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00:00 L'invité éco, Isabelle Raymond.
00:04 Bonsoir à tous. Alors qu'Emmanuel Macron est en train de prononcer son discours de planification écologique,
00:11 nous sommes avec le président du syndicat des énergies renouvelables, Julien Nyssen, bonsoir.
00:16 Bonsoir Isabelle Raymond.
00:18 Alors, le chemin est atteignable, dit Emmanuel Macron.
00:21 Il s'agit de réduire de moitié les émissions de gaz à effet de serre d'ici 2030.
00:26 Il suffit d'aller deux fois et demi plus vite, dit-il, et de mettre en place une écologie souveraine qui passe,
00:34 et c'est là que vous êtes concernés, par le déploiement des énergies renouvelables.
00:38 Est-ce que vous diriez que ça y est, il y a une vraie impulsion politique ?
00:42 On verra. En tout cas, le discours, ça paraît clair, parce qu'il y a aussi des réalités auxquelles personne ne peut échapper.
00:48 C'est la nécessité de décarboner notre économie, notre planète d'une manière générale.
00:53 On a vu l'été qu'on a subi tous, et ça impose l'action.
00:57 Donc, on verra. Mais en tout cas, oui, ce discours marque une certaine volonté.
01:01 Après, il faut quand même regarder de quelle manière il se traduit dans les actes.
01:04 Alors, il faut quand même, en parallèle, augmenter la production d'électricité,
01:09 notamment parce qu'il va y avoir, en parallèle, le déploiement des véhicules électriques.
01:13 Il faut doubler le rythme de développement du photovoltaïque, poursuivre celui de l'éolien, peut-on lire,
01:19 dans le document de planification écologique ? Est-ce qu'on est prêt ?
01:23 Oui, on est prêt. Il y a un document que je présenterai demain, à l'occasion du colloque annuel du syndicat des énergies renouvelables,
01:29 et qui démontre que les fillières sont prêtes à faire d'ici 2035.
01:32 C'est un document responsable, et ça démontre que c'est les capacités qu'on a à être au rendez-vous.
01:37 Je pense qu'on peut l'être. Après, ce qu'il faut bien avoir en tête, c'est qu'aujourd'hui, dans ce qu'on consomme,
01:41 il y a à peu près 60% d'énergie fossile, un petit peu le charbon, le gaz et le pétrole.
01:46 Pour se débarrasser de ça, il faudra consommer moins, il faudra consommer mieux,
01:50 mais surtout, il faudra beaucoup électrifier, parce que l'autre solution, c'est les bio-énergies, c'est la biomasse,
01:55 et tout ça, c'est pas infini. Donc il faudra beaucoup d'électricité.
01:58 Il faudra produire plus d'électricité. Comment est-ce qu'on fait ?
02:02 C'est de là que viennent ces chiffres que vous avez cités tout à l'heure, c'est cette prise de conscience qu'on peut saluer.
02:06 Après, on peut discuter sur la hauteur finale des objectifs. Nous, on pense qu'on peut aller encore un peu plus vite,
02:11 mais on est prêt à le faire. Alors, il y a des conditions. Il faut qu'on accepte l'idée qu'il faut continuer à déployer des éoliennes terrestres.
02:18 Je sais que c'est pas le sujet le plus simple à traiter, mais il y a des tas d'exemples sur le terrain qui montrent que si on fait ça raisonnablement, on peut y arriver.
02:25 - Et donc, c'est-à-dire qu'aujourd'hui, ce déploiement de l'éolienne terrestre, il se poursuit ?
02:30 - Il faudrait continuer le rythme de déploiement auquel on a affaire aujourd'hui en termes de puissance,
02:34 mais ça se fera avec moins de mât, parce que les machines sont plus puissantes qu'avant,
02:37 donc il en faut moins pour produire la même puissance.
02:39 - Mais elles sont plus imposantes ?
02:41 - Elles sont plus imposantes, mais je pense que ce qui pose un problème, c'est pas tellement si ça en pose un d'ailleurs,
02:45 c'est pas la taille de l'éolienne, c'est le principe d'en poser, et tout ça, ça renvoie à une discussion locale.
02:49 Ce qui est important, c'est d'expliquer quel est le service qui est rendu en face.
02:52 Ce service, c'est produire de l'électricité. Même chose pour les panneaux solaires.
02:56 - Mais aujourd'hui, vous observez, Jules Nyssen, cette réticence, elle continue à exister, de la part des élus locaux, notamment, concernant...
03:03 - De la part des élus locaux, non. Les élus locaux sont des gens qui sont responsables,
03:07 qui ont été confrontés directement aux problèmes d'inflation du coût de l'énergie,
03:10 et qui ont conscience de l'intérêt pour eux, à la fois de sécuriser leurs factures énergétiques,
03:14 mais aussi d'avoir des... conduire des projets de territoire.
03:16 Un territoire qui, demain, a des capacités de production d'électricité, de chaleur, de gaz renouvelables,
03:22 c'est de l'énergie compétitive, décarbonée, donc c'est un facteur d'attractivité pour ce territoire.
03:27 - Éolien de reste, éolien offshore, aussi ?
03:30 - L'éolien offshore, c'est une vraie bonne solution, mais qui ne produira des effets qu'à partir de 2030,
03:36 et surtout à partir de 2035, et le nouveau nucléaire, s'il y en a, ce sera encore après cette échéance.
03:41 Donc là, c'est ça le message qu'on essaie de porter, dans le court terme, c'est le solaire,
03:46 qui se développe partout en Europe à une vitesse prodigieuse, et c'est l'éolien de reste qu'il ne faut pas abandonner,
03:51 donc j'espère que, dans la suite des propos d'Emmanuel Macron, il y aura bien la réaffirmation de cette nécessité
03:57 de continuer raisonnablement, mais de continuer de façon déterminée l'éolien de reste.
04:00 - Et doubler le déploiement des panneaux solaires aujourd'hui ?
04:03 - Absolument.
04:04 - C'est possible, il y a une loi qui est passée en début d'année, aujourd'hui tout est sur la table, tout est possible ?
04:08 - Tout est sur la table, tout n'est pas encore possible, il y a des choses en discussion,
04:11 et nous on essaie en tant que filière responsable de négocier avec le gouvernement les conditions pour pouvoir réaliser cette accélération.
04:17 On sait très bien qu'on ne pourra pas répondre à ces objectifs exclusivement en solarisant des toitures, des parkings et des sites dégradés.
04:24 J'aimerais bien qu'on puisse le faire, mais ce n'est pas possible, et en plus ça coûte plus cher,
04:28 ce n'est pas tellement pour les producteurs, c'est pour ceux qui utilisent l'électricité.
04:31 Donc on a besoin de trouver des conditions pour trouver du foncier sur lequel on peut déployer également des emplois solaires.
04:37 - Des sols agricoles notamment ?
04:38 - Des sols agricoles mais qui n'ont plus d'intérêt pour l'agriculture, c'est d'ailleurs un décret en discussion qui est en train d'essayer de déterminer les conditions.
04:44 Un sol qui est inculte ou qui n'a plus été cultivé depuis plus de 10 ans par exemple, c'est un sol sur lequel on pourrait déployer des panneaux solaires.
04:51 Alors on essaie de le faire de façon très respectueuse, évidemment de toutes les contraintes, mais en ayant en tête cet objectif.
04:57 La France, en termes de solaire, c'est quand même un des mauvais élèves de l'Europe.
05:00 Le chiffre en lui-même ne vous dira pas grand-chose, mais on a fait 2,7 gigawatts l'an dernier,
05:04 moins que l'année d'avant quand les Hollandais font 4, les Polonais font 5 et les Allemands font 8.
05:09 Et quand je regarde la puissance de panneaux solaires installés rapportés au nombre d'habitants, les champions c'est les Hollandais,
05:15 et nous on n'est même pas dans les 10 premiers à l'échelle européenne.
05:17 Donc il y a de quoi faire.
05:18 - On peut bâtir une filière française, une filière "made in France".
05:23 Emmanuel Macron parle d'écologie souveraine. Aujourd'hui est-ce qu'on a les bras, est-ce qu'on a les compétences ?
05:28 - Alors les compétences il faut qu'on y travaille comme dans tous les domaines industriels,
05:31 mais on peut aussi déployer et développer en France des usines.
05:34 Il y en a déjà quelques-unes qui font des bouts du process, et puis il y a deux grands projets de gigafactory, comme on dit,
05:39 qui sont sur le territoire, et les deux enjeux sont liés.
05:42 Pour développer du solaire avec beaucoup d'ambition, il faut pouvoir le produire sur place, enfin produire les panneaux solaires.
05:47 C'est que 30% de la chaîne de valeur, mais enfin c'est quand même 30% essentiel.
05:50 Il faut qu'on retrouve la souveraineté sur la fabrication de ces panneaux, il y a 20 ans on savait le faire.
05:54 Ça me paraît pas très très compliqué à faire, mais il faut la volonté.
05:57 Cette volonté c'est l'affichage d'une ambition.
05:59 Donc les deux sujets vont ensemble.
06:00 Je veux une ambition parce que ça donne une visibilité à ceux qui portent les projets d'industrie,
06:06 et comme j'aurai des projets d'industrie française et européenne, je pourrai déployer cette ambition.
06:11 Et en me débarrassant des 60% d'énergie fossile, je me débarrasse de 60% d'énergie qui dépendent complètement de l'étranger et de la situation géopolitique.
06:19 C'est en ça qu'on est dans un sujet de souveraineté.
06:21 - Et donc vous êtes d'accord avec Emmanuel Macron qu'on peut atteindre nos objectifs en 2030 à condition d'aller deux fois plus vite ?
06:28 - Ah ben ça on est tout à fait d'accord avec lui, oui.
06:30 Et je voudrais réaffirmer qu'on a les moyens d'y arriver, que la France a même les moyens d'y arriver avant les autres,
06:34 parce qu'elle dispose d'un parc nucléaire et que si elle va aussi vite, sinon plus, que ses voisins,
06:38 alors elle va se construire une avance, c'est incontestable, et ce sera très bien pour la réindustrialisation du pays.
06:43 - Merci beaucoup Jules Nyssen, président du syndicat des énergies renouvelables.
06:47 Première réaction donc au discours de planification d'Emmanuel Macron.
06:52 - Merci beaucoup.
06:54 ♪ ♪ ♪