Le metteur en scène Thomas Jolly était l'invité de Léa Salamé, mardi 24 octobre, pour évoquer son travail sur la comédie musicale "Starmania" mais aussi sur les cérémonies d'ouverture et de clôture des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024.
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00:00 - Léa, ce matin vous recevez un metteur en scène.
00:02 - Bonjour Thomas Joly.
00:03 - Bonjour Léa Salamé.
00:04 - Merci d'être avec nous ce matin.
00:06 - Merci.
00:07 - Si vous étiez un livre et si vous étiez un défaut, vous auriez quoi ?
00:09 - Un livre, certainement un journal.
00:12 J'hésite entre celui de Jean-Luc Lagarce ou celui d'Hervé Guibert.
00:15 Mais en tout cas un récit biographique je crois.
00:16 Et un défaut… Alors on ne dirait pas que c'est un défaut mais chez moi ça en génère
00:21 beaucoup, ce serait l'impatience.
00:22 Je deviens irritable, je deviens colérique, je deviens irascible.
00:25 - Alors effectivement j'ai un peu peur parce que l'interview a commencé depuis disons
00:29 45 secondes et il paraît qu'au bout d'une minute trente vous vous ennuyez déjà.
00:32 - C'est vrai.
00:33 - Donc là j'ai plus que 45 secondes, j'ai la pression en tout cas avec vous.
00:37 L'ennui c'est le grand ennemi de votre vie.
00:39 Vous savez l'ennui, celui dont Baudelaire disait qu'il était le plus immonde de tous
00:45 les vices, le plus laid, le plus méchant.
00:46 - Un peu, oui.
00:47 D'ailleurs je crois que c'est pour ça que je fais du théâtre et du spectacle parce
00:51 que j'ai l'impression que cet art-là créait une vie qui est plus grosse, plus intense,
00:56 plus vive, aussi plus forte, plus violente aussi.
00:58 Mais c'est sur les plateaux que la vie est extrapolée d'une certaine manière et je
01:03 pense que c'est pour ça que je suis tombé dans ce métier parce que sinon effectivement
01:06 je crois que je m'ennuie beaucoup.
01:07 - Il faut dire qu'à 41 ans à peine, quand on est présenté comme le prodige du théâtre
01:12 public, comme le surdoué de sa génération, qu'on a déjà gagné trois Molières, qu'on
01:15 a déjà mis en scène une pièce dans la cour d'honneur du Palais des Papes à Avignon,
01:19 qu'on a dirigé un théâtre, qu'on a relancé une comédie musicale, là je fais votre micro
01:25 presque, qu'on a relancé une comédie musicale qui cartonne, c'est Starmania, qu'on a été
01:29 choisi pour mettre en scène, ça c'est sans doute le Graal, les cérémonies d'ouverture
01:33 et de fermeture des Jeux Olympiques, il reste quoi à faire ? Il reste quoi à prouver ?
01:37 - Ah, alors c'est pas du tout dans une volonté de prouver quoi que ce soit.
01:42 J'ai toutes ces propositions qui sont à la fois des choses que moi j'initie, les
01:46 spectacles sur Shakespeare, la cour d'honneur, etc. ou des commandes qu'on me propose ou
01:49 des offres qu'on me fait comme cette nomination au JO.
01:53 Et puis, il y aura toujours des histoires à raconter, moi je crois que c'est ça mon
01:57 travail en fait, c'est de raconter des histoires, alors après peut-être faire du cinéma,
02:01 des jeux vidéo, écrire moi-même pourquoi pas des livres, des pièces, des livrets
02:06 d'opéra, mais c'est pas une volonté absolument, une course effrénée absolument pour prouver
02:11 quoi que ce soit.
02:12 - Donc vous n'êtes pas condamné à la performance, condamné à ne pas rater, à ne pas trébucher.
02:15 - Non, j'aime ça, je vais pas nier.
02:17 - Vous aimez la compétition.
02:18 - J'aime ça, j'aime les grands enjeux, j'aime les grands défis, c'est vrai, j'ai un goût
02:23 pour ça.
02:24 Aussi, encore une fois, pour contrer je pense une forme de morosité, aussi une morosité
02:28 des formats, une morosité des récits, théâtros ou opératifs, etc.
02:32 - Une morosité de l'époque tout simplement.
02:33 - Certainement, et que cette audace-là, ça je l'ai, je vais pas le nier.
02:37 Par contre, ce n'est absolument pas une espèce de volonté pour moi de prouver quoi que ce
02:41 soit, j'ai juste envie de proposer des récits qui sont larges, qui sont épiques, qui sont
02:46 le plus grandiose possible et qui concernent le plus grand nombre.
02:49 - C'est vrai, quand vous avez été choisi pour mettre en scène la cérémonie d'ouverture
02:52 et de fermeture des Jeux Olympiques, des Jeux Paralympiques, ça veut dire, je dis juste
02:56 pour nos auditeurs, que c'est un milliard et demi de spectateurs qui vont regarder.
03:00 C'est un événement, on ne se rend pas compte de combien ça va être planétaire.
03:03 Vous avez appelé votre mère et vous avez pleuré.
03:05 - Bah ouais, là regardez, j'ai les poils qui se dressent encore rien qu'entendre ce chiffre,
03:08 parce qu'effectivement, c'est peut-être la plus grosse force de ces Jeux Olympiques
03:11 et Paralympiques, c'est que quasiment un quart de l'humanité est synchronisée.
03:15 C'est rare d'avoir un quart de l'humanité qui regarde en même temps la même chose.
03:20 C'est un pouvoir aussi, une force politique forte, où on peut délivrer des choses importantes.
03:24 Je crois que c'est pour ça d'ailleurs que j'ai accepté.
03:26 Moi, mon travail, ça a toujours été de m'adresser au public le plus large possible,
03:30 parce que venant du théâtre public, je crois que là, on ne pourrait pas faire plus large
03:34 que cette audience-là.
03:35 Et c'est une émotion évidemment très très grande.
03:38 - Oui, c'est quelque chose que vous revendiquez souvent, de dire "moi j'en ai marre du culturellement
03:43 correct, je m'adresse au plus grand nombre, on peut aimer tout autant Verdi, Walt Whitman
03:49 ou les Spice Girls".
03:50 - Absolument ! Et c'est trois artistes que vous aimez.
03:53 - Que vous aimez, je ne les ai pas choisies par hasard.
03:54 J'aurais pu dire Britney Spears.
03:56 - On pourrait aussi la citer.
03:58 Non mais oui, je crois que la vision un peu malrosienne d'œuvres qui seraient éclairantes
04:03 et d'autres moins, je crois qu'elle est surannée.
04:06 De toute façon, même depuis la loi NOTRe et l'inscription des droits culturels dans
04:09 la loi, chaque culture de chaque personne doit être considérée et même respectée.
04:14 Donc moi je crois que chacun naît avec une culture.
04:17 On naît à un endroit, tout à coup on a une langue, une façon de parler, on a un récit
04:21 familial qui nous donne une culture.
04:23 Je crois qu'elle est importante et qu'on n'a pas à hiérarchiser les objets culturels.
04:27 Non.
04:28 - Ah oui ?
04:29 - Non.
04:30 - C'est-à-dire Shakespeare vaut Britney Spears à vos yeux ?
04:32 - Mais complètement !
04:33 - Sérieusement ?
04:34 - En fait, regardez, Shakespeare, lui, il écrit parce que Sénèque et Game of Thrones
04:38 sont faites parce que Shakespeare.
04:39 En fait, c'est tout le temps une espèce de réinvention des mêmes récits.
04:43 Parce que regardez un peu les histoires qu'on se raconte, c'est un peu tout le temps la
04:45 même chose.
04:46 - C'est quoi ?
04:47 C'est l'amour, le pouvoir ?
04:48 - Oui, l'amour, le pouvoir, la trahison, le dépit.
04:51 - La déception.
04:52 - Voilà, exactement.
04:53 Mais voilà, parce que c'est Starmania aussi, c'est tout ça.
04:55 - Eh ben justement.
04:56 On va parler de la cérémonie des G.O. dans un instant, mais d'abord ça.
04:58 - J'ai la tête qui éclate, je voudrais seulement dormir, m'étendre sur l'asphalte et me
05:07 laisser mourir.
05:08 - Quand on arrive en vie.
05:09 - Tadam.
05:10 - Ce soir, on danse, on danse sur le dardilène.
05:11 Comme un oiseau a besoin de ses ailes volées.
05:12 J'ai besoin d'amour, j'ai besoin d'amour.
05:13 - Voilà, on y est.
05:14 - Toujours.
05:15 - Eh oui.
05:16 - C'est un peu comme ça.
05:17 - C'est un peu comme ça.
05:18 - C'est un peu comme ça.
05:19 - C'est un peu comme ça.
05:20 - C'est un peu comme ça.
05:21 - C'est un peu comme ça.
05:22 - C'est un peu comme ça.
05:23 - C'est un peu comme ça.
05:24 - C'est un peu comme ça.
05:25 - C'est un peu comme ça.
05:26 - C'est un peu comme ça.
05:27 - C'est un peu comme ça.
05:48 - Je vous éclaire tout à l'heure.
06:08 - Starmania.
06:09 Thomas Joly, vous avez dépoussiéré, modernisé la comédie musicale Starmania, cet opéra
06:15 rock mythique créé par Michel Berger et Luc Plamondon.
06:18 Le spectacle reprend le 14 novembre à la scène musicale, ensuite ce sera tourné dans
06:21 toute la France.
06:22 Votre Starmania a été le grand succès de la saison passée.
06:27 Vous avez ramené près de 700 000 spectateurs.
06:30 700 000 spectateurs.
06:31 Vous avez compris les raisons de ce succès ? Il y a un besoin de nostalgie, il y a un
06:34 besoin d'aller se réconforter dans les musiques de Michel Berger dans les années 80 ?
06:39 - En tout cas, elle est réconfortante.
06:41 Cette musique, celle de Michel Berger et les mots de Luc Plamondon sont stupéfiants et
06:48 nous poussent à réfléchir.
06:49 Je crois que Starmania, c'est une œuvre qui s'adresse à nous tous et à nous toutes,
06:55 peu importe l'époque, parce qu'elle est justement le reflet, au-delà de l'actualité,
07:00 même si elle est très fortement impactée par notre actualité, c'est d'ailleurs aussi
07:03 le côté visionnaire de l'œuvre, c'est quand même au fond une question qui se pose
07:06 de qu'est-ce qu'on fait là, à quoi on sert et qu'est-ce qu'on fait dans ce monde qui
07:11 ne nous ressemble pas.
07:12 - Le texte, vous le dites, est furieusement moderne.
07:15 Il était très avant-gardiste dans les années 80.
07:17 Il parle des questions de genre, du star system, du populisme.
07:20 Il a beaucoup de résonance avec aujourd'hui.
07:22 Comment ne pas voir dans le personnage de Zéro Janvier, un mania de la presse multimillionnaire
07:26 qui va devenir président de l'Occident grâce à un programme ultra-sécuritaire nationaliste
07:31 et anti-écologique, la figure ou une des figures Trump, évidemment, mais tous les
07:37 autres.
07:38 - Exactement.
07:39 Et c'est la grande force de l'esprit visionnaire de Luc Plamondon d'avoir capté dans les années
07:42 70 ce que notre monde était en train de devenir, ce qu'il adviendrait de notre monde.
07:49 Et donc tout à coup, la réalité rattrape la fiction.
07:53 On est aussi la première mise en scène post-11 septembre 2001.
07:56 Et je rappelle qu'à la fin de Starmania, c'est la plus haute tour de l'Occident qui
08:00 est victime d'un attentat et qui s'effondre.
08:01 Donc c'est quand même une œuvre qui vient interroger notre époque très très fortement.
08:06 Avec cette lecture, on va dire, plus sur l'actualité.
08:10 Et puis encore une fois, au fond, cette lecture sur nos humanités.
08:13 Qu'est-ce qu'on fait là ? À quoi on sert ? Comment exister ? Quel est le sens de nos
08:16 existences dans ce grand bazar qu'est le monde en mouvement ?
08:20 - C'est une critique aussi du star system, Starmania, le besoin d'être dans la lumière.
08:24 Et là, on est en plein dans notre société aujourd'hui d'influenceurs, d'instagrammeurs.
08:28 Vous l'aimez cette époque où tout le monde est une star, donc personne n'est une star ?
08:31 - Oui, pour le coup, voilà, comme ça, tout le monde est une star, donc personne n'est
08:35 une star.
08:36 Et la question de vouloir se sentir exister, elle est légitime.
08:39 Je crois que c'est une question qu'on peut tous et toutes se poser maintenant.
08:42 Se faire exister, vouloir se sentir exister en faisant tout et n'importe quoi, ça peut
08:47 être que non.
08:48 Et en diffusant par exemple de fausses actualités ou être comme ça, venir rajouter, je dirais,
08:54 de l'ennui à toute cette mécanique qui se grippe en ce moment.
08:57 Je crois que pour le coup, exister de cette façon-là, non, ça je ne le valide pas.
09:00 Mais je crois que c'est légitime de chercher une place dans ce monde.
09:03 - Vous, la lumière, vous l'avez cherchée, vous l'avez voulue.
09:05 Enfant, vous disiez "je veux être écrivain" et je précise, écrivain célèbre.
09:09 - Oui, c'est vrai ça.
09:10 Ça fait des choses.
09:11 Je ne sais pas pourquoi, mais peut-être oui, si.
09:13 Parce que d'abord le rapport au récit et puis encore une fois, l'envie de s'adresser
09:16 au public le plus large possible.
09:18 Écrivain, après ça a été danseur classique.
09:21 - C'est ce que j'allais vous dire.
09:22 Ensuite, il y a eu prof de français à Londres.
09:24 - Oui, je voulais apprendre le français aux Anglais.
09:25 - Oui.
09:26 - Être prof de français en Angleterre.
09:27 - Preste ambition.
09:28 Et à quel moment le théâtre vous est tombé dessus ?
09:30 - Oh, c'est vers 10-11 ans, je suis en 5ème et j'ai l'impression que quand j'arrive
09:35 dans mon premier cours de théâtre, tout à coup, j'ai l'impression d'être plus
09:38 moi que partout où j'ai pu être depuis le début de ma jeune vie.
09:43 Et cet endroit étrange du plateau, alors qu'on n'a pas nos affaires, on a des costumes,
09:48 ce ne sont pas nos mots, ce sont des textes.
09:49 Tout à coup, c'est un endroit où je me sens moi beaucoup plus.
09:52 - Il faut dire que vous étiez un garçon pas comme les autres, pardonnez l'expression
09:56 facile mais efficace, et que vous avez été un enfant harcelé, Thomas Joly.
10:01 Vous l'avez souvent raconté, vous avez été poussé dans les couloirs, enfermé dans
10:04 les chiottes par les grandes, déçapé par ces types qui voulaient savoir si j'étais
10:07 un garçon ou une fille.
10:08 Je vous cite.
10:09 C'était violent ?
10:10 - Oui, c'est violent.
10:11 C'est évidemment violent d'être victime de harcèlement.
10:14 Mais ce qui a été surprenant, c'est que tout de suite, je me suis dit « Eh, en fait,
10:18 je ne corresponds pas à ton modèle ». Là, je parle aux personnes qui m'agressaient.
10:22 Je ne corresponds pas à ton modèle mais ce n'est pas pour autant que j'en changerais
10:24 en réalité.
10:25 Tu dois faire le chemin pour m'inclure dans ton monde.
10:28 Si ton monde n'est pas assez vaste pour m'inclure, c'est toi qui a un problème,
10:32 ce n'est pas moi.
10:33 - Vous dites au fond que le harcèlement vous a donné la rage de réussir, la rage de
10:35 prouver.
10:36 Vous vous disiez quoi ? Vous vous disiez « Tu verras plus tard, toi qui me harcèle,
10:40 tu verras, je te dépasserai ».
10:41 - Alors, ce n'est même pas tant une question de vengeance personnelle, c'est plutôt
10:43 une question d'essayer d'améliorer ces esprits étriqués, entre guillemets.
10:48 C'est-à-dire de proposer des outils pour que vous puissiez reprendre un tout petit
10:51 peu votre pensée en main à ceux qui rejettent.
10:53 C'est-à-dire, je ne comprends pas tellement bien l'homophobie, le racisme, l'antisémitisme.
10:58 En fait, ce sont des personnes qui sont dans nos existences et vous ne pouvez pas les
11:01 refuser, elles sont présentes.
11:03 Justement, trouver des outils pour travailler ensemble à cette union à la fois des singularités
11:09 que nous sommes toutes et toutes et du grand tout que nous devons former.
11:12 - Il faut dire que vous étiez épaulé par des parents formidables.
11:15 Père infirmière, père imprimeur à Rouen.
11:18 Il y a cette anecdote à la fois jolie et triste de votre mère.
11:24 Un soir, vous rentrez, vous êtes en sixième et vous lui dites "on m'a traité de pédale
11:28 maman".
11:29 Quel est le rapport avec le vélo ?
11:30 - Je ne savais pas ce que ce mot signifiait.
11:33 Et jamais mes parents n'ont brimé quoi que ce soit de mes envies.
11:40 La danse classique quand j'avais 4-5 ans.
11:42 J'essayais les costumes parce que j'empruntais les affaires de ma mère, de mon père pour
11:48 jouer des personnages dans ma chambre avec mes amis.
11:50 On faisait des spectacles, etc.
11:51 Pas de souci.
11:52 Il n'y a jamais eu de brimade et j'ai pu moi exister absolument en toute liberté.
11:56 C'est pour ça que quand tout à coup je me confronte à une réalité qui est celle
11:59 du collège un peu plus tard, je ne comprends pas cet empêchement et cette limitation.
12:04 Et peut-être certainement que cette expérience m'a poussé à faire ce métier qui n'est
12:10 pas un métier pour me montrer, qui n'est pas un métier pour prouver, qui est un métier
12:13 pour encore une fois donner des outils et faire circuler la pensée.
12:16 Je crois qu'une pensée qui est arrêtée, c'est une pensée qui peut potentiellement
12:20 être violente.
12:21 Je pense que la pensée doit sans cesse être en mouvement, sans cesse en crise.
12:25 - Sans cesse penser contre soi-même, sans cesse se remettre en cause.
12:29 - Sans cesse inclure l'ensemble des singularités qui font ce monde.
12:33 - Ce que vous ne racontez pas c'est qu'elle vous console quand vous venez en 6ème lui
12:37 dire ça et qu'ensuite elle va pleurer discrètement dans sa chambre.
12:40 Et elle me le dira plus tard.
12:41 - Les Jeux Olympiques, comment Thomas Joly est devenu le patron des JO ? A titré Télérama
12:46 cette semaine, vous avez été choisi pour mettre en scène les cérémonies d'ouverture
12:51 des Jeux Olympiques et Paralympiques.
12:55 Vous avez déclaré « je vais faire le plus beau et le plus grand spectacle du monde ».
13:00 Il faut savoir que vous ne rêvez jamais petit, c'est pas d'Armania, ça marche aussi parce
13:03 que c'est absolument spectaculaire.
13:05 Il y a 200 projecteurs, il y a 2 scènes, il y a 20 danseurs, etc.
13:08 Là c'est quoi le plus beau et le plus grand spectacle du monde ?
13:11 - Le plus grand d'abord parce que pour la première fois de l'histoire des JO modernes,
13:15 la cérémonie est sortie d'un stade et qu'elle est proposée à un très grand nombre de
13:19 personnes.
13:20 On attend plusieurs centaines de milliers de personnes qui seront sur les bords de scène
13:25 pour assister à ce spectacle.
13:26 Donc il est ouvert grand en tout cas.
13:29 Et le plus beau parce qu'en sortant du stade, on m'offre un bout de Paris.
13:33 Et pas n'importe quel morceau de Paris.
13:35 26 km entre le pont de Stalitz et le pont d'Yena avec les monuments qui bordent la
13:39 scène, l'architecture magnifique.
13:41 - C'est la plus belle scène du monde quoi.
13:42 - Et en plus voilà.
13:43 - Après on entend tout et n'importe quoi sur ce que vous allez faire.
13:46 On entend qu'il va y avoir la tête de tous les rois de France qui vont sortir de l'eau
13:51 de la scène.
13:52 C'est vrai ou pas ? Vous voulez construire une tour Eiffel inversée ?
13:55 - Alors il y a eu plein d'idées.
13:58 - Les Daft Punk ?
13:59 - Il y a eu plein d'idées.
14:00 Alors là, réalité, pour l'instant toute la conception a été faite avec des auteurs
14:06 et des autrices que j'ai rassemblées autour de ce projet pour écrire le grand récit
14:10 des cérémonies.
14:11 Parce que oui c'est super de sortir du stade et d'être sur le bord de scène.
14:14 Mais pour dire quoi ? Et encore une fois, comme il y aura à peu près un quart de l'humanité
14:17 - Et vous dites "tout ce que je fais est politique".
14:19 Donc ce sera politique.
14:20 - Et parce que c'est un moment politique au sens où tout le monde se rassemble.
14:23 La cité est rassemblée.
14:25 Au-delà de la cité de Paris, le monde.
14:26 Un quart en tout cas du monde.
14:28 Donc les auteurs et les autrices qui ont travaillé avec moi, on a construit ce récit.
14:31 Puis ensuite on a développé artistiquement, scénographiquement, avec musique, danses,
14:35 soins, bref toutes les disciplines artistiques.
14:38 Et puis la réalité ensuite, c'est ce dans quoi nous sommes aujourd'hui, la réalité
14:41 de l'étude.
14:42 La scène par exemple n'a pas la même profondeur à tel endroit ou à tel endroit.
14:46 Le vent ne s'engouffre pas de la même façon.
14:47 - Vous avez la réalité en face.
14:49 Et donc les Daft Punk ?
14:50 - Et donc les Daft Punk, ce serait très heureux qu'ils soient dans cette cérémonie.
14:56 On ne peut pas ne pas penser aux Daft Punk quand on pense à une « réussite », en
15:02 tout cas une exposition internationale d'un groupe français.
15:05 - Sinon vous êtes sportif ?
15:07 - Pas tellement, je le confesse.
15:09 - Question de fin pour terminer, les impromptus, vous répondez sans trop réfléchir.
15:14 « Le monde appartient à la race des nerveux qui sont le sel de la terre », disait Proust.
15:17 Est-ce que vous êtes d'accord avec lui ?
15:18 Est-ce que vous faites partie de la race des nerveux, Thomas Joly ?
15:20 - Je pensais que le concept de race n'existait pas.
15:23 Mais nerveux, oui, je le suis.
15:26 - Le cinéma, c'est pour quand ?
15:28 - J'espère un jour, vraiment.
15:30 - Devant la caméra ou derrière ?
15:31 - En ce moment, je suis devant la caméra, je tourne dans un film en ce moment.
15:35 Mais derrière, j'aimerais beaucoup.
15:36 - Le festival d'Avignon ou le festival de Cannes ?
15:38 - Avignon.
15:39 - France Gall ou Véronique Sanson ?
15:40 - Ah, France Gall !
15:44 - Michel Berger ou Daniel Balavoine ?
15:46 - Daniel Balavoine.
15:48 - Ah ouais ?
15:49 - Ouais, parce que sa voix, parce que son engagement, parce que son histoire presque théâtrale.
15:56 - Shakespeare ou Molière ?
15:57 - Shakespeare.
15:58 - Vous avez toujours le temps de jouer aux jeux vidéo ?
16:00 - Toujours.
16:01 - Patrice Chéreau ou Stanislas Nordet ?
16:03 - Stanislas Nordet.
16:04 - Milène Farmer ou BNC ?
16:07 - Milène, Milène, Milène.
16:09 - Avouez une mauvaise pensée ?
16:11 - Une mauvaise pensée, là, tout de suite ?
16:14 J'ai un peu menti.
16:16 - À quel moment ?
16:18 - J'ai un peu menti sur les Daft Punk.
16:20 C'est fini.
16:21 - Donc c'est fait ? C'est pas en négociation, c'est fait, on a une info.
16:27 C'est quoi votre drogue ?
16:28 - La joie.
16:29 La joie et le travail.
16:31 - Et vos vices ?
16:32 - Mes vices ? Le jeu vidéo, beaucoup, beaucoup trop.
16:37 - Et l'amour dans tout ça, Thomas Joly ? Vous avez le temps ?
16:41 - Ça va très bien.
16:42 - Vous êtes amoureux ?
16:43 - Oui.
16:44 - Est-ce que vous vous êtes ennuyé pendant cette interview ?
16:46 - Non, absolument pas.
16:48 Bravo, bravo.
16:49 - Merci Thomas Joly.
16:51 Je ne vais pas refaire tout ce qu'on a à dire, mais déjà Starmania, le 14 novembre,
16:56 à la scène musicale et partout en tournée.
16:58 On verra si le JO, c'est le plus beau spectacle, le plus grand, le plus immense et le plus beau.
17:02 Belle journée à vous.