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La maison Chapoutier va supprimer petit à petit les capsules en aluminium sur ses bouteilles de vin pour les remplacer par des "bandules" en papier : solution plus écologique et qui permettra aussi de faire des économies.

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Transcription
00:00 Même de l'autre côté de la planète, nous sommes proches de vous.
00:03 Le 6/9, France Bleu Dromardèche.
00:06 7h44, et si on arrêtait d'imposer des capsules en alus sur les bouteilles de vin,
00:10 on reçoit ce matin Michel Chapoutier, le célèbre viticulteur de Talamitage
00:14 et président de l'union des Maisons et Marques de Vin.
00:17 Bonjour Michel Chapoutier.
00:19 Bonjour.
00:19 Vous ne voulez plus d'aluminium sur vos bouteilles, pourquoi ?
00:24 C'est une réflexion qu'on a menée, qui est dans une logique RSE, une logique bilan carbone.
00:29 Quand vous regardez le surcapsulage en aluminium, c'est lourd, c'est beaucoup de logique carbone gaspillée.
00:38 Les origines, on ne sait pas d'où ils viennent, mais souvent ça peut venir de loin.
00:43 Alors que finalement, quand on réfléchit, le surcapsulage, ce qu'on appelle la capsule,
00:49 elle a pour but ou d'imposer la Marianne, qui est cette taxe d'assises française,
00:54 ou un côté esthétique, au bout d'un moment l'esthétique doit être aussi vertueuse, donc on peut la faire évoluer.
01:00 Vous allez la remplacer par quoi cet aluminium ?
01:03 Alors par la bandule.
01:05 C'est un mot qu'on a inventé, qui est la contraction de bandelettes et de capsules.
01:12 Et donc c'est un papier, on avait vu ça, c'est les taxorusses qui nous ont fait penser à ça.
01:19 C'est une petite bandelette que l'on met sur le bouchon, en-dessus du bouchon,
01:24 qui permettrait d'imposer la capsule congée,
01:27 et pour certains pays qui ne veulent pas avoir le bouchon à nu, ça permet de laisser quelque chose posé sur le bouchon.
01:34 La bandule franchement, c'est suffisamment chic pour vos vins ?
01:38 Pour des vins chapoutiers ? Quand on achète du chapoutier, on achète aussi une marque, on achète du prestige,
01:42 le papier c'est pas très chic ?
01:45 Je pense qu'il y a tout un tas de principes qu'il va falloir revisiter,
01:49 parce que le chic qui a des bilans carbone extravagants,
01:54 il doit être à mon avis revu sur nos très haut de gamme, on a mis de la cire,
01:59 et je pense que petit à petit les gens vont accepter, comme ils ont commencé à accepter, des bouteilles plus légères,
02:03 parce que souvent les vins très chers étaient sur des bouteilles lourdes,
02:06 ce qui était une ineptie au niveau bilan carbone.
02:08 La loi l'autorise en tout cas cette bandule ?
02:10 Alors, il n'y a rien qui s'y opposera, bien entendu.
02:13 Normalement la DGDDI devrait donner sans problème,
02:18 mais de toute façon je rappelle qu'on n'est pas obligé de mettre la mariane sur la capsule,
02:24 aujourd'hui il y a des documents d'accompagnement qui sont assez simples à mettre en place.
02:27 À partir de quand les premières bouteilles sans aluminium chez vous ?
02:30 Normalement début d'année, on va travailler sur notre gamme biodynamique,
02:37 puis après la gamme bio, donc ça va aller assez vite.
02:40 Il fallait travailler le principe de cette bandule, il fallait travailler la machine,
02:43 proposer avoir une machine qui était assez compétitive,
02:47 et qui pouvait être mise en place pour beaucoup de personnes,
02:51 parce qu'on ne voudrait pas être les seuls à le faire.
02:53 Vous savez combien de tonnes ça va permettre d'économiser d'aluminium chez vous,
02:56 pour une maison comme la vôtre ?
02:58 Alors, quelques tonnes, ça c'est sûr.
03:01 L'exactitude on ne l'a pas encore.
03:04 Quelques tonnes en tout cas.
03:05 Ah oui, quelques tonnes c'est certain.
03:06 C'est quelques camions, quelques semi-remorques par an qui viennent nous livrer ces capsules.
03:10 En plus, avec un comportement des capsuliers qui ont fait des augmentations assez extravagantes,
03:15 et qui le délai de livraison de 4-5 semaines est passé à 6 mois.
03:20 Alors, j'allais vous le dire, il y a l'aspect écologique,
03:22 mais il y a aussi l'aspect économique, ça coûte plus cher l'aluminium,
03:25 ça a beaucoup augmenté ou pas ?
03:26 Oui, ça coûte plus cher, et le principe d'être obligé d'acheter ces capsules en France pour la Marianne,
03:34 ça fait que les capsuliers français ont un petit peu profité de la situation ces dernières années.
03:40 Même s'ils essayent de revenir, parce qu'ils se rendent compte que
03:43 si on ne peut pas remplacer facilement le verre, on peut facilement remplacer l'aluminium par du papier.
03:47 Michel Chapoutier, environ 5000 vignerons ont manifesté samedi dans l'Aude
03:51 pour parler des difficultés de la filière.
03:53 Ils parlent de problèmes d'importation, des prix sur lesquels on ne peut pas s'aligner.
03:57 Nous, dans la vallée du Rhône, on est un peu protégé de ça ou pas ?
04:02 Alors, il faut remettre un petit peu le contexte économique.
04:07 Moi, quand j'ai commencé, je vais avoir 60 ans,
04:09 quand j'ai commencé dans ma carrière, on était à 100 litres de vin par tête d'habitant et par an.
04:14 Aujourd'hui, on est à 27.
04:15 C'est-à-dire que le vin qu'on a connu à l'époque de nos grands-parents,
04:18 que l'on buvait à table aujourd'hui, le vin boisson n'existe plus, c'est un vin culture.
04:22 Ça veut dire que les vins entrée de gamme sont challengés,
04:26 c'est-à-dire qu'il y a une désertion de la consommation.
04:28 Le problème que nous avons, est-ce qu'il y a un problème de la désertion de la consommation des vins rouges ?
04:33 Très probablement, parce qu'on n'a pas la même observation sur les vins blancs et les vins rosés.
04:40 Une des raisons, alors, mon interprétation personnelle, mais qui me va bien,
04:43 c'est qu'aujourd'hui, nos nouveaux consommateurs ne veulent pas boire en entrée de gamme des vins rouges
04:50 parce qu'on ne sait pas les boire frais.
04:52 Et donc, c'est pour ça que j'aime bien rappeler ça,
04:55 parce que je pense que le constat d'échec que nous avons aujourd'hui, ce n'est pas un constat définitif.
05:00 Je pense qu'il faut simplement réadapter nos produits.
05:03 Vous voyez, que boivent les jeunes ?
05:06 De la bière, des effervescents, des blancs, des rosés, tout ça, ça va en glace.
05:11 Le rouge, on va le mettre... Ah mais non, tu ne vas pas mettre un rouge en glace !
05:14 Je vais prendre juste deux exemples.
05:15 L'Alsace, qui fait un Pinot noir qu'on met en glace, ils n'ont pas assez de rouge.
05:19 Donc, on ne peut pas dire qu'il y a une déconsommation de vins rouges.
05:21 Est-ce qu'en cru, il faut comprendre que la Vallée du Rhône travaille peut-être un peu mieux
05:26 que les vignerons du Sud et que donc on est protégé de tout ça ?
05:30 C'est des vins, en tout cas, d'une gamme différente.
05:32 C'est-à-dire qu'on est protégé parce que, si vous voulez, c'est les entrées de gamme qui sont en train.
05:37 Mais cet effet domino, il faut être attentif.
05:39 Le nord de la Vallée du Rhône se porte très bien parce qu'on est dans des crus.
05:42 Et quand on regarde les courbes de consommation,
05:44 la personne qui va sur les vins de cru sont des personnes un peu plus érudies, un peu plus passionnées.
05:50 Et donc, ça les dérange moins de déguster des vins un peu plus chauds.
05:54 Mais le côté plus volumétrique des entrées de gamme ne correspond de moins en moins à la demande du marché.
06:01 Vous parlez du nord de la Vallée du Rhône.
06:03 Le sud, il faut commencer à s'inquiéter ou pas du tout ?
06:06 Le sud, il y a quand même eu quelques distillations.
06:08 Et j'allais dire que si je reprends mon raisonnement sur revenir sur des vins un peu plus style claret,
06:14 dans ces dernières années, ces 20 dernières années, on a voulu faire des vins de plus en plus concentrés.
06:18 On a vu le degré d'alcool avec l'évolution du climat naturellement monter.
06:22 Le type de vin que l'on faisait, surtout sur les entrées de gamme, à mon avis, doit être réfléchi.
06:28 Quand je vois dans les régions du sud de Rome, où il y a eu certaines distillations,
06:31 donc des problèmes de commercialisation,
06:33 d'un autre côté, ils ont des terroirs qui correspondent exactement aux vins qui vont être demandés demain.
06:40 Donc c'est pour ça qu'il faut rester optimiste.
06:42 Et du vin à consommer toujours avec modération, on le rappelle évidemment.
06:45 - Merci à vous Michel Chapoutier, on attend vos premières bouteilles avec ces fameuses bandules que vous avez inventées l'année prochaine.
06:51 - Juste ce que je voulais dire sur les bandules, la recherche que la Maison Chapoutier a fait sera mise à disposition gratuite de tous les autres vignerons,
06:58 s'ils veulent acheter des machines et avoir tous ces systèmes-là.
07:01 - Comme vous l'avez fait pour les étiquettes en braille d'ailleurs.
07:03 - Exactement.
07:04 - Michel Chapoutier, président de l'union des maisons et Marc Devin, merci à vous et passez une bonne journée.
07:09 - Merci.
07:09 écoutez sans modération sur francebleu.fr 8h - 10h

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