• l’année dernière
Des applis qui peuvent se retourner contre leurs utilisatrices.

Retrouvez la chronique "Veille Sanitaire" de Manon Mariani sur https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/veille-sanitaire

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😹
Amusant
Transcription
00:00 veille sanitaire est un des temps forts de notre émission. Son quart d'heure, comme
00:04 elle aime à l'appeler, progresse effectivement, on l'a dit, de 14%. Et encore, ça c'est
00:08 la moyenne globale. Car si on se pense sur les chiffres dans le détail, on découvre
00:12 un magnifique +130% à Angers. Et plus spécifiquement, Angers autour du gros Bergecal, la trace
00:17 centrale. C'est très précis, Médiamétrie. Alors Manon, on vous écoute donc pour la
00:22 veille sanitaire. Aujourd'hui, vous nous présentez quelques applications qui vous
00:25 inquiètent. Elles s'appellent Flo, Glo ou Clu et vous
00:27 sont sûrement toutes inconnues. Et pourtant, elles sont devenues essentielles pour des
00:31 millions de femmes dans le monde. Car elles permettent de surveiller leur cycle menstruel.
00:35 Alors elles se présentent sous la forme d'un calendrier. Les utilisatrices indiquent quand
00:39 elles ont leurs règles. Elles peuvent aussi mettre des informations concernant leurs symptômes,
00:43 si elles ont mal au ventre, si elles se sentent fatiguées, etc. Et puis ces applications
00:46 sont aussi utiles pour les femmes qui veulent tomber enceinte ou qui attendent un enfant.
00:50 Elles indiquent les périodes d'ovulation et permettent ensuite de suivre l'évolution
00:54 de leur grossesse durant 9 mois. Bref, vous avez compris le principe. Sauf que ces applications
00:59 soulèvent plusieurs problèmes, notamment au sujet des données personnelles. En effet,
01:03 vous imaginez les millions d'informations médicales qui y sont stockées. Dans un monde
01:07 où le corps des femmes est encore soumis à des lois conservatrices, notamment concernant
01:11 l'avortement, ça peut être un gros problème. Et c'est le cas.
01:14 Oui, ça a été le cas dernièrement en Angleterre. Le média indépendant anglais Tortoise a
01:18 révélé que les autorités pouvaient avoir accès à ces applications de suivi de cycle
01:23 quand elles estiment qu'elles sont face à des cas de perte de grossesse inexpliquée.
01:27 Je vous prends un exemple. Carla Foster, une Anglaise de 44 ans, a été condamnée à
01:31 18 mois de prison ferme pour avoir pris une pilule abortive après la période autorisée.
01:37 Là-bas, une femme peut avorter de cette manière jusqu'à 24 semaines. Elle l'a fait au
01:40 bout de 32. Son histoire a fait le tour des réseaux et sa condamnation a suscité l'indignation
01:45 sur X. Pour une raison spécifiquement, les autorités
01:48 ont eu accès à son application de suivi pour confirmer leurs accusations. Un élément
01:53 crucial qui s'est retourné contre elle et qui a servi de preuve pour l'envoyer en
01:57 prison. Ça n'inspire pas du tout confiance ce que
01:58 vous racontez là ? Non, pas du tout. Surtout dans des pays où
02:01 l'avortement est illégal. Je pense évidemment aux Etats-Unis où cette loi est maintenant
02:04 appliquée dans 14 Etats depuis l'année dernière. Et cette législation totalement
02:08 horrible pour les droits des femmes a été en déclic pour certaines de ces applications
02:12 menstruelles. C'est le cas de Flo, la plus populaire dans le monde avec plus de 40 millions
02:16 d'utilisatrices. L'année dernière, l'application a mis en place un mode anonyme. C'est-à-dire
02:20 que les utilisatrices n'ont plus besoin de rentrer leur nom ou leur mail pour avoir
02:24 accès à l'application. Donc aucune donnée personnelle ne sera communiquée. L'entreprise
02:29 a aussi précisé qu'elle n'avait jamais partagé des informations sur ses utilisatrices
02:33 à quelconque autorité et qu'elle ne le ferait jamais. Après, ne jamais dire jamais
02:37 malheureusement si ça l'aurait imposé par un juge, pas sûr qu'elle puisse y faire
02:40 grand-chose. En fait, il faut vraiment faire très attention aux applications qu'on télécharge,
02:44 et bien se renseigner sur ce qu'elles font de nos données et comment ça peut se retourner
02:48 contre nous.
02:49 Y a d'autres exemples, j'imagine ?
02:50 Oui, en 2019, BuzzFeed a dévoilé que les applications Maya et MiaFem partageaient
02:55 les données personnelles de leurs utilisatrices avec Facebook. Ce même Facebook accusé en
02:59 2020 d'avoir transmis des données personnelles concernant l'avortement d'une jeune américaine.
03:04 Et puis, il y a aussi le cas de l'application Fem. Une enquête du Guardian a montré qu'elle
03:08 était financée par des groupes catholiques anti-choix, c'est-à-dire contre l'avortement.
03:12 Sauf que sur le papier, rien ne l'indique. L'application présente bien ce vent comme
03:16 une application pour toutes les femmes, etc. Mais il suffit de regarder plus précisément
03:20 les conseils qui y sont donnés pour comprendre le message que les anti-choix cherchent à
03:24 faire passer. L'application propose par exemple les meilleurs moyens pour éviter
03:28 de tomber enceinte ou pour tomber enceinte. Mais elle ne mentionne jamais l'entre-deux.
03:32 La grossesse non désirée est donc impossible avortement. Et puis, dans les conseils donnés
03:36 par des médecins pro-life, il est dit à plusieurs reprises que la pilule n'est pas
03:40 un bon moyen de contraception, que c'est risqué et que rien ne vaut la contraception
03:44 naturelle de la désinformation pure et simple. Mais est-ce vraiment étonnant tout ça ? On
03:49 vit actuellement dans une société qui retire aux femmes certains de leurs droits. Une société
03:53 patriarcale pourtant post-MeToo mais qui vit toujours sous ce genre patriarcal. Cette même
03:58 société qui nous impose à nous femmes d'être vigilantes de toutes nos actions, pas peur
04:02 des conséquences. C'est triste mais ça donne des situations comme celle-ci. Une simple
04:06 application au logo rose censée nous aider peut au final nous faire plus de mal que de
04:10 bien.
04:11 - On vous signale qu'on est passé de +14 à +16%. Ça n'arrête pas d'augmenter cette
04:16 chronique. C'était la Veille Sanitaire.

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