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00:00 A 7h46, on parle d'un fléau TOH qui concerne des centaines de milliers de femmes en France,
00:05 les violences conjugales.
00:06 Et un fléau qui ne diminue pas près de 245 000 victimes en 2022.
00:11 87% sont des femmes et l'ISER ne fait pas exception.
00:15 Même si des systèmes sont en place, on va le voir, le gouvernement annonce aussi une
00:19 aide de 600 euros pour aider les femmes à quitter le domicile conjugal.
00:23 Si vous souhaitez témoigner, vous êtes bien sûr bienvenu et répondre aussi à ces questions
00:28 que l'on se pose.
00:29 Si tout ça est efficace et qu'il y a avec toutes ces annonces des choses qui changent,
00:33 vous nous appelez 0476 46 45 45.
00:36 On vous assure qu'on vous accueillera avec toute la gentillesse et toute l'empathie possible
00:40 pour vous permettre de témoigner dans de bonnes conditions.
00:42 Et on en parle avec notre invitée ce matin, Sarah Mercato, bonjour.
00:45 Bonjour.
00:46 Merci d'être avec nous ce matin.
00:48 Vous êtes déléguée aux droits des femmes et à l'égalité à la préfecture de l'ISER.
00:51 Je le disais en introduction, les violences conjugales ne baissent pas, les déclarations
00:55 augmentent, plus 15% l'an dernier.
00:58 Alors, est-ce que vous voyez le verre à moitié vide ou à moitié plein ? S'il y a plus
01:02 de déclarations, c'est qu'il y a aussi plus de plaintes.
01:04 Oui, alors à moitié plein, bien évidemment.
01:07 L'ISER, vous le disiez, ne fait pas exception.
01:10 On a aussi cette augmentation.
01:12 On est sur les mêmes tendances.
01:13 On est sur les mêmes tendances.
01:14 On a une augmentation d'environ 13,7%.
01:16 On est un tout petit peu en deçà de la tendance nationale en ISER sur l'augmentation du nombre
01:21 de victimes en 2022.
01:23 On a à peu près 5800 victimes qui ont été identifiées par les services de police et
01:29 de gendarmerie.
01:30 Donc oui, le verre à moitié plein parce qu'aujourd'hui, les femmes osent parler, osent dénoncer les
01:35 violences qu'elles ont subies.
01:37 Et donc, je pense que c'est une bonne chose.
01:38 Il y a une libération de la parole, vous en parliez, et je pense qu'il y a surtout une
01:43 libération de l'écoute.
01:44 De l'écoute avec des formations.
01:46 Dans les commissariats notamment.
01:47 Exactement.
01:48 On met vraiment...
01:49 Il y a un accent qui a été mis en ISER sur la formation.
01:52 La formation des policiers, des gendarmes à la prise de plainte.
01:56 La formation des enquêteurs spécialisés qui ont vu également leurs moyens, leurs
01:59 effectifs augmenter.
02:00 On a aussi des enquêtes qui sont menées, des poursuites par le parquet, beaucoup plus
02:08 fréquentes.
02:09 Donc on peut se réjouir.
02:10 Paradoxalement, ce chiffre augmente et ça peut être surprenant de se réjouir de cette
02:14 augmentation.
02:15 Mais je pense qu'il est synonyme du fait que l'État prend vraiment en considération ce
02:20 qui se passe.
02:21 C'est la preuve concrète de la libération de la parole.
02:22 C'est la preuve concrète de la libération de la parole et justement de l'écoute qui
02:27 a été mise en place.
02:28 Et du fait qu'aujourd'hui, quand une femme dénonce ses violences, elle est prise en
02:33 charge immédiatement par les services de l'État, par les associations qui voient aussi
02:37 leurs moyens augmenter depuis 2018, depuis le Grenelle.
02:40 On va revenir sur les moyens dans un instant.
02:42 J'aimerais d'abord vous faire entendre Alice Santin-Janin.
02:44 Elle est membre de l'association ISEROISE Solidarité Femmes Miléna.
02:48 Écoutez.
02:49 Une des raisons pour lesquelles elle n'arrive pas à s'en sortir, c'est aussi l'indépendance
02:53 financière.
02:54 Donc en fait, quand les femmes viennent nous voir, c'est aussi un frein à ce qu'elles
02:58 puissent sortir des violences.
03:00 C'est cette indépendance financière.
03:02 C'est en effet un premier pas.
03:04 Elle parle de l'aide annoncée hier par Aurore Berger, la ministre des Solidarités.
03:08 600 euros minimum pour aider les femmes victimes à tenir financièrement loin du domicile
03:13 conjugal.
03:14 Est-ce que c'est vraiment l'argent qui pose problème dans ces situations-là ? On sait
03:18 qu'il y a aussi une emprise qui est très forte.
03:20 Oui, alors évidemment, l'argent est un frein au fait que les femmes puissent quitter leur
03:26 domicile quand on n'a pas de ressources ou peu de ressources.
03:28 C'est beaucoup plus compliqué de quitter le domicile familial, conjugal.
03:33 En revanche, comme vous le disiez très justement, je pense que le principal frein aujourd'hui,
03:37 c'est quand même l'emprise.
03:38 L'emprise parce que les violences conjugales touchent toutes les classes sociales, tous
03:42 les milieux et même les femmes les plus aisées, si je puis dire, sur le plan financier.
03:46 Les femmes médecins ou femmes d'ouvriers, elles ont le risque de violences elles-mêmes.
03:50 La libération et le fait d'arriver à sortir des violences conjugales, c'est avant tout
03:58 un travail sur l'emprise.
03:59 Mais bien évidemment, les questions financières et les conditions financières et matérielles
04:03 dans lesquelles évoluent les femmes sont un frein aussi, sont à considérer également
04:08 pour arriver à dénoncer et à quitter.
04:11 En moyenne, c'est 7 allers-retours.
04:13 C'est ce que j'allais dire, souvent la première fois que la femme part n'est pas la bonne
04:18 entre guillemets, il y a des allers-retours, 7 en moyenne.
04:21 7 allers-retours en moyenne avant de quitter définitivement le domicile conjugal.
04:26 Donc on voit bien que c'est un problème, c'est vraiment le problème de l'emprise
04:30 principalement qu'il faut déjà résoudre.
04:32 Et ensuite, évidemment, cette aide financière fera du bien aux personnes qui sont avec peu
04:38 ou pas de ressources.
04:39 - Ne vous hésitez pas à nous appeler, il est 7h51, notre invité ce matin c'est Sarah
04:44 Marcato, déléguée au droit des femmes et à l'égalité à la préfecture de l'Isère.
04:47 Et vous pouvez, bien sûr, si vous en sentez la force, nous appeler au 04 76 46 45 45 pour
04:54 nous raconter et témoigner justement sur cette situation.
04:57 On parle de violences conjugales ce matin.
04:59 - Sarah Marcato, ces aides, elles sont une bonne nouvelle, les associations le disent,
05:03 mais elles disent aussi que c'est loin d'être suffisant.
05:05 Elles réclament davantage de moyens pour elles, car elles sont saturées.
05:09 Ecoutez Anne Angotti, elle est médecin responsable de la maison des femmes à Grenoble.
05:14 - On est tous et toutes à saturation et une saturation qui fait écho aussi à la saturation
05:19 des services de police et gendarmerie sur le sujet.
05:21 La liste d'attente, elle était à peu près à 70 personnes quand on l'a fermée en septembre.
05:27 Là, j'ai réussi à la descendre à 37 personnes.
05:30 - Une liste d'attente pour les femmes victimes de violences, c'est quand même terrible quand
05:35 une femme est victime, elle doit attendre qu'une place se libère avant d'être aidée.
05:40 Votre réaction Sarah Marcato ?
05:42 - Oui, c'est terrible.
05:43 On aimerait pouvoir prendre en charge immédiatement toutes les personnes qui se présentent aux
05:46 portes de nos associations.
05:47 Alors juste vous rappelez que les moyens mis en place par l'État en Isère, c'est à peu
05:51 près 3 millions en 2023 sur cette thématique.
05:55 On soutient les associations que vous avez citées, Solidarité Femmes Milena, le Rialto
06:00 Issue de Secours, la Maison des Femmes, pour accompagner ces femmes victimes de violences.
06:05 - Mais visiblement, elles sont saturées.
06:06 - Les moyens augmentent et ils sont en constante augmentation.
06:10 On a 15% de budget supplémentaire en 2023, ce qui n'est pas négligeable.
06:13 - Ce qui est autant, on l'a vu, que la hausse des déclarations.
06:16 - Voilà, alors évidemment, les moyens n'augmentent peut-être pas.
06:21 On a un accroissement des activités, des associations, parce que ces femmes aujourd'hui osent de
06:28 plus en plus parler.
06:29 Moi, je travaille de manière très très étroite avec ces associations-là.
06:32 On essaye évidemment de prioriser les situations.
06:36 Les situations les plus graves, normalement, sont quand même prises en charge.
06:38 Il y a un relais, il y a une coordination qui est faite entre les différentes structures
06:42 pour que quand l'une ne peut pas recevoir une femme, on arrive quand même à trouver
06:47 des relais.
06:48 Évidemment, effectivement, il y a encore des femmes qui sont sur liste d'attente et
06:52 c'est regrettable.
06:53 Mais en tout cas, on travaille vraiment à exploser cette liste d'attente et en donnant
06:57 des moyens supplémentaires aussi aux associations.
06:59 C'est ce que je cherche à faire et ce que l'État cherche à faire systématiquement.
07:05 - On parle depuis tout à l'heure d'aider les femmes à quitter le domicile conjugal,
07:08 mais il y a un autre versant aussi, c'est de faire partir les hommes du domicile conjugal.
07:13 Il y a à Vienne un centre de prise en charge des auteurs de violences conjugales qui a
07:17 ouvert il y a un peu plus d'un an.
07:18 On en est où aujourd'hui ?
07:19 - Alors oui, comme vous le dites très justement, le fait que la prise en charge des auteurs
07:26 consultera peut-être aussi de désengorger les dispositifs à destination des victimes.
07:34 Le centre de prise en charge des auteurs de Vienne a ouvert en mars 2022.
07:38 Il a pris en charge une quarantaine de situations sur l'année 2023.
07:44 Ce n'est pas la seule structure à prendre en charge des auteurs.
07:48 On a aussi une association qui s'appelle le CODAS et qui travaille plutôt sur l'agglomération
07:54 grenobloise qui a pris en charge aussi une centaine...
07:56 - Ils sont spécialisés dans l'aide sociale et la protection de l'enfance notamment ?
07:58 - Non, ça c'est son cœur de métier et depuis 2022 ils sont allés aussi sur la prise en
08:04 charge des auteurs.
08:05 - Les hommes violents, d'accord.
08:06 - Et donc on a au total sur le département de l'ISER à peu près 150 auteurs qui sont
08:13 pris en charge et on travaille notamment...
08:15 - Et ça augmente ce chiffre-là ?
08:16 - Oui, ce chiffre augmente.
08:17 Ce chiffre augmente, c'est une politique publique qui est assez récente, la prise en charge
08:20 des auteurs.
08:21 Pendant longtemps on a pris en charge les victimes et c'était vraiment la priorité absolue.
08:25 Il faut continuer à le faire, il faut continuer à protéger les victimes mais évidemment
08:28 il faut aussi aller vers cette prise en charge des auteurs et donc on a aussi un projet avec
08:35 le tribunal de Grenoble, il y a un vrai projet de juridiction au niveau du tribunal de Grenoble
08:40 sur la prise en charge des auteurs.
08:41 Je travaille ça avec la présidente du tribunal judiciaire pour aller justement vers le déploiement
08:46 d'un dispositif d'envergure départementale sur la prise en charge des auteurs.
08:49 - Vous parlez des moyens judiciaires, la justice peut aussi décider d'octroyer des téléphones
08:54 graves dangers, des bracelets anti-rapprochement aussi.
08:57 Il y a eu une augmentation mais elle est très légère, 7 téléphones graves dangers en
09:01 un an de plus pour le tribunal de Grenoble, est-ce que c'est suffisant ?
09:05 - Ça paraît peu, il faut peut-être rappeler le chiffre global, c'est 65 téléphones graves
09:11 dangers sur l'ensemble du territoire du département qui ont été déployés en 2022, donc c'est
09:15 un chiffre qui est assez important.
09:16 Ces téléphones graves dangers c'est vraiment une mesure de protection des femmes victimes
09:23 qui peut être déployée en pré-sententiel comme en post-sententiel, qui est décidée
09:27 par le parquet après une analyse de la situation et les situations les plus graves, ça a des
09:31 résultats vraiment véritablement prouvés.
09:34 Aujourd'hui on sait que les femmes se saisissent de dispositifs et qu'il y a des résultats.
09:41 - Et que les règles sont respectées par les auteurs, notamment de mise à distance.
09:43 - Exactement, donc c'est des dispositifs qu'il faut encore développer mais qui aujourd'hui
09:47 sont quand même très présents sur le territoire du département et on a des procureurs qui
09:54 n'hésitent pas à prononcer ce type de mesures.
09:57 - Merci beaucoup Sarah Marcato d'avoir été notre invitée ce matin, un bilan on l'entend
10:03 compliqué mais des progrès tout de même dans la prise en charge.
10:05 Merci beaucoup, je vous rappelle que vous êtes la déléguée à la préfecture chargée
10:09 de l'égalité femmes-hommes et déléguée aux droits des femmes également.