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Christine Kelly et ses chroniqueurs débattent de l'actualité dans #Facealinfo

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00:00:00 -19h, c'est l'heure. Ravie de vous retrouver ce soir.
00:00:03 Beaucoup d'informations.
00:00:05 On ne sait pas par quoi commencer. Simon Guy.
00:00:08 -Bonsoir. Ca va très bien.
00:00:09 Je me suis bien reposé ce week-end.
00:00:12 Je suis en forme pour une nouvelle semaine.
00:00:14 -On vous a rien demandé, mais allez-y.
00:00:16 -Vous m'avez demandé si j'allais bien,
00:00:19 donc je vous réponds.
00:00:20 -Je ne vous attendais pas à tant de détails.
00:00:23 C'est parti pour l'info, mon cher Simon.
00:00:25 -Information CNews. Fin des investigations
00:00:28 dans l'affaire Pierre Palmade.
00:00:30 Le juge d'instruction a informé les parties
00:00:33 que l'enquête était terminée.
00:00:35 Le dossier a été communiqué au procureur
00:00:37 pour prendre ses réquisitions.
00:00:39 Le président de la République et son épouse se rendront demain
00:00:43 dans le Pas-de-Calais.
00:00:44 Le chef de l'Etat exprime son soutien aux habitants
00:00:47 touchés par les épisodes de crus
00:00:49 et à l'ensemble des forces de secours
00:00:51 qui sont mobilisées sur place.
00:00:53 Les crèches et établissements scolaires
00:00:56 sont fermés jusqu'à demain.
00:00:58 L'ex-premier ministre britannique David Cameron
00:01:01 a été nommé ministre des Affaires étrangères,
00:01:03 âgé de 57 ans.
00:01:04 C'est lui qui avait déclenché le Brexit,
00:01:07 auquel il était opposé.
00:01:08 L'ancien chef du gouvernement britannique
00:01:11 a été nommé par le Premier ministre.
00:01:13 -Merci infiniment, mon cher Simon Guillin.
00:01:17 Au sommaire, ce soir, même sans président,
00:01:21 la République était en marche.
00:01:24 La France s'est levée.
00:01:25 La France silencieuse a tenu à s'exprimer
00:01:28 dans le silence, dans l'indignité,
00:01:30 au chant de la Marseillaise,
00:01:32 avec le drapeau français par endroits,
00:01:34 en acclamant les policiers.
00:01:36 Sans casser les boutiques, sans casser de magasins,
00:01:39 personne n'aurait pensé qu'avec les polémiques politiques,
00:01:42 les Français se seraient déplacés.
00:01:44 Auraient-ils pu faire mieux ? Oui.
00:01:46 Auraient-ils pu être plus nombreux ? Oui.
00:01:48 Auraient-ils pu être plus colorés ? Oui.
00:01:50 Alors, comment décrypter cette France qui s'est mobilisée ?
00:01:54 Qu'est-ce que cela dit de notre pays ?
00:01:56 "La France silencieuse ne l'est plus",
00:01:58 l'édito de Mathieu Bocoté.
00:02:00 "La marche contre l'antisémitisme
00:02:02 "ne nous a pas empêchés de nous arrêter ce week-end
00:02:05 "sur cet appel dans la presse de 3500 médecins.
00:02:07 "Ils demandent plus de moyens ? Non.
00:02:09 "Ils demandent un meilleur salaire ? Non.
00:02:12 "Ils demandent plus de médecins dans les campagnes ? Non.
00:02:15 "Ils menacent de désobéir
00:02:17 "si l'aide médicale d'Etat disparaît.
00:02:19 "Cette aide qui permet aux étrangers
00:02:22 "dans des situations irrégulières
00:02:24 "de bénéficier d'une prise en charge à 100 %
00:02:27 "de leurs soins médicaux et hospitaliers."
00:02:29 Dimitri Pavlenko ne s'est pas encore remis
00:02:32 de ce qu'il conçoit comme de la propagande moralisatrice.
00:02:35 Il nous expliquera pourquoi.
00:02:37 "Nous reviendrons sur la marche contre l'antisémitisme.
00:02:40 "Ne démontre-t-elle pas
00:02:42 "que les politiques sont déconnectées de la France ?
00:02:45 "Les Français ont bravé les appels réticents de LFI.
00:02:48 "Les Français ont bravé les polémiques politiques
00:02:51 "à propos du RN.
00:02:52 "Les Français ont bravé les inquiétudes du gouvernement
00:02:55 "qui ne voulaient pas être trop proches du RN.
00:02:58 "Les Français ont-ils démontré
00:02:59 "que les politiques sont déconnectées
00:03:02 "de leur réalité, de leur vision de la France ?"
00:03:04 Le regard de Marc Menand.
00:03:06 Non, Emmanuel Macron n'était pas à la marche
00:03:09 contre l'antisémitisme.
00:03:10 Beaucoup ont été déçus.
00:03:12 Déçus de ne pas voir le chef de l'Etat
00:03:14 prendre ses responsabilités, son courage,
00:03:17 et donner l'exemple contre l'antisémitisme.
00:03:20 Mais qui a pris la place du chef de l'Etat ?
00:03:22 Le chef de l'Etat est-il au-dessus des manifestations
00:03:25 ou signe-t-il ici un nouveau rendez-vous raté
00:03:28 avec les Français ?
00:03:29 Le décryptage de Charlotte Dornelas.
00:03:31 Et puis, pour Manuel Bompard, de LFI,
00:03:35 le rassemblement contre l'antisémitisme
00:03:38 n'a servi qu'à blanchir l'extrême droite.
00:03:42 Le RN a-t-il franchi un cap
00:03:44 dans l'acceptation républicaine ?
00:03:47 L'édito de Mathieu Bocote.
00:03:50 -On va prendre un peu de hauteur sur l'actualité
00:03:52 avec nos mousquetaires.
00:03:54 On commente, on décrypte, on analyse,
00:03:56 et c'est maintenant.
00:03:57 Musique de tension
00:03:59 ...
00:04:10 On parlera de David Guiraud,
00:04:11 on fera un petit tour de table,
00:04:13 on va voir un petit peu ce qu'il a dit à Tunis,
00:04:16 qui était un peu négationniste, polémique.
00:04:20 On va voir qu'il a rétroprédalé.
00:04:22 Je vais vous montrer son tweet, on fera un tour de table.
00:04:26 Juste avant, je vous montre ce livre,
00:04:29 parce que c'est une question qui inonde tous les jours,
00:04:32 quand la peur gouverne tout.
00:04:34 C'est juste une question qu'on se pose tout le temps.
00:04:37 Vous avez des livres à distribuer ?
00:04:39 -Oui, mais il n'y en a pas pour vous.
00:04:41 (Rires)
00:04:42 Voilà, c'est notre petit bébé.
00:04:44 -On va leur donner à chacun...
00:04:46 -Pour diminuer... Je me déplace.
00:04:49 -Pendant que vous vous déplacez,
00:04:51 que vous passez devant la caméra.
00:04:53 Ce week-end, merci, Mathieu Bocoté,
00:04:55 d'être venu aux états généraux du journalisme,
00:04:58 que je suis organisé.
00:04:59 Mais vous êtes une bête de scène incroyable.
00:05:02 Fallait voir Mathieu Bocoté.
00:05:03 Tout le monde l'applaudissait à chaque phrase.
00:05:06 -C'était un succès, un bel événement.
00:05:08 -C'était très intéressant de discuter du journalisme.
00:05:11 Vous m'avez épatée.
00:05:13 Incroyable.
00:05:14 Bon, c'est parti.
00:05:15 Mathieu Bocoté, la France, hier, s'est levée.
00:05:18 C'est une France qu'on ne voit pas souvent dans la rue,
00:05:21 qui n'a pas l'habitude des manifestations,
00:05:23 mais qui a tenu à s'exprimer
00:05:25 malgré la division de la classe politique.
00:05:27 Que peut-on retenir de cette manifestation ?
00:05:30 Faut-il y voir un succès,
00:05:32 malgré toutes les craintes qui l'entouraient ?
00:05:34 -Alors, une manifestation sous le signe, d'abord...
00:05:37 On abuse souvent du terme "patriotisme républicain".
00:05:40 C'est un mot qui ne veut plus rien dire.
00:05:42 Imaginons qu'il signifie quelque chose.
00:05:45 On peut parler d'une manifestation
00:05:47 sous le signe du patriotisme républicain.
00:05:49 Une belle manifestation.
00:05:50 Des gens qui se déplacent dans la dignité,
00:05:53 qui se déplacent soit en silence...
00:05:55 -Pourquoi vous rajoutez "patriotisme",
00:05:57 pas "républicain" ?
00:05:59 -Ce n'est pas aussi bien pour l'Iran que pour l'Irlande.
00:06:02 Alors que le mot "patriotisme",
00:06:04 c'est qu'on parle d'une patrie particulière, la France.
00:06:07 C'est peut-être pas un détail de le rappeler.
00:06:09 On se demandait si les gens allaient au rendez-vous.
00:06:12 Vous avez tout à fait raison de vous le demander.
00:06:15 C'était pas évident, à la fois pour des raisons de base, la pluie,
00:06:18 mais surtout, la division de la classe politique
00:06:21 qui avait transformé une manifestation
00:06:23 qui se voulait consensuelle, qui se voulait forte,
00:06:26 en lieu de division et d'exploration des clivages
00:06:29 et des fractures françaises.
00:06:30 Mais les gens étaient au rendez-vous.
00:06:32 100 000 à Paris, ou à peu près 200 000 à la grandeur de la France,
00:06:36 à quelques dizaines de milliers près.
00:06:38 C'est un succès. Est-ce que c'est un triomphe ? Non.
00:06:41 Il faut garder raison, éviter de péterader dans les circonstances,
00:06:45 de jouer de la trompette.
00:06:46 Il faut voir ce dont il est question.
00:06:48 - 100 000, c'est du tout. - 100 000, c'est pas rien.
00:06:51 On pourrait dire, à Paris, c'est le noyau du charlisme,
00:06:54 si vous me permettez cette image.
00:06:56 C'est le noyau. Ce n'est pas la manifestation de Charlie Hebdo,
00:06:59 qui était immense, exceptionnelle.
00:07:02 On est devant une manifestation qui n'est pas négligeable,
00:07:05 mais qui n'est pas le triomphe attendu.
00:07:07 Ce n'est pas un échec, et c'est important de le mentionner.
00:07:11 Pourquoi n'était-il pas plus nombreux ?
00:07:13 Il y a plusieurs explications possibles.
00:07:15 Celle qu'on peut suggérer au-delà des divisions politiques,
00:07:18 c'est que les gens n'ont probablement pas assez
00:07:21 de marcher et protester, et voient que ça ne sert pas à grand-chose.
00:07:25 Finalement, protester pour protester,
00:07:27 et surtout, quand le pouvoir lui-même proteste,
00:07:30 que reste-t-il ?
00:07:31 On proteste contre le pouvoir,
00:07:33 mais quand les gens, en situation d'exercice de pouvoir,
00:07:36 depuis 30 ou 40 ans,
00:07:37 protestent contre quoi ? Contre les dieux ?
00:07:40 Ça m'intrigue de savoir sur quoi ils s'opposaient,
00:07:43 mais à qui s'adressaient-ils ?
00:07:44 Peut-être aux dieux, peut-être était-ce une danse de la pluie
00:07:48 dans les circonstances.
00:07:49 Là, il faut voir la composition de la foule.
00:07:52 Sans la noter, c'est une foule assez âgée,
00:07:55 une foule européenne, si on peut me permettre ce terme,
00:07:58 on ne sait plus comment le terminer,
00:08:00 donc une foule essentiellement européenne.
00:08:02 C'est une foule, des manifestants,
00:08:04 qui étaient représentatifs d'une partie de la France,
00:08:08 donc une France plus âgée, liée au peuple historique français.
00:08:11 On constatait que la fameuse diversité
00:08:14 avait peut-être autre chose cette journée.
00:08:16 Elle n'était pas très présente.
00:08:19 Qu'est-ce qui caractérise cette foule ?
00:08:21 D'abord et avant tout,
00:08:22 elle est travaillée par le souvenir de la Shoah.
00:08:25 Le souvenir de l'Holocauste a structuré la conscience historique
00:08:29 des peuples européens depuis une cinquantaine d'années.
00:08:32 C'est un souvenir qui a fondé
00:08:34 véritablement l'ordre moral post-Deuxième Guerre mondiale.
00:08:38 Est-ce qu'on peut dire que les années passant,
00:08:40 ce souvenir tend à s'effacer ?
00:08:43 Les années passant, ce souvenir tend à se relativiser ?
00:08:46 Je ne crois pas.
00:08:47 Ce n'est pas le passage du temps qui explique les choses.
00:08:50 Le changement démographique français
00:08:52 fait qu'on a des populations qui arrivent ici
00:08:55 et qui n'ont pas cette mémoire de la Shoah
00:08:57 qui ne structure pas leur rapport au monde.
00:08:59 Lorsqu'elles regardent la Shoah,
00:09:01 ce n'est plus la mémoire fondatrice,
00:09:04 c'est même une mémoire critiquée
00:09:05 sous le signe de la concurrence victimaire.
00:09:08 C'est un élément qu'on doit noter.
00:09:10 On a vu qui était dans la rue,
00:09:12 qui était interpellé par cette manifestation.
00:09:14 On a vu que c'était une France.
00:09:16 Je ne suis pas certain que c'était toute la France.
00:09:19 Deux dernières remarques pour ce premier segment.
00:09:21 Les forces politiques étaient les bienvenues.
00:09:24 Chacun avait ses gens pour se faire applaudir.
00:09:26 Chaque tendance politique, les socialistes,
00:09:29 l'ERN, Reconquête,
00:09:30 chacun avait ses partisans.
00:09:33 On trouve dans chaque courant politique en France,
00:09:35 à gauche, au centre et à droite,
00:09:38 des gens qui se sont reconnus dans cette manifestation.
00:09:41 Ce n'est pas un détail de le mentionner.
00:09:43 C'était une manifestation transpartisane.
00:09:46 Une exception, évidemment,
00:09:47 nos amis de la France insoumise,
00:09:49 qui se sont auto-exclus de peur de se faire exclure.
00:09:53 Ils ont voulu manifester quelques heures auparavant
00:09:56 dans le souvenir des martyrs juifs.
00:09:59 Ils ont été plus ou moins gentiment accueillis
00:10:03 par des gens qui disaient
00:10:04 "Vu votre travail sur le plan mémoriel,
00:10:07 "peut-être n'êtes-vous pas placé pour honorer
00:10:09 "la mémoire des victimes de la Shoah."
00:10:11 - Petite question subsidiaire.
00:10:13 Lorsqu'on pense que 53 % des Français
00:10:15 ont plus de 40 ans,
00:10:17 est-ce que ce n'est pas juste ?
00:10:19 Je suis assez surprise.
00:10:20 On aime bien critiquer.
00:10:21 Lorsqu'on avait la manifestation,
00:10:23 tout le monde était très content.
00:10:25 Au moment M, on se dit, enfin, tout le monde,
00:10:28 la France est dans la rue.
00:10:29 Et après, on cherche...
00:10:31 Pardonnez-moi l'expression,
00:10:33 mais je cherche quand même à vous embêter.
00:10:35 Il y avait combien d'Antillais, d'Africains,
00:10:37 de Noirs, de Juifs, d'Arabes ?
00:10:40 Excusez-moi, mais est-ce que c'est la question à se poser
00:10:43 lorsqu'on voit que 60 % des Français, par exemple,
00:10:46 ont plus de 40 ans ?
00:10:47 Est-ce que c'est pas juste la France qui est représentée ?
00:10:50 - Je pense que sachant ce qui est devenu la société,
00:10:53 avec la société des fractures françaises,
00:10:56 on peut dire ça dans d'autres pays,
00:10:58 les fractures françaises,
00:10:59 est-ce qu'elles étaient transcendées ?
00:11:02 Est-ce que pour peu qu'on se fie à son regard ?
00:11:04 Ça ne suffit pas, évidemment.
00:11:06 Mais est-ce que la France des banlieues était représentée ?
00:11:09 Il se peut que de tout ce qui soit remonté du terrain,
00:11:12 on se soit trompé et qu'elle était très présente.
00:11:15 Mais si c'est le cas, ça m'a échappé,
00:11:17 et ça a échappé aux autres observateurs.
00:11:20 Je suis ouvert à ce qu'on me contredise.
00:11:22 Et dans ce cas-là, j'applaudis.
00:11:24 - Yael Bourneprivé, qui était sur CNews ce matin
00:11:26 au micro de Sonia Mabrouk, très bel entretien.
00:11:29 Elle disait ce matin qu'elle ne savait pas
00:11:32 quelle était la source du présent antisémitisme.
00:11:35 Est-ce qu'une telle déclaration
00:11:37 dit quelque chose de la manifestation d'hier ?
00:11:40 - Elle dit surtout quelque chose de la classe politique.
00:11:43 C'est un moment exceptionnel.
00:11:44 Sonia Mabrouk lui pose la question
00:11:46 de quel est le moteur de l'antisémitisme dont on parle.
00:11:49 Elle se transforme en un lion-poli-hackoff improvisé
00:11:52 qui fait une longue histoire du concept d'antisémitisme.
00:11:55 Et là, depuis la présence des Juifs,
00:11:57 ça a toujours été présent,
00:11:58 et ça se recompose d'une manière ou de l'autre.
00:12:01 Elle passe par Sartre pour esquiver la question.
00:12:03 Sonia Mabrouk insiste un peu.
00:12:05 Oui, mais le présent antisémitisme,
00:12:07 ce dont on parle en ce moment,
00:12:09 par exemple, la question de l'islamisme,
00:12:11 Sonia Mabrouk ne le suggère pas.
00:12:12 Et là, Mme Bourneprivé répond...
00:12:15 C'est difficile. Je ne pourrais pas l'identifier.
00:12:18 Je ne saurais dire quel est le visage,
00:12:20 quel est le moteur de l'antisémitisme
00:12:22 présent aujourd'hui en France.
00:12:23 Alors, voyant cela, je me suis dit qu'il y avait deux possibilités.
00:12:26 Soit elle ment, ce qui est tout à fait possible,
00:12:29 elle décide de mentir ouvertement,
00:12:31 en disant "je ne veux pas assumer la réalité",
00:12:33 ou elle croit vraiment...
00:12:35 ou elle est vraiment ignorante
00:12:36 du moteur du présent antisémitisme,
00:12:38 qui est l'islamisme.
00:12:39 Dans le cas présent,
00:12:40 je vois une terrible lâcheté dans son propos.
00:12:43 Et si c'est simplement parce qu'elle ne le voit pas,
00:12:45 j'y vois une terrible incompétence.
00:12:46 Choisissez entre la lâcheté et l'incompétence
00:12:48 ce que vous préférez.
00:12:49 Ensuite, il y a un autre élément,
00:12:51 c'est que ce propos vient de plus loin.
00:12:53 Emmanuel Macron, dans la lettre qu'il a fait paraître,
00:12:55 très belle, par ailleurs,
00:12:57 pour dire sa solidarité avec les Français juifs,
00:13:00 a oublié de nommer, lui aussi, l'antisémitisme.
00:13:03 Pardonnez-moi, l'islamisme.
00:13:05 Donc, l'islamisme était le grand absent de cette manifestation.
00:13:09 C'est comme si c'était une manifestation
00:13:11 fondée sur la censure du réel. C'est fascinant.
00:13:13 On lutte contre quelque chose,
00:13:14 mais ce quelque chose est incarné aujourd'hui
00:13:17 dans une sociologie, dans une démographie,
00:13:19 dans une idéologie, surtout.
00:13:20 Mais cette idéologie, on ne la nomme pas.
00:13:22 Donc, ça, c'est quand même une manière de faire...
00:13:25 C'est une forme de psychologie à la "Don Quichotte".
00:13:27 On lutte sans être capable de nommer ce à quoi on se pose.
00:13:30 On a prêté la parole suivante au chef de l'État.
00:13:33 C'est dans Politis.
00:13:34 "Le chef de l'État ne veut pas apparaître
00:13:36 "comme pro-israélien et anti-arabe.
00:13:38 "Il doit garantir l'unité."
00:13:40 On comprend donc que participer à cette manifestation
00:13:43 de chef de l'État serait vu comme pro-israélien et anti-arabe.
00:13:46 Alors là, si on ne veut pas caractériser
00:13:48 l'antisémitisme islamiste,
00:13:49 qu'est-ce qu'on fait dans ce moment-là ?
00:13:51 On décide de se tourner, on sort la carte Rivarol.
00:13:54 Qu'est-ce que c'est, la carte Rivarol ?
00:13:56 C'est ce journal groupusculaire, agonisant,
00:13:58 avec un tirage tout à fait limité,
00:14:00 que plus personne ne lit, que plus personne ne connaît vraiment.
00:14:03 Mais c'est un journal que, s'il disparaissait,
00:14:05 je pense que la gauche financerait son retour et sa résurrection.
00:14:08 Pourquoi ? Parce que c'est le dernier résidu
00:14:11 qui est particulièrement recommandable,
00:14:13 qu'on accuse souvent du journal d'antisémitisme,
00:14:16 je pense que le terme n'est pas abusif.
00:14:18 "Il y a des antisémites français, il n'y a pas que l'islamisme."
00:14:21 L'antisémitisme dit d'extrême-droite est toujours présent.
00:14:24 L'antisémitisme fascisant est toujours présent.
00:14:26 Et là, on se tourne vers ça.
00:14:28 Et là, on s'est même demandé, c'était la question,
00:14:31 est-ce que le Rassemblement national,
00:14:33 est-ce qu'il est lui-même porteur encore d'antisémitisme ?
00:14:36 On ne veut pas nommer l'islamisme.
00:14:37 On est à la recherche d'un autre antisémitisme.
00:14:40 Je me permets de citer, parce que c'est un passage remarquable,
00:14:43 un historien a été interviewé, Grégoire Kaufmann,
00:14:46 et on lui demande si Marine Le Pen est antisémite.
00:14:48 C'est une bonne question.
00:14:50 "Marine Le Pen n'a jamais été prise en défaut sur cette question."
00:14:53 Autrement dit, elle se surveillerait,
00:14:55 parce que laissée au fond d'elle-même, elle trébucherait.
00:14:59 "Mais, ajoute Kaufmann, qu'elle participe à un imaginaire
00:15:02 "plus ou moins inconscient
00:15:03 "qui a à voir avec la tradition antisémite française."
00:15:06 Quels sont les marqueurs de cet antisémitisme ?
00:15:09 La négation de la finance anonyme,
00:15:11 de la mondialisation liberticide et des élites cosmopolites.
00:15:14 Si vous critiquez le capitalisme financier,
00:15:16 si vous critiquez la mondialisation,
00:15:18 si vous critiquez les élites cosmopolites
00:15:21 détachées de leur cadre national, vous basculez dans l'antisémitisme.
00:15:25 Elle cite un livre de Marine Le Pen en 2012,
00:15:27 où elle dénonce... C'est pas mal aussi.
00:15:30 Où elle s'en prenait à l'hypercapitalisme transnational,
00:15:33 au pouvoir absolu des financiers et des banquiers,
00:15:36 "ce discours qui valorise l'identité nationale
00:15:39 "contre les puissances d'argent, le déracinement ou la mondialisation
00:15:42 "fait immanquablement écho aux écrits antisémites
00:15:45 "du 19e et 20e siècle."
00:15:47 Donc, si vous parlez de la nation
00:15:49 plutôt que de la mondialisation,
00:15:51 si vous plaidez pour l'enracinement plutôt que le cosmopolitisme,
00:15:54 si vous êtes critique du capitalisme financier et transnational,
00:15:57 apparemment, vous vous rattachez sans le savoir à une tradition antisémite.
00:16:01 Vous voulez pas nommer l'antisémitisme qui est sur le terrain,
00:16:04 l'antisémitisme qui est à l'origine de Mohamed Merah
00:16:07 et de tant d'autres exactions, ça, on hésite à le nommer.
00:16:10 Mais si vous critiquez la mondialisation
00:16:12 dans une perspective nationale, vous ressuscitez Edouard Drumond.
00:16:16 De ce point de vue, Marine Le Pen est peut-être le véritable problème.
00:16:20 Je trouve ça original.
00:16:21 -Mathieu Bocoté, peut-on dire
00:16:23 que la France s'est mobilisée contre l'antisémitisme ?
00:16:27 Est-ce que cette formule vous semble exacte ?
00:16:29 -Elle me semble en partie exacte.
00:16:32 Le coeur, le noyau vital du peuple français
00:16:34 sur le plan existentiel s'est mobilisé.
00:16:36 Elle dit non, c'est absolument inacceptable
00:16:39 et c'est une protestation qui va marquer dans l'histoire de France.
00:16:42 -C'était quand même une marche historique.
00:16:45 -C'est un événement qui va marquer.
00:16:47 -Les gens se sont mobilisés. Pas tous.
00:16:49 -Quelque chose s'est passé, ce n'est pas un détail.
00:16:52 Ensuite, la vérité qu'on n'ose pas dire,
00:16:54 c'est que la lutte contre l'antisémitisme divise la France.
00:16:58 C'est une lutte qui divise la France
00:17:00 et l'antisémitisme a pris racine en certains milieux,
00:17:03 et cet antisémitisme, on ne peut pas simplement décréter
00:17:06 qu'il n'existe pas.
00:17:07 Quand on veut lutter contre l'antisémitisme,
00:17:10 il faut être capable de l'identifier.
00:17:12 Ca divise la sociologie française.
00:17:14 Je note que le recteur de la Mosquée de Paris,
00:17:16 le recteur Afiz, a eu cette formule.
00:17:20 "Au lieu de faire de cette manifestation
00:17:22 "une lutte contre l'antisémitisme,
00:17:24 "il aurait fallu faire une lutte contre le racisme."
00:17:27 C'est intéressant.
00:17:28 Il faut critiquer un racisme générique,
00:17:30 un racisme désincarné, un racisme sans visage,
00:17:34 un racisme presque insaisissable, immatériel, éthéré.
00:17:37 Mais quand vient le temps de nommer le racisme qui tue,
00:17:40 un racisme qui vise un groupe en particulier, les Juifs,
00:17:43 un racisme qui tue, il faut le dire,
00:17:46 ou qui pousse des Juifs qui ne se sentent plus à l'aise,
00:17:49 eh bien, ça, pour lui, c'est une vision trop discriminatoire,
00:17:53 probablement, de la lutte contre le racisme.
00:17:56 C'est pas la manifestation pour ça.
00:17:57 Donc, on doit mentir, si je comprends bien, pour rassembler.
00:18:00 On doit créer l'unité sur une fiction.
00:18:02 On connaît ce modèle.
00:18:04 - Merci beaucoup, Mathieu Boquecôté.
00:18:06 On va parler encore de la marche,
00:18:08 parce que c'est intéressant de regarder plusieurs angles
00:18:11 sur cette marche.
00:18:12 C'était un moment quand même important à analyser.
00:18:14 Comme c'est pas le sujet de votre chronique,
00:18:17 j'aimerais bien que vous réagissiez à celle de Boquecôté.
00:18:20 - Alors, moi, sur Yale Brown Pivet,
00:18:22 je me suis fait la même remarque que Mathieu au même moment,
00:18:25 et même concernant Shem Sedinafi,
00:18:27 le problème qu'on a aujourd'hui à nommer.
00:18:29 Mais c'est vrai que c'est la France d'avant qui a manifesté hier.
00:18:33 Je me suis fait cette remarque,
00:18:35 qui était politiquement pas du tout correcte,
00:18:37 dire "180 000 personnes".
00:18:39 - Et alors ? Les gens ont manifesté quand même, c'est pas bien ?
00:18:42 Je vous trouve tôt défaitiste. Vous n'avez pas encore parlé.
00:18:46 Faut pas se féliciter, quand même.
00:18:48 - Tout le monde a glorifié ce grand mouvement d'unité nationale.
00:18:51 Il n'y a pas eu d'unité nationale.
00:18:53 C'est une façade, c'est un paravent.
00:18:55 Et l'antisémitisme est peut-être le seul dénominateur commun
00:18:59 que des gens qui, comme l'a dit Mathieu,
00:19:01 ont plus de 40 ou 50 ans,
00:19:02 trouvent encore pour se dire que la France est un pays uni.
00:19:06 On avait les fractures gauche-droite,
00:19:08 et maintenant, les fractures communautaristes.
00:19:10 Vous ne pouvez plus convier tout le monde à une manifestation
00:19:14 parce qu'ils ne viennent pas.
00:19:16 Elle dit que personne n'était invité.
00:19:18 Pourquoi ? Parce qu'autrement, des gens auraient refusé de venir.
00:19:22 On l'a vu dans le cas de Jean-Luc Mélenchon.
00:19:24 - Vous me pardonnerez de marquer un désaccord avec votre optimisme.
00:19:28 Vous dites que la France s'est levée.
00:19:30 Pour mener la guerre de demain,
00:19:31 on a mobilisé les vétérans de la guerre d'hier.
00:19:34 Ce n'est pas rien, mais peut-être est-ce insuffisant ?
00:19:37 - Insuffisant, c'est vrai. Merci pour votre regard.
00:19:41 On apprend qu'Israël affirme que le Hamas a perdu le contrôle à Gaza
00:19:47 et que ses combattants, c'est une dépêche AFP,
00:19:51 fuient vers le sud.
00:19:53 Voilà pour ce qu'on apprend à l'instant même.
00:19:56 J'aimerais, avant de passer à votre chronique,
00:19:59 qu'on regarde... On ne le fait jamais,
00:20:01 mais qu'on regarde juste un instant ces images
00:20:04 des huit Français détenus en otage par le Hamas.
00:20:11 On voit rarement leur visage, parfois arraché en pleine rue.
00:20:15 Donc c'est important pour nous d'avoir une pensée
00:20:18 pour ces otages et aussi leur famille.
00:20:21 On poursuivra sur la question dans un instant
00:20:24 sur la manifestation en France contre l'antisémitisme.
00:20:27 Mais Dimitri, il y a quelque chose
00:20:30 qui vous a vraiment interpellé pendant le week-end.
00:20:33 Vous suivez de près les débats autour du projet de loi immigration.
00:20:37 Il doit être voté demain par le Sénat.
00:20:40 Alors, après la suppression de l'article 3,
00:20:43 c'est celle de l'AME, l'aide médicale d'État,
00:20:46 qui est en train de devenir la mesure qui fâche.
00:20:48 Et ce week-end, 3 500 médecins ont transmis à l'AFP
00:20:51 un appel à désobéir à la suppression de l'AME
00:20:55 si elle était votée par le Parlement.
00:20:57 Et cela vous fâche.
00:20:58 - Ces médecins nous disent qu'on continuera,
00:21:01 quoi qu'il arrive, à soigner les sans-papiers malades.
00:21:04 Et il y a du monde, du beau monde,
00:21:06 parmi les signataires de cette pétition.
00:21:08 Vous trouvez des chefs de service des grands hôpitaux parisiens,
00:21:11 l'urgentiste Patrick Pelou, le pédiatre Rémy Salomon, etc.
00:21:15 Et alors, en fait, s'il vous plait, il y a un tir de barrage
00:21:18 qui a commencé il y a une dizaine de jours,
00:21:20 au début de l'examen du projet de loi sur l'immigration,
00:21:23 pour conserver, pour tenter de sauver à tout prix
00:21:26 ce totem absurde qui est devenu l'aide médicale d'État.
00:21:29 Il y a quatre ans de cela, d'ailleurs, en 2019,
00:21:32 il y avait eu un rapport qui avait montré
00:21:34 le délire total qu'est devenu l'AME.
00:21:36 Et on avait vécu exactement la même situation,
00:21:38 les mêmes arguments, mot pour mot.
00:21:40 Alors, tout le monde s'y mène.
00:21:42 Vous avez les médecins,
00:21:44 vous avez les politiques de gauche, évidemment,
00:21:46 et vous avez les médias, et toujours avec les mots habituels.
00:21:49 Donc, supprimer l'AME serait une décision inhumaine,
00:21:53 cela, vous l'aurez tout le temps, une hérésie humanitaire.
00:21:56 Les médias, alors là, je pense à l'inénarrable Clément Viktorovitch.
00:21:59 Alors, lui, il m'a fait mon dimanche matin,
00:22:01 j'étais en train de promener mes chiens,
00:22:03 Clément Viktorovitch s'exprime...
00:22:04 - Avec le JDD sous le bras. - Avec le JDD sous le bras, exactement.
00:22:08 Je vais marcher contre l'antisémitisme
00:22:09 avec mes chiens en forêt.
00:22:11 Et donc, Clément Viktorovitch nous explique
00:22:14 pourquoi c'est une stupidité totale de supprimer l'AME,
00:22:16 et il nous avance ce chiffre de 80% des personnes éligibles à l'AME
00:22:21 qui n'y auraient pas recours.
00:22:23 Alors, Viktor, calme-toi, d'abord, ce n'est pas 80%.
00:22:25 Le chiffre, il vient de l'IRDES,
00:22:27 Institut de Recherche et de Documentation en Économie de la Santé.
00:22:30 C'est un chiffre de 2019,
00:22:32 et l'IRDES écrit que 51% des personnes
00:22:35 qui sont éligibles à l'AME bénéficient du dispositif
00:22:39 selon un échantillon de clandestins.
00:22:42 La factualité, les faits, on met les faits,
00:22:44 on met les arguments moraux d'un côté 30 secondes
00:22:46 et on commence à interroger les faits.
00:22:48 De toute façon, Clément Viktorovitch ne s'intéresse pas à ça
00:22:51 parce que lui, ce qu'il voulait nous dire, c'est que,
00:22:53 de toute manière, c'est stupide de vouloir supprimer l'AME
00:22:56 parce que sans l'AME,
00:22:57 les patients arriveront plus malades aux urgences
00:23:00 avec un risque de propagation de maladies infectieuses.
00:23:04 C'est-à-dire Ebola dans tout le pays si demain on supprime l'AME.
00:23:06 Vous voyez ce genre de raisonnement.
00:23:08 Le tout a sorti de la formule rituelle,
00:23:10 de toute façon, supprimer l'AME, c'est contraire à nos valeurs.
00:23:13 Et là, vous l'avez absolument partout.
00:23:15 Faites l'expérience, allez sur Twitter, vous tapez "AME",
00:23:17 vous allez voir, tout ce que je vous ai dit,
00:23:19 ce sont des entiennes et ça fait des années,
00:23:21 ça fait 20 ans que ça dure qu'on entend ça.
00:23:23 Alors, vous avez aussi le fatalisme.
00:23:24 Ça, c'était Olivier Véran quand il était ministre de la Santé en 2021
00:23:27 qui nous explique que l'AME, c'est une dépense incompressible.
00:23:31 Incompressible, on ne peut rien faire contre l'AME
00:23:33 et c'est voué à enfler, à enfler, à enfler, etc.
00:23:37 Alors, le grand historien britannique spécialiste de l'URSS,
00:23:39 je pensais à Mathieu en le citant, Robert Conquest,
00:23:43 cet homme, un jour, a énoncé les trois lois de la politique.
00:23:46 Et la première d'entre elles est que tout homme,
00:23:49 lorsqu'il connaît bien un sujet,
00:23:50 dans tous les sujets qu'il connaît bien, est de droite.
00:23:53 Il ne peut qu'être de droite.
00:23:54 Et je vais tâcher de vous le prouver ce soir,
00:23:56 que la droite a raison de vouloir supprimer l'aide médicale d'État.
00:24:00 Mais qu'est-ce que c'est concrètement, Nadje ?
00:24:03 Vous faites Mathieu rougir sur la question.
00:24:06 Qu'est-ce que c'est concrètement, Dimitri, que l'aide médicale d'État ?
00:24:10 On en a déjà parlé, mais rappelons-nous.
00:24:12 Oui, on va faire la synthèse.
00:24:13 L'aide médicale d'État, créée en 1999
00:24:15 par le gouvernement Lionel Jospin,
00:24:17 il faut rappeler le contexte, c'est quelques mois seulement
00:24:19 après la création de la CMU, la couverture maladie universelle,
00:24:22 qui est la sécurité sociale pour tous.
00:24:24 Rien n'obligeait le gouvernement Jospin à le faire,
00:24:26 même pas la CEDH, qui n'y avait d'ailleurs même pas pensé.
00:24:29 Mais déjà, vous aviez des associations comme le JISTI,
00:24:32 dont nous avions parlé il y a deux semaines de ça.
00:24:35 Déjà, le JISTI soufflait à l'oreille de la gauche
00:24:37 que l'AME, c'était normal de la créer,
00:24:40 parce que c'est normal que les clandestins
00:24:42 aient accès à l'assurance maladie comme n'importe quel national,
00:24:46 comme n'importe quel Français, dont acte création de l'AME.
00:24:49 C'est donc une aide sociale et non une prestation sociale,
00:24:52 parce qu'une prestation, on suppose que vous avez cotisé
00:24:54 pour la percevoir, l'AME, vous y avez droit,
00:24:57 dès lors que vous pouvez prouver
00:24:58 que vous êtes en France depuis trois mois, clandestin,
00:25:01 je rappelle toujours, clandestin, sans papier.
00:25:03 Quand vous entendez "migrant", il faut vous dire "clandestin",
00:25:05 "illégal", parce que "migrant" suppose qu'il y a un passage.
00:25:08 Non, non, les gens s'arrêtent, les gens s'installent
00:25:10 dans la clandestinité.
00:25:11 C'est important de bien remettre chacun son vocabulaire.
00:25:14 Eh bien voilà, nous, ce sera le nôtre.
00:25:16 Donc, vous prouvez que vous êtes en France depuis trois mois,
00:25:18 vous gardez vos tickets de restaurant, ce genre de choses,
00:25:21 vos factures, moins de 9 719 euros de revenus par an,
00:25:26 et alors, vous décrochez une couverture
00:25:28 de 100 % du tarif sécurité sociale
00:25:31 pour tous les frais médicaux et hospitaliers
00:25:33 en tarifs conventionnés, sans avance de frais.
00:25:36 Vous voyez ? Alors, la liste, je vous l'entame,
00:25:38 dentaire, médical, les analyses, la chirurgie,
00:25:42 les frais d'hospitalisation,
00:25:44 vaccination, dépistage réglementaire,
00:25:46 la contraception et l'interruption volontaire de grossesse, l'IVG,
00:25:49 et la liste s'étend au bout de neuf mois.
00:25:52 Vous allez me dire, vous allez répondre à ma question,
00:25:55 est-ce que ce n'est pas raciste d'être contre la suppression de l'AME ?
00:25:58 Je ne réponds même pas à cette question.
00:25:59 Ah, ben, je la poserai quand même.
00:26:01 Allez, on marque une pause, réfléchissez à nos réponses.
00:26:03 À tout de suite.
00:26:04 Retour sur le plateau de Face à l'Info.
00:26:09 Dans un instant, on parlera avec Mathieu Beaucoupté
00:26:12 du Rassemblement contre l'antisémitisme.
00:26:15 Est-ce qu'il a servi uniquement à blanchir l'extrême droite,
00:26:19 comme dit le LFIste Manuel Bompard ?
00:26:22 Avec vous, on parlera de la marche
00:26:24 et de savoir est-ce que c'est une démonstration
00:26:26 de la déconnexion des politiques
00:26:28 par rapport à cette démonstration sur le terrain
00:26:31 et cette "marche réussie", avec certains bémols.
00:26:35 Avec Charlotte Dornelas, on regardera
00:26:38 pourquoi la République a été en marche,
00:26:40 mais sans Emmanuel Macron.
00:26:41 Est-ce que c'est pas un rendez-vous manqué, encore,
00:26:45 peut-être pour le chef de l'État, notamment ?
00:26:47 Dimitri, on se pose la question
00:26:49 qu'il n'y a pas que la marche contre l'antisémitisme dans la vie,
00:26:52 il y a l'AME aussi.
00:26:53 Et 3 500 médecins, on se disait,
00:26:56 ont crié contre la suppression de l'AME
00:27:00 en disant qu'ils sont absolument contre.
00:27:02 La question que je vous posais,
00:27:03 vous ne voulez pas répondre, mais je la repose quand même.
00:27:05 - Vous voulez me disqualifier ? - Non, vous n'êtes pas obligés
00:27:08 de répondre, mais je la pose quand même.
00:27:10 Lorsqu'on se mobilise contre la suppression de l'AME,
00:27:13 certains se demandent si on est xénophobe.
00:27:16 Vous n'êtes pas obligés de répondre, mais je la pose.
00:27:18 - C'est la manière d'aborder le sujet
00:27:20 pour disqualifier celui qui aurait le malheur
00:27:24 d'émettre la moindre objection.
00:27:26 - On engendre cette disqualification.
00:27:27 - C'est un papier de bombe de défense de l'AME
00:27:29 qui nous tombe sur la tête depuis maintenant deux semaines.
00:27:32 Et les voix qui disent aujourd'hui
00:27:33 "Mais regardez factuellement ce qu'est l'AME,
00:27:35 "combien ça coûte, à qui ça va,
00:27:37 "est-ce que ça génère de l'attractivité médicale dont on ne veut pas ?"
00:27:40 Ces questions-là, vous avez le malheur de les aborder,
00:27:42 vous êtes fichés d'extrême droite.
00:27:43 Moi, je vous le dis, j'ai cherché à avoir des gens
00:27:45 pour en parler sur Europe 1.
00:27:46 On me dit "Écoutez, j'ai pas envie d'avoir l'air d'extrême droite."
00:27:49 Non. - Non, mais oui, les gens disent cela.
00:27:51 On en est là. Bref, j'avance.
00:27:53 Je vous expliquais le panier de soins auquel vous avez le droit
00:27:56 quand vous bénéficiez de l'AME confortable.
00:27:57 Le dentaire, les médicaments, la chirurgie,
00:28:00 les vaccinations, l'IVG, la contraception.
00:28:02 Au bout de neuf mois, votre panier de soins
00:28:05 s'élargit aux pathologies dites non sévères.
00:28:08 La liste complète, vous la trouvez sur ameli.fr,
00:28:11 le site de la Sécurité sociale.
00:28:12 J'invente rien. Rhinoplastie,
00:28:15 intervention pour les oreilles décollées.
00:28:17 Pour les clandestins, situation irrégulière,
00:28:19 remboursé à 100 %.
00:28:20 Vous rappelez-les.
00:28:21 Les prothèses de genoux, d'épaule, de hanche,
00:28:24 la pose d'anneaux gastriques, la kinésithérapie,
00:28:26 le transport sanitaire,
00:28:27 ne sont exclus de l'AME que les cures thermales,
00:28:31 les examens et les médicaments
00:28:33 en vue d'une procréation médicalement assistée.
00:28:36 Donc, à la création de l'AME,
00:28:38 en 2000, vous avez 75 000 bénéficiaires.
00:28:41 Premier trimestre de cette année,
00:28:43 vous en avez 423 000 pour un coup.
00:28:45 Alors, on vous dit toujours, en pourcentage,
00:28:47 mais c'est rien, l'AME.
00:28:48 C'est 0,5 % des dépenses de l'assurance maladie.
00:28:51 Enfin, c'est rien. C'est 0,5 %.
00:28:53 C'est 1,2 milliard.
00:28:55 1 milliard, c'était le déficit de l'hôpital français
00:28:58 l'année dernière.
00:28:59 Donc, vous enlevez l'AME,
00:29:00 vous n'avez plus de déficit de l'hôpital
00:29:01 et vous avez même un léger excédent.
00:29:03 C'est quand même... C'est parlant, là.
00:29:04 Quand on vous parle en milliards,
00:29:05 on comprend mieux que quand on parle en pourcentage.
00:29:07 L'IGAS, l'Inspection générale des affaires sociales,
00:29:10 en 2010, avait d'abord aussi constaté
00:29:12 que les bénéficiaires de l'AME
00:29:14 consommaient en moyenne
00:29:16 1 741 euros de soins par an,
00:29:19 alors qu'un bénéficiaire du régime général,
00:29:22 donc un Français qui cotise pour sa Sécu,
00:29:24 il était à 1 580 euros.
00:29:26 Ce qui est quand même étonnant,
00:29:27 parce que le clandestin, a priori,
00:29:29 c'est plutôt un homme jeune, plus jeune que la moyenne,
00:29:31 et donc, normalement, censé être en bonne santé.
00:29:34 Or, qu'est-ce qu'on constate ?
00:29:35 C'est que, parmi les bénéficiaires de l'AME,
00:29:37 vous avez une surreprésentation des malades chroniques,
00:29:41 des gens qui sont plus malades que la moyenne.
00:29:43 Par exemple, les maladies du sang, les cancers,
00:29:45 l'insuffisance rénale chronique.
00:29:47 Et donc, les bénéficiaires de l'AME
00:29:48 consomment plus en moyenne que les nationaux
00:29:51 de séances de dialyse de sang.
00:29:52 La dialyse, c'est 60 000 euros par an,
00:29:54 pour vous donner une idée des tarifs.
00:29:55 Plus de chimiothérapie, plus de radiothérapie.
00:29:59 Et tout ça, ça date de...
00:30:00 C'est pas moi qui l'invente, c'est l'IGAS,
00:30:02 on le sait depuis 2010, donc il y a déjà 13 ans.
00:30:05 Et ça nous permettait déjà de supposer l'existence
00:30:08 d'une forme de tourisme médical qui fonctionne de la sorte.
00:30:11 Lorsqu'il prend la parole dans "Balleurs actuelles",
00:30:13 en 2019, Emmanuel Macron,
00:30:14 dans son voyage dans l'avion, la fameuse interview,
00:30:17 lui-même évoque le cas de ces gens qui viennent en France
00:30:20 avec un simple tourisme, un visa de court séjour,
00:30:24 qui glissent d'eux-mêmes dans la clandestinité,
00:30:26 dans le but, au bout de trois mois,
00:30:28 de réclamer l'AME pour se faire soigner.
00:30:30 Si c'est pas du tourisme médical, je ne sais pas comment ça s'appelle.
00:30:33 Lui-même avait dit que ces cas-là sont indéfendables.
00:30:35 C'était les mots du président de la République.
00:30:36 Mais chut, ne dites rien, ne le dites pas,
00:30:39 parce qu'on va vous accuser de surfer sur les peurs et les fantasmes
00:30:42 et de colporter la théorie de l'appel d'air.
00:30:44 Ça aussi, vous le lisez dans les journaux en ce moment.
00:30:46 Les sénateurs veulent supprimer l'AME
00:30:50 pour la remplacer par l'AMU, l'aide médicale d'urgence.
00:30:53 À quoi ça va ressembler ?
00:30:55 D'abord, c'est bien de rappeler que le Sénat
00:30:56 n'envisage pas une suppression sèche de l'AME,
00:30:58 mais un remplacement par un système
00:31:02 avec un panier de soins beaucoup plus resserré.
00:31:04 C'est bien de le dire parce que les belles-âmes de l'hôpital,
00:31:06 ceux qui vous brandissent leur serment d'hypocrate au visage,
00:31:09 je crois qu'ils ne sont même pas au courant
00:31:11 qu'en réalité, il y a cette idée d'une substitution
00:31:13 par un système qui soit un peu moins généreux.
00:31:16 L'AMU, l'aide médicale d'urgence, en réalité,
00:31:20 c'est un panier de soins des basiques de la santé publique,
00:31:23 la prise en charge des maladies graves, des douleurs aigües,
00:31:25 les soins de grossesse, les vaccinations réglementaires, etc.
00:31:28 Vous voyez, toutes choses qui sont...
00:31:30 On est dans le registre de l'humanitaire de base,
00:31:33 mais on ne va pas mourir dans la rue
00:31:36 avec l'AMU, c'est cette idée-là.
00:31:38 Et les sénateurs tombent dans le piège aussi, d'ailleurs,
00:31:40 de ne pas revoir le délai à partir duquel vous avez droit,
00:31:43 les fameux trois mois.
00:31:45 Trois mois, c'est extrêmement court quand même
00:31:46 pour pouvoir bénéficier de l'AMU.
00:31:48 Et c'est exactement ce que font les Espagnols.
00:31:51 Ah oui, j'ai oublié de préciser que dans l'AMU,
00:31:53 il y a cette idée que le bénéficiaire de l'AMU
00:31:55 doit pouvoir participer financièrement à ses soins,
00:31:58 qu'il cotise un petit peu, d'une certaine manière.
00:32:00 Là aussi, ce que font les Espagnols.
00:32:01 J'insiste sur les Espagnols, pourquoi ?
00:32:03 Parce que Nobel-SAM, l'a cite volontiers,
00:32:05 l'exemple malheureux de l'Espagne,
00:32:07 où en effet, c'est vrai, en 2012, la droite espagnole
00:32:10 avait supprimé l'assurance maladie qui existait
00:32:12 pour les clandestins, mais totalement.
00:32:13 Et ça avait été une catastrophe, il faut bien le dire.
00:32:16 Et la gauche avait rétabli ça en 2018.
00:32:18 Mais vous voyez, ce n'est pas la même chose de dire,
00:32:20 on avait tout supprimé et on a rétabli quelque chose
00:32:22 qui correspond à l'AMU, et on passerait de l'AME
00:32:25 très, très généreuse à une AMU
00:32:27 normalement, raisonnablement généreuse.
00:32:30 Vous voyez, c'est de l'info ultra transformée, en fait,
00:32:32 qu'on nous apporte aujourd'hui pour condamner cette idée
00:32:35 qu'il faudrait réviser ou supprimer l'aide médicale d'État.
00:32:40 La vérité, c'est qu'en fait, en France,
00:32:41 on a une conception de la médecine solidaire,
00:32:43 soignez d'abord, payez vos soins, on verra plus tard.
00:32:47 C'est ça, en fait, c'est comme ça que ça fonctionne en France.
00:32:50 Et en off, tous les médecins aujourd'hui
00:32:52 qui ont des patients à ME vous racontent
00:32:53 que c'est un cauchemar, c'est très compliqué.
00:32:55 Ce sont des gens qui n'ont pas de carte vitale,
00:32:57 donc se faire rembourser pour eux, c'est aussi très, très compliqué.
00:32:59 Mais chut, ça aussi, il ne faut pas le dire.
00:33:01 On fait aussi en France comme si on n'avait pas des associations,
00:33:04 vous savez, dont on a parlé, le JISTI, etc.,
00:33:06 qui expliquaient aux malades qu'il ne faut pas hésiter à faire un scandale
00:33:09 si l'hôpital résiste à vous soigner, même quand vous n'avez pas la ME.
00:33:12 Parce qu'en France, vous avez des malades qui n'ont pas la ME
00:33:14 qui se font malgré tout soigner.
00:33:16 Et ça, c'est de la dette irrecouvrable
00:33:18 que les hôpitaux ne retrouveront jamais.
00:33:20 Pensez à ça quand vous entendrez les médecins vous dire
00:33:23 que ces nobles esprits feront la grève
00:33:26 et soigneront malgré tout les clandestins si on supprime la ME,
00:33:30 parce que ces médecins, ce qu'ils ne vous disent pas,
00:33:32 c'est que c'est l'hôpital qui encaissera la dette
00:33:34 et qui paiera la dette à la fin.
00:33:35 C'est vous, le contribuable, avec vos cotisations
00:33:37 et avec l'argent public.
00:33:39 Pardon, l'argent public n'existe pas.
00:33:41 Il n'y a que l'argent du contribuable.
00:33:43 - Pour ceux qui contribuent, effectivement.
00:33:45 Merci beaucoup, Dimitri, pour votre regard
00:33:48 et votre coup de coulère sur le sujet.
00:33:52 Cette marche contre l'antisémitisme, Marc Menand,
00:33:54 dans un instant, je vais vous faire réagir quand même à David Guiraud,
00:33:57 parce que c'est intéressant quand même à la fois
00:33:59 ce qu'il a dit à Tunis et à la fois ce qu'il a dit dans son tweet
00:34:02 il y a quelques instants, très passionnant.
00:34:05 Marc Menand, par rapport à la marche contre l'antisémitisme,
00:34:07 est-ce qu'elle ne démontre pas que les politiques
00:34:09 sont déconnectées de la France ?
00:34:11 Les Français ont bravé les appels réticents de LFI,
00:34:15 ils ont bravé les appels réticents même du gouvernement
00:34:18 à ne pas manifester à côté de l'extrême droite,
00:34:20 du Rassemblement national, etc.
00:34:22 Et pourtant, ils sont descendus dans la rue.
00:34:24 Les politiques sont-ils déconnectés ?
00:34:26 À l'exemple du président de la République,
00:34:29 aujourd'hui, il convoque les représentants des cultes
00:34:33 au nom de la République, la République qui est la laïcité,
00:34:37 donc qui tolère les cultes,
00:34:40 mais qui n'en fait pas l'élément primordial de la vie de notre nation.
00:34:45 On part du principe que tout un chacun a le droit de croire,
00:34:48 il est bon de le répéter, de l'asséner une nouvelle fois,
00:34:52 mais ce n'est pas la priorité,
00:34:54 on n'est pas là pour faire du prosélytisme.
00:34:56 Au nom de la République,
00:34:58 combien de gens aujourd'hui revendiquent une religion ?
00:35:01 Un certain nombre, mais ce n'est sans doute pas la grande majorité.
00:35:05 Et donc lui, il convoque au nom de principes
00:35:09 qui sont ceux de la foi.
00:35:11 Et alors ça donne quoi ?
00:35:12 Eh bien, le grand recteur de la mosquée de Paris
00:35:16 qui dit "mais non, il aurait été mieux de convoquer pour le racisme".
00:35:20 Mais pourquoi ?
00:35:21 La religion, c'est du racisme.
00:35:23 On est raciste, vous pouvez être musulman
00:35:26 en étant français de 15 générations,
00:35:29 vous pouvez être bouddhiste, vous pouvez être tout ce que vous voulez,
00:35:32 ça n'a rien à voir avec le racisme.
00:35:34 Le racisme, prenez n'importe quel dictionnaire
00:35:37 et vous aurez la définition.
00:35:40 Au départ, c'est une ségrégation liée à la couleur de peau.
00:35:45 Voilà ce qu'est le racisme.
00:35:47 Donc ça n'a rien à voir.
00:35:49 Mais là, on tombe tout de suite dans cette enchère victimaire.
00:35:52 Ah, on n'est jamais...
00:35:54 Oui, vous vous rendez compte, là, c'est vrai, ils sont malheureux,
00:35:57 mais nous aussi, on peut être malheureux.
00:35:59 Il ne nous arrive pas des petites choses
00:36:00 où il n'y a pas des gens qui subissent des insultes
00:36:03 et puis les pauvres petites, elles ne vont pas aller à l'école
00:36:05 avec la tenue qu'elles choisissent.
00:36:08 Vous vous rendez compte de l'amalgame ?
00:36:10 Comment on est dans cette dictature
00:36:14 qui consiste à voir dès lors que l'on s'inscrit
00:36:19 dans une pensée différente,
00:36:21 vous êtes dans l'obsession de l'extrême droite ?
00:36:25 Alors, d'ailleurs, c'est ce que l'on a vu,
00:36:27 on devait se réunir, oubliant toutes les étiquettes,
00:36:30 mais qu'ils soient derrière les gugusses, on ne veut pas les voir,
00:36:33 mais ils viennent pour une cause qui est une cause sublime,
00:36:38 qui est celle d'une fraternité où, à un moment donné,
00:36:41 les Juifs ne peuvent plus être
00:36:44 ceux qui sont les martyrs de la République.
00:36:48 Soyons tous ensemble, on s'en fout, non !
00:36:50 Alors, ça montre quoi ? On est dans un petit camp d'assoi.
00:36:54 On est quelques-uns, alors on se donne des médailles,
00:36:57 on se chamaille, et on veut quoi ?
00:36:59 Simplement partager ce qu'il reste de petits trésors,
00:37:03 de boutiquiers lors des élections.
00:37:05 Il y a de moins en moins de gens qui votent,
00:37:07 mais ce qui compte, c'est comment réussir à avoir suffisamment
00:37:11 pour se maintenir en position et d'être élu.
00:37:15 Donc, c'est de l'électoralisme.
00:37:18 D'ailleurs, quels sont les discours qui vous prennent aux tripes ?
00:37:21 Des discours qui posent de vraies questions,
00:37:24 des discours qui vous inscrivent dans les interrogations,
00:37:27 qui sont celles des Français, quelle que soit leur origine.
00:37:31 Le prix des loyers, le plaisir de ton travail.
00:37:34 Comment peut-on se présenter chaque jour
00:37:38 dans la société qui vous offre un emploi
00:37:41 et de sentir que l'on est en train de se réaliser,
00:37:45 que l'on est utile à la société ?
00:37:47 Ça, tout le monde s'en fout.
00:37:49 Ce qui compte, c'est d'être dans la communication.
00:37:53 D'ailleurs, vous avez tous les partis,
00:37:54 il n'est pas question d'avoir des grands prêteurs.
00:37:57 Alors forcément, on va vous sortir Mélenchon,
00:38:00 mais Mélenchon, il est devenu tellement caricatural
00:38:03 et derrière, vous avez ses troupes et on reprend des mots.
00:38:07 Donc, on est dans le langage.
00:38:09 Chaque partie a son petit jargon que l'on ne cesse de répéter.
00:38:13 Et derrière ?
00:38:14 Les médias. Et les médias, que font-ils ?
00:38:17 Eh bien, si vous êtes un média qui cherche simplement
00:38:21 à faire notre métier comme nous le faisons tous les jours,
00:38:25 je n'ai pas la sensation d'être devenu un facho
00:38:29 de par mes origines et de par ce que j'ai pu écrire.
00:38:32 J'ai écrit 15 livres, il suffit d'avoir un peu de curiosité
00:38:35 pour savoir que jamais je me suis inscrit dans une extrême droite.
00:38:39 Mais simplement parce que, ici, autour de cette table,
00:38:41 on va vouloir réfléchir,
00:38:43 on peut ne pas être d'accord entre nous,
00:38:45 mais on est simplement dans le principe
00:38:48 de ce qui a fait la grandeur de la France,
00:38:50 à savoir, eh bien, les interpellations,
00:38:54 à savoir l'interrogation philosophique
00:38:57 de là où nous allons.
00:38:58 Quelle est la meilleure société pour que l'on puisse se sentir bien ?
00:39:03 Alors, que nous propose-t-il ? Rien du tout.
00:39:06 Où est le souffle ?
00:39:07 Où est l'élan ? Où est l'espoir ?
00:39:10 Qu'est-ce qu'on dit à ces mots-mêmes ?
00:39:13 -Où est aussi la volonté de faire briller la France ?
00:39:16 -C'est tout ça. -Où est la volonté de rassembler ?
00:39:18 Où est la volonté d'unir ? Où est la notion de la France ?
00:39:22 -Déjà, quand on brade la langue,
00:39:25 quand on est dans cette incapacité de défendre
00:39:29 et qu'on est président de la République,
00:39:31 que partout où on va, on s'exprime en anglais,
00:39:34 alors qu'on devrait être là, vous vous rendez compte ?
00:39:37 Moi, je porte cette langue
00:39:39 qui offre tant de subtilité à l'expression,
00:39:42 un élément dont je suis fier et qui représente notre pays.
00:39:47 C'est quoi ? C'est pas un pays qui voulait dominer le monde.
00:39:50 Quand la France s'est sentie universaliste,
00:39:53 c'était au nom de la philosophie des Lumières,
00:39:56 d'un mieux-être pour tout un chacun,
00:39:58 qui a été proposé à toutes les nations,
00:40:00 et ce sont elles qui se sont emparées.
00:40:02 C'était pas en conquérant que l'on allait ici et là.
00:40:05 Certes, il y a eu du colonialisme,
00:40:07 mais qui n'a rien à voir avec cette partie culturelle
00:40:11 qui est comment ouvrir tout un chacun
00:40:13 à cet emballement de l'intelligence
00:40:16 pour avoir sa propre personnalité,
00:40:19 son droit à la réflexion.
00:40:21 Tout ça n'existe plus.
00:40:23 Au lieu de perdre notre temps, qu'ils se débrouillent,
00:40:26 on ratatine dans les municipalités
00:40:29 les aides à tout ce qui est culturel.
00:40:32 En revanche, on fait dans le cultuel.
00:40:34 Créer des concours de poésie, de délecture,
00:40:37 créer des concours de...
00:40:40 Comment ? D'éloquence,
00:40:42 créer des concours de dictée,
00:40:44 et faire en sorte que les gamins aient envie de vivre,
00:40:47 vivre grand, vivre français,
00:40:49 dans la fraternité, dans l'égalité.
00:40:52 -Selon vous, c'était une réussite, ou pas, cette manifestation ?
00:40:57 -C'est pas une réussite, déjà,
00:40:59 de par le dépoitraillage des uns et des autres.
00:41:02 Ils appellent à une unité, à quelque chose
00:41:05 où on devrait oublier ce que nous sommes pour une cause,
00:41:08 la plus flamboyante qui soit, et soudain,
00:41:10 c'est "tu peux pas venir, moi, je suis pas à côté d'un tel".
00:41:14 -Et au bout du bout ?
00:41:16 -Au bout du bout, il y a obligatoirement un sabrage,
00:41:20 et pas l'unité et la propulsion que l'on aurait pu espérer,
00:41:25 parce qu'ils l'ont saboté eux-mêmes.
00:41:27 -Ils ont eux-mêmes cassé, saboté.
00:41:29 Merci pour votre regard.
00:41:31 On va regarder ce qu'a dit David Guiraud,
00:41:33 puis je vais vous montrer son tweet,
00:41:35 parce que c'était vendredi 10 novembre,
00:41:38 il était à Tunis, le député LFI,
00:41:40 une rencontre intitulée
00:41:41 "Peut-on encore défendre les Palestiniens en France ?"
00:41:44 avec Taha Bouhaf et Rima Hassan, des militants pro-palestiniens.
00:41:48 Ecoutez ce qu'il a dit.
00:41:50 -Le bébé dans le four,
00:41:51 ça a été fait, en effet, par Israël.
00:41:54 La maman est ventrée,
00:41:58 ça a été fait, c'est vrai, par Israël.
00:42:01 ...
00:42:04 -Regardons son tweet.
00:42:05 Aujourd'hui, il a été largement critiqué pendant tout le week-end.
00:42:09 Il dit...
00:42:10 "Demain, je me rendrai à la projection
00:42:12 "sur les crimes de guerre du Hamas."
00:42:14 Il y a une projection sur les crimes de guerre du Hamas.
00:42:17 "Je m'y rendrai aussi, parce que le ton employé
00:42:20 "dans ma conférence, qu'on vient d'écouter,
00:42:23 "a été trop léger et qu'il a pu heurter."
00:42:25 Il n'avait pas pour but de relativiser ce massacre.
00:42:28 "Je viens corriger cela en espérant qu'une projection
00:42:31 "sur les atrocités subies par les Palestiniens
00:42:34 "sera aussi à l'ordre de joie, car chaque vie compte réaction."
00:42:37 -C'est quoi la formule ?
00:42:39 Il ne veut pas donner l'impression d'avoir relativisé les massacres.
00:42:42 Il les a niés. C'est différent.
00:42:44 Relativiser les massacres, c'est dire les massacres de deux côtés.
00:42:47 Non, il a accusé Israël d'avoir créé un fake intégral.
00:42:50 Dans les circonstances,
00:42:52 c'est du rétropédalage de classe mondiale.
00:42:54 Il est obligé de pratiquer l'autocritique maximale
00:42:57 même dans son camp.
00:42:58 On trouve qu'il a été trop loin.
00:43:00 Même chez El-Effi, il est allé trop loin.
00:43:03 Il faut aller trop loin.
00:43:04 -C'est surtout qu'en fait, dans cette conférence,
00:43:07 il dit en effet...
00:43:08 C'est une manière de dire que ce qu'il évoque n'a pas existé
00:43:12 cette fois-ci, mais ça a existé dans le passé,
00:43:14 comme si ça relativisait l'horreur qui a été commise le 7
00:43:18 et comme si telle ou telle atrocité,
00:43:20 dont on n'est pas certain qu'elle a existé,
00:43:23 relativisait elle aussi le nombre de morts et l'horreur.
00:43:26 Donc, bon, don't acte.
00:43:28 Il est obligé lui-même de se reprendre.
00:43:30 Il va voir les images.
00:43:31 En général, quand on voit les images,
00:43:34 elles ont une vertu, c'est qu'on les oublie pas.
00:43:36 -Quand on voit la gravité de la situation,
00:43:39 au-delà du drame du 7 octobre,
00:43:41 on peut pas revenir en disant
00:43:42 "Tiens, j'ai peut-être été un peu trop léger hier.
00:43:45 "J'étais avec les copains, on était en train de prendre un coup.
00:43:49 "On est là au bar, on fait pas toujours attention."
00:43:52 C'est de la conversation de bistrot
00:43:54 qui est une conférence alors qu'il est un homme politique.
00:43:57 Vous vous rendez compte comment ils sont déconnectés ?
00:44:01 C'est la chute de la chronique.
00:44:02 -Le fait est qu'il y a un doute sur l'histoire précise
00:44:06 de la décapitation du bébé.
00:44:07 -On parle du bébé dans le four.
00:44:09 -Oui, mais c'est pareil.
00:44:11 C'est-à-dire que c'est du pinaillage...
00:44:13 -Comment ça, c'est pareil ?
00:44:15 -C'est du pinaillage sur un micro-détail
00:44:17 qui a pour but de disqualifier totalement
00:44:19 le discours de l'adversaire.
00:44:21 C'est ça que fait aujourd'hui David Garraud.
00:44:24 Il nous dit s'il y a un doute sur le bébé dans le four.
00:44:27 Le bébé dans le four, ça a été fait par Israël.
00:44:30 -Il n'a pas dit s'il y a un doute.
00:44:32 Il n'a pas dit ça. Il a affirmé.
00:44:33 J'aimerais comprendre.
00:44:35 -Il ne dit pas "le bébé dans le four", le 7 octobre,
00:44:38 c'est un Israélien qui l'a fait pour disqualifier les Palestiniens.
00:44:42 Il dit que ça a été fait par le passé dans l'histoire.
00:44:45 Il cite un événement de 1949
00:44:47 et il a cité Sabra et Chattila comme étant une erreur énorme.
00:44:50 Ce sont des milices chrétiennes libanaises.
00:44:53 Ce qu'il veut nous dire, David Garraud,
00:44:55 c'est que les Israéliens ont cherché à vous manipuler le 7 octobre.
00:44:59 Tout ce qu'il vous dit, c'est un mensonge
00:45:01 dans le but d'avoir le blanc-seing pour détruire les Palestiniens.
00:45:05 C'est ça qu'il veut faire.
00:45:07 Cette opposition des récits en se sert d'un micro-détail
00:45:10 pour disqualifier le discours de l'adversaire.
00:45:13 C'est le procédé qui est détestable.
00:45:15 -Je vous vois bien en porte-parole de LFI.
00:45:18 Pardon, je vous taquine.
00:45:20 Je pense qu'il aurait dit cela dans le sens que vous décrivez
00:45:23 qu'il n'aurait pas écrit ce tweet-là.
00:45:25 -Il se rend compte qu'il a dit une bêtise sur Sabra et Chattila.
00:45:29 Il rétro-pédale, il les cherche.
00:45:31 Mais derrière, c'est des tweets qui se succèdent les uns les autres.
00:45:35 Il vous fait un cours d'histoire, David Garraud, qui est frappant.
00:45:39 Je suis étonné quand même que vous pensiez
00:45:41 que ce que je dise apporte de l'eau à son moulin.
00:45:44 -Oui, je trouve qu'en gros, oui.
00:45:46 Je trouve que vous arrondissez un peu les angles.
00:45:49 -Je trouve que c'est très violent, ce qu'il a dit.
00:45:52 -Bien sûr que c'est violent.
00:45:54 -Et qu'il n'y a pas d'explication derrière.
00:45:57 -Il y a des faits inconfortables pour les deux camps.
00:46:00 Les gens qui défendent Israël
00:46:02 et les palestiniens.
00:46:04 Ces faits inconfortables sont écartés
00:46:06 pour avoir une lecture unilatérale dans les deux sens.
00:46:10 C'est ce que je déplore. Mon métier, c'est l'information.
00:46:13 Il y a des choses qu'il faut dire sur ce qui se passe à Gaza,
00:46:17 sur la nature du gouvernement israélien.
00:46:20 Mais on ne peut pas dire ça,
00:46:21 quand on est dans un camp ou l'autre.
00:46:24 -La République était en marche hier,
00:46:26 Charles de Lassens et Emmanuel Macron,
00:46:28 qui ne s'est pas rendu à cette marche contre l'antisémitisme.
00:46:32 Est-ce un rendez-vous raté avec les Français ?
00:46:35 -C'est vrai qu'on a tous un avis, et on a entendu beaucoup d'avis.
00:46:39 Avant, pendant tout le psychodrame du suspense
00:46:41 organisé par l'Elysée, qui, pendant trois jours,
00:46:44 viendra, viendra pas, et jusqu'au dernier moment,
00:46:47 c'était assez bancal, comme stratégie de communication.
00:46:50 C'est mon avis.
00:46:51 A la fin, on apprend qu'Emmanuel Macron ne vient pas.
00:46:54 On a tous un avis, est-ce qu'il devait y aller ou pas.
00:46:57 Mais la vraie question, c'est pourquoi n'y a-t-il pas été ?
00:47:01 Quand j'ai vu qu'il n'y allait pas,
00:47:03 je me suis dit que c'était lié à la question des otages.
00:47:06 Je me suis dit qu'il devait y avoir une prudence.
00:47:09 On a entendu, à la fois son entourage et l'Elysée,
00:47:12 nous donner une toute autre lecture
00:47:14 de la raison pour laquelle il n'y allait pas.
00:47:16 L'Elysée a répondu immédiatement, et Emmanuel Macron l'a dit aussi,
00:47:20 "Le président ne va jamais à des manifestations,
00:47:23 "il ne va jamais à des marches."
00:47:25 On voit rarement le président de la République
00:47:27 dans des manifestations, et là, on avait tous dans la tête
00:47:31 la manifestation après les attentats contre Charlie Hebdo,
00:47:34 où on comprend bien que c'est un moment particulier.
00:47:37 On voit aussi, rarement, le président du Sénat
00:47:40 et la présidente de l'Assemblée organisait une manifestation.
00:47:43 C'est assez rare, de manière générale.
00:47:45 C'était une réponse un peu, là aussi,
00:47:48 assez inadéquate, par rapport à ce qu'était cette manifestation.
00:47:51 Ensuite, on a surtout les phrases et les propos d'Emmanuel Macron
00:47:55 qui précèdent et accompagnent, pendant tout le week-end,
00:47:58 cette marche. Il dit qu'il soutient les gens qui y seront,
00:48:01 mais il nous dit quelques jours plus tôt
00:48:04 qu'il ne faut pas que la défense des Juifs
00:48:06 se transforme en haine des musulmans.
00:48:08 Il nous parle de ça.
00:48:10 Et il parle, la veille, il donne une interview à la BBC,
00:48:13 et il explique, il tense, on va dire, Israël,
00:48:16 sur la durée, la longueur et la...
00:48:19 Comment dire ? La violence de la riposte sur Gaza,
00:48:22 en des termes qu'on ne lui connaissait pas jusque maintenant,
00:48:25 en disant qu'il fallait stopper cette riposte.
00:48:29 Donc, il inscrit lui-même, pendant le même temps, on va dire,
00:48:32 il inscrit lui-même la situation française
00:48:34 simplement dans un agenda international.
00:48:37 On a, de l'autre côté, Jean-Luc Mélenchon,
00:48:40 parallèlement, on va dire, qui fait exactement la même chose,
00:48:43 puisqu'il dit, des manifestants et des organisateurs
00:48:46 de la manifestation, que c'est le rendez-vous
00:48:48 des gens qui soutiennent le massacre à Gaza.
00:48:51 Donc, lui aussi inscrit, alors, de l'autre côté, on va dire,
00:48:54 lui aussi inscrit, fait ce parallèle,
00:48:56 et impose cette fracture étrangère en France
00:49:01 sur cette manifestation.
00:49:02 Et puis, il y a le discours des organisateurs de la manifestation
00:49:05 qui, eux, nous disent que cette manifestation n'a rien à voir
00:49:08 avec ce qui se passe là-bas, nous ne voulons pas de drapeau israélien
00:49:12 dans cette manifestation, parce que nous nous manifestons
00:49:15 contre l'antisémitisme en France.
00:49:17 Alors, ils ont raison, évidemment.
00:49:19 Mais c'est un peu oublier ce qui s'est passé ces trois dernières semaines
00:49:23 et la raison pour laquelle a lieu cette manifestation.
00:49:26 Pourquoi est-ce qu'on a vu une résurgence
00:49:28 d'actes ou de propos antisémites en France ?
00:49:32 Évidemment que c'est en raison de la situation internationale.
00:49:35 Donc, ils ont raison, l'antisémitisme est un problème.
00:49:38 D'ailleurs, on n'a pas attendu le 7 octobre
00:49:40 pour avoir cet antisémitisme-là qui s'exprime en France.
00:49:43 En revanche, on a attendu cette résurgence-là
00:49:46 et cette situation-là en Israël
00:49:48 il y a un mois
00:49:51 pour organiser cette manifestation.
00:49:53 Donc, on peut vouloir dissocier les deux,
00:49:55 mais dans la tête de beaucoup de gens, ça n'est absolument pas dissocié.
00:49:59 Et on se rend à telle ou telle manifestation,
00:50:01 on tient tel ou tel propos, on se positionne par rapport à tel autre
00:50:05 et le conflit n'est pas en raison d'autre chose.
00:50:07 - Selon vous, ceux qui ont été manifestés
00:50:11 ont manifesté indirectement pour Israël ?
00:50:14 - Non, je ne dis pas ça.
00:50:15 Je dis simplement que les organisateurs ont raison
00:50:19 de dire que cette manifestation n'est pas la question de la guerre.
00:50:22 Mais ce qu'il faut reconnaître en France,
00:50:25 et pourquoi Emmanuel Macron hésite avant cette manifestation,
00:50:28 c'est qu'en France, il n'y a pas un risque d'importation du conflit.
00:50:32 Olivier Véran, le conflit est là à 200 %,
00:50:35 avec des franges de la population française,
00:50:39 pas toutes, en effet, mais certaines personnes,
00:50:42 et ça pourrait causer des problèmes,
00:50:44 et c'est précisément parce que ça fracture une partie de la France
00:50:48 qu'Emmanuel Macron a décidé de ne pas y aller,
00:50:50 si on croit à la fois son entourage
00:50:52 et les propos que lui-même a tenus à la veille de cette manifestation.
00:50:56 - Pourquoi vous dites qu'il ne fracture qu'une partie de la France ?
00:51:01 Est-ce que tout le monde n'est pas concerné ?
00:51:03 - Tout le monde devrait être concerné.
00:51:05 J'essaie de constater ce que je vois.
00:51:07 Je ne dis pas qu'il faudrait que tout le monde soit dans la rue
00:51:10 contre l'antisémitisme.
00:51:12 Je constate une chose.
00:51:14 D'abord, extrêmement factuellement,
00:51:16 au lendemain de l'attentat contre Charlie Hebdo,
00:51:18 on avait... J'ai essayé de chercher les chiffres.
00:51:21 Il y en avait plusieurs. On disait 2 millions à Paris,
00:51:24 4 millions en France, partout dans les villes.
00:51:26 C'était des chiffres considérables.
00:51:29 Le ministère de l'Intérieur disait que c'était du jamais vu
00:51:32 en termes de mobilisation.
00:51:33 Hier, on se félicite d'avoir 200 000 personnes
00:51:36 dans toute la France.
00:51:37 Il n'y a pas la même mobilisation. C'est factuel.
00:51:40 Il n'y a pas le même engouement dans cette manifestation.
00:51:43 - C'était un attentat en France.
00:51:45 - C'était un attentat en France, mais l'antisémitisme est en France.
00:51:49 - Il n'y a pas d'attentat antisémite ?
00:51:51 - Non, mais on est à la fois loin et en même temps tout proches.
00:51:55 Il y a cette distinction qui n'est pas faite par tout le monde.
00:51:59 D'abord, il y a beaucoup de Français,
00:52:01 je rejoins complètement Mathieu,
00:52:03 qui sont un peu fatigués d'aller marcher contre le terrorisme
00:52:07 ou contre l'antisémitisme.
00:52:08 Mais beaucoup de gens ont dans la tête,
00:52:11 malgré tous les errements et les contorsions
00:52:14 d'une partie de la classe politique,
00:52:16 l'antisémitisme comme conséquence de l'islamisme.
00:52:19 Les marches à répétition, c'est un peu comme les pluches et les bousilles.
00:52:23 Il y a des gens qui n'en peuvent plus de faire ça.
00:52:26 C'est une impuissance qui désespère un peu tout le monde.
00:52:29 Il y a aussi sans doute la question du besoin, on va dire,
00:52:33 de se retrouver, du besoin d'une marche populaire
00:52:36 qui a considérablement faibli dans la tête de beaucoup de gens.
00:52:40 C'est le résultat d'une société beaucoup plus individualiste.
00:52:43 Vous n'avez pas le même besoin de vous retrouver,
00:52:46 d'autant que vous avez l'impression de ne plus composer un peuple.
00:52:50 Là, c'est beaucoup plus large que ce dimanche.
00:52:53 Il y a aussi le fait, dans la tête de beaucoup de Français,
00:52:56 je pense, que cette manifestation a aussi été vue
00:52:59 par beaucoup de gens inscrits dans un contexte international
00:53:02 qui, pour beaucoup, est une guerre étrangère.
00:53:05 On parle depuis des semaines de l'implication de certaines personnes,
00:53:09 mais le gros de la population française
00:53:12 voit une guerre étrangère et ne se sent pas concernée,
00:53:15 non pas par l'antisémitisme en France,
00:53:17 mais par l'importation de ce conflit.
00:53:19 Ils n'ont pas l'impression d'avoir besoin de choisir un camp
00:53:23 le jour de l'attaque du Hamas.
00:53:24 On a vu que l'immense majorité des Français
00:53:27 est terrorisée, sidérée par l'attaque du Hamas.
00:53:31 L'immense majorité des Français
00:53:33 est sidérée par l'antisémitisme en France,
00:53:36 et pourtant, il n'y a pas cette mobilisation dans la rue.
00:53:39 Donc, il y a peut-être aussi le fait
00:53:41 que, comme cette manifestation est inscrite
00:53:44 dans un contexte international duquel s'éloignent beaucoup de Français,
00:53:48 il y a une mobilisation plus difficile.
00:53:51 Sur ces Français qui ont eux-mêmes raté le rendez-vous,
00:53:54 sans doute, l'absence du président de la République
00:53:57 qui est l'incarnation de l'unité de la France
00:54:00 n'a pas aidé, ça c'est sûr, à mobiliser,
00:54:03 même psychologiquement, on va dire, pour cette manifestation.
00:54:06 -Mais ne faut-il pas s'inquiéter de cette indifférence
00:54:09 à un moment où on appelle à lutter contre l'antisémitisme ?
00:54:12 -On peut s'en désoler, c'est évident.
00:54:15 On peut aussi voir qu'il y a beaucoup de gens
00:54:17 qui ne sont pas venus défiler hier
00:54:20 et qui, pourtant, sont engagés contre l'antisémitisme
00:54:23 et pas soupçonnables, deux secondes,
00:54:25 d'être un risque sur le terrain de l'antisémitisme,
00:54:28 Dieu merci, quand même.
00:54:29 En revanche, il faut s'inquiéter du fait que la France
00:54:32 est devenue un rendez-vous manqué des uns pour les autres
00:54:36 en permanence. Il n'y a plus un sujet
00:54:38 sur lequel on se dit qu'on pourrait avoir tout le monde dans la rue.
00:54:42 C'est le résultat de ce qu'Emmanuel Macron lui-même
00:54:45 appelait la décivilisation au lendemain des émeutes.
00:54:48 Je m'explique. La décivilisation,
00:54:50 c'est, d'une part, l'ensauvagement, pour faire simple,
00:54:53 c'est-à-dire l'absence de civilisation
00:54:56 à l'intérieur des personnes
00:54:57 qui fait qu'elles se comportent parfois comme des sauvages.
00:55:01 Mais ça veut dire aussi l'absence d'un référentiel commun.
00:55:04 Or, qu'est-ce qu'a révélé de manière éclatante
00:55:07 le conflit israélo-palestinien en France ?
00:55:09 C'est l'existence de trois blocs qu'on pourrait appeler civilisationnels.
00:55:14 Je ne communique pas trop à la guerre des civilisations
00:55:17 et les alliances entre les pays dans le monde
00:55:19 contredisent ce choc des civilisations.
00:55:22 En France, il est vrai qu'il y a trois blocs civilisationnels.
00:55:25 Le premier, c'est ceux qui attaquent la civilisation occidentale
00:55:29 en disant qu'elle est la mère de tous les maux de la société
00:55:34 et surtout des minorités.
00:55:36 Souvenez-vous de Sartre, on cite Sartre ces derniers jours.
00:55:39 A la sortie de la Seconde Guerre mondiale, il dit
00:55:42 que pour ne pas reproduire ce qui s'est passé avec les Juifs,
00:55:45 il a mis en avant toutes les autres minorités.
00:55:48 Eh bien, ils ont remplacé, eux, le Juif de la Shoah
00:55:51 par les autres minorités.
00:55:52 Le conflit israélo-palestinien, c'est compliqué.
00:55:56 Le deuxième bloc est celui de ceux qui défendent la civilisation,
00:56:00 soit de manière assez passive, c'est-à-dire assez naturelle,
00:56:03 parce que c'est la leur,
00:56:05 soit parce qu'ils acceptent le combat des Premiers,
00:56:08 et donc, ils la défendent.
00:56:09 Là, ils voient que l'antisémitisme,
00:56:11 eux, ils pensaient l'avoir purgé de la société française,
00:56:15 et ils sont un peu inquiets de sa résurgence
00:56:18 par le biais d'une importation de l'islamisme.
00:56:21 Et le troisième bloc, c'est ceux qui se réfèrent,
00:56:24 par attachement familial ou personnel,
00:56:27 à une autre civilisation.
00:56:28 Ça ne veut pas dire que c'est mal, mais que c'est une autre.
00:56:32 Une civilisation, c'est une manière de regarder le monde,
00:56:35 d'avoir des attachements, des parties prises,
00:56:38 notamment dans les conflits.
00:56:40 Et quand vous avez des gens qui sont attachés
00:56:42 à d'autres civilisations,
00:56:43 qui, notamment, sont celles qui participent de l'islamisation,
00:56:47 c'est-à-dire de la civilisation islamique,
00:56:49 ils n'ont pas le même regard sur ce conflit.
00:56:52 Il faut qu'on accepte de le voir dans le monde,
00:56:54 et c'est vrai aussi en France.
00:56:56 Ces trois camps se définissent plus par choix que par héritage.
00:57:00 Vous pouvez avoir des personnes qui passent de l'un à l'autre,
00:57:03 c'est pas génétique, comme choix,
00:57:05 mais la bataille est féroce.
00:57:06 C'est ce qu'avait Emmanuel Macron dans la tête,
00:57:09 ces trois blocs, qui l'ont, à mon avis,
00:57:11 empêché de se rendre dans la rue.
00:57:13 C'est pas tellement lui qui rate un rendez-vous,
00:57:16 c'est qu'il est le président d'un pays
00:57:18 qui ne sait plus se donner de rendez-vous commun.
00:57:21 -Merci, Charlotte, pour votre regard.
00:57:24 Une question, Mathieu Bocoté.
00:57:25 Manuel Bonpard, le coordinateur national de la France Insoumise,
00:57:29 s'est voulu catégorique.
00:57:31 Sont-nous, lui, la marche de dimanche ?
00:57:33 N'aura-t-il servi qu'à blanchir le Rassemblement national ?
00:57:36 A-t-il raison ?
00:57:37 -C'est une espèce de formulerie.
00:57:39 Cette marche ne doit tourner qu'autour du référentiel RN.
00:57:42 Ce qui n'est pas surprenant,
00:57:44 l'ensemble de la vie politique française
00:57:46 est organisée depuis 40 ans autour du barrage à l'extrême droite,
00:57:50 du fait qu'elle monte, qu'elle reflue, qu'elle se déplace,
00:57:53 qu'elle fait du slalom, l'extrême droite et le référentiel
00:57:56 est surmontable de tout débat public.
00:57:59 La question, c'était, est-ce que le RN peut participer
00:58:02 au front commun contre l'antisémitisme ?
00:58:04 D'autant qu'il le voulait,
00:58:06 il ne le souhaitait pas.
00:58:07 Qu'est-ce qui se pose à travers cette question-là ?
00:58:10 On le sait, sur quoi est fondée la diabolisation du RN
00:58:13 depuis 40 ans, à peu près 30 ans,
00:58:15 c'est l'antisémitisme.
00:58:16 Si on n'accuse plus ce parti d'antisémitisme,
00:58:19 s'il est délivré de cette étiquette,
00:58:22 de ce fardeau,
00:58:23 est-ce que c'est un parti comme les autres ?
00:58:26 C'est le débat dans les médias qui revient.
00:58:28 On doit le diaboliser quand même,
00:58:30 malgré le fait qu'il a rompu avec l'antisémitisme.
00:58:34 La question, c'est pourquoi doit-on poursuivre
00:58:37 sa diabolisation ?
00:58:38 Je me permets de faire un lien
00:58:40 avec une déclaration intéressante d'Edouard Philippe
00:58:43 sur France Info.
00:58:45 Il dit que, il y a quelques années,
00:58:47 le RN était encore contre l'euro,
00:58:49 contre l'avortement.
00:58:51 Ils ont changé sur tous ces sujets.
00:58:53 S'ils changent sur l'antisémitisme,
00:58:55 ça me va très bien.
00:58:56 Ce qui est intéressant, c'est qu'ils mettent sur le même pied
00:59:00 des sujets comme l'euro, l'avortement, l'antisémitisme.
00:59:03 Je me suis rendu compte que c'est pas le même catégorie.
00:59:06 C'est un argument qui revient souvent dans le débat public.
00:59:09 Gislelle Oettenheimer, dans "Challenge",
00:59:12 il y a quelques mois, avait utilisé cette formule.
00:59:15 Parlant du RN,
00:59:16 "L'extrême droite ne fait plus peur,
00:59:18 "finis les skinheads et le Frexit.
00:59:20 "L'ensemble du mouvement s'est respectabilisé
00:59:23 "grâce à la stratégie de la cravate."
00:59:25 La sortie de l'Europe était mise sur le même pied
00:59:28 que les skinheads, les nazis.
00:59:29 C'est intéressant de voir pourquoi une bonne partie
00:59:32 de la population est anti-semite.
00:59:34 Si le RN n'est plus antisémite ou ne l'est pas,
00:59:37 ou qu'importe la question, l'est-il ou l'est-il pas,
00:59:40 s'il n'a plus cette étiquette-là,
00:59:42 au nom de quoi peut-on faire le cordon sanitaire autour de lui?
00:59:45 Et là, Edouard Philippe, qui est un personnage intéressant,
00:59:49 il dit "je suis en désaccord avec le RN,
00:59:51 "mais c'est un adversaire radical."
00:59:53 C'est un adversaire radical pour la prochaine présidentielle.
00:59:56 La journaliste, dans sa neutralité, dit
00:59:59 "vous avez pas peur que le RN l'emporte en 2027?"
01:00:02 Et il dit "c'est un adversaire radical, comme Olivier Faure."
01:00:05 Alors c'est intéressant.
01:00:06 Donc là, soudainement, Marine Le Pen est placée
01:00:09 sur le même pied qu'Olivier Faure.
01:00:11 C'est assez intéressant.
01:00:12 La dédiabolisation, le temps d'un entretien,
01:00:15 c'est consacré à Edouard Philippe.
01:00:17 Un dernier point, la droite libérale.
01:00:19 Elle est en droit de le faire.
01:00:21 Il y a une excellente critique à faire en ces matières.
01:00:23 Elle n'est pas obligée de le faire
01:00:25 avec le logiciel de l'extrême-gauche ou de la gauche radicale.
01:00:29 Il doit avoir moyen de critiquer le RN
01:00:31 pour être fasciste.
01:00:32 C'est ce qui s'est passé avec Edouard Philippe.
01:00:35 Il valait la peine d'ajouter à l'actualité.
01:00:37 - 10 secondes, dernière question.
01:00:39 En reprenant Manuel Bompard,
01:00:41 est-ce que le RN sort de la présente séquence
01:00:44 avec une réputation améliorée ?
01:00:46 - Du point de vue du système médiatique, pas du tout.
01:00:49 La volonté de le maudire ira jusqu'au bout.
01:00:51 Du point de vue du commun des mortels,
01:00:53 ça commence à être difficile d'avoir l'impression
01:00:56 qu'on a Hitler, Staline, Djungeskan
01:00:58 qui tombent sur la tête des gens sur le mode de la rage antisémite.
01:01:01 On peut se porter à défense des Juifs de France.
01:01:03 La question, c'est à quel moment devra-t-on croire ou non le RN ?
01:01:07 Y a-t-il un test qui fait désormais qu'on le croit ?
01:01:10 Ou est-ce qu'on croit jusqu'à la fin des temps ?
01:01:12 La formule à la Russe du diable consiste à nous faire croire
01:01:15 à son inexistence.
01:01:17 Est-ce qu'on doit prendre le RN comme le diable
01:01:19 en se disant que s'il est diabolisé, c'est parce qu'il est diabolique ?
01:01:23 Si oui, on quitte la politique et on bascule dans l'exorcisme.
01:01:26 - Merci beaucoup, Marc Menand pour un audioc.
01:01:28 Une chronique de suite.
01:01:30 du doigt le programme Pascal Praud tout de suite.
01:01:31 *Bruit de porte qui s'ouvre*
01:01:33 Merci.

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