Dans cette série de 10 documentaires, Oliver Stone nous dévoile l’histoire contemporaine des Etats-Unis comme elle ne nous a encore jamais été encore racontée.
Ce nouvel opus du grand cinéaste engagé remet en question l’idéal américain tel qu’il est présenté officiellement dans les livres scolaires depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Ce nouvel opus du grand cinéaste engagé remet en question l’idéal américain tel qu’il est présenté officiellement dans les livres scolaires depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
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00:00 Le monde est un monde, et la France est une France.
00:04 Le monde est un monde, et la France est une France.
00:12 La paix et la prospérité.
00:14 Iron Curtin a descendu...
00:17 Le pays de la République est aujourd'hui menacé par les activités terroristes conduites par les communistes.
00:23 Avez-vous été un membre du Parti communiste ?
00:30 Je continuerai à lutter pour la paix.
00:40 Combien de temps avons-nous ?
00:42 C'est l'Époque atomique.
00:44 En flourissant en paix, avec 67 millions de personnes,
00:53 en ayant bénéficié de la plupart de notre histoire,
00:56 le pays de l'Union Européenne représente aujourd'hui un achat de bon gouvernement
01:00 sans précédent dans l'histoire de l'Homme.
01:02 En contrôlant les roues de notre destin,
01:05 le spirit est en train d'encourager de plus grands progrès.
01:08 Des efforts en agriculture, en industrie, en science et en business
01:12 qui garantissent à la majorité un moyen de vie qui est physiquement gratifiant
01:17 et spirituellement élevé.
01:19 Le sien de notre bonne fortune a sa route ici.
01:22 Préserver, protéger et défendre la Constitution de l'Union Européenne.
01:28 Ainsi m'aide Dieu.
01:34 Dwight David Eisenhower, républicain, est largement élu à la présidence en 1952.
01:40 Il remporte 39 États.
01:42 Le général, héros de la Seconde Guerre Mondiale, un homme doux mais coriace,
01:46 a promis de mettre un terme à la guerre de Corée.
01:49 Une guerre inutile selon lui.
01:51 Il désire que les Américains retrouvent confiance et optimisme.
01:55 Nous nous attendons à l'avenir, avec confiance en nous-mêmes,
01:59 dans notre pays et dans le Créateur qui est le Père de nous tous.
02:04 Eisenhower se retrouve à la tête du plus grand arsenal militaire au monde.
02:09 Trois jours avant son élection,
02:11 les États-Unis ont testé la première bombe à hydrogène sur l'île des Louguelab,
02:15 aujourd'hui disparue.
02:17 L'appareil de 65 tonnes, trop lourd pour être largué par avion,
02:22 produit pendant six heures un champignon atomique d'un diamètre dépassant les 150 km
02:27 et ravage l'île des Louguelab, qui est presque rayée de la carte.
02:31 Mais qui est ce nouveau président au visage de grand-père,
02:42 qui s'est opposé à l'utilisation de la bombe atomique contre le Japon
02:45 lors de la conférence de Potsdam,
02:47 qui a soutenu la création d'un second front pour venir en aide à l'Union soviétique,
02:51 qui entretient une relation amicale avec le général russe du Zhukov
02:56 et que Staline tenait en si haute estime.
02:58 Général Eisenhower est un très grand homme,
03:01 non seulement parce qu'il a connu des réussites militaires,
03:04 mais aussi parce que c'est un homme de nature amicale,
03:06 franche, gentil et humaine.
03:08 Aucun Occidental avant lui n'avait eu le droit d'assister à la parade sur la Place Rouge,
03:13 depuis le mausolée de Lénine.
03:15 Six semaines après son investiture,
03:18 en mars 1953, le destin lui offre l'occasion de relancer les relations diplomatiques
03:23 avec l'Union soviétique.
03:25 Staline est mort.
03:28 Malgré son extraordinaire brutalité,
03:30 la plupart des russes vénéraient celui qui avait vaincu les nazis
03:34 et transformé la Russie archaïque en une puissance industrielle moderne.
03:38 La nation est en deuil.
03:45 Les nouveaux dirigeants soviétiques sont libérés du spectre pesant d'un tyran
03:49 qui a régné comme un tsar pendant 30 ans.
03:51 Ils choisissent d'apaiser les tensions avec l'Occident capitaliste.
03:55 Leur but premier est d'améliorer les conditions de vie du citoyen moyen.
03:59 Et ils appellent de leur vœu une coexistence et une compétition pacifique.
04:04 Comment les instances dirigeantes des Etats-Unis,
04:08 fraîchement débarquées au pouvoir, vont-elles réagir ?
04:11 Winston Churchill a été élu une seconde fois au poste de Premier ministre en 1951.
04:16 Il a connu 50 ans de relations internationales.
04:19 Depuis l'âge d'or des grands empires coloniaux,
04:22 jusqu'à la montée du fascisme.
04:24 Mais pour un homme de cet âge, l'ère nucléaire est un horizon terrifiant.
04:29 Les russes proposent une offensive de paix.
04:32 Ils implorent le gouvernement américain de saisir cette chance sans précédent
04:36 et insistent pour que soit organisé un grand sommet international
04:39 auquel seraient conviés les dirigeants russes.
04:42 Pendant six semaines, c'est le silence radio.
04:45 Puis, un message, sous la forme d'un discours de paix.
04:49 Les russes captivés diffusent le discours dans tout le pays.
05:02 Mais deux jours plus tard, le gouvernement américain envoie un signal contradictoire.
05:07 Il est signé John Foster Dulles, le secrétaire d'État.
05:10 Selon lui, l'offensive de paix est un repli stratégique devant la puissance des États-Unis.
05:18 Et les communistes n'auront de cesse de conspirer jusqu'au renversement
05:21 de tous les gouvernements démocratiques du monde.
05:23 Une véritable insulte envers les russes,
05:27 qui se demandent qui est le porte-parole de la nouvelle administration.
05:30 Eisenhower, le modéré ?
05:33 Ou Dulles, l'intraitable ?
05:37 Dulles est le fils d'un pasteur presbytérien.
05:40 Il a fait sa carrière à Wall Street, dans les années 1920.
05:45 Puis dans un cabinet d'avocat d'affaires.
05:47 Dulles a dévoué sa vie à une double cause.
05:50 La protection des intérêts des entreprises américaines
05:53 et le rejet viscéral du communisme.
05:56 Même s'il le niera par la suite,
05:58 Dulles a aidé, quoiqu'indirectement, les nazis.
06:01 Parmi ses clients, figuraient des banquiers
06:03 qui ont permis à l'Allemagne de vendre des obligations du trésor
06:06 pour une valeur d'un milliard de dollars aux Etats-Unis.
06:09 Il a aussi fait très souvent affaire avec Higgey Farben,
06:12 un des piliers industriels du régime hitlérien.
06:15 Dulles est partisan de l'idée d'une libération agressive
06:18 des citoyens qui vivent sous un régime soviétique.
06:21 Partout où je regarde le monde, la question est
06:24 "Qu'est-ce que nous allons peut-être perdre d'après ?"
06:27 On semble être sur la défense, et ils sont sur l'offensive.
06:31 En deux ans et demi, la stratégie d'endiguement en Corée
06:37 s'est transformée en cauchemar.
06:39 Une guerre de position inutile et meurtrière.
06:42 Les américains sont pris dans un bourbier
06:46 qui préfigure la guerre du Vietnam, 15 ans plus tard.
06:50 Retour en arrière.
06:52 Le général MacArthur, héros de la Seconde Guerre mondiale,
06:55 se bat contre les Nord-Coréens,
06:57 équipés et entraînés par l'Union soviétique.
06:59 Malgré les avertissements répétés de Pékin,
07:02 il s'est approché de la frontière chinoise au nord.
07:04 Il est convaincu que jamais la Chine n'entrera en guerre.
07:07 Pourtant, à la fin de l'automne 1950,
07:10 des centaines de milliers de soldats chinois
07:12 traversent le fleuve Yalu.
07:14 Les forces américaines et alliées battent en retraite.
07:17 C'est la débandade.
07:19 Le magazine Time déclare qu'il s'agit là
07:31 de la pire défaite qu'aient jamais subie les Etats-Unis.
07:34 Truman écrit dans son journal
07:36 "La Troisième Guerre mondiale est arrivée".
07:39 MacArthur ne cesse de marteler qu'il va utiliser la bombe atomique.
07:42 Truman aussi, mais de manière plus discrète.
07:45 Le général Curtis LeMay se propose pour conduire les opérations.
07:49 Pendant ce temps, à l'insu du public,
07:51 les pilotes russes et américains se livrent une bataille dans les airs.
07:55 Il s'agit des seuls combats directs entre les deux puissances
07:57 durant toute la guerre froide.
07:59 Le général MacArthur est démis de ses fonctions
08:01 par le président Truman pour insubordination.
08:05 Les américains sont choqués par la défaite de leur toute puissance militaire,
08:09 mise à mal par des paysans chinois mal équipés.
08:13 La cote de popularité du président Truman tombe à 22%, son plus bas niveau.
08:19 La victoire n'arrive pas
08:21 et les forces alliées des Nations Unies bombardent le pays.
08:24 Le président Truman est le seul à ne pas avoir le pouvoir de défendre la guerre.
08:28 Il est le seul à ne pas avoir le pouvoir de défendre la guerre.
08:31 La victoire n'arrive pas
08:33 et les forces alliées des Nations Unies bombardent inlassablement le nord et le sud de la Corée,
08:37 comme le Japon, 5 ans auparavant.
08:40 Le Napalm est l'arme de prédilection.
08:43 Presque toutes les villes de Corée du Nord sont réduites en cendres.
08:47 Le sud n'est pas épargné non plus.
08:50 Bien que Mao Tse-tung envisage un conflit mondial,
08:56 Staline, au cours de l'été 1951,
08:59 insiste pour que les Nord-Coréens entament des négociations
09:03 qui s'éternisent.
09:05 Après deux ans, les pourparlers semblent progresser.
09:26 Puis à la mort de Staline,
09:28 les Russes proposent une offensive de paix.
09:31 Mais Eisenhower menace d'étendre la guerre.
09:34 Il veut utiliser la région de Kaesong
09:36 comme terrain de démonstration des nouvelles bombes atomiques stratégiques des États-Unis.
09:40 Les chefs d'état-major et le Conseil de sécurité national américain
09:44 soutiennent l'utilisation d'armes atomiques en Chine.
09:47 Eisenhower et Dulles veulent avant toute chose
09:50 que les dirigeants communistes comprennent bien la menace.
09:53 Les États-Unis commencent à bombarder les barrages hydrauliques de Pyongyang,
09:57 en Corée du Nord,
09:58 déclenchant d'immenses inondations
10:00 et détruisant des récoltes entières de riz.
10:03 Quelques années plus tôt,
10:05 le tribunal international de Nuremberg
10:07 avait condamné des actes similaires
10:09 perpétrés par l'armée allemande aux Pays-Bas.
10:12 Alors que le bilan des victimes s'alourdit chaque jour,
10:15 l'armistice est signé en juillet 1953.
10:19 Le pays est scindé en deux,
10:21 le long d'une ligne de démarcation.
10:24 L'Amérique a beau claironner qu'elle a barré la route au communisme,
10:27 la communauté internationale estime qu'elle a perdu,
10:30 pour la simple raison qu'elle n'a pas gagné.
10:33 Richard Nixon, alors vice-président,
10:36 reviendra plus tard sur ces événements.
10:38 Selon lui, la stratégie d'Eisenhower avec l'arme nucléaire
10:42 a bien fonctionné.
10:43 C'est la menace d'un comportement imprévisible
10:45 qui lui inspirera sa propre théorie du fou,
10:48 mise en application 20 ans plus tard,
10:50 pendant la guerre du Vietnam.
10:52 Pour les peuples asiatiques qui souhaiteraient affronter les Etats-Unis,
10:55 le message est clair.
10:56 3 à 4 millions des 30 millions de Coréens ont trouvé la mort,
11:01 un dixième de la population,
11:03 plus d'un million de Chinois morts
11:06 et 36 000 Américains.
11:09 La Chine, qui s'est fièrement dressée contre l'Amérique,
11:12 gagne un prestige international.
11:15 Les Etats-Unis bloqueront son entrée aux Nations Unies jusqu'en 1971.
11:21 En comparaison, l'Union soviétique paraît affaiblie,
11:25 creusant l'écart avec la Chine.
11:28 Churchill a bien saisi la portée de ces événements pour la planète.
11:32 La Corée est insignifiante.
11:35 Je ne connaissais même pas ce pays jusqu'à l'âge de 74 ans.
11:39 L'important est que cette guerre a enclenché le réarmement des Etats-Unis.
11:45 Le budget de la défense quadruple,
11:49 jusqu'à atteindre près de 50 milliards de dollars.
11:53 Jusqu'à la fin des années 50,
11:55 ce budget représentera annuellement plus de la moitié du budget fédéral.
12:00 C'est sous Eisenhower que la fameuse économie de guerre permanente est mise en place.
12:05 Autrement dit, l'anticommunisme profite aux affaires qui profitent au pays.
12:15 Au cours de la campagne, Eisenhower n'a rien fait pour calmer les tensions de la guerre froide.
12:21 Il a même attisé la flamme de l'anticommunisme,
12:25 ordonnant l'abandon de la politique d'endiguement des démocrates
12:29 et appelant à la libération républicaine du bloc de l'Est.
12:33 Il déteste Joe McCarthy, le perfide sénateur anticommuniste,
12:40 et déplore en privé ses méthodes.
12:44 Pourtant, Eisenhower n'a pas le cran de porter secours à son ancien mentor,
12:48 le général George Marshall,
12:50 accusé par McCarthy de trahison pour avoir perdu la Chine quand il était secrétaire d'État.
12:56 Marshall refuse de répondre aux accusations
13:09 et déclare que si, arrivé à son âge, il doit encore se défendre d'être un traître,
13:13 alors ça ne vaut même pas la peine d'essayer.
13:16 Il démissionne sans tarder de son poste de secrétaire à la Défense.
13:21 Dès 1950, McCarthy fait les gros titres.
13:25 J'ai ici une liste de 205 noms,
13:30 une liste que j'ai transmise au secrétaire d'État,
13:33 de membres du Parti communiste qui travaillent encore pour le département d'État,
13:38 dont certains ont des postes importants.
13:42 - Sénateur Eisenhower, j'aimerais vérifier ce nombre, monsieur.
13:46 Combien de communistes avez-vous dit?
13:48 - Oh, Major, je ne dis pas exactement.
13:51 J'ai absolument la preuve, il y a 104 communistes en carton dans le département de la Défense de ce côté.
13:56 - Combien, monsieur?
13:57 - 275, c'est tout ce que je dois dire.
14:00 Vous pouvez venir ici.
14:02 - Major, combien a-t-il dit?
14:04 - Je serais beaucoup plus heureux si nous pouvions settler sur le nombre de communistes
14:08 que je sais qu'il y a dans le département de la Défense.
14:11 Le lendemain, en déplacement dans un autre État,
14:14 il abaisse le nombre à 57.
14:17 Même s'il est parfois resté silencieux dans les moments décisifs,
14:20 Truman, dans un de ses plus beaux discours, déplore ce climat d'hystérie
14:25 qu'il a pourtant contribué à installer.
14:27 - Je vais vous dire comment nous ne nous battrons pas contre le communisme.
14:31 Nous ne transformerons pas notre FBI en un secret policier de Gestapo.
14:37 C'est ce que certains gens aimeraient faire.
14:39 Nous ne nous battrons pas contre ce que nos gens lisent et pensent.
14:43 Nous ne transformerons pas les États-Unis en un pays totalitaire de gauche
14:47 afin de gérer une menace totalitaire de gauche.
14:51 En bref, nous ne finirons pas la démocratie.
14:54 Nous gardons le Conseil des droits sur les bateaux.
14:57 Pour autant, la possibilité d'un débat politique aux États-Unis disparaît pendant les années 50.
15:04 Et Eisenhower ne critiquera jamais les persécutions subies par les communistes et les homosexuels.
15:10 Et en coulisses, le véritable pouvoir est aux mains du directeur du FBI,
15:19 J. Edgar Hoover, qui a le soutien inconditionnel du président Eisenhower.
15:24 Un pouvoir qu'il n'hésite pas à exercer sous toutes ses formes,
15:27 téléphone sur écoute, courrier ouvert, mouchard, bureau et coffre vandalisés.
15:33 Hoover brandit sans cesse la menace éculée d'une attaque surprise de l'Union soviétique sur les États-Unis.
15:39 En 1956, lors d'un entretien avec Eisenhower, il dresse un sombre tableau,
15:44 celui d'une attaque à la bombe chimique sur Manhattan qui tuerait des centaines de milliers de personnes.
15:49 [Musique]
16:15 Hoover est absolument convaincu que les communistes se cachent derrière le mouvement pour les droits civiques des Noirs.
16:21 Il espionne donc tous les leaders noirs du mouvement.
16:24 Le FBI est très occupé. Il organise des fuites dans la presse.
16:29 Et surtout, lance en 1956 un programme baptisé "Cointel Pro",
16:35 une série de coups fourrés destinés à déstabiliser les quelques 2300 organisations d'extrême gauche.
16:42 En 1960, le FBI a déjà enquêté sur plus de 400 000 personnes ou groupes de personnes,
16:48 le tout sous le regard approbateur d'Eisenhower.
16:51 Les parades patriotiques et les serments de loyauté sont de rigueur dans tout le pays.
16:56 La paranoïa est endémique.
16:58 [Musique]
17:16 Une deuxième série de commissions parlementaires visant Hollywood est mise en place.
17:21 Artistes et citoyens sont traînés devant des comités et pressés de donner des noms.
17:27 Pour l'écrivain Mary McCarthy, le but de ces commissions n'est pas de combattre la subversion,
17:32 mais de convaincre les Américains que le principe de la délation est une forme acceptable de citoyenneté.
17:38 Le résultat est prodigieux.
17:42 Le célèbre journaliste E.F. Stone dénonce ce qu'il qualifie de tentative de transformer des générations d'Américains en mouchards.
17:49 Le blocus de Berlin, les espions, la guerre de Corée,
17:53 les révélations successives des purges staliniennes sanglantes,
17:57 avaient terni la réputation de notre héroïque allié de la Seconde Guerre mondiale.
18:00 La peur rouge, the Red Scare, a fragilisé l'URSS.
18:05 Pourtant, c'est aux États-Unis que la peur rouge fait le plus de dégâts.
18:10 D'abord, le Parti communiste officiel des États-Unis passe de 80 000 membres en 1944
18:16 à moins de 10 000 au milieu des années 50.
18:19 Parmi ceux-ci, il faut enlever 1 500 informateurs du FBI.
18:25 9 ans de travail, je déteste être détesté pour le faire.
18:28 - Il y a quelque chose à l'hélicoptère ? - Non, non.
18:30 Les hélicoptères pensent que je suis un loup qui vend sa propre population.
18:33 Vous savez, vous avez un domicile et une famille.
18:35 Quand votre travail est terminé, vous allez chez eux et ils sont heureux de vous voir.
18:38 Je n'ai rien à voir avec un groupe de comiques qui me coupent le ventre et me mettent dans la rivière quand ils sont en train de me tuer.
18:44 Regarde, Ken, tu dois me sortir de cette chose.
18:47 Tu dois me nettoyer cette merde rouge. Je ne peux plus le prendre.
18:50 Mais plus grave encore,
18:53 c'est la peur rouge à décimer la gauche américaine,
18:56 les syndicats de travailleurs et les organisations politiques et culturelles
18:59 qui avaient donné l'impulsion au renouveau du pays dans les années 30 et 40.
19:03 À l'exception du mouvement des droits civiques et du mouvement antinucléaire,
19:08 l'opposition de gauche et les mouvements progressistes
19:11 resteront silencieux pendant toutes les années 50.
19:14 Le mouvement syndical ne s'en relèvera jamais.
19:17 Les années 50 d'Eisenhower nous renvoient cette image d'un homme,
19:22 un cadre, dans une grande entreprise, capitaliste, seul, triste,
19:27 perdu dans son costume de flanel grise,
19:30 porte-étendard du conformisme.
19:33 Par crainte de ruiner le pays à cause du budget de la défense,
19:37 Eisenhower et Dulles proposent une politique de défense nouvelle génération,
19:42 avec une armée réduite et des armes moins chères,
19:45 c'est-à-dire des armes atomiques.
19:47 Cette politique repose sur l'hypothèse que toute guerre contre l'Union soviétique
19:51 finira en guerre nucléaire totale.
19:54 Bien qu'il est en horreur l'arsenal atomique,
19:56 Eisenhower confie à l'ambassadeur de Grande-Bretagne
19:59 "Je préférerais être atomisé que communisé."
20:03 Il s'évertue à convaincre le public américain, plutôt réticent,
20:08 que les armes atomiques sont des armes conventionnelles.
20:11 Il confie à un journaliste en 1955 que selon lui,
20:14 les armes atomiques doivent être utilisées comme toutes les autres munitions.
20:19 Churchill n'en croit pas ses oreilles.
20:21 James Reston du New York Times, lauréat du prix Pulitzer n'en plus.
20:25 Il se demande pourquoi aucun parlementaire américain
20:28 n'a remis en cause l'engagement pris par Eisenhower
20:31 de lancer une riposte atomique immédiate sans l'avis du Congrès.
20:34 En août 1953, les Russes font exploser une bombe thermonucléaire
20:39 de 400 kilotonnes au Kazakhstan.
20:41 Le monde entier est abasourdi par la nouvelle.
20:44 L'Union soviétique semble avoir comblé l'écart.
20:47 Dans dix mois, ils auront rattrapé le programme américain de la bombe H.
20:51 En décembre 1954, Eisenhower ordonne le déploiement de 42% des bombes A
20:57 et 36% des bombes H à l'étranger,
21:00 dans le but de se rapprocher de leur cible, l'Union soviétique.
21:04 Il a dû redoubler d'efforts pour vaincre l'irréticence face à l'arme nucléaire.
21:10 En 1953, il dévoile son programme, des atomes pour la paix,
21:15 au cours d'un discours aux Nations Unies, devant un auditoire de 3500 délégués ébahis.
21:20 Il promet alors une source d'énergie bon marché, intarissable,
21:35 ignorant les avertissements de la communauté scientifique
21:38 sur les dangers de la prolifération nucléaire.
21:43 L'administration américaine doit proposer divers programmes nucléaires civils.
21:47 L'excavation planétaire, la création de ports en Alaska,
21:51 l'extraction de ressources pétrolières inaccessibles,
21:54 la création de réservoirs souterrains, la production de vapeur et la désalinisation des eaux,
21:59 un projet de modification du climat et de fonte de la calotte polaire,
22:04 et même un programme d'élargissement du canal de Panama à grand coup d'explosion.
22:09 Les hamburgers d'un gâteau électrique atomique sont un test de la vie atomique.
22:15 Mais le test nucléaire d'une bombage dans les îles Marshall en mars 1954 change la donne.
22:20 En effet, il est suivi d'un grave incident.
22:23 Les habitants des îles, ainsi que des pêcheurs japonais sont contaminés par les radiations.
22:27 L'indignation gagne la communauté internationale.
22:31 Le mot "retombée nucléaire" fait son apparition dans le vocabulaire courant.
22:35 Et l'opposition aux essais nucléaires grandit dans le monde entier.
22:38 Parallèlement à l'émergence de nouvelles organisations,
22:41 les défilés de protestations se multiplient.
22:44 Nehru, le très respecté premier ministre indien,
22:47 a été un des premiers à faire face à la réforme du système nucléaire.
22:51 Il a été le premier à faire face à la réforme du système nucléaire.
22:55 Les défilés de protestations se multiplient.
22:58 Nehru, le très respecté premier ministre indien,
23:01 qui prône le non-alignement, dénonce publiquement les dirigeants américains.
23:05 Des fous dangereux et égocentriques, prêts à faire exploser n'importe quelle personne
23:09 ou n'importe quel pays qui se mettraient en travers de leur chemin.
23:13 Eisenhower dit devant le conseil de sécurité nationale
23:16 "Tout le monde semble penser que nous sommes des voyous et des vatanguers belliqueux."
23:21 Même Dulles s'inquiète.
23:23 "On compare notre machine militaire à celle d'Hitler", dit-il.
23:27 Pourtant, Eisenhower, qui est capable de tenir d'éloquents discours,
23:30 inspire toujours la confiance de ses auditeurs.
23:51 Mais le premier ministre indien en sait plus que le public américain.
23:55 Il sait, par exemple, qu'Eisenhower ne dit pas toute la vérité.
24:03 Les britanniques se tournent alors vers la CIA,
24:19 en prétendant que l'Union soviétique est sur le point de faire main basse sur le pétrole du Moyen-Orient.
24:24 Contrairement à la Corée, la région qui s'étend de la mer Caspienne au golfe Persique regorge de pétrole.
24:30 C'est un point stratégique pour les intérêts occidentaux.
24:34 Mohamed Mossadegh, le premier ministre élu démocratiquement, est immensément populaire.
24:39 Il est le premier Iranien à avoir obtenu un diplôme de droit dans une université européenne.
24:44 Selon Time magazine, l'homme de l'année 1951 est une source d'inspiration pour les peuples arabes,
24:50 pris d'une fièvre nationaliste et désireux de prendre leur destin en main.
24:54 John Dulles et son frère Allen, le nouveau directeur de la CIA,
25:00 savent pertinemment que Mossadegh n'est pas un communiste.
25:04 Ils redoutent pourtant une prise de pouvoir du parti.
25:07 Avec la puissante réserve du président, ils donnent pour mission à la CIA de faire tomber Mossadegh.
25:13 La CIA achète journalistes, officiers militaires, membres du Parlement,
25:17 ainsi que des guerriers islamistes, en fait un gang de terroristes.
25:21 En août 1953, des hordes de manifestants manipulés par la CIA parviennent à semer le chaos dans la capitale, Téhéran,
25:29 en répandant la rumeur que Mossadegh est un juif et un communiste.
25:33 Les services secrets britanniques et la CIA payent des voyous pour détruire les mosquées.
25:39 Parmi les manifestants se trouve Laiatollah Romani, le futur dirigeant iranien.
25:44 Mossadegh ainsi que des milliers de ses partisans sont arrêtés pour trahison.
25:49 Certains sont exécutés.
25:51 Le rues de Mossadegh est un témoignage mutueux à trois jours de riots sanguins
25:55 qui se terminent dans un coup militaire de laquelle le dictateur d'Iran a fait sa mort.
26:00 Le Shah qui a fui à Rome revient à la maison.
26:03 L'huile iranienne peut encore aller vers l'Ouest.
26:06 Les Etats-Unis rendent le trône au Shah d'Iran.
26:12 L'Iran devient le plus grand allié militaire des Etats-Unis au Moyen-Orient.
26:18 Cinq nouvelles compagnies pétrolières américaines se partagent désormais
26:21 40% de la propriété du nouveau consortium, au détriment des britanniques.
26:26 En Occident, les médias accueillent ce coup d'Etat avec enthousiasme.
26:31 Pourtant le revers de la médaille est immense.
26:33 Les Russes espéraient un changement d'attitude des Etats-Unis à la mort de Staline.
26:37 Mais l'installation d'un gouvernement fantoche en Iran,
26:40 un pays avec lequel ils partagent une frontière de 2000 kilomètres, est une menace.
26:45 Ils s'inquiètent de cette stratégie d'encerclement.
26:47 La création de l'OTAN quelques années auparavant,
26:49 et aujourd'hui, le renversement de Mossadegh.
26:52 Quand une nation mène une opération secrète,
26:55 le retour de flammes, un terme d'espionnage,
26:58 désigne les effets pervers de l'opération sur ses propres citoyens.
27:02 Même si l'opération Mossadegh semble dans l'immédiat couronnée de succès,
27:09 et permet de faire affluer le pétrole vers l'Occident,
27:12 le peuple iranien est scandalisé.
27:14 Le retour de flammes mettra peut-être 25 années pour se manifester,
27:18 mais en 1979, il prendra toute son ampleur.
27:21 Exaspéré par les élections truquées et par la répression du SAVAK,
27:26 les services secrets iraniens, adeptes de la torture,
27:29 le peuple iranien se révolte.
27:31 Le Shah est chassé du pays par la révolution islamique portée par l'Ayatollah Khomeini.
27:36 Le coup d'État iranien de 1953 empoisonnera les relations entre les Etats-Unis et le peuple iranien
27:42 pendant encore 30 ans, de l'administration de George W. Bush à celle de Barack Obama.
27:47 La CIA vole maintenant de ses propres ailes.
27:52 L'année suivante, l'agence organise le renversement de Jacobo Arbenz Guzman au Guatemala.
27:58 Le chef d'État populaire avait remis en cause les gigantesques intérêts commerciaux
28:02 des entreprises américaines implantées dans ce pays particulièrement pauvre.
28:06 Le directeur de la CIA, persuadé qu'Arbenz est en fait un communiste,
28:10 veut empêcher que l'Union soviétique n'infiltre le pays et la région.
28:14 En réalité, l'influence du Parti communiste et ses 4000 membres est minime.
28:20 À partir de base au Honduras et au Nicaragua,
28:37 des mercenaires entraînés par la CIA attaquent le Guatemala en juin 1954.
28:41 Arbenz est fait prisonnier et livré à l'agente militaire.
28:45 Le successeur d'Arbenz, Castillo Armas, un anticommuniste convaincu,
29:00 met en place une dictature militaire impitoyable, faisant appel à des escadrons de la mort.
29:06 Il est lui-même assassiné trois ans plus tard.
29:09 Arbenz avait prévenu, le pays entre dans 20 ans de tyrannie fasciste et sanglante.
29:14 Il avait tort, la tyrannie durera 40 années et fera quelques 200 000 victimes.
29:21 Le mot communiste devient un adjectif permettant de décrire non seulement un système politique,
29:26 celui de l'Union soviétique par exemple,
29:28 mais également une personne qui voudrait instaurer le changement.
29:32 Toute personne, en tout lieu et en tout temps.
29:36 Un leader syndical, un réformiste, un militant paysan, un défenseur des droits humains.
29:41 Ou même un prêtre qui lit l'évangile, qui organise des groupes d'entraide et qui diffuse des messages pacifistes.
29:47 Pendant ce temps, le Vietnam est le théâtre d'événements capitaux.
29:56 Alors que la couronne britannique a cédé la plus grande partie de son empire,
30:00 la France, humiliée par la défaite face aux allemands au début de la guerre,
30:04 continue de défendre ses immenses colonies en Indochine et en Afrique.
30:08 Comme l'ont fait les anglais en Iran pour inciter les américains à les aider,
30:12 les français diabolisent leurs ennemis.
30:14 Ho Chi Minh est présenté comme un communiste fanatique,
30:17 alors qu'en réalité, il représente un mouvement de contestation
30:21 qui n'a pas changé d'objectif depuis la fin du 19ème siècle.
30:25 En effet, le peuple vietnamien luttait déjà pour son indépendance,
30:29 bien avant la révolution russe et bien avant l'avènement du concept du communisme.
30:34 Mais dans l'esprit des occidentaux, il est inconcevable que le communisme à l'asiatique
30:40 ne soit pas directement manipulé par Moscou.
30:43 La réalité est tout autre.
30:48 Staline s'est toujours montré prudent en Asie.
30:50 Tout comme il a refusé d'apporter une véritable aide à Mao,
30:53 il ne soutient pas Ho Chi Minh,
30:55 estimant qu'il ne sert à rien de contrarier les français.
30:58 Pendant la seconde guerre mondiale,
31:02 Ho Chi Minh avait reçu l'appui des Etats-Unis en tant que chef de la résistance contre les japonais.
31:06 Il avait ensuite sollicité l'aide de Truman pour installer un état vietnamien indépendant.
31:11 Sa demande était restée lettre morte.
31:13 Ce n'est qu'en 1950 qu'il a compris pourquoi.
31:17 Truman soutenait le camp adverse.
31:20 Avril 1954.
31:22 Après avoir péniblement traversé une jungle impénétrable et des terrains montagneux,
31:26 en transportant un arsenal constitué d'énormes canots antiaériens et d'eau-busier,
31:31 l'armée de paysans d'Ho Chi Minh encercle l'armée française à Dien Bien Phu.
31:37 Le combat de la mort est rejoint à Dien Bien Phu,
31:39 un fort de l'Union française isolée,
31:41 au fond de la territoire de l'Inde communiste.
31:44 Le combat est à sa hauteur,
31:45 lorsque les forces françaises repulsent des chargements fanatiques répétés par 40 000 Reds.
31:50 Apporté par les renforcements de l'aérolifte,
31:52 un garrison, numérisé 4 à 1,
31:54 tue ou blesse 10 000 des attaquants,
31:57 mais soutient des grosses pertes de ses propres.
31:59 Dans la plus férée guerre des 8 ans,
32:01 la France a fait face à un combat de la guerre.
32:03 Le plus fort de la guerre des 8 ans.
32:07 Aussi incroyable que cela puisse paraître,
32:09 les Etats-Unis financent 80% du coût de la guerre côté français.
32:13 Eisenhower justifie cette décision en comparant la région à un jeu de domino,
32:18 où chaque pays entraînerait le suivant,
32:20 de la Thaïlande à l'Indonésie,
32:22 en passant par la Malaisie et finalement le Japon.
32:26 Ils refusent d'envoyer des troupes américaines sur place pour aider les français,
32:30 ce qui n'empêche pas les chefs d'état-major de concevoir l'opération Vautour,
32:34 une campagne de bombardement aérien stratégique contre les positions du Vietmine.
32:38 Ce plan prévoit notamment l'utilisation éventuelle de trois petites bombes atomiques.
32:43 Les français ainsi que les britanniques rejettent cette option.
32:48 Le 7 mai, épuisé, après 56 jours de combat,
32:52 la garnison française est vaincue.
32:54 La France tourne la page de son histoire coloniale en Asie.
32:59 Bien que ses forces armées contrôlent la quasi-totalité du pays,
33:03 le Vietmine cède devant les pressions de Moscou et Pékin,
33:06 qui craignent une intervention américaine.
33:09 Il accepte à Genève de diviser temporairement le territoire vietnamien
33:12 le long du 17ème parallèle.
33:15 Ses troupes se replient vers le nord
33:17 et les forces alliées de la France se retirent au sud.
33:19 Des élections nationales sont programmées pour l'année 1956,
33:22 afin de réunifier le pays.
33:27 Contrairement à leurs promesses de ne pas intervenir,
33:30 les États-Unis installent un conservateur catholique et corrompu
33:33 à la tête du Vietnam, un pays bouddhiste.
33:36 Ngo Dinh Diem s'empresse de réprimer l'opposition
33:39 et d'emprisonner et assassiner les communistes.
33:42 Soutenu par les États-Unis,
33:44 Diem ne respecte pas la provision la plus importante des accords de Genève
33:48 et annule les élections de 1956.
33:54 Plus tard, Eisenhower expliquera que si les élections avaient eu lieu
33:57 au moment des combats, il est probable que 80% de la population
34:00 auraient voté pour Ho Chi Minh.
34:03 Cette annulation provoque une résurgence de la contestation.
34:06 En seulement quelques années, la guerre de la France
34:09 va devenir la guerre des États-Unis.
34:20 A l'autre bout du monde, en Afrique,
34:22 la lutte des vietnamiens est source d'inspiration
34:24 pour les révolutionnaires algériens,
34:26 qui ont eu la résistance en 1954.
34:29 Ils triompheront des français en 1962,
34:32 au bout de 8 années de guerre atroce.
34:35 Cette année-là, la France perdra aussi son empire colonial en Afrique.
34:40 En 1953, Eisenhower se rend à Madrid pour un voyage symbolique
34:44 au cours duquel il accorde à Franco, le cruel dictateur,
34:48 un prêt pharaonique.
34:50 En contrepartie, il demande l'autorisation d'installer
34:53 des bases nucléaires américaines en Espagne.
34:55 En 1955, l'Espagne est admise aux Nations Unies,
34:58 alors que la Chine communiste n'y siège toujours pas.
35:01 Les États-Unis apportent également leur soutien au Portugal,
35:04 qui se cramponne à ses gigantesques plantations en Afrique australe,
35:07 un empire sous le régime de l'apartheid.
35:10 L'Afrique du Sud, où la minorité blanche opprime la majorité noire,
35:14 reçoit aussi l'aide américaine.
35:18 Au milieu des années 50, la réputation des États-Unis
35:21 qui se lie au régime les plus réactionnaire
35:24 est la plus bas dans le tiers-monde.
35:26 Même si la capacité des États-Unis à lancer des représailles dissuasives
35:30 permet de maintenir le statu quo avec l'ennemi soviétique,
35:33 elle est inutile face au soubresaut révolutionnaire des pays émergents,
35:37 désireux de se démarquer des blocs soviétiques et capitalistes
35:40 en suivant une troisième voie, celle du non-alignement.
35:44 La plupart de ces pays jugent obscène ces milliards de dollars
35:47 dépensés en armement alors qu'il leur manque le minimum vital.
35:51 Au prix des non-alignés, la guerre froide menée par les Américains
35:54 n'est pas vraiment une guerre contre le communisme,
35:57 mais plutôt une guerre contre les peuples les plus pauvres de la planète
36:00 et pour le contrôle total des ressources de la planète.
36:04 En 1955, à Bandung, en Indonésie,
36:07 29 chefs d'États asiatiques et africains se rencontrent pour la première fois.
36:12 Leur hôte, Ahmed Soukarno, est l'homme qui a combattu le colonisateur hollandais.
36:17 Parmi les invités, on trouve plusieurs célébrités de la scène politique internationale.
36:22 Le maréchal Tito de Yougoslavie, le renega du bloc communiste
36:26 qui, malgré plusieurs tentatives d'assassinat,
36:28 est parvenu à extirper son pays des griffes de Staline.
36:32 Sont aussi présents Nasser, qui a affronté l'Empire britannique,
36:36 Nehru, le premier chef politique de l'Inde indépendante,
36:39 et le Vietnamien Ho Chi Minh.
36:41 L'État d'Israël, considéré comme un allié des États-Unis,
36:44 n'est pas invité, afin d'éviter un boycott des pays arabes.
36:48 Les chefs d'États se réunissent sur la super-ville de Java, en Indonésie,
36:52 le quatrième pays le plus peuplé au monde.
36:54 Ils possèdent à la fois la plus grande population musulmane
36:57 et le troisième plus grand parti communiste du monde.
37:00 Dulles déclare que la neutralité est un concept obsolète, immoral et irréfléchi.
37:11 Cette conférence est également l'occasion d'un des épisodes
37:14 les plus souvent oubliés de cette période.
37:16 Alors qu'il se rend à Bandung,
37:18 Zhu Enlai est la cible d'une tentative d'assassinat
37:21 par le gouvernement nationaliste de Chiang Kai-shek, de Taïwan,
37:24 avec la complicité de la CIA.
37:26 Une bombe et un détonateur sont posés dans son avion.
37:29 Mais Zhu échappe à la mort.
37:31 Il change d'avion juste avant d'embarquer,
37:33 laisse ses autres passagers meurtre dans l'explosion de l'avion en plein vol.
37:37 Ces circonstances mystérieuses, ainsi que l'énigmatique mutisme de Zhu,
37:40 n'empêchent pas la conférence de connaître un très grand succès.
37:44 La plupart des leaders politiques présents lors de cette réunion
37:48 allaient tôt ou tard être renversés par les Etats-Unis.
37:51 L'Union soviétique, qui au début a pris le parti d'ignorer le bloc non-aligné,
37:56 commence à regarder son passé en face.
37:59 Premier secrétaire du parti communiste de l'Union soviétique,
38:03 Nikita Khrushchev, est un homme d'origine modeste,
38:06 comme son homologue américain, Eisenhower.
38:09 Celui qui a connu de près les horreurs de la guerre en tant qu'organisateur politique
38:13 pendant la bataille de Stalingrad bouleverse le monde communiste en février 1956.
38:18 Dans un discours émouvant, il clame haut et fort ce que jamais personne n'avait eu le droit de dire publiquement
38:23 sans être sévèrement puni.
38:25 Khrushchev détaille les méthodes meurtrières employées par Staline.
38:30 Il évoque une société terrorisée,
38:32 qui s'est retranchée dans un conformisme plus grand que celui qui sévit aux Etats-Unis.
38:36 Il dénonce également le culte de la personnalité de Staline
38:40 et engage un processus salutaire de déstalinisation du pays.
38:44 La réaction du monde communiste ne se fait pas attendre.
38:47 Les adeptes de la ligne dure du parti sont stupéfaits.
38:50 Mao, en Chine, est furieux.
38:52 L'Europe de l'Est est balayée par une vague d'agitation.
38:55 En Hongrie, les foules se massent devant le Parlement,
38:58 renversent la gigantesque statue de Staline
39:01 et prennent à partie des officiers de la police secrète.
39:04 Khrushchev décide dans un premier temps de laisser libre cours à ce mouvement de contestation.
39:09 Mais en 1955, le Premier ministre hongrois, un modéré,
39:13 annonce simultanément des élections libres
39:15 et le retrait de la Hongrie du pacte de Varsovie,
39:18 une organisation parallèle à l'OTAN.
39:20 Khrushchev, à la merci des irréductibles du parti,
39:23 voit sa marge de manœuvre s'amenuiser considérablement.
39:26 Il n'a plus le choix.
39:28 Les blindés russes envahissent la ville.
39:30 Un mouvement de résistance s'organise.
39:33 2500 Hongrois perdent la vie.
39:35 Même si ce chiffre pallie en comparaison du bilan des interventions américaines
39:39 dans les pays du tiers monde,
39:41 la Hongrie est entrée dans l'histoire
39:43 comme un des symboles de la domination diabolique de l'Union soviétique
39:46 pendant la guerre froide.
39:48 Le magazine Time n'hésite pas à appeler ces combattants de la liberté hongrois
40:00 les hommes de l'année.
40:03 Pendant ce temps, à l'insu du public américain,
40:06 la puissance dominatrice des États-Unis s'exerce aux quatre coins du monde.
40:10 Sukarno devient une des cibles majeures de la CIA
40:23 qui tente de le déstabiliser par des tactiques frisant le ridicule,
40:26 mêlant films pornographiques et beauté blonde venue de Russie.
40:30 La CIA épaule un coup d'état militaire en 1957
40:33 au cours duquel ses pilotes bombardent des positions du régime de Sukarno.
40:37 Eisenhower nie toute implication,
40:39 mais cette affirmation devient embarrassante
40:41 quand un des pilotes d'avion de la CIA
40:43 est capturé à bord de son B-26
40:45 et présenté au public lors d'une conférence de presse.
40:48 Cette campagne de déstabilisation incite Sukarno à se tourner un peu plus
40:51 vers l'Union soviétique.
40:53 Pendant huit années encore,
40:55 les États-Unis s'acharneront à changer le régime en Indonésie.
40:58 Ils y parviendront, au prix d'un des massacres les plus sanglants du XXe siècle.
41:02 Automne 1957.
41:08 Un incident abîme profondément l'image des États-Unis dans le monde.
41:12 Le gouvernement envoie des troupes fédérales en Arkansas
41:15 afin de protéger des étudiants noirs,
41:17 fraîchement inscrits au lycée, victimes d'une foule raciste déchaînée.
41:21 Au même moment, l'Union soviétique lance son satellite Spoutnik
41:27 dans un ciel étoilé,
41:29 sous le regard ébahi des spectateurs du monde entier.
41:56 Nous, les États-Unis, avions les bombes.
41:59 Mais les Russes maîtrisaient l'espace.
42:01 Ils avaient les fusées et les missiles.
42:04 Le chef de la majorité au Sénat, Lyndon Johnson,
42:08 affirme que les soviets largueront des bombes sur nous
42:10 comme les gosses balancent des cailloux depuis un pont au-dessus de l'autoroute.
42:14 Eisenhower répond nonchalamment.
42:16 Ils n'ont fait que lancer un petit ballon dans les airs.
42:19 Il aurait ensuite joué cinq parties de golf,
42:21 afin de joindre le geste à la parole.
42:24 La raison en est simple.
42:26 Eisenhower connaît la vérité, mais il ne peut rien dire.
42:29 Les États-Unis ont développé des avions de reconnaissance hautement sophistiqués,
42:33 appelés U-2,
42:35 qui depuis plus d'un an survolent l'espace aérien soviétique
42:38 à 20 000 mètres d'altitude.
42:40 Eisenhower, qui a vu les clichés des U-2,
42:43 sait pertinemment que les Russes sont à la traîne dans la course à l'armement.
42:47 Le directeur de la CIA, Allen Dulles,
42:49 dira plus tard en ce ventant
42:51 qu'il lui était possible d'observer tous les brins d'herbe en Union soviétique.
42:55 Un mois plus tard, les Russes lancent Spoutnik 2,
42:58 un satellite de 6 tonnes dans l'espace.
43:01 Proposant une compétition pacifique pour la conquête de l'espace
43:04 et appelant à mettre un terme à la guerre froide,
43:06 Khrushchev tend la main à Eisenhower.
43:09 Mais Haec, sous une énorme pression politique,
43:12 enchaîne bravades et ventardises
43:14 à propos de l'immense supériorité militaire des États-Unis.
43:18 Nous sommes bien plus avancés que les soviets en qualité et en quantité,
43:22 et nous comptons garder notre avance.
43:24 Il évoque les nouveaux sous-marins américains,
43:26 ainsi que les porte-avions,
43:28 qui sont maintenant équipés d'armes nucléaires.
43:31 L'opposition n'hésite pourtant pas à saisir l'occasion.
43:34 John McCormack, le chef des démocrates à la Chambre des représentants,
43:37 déclare que les États-Unis sont en voie d'extinction nationale.
43:41 Un des participants les plus enthousiastes à se joindre au cœur des critiques
43:44 et à dénoncer le retard en armement
43:46 n'est autre que John Fitzgerald Kennedy, alors jeune sénateur.
43:50 Eisenhower n'a que faire de ses critiques,
43:53 qu'il qualifie de salopards, hypocrites et donneurs de leçons.
43:56 Pourtant, le nuage approche.
43:59 Eisenhower commande un rapport de sécurité,
44:02 rédigé en majeure partie par l'homme d'affaires Paul Nitze,
44:05 un anticommuniste acharné, protégé de James Forrestal.
44:09 Le rapport Gaiter est accablant.
44:13 Des fuites, apparemment orchestrées par Nitze lui-même, arrivent dans la presse.
44:17 Selon le Washington Post, le rapport affirme que les États-Unis
44:21 sont dans la plus fâcheuse posture de leur histoire.
44:24 Le Post décrit une nation en passe d'être déclassée au rang de puissance secondaire
44:30 et demande une gigantesque augmentation des dépenses militaires jusqu'en 1970.
44:35 Le roman de Neville Shute, Sur la plage, paraît en 1957.
44:43 Son adaptation cinématographique connaît aussi un immense succès international.
44:48 L'histoire raconte la vie, après une guerre nucléaire,
44:53 d'une poignée de survivants à Melbourne
44:55 qui attendent que les retombées nucléaires meurtrières se dissipent.
44:59 Winston Churchill, désormais à la retraite, répond à quelqu'un
45:08 qui lui demande s'il fallait offrir un exemplaire du livre Eisenhower.
45:12 "Ce serait du gâchis, il n'a plus toute sa tête.
45:16 Je pense que la Terre sera bientôt détruite par ses habitants.
45:20 Si j'étais le tout-puissant, je ne la recréerais pas
45:23 de peur qu'on me fasse sauter avec, la prochaine fois."
45:27 Victime de deux crises cardiaques, Eisenhower est toujours l'homme qu'il a été,
45:32 correct et bien intentionné, mais perdu et dépassé.
45:36 [Musique]
45:42 En 1959, au nez et à la barbe du président américain,
45:46 dans l'arrière-cours des États-Unis, Fidel Castro et ses révolutionnaires
45:50 parviennent enfin à renverser le régime de Batista,
45:53 le dictateur qui a laissé les États-Unis contrôler 80% des ressources du pays.
45:57 Castro entreprend de redistribuer les terres et de réformer le système éducatif.
46:02 Il saisit les immenses propriétés foncières du pays,
46:05 et en dévoilant plus de 400 000 hectares de terrain à trois entreprises,
46:08 dont United Fruit, il propose un dédommagement, qui est refusé.
46:13 Comme de nombreux pays non-alignés, Castro accepte l'aide offerte par l'Union soviétique.
46:20 En 1959, il se rend aux États-Unis et rencontre brièvement le vice-président Nixon.
46:25 Ce dernier ne le prend pas au sérieux, et le juge naïf au sujet du communisme.
46:29 Il soutiendra par la suite les projets visant à l'assassiner.
46:34 Les compagnies pétrolières dont les raffineries sont implantées à Cuba
46:37 commencent à refuser de traiter le pétrole brut en provenance du RSS.
46:41 Castro nationalise ces raffineries et menace d'exproprier tous les Américains présents sur l'île.
46:47 En représailles, Eisenhower annonce un embargo commercial
46:51 qui prive le marché cubain de ses débouchés commerciaux pour de nombreux produits, dont le sucre.
46:57 Les conséquences de l'embargo sont terribles.
46:59 Il durera plus de 50 ans et sera reconduit par 10 administrations avant d'être réduit au début du XXIe siècle.
47:07 Condamné depuis par la majorité des membres de l'Assemblée générale aux Nations Unies,
47:11 l'embargo n'est appuyé en 2011 que par deux pays, les États-Unis et Israël, contre les 186 autres membres.
47:19 En mars 1960, Eisenhower autorise la création d'une organisation paramilitaire
47:26 composée d'exilés cubains afin de renverser Fidel Castro.
47:30 La possibilité de l'assassiner n'est pas écartée.
47:34 Il est intolérable de laisser penser au reste du monde que Fidel Castro a réussi.
47:39 Au début du XXe siècle, Joseph Conrad avait dressé un portrait mémorable du Congo belge.
47:47 Plus d'un demi-siècle plus tard, rien n'a vraiment changé.
47:53 Quand les Belges quittent le pays en 1960, le nouveau Premier ministre socialiste, Patrice Lumumba,
47:59 embarque pour Washington afin de demander de l'aide aux États-Unis.
48:03 Eisenhower refuse de le rencontrer.
48:05 Le directeur de la CIA, Allen Dulles, lui dépeint Lumumba comme un Fidel Castro africain.
48:11 Dulles parvient ensuite à le convaincre d'autoriser une tentative d'assassinat.
48:15 C'est un échec.
48:17 Mais la guerre civile qui plonge le Congo dans le chaos aboutit en janvier 1960 à la destitution de Lumumba,
48:24 capturé par des militaires dissidents en présence d'officiers de l'armée belge.
48:28 Lumumba est torturé et assassiné.
48:31 Il devient rapidement un martyr et un héros nationaliste dans les pays du Tiers-Monde
48:36 qui tiennent les États-Unis pour responsables de la situation.
48:39 La CIA, au mépris du plan de paix proposé par les Nations Unies, soutient Joseph Mobutu.
48:46 Le dictateur milliardaire règnera pendant trois décennies,
48:49 pillant les ressources naturelles de son pays, ponctionnant des milliards de dollars,
48:54 y compris dans les poches des Américains qui le soutiennent,
48:56 et massacrant tous ceux qui menacent son pouvoir.
48:59 Pourtant Mobutu restera l'allié le plus fidèle de la CIA.
49:03 Dans son remarquable discours d'adieu en janvier 1961,
49:11 Eisenhower, prenant la mesure de la monstruosité de la situation qu'il a créée,
49:15 semble demander l'absolution.
49:18 Nous avons été convaincus de créer une industrie permanente de l'armement de grande proportion.
49:25 3,5 millions d'hommes et d'femmes sont directement engagés dans l'établissement de la défense.
49:31 L'influence totale, économique, politique, même spirituelle,
49:37 est ressentie dans chaque ville, chaque maison, chaque bureau du gouvernement fédéral.
49:42 Dans les conseils de gouvernement, nous devons nous garder contre l'acquisition d'influence inévitable,
49:48 que ce soit souhaitée ou non, par le complexe industriel militaire.
49:53 Nous ne devons jamais laisser la pression de cette combinaison endanger nos libertés ou nos processus démocratiques.
49:59 En privé, il confie à Allen Dulles,
50:03 "Je ne laisse en héritage à mes successeurs que des cendres. Il n'a pas tort."
50:09 D'abord, son administration a renversé nombre de gouvernements
50:14 et est intervenue avec désinvolture aux quatre coins du globe.
50:17 Mais surtout, c'est Eisenhower qui, plus que tout autre, a forgé le complexe militaro-industriel,
50:24 un des piliers de l'économie des États-Unis.
50:26 Sous sa présidence, l'arsenal militaire des États-Unis est passé d'un millier d'armes nucléaires à 22 000.
50:35 Et le programme de défense qu'il a avalisé pour la décennie suivante prévoit la fabrication de 30 000 armes supplémentaires.
50:42 La bombe nucléaire est devenue le fondement de l'Empire américain.
50:47 Elle donne à son empereur, le président, derrière le voile d'un secret toujours plus souffocant,
50:52 une puissance mystique qui outrepasse les limites du pouvoir exécutif fixé par la Constitution des États-Unis.
50:59 Ce ne sont pas les bombes en elles-mêmes qui sont onéreuses,
51:02 mais bien l'infrastructure gigantesque qui les entoure.
51:05 Les bases militaires, locales et à l'étranger, ainsi que les systèmes de largage, les bombardiers, les missiles, les porte-avions et les sous-marins.
51:13 Avec Eisenhower, la menace nucléaire est devenue une politique étrangère comme une autre.
51:21 En 1956, John Foster Dulles défend sa politique jusqu'au boutiste dans une interview.
51:30 Il évoque trois occasions différentes au cours desquelles l'administration est parvenue à faire reculer les communistes
51:36 en se montrant prête à déclencher une guerre nucléaire si besoin était.
51:40 La Corée, le Vietnam, Taïwan.
51:44 La même année, les États-Unis brandissent à nouveau la menace nucléaire face aux Russes durant la crise de Suez.
51:54 Et deux ans plus tard, en 1958, à l'occasion d'un litige avec la Chine à propos des petites îles de Kémoy et de Matsu.
52:02 Tous les successeurs d'Eisenhower vont suivre son exemple,
52:07 considérant comme ennemis tout pays récalcitrant et agitant systématiquement la menace d'une attaque nucléaire.
52:13 Sans que le public américain ne le sache, Eisenhower a aussi délégué à des commandants spécialisés
52:20 l'autorité de lancer des attaques nucléaires s'ils sont convaincus que les circonstances l'exigent
52:25 et qu'ils n'ont plus de moyens de communication avec le président.
52:28 De plus, avec l'approbation d'Eisenhower, certains de ses commandants ont eux-mêmes délégué cette autorité à leurs sous-officiers.
52:36 Ainsi, alors que les bombes nucléaires ne disposent pas encore des systèmes de verrouillage utilisés de nos jours,
52:42 des dizaines d'individus plus ou moins dignes de confiance ont le doigt sur la gâchette d'armes nucléaires.
52:48 Général Turgisson, je trouve cela très difficile à comprendre.
52:51 J'avais l'impression que j'étais le seul en autorité à ordrer l'utilisation des armes nucléaires.
52:56 C'est vrai, monsieur. Vous êtes la seule personne autorisée à le faire.
53:01 Et même si j'hate de juger avant que les faits soient encore en place,
53:06 il commence à sembler que le général Ripper a dépassé sa responsabilité.
53:09 C'est certain. Plus loin que je ne l'aurais imaginé possible.
53:14 Peut-être que vous oubliez les provisions du plan R, monsieur.
53:17 Le plan R ?
53:19 Le plan R est un plan d'émergence de guerre dans lequel un commandant de lower echelon
53:25 peut ordrer une rétaliation nucléaire après un coup de main.
53:28 Si la chaîne normale du commandement a été interrompue.
53:32 Vous l'avez approuvé, monsieur. Vous devriez le souvenir.
53:36 En août 1960, Eisenhower approuve un plan opérationnel prévoyant une attaque nucléaire simultanée
53:42 sur la Chine et l'URSS dans les 24 heures qui suivraient une déclaration de guerre.
53:47 Les chiffres les plus prudents portent le nombre de victimes des explosions et des retombées atomiques
53:54 à environ 600 millions, plus de 100 fois le nombre de juifs tués pendant l'Holocauste.
54:06 En cas de guerre, la planète serait plongée dans un hiver nucléaire qui obliterait toute forme de vie.
54:11 Eisenhower a été président des États-Unis, la nation la plus puissante au monde,
54:16 pendant l'une des plus grandes périodes de l'histoire.
54:20 Il aurait pu, s'il en avait eu le courage, ouvrir de nouvelles perspectives pour le monde entier.
54:25 Alors que des signes émanant de Moscou indiquaient que le Kremlin semblait disposer à changer de cap,
54:31 Eisenhower ne sut jamais saisir l'occasion.
54:33 Entravé par une idéologie coriace, les calculs politiciens, les exigences d'un État militarisé et un manque d'imagination.
54:42 Les pères font des erreurs aussi, vous savez, beaucoup d'erreurs. En fait, c'est facile pour nous de faire des erreurs,
54:50 parce que nous essayons si dur de vivre jusqu'à la photo parfaite que vous nous avez peintes.
54:53 Vous allez devoir apprendre que je suis juste un être humain ordinaire,
54:58 avec une résiduelle quantité d'intelligence, capable de gérer la plupart des situations.
55:03 Mais je ne suis pas un super-homme, je ne suis pas un homme.
55:06 Avec une résiduelle quantité d'intelligence, capable de gérer la plupart des situations.
55:11 Mais je ne suis pas un super-homme, je ne peux pas apporter des miracles.
55:15 Juste parce que je suis votre père, ça ne veut pas dire que je suis infallible.
55:19 Un événement souligne l'ironie de son destin.
55:23 1953, Eisenhower se mue en un authentique combattant de la guerre froide,
55:31 alors que son mentor, le général George Marshall, reçoit le prix Nobel de la paix.
55:36 Ce dernier profite de l'occasion pour rappeler la nécessité de comprendre l'histoire et les causes de la guerre.
55:43 Je vois chaque jour le prix de la guerre.
55:46 On le consigne soigneusement dans des registres, et dans la dernière colonne de chaque ligne, on inscrit une petite croix.
55:57 Marshall est un conservateur, un homme qui a connu les deux guerres mondiales et la grande dépression,
56:02 et qui contrairement à de nombreux généraux, porte rarement ses médailles en public.
56:07 Il refuse systématiquement de grandes sommes d'argent pour la publication de ses mémoires.
56:12 En 1959, bien qu'il soit respecté, il décède dans une noble solitude,
56:18 encore victime de l'ostracisme de la droite pour sa modération face au fanatisme ambiant,
56:23 et pour la tolérance qu'il a fini par incarner.
56:25 "You gotta give a little, take a little"
56:30 Bien entendu, les années 50 restent dans l'inconscient collectif une période prospère et paisible.
56:36 "That's the story of, that's the glory of love"
56:41 Et il faut reconnaître qu'Eisenhower a contribué à éviter la guerre avec la Russie, à un moment où elle semblait imminente.
56:47 Mais ce qui est incontestable, c'est qu'en approuvant l'expansion du pouvoir militaire la plus gargantuesque de l'histoire des Etats-Unis,
56:54 Eisenhower a mis le monde sur la voie de l'autodestruction, et a fait de la planète un endroit plus dangereux qu'il ne l'était avant.
57:03 "We stand ready to engage with any and all others, in joint effort to remove the causes of mutual fear and distrust among nations, so as to make possible drastic reduction of armaments"
57:25 "You gotta win a little, lose a little, and always have to lose a little"
57:36 "That's the story of, that's the glory of love"
57:42 "That's the story of, that's the glory of love"
57:52 "That's the story of, that's the glory of love"
57:57 "That's the story of, that's the glory of love"
58:02 [SILENCE]