La CASE vient en aide aux étudiants notamment avec des distributions alimentaires. Amine Taher, directeur du conseil d'administration de l'association, est l'invité du 6-9 ce lundi 6 novembre.
Catégorie
🗞
NewsTranscription
00:00 On s'est bien reposé pendant les vacances, les vacances de la Toussaint, c'est la reprise
00:03 aujourd'hui pour les enfants, pour les petits, pour les plus grands aussi.
00:06 On accueille ce matin Xavier Ponroy, Amine Taher, c'est le président du conseil d'administration
00:11 de la CASE, j'imagine que c'est comme ça qu'on prononce, Caribe Afrique Solidarité
00:14 étudiante.
00:15 Et on va commencer par poser les bases.
00:16 Bonjour Amine Taher.
00:17 Bonjour.
00:18 C'est quoi la CASE justement ? La CASE c'est une asso étudiante qui accueille
00:21 et accompagne les étudiants étrangers.
00:23 Elle est située à l'université Paul Valéry de Montpellier.
00:26 Parfois aussi, enfin au final tout le monde, mais c'est vrai que majoritairement vous
00:30 aidez des étudiants étrangers ultramarins aussi ?
00:32 C'est ça, notre axe principal c'est d'accueillir les étudiants étrangers ultramarins, africains,
00:37 asiatiques etc.
00:38 Mais l'association est ouverte à tout le monde et on accueille tous les étudiants
00:42 de l'université.
00:43 Parmi les aides que vous fournissez, il y a donc de la distribution alimentaire que
00:47 vous aviez commencé pendant le Covid il y a 4 ans.
00:50 C'était censé être temporaire à la base ?
00:52 Tout à fait.
00:53 Pendant le Covid, on a remarqué qu'il y avait une hausse énorme de la précarité
00:56 des étudiants et donc on a recensé beaucoup d'étudiants dans le besoin et on a lancé
01:01 une campagne de distribution alimentaire qui était censée couvrir uniquement les périodes
01:06 de confinement.
01:07 J'insiste, c'était censé être éphémère, 4 ans après vous vous retrouvez encore à
01:10 faire ça ?
01:11 Tout à fait et le plus dur c'est qu'on continue d'accompagner les mêmes personnes
01:14 qu'il y a 4 ans, c'est-à-dire que c'est des gens qui sont depuis 4 ans dans une situation
01:19 de précarité extrême.
01:20 Donc la situation ne s'est pas améliorée ?
01:22 Non.
01:23 Et par-dessus, est-ce qu'il y a de plus en plus, même le nombre de personnes que vous
01:26 aidez, a-t-il augmenté ?
01:27 Oui, depuis la première année, donc en 2020 aujourd'hui, par exemple l'année dernière
01:33 on avait 80 bénéficiaires, là la rentrée c'est que depuis début septembre on est
01:37 déjà à 80 bénéficiaires.
01:38 Vous les faites où ces distributions ? Comment ça se passe ?
01:41 Alors on travaille avec un partenaire qui est Solidarité Domtom, qui est une association
01:45 qui est à La Paillade.
01:46 Donc eux ils nous mettent à disposition leur épicerie solidaire, on a accès aux denrées
01:50 gratuitement etc. qu'on peut redistribuer après aux étudiants.
01:52 Et donc nous on recense les étudiants dans le besoin sur le campus, on va jusqu'à
01:57 Solidarité Domtom à La Paillade, on prépare les colis alimentaires, on accueille les étudiants
02:01 là-bas et puis on fait la distribution là-bas.
02:03 Ces colis alimentaires, est-ce que vous savez d'où ils viennent ? Est-ce que c'est un peu
02:06 le même principe que les Restos du Coeur ?
02:08 Oui, c'est principalement la banque alimentaire qui s'occupe de ces provisions-là.
02:14 Vous parliez de cette précarité étudiante qui s'intensifie.
02:18 Un chiffre, on en parlait d'ailleurs aussi dans les infos ce matin, un sondage réalisé
02:21 par l'association Copain, un tiers des étudiants sautent régulièrement un repas par manque
02:30 d'argent.
02:31 Un sur deux.
02:32 Un sur deux, c'était régulièrement et occasionnellement.
02:34 Mais quoi qu'il arrive, le chiffre est quand même marquant et fort.
02:37 Vous avez 27 ans, vous étiez étudiant il y a encore très peu de temps.
02:42 Est-ce que c'est quelque chose que vous avez pu quantifier ou en tout cas observer aussi
02:46 sur le campus à Montpellier ?
02:47 Oui, on le voit en parlant aux étudiants.
02:50 C'est pour ça qu'on a lancé cette distribution alimentaire, c'est pour ça qu'on le maintient.
02:54 C'est quelque chose qui est assez palpable sur le campus.
02:57 C'est vraiment un sujet quotidien pour les étudiants qui est la précarité, comment
03:02 se nourrir, l'inflation, tout ce qui va avec.
03:06 Est-ce que vous, justement, c'était difficile pour vous lorsque vous étiez plus jeune,
03:10 plus étudiant ? C'est peut-être pour ça que vous êtes devenu président de l'association
03:12 ? Ça n'a pas de rapport ? Comment c'est arrivé justement ? Comment vous avez eu l'idée
03:15 de vous lancer dans l'association ?
03:17 Il y a sûrement un peu de ça, mais moi je me suis lancé dans l'association en 2015
03:22 pour organiser des événements culturels parce que j'étais en licence de cinéma et que
03:25 j'aimais bien ça.
03:26 Et puis après, petit à petit, on a commencé à répondre à des vraies problématiques
03:30 pour les étudiants.
03:31 Et oui, moi en plus, je suis étudiant étranger, donc forcément le budget est beaucoup moindre,
03:35 on a beaucoup plus de dépenses aussi.
03:36 Par exemple, on paie les inscriptions à la fac, on paie un titre de séjour, le prix
03:40 à l'année est quand même assez élevé.
03:41 Donc oui, c'est quelque chose que j'ai pu côtoyer, quelque chose que j'ai pu voir,
03:45 c'est pour ça.
03:46 - Vous avez touché, ça vous a donné peut-être envie de mobiliser plus ?
03:49 - Oui, en tout cas, je l'ai vu de mes propres yeux.
03:52 - Vous avez donc été aussi récompensé pour tout le travail que vous menez avec cette
03:57 association, un prix de la Fondation France, c'était au mois d'octobre, à Paris.
04:01 Fierté, j'imagine ?
04:02 - Oui, surtout qu'on est parmi 26 lauréats sur plus de 300 dossiers, on ne s'y attendait
04:08 pas.
04:09 - Qu'est-ce qui vient récompenser exactement ce prix ?
04:12 - Alors c'est pour un peu améliorer le dispositif.
04:15 L'idée aujourd'hui qu'on a, c'est d'acheter un vélo électrique cargo pour pouvoir aller
04:20 jusqu'à La Payade, récupérer les denrées alimentaires en toute autonomie et les ramener
04:24 jusqu'au campus ou dans les cités universitaires et pour se rapprocher un peu des étudiants.
04:28 Parce que La Payade, c'est un peu loin de tous les campus, de toutes les cités universitaires
04:32 et les étudiants, ils ont besoin de, des fois, de 2-3 heures pour venir jusqu'à La
04:36 Payade, prendre un colis et puis repartir chez eux.
04:38 Donc l'idée c'était d'acheter un vélo électrique et c'est ce projet-là qui a eu un prix avec
04:44 la fondation.
04:45 - Et d'ailleurs c'est 5 000 euros pour ce vélo cargo, c'est ça, comme type de vélo.
04:49 Mais est-ce que vous avez les bras, ou plutôt les jambes, pour faire avancer ce vélo ? Est-ce
04:52 que l'association arrive à s'en sortir ?
04:54 - Alors très bonne question.
04:55 Justement, en mettant en place la distribution alimentaire, on a vu notre travail augmenter
05:02 de beaucoup, la charge de travail est devenue énorme et du coup on a réussi à salarier
05:06 quelqu'un juste après le premier confinement en 2021.
05:10 On a pu garder cette salarié pendant deux ans et malheureusement les subventions ne
05:15 suivent plus et donc on n'a plus de salarié depuis cette rentrée, depuis septembre.
05:19 Et donc c'est un peu plus compliqué effectivement de mettre en place ce projet de vélo distrib
05:24 parce que faute de bras.
05:26 - Justement, vous pouvez lancer un appel ce matin sur France Bleu Héro, vous avez besoin
05:29 de bénévoles j'imagine, d'aide ?
05:30 - Oui, carrément.
05:31 Chaque semaine on est à la banque alimentaire trois fois par semaine donc plus on a de bénévoles,
05:38 d'étudiants qui veulent s'impliquer avec nous, plus on est content.
05:40 - Vous parliez de subventions, c'est quoi les soutiens financiers que vous avez ?
05:43 - Alors c'est principalement l'université Paul-Valéry qui subventionne beaucoup de nos
05:48 projets qui se passent sur le campus.
05:49 C'est le CRUS de Montpellier, c'est le département et puis après c'est souvent par exemple comme
05:56 la Fondation de France, des choses comme ça.
05:58 - J'ai vu que la ville de Montpellier vous aide, certes, disons que c'est très maigre,
06:04 500 euros par an, ça paraît ridicule presque.
06:07 C'est déjà bien évidemment, mais ça paraît peu.
06:09 - On ne va pas cracher dessus bien sûr, mais depuis deux ans on dépose un dossier de fonctionnement
06:14 et c'est les deux années où on avait un salarié.
06:16 On comptait beaucoup sur un soutien de la ville pour pouvoir maintenir notre salarié,
06:19 malheureusement ça n'a pas suivi.
06:20 On ne va pas leur rejeter la faute, mais on aurait aimé un peu plus de soutien.
06:24 - Au-delà des bénévoles d'ailleurs et des bras dont vous avez besoin, comment on peut
06:27 vous aider ? J'imagine que les dons sont essentiels pour la survie et le fonctionnement de l'asso ?
06:31 - Oui, bien sûr, surtout pour les actions de solidarité.
06:33 - Comment on peut justement, comment ça se passe si on veut vous aider ?
06:36 - Sur notre site web, lacas34.fr.
06:38 - On a beaucoup parlé des distributions alimentaires, est-ce que vous avez d'autres activités,
06:43 lesquelles vous faites du lien, aussi un petit peu du lien social, c'est aussi ça le but ?
06:48 - Oui c'est ça, lutter contre la précarité, ce n'est pas seulement de l'alimentaire, c'est
06:51 aussi donner un accès à la culture gratuitement aux étudiants, s'organiser des manifestations
06:55 culturelles, artistiques, pour qu'ils puissent venir gratuitement et de proposer aussi une
06:59 programmation plutôt qualitative, qu'on peut avoir dans des cinémas ou des festivals,
07:04 avec un ticket d'entrée assez élevé.
07:06 Donc notre but c'est aussi de proposer des programmations culturelles.
07:09 - Donc c'est quoi, il y a des projections, des concerts ?
07:11 - Oui, c'est très varié, on aime beaucoup la musique dans l'association, donc forcément
07:15 on fait beaucoup de musique.
07:16 - Quel style ?
07:17 - Alors très bonne question, parce qu'on fait beaucoup d'électro, et on a un projet
07:21 qui s'appelle Universitech, qu'on a lancé il y a quelques années, et du coup on organise
07:25 beaucoup de soirées électro sur le campus, en dehors, et surtout on donne beaucoup de
07:28 cours de musique électronique pour apprendre à mixer, à devenir DJ, à composer, et les
07:33 cours sont gratuits, donc c'est aussi un peu un accès aux pratiques artistiques gratuitement
07:37 pour les étudiants.
07:38 - Vous mixez un peu vous ?
07:39 - Oui, vous êtes DJ ?
07:40 - C'est quoi votre nom, en de DJ ?
07:41 - Jenderfluid.
07:42 - D'accord, on le saura la prochaine fois, on vous a déjà reçu du coup.
07:49 - Ça anime les soirées forcément, parce que voilà, cette précarité elle est alimentaire
07:54 mais elle est parfois, j'imagine que vous avez des situations d'étudiants isolés qui
07:58 sont étrangers, qui ne parlent pas forcément la langue, c'est compliqué aussi de les aider.
08:03 - Oui, les étudiants étrangers isolés, ça s'est vu surtout pendant le Covid, parce
08:08 qu'ils sont éloignés de leur famille bien évidemment, et les frontières ont été fermées,
08:12 etc.
08:13 Et puis encore aujourd'hui on le voit, et il y a aussi un gros problème qui touche les
08:16 étudiants étrangers, on n'en parle pas beaucoup, c'est qu'il y en a beaucoup qui n'ont pas
08:19 de titre de séjour, pourtant ils sont étudiants, ils sont inscrits à l'université, ils sont
08:23 venus en France avec une voie légale et tout ce qu'il faut, et ils se retrouvent quand
08:26 même avec un refus de renouvellement de titre de séjour par la préfecture.
08:29 - Merci beaucoup Amine Taher, directeur du conseil d'administration de la CAS, Caraïbes,
08:34 Afrique, Solidarité, Étudiante.
08:35 Merci d'avoir été avec nous ce matin sur France Bleu et Rouge, rapidement peut-être
08:39 le prochain créneau de distribution s'il y a des étudiants qui nous écoutent.
08:42 - Oui, c'est mercredi, jeudi et samedi.
08:43 - Voilà, rendez-vous est pris, merci beaucoup Amine Taher.
08:46 - Merci à vous.
08:47 - Merci Genderfluid, j'ai trouvé des infos sur internet, donc parfait.
08:52 A très bientôt sur France Bleu Héro !