Christian Nagearaffe, producteur de noix de Grenoble à Montmiral dans le nord Drôme, a été élu à la tête du nouvel organisme qui a bien l'intention de se faire entendre auprès du ministère de l'agriculture.
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00:00Ici Dromardèche
00:01Il est 8h moins le quart, Emmanuel Champal, les producteurs de noix veulent mieux faire entendre leur voix.
00:07On en parle donc avec notre invité.
00:09Bonjour Christian Najaraf.
00:10Bonjour Emmanuel, bonjour Philippe.
00:12Producteur à Montmiral, dans le Nord-Rome, président du comité interprofessionnel de la noix de Grenoble
00:17et donc nouveau président de l'appellation Association Nationale Noix de France.
00:22On va y revenir, mais juste avant quand même la noix de Grenoble, la saison se termine, ça s'est passé comment ?
00:27Alors la saison s'est relativement bien passée, on avait un très beau potentiel.
00:32Par contre, comme beaucoup de cultures, le climat ne nous a pas aidé, donc la qualité était très moyenne.
00:36Ce qui a fait pas mal des carteries, donc ça a baissé la quantité globale.
00:40Mais dans l'ensemble, ça ne s'est pas trop mal passé.
00:42Les ventes se sont faites, donc on n'a plus de stock.
00:45Ça c'est une très bonne nouvelle avec l'année 2022 qu'on a passé, où on avait énormément de stock.
00:51Les prix sont aussi bien remontés par rapport à l'énorme baisse que l'on avait eue.
00:54Donc ça permet de remettre un petit peu à l'équilibre les exploitations.
00:58Une bonne année donc pour les 650 producteurs de noix de Grenoble, dont 150 environ dans la Drôme.
01:04L'Association Nationale Noix de France vient donc par-dessus désormais,
01:09puisqu'elle regroupe toutes les appellations et tous les producteurs de France.
01:13C'est quoi cette association ? Pourquoi vous l'avez voulu ?
01:15Alors en fait, c'est quelque chose qui se fait dans les autres filières.
01:19On a été une des rares filières à ne pas être organisée au niveau national en fait.
01:22Et ça, c'était un manque qui a été criant en 2022 avec la crise.
01:27En fait, quand on est allé voir le ministère, clairement on avait très peu de chiffres,
01:33à part les données consolidées des AOP, des deux appellations d'origine protégée.
01:37Donc voilà, ce n'était pas évident pour faire remonter nos besoins
01:42et ce dont il nous fallait pour passer la crise.
01:46Et donc, c'est de là que l'idée s'est germée de dire, il faut qu'on fasse une association nationale de producteurs de noix,
01:53justement pour peser au niveau français, pour se faire entendre dans les instances
01:57et faire entendre notre voix et nos besoins en fait pour la filière.
02:01Aujourd'hui, vous les représentez tous ces producteurs.
02:03Alors, ceux qui font de la noix de Grenoble, on les connaît bien ici, chez nous.
02:06Il y a la noix du Périgord.
02:08Il y a d'autres producteurs ailleurs en France ?
02:09Bien sûr.
02:10Des pôles importants ?
02:11Alors, en fait, il n'y a même pas besoin d'aller très loin.
02:14Si on reste dans la Drôme, le Diwa, les Baronis ne font pas partie de la zone d'appellation noix de Grenoble
02:18et ces producteurs-là, en fait, n'étaient pas représentés à travers les appellations.
02:22Donc, sans aller très loin, on en a.
02:24Après, on en a aussi dans le Val-de-Loire, on en a dans l'Aveyron.
02:27Voilà, c'est des petites productions dans ces régions,
02:30mais c'est de la même façon que ceux qui ne sont pas en appellation.
02:34Voilà, ces gens-là n'étaient pas représentés.
02:36Donc, on va essayer de les représenter au mieux et de représenter surtout la noix française.
02:40Christian Nagarab, dans votre rôle de président de l'Association Nationale de France,
02:44vous dites qu'on veut mieux se faire entendre auprès du ministère.
02:48Aujourd'hui, les producteurs étaient inaudibles ?
02:51Tout à fait.
02:52On n'était pas dans les instances, donc on n'était pas dans les tours de table.
02:54C'est-à-dire que si quelqu'un avait la bonne idée de penser à nous,
02:59on nous intégrait dans des décisions prises, sinon on nous oubliait.
03:05Alors, une chose très simple et qui nous touche beaucoup,
03:07c'est les produits phytosanitaires,
03:11où quand on demande, par exemple, une dérogation pour un produit en bio,
03:14on est obligé de passer par d'autres structures pour demander,
03:16alors que là, on pourra passer en direct et se faire entendre beaucoup mieux
03:19en étayant nos demandes.
03:21Quand on s'est eu au téléphone pour préparer cet entretien,
03:24vous m'avez dit, et puis il ne faut pas oublier qu'en termes de taille de verger,
03:29la noix, ce n'est pas n'importe quoi aujourd'hui.
03:31Et oui, peu de gens le savent, on est le deuxième verger en France
03:33en termes de surface derrière la pomme.
03:35Donc voilà, c'était un peu incohérent
03:37qu'on ne soit pas représenté au niveau national.
03:40On a beaucoup entendu parler ces derniers jours
03:42des nouvelles taxes Trump aux Etats-Unis.
03:47Beaucoup d'exploitants agricoles se sont dit inquiets.
03:50Pour vous, la noix de Grenoble, c'est une inquiétude ou pas ?
03:53Ces taxes qui ont été mis en pause,
03:55mais qui vont reprendre probablement d'ici trois mois.
03:57Alors, si on regarde les choses de manière un peu lointaine,
04:00on peut se dire, ben non, on n'est pas concerné.
04:01En fait, on n'exporte pas le noix aux Etats-Unis,
04:04donc on est peu concerné.
04:06Sauf que quand on y regarde de plus près,
04:08indirectement par ricochet, oui, on va être concerné en fait.
04:11En fait, ce qu'il faut savoir, c'est que les Etats-Unis
04:13exportent en Europe avec des droits de douane de 4%.
04:17Donc nous, nous n'exportons pas de noix aux Etats-Unis,
04:20mais par contre, les droits de douane sont autour de 20-25%.
04:22Donc si on voulait y aller, ça serait déjà plus cher.
04:25Et l'autre élément, en fait, c'est la Chine qui nous inquiète beaucoup.
04:27Les Etats-Unis exportent en Chine de la noix.
04:30Et donc, avec tout ce que vous voyez actuellement,
04:32dans l'actualité par rapport à la Chine,
04:34la Chine est un marché qui va se fermer pour les Etats-Unis.
04:37Et ces noix qui étaient exportées en Chine,
04:40du coup, par ricochet,
04:41le marché européen va devenir très attractif pour les Etats-Unis.
04:44Et le risque pour nous, c'est que les exportations
04:47vers des pays comme la Chine,
04:48qui mettent en place des mesures de rétorsion,
04:50se réorientent sur le marché européen
04:52et viennent mettre à mal notre filière française.
04:54Une vraie nouvelle concurrence qui arriverait, indirectement ?
04:56Alors, elle y était déjà, la concurrence.
04:58Sauf qu'elle y était avec des règles à peu près équilibrées.
05:01Demain, si c'est des volumes conséquents,
05:06ils vont inonder le marché.
05:07Et on connaît très bien les Américains sur ces sujets-là.
05:10Ils sont prêts à baisser des prix pour passer des volumes,
05:13quand ils ont des volumes à passer.
05:14De la noix américaine qui arriverait chez nous,
05:17avec des taxes à 4 %,
05:18c'est un sujet que vous voulez aborder aussi avec le ministère, ça ?
05:20Bien sûr, tout à fait.
05:21Là, nous sommes en train de rédiger un courrier commun,
05:23les deux appellations d'origine et l'association nationale,
05:27justement, pour appuyer en ce sens au ministère,
05:29mais aussi auprès des parlementaires et députés européens.
05:32Christian Najaraf, le président du comité de la noix de Grenoble
05:36et président de la toute nouvelle association nationale noix de France,
05:40qui regarde de près ce qui se passe aussi de l'autre côté de l'Atlantique.
05:44C'est important.
05:44Merci à vous, passez une bonne journée.
05:46Merci à vous.