 mais effectivement c'est surtout ce qui peut être utile pour, soit à un moment,
03:42 récupérer aussi un peu d'intimité, des fois, la couverture, les espaces comme ça,
03:47 sont un peu l'idée aussi de pouvoir trouver une façon de rester cohérent dans le groupe
03:52 tout en étant un peu plus dans sa propre pratique.
03:57 - Et alors, Mathias Beller, il se passe quoi du coup ?
04:01 - C'est à venir voir absolument.
04:04 Il se passe que, l'idée pour nous, elle était assez simple,
04:08 c'est comment on peut créer du langage, comment on peut parler ensemble,
04:11 en intégrant totalement la singularité de chacun.
04:17 - Le son, la musique, l'image, permet justement ce dialogue qui dans,
04:22 de façon courante, dans la vie de tous les jours est plus compliqué,
04:25 avec des personnes souffrant de troubles autistiques, c'est ça aussi un peu l'idée ?
04:29 - En tout cas ce sont des outils qu'on essaye de rendre accessibles
04:32 et qui effectivement nous permettent à nous de comprendre un petit peu ce qu'on essaye de nous dire.
04:37 Parce que le travail il se fait souvent dans ce sens-là.
04:39 - Alors voilà, parce que j'imagine qu'il y a une vertu thérapeutique à cette expérience,
04:45 mais la thérapie elle n'est pas forcément pour ceux qu'on croit, si j'ai bien compris.
04:49 - Je pense que nous on n'est absolument pas dans l'art-thérapie,
04:54 on n'est absolument pas dans l'atelier d'expression,
04:56 - C'est pas votre ambition de départ.
04:57 - C'est ni l'ambition, ni la...
04:59 - Votre ambition elle est d'abord artistique, il faut le dire.
05:01 - Elle est uniquement artistique, il se trouve que effectivement si thérapie il y a,
05:06 elle est pour nous, c'est comment effectivement nous progressons.
05:09 Nous artistes, comment on progresse dans nos médiums
05:12 pour arriver à s'exprimer le plus précisément possible
05:15 à des gens qui effectivement ne sont pas dans une compréhension immédiate,
05:18 ou en tout cas classique et traditionnelle.
05:20 - Mais pour les personnes qui elles souffrent de troubles autistiques,
05:23 et on sait qu'il y a plusieurs degrés,
05:25 - Il y a un spectre, on parle de spectre.
05:28 - On parle de spectre absolument.
05:30 - Je veux dire, ça leur apporte quoi concrètement quand même ?
05:33 - Ça leur apporte quelque chose ?
05:35 - Alors on travaille depuis le début avec un établissement qui s'appelle Tentative,
05:39 qui est situé à Saint-Hyppolyte-du-Fort,
05:41 - Dans le Gard, oui.
05:42 - Effectivement dans le Gard, et le directeur est un...
05:45 alors pour ceux qui connaissent, a travaillé avec Fernand Deligny,
05:48 et effectivement la seule chose qu'il nous a dit, c'est s'ils viennent,
05:52 c'est qu'ils sont d'accord avec le principe.
05:55 On est effectivement sur des personnes du spectre autistique
05:58 qui sont non-verbalisants.
06:00 - Non-verbalisants, c'est-à-dire qu'ils ne communiquent pas ?
06:02 - Ils ne parlent pas.
06:03 - Ah oui, ils ne parlent pas.
06:04 - Parler, il y a d'autres systèmes de communication.
06:07 - Bien sûr, bien sûr, mais ils ne parlent pas.
06:09 - Ils ne parlent pas, mais par contre leur simple présence atteste
06:12 de leur envie et de leur nécessité de venir.
06:15 - Et cette communication du coup, s'ils ne parlent pas, elle s'effectue comment ?
06:18 - Beaucoup par le corps,
06:20 par un travail corporel, par un travail d'écoute,
06:24 par un travail de regard, et un travail progressivement participatif.
06:28 Effectivement, quand quelqu'un tout d'un coup quitte son mutisme
06:32 et son immobilité pour venir participer à une proposition qui est en cours,
06:38 pour nous, c'est le démarrage.
06:42 - Oui, alors ces performances, vous ne les effectuez fort heureusement pour nous,
06:45 pas que dans le Gard ?
06:46 - Non.
06:47 - Puisqu'à partir de jeudi, vous investissez donc les AT, la Bulle Bleue ?
06:52 - Qui est un partenaire, qui a été le premier partenaire,
06:55 un des premiers partenaires, évident.
06:57 - Alors, on va rappeler que c'est un établissement et service d'aide par le travail,
07:01 et la particularité de la Bulle Bleue, c'est que c'est aussi un espace de création artistique
07:07 animé par des comédiens et des techniciens souffrant eux-mêmes de troubles autistiques.
07:11 Donc c'était vraiment l'endroit idéal pour ça.
07:13 - Alors de troubles autistiques et autres handicaps,
07:16 c'est des personnes en situation de handicap,
07:18 effectivement il y a une compagnie permanente d'une douzaine de comédiens,
07:21 j'espère que je n'en oublie pas.
07:23 C'est effectivement un lieu et un espace qui est inespéré pour nous.
07:29 - Et donc vous êtes à partir de jeudi, ça va durer 3 jours, c'est quoi le programme alors ?
07:33 - On y est à partir d'aujourd'hui, parce qu'on a tout un travail pour ça.
07:36 - Mais pour le public, c'est à partir de jeudi je crois ?
07:39 - À partir de jeudi 14h, alors la date de jeudi est déjà pleine,
07:42 donc pensez à réserver sur le site de labullebleu.fr, ça sera le plus simple.
07:47 Mais effectivement, à quoi va assister le public ?
07:51 Pasolini disait "le spectateur est responsable à 80% du spectacle qu'il va voir"
07:56 donc il va assister à ce qu'il voudra assister.
08:00 Et vraiment j'insiste là-dessus, c'est quelque chose où on ne va pas forcer les gens,
08:04 je parlais de la notion de spectateur,
08:06 il y a la possibilité de se mettre à l'écart, mais de rester dans un regard actif.
08:11 - Alors on peut ne pas participer ?
08:12 Il y a des gens qui n'ont peut-être pas forcément envie ?
08:15 - Non, on sera obligé de participer si on rentre dedans, mais pas physiquement.
08:21 On peut participer en étant un regard attentif.
08:24 - Ah, ça aussi c'est une façon de communiquer.
08:27 - C'est une façon de communiquer, on termine tous ces moments de performance
08:31 par un temps de discussion ouvert où chacun a la parole et doit parler.
08:37 - Bon jeudi c'est complet, vendredi peut-être pas.
08:39 - Vendredi 14h c'est complet, 20h n'est pas complet.
08:42 - Ah, parce qu'il y a plusieurs séances.
08:44 Il y a deux séances vendredi, une à 20h, une à 14h, une à 14h, une à 20h.
08:48 - Et samedi, il se passe quoi ?
08:49 - Alors samedi c'est un peu spécifique, on va vers un aspect plus performatif là pour le coup,
08:54 où effectivement il y a un live vidéo, son et texte mené par Cyril Loukournais qui est vidéaste,
09:05 Mélen et Anthony qui sont deux comédiens de La Bulle Bleue et de Les Zad Kennedy,
09:10 mais j'ai pas le temps d'expliquer trop la différence, et je serai au son.
09:14 Ça c'est à 17h30, il y a une ouverture aussi de l'espace d'exposition,
09:19 parce qu'il y a une exposition de toutes les traces des huit précédentes résidences,
09:23 et à 19h je crois il y a un concert de Post Coitum qui sont les deux musiciens
09:29 qui nous accompagnent également, et on finira en buvant un verre.
09:33 - Et quand on participe à une expérience comme ça, on en ressort transformé quelque part ?
09:38 En tout cas le regard a changé aussi ?
09:40 - Moi j'aime bien la notion de bouleversement en ce moment,
09:43 j'ai appris que quand on était bouleversé, l'ADN était modifié.
09:47 - Bon, on s'arrêtera là-dessus. Merci Mathias Beller de la compagnie Montpellier Rennes,
09:51 nu collectif, nu pourquoi nu ?
09:53 - Nos urgences, et autres.
09:56 - Merci d'être venu ce matin dans le 6/9 pour nous parler de ce laboratoire nomade de création collaborative.