Un observatoire est en cours de création pour lutter contre les punaises de lit, annonce Matignon, avec une réunion aujourd'hui au ministère des transports. Pour en parler, Damien Maudet, député LFI-Nupes de Haute-Vienne. Victime cet été des punaises de lit, il revient sur cette expérience et détaille ses propositions pour répondre à ce phénomène.
Regardez Les trois questions de RTL Petit Matin du 04 octobre 2023 avec Jérôme Florin et Marina Giraudeau.
Regardez Les trois questions de RTL Petit Matin du 04 octobre 2023 avec Jérôme Florin et Marina Giraudeau.
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00:05 Les trois questions du petit matin.
00:07 Ce n'est pas tous les journalistes qui font la une d'un quotidien lors de leur mort,
00:11 c'est la une du parisien aujourd'hui en France ce matin, je la montre à l'image.
00:15 Une grande voix s'éteint.
00:17 Jean-Pierre Elkabache, 1937-2023,
00:21 une longévité exceptionnelle, plus de 60 ans de carrière,
00:23 8 présidents de la République,
00:25 une voix et un style surtout.
00:27 Bonjour Christophe Barbier.
00:28 Bonjour.
00:29 Journaliste et chroniqueur politique,
00:31 merci d'être en direct avec nous ce matin.
00:33 C'était un modèle pour vous, Jean-Pierre Elkabache ?
00:36 Ça a d'abord été un modèle quand j'écoutais les informations,
00:40 quand je regardais la politique à la télévision.
00:43 Un modèle d'abord parce qu'il avait les invités qu'il fallait,
00:46 il posait des questions extrêmement incisives,
00:49 et il incarnait ce moment de la politique, les années 70-80,
00:53 qui était une période très idéologique avec des affrontements bloc contre bloc très très violents.
00:58 Après j'ai pu le voir travailler de près,
01:00 et ça a été un modèle pour le travail,
01:01 pour la méticulosité avec laquelle il préparait ses interviews,
01:05 et puis une sorte d'acharnement à ne lâcher jamais sa proie.
01:09 Je l'ai vu changer d'invité à 23h30 minuit,
01:11 pour l'inviter de 7h le lendemain matin,
01:13 maltraitant d'ailleurs ses programmateurs,
01:15 parce que c'était pas simple de trouver les bons invités.
01:18 Je l'ai vu prendre le train pour aller à l'autre bout de la France,
01:21 interroger un grand élu local,
01:23 parce qu'il voulait l'avoir les yeux dans les yeux et pas au téléphone,
01:26 et ça c'était assez exemplaire.
01:28 C'était le chasseur Jean-Pierre Elkabach qui était exemplaire.
01:31 - Avoir l'invité qu'il faut.
01:32 Il disait être un arracheur de masques.
01:35 - Oui, il était un arracheur de masques,
01:36 il était un arracheur de mots aussi,
01:38 parce que ceux qui venaient chez Jean-Pierre Elkabach,
01:41 c'était pour eux évidemment une consécration, c'était une épreuve,
01:43 ils venaient pour dire ce qu'ils voulaient dire.
01:45 Et puis voilà que Jean-Pierre Elkabach arrivait souvent à leur faire dire ce qu'ils voulaient ne pas dire,
01:50 ce qu'ils voulaient à tout prix ne pas dire,
01:51 ils leur arrachaient quand même.
01:53 Et de ce côté-là, on peut dire qu'il n'a pas été vraiment remplacé dans l'agente journalistique,
02:00 parce qu'il a été le dernier à passer avant le blindage des communicants.
02:04 Il a réussi à faire parler dans ces années 80-90 des politiques
02:08 qui n'étaient pas encore verrouillées à double tour par leur conseiller en communication.
02:12 Et ça, ça restera comme un exploit.
02:14 - On a pu lui reprocher quand même une certaine proximité avec le pouvoir,
02:18 avec Nicolas Sarkozy, avec...
02:20 - Tout à fait, c'est tout à fait exact.
02:22 Pour deux raisons. D'abord parce que dans sa manière d'aborder sa proie,
02:25 il y avait un côté "je dois l'hypnotiser, je dois donc la flatter".
02:29 Donc il fallait flatter l'invité, lui dire qu'on était avec lui,
02:31 être dans une sorte de complaisance,
02:33 parce que c'était une manière d'attendrir la viande, si j'ose dire.
02:36 Et ça marchait, ça marchait souvent.
02:38 Et cette méthode d'approche ne l'empêchait pas souvent d'être au micro assez cassante.
02:43 Et puis on lui a fait un perfectionnisme qui fait que,
02:46 pour que l'interview soit vraiment réussie,
02:48 ça serait bien si je connaissais les réponses avant,
02:50 et donc faudrait que je donne les questions avant,
02:52 et on allait en gros co-rédiger, co-mettre en scène l'interview avec l'invité.
02:56 Son perfectionnisme se retournait contre lui.
02:58 Il finissait par faire des interviews trop préparées,
03:00 trop connivantes avec l'invité, pour que ça fonctionne bien à l'antenne.
03:04 Et puis troisièmement, c'est un homme qui avait la fascination du pouvoir,
03:07 du pouvoir pour lui, et c'était pas sa meilleure idée,
03:09 parce que je pense qu'il n'a pas été un très bon dirigeant,
03:11 alors qu'il était un formidable journaliste et intervieweur.
03:14 Et puis le pouvoir en soi, ça le fascinait d'approcher le pouvoir,
03:18 et donc ça l'a amené à être giscardien sous giscard,
03:21 muterandien sous muterand, chiracien sur chirac,
03:23 sarcosie sur sarcosie, etc.
03:25 Et en effet, de ce côté-là, il a poussé sans doute la proximité avec les politiques
03:29 par fascination un peu trop loin.
03:31 - Juste pour finir, Christophe Barbier,
03:32 sa meilleure interview ou le meilleur moment El-Kabache pour vous, c'est quoi ?
03:36 - Oh, pour moi, quand même, les interviews dont vous avez passé des extraits depuis hier,
03:41 c'est celle où il commence par une phrase totalement à côté de la plaque,
03:44 mais qui devient une flèche contre l'invité.
03:47 "De quelle couleur le mur, monsieur Valéry, vous n'avez pas envie d'un lame le peine ?"
03:50 C'est des entrées en matière tellement brutales
03:52 qu'elles passent à la postérité comme des petites phrases.
03:55 Et puis une interview, je retiendrai une interview,
03:57 d'autant plus que ce n'est pas lui qui pose la question, c'est Alain Duhamel,
04:00 quand il demande à François Mitterrand en mars 81,
04:02 "La peine de mort, qu'en ferez-vous si vous êtes élu président ?"
04:05 Et François Mitterrand dit "La peine de mort, je l'abolirai,
04:07 si je n'arrive pas à l'abolir, je ne l'appliquerai pas."
04:10 Tout le monde pense que Mitterrand a perdu la présidentielle à ce moment-là,
04:12 parce que les Français sont pour la peine de mort,
04:14 et en fait Mitterrand devient un homme d'Etat,
04:16 c'est le dernier degré de confiance qu'il obtient auprès des Français,
04:19 il dit ce qu'il peut, en entier il le fera,
04:21 et donc quelque part, Alain Duhamel,
04:23 ont été la dernière marche pour l'accession au pouvoir à François Mitterrand,
04:26 qui a réconforté le cabache en le faisant virer de la télévision.
04:29 Merci beaucoup Christophe Barbier, journaliste et chroniqueur politique.
04:34 Merci beaucoup, bonne journée.
04:35 Merci à vous.
04:37 RTL, pour tout savoir des coulisses de l'info.
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