Santé, nourriture, habitat : les promesses de l'océan !
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00:00:45 - Bonsoir. Imaginez un instant.
00:00:48 Manger des steaks de krill, vivre sur une île artificielle
00:00:52 et cultiver ses tomates sous la mer, ce sera peut-être notre avenir.
00:00:56 Ce soir, je vous emmène à la rencontre de ceux qui inventent,
00:00:59 avec génie, un nouveau mode de vie au coeur de nos océans.
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00:01:07 Demain, notre monde s'inspirera d'une vie étonnante,
00:01:10 celle du peuple des abysses.
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00:01:15 Ces formes étranges ont beaucoup à nous apprendre.
00:01:18 Elles sont déjà des outils essentiels au service
00:01:21 de la recherche scientifique.
00:01:24 - C'est comme un super pouvoir que possèdent ces organismes,
00:01:27 alors qu'on les regarde comme des êtres simples, primitifs.
00:01:32 Mais ils peuvent faire des choses qu'on ne sait pas faire.
00:01:34 - Quand la mer remplacera la terre,
00:01:36 notre jardin potager ressemblera à ça.
00:01:40 Un espace fertile où tout pousse.
00:01:44 - Il y a un parfum incroyable.
00:01:47 Vous voulez sentir? C'est de la citronnelle.
00:01:50 - Vivre sur l'eau, pour Richard, c'est déjà la réalité.
00:01:55 - Ce sont comme des briques, sauf qu'elles flottent.
00:01:58 Les sacs sont attachés à des palettes,
00:02:00 et je les ai recouverts avec des planches de bois et du sable.
00:02:04 - Peu à peu, comme Richard, nous, les terriens,
00:02:07 deviendrons des mériens.
00:02:11 Mi-maison, mi-embarcation, il suffira de s'adapter.
00:02:15 - Vous le sentez?
00:02:18 - Ça bouge un peu, hein?
00:02:21 - Et pour remplir nos assiettes, jusqu'où irons-nous?
00:02:28 Déjà, très loin au large des hommes puissent dans la mer
00:02:31 une petite crevette qui vaut de l'or.
00:02:34 Ce minuscule crustacé, c'est le krill.
00:02:38 Demain, il sera sûrement au coeur de notre alimentation,
00:02:42 car son huile contient des oméga-3
00:02:44 et des antioxydants aux vertus multiples.
00:02:47 - La majorité de la population mondiale
00:02:50 montre des carences en oméga-3.
00:02:52 C'est une solution très prometteuse pour le futur.
00:02:57 - Une autre promesse de l'océan.
00:03:00 Sous ce sable vit depuis toujours un animal exceptionnel.
00:03:04 - Lui, il arrête de respirer pendant 6 heures.
00:03:07 Vous imaginez, vous, d'arrêter de respirer pendant 6 heures?
00:03:10 - Cette extraordinaire capacité, ce vert marin la doit à son sang.
00:03:14 C'est lui qui, demain, pourrait bien nous sauver la vie.
00:03:17 - Un sang aux qualités exceptionnelles.
00:03:20 - Une poche de sang peut être gardée 42 jours.
00:03:23 Après, on est obligé de la détruire.
00:03:25 Ici, on a du sang qui peut être gardé sur étagère
00:03:28 pendant plusieurs années, du sang en poudre.
00:03:31 - Comme une planète qui reste à découvrir,
00:03:34 l'océan nous livre chaque jour une part de ses secrets.
00:03:38 Au plus profond,
00:03:40 sommeille depuis des millions d'années un véritable trésor.
00:03:43 Une promesse qui suscite, vous le verrez,
00:03:46 beaucoup de convoitises.
00:03:48 - Jules Verne en a rêvé avec "20 mille lieues sous les mers".
00:04:03 Vivre sur l'eau ou sous l'eau a toujours hanté notre imaginaire.
00:04:07 Mais ce rêve est en passe de devenir une réalité.
00:04:10 Ce genre de sous-marin deviendra peut-être
00:04:13 notre futur moyen de transport.
00:04:15 Du mythe de l'Atlantide aux villes flottantes futuristes,
00:04:18 c'est l'un des derniers grands défis de l'homme.
00:04:21 - Ça, ça flotte.
00:04:28 Ça pète bien. Super.
00:04:30 - Dans un avenir très proche,
00:04:33 ces gestes pourraient bien être les nôtres.
00:04:36 - Ça, c'est parfait parce qu'elle est toute neuve.
00:04:39 Quand elles sont là depuis un an ou deux,
00:04:42 elles se disloquent en mille morceaux.
00:04:46 - Ça, c'est vraiment un cadeau du ciel.
00:04:50 C'est du matériel pour créer de magnifiques nouvelles terres,
00:04:55 là où il n'y avait rien avant,
00:04:58 des nouveaux territoires.
00:05:00 On peut en faire partout dans le monde.
00:05:13 (brouhaha)
00:05:16 Et pour que le rêve devienne réalité,
00:05:27 il en faut du plastique.
00:05:29 Richard Sowa est un artiste anglais
00:05:39 qui vit au Mexique depuis 20 ans.
00:05:42 C'est dans ce lagon de Isla Mujeres,
00:05:45 une île au large de Cancún,
00:05:48 qu'il a prouvé au monde entier la pertinence de ses idées.
00:05:52 - C'est toujours bien de rentrer à la maison.
00:06:02 - Et non, ce n'est pas un mirage.
00:06:05 Il a fallu près de 8 ans à Richard
00:06:08 pour construire son petit paradis flottant.
00:06:11 (brouhaha)
00:06:14 Sous ses pieds, près de 160 000 bouteilles en plastique.
00:06:22 - Voilà, ce sont comme des briques, sauf qu'elles flottent.
00:06:35 - Mais ce matin, Richard a un léger souci.
00:06:39 - La maison est en train de s'affaisser de ce côté.
00:06:42 Je vais essayer de mettre 10 ou 12 sacs en dessous
00:06:45 pour la redresser un petit peu.
00:06:48 - Transformer la pollution plastique
00:06:54 en matière première pour nos maisons,
00:06:56 ça pourrait bien être une solution d'avenir.
00:06:59 - Les sacs sont attachés à des palettes,
00:07:07 et je les ai recouverts avec des planches de bois et du sable.
00:07:11 J'ai planté des mangroves.
00:07:13 Regardez celle-là.
00:07:15 Elle est toute jeune, mais les autres, là, ce sont les plus vieilles.
00:07:19 Et les racines et le plastique sont complètement entremêlés.
00:07:23 Regardez, on crée notre propre vague. Ça flotte.
00:07:29 (rire)
00:07:31 De l'autre côté de l'océan, aux Pays-Bas,
00:07:42 il y a des gens de la même tribu que Richard.
00:07:45 Les néerlandais ont été les premiers
00:07:49 à se lancer à la conquête de la mer.
00:07:52 Avant, ici, il n'y avait que de l'eau partout.
00:07:57 Petit à petit, l'homme a étendu son emprise sur ce territoire liquide,
00:08:01 des bras de terre, des îles artificielles,
00:08:04 et aujourd'hui, tout un quartier de maisons flottantes.
00:08:07 Depuis deux ans, Alexandra et sa famille vivent dans cet univers aquatique.
00:08:20 - Ici, vous voyez, c'est comme un autre monde, beaucoup plus calme.
00:08:26 - Mais on ne passe pas de la tribu des terriens
00:08:29 à la tribu des mériens du jour au lendemain.
00:08:32 Vivre dans une maison flottante réserve quelques surprises.
00:08:36 - Vous voyez, maintenant, il y a du vent.
00:08:39 Vous le sentez ? Ça bouge un peu.
00:08:41 Le piano, la table à manger, le billard,
00:08:44 tout ça, c'est très, très lourd, et ça fait pencher un peu la maison.
00:08:48 - Ah oui, en effet, il y a un peu de gîte.
00:08:51 Mieux vaut alors avoir le pied marin. Démonstration.
00:08:54 - Par exemple, en ce moment, la maison n'est pas équilibrée.
00:08:57 Là, on le voit, on le voit clairement.
00:08:59 Et la raison pour laquelle, c'est qu'en fait,
00:09:03 c'est sensible à quelques centaines de kilos, en fait.
00:09:07 J'ai vu le côté pratique parce que ça m'évitait de tondre la pelouse.
00:09:18 Donc déjà, avoir de l'eau autour, c'était...
00:09:21 C'était ça, aussi, un peu l'idée.
00:09:25 - Et puis, ce n'est pas la voiture que l'on gare en bas de la maison.
00:09:29 - Vous voyez, on peut quasiment sauter de la fenêtre sur le bateau.
00:09:35 Ça, c'est vraiment spécial.
00:09:37 - Ici, chaque habitant est propriétaire
00:09:46 d'un lopin d'eau autour de sa maison.
00:09:52 Mais pour ce Français expatrié aux Pays-Bas,
00:09:55 acheter un morceau de mer, ça n'allait pas forcément de soi.
00:09:59 - C'est pas concret.
00:10:01 Quand on a la terre, on peut dire, OK, ça, moi, je le touche.
00:10:05 Et là, en fait, c'est délimité, mais c'est de l'eau.
00:10:09 Donc c'est ça, en fait, la notion qui est un peu abstraite.
00:10:13 - Alors, les vieux réflexes terriens ont refait surface.
00:10:17 Vite, une terrasse flottante avec de l'herbe et des plantes.
00:10:22 (sifflement)
00:10:24 (sifflement)
00:10:27 De ce côté-ci du plan d'eau,
00:10:29 chaque propriétaire a eu carte blanche
00:10:32 pour imaginer la maison de ses rêves
00:10:35 et inventer sa vie sur et même sous l'eau.
00:10:39 Ce couple d'architectes a relevé le défi avec délectation.
00:10:44 - Vous savez, dans un univers aquatique,
00:10:47 il n'y a pas de verdure.
00:10:50 Alors, notre but, c'était de créer un maximum de jardins
00:10:53 comme ce patio.
00:10:55 En fait, il permet d'éclairer la pièce qui est juste en bas.
00:11:00 Mais venez, je vais vous montrer.
00:11:03 (en chantonnant)
00:11:06 Dans cette chambre, on est en dessous du niveau de la mer.
00:11:10 En fait, on est sous l'eau.
00:11:12 La mer, elle arrive là, au niveau de cette ligne bleue,
00:11:15 juste là.
00:11:18 Donc ici, on est sous l'eau.
00:11:19 Et pour éviter d'avoir une pièce aveugle, sans fenêtre,
00:11:23 on a reculé la façade pour créer ce patio
00:11:26 avec cette grande baie vitrée.
00:11:28 Ça donne la sensation d'être dans une pièce normale
00:11:31 et pas dans un espace sombre sous l'eau.
00:11:34 - Mais bientôt, en sortant de sa chambre,
00:11:37 cette famille hollandaise pourra peut-être
00:11:40 aller cultiver son jardin potager directement sous l'eau.
00:11:44 - Oui, c'est ça.
00:11:47 - Direction la côte italienne.
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00:12:01 À Nolli, près de Gênes,
00:12:03 une nouvelle espèce de jardinier des mers
00:12:07 prépare son matériel.
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00:12:15 - Mon tracteur, c'est ma bouteille d'oxygène.
00:12:19 Avec mon masque, c'est tout ce dont j'ai besoin.
00:12:23 Là où je vais, il n'y a pas de terre, pas d'insectes.
00:12:27 Peut-être des requins, un jour.
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00:12:51 À la surface, les cabines de plage ont été transformées
00:12:55 en centre opérationnel high-tech.
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00:13:00 Luca, tu m'entends?
00:13:03 (sonnerie)
00:13:06 On a une alarme du style...
00:13:10 Houston, on a un problème.
00:13:14 Comme à la NASA.
00:13:17 Et ces webcams sont reliés en direct,
00:13:22 ici, 24 heures sur 24.
00:13:25 (sonnerie)
00:13:28 (sonnerie)
00:13:30 - Nous y voilà! Salut à tous!
00:13:33 (sonnerie)
00:13:36 (sonnerie)
00:13:39 (sonnerie)
00:13:42 Je vous présente le jardin de Nemo.
00:13:45 (sonnerie)
00:13:48 Suivez-moi, je vais vous montrer
00:13:51 toutes les biosphères.
00:13:54 (sonnerie)
00:13:57 Dans la biosphère numéro un, vous avez des plantes comestibles.
00:14:01 Il y a tout ce que vous voulez.
00:14:04 Du thym, de la menthe et du basilic.
00:14:09 Toutes les plantes dont vous vous servez pour faire votre cuisine.
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00:14:24 (sonnerie)
00:14:27 (sonnerie)
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00:14:43 Bienvenue!
00:14:46 Ici, on a la surface de l'eau.
00:14:51 C'est de la mer comme au-dessus, à la vraie surface,
00:14:55 à 5 ou 7 m au-dessus de nous.
00:14:58 Cette eau salée s'évapore
00:15:01 et elle se condense sur les parois de la biosphère.
00:15:04 Et ça crée de l'eau douce.
00:15:07 De l'eau salée qui se transforme en eau douce
00:15:10 et des plantes qui créent elles-mêmes leur propre oxygène.
00:15:13 Le tour est joué.
00:15:15 Tout pousse, et même plus rapidement qu'à la surface.
00:15:18 Ça, ça a été planté il n'y a pas très longtemps.
00:15:22 Je pense moins d'une semaine.
00:15:24 C'est vraiment rapide pour du basilic.
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00:15:43 Là, c'est la biosphère numéro 2.
00:15:46 On l'a dédiée aux plantes médicinales.
00:15:50 C'est vraiment un jardin d'Eden, ici.
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00:16:01 Stévia, mélisse, calendula, citronnelle...
00:16:05 Dans cette atmosphère pressurisée,
00:16:07 les essences sont aussi plus concentrées.
00:16:10 - Il y a un parfum incroyable.
00:16:13 Vous voulez sentir?
00:16:15 C'est de la citronnelle.
00:16:17 (bruit de l'eau)
00:16:21 Ici, on n'a pas de mouches, pas de parasites,
00:16:25 pas de petites bestioles qui viennent abîmer notre récolte.
00:16:29 Donc on n'a plus besoin de produits chimiques.
00:16:32 Et la mer, à l'extérieur de la biosphère,
00:16:34 permet de garder une température à l'intérieur très stable.
00:16:37 C'est parfait.
00:16:39 Un peu comme dans une serre.
00:16:42 (bruit de l'eau)
00:16:45 Dites bonjour aux poissons.
00:16:47 - Dans un monde qui va manquer de ressources et de places,
00:16:50 le jardin de Nemo ouvre des perspectives colossales.
00:16:54 - Aujourd'hui, vous réunissez toutes les pièces du puzzle.
00:16:57 Il n'y a plus assez de terre à cultiver,
00:17:00 l'eau douce est de plus en plus rare,
00:17:02 et on sera bientôt 6, voire 7 milliards de personnes.
00:17:05 Il faut des solutions.
00:17:07 (bruit de l'eau)
00:17:10 De l'autre côté de la terre, au Mexique,
00:17:13 c'est sur l'eau que Richard a lui aussi son jardin d'Éden.
00:17:17 Sur son labyrinthe de plastique, tout a fini par pousser.
00:17:22 (musique)
00:17:25 - Ça, c'est le cactus mexicain, très comestible.
00:17:30 Ça aussi, ça se mange.
00:17:34 C'est une herbe qui pousse normalement sur la plage.
00:17:37 C'est très bon.
00:17:39 (musique)
00:17:42 Là, on a une fleur d'hibiscus.
00:17:44 C'est délicieux, j'adore.
00:17:46 C'est la salade tropicale.
00:17:48 (musique)
00:17:52 Ça, c'est du huaré.
00:17:54 Ce sont des pois super bons.
00:17:57 (musique)
00:18:03 Et voilà mon petit coin cuisine.
00:18:06 Et pour faire la vaisselle, je récupère de l'eau de pluie.
00:18:11 - Ici, rien ne se perd, tout se transforme.
00:18:16 (musique)
00:18:20 - Et ça, c'est un taco vegan.
00:18:24 (musique)
00:18:28 C'est vraiment excitant d'avoir construit un morceau de terre
00:18:32 à partir de plus de 70 % de déchets
00:18:36 et d'avoir un potager autosuffisant qui a poussé là-dessus.
00:18:41 - Aujourd'hui, il cuisine pour un ami.
00:18:44 - Quand quelqu'un parle là-dedans, on ne dit pas "hello",
00:18:48 mais "shallow".
00:18:50 Et la personne à l'étage peut m'entendre.
00:18:53 "Donny, t'es là-haut ?"
00:18:55 (chant)
00:18:59 (chant)
00:19:03 (chant)
00:19:06 (chant)
00:19:08 (chant)
00:19:11 C'est vraiment un être incroyable.
00:19:13 C'est un visionnaire.
00:19:15 Il y a plein de gens qui ont des tas d'idées,
00:19:18 mais ils ne réalisent pas.
00:19:20 Lui, c'est un homme d'action.
00:19:24 - Donny, c'est l'ami de toujours.
00:19:27 Depuis la première heure, il soutient ce géotrofte ou aquatique
00:19:31 et le suit dans ses rêves les plus fous.
00:19:34 Des îles en forme de spirale, de chœurs, des fours solaires,
00:19:38 et même des machines à laver qui marchent grâce aux vagues.
00:19:43 - Le rêve est sans fin.
00:19:45 C'est presque un autre monde.
00:19:47 Déconnecté de la Terre, ça flotte, mais ça pourrait même voler.
00:19:51 - C'est le rêve de millions de gens.
00:19:53 - Une espèce de vaisseau spatial bio.
00:19:55 - Et toi, tu l'as fait.
00:19:57 (bruit de moteur)
00:20:00 - Bon, à ce stade, vous pensez que Richard plane complètement.
00:20:06 Eh bien, pas tant que ça.
00:20:09 Son île pourrait bien être un embryon de la ville du futur.
00:20:13 Car les architectes du monde entier
00:20:15 sont déjà en train de plancher sur ces cités flottantes.
00:20:19 En France, à Paris,
00:20:29 Jacques Rougerie est le chef de file de ce mouvement.
00:20:32 Depuis plus de 40 ans, cet architecte est persuadé
00:20:35 que l'avenir de la Terre se jouera en mer.
00:20:38 Il a même imaginé la cité des Mériens,
00:20:41 un vaisseau flottant de 900 mètres de long.
00:20:44 En forme de remanta,
00:20:46 construite avec des déchets plastiques recyclés.
00:20:49 Tiens, tiens.
00:20:51 - Alors, on voit sur l'étrave, donc, dans cette partie-ci,
00:20:55 le poste de commandement, le port derrière,
00:20:58 un port complètement abrité,
00:21:00 où des bateaux pourront venir se mettre à quai à l'intérieur.
00:21:06 Ils passeront par ce canal, voilà.
00:21:09 Et au bord de ce canal, vous avez ce canal-là.
00:21:14 C'est une exploitation d'aquaculture.
00:21:17 - Partout dans le monde,
00:21:19 de Dubaï à Rio, des projets fleurissent.
00:21:22 Ces cités en mer pourraient être une solution
00:21:25 alors que les littoraux sont déjà surpeuplés.
00:21:28 Elles pourraient aussi accueillir des millions de réfugiés climatiques.
00:21:32 Et pour ces architectes,
00:21:34 c'est maintenant qu'il faut commencer à construire ces villes marines.
00:21:38 - Il faut penser autrement le monde de demain.
00:21:41 Il faut voir comme nos ancêtres, les bâtisseurs de cathédrales,
00:21:45 qui œuvraient en un temps
00:21:47 où les tailleurs de pierre ne voyaient pas la réalisation.
00:21:50 Nous, c'est pareil. Il faut avoir cette pensée de Jules XX.
00:21:53 Un homme peut imaginer, d'autres peuvent le créer.
00:21:56 (musique douce)
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00:22:04 - C'était tentant.
00:22:06 On a voulu savoir ce que pensait Richard
00:22:09 le futuriste.
00:22:11 - C'est fabuleux.
00:22:13 On peut vraiment y arriver.
00:22:16 On devrait tous unir nos forces.
00:22:20 Voilà à quoi peut ressembler mon bébé île
00:22:24 quand elle sera grande.
00:22:26 C'est sûr, ça va arriver.
00:22:29 - Aux Pays-Bas, on n'en est pas encore au vaisseau futuriste,
00:22:34 mais les maisons naviguent déjà.
00:22:37 (bruit de moteur)
00:22:40 Le carnet de commande de ce chantier au nord d'Amsterdam
00:22:44 ne désamplit pas.
00:22:46 Il construit la plupart des maisons flottantes
00:22:49 pour le plus grand bonheur de son patron, Willem Visser.
00:22:53 - Le niveau de la mer est en train de monter.
00:22:56 Mais ici, en Hollande, nous vivons en dessous du niveau
00:22:59 de la mer depuis longtemps.
00:23:01 Donc on est un peu les spécialistes de la question.
00:23:04 Nous avons de la demande de partout,
00:23:07 du Bangladesh, des Maldives.
00:23:09 Aux Etats-Unis aussi, c'est le même problème partout.
00:23:12 Idem dans le sud de l'Angleterre.
00:23:15 Ils viennent tous nous chercher pour notre expertise.
00:23:19 - Les Néerlandais savent faire flotter des maisons en béton.
00:23:23 Pour celle-ci, il ne reste plus qu'à larguer les amarres.
00:23:27 - À quoi ça ressemble en bas? Il fait nuit?
00:23:30 - Il fait froid et sombre.
00:23:32 - Tu m'étonnes qu'il fait froid.
00:23:35 Elle part.
00:23:42 C'est un peu une partie de nous qui s'en va.
00:23:45 On l'a construite.
00:23:47 Et maintenant, elle vogue vers sa destination finale.
00:23:51 (sifflement)
00:23:53 - Et c'est parti pour un long voyage
00:23:56 vers les canaux d'Amsterdam.
00:24:00 Il faut d'abord passer les écluses, un jeu d'adresse.
00:24:05 Sur le pont, un homme regarde un peu anxieux ce drôle de convoi.
00:24:13 - Hein?
00:24:15 - Vous êtes le propriétaire?
00:24:17 - Oui, c'est moi.
00:24:19 Je ne pensais pas que ça se jouait comme ça,
00:24:22 à quelques centimètres près.
00:24:25 (sifflement)
00:24:28 - Dès que ça touche même un tout petit peu,
00:24:37 il peut y avoir des dégâts très importants.
00:24:40 - Mais est-ce qu'il pourrait être plus large?
00:24:43 - Ah non, impossible. Avec cette maison, on est au maximum.
00:24:47 (musique)
00:24:50 Elle est libre!
00:24:53 (musique)
00:24:56 ♪ ♪ ♪
00:24:59 Et voici la pleine mer.
00:25:01 Le capitaine va devoir composer avec le vent,
00:25:05 les vagues et la maison.
00:25:07 - On va naviguer pendant près de 8 km.
00:25:10 Est-ce que la maison va rester alignée?
00:25:13 - Oui.
00:25:15 - Oui, évidemment.
00:25:17 (sonnerie)
00:25:19 Demain, nous ferons peut-être
00:25:22 tous naviguer nos maisons au gré de la montée des eaux.
00:25:26 Il faudra s'y habituer.
00:25:28 Et puis, il faudra aussi être prêt à plonger au milieu de la nuit
00:25:32 pour s'occuper de son potager.
00:25:35 En Italie, ce soir, l'alarme s'est déclenchée
00:25:38 dans une de ses biosphères.
00:25:40 Luca doit intervenir.
00:25:42 - On allume.
00:25:44 3, 2, 1...
00:25:46 Top!
00:25:48 C'est mystique.
00:25:50 C'est magnifique quand vous allez sous l'eau,
00:25:53 même si ce n'est pas très loin du bord.
00:25:56 On ne voit rien, alors vous commencez à nager,
00:25:59 et là, vous voyez des lumières étranges, comme des ovnis.
00:26:03 C'est de la science-fiction.
00:26:06 Ce site est unique.
00:26:09 ♪ ♪ ♪
00:26:12 ♪ ♪ ♪
00:26:15 ♪ ♪ ♪
00:26:18 ♪ ♪ ♪
00:26:21 ♪ ♪ ♪
00:26:24 ♪ ♪ ♪
00:26:27 ♪ ♪ ♪
00:26:30 ♪ ♪ ♪
00:26:33 ♪ ♪ ♪
00:26:36 ♪ ♪ ♪
00:26:39 ♪ ♪ ♪
00:26:42 ♪ ♪ ♪
00:26:45 C'est dans cette biosphère, dédiée au plan de la montée
00:26:48 tropicale, que se trouve la star souffrante.
00:26:52 C'est elle, une orchidée rare qui vient de Singapour.
00:26:56 - Malheureusement, ce sont des orchidées
00:26:59 qui ont fait un long, long, long voyage.
00:27:04 J'ai peur qu'elles aient souffert pendant le trajet.
00:27:11 Et ce sont des plantes assez capricieuses à faire pousser.
00:27:16 Donc, je pense qu'elles pourraient aller bien mieux.
00:27:21 - Que ce soit pour les fleurs ou pour les hommes,
00:27:25 il va falloir encore un peu de temps pour être aussi à l'aise
00:27:29 sur terre que sous l'eau.
00:27:31 Richard le sait bien.
00:27:33 Au-delà de la technique, devenir mérien est un apprentissage
00:27:37 de tous les jours.
00:27:39 - Avant d'aller au lit pour me reposer,
00:27:43 je dois nettoyer mes pieds là-dedans.
00:27:48 Après, je les sèche.
00:27:51 Je veux seulement du sable sur le sol.
00:27:55 Donc là, c'est toujours bien et propre,
00:28:00 et je peux me relaxer avec le ventilo.
00:28:03 Ah !
00:28:05 Parfois, j'ai douté, parce que ça ne se passait pas
00:28:09 comme je voulais.
00:28:11 Dans ces moments-là, j'ai vraiment failli tout arrêter.
00:28:14 Mais il y avait quelque chose de plus profond,
00:28:17 une petite voix qui me disait
00:28:19 "Non, tu peux y arriver, continue."
00:28:22 ♪ ♪ ♪
00:28:30 - Avant celle-ci, Richard a construit deux îles
00:28:33 entièrement détruites par des ouragans.
00:28:36 ♪ ♪ ♪
00:28:41 À Amsterdam, les nouveaux propriétaires
00:28:44 seront-ils aussi tenaces que Richard?
00:28:47 ♪ ♪ ♪
00:28:53 La maison flottante que nous avons suivie
00:28:56 vient de passer la première épreuve,
00:28:58 celle de la traversée en mer.
00:29:01 ♪ ♪ ♪
00:29:06 Après 10 heures de navigation et pas moins de 5 écluses,
00:29:10 la maison flottante arrive enfin à bon port.
00:29:13 Pour les heureux propriétaires,
00:29:15 c'est une nouvelle vie qui commence.
00:29:18 ♪ ♪ ♪
00:29:25 - Ça, ce sont nos nouveaux voisins.
00:29:27 - On va pouvoir commencer à explorer ce nouveau monde.
00:29:30 ♪ ♪ ♪
00:29:35 - C'est ça que je ressens.
00:29:37 (rires)
00:29:39 - C'est excitant. C'est le bateau de l'amour.
00:29:43 ♪ ♪ ♪
00:29:48 ♪ ♪ ♪
00:29:54 Cette fois, l'aventure va vraiment commencer.
00:29:57 Jusqu'ici, c'était des coups de fil et des dessins.
00:30:00 Maintenant, il faut que je retrousse mes manches
00:30:03 et que je l'aménage. C'est vraiment un nouveau chapitre.
00:30:06 Look at that. Yes, my friend. This is what I want.
00:30:10 ♪ ♪ ♪
00:30:14 À Amsterdam, ils sont des milliers
00:30:17 à avoir rejoint cette tribu des Mériens.
00:30:20 ♪ ♪ ♪
00:30:23 - C'est une nouvelle façon de vivre.
00:30:26 De toute manière, il faudra s'adapter
00:30:29 aux changements climatiques.
00:30:31 La mer monte, et ici, on a créé de nouveaux territoires.
00:30:34 Alors oui, dans un sens, on est tous des pionniers.
00:30:38 ♪ ♪ ♪
00:30:42 ♪ ♪ ♪
00:30:47 ♪ ♪ ♪
00:30:49 Richard au Mexique.
00:30:51 Ses familles aux Pays-Bas.
00:30:54 ♪ ♪ ♪
00:30:57 Et Luca en Italie.
00:30:59 Toute cette tribu a largué avec bonheur
00:31:02 les amarres d'un monde uniquement terrestre.
00:31:06 Les voilà, les nouveaux explorateurs
00:31:09 du dernier territoire à conquérir, la mer.
00:31:13 - 2/3 de la surface de la planète, c'est la mer.
00:31:17 C'est la liberté, c'est l'aventure.
00:31:20 Tout est possible.
00:31:22 On peut créer de nouveaux continents.
00:31:26 ♪ ♪ ♪
00:31:28 - Dans combien de temps?
00:31:31 50, 100 ans?
00:31:33 Une ou deux générations au maximum.
00:31:35 Nos enfants ou petits-enfants, c'est sûr,
00:31:38 inventeront leur vie le regard tourné vers l'horizon.
00:31:42 ♪ ♪ ♪
00:31:44 La mer sera notre maison, mais aussi notre pharmacie,
00:31:48 celle qui fera avancer la science,
00:31:51 grâce à de nouvelles disciplines comme le biomimétisme,
00:31:55 qui s'inspirent déjà du vivant pour inventer notre futur.
00:32:00 Les océans sont des sources d'inspiration inépuisables.
00:32:03 Alors, au lieu de les piller, observons-les pour les imiter.
00:32:07 Et vous allez voir, ce ne sont pas toujours
00:32:11 les animaux marins les plus spectaculaires
00:32:14 qui pourront nous sauver la vie.
00:32:17 ♪ ♪ ♪
00:32:20 (bruit de pas)
00:32:23 Gilles le bœuf le sait bien.
00:32:25 La nature a tout inventé, et les humains peuvent en prendre
00:32:28 de la graine. C'est un spécialiste de la biodiversité.
00:32:32 Ce qui le fascine, ce sont ces stratégies mises en place
00:32:35 par les êtres vivants pour s'adapter depuis la nuit des temps.
00:32:39 - On me dit souvent, "sauvons ce qui sert à quelque chose."
00:32:42 Je ne sais pas ce qui, demain, va servir à quelque chose.
00:32:45 Et souvent, il y a des cas d'animaux extrêmement moches
00:32:48 qui n'ont aucune chance de survie sur des critères humains classiques
00:32:52 et qui se révèlent plus tard absolument fabuleux.
00:32:55 - OK. Nous allons donc observer
00:32:57 de plus près ce qui peut sembler moche, inutile et sans intérêt.
00:33:02 ♪ ♪ ♪
00:33:05 Et nous arrêter sur les vermisseaux,
00:33:08 des animaux insignifiants, mais qui peuvent rapporter gros.
00:33:12 ♪ ♪ ♪
00:33:17 Le premier de nos héros est une arénicolle,
00:33:20 un ver marin qui vit dans un monde à part, l'estran.
00:33:24 Une zone ni terre ni mer, mais les deux à la fois à tour de rôle.
00:33:29 Quand la plage se découvre au fur et à mesure que la mer se retire,
00:33:33 de drôles de petites crottes se mettent aussitôt à pousser.
00:33:37 Frank Zal est un homme curieux par nature.
00:33:40 Fasciné par ces petits monticules de sable,
00:33:43 il s'est posé des questions
00:33:45 et il a fait une découverte absolument inouïe.
00:33:49 ♪ ♪ ♪
00:33:54 - Donc ici, c'est une trace d'arénicolle.
00:33:56 Alors ici se trouve en fait la tête de l'animal,
00:33:58 où il va manger du sable.
00:34:00 Et ici, c'est l'anus, où il va relarguer le sable, en fait,
00:34:02 qu'il a consommé.
00:34:04 - Quelqu'un habiterait donc ici, six heures sous l'eau,
00:34:07 six heures au sec.
00:34:08 Il passe alors fatalement la moitié du temps en apnée.
00:34:12 - Vous imaginez, vous, d'arrêter de respirer pendant six heures ?
00:34:15 Lui, il arrête de respirer pendant six heures, c'est incroyable.
00:34:18 Donc on peut trouver aussi des...
00:34:20 Pour moi, c'est vraiment un objet d'étude extrêmement intéressant, quoi.
00:34:24 C'est un objet multicellulaire.
00:34:25 Il y a un système circulatoire, il y a un coeur.
00:34:27 Alors c'est un invertébré, il y a pas de cerveau.
00:34:29 Et moi, je trouve ça super joli, en fait.
00:34:32 ♪ ♪ ♪
00:34:36 Cet organisme, il respire en fait sous l'eau,
00:34:38 se charge en oxygène.
00:34:40 Et à marée basse, là, il est en train de vivre
00:34:43 sur son stock d'oxygène qu'il a lié à marée haute.
00:34:46 Et donc c'est vraiment sa petite bouteille d'oxygène
00:34:48 qui lui permet de respirer, en fait,
00:34:50 entre les deux cycles de marée.
00:34:52 ♪ ♪ ♪
00:34:54 - Stupéfiant, ce qu'un asticot a inventé
00:34:56 pour pouvoir vivre dans l'estranc.
00:34:58 De quoi rendre jaloux tous ceux qui ont besoin d'oxygène,
00:35:01 tous les êtres vivants.
00:35:03 Ce vers surdoué va passer de la plage au labo.
00:35:07 ♪ ♪ ♪
00:35:14 Il y a huit ans, Frank Zahle a créé Emarina,
00:35:17 une start-up à Morlaix, pour valoriser sa découverte
00:35:20 qu'il a transformée en plaque d'arénicol congelée.
00:35:23 ♪ ♪ ♪
00:35:25 Pour arriver au produit final,
00:35:27 une liste de process longs et rigoureux.
00:35:30 L'objectif? Tirer du verre sa substantifique sève,
00:35:34 son sang, car c'est là que se trouve son talent.
00:35:37 ♪ ♪ ♪
00:35:41 - On a extrait l'hémoglobine de ces verres.
00:35:43 Et là, ce que l'on fait, c'est qu'on analyse, en fait,
00:35:45 la pureté de la protéine que l'on a purifiée.
00:35:48 Cette caractéristique, c'est une hémoglobine universelle,
00:35:51 c'est-à-dire que c'est une molécule universelle
00:35:53 de type O négatif, mais sans le globule rouge,
00:35:55 donc ce qui en fait une utilisation extrêmement variée.
00:35:58 Le verre est un donneur universel,
00:36:00 mais ce qui est important, c'est qu'il est capable
00:36:02 de lier 50 fois plus d'oxygène que nos hémoglobines à nous.
00:36:05 - En clair, Frank Zahle a découvert que le sang du verre marin
00:36:09 est compatible avec tous les humains,
00:36:11 qu'il est beaucoup plus performant
00:36:13 et qu'il peut même être déshydraté.
00:36:17 - Donc ça, c'est du sang lyophilisé, c'est du sang en poudre.
00:36:21 Et donc, juste quelques informations,
00:36:23 une poche de sang aujourd'hui peut être gardée 42 jours,
00:36:25 après, on est obligé de la détruire.
00:36:27 Ici, on a du sang qui peut être gardé sur étagère
00:36:29 pendant plusieurs années, en fait, du sang en poudre.
00:36:31 - Alors à quoi ça peut servir ?
00:36:33 - On s'aperçoit qu'avec ces molécules-là,
00:36:35 on peut en faire énormément d'applications.
00:36:37 La plus avancée, c'est la préservation
00:36:39 des greffons en attente de transplantation.
00:36:41 (signal sonore)
00:36:43 - 3 200 fois par an, c'est comme ça,
00:36:45 que ça se passe.
00:36:47 (signal sonore)
00:36:49 (musique rythmée)
00:36:51 Un rein est prélevé sur un donneur
00:37:01 et conditionné dans un milieu spécial,
00:37:03 conservé à 4 degrés,
00:37:05 jusqu'à être greffé ailleurs en France.
00:37:07 (brouhaha)
00:37:14 Entre le prélèvement et la greffe,
00:37:16 quelques heures incompressibles.
00:37:18 Le temps de transporter l'organe,
00:37:20 d'alerter l'équipe médicale,
00:37:22 de préparer le bloc.
00:37:24 Un délai pendant lequel le greffon souffre,
00:37:26 ce qui cause la perte de 20 % des greffons.
00:37:29 - Pour le moment, ce qu'on sait,
00:37:31 c'est que le manque d'oxygène
00:37:33 est le facteur majeur de la souffrance du greffon.
00:37:36 Donc, en toute logique, apporter de l'oxygène,
00:37:39 c'est ce qu'il y a de mieux.
00:37:41 - Oui.
00:37:44 - Le superpouvoir oxygénant du ver marin
00:37:46 est donc une prodigieuse promesse.
00:37:49 - C'est cette hémoglobine de la rénicole,
00:37:55 cette propriété à délivrer de l'oxygène,
00:37:58 qu'on veut utiliser pour essayer d'apporter de l'oxygène au greffon
00:38:01 dans son liquide de conservation.
00:38:03 Ça a déjà été testé sur des animaux
00:38:06 avec des résultats qui sont impressionnants.
00:38:08 Alors, il faut toujours être prudent
00:38:10 quand on passe de l'expérimentation animale
00:38:12 à l'homme, mais effectivement,
00:38:14 sur un modèle de transplantation chez le porc,
00:38:17 quand on fait des biopsies du greffon
00:38:19 trois mois après la greffe,
00:38:21 on voit que le greffon est nettement plus beau,
00:38:23 moins de lésions histologiques, moins de souffrance.
00:38:26 - Conserver quelques heures le greffon
00:38:29 dans le sang du ver de mer.
00:38:31 Les essais cliniques ont été autorisés sur 60 reins humains.
00:38:34 Si les résultats sont confirmés,
00:38:36 l'hémoglobine du ver marin pourrait être utilisée
00:38:39 pour tous les organes agréphés.
00:38:41 Le foie, le coeur.
00:38:43 - Pour nous, c'est une super découverte.
00:38:45 En tout cas, ça fait très longtemps
00:38:47 qu'on n'a pas vu quelque chose
00:38:49 qui soit aussi enthousiasmant
00:38:51 dans ce périmètre
00:38:53 qui est la conservation du greffon.
00:38:55 Alors, on va voir.
00:38:57 J'espère que ça va marcher,
00:38:59 mais en tout cas, c'est une idée très novatrice
00:39:01 et qui ouvre beaucoup d'espoir
00:39:03 pour nous, les transplanteurs,
00:39:05 et bien sûr, surtout pour les patients.
00:39:07 - Et si ça marche, il faudra du sang.
00:39:10 Donc, il faudra des vers.
00:39:12 Pas de souci. On va les élever.
00:39:14 Le climat est propice en Zélande,
00:39:16 au bord de la mer du Nord.
00:39:18 Ici, cette année,
00:39:20 on a fait pousser 1,2 milliard de petits vers.
00:39:23 Depuis 30 ans, les Néerlandais cultivent les vers
00:39:26 pour la pêche et l'aquaculture de poissons
00:39:28 et de crevettes du monde entier.
00:39:30 Aujourd'hui, le marché se diversifie.
00:39:33 ♪ ♪ ♪
00:39:35 ♪ ♪ ♪
00:39:37 - La semaine passée,
00:39:39 nous avons reçu une commande de Madagascar
00:39:42 pour les vers pour nourrir l'homme.
00:39:45 Pourquoi pas?
00:39:47 En Chine et en Vietnam, on mange des vers.
00:39:51 Et pourquoi pas ici?
00:39:53 Les insectes sont aussi déjà sur la table.
00:39:56 Alors pourquoi pas les vers?
00:39:59 - Vous avez essayé?
00:40:01 - Oui. Je n'aime pas.
00:40:03 Ha! Ha! Non.
00:40:05 Le goût, c'est très, très fort.
00:40:07 Très fort.
00:40:09 Pour la santé, je pense, c'est très bon.
00:40:11 ♪ ♪ ♪
00:40:13 - Autre nouveau client gourmand, Frank Zal.
00:40:16 Pour un litre d'hémoglobine,
00:40:18 il a besoin de 20 kilos d'arénicol.
00:40:20 Il va lui en falloir des tonnes.
00:40:22 Les GI veulent s'équiper de ce sang lyophilisé.
00:40:26 Demain, peut-être, le ver marin sera la solution
00:40:29 à l'incroyable pénurie de sang sur terre.
00:40:32 ♪ ♪ ♪
00:40:34 ♪ ♪ ♪
00:40:37 En attendant, Frank Zal continue à regarder le monde
00:40:40 en se posant les bonnes questions.
00:40:42 - Je dis toujours, en fait,
00:40:44 au lieu d'essayer d'inventer le fil à couper le beurre,
00:40:47 essayons de regarder ce qui se trouve autour de nous
00:40:50 pour en trouver des innovations.
00:40:52 - Il y a de quoi faire dans la mer.
00:40:55 ♪ ♪ ♪
00:40:57 Quand on sait regarder, c'est fou ce qu'on trouve
00:41:00 comme solution à nos problèmes de santé.
00:41:03 ♪ ♪ ♪
00:41:06 ♪ ♪ ♪
00:41:08 - Je regarde récemment, j'ai trouvé 13 prix Nobel de médecine
00:41:11 acquis grâce à des modèles marins.
00:41:13 La phagocytose a été découverte grâce à l'étoile de mer.
00:41:16 Le choc anaphylactique, qui vous tue, hein,
00:41:19 lorsqu'on rend une substance à une dose extrêmement faible,
00:41:22 a été découverte grâce aux venins de méduse.
00:41:25 Un très beau prix Nobel aussi, c'est un des plus beaux,
00:41:28 c'est la découverte de la transmission de l'influx nerveux
00:41:31 grâce au calmar. Une histoire que je raconte souvent aussi,
00:41:34 c'est un bon ser, c'est absolument fabuleux, hein.
00:41:37 Et les cordes grattes, c'est l'étoile de mer.
00:41:40 - Notre deuxième héros du biomimétisme est encore petit,
00:41:44 mais il est capable de bâtir des cathédrales.
00:41:47 ♪ ♪ ♪
00:41:50 Comme dans la baie du Mont-Saint-Michel,
00:41:53 où de curieux massifs ont poussé sur le sable.
00:41:56 De loin, on croirait des rochers.
00:41:59 De près, on dirait des tubes de nougatine amalgamées.
00:42:03 ♪ ♪ ♪
00:42:06 Jérôme Fournier est un habitué des lieux.
00:42:09 Avec précaution, il extirpe un petit verre de la tour
00:42:12 qui lui sert de maison et il fait les présentations.
00:42:16 ♪ ♪ ♪
00:42:18 - Eh bien, c'est L'Hermel, celle qui est responsable
00:42:20 de l'édification de l'ensemble de ce récif.
00:42:22 Elle vit dans un tube. Alors bien sûr, elle,
00:42:25 cet individu, va fabriquer un seul tube,
00:42:27 mais les milliards d'individus qui sont avec elle,
00:42:29 en fait, vont fabriquer ensemble ce grand récif.
00:42:31 Génération après génération, les tubes, en fait,
00:42:34 montent les uns au-dessus des autres,
00:42:36 et c'est ce qui fait qu'on a ces récifs qui sont aussi grands,
00:42:39 qui peuvent mesurer, ici, localement,
00:42:41 jusqu'à 2,50 m de hauteur.
00:42:43 - C'est la plus importante bioconstruction du monde.
00:42:46 Une mégalopole de dizaines d'hectares
00:42:48 où vivent 30 000 à 50 000 individus au mètre carré,
00:42:51 côte à côte, et chacun dans sa tour.
00:42:54 - On est quoi? On est dans un château de sable vivant?
00:42:57 C'est d'abord du sable avec des...
00:42:59 Des bestioles qui vivent dedans, poids final.
00:43:02 - Un château de sable.
00:43:04 Alors tout le monde peut en faire autant.
00:43:07 - Ce qui est bien, c'est que c'est exactement le sable déshermé.
00:43:13 C'est les mêmes grains, énormément de coquilles.
00:43:16 ♪ ♪ ♪
00:43:19 ♪ ♪ ♪
00:43:22 ♪ ♪ ♪
00:43:25 ♪ ♪ ♪
00:43:28 ♪ ♪ ♪
00:43:31 - Bah, il est où, le château?
00:43:33 - Disparu. Il a pas pu résister.
00:43:36 - Donc pas très costaud. - Pas très costaud.
00:43:39 - Et les massifs, en revanche, eux, ils tiennent debout.
00:43:42 - Et eux, ils tiennent debout depuis plus de 200 ans.
00:43:45 - Elles doivent avoir un secret.
00:43:47 - Un secret? Ça donne envie de comprendre.
00:43:50 ♪ ♪ ♪
00:43:53 ♪ ♪ ♪
00:43:56 ♪ ♪ ♪
00:43:58 L'hermel et ce ravissant petit être filiforme
00:44:01 avec une grande bouche et un panache de plume au-dessus.
00:44:05 Ce sont en fait ses tentacules.
00:44:07 Jérôme Fournier se penche depuis des années
00:44:10 sur les techniques de construction de cet étonnant maçon.
00:44:14 ♪ ♪ ♪
00:44:17 L'hermel va utiliser ces tentacules qu'on voit ici
00:44:21 pour prélever à la fois les particules alimentaires,
00:44:24 le phytoplankton dont elle se nourrit,
00:44:27 mais aussi les particules de sable
00:44:29 qu'elle va ensuite calibrer pour construire son tube.
00:44:32 Elle a une préférence pour les débris de coquilles concassés
00:44:35 parce que ça fait des petites tuiles,
00:44:37 des petites plaques plates,
00:44:39 exactement comme les tuiles d'un toit,
00:44:41 un toit d'ardoise, finalement.
00:44:43 Et pour être clouté comme un toit,
00:44:45 c'est un petit point de colle que le verre va placer
00:44:48 pour solidifier l'ensemble.
00:44:50 - Il fabrique de la colle.
00:44:52 - Il fabrique de la colle, complètement.
00:44:54 Une colle qui est très particulière,
00:44:56 qui est assez compliquée, d'ailleurs assez complexe.
00:44:59 Elle a une forme de mousse, donc du coup,
00:45:01 elle est poreuse d'une certaine manière.
00:45:03 C'est pour ça que dans les applications médicales,
00:45:06 elle peut se vasculariser très vite,
00:45:08 c'est-à-dire que les fluides corporels peuvent rentrer dedans.
00:45:11 - On peut fabriquer des colles pour des colles à dents,
00:45:14 des colles à os ou des colles chirurgicales.
00:45:17 - Bientôt, elle sera même intégrée au bitume de nos routes.
00:45:21 La colle inventée par L'Hermel
00:45:23 est efficace sur n'importe quelle surface,
00:45:26 même dans l'eau de mer,
00:45:28 avec une plasticité extraordinaire.
00:45:30 Elle plie, mais ne ronde pas.
00:45:32 Pas de doute, les matériaux bio ont des performances
00:45:35 que la technologie humaine est loin d'égaler.
00:45:39 Les coquilles du coquillage sont exceptionnelles.
00:45:42 Là, on a un ormeau, avec cette nacre qui est si jolie.
00:45:45 C'est dur et c'est léger.
00:45:47 C'est fantastique.
00:45:49 Par exemple, maintenant, on l'utilise
00:45:51 dans des cas de greffe ou de chirurgie osseuse réparatrice.
00:45:54 Ça va régénérer un tissu dur,
00:45:56 souvent encore plus dur que l'antérieur,
00:45:58 encore plus solide qu'avant.
00:46:00 Le crâne est aussi une espèce extraordinaire.
00:46:03 Ils ont inventé la chitine,
00:46:05 qui est une espèce de crâne qui est très solide.
00:46:08 La chitine est beaucoup plus résistante que l'os humain
00:46:11 et beaucoup plus légère.
00:46:13 Pour l'instant, on s'en inspire pour inventer des combinaisons
00:46:17 qui vont nous protéger des rayonnements,
00:46:20 des combinaisons spatiales, par exemple.
00:46:22 On tricote aussi des gilets pare-balles en fil d'araignée.
00:46:25 On plagie les nacres pour faire des chars blindés.
00:46:28 On pirate la fibre optique que les éponges ont inventée.
00:46:32 C'est simple, ça marche bien,
00:46:34 c'est pas rejeté, c'est biologique.
00:46:36 L'astuce du chercheur, c'est d'aller chercher dans ces animaux
00:46:40 ces modèles dont on va s'inspirer.
00:46:42 -On va retrouver nos châteaux de sable en face de la Vendée.
00:46:54 Les hermèles se sont implantés à Noirmoutier,
00:46:57 sur la plage de Parbattre.
00:46:59 Et Stanislas Dubois, l'homme en rouge qui se balade,
00:47:02 vient les ausculter.
00:47:05 Musique douce
00:47:07 ...
00:47:15 Bien plus qu'une simple curiosité dans le paysage,
00:47:18 c'est une vraie chance d'avoir cela à ses pieds.
00:47:21 -On voit ici que le sable est en train de s'accumuler
00:47:27 juste en arrière des petits blocs du récif.
00:47:30 On en voit ici qui sont couverts.
00:47:32 C'est ce qui se passe à l'échelle de tout le récif.
00:47:35 Les vagues arrivant du fond,
00:47:37 viennent buter contre le récif.
00:47:39 Et derrière le récif, là où on se trouve,
00:47:42 le sable s'accumule et vient alimenter les dunes
00:47:45 et la côte qui sont situées juste derrière.
00:47:48 -S'il n'y avait pas les hermèles ici...
00:47:51 -La côte serait rongée,
00:47:53 elle serait soumise à l'action directe des tempêtes.
00:47:57 Elles font bouclier.
00:47:59 Musique douce
00:48:01 -Un solide rempart anti-érosion
00:48:04 grâce à la colle des vers maçons.
00:48:07 Démonstration.
00:48:09 A gauche, là où sont les récifs,
00:48:12 la marée montante est freinée.
00:48:14 A droite, aucun obstacle.
00:48:16 La mer monte plus vite, plus fort, elle attaque la dune.
00:48:20 Les hommes tentent de barricader le littoral
00:48:23 avec des pieux en épis et des enrochements.
00:48:26 Mais aujourd'hui, certains réfléchissent à une autre solution.
00:48:30 -Les Anglais ont compris que les récifs d'hermèles
00:48:33 résistaient beaucoup mieux à l'action des vagues.
00:48:36 Ils ont en projet de faire se développer
00:48:39 des récifs d'hermèles en laboratoire
00:48:42 et de les implanter sur les strands
00:48:45 en espérant voir se développer des cordons récifaux
00:48:49 qui viendraient atténuer l'action des vagues
00:48:52 et protéger les côtes,
00:48:54 surtout les côtes anglaises soumises à l'érosion.
00:48:57 C'est une barrière naturelle.
00:48:59 C'est un corps de 4 ou 5 cm
00:49:01 qui protège des pans de côtes entiers contre l'érosion.
00:49:05 Pourtant, le fait qu'ils soient là depuis plusieurs centaines d'années
00:49:10 montre qu'ils résistent bien dans le temps.
00:49:13 Ils sont plutôt costauds.
00:49:15 -Résister dans le temps,
00:49:17 c'est l'objectif de tout ce qui est vivant.
00:49:20 Pour y parvenir, on doit mettre au point ça.
00:49:23 Des techniques imparables
00:49:25 et des formes incomparables.
00:49:27 ...
00:49:30 -Il y a énormément d'inspiration de formes, de couleurs
00:49:33 pour aller plus vite, pour pénétrer dans l'air, dans l'eau.
00:49:36 On a utilisé des systèmes pour les hydroliennes
00:49:39 en regardant comment les animaux marins bougeaient.
00:49:42 Il y a beaucoup d'exemples intéressants.
00:49:44 La forme, c'est une première approche.
00:49:46 Après, il faut avoir la microstructure pour aller plus loin.
00:49:49 On l'a vu sur les ailerons de baleine à bosse
00:49:52 qui ont été utilisés pour s'en inspirer pour faire des pales d'éoliennes.
00:49:56 ...
00:49:58 -Le plus célèbre, c'est le cas du Martin Pêcheur au Japon.
00:50:01 On a fait un train, le Shinkansen.
00:50:03 On s'est inspiré de la forme de la tête et du bec du Martin Pêcheur
00:50:07 pour pénétrer l'air. Le problème, c'est que ça faisait beaucoup de bruit.
00:50:11 On a fait un double bimimétisme, la forme du Martin Pêcheur.
00:50:14 Pour atteindre le bruit, le faire disparaître,
00:50:17 on a utilisé un revêtement du train qui s'inspire des plumes du hibou.
00:50:21 Le hibou, s'il fait du bruit, il ne mange pas.
00:50:24 Le bimimétisme a fait un train ultra rapide et ultra silencieux.
00:50:28 -On peut faire de la bio-inspiration dans tous les domaines de la vie ?
00:50:32 -Oui, bien sûr, y compris dans les relations sociales.
00:50:35 Un fabuleux aspect maras sont les bancs de poissons.
00:50:38 Quand on est dans un embouteillage avec une voiture en train d'attendre,
00:50:42 un banc de poissons va beaucoup plus vite.
00:50:45 Il met plus de volume dans les milieux réduits
00:50:48 et ils ne se touchent jamais, comme on font-ils.
00:50:51 (Bruit de train)
00:50:54 Décidément, les animaux sont créatifs.
00:50:57 La preuve, ils sont toujours vivants.
00:51:00 Avec des millions d'années d'avance sur l'homme,
00:51:03 ils ont eu le temps de trouver des solutions ingénieuses
00:51:06 pour pouvoir s'adapter.
00:51:08 -La bio-inspiration, le bimimétisme,
00:51:10 c'est ni une nouvelle discipline ni une nouvelle science.
00:51:13 C'est un état d'esprit, une philosophie,
00:51:16 un ensemble d'approches qui vont nous faire scruter,
00:51:20 regarder comment le vivant a résolu des problèmes particuliers
00:51:24 et de s'en inspirer.
00:51:26 Il faut tuer l'arrogance de l'humain qui veut tout vouloir.
00:51:30 Je pense qu'aujourd'hui, si on était plus bio-inspirés,
00:51:33 l'humanité irait beaucoup mieux.
00:51:35 -Mais les océans ne se résument pas à une somme infinie de formes
00:51:40 et de comportements parfois bizarres à observer et imiter.
00:51:44 C'est aussi l'invisible.
00:51:50 L'impalpable.
00:51:52 Celui du vent du large, des courants et des marées.
00:51:58 C'est, par exemple, le pari de l'hydrolienne.
00:52:02 Ce jour-là, au large d'Huessant,
00:52:05 c'est une belle promesse qui s'installe.
00:52:08 Une hydrolienne qui permettra
00:52:10 de rendre cette terre autonome en énergie.
00:52:13 Une vraie révolution sur cette île
00:52:15 où le moindre litre d'essence, le moindre câble,
00:52:18 arrive par la mer.
00:52:20 -Regardez le bateau,
00:52:23 il fait telle hauteur avec son matériel et ses grues.
00:52:26 -Ce jour-là, toute l'île est sur les quais
00:52:29 pour encourager l'opération.
00:52:31 Cette première immersion l'année dernière
00:52:36 a permis à l'île de fonctionner à 5 % d'autonomie.
00:52:40 Pas assez pour les ingénieurs.
00:52:46 Alors, après une petite pause technique,
00:52:49 elle sera immergée à nouveau dans quelques semaines
00:52:52 pour permettre cette fois
00:52:54 de garantir 15 % d'autonomie énergétique.
00:52:57 15 % de lumière pour les maisons,
00:53:00 de chauffage pour les soirées d'hiver.
00:53:03 Mais le grand défi de l'énergie et de la connaissance
00:53:06 se trouve ailleurs,
00:53:08 dans un monde que l'on connaît moins bien que nos étoiles.
00:53:14 Le monde des grandes profondeurs.
00:53:17 Celui des abysses.
00:53:21 Vous allez découvrir un univers merveilleux
00:53:26 presque inconnu des hommes.
00:53:41 A quelques minutes des côtes de Californie,
00:53:44 dans la baie de Montrey,
00:53:46 voici l'un des plus grands sanctuaires marins du monde.
00:53:50 Baleines, orques se régalent
00:53:52 grâce à des eaux exceptionnellement riches
00:53:55 et un canyon sous-marin caché sous la surface.
00:53:58 Pour découvrir ce canyon,
00:54:01 il faut avoir le privilège d'embarquer
00:54:04 avec le capitaine Haddock.
00:54:06 Steven Haddock va nous ouvrir la porte
00:54:09 de l'escalier profond.
00:54:11 Depuis 20 ans, ce biologiste y découvre
00:54:17 de nouvelles espèces à un rythme surprenant.
00:54:20 Étudiante française en doctorat,
00:54:22 Séverine savoure sa chance
00:54:24 de pouvoir accéder à ce monde obscur.
00:54:27 Ses grands fonds marins
00:54:29 détiendraient les clés de l'avenir des hommes.
00:54:32 - Combien d'espèces avez-vous découvert ?
00:54:37 - Oh, des milliers d'espèces, je crois.
00:54:40 - Est-ce qu'on a une chance d'en découvrir une aujourd'hui ?
00:54:44 - On va sans doute pouvoir trouver
00:54:46 des espèces jamais décrites
00:54:48 sur lesquelles les scientifiques
00:54:50 n'ont pas encore posé de nom.
00:54:52 Les gens appellent ça de nouvelles espèces,
00:54:55 mais elles sont là depuis des millions d'années.
00:54:58 Elles n'ont juste pas été étudiées par les scientifiques.
00:55:01 - Nous connaissons très peu les abysses,
00:55:04 car c'est très difficile d'y accéder.
00:55:07 - Les températures glaciales,
00:55:09 l'absence d'oxygène presque totale.
00:55:12 Seul ce robot peut descendre
00:55:14 pour explorer cette faille
00:55:16 de 3 600 m de profondeur.
00:55:18 Équipé de caméras,
00:55:20 il transmet en direct les images des grands fonds.
00:55:23 Tout au long de sa plongée,
00:55:25 ce véhicule sous-marin
00:55:27 est télécommandé depuis la surface.
00:55:31 Le capitaine Haddock rejoint la salle de contrôle du navire
00:55:35 pour suivre la progression du robot.
00:55:38 Le pilotage nécessite beaucoup de dextérité.
00:55:42 - C'est probablement celui-là.
00:55:45 - C'est parti.
00:55:47 - On ne peut pas bouger les haubtes.
00:55:50 - Allons à 250 m.
00:55:53 - Descendre dans la mer,
00:55:55 le robot est en train de se déplacer.
00:55:58 Descente dans la colonne d'eau,
00:56:01 plongée dans une neige de particules.
00:56:05 A près de 100 m,
00:56:17 le monde devient crépusculaire.
00:56:20 A 1 000 m, c'est la nuit noire.
00:56:26 - Comment vous repérez les animaux
00:56:29 au milieu de tant de particules sur l'écran ?
00:56:33 - Tu cherches des particules un peu floues
00:56:37 ou celles qui bougent à des vitesses différentes
00:56:41 ou qui sont plus loin, comme celle-là.
00:56:44 Et tu dois garder pendant des heures
00:56:47 les yeux rivés sur l'écran.
00:56:50 - C'est un peu comme un peu de la nature.
00:56:53 - Oui.
00:56:55 - Wow, c'est la fête, là-dessous !
00:57:03 Dans l'obscurité des abysses vit ce peuple fantastique.
00:57:17 Créatures onériques,
00:57:20 translucides,
00:57:23 pieuvres gélatineuses.
00:57:26 90 % de ces animaux des profondeurs
00:57:41 émettent leur propre lumière
00:57:44 pour voir dans le noir ou attirer leur proie.
00:57:49 C'est un ver flèche bioluminescent.
00:57:51 Et si vous regardez de près,
00:57:54 vous apercevez au milieu de son corps
00:57:57 un organe bioluminescent.
00:58:00 Nous avons découvert la bioluminescence
00:58:03 de cette espèce.
00:58:05 Quand elle s'enfuit, comme ici,
00:58:08 vous ne pouvez pas le voir avec cette caméra,
00:58:12 mais elle émet un nuage de lumière.
00:58:16 C'est un nuage qui permet d'attirer des prédateurs.
00:58:19 Spécialiste de ces animaux bioluminescents,
00:58:27 le capitaine Haddock a percé certains secrets des profondeurs.
00:58:31 - Il y a toujours des questions sans réponse
00:58:34 qui pourraient déboucher sur de nouvelles technologies.
00:58:38 Comme les origines de la bioluminescence.
00:58:41 Comprendre ces composants chimiques
00:58:45 pourrait aider la recherche en laboratoire.
00:58:47 Mais je ne cherche pas à en faire un outil de laboratoire,
00:58:51 juste à élucider des questions sans réponse,
00:58:54 comment elles vivent ou comment elles peuvent survivre.
00:58:59 Musique mystérieuse
00:59:02 ...
00:59:05 ...
00:59:13 - A 1 000 m,
00:59:15 cette ange de mer cache un vrai prédateur.
00:59:18 Fragile créature et monstre des profondeurs.
00:59:22 Poisson-dragon, fossiles vivants,
00:59:25 minuscules ou géants.
00:59:27 Ce vampire des abysses au nom terrifiant
00:59:30 l'est moins quand on sait qu'il ne mesure que 30 cm.
00:59:34 ...
00:59:39 Mais ce siphonophore, lui, peut atteindre 40 m de long.
00:59:43 C'est en fait une colonie de petits organismes
00:59:46 reliés les uns aux autres qui viennent de capturer leur dîner.
00:59:50 ...
00:59:53 - Ça, c'est une méduspegne, la plus grande.
00:59:56 C'est une méduspegne lampoctéis.
00:59:59 ...
01:00:05 Elle a toute une famille proche
01:00:07 qui peut vivre jusqu'à 2 500 m de fond.
01:00:10 On dirait qu'elle a une crevette dans son estomac ou autre chose.
01:00:15 Allez, on va essayer de l'attraper.
01:00:19 ...
01:00:24 - Ah, ça la stresse, là.
01:00:27 L'aspirateur est activé.
01:00:29 ...
01:00:33 - Wow !
01:00:35 - Bien joué.
01:00:37 Elles sont très bien adaptées à leur environnement
01:00:40 et peuvent supporter une pression énorme ainsi que l'obscurité.
01:00:44 En revanche, elles ne supportent pas d'être manipulées physiquement
01:00:48 comme on pourrait le faire avec des espèces terrestres.
01:00:52 ...
01:00:55 ...
01:00:59 ...
01:01:03 Soumise à une pression colossale,
01:01:05 ces animaux risquent d'exploser lors de leur remontée.
01:01:09 Seule solution,
01:01:11 les ramener en surface dans ces aquariums pressurisés.
01:01:15 Le capitaine Haddock découvre sa récolte abyssale.
01:01:19 - C'était une bonne plongée, aujourd'hui ?
01:01:22 - C'était très bien. Mission accomplie avec tous ces échantillons.
01:01:26 On va voir si on peut en tirer quelque chose.
01:01:29 ...
01:01:32 - Elle va survivre ?
01:01:34 - Celle-là est très fragile.
01:01:36 D'autres le sont moins, mais celle-là, je pense pas qu'elle survive.
01:01:40 Vous allez bientôt voir des trous se former sur sa peau.
01:01:44 ...
01:01:47 - On est descendus à plus de 1 000 m.
01:01:50 Celle-ci a été récoltée à 750 m.
01:01:53 La température à cette profondeur était d'environ 6 ou 7 degrés.
01:01:58 ...
01:02:01 ...
01:02:04 - Dans son laboratoire de l'Institut de la baie de Montrey,
01:02:08 Steven Haddock tente de conserver ces êtres venus d'ailleurs
01:02:12 qui ne supportent ni lumière ni chaleur.
01:02:15 ...
01:02:18 ...
01:02:21 Il manipule cette espèce avec beaucoup de délicatesse.
01:02:25 ...
01:02:28 - Il a pas l'air très en forme.
01:02:32 ...
01:02:35 Capables de créer leur propre énergie,
01:02:38 ces organismes sont les outils de demain pour la recherche médicale.
01:02:42 Introduites dans un corps humain,
01:02:45 leurs molécules lumineuses permettent déjà d'éclairer neurones,
01:02:49 vaisseaux sanguins et même tumeurs.
01:02:52 - C'est comme un super pouvoir que possèdent ces organismes
01:02:56 alors qu'on les regarde comme des êtres simples, primitifs.
01:03:00 Mais ils peuvent faire des choses qu'on ne sait pas faire.
01:03:04 Et se pose la grande question,
01:03:07 comment est-ce que ça a pu se produire au cours de l'évolution ?
01:03:11 ...
01:03:14 - Il resterait 50 millions d'espèces
01:03:17 à découvrir dans les profondeurs de l'océan.
01:03:20 ...
01:03:23 ...
01:03:26 A 9 000 km des côtes de Californie,
01:03:29 au sud-ouest de l'archipel des Azores,
01:03:32 les abysses cachent d'autres trésors.
01:03:35 Tapis cette fois au coeur de l'immense chaîne montagneuse
01:03:39 et des abysses de l'océan Atlantique.
01:03:42 Juste au-dessus, des scientifiques se retrouvent chaque année
01:03:46 à bord du Pourquoi pas, le plus grand navire océanographique français.
01:03:50 Ils sont 70 techniciens, chercheurs, marins
01:03:53 qui tentent de décrypter les grands fonds
01:03:56 avant qu'il ne soit trop tard.
01:03:59 ...
01:04:02 Longtemps ignorés des hommes,
01:04:05 cet univers méconnu attise aujourd'hui
01:04:08 les abysses de l'océan Atlantique.
01:04:11 ...
01:04:14 ...
01:04:17 ...
01:04:20 ...
01:04:23 A bord, le véritable héros, c'est lui,
01:04:26 Victor Simil, le grand frère du robot
01:04:29 utilisé par les Américains,
01:04:32 capable de plonger à 6 km sous la surface de la mer.
01:04:36 ...
01:04:39 Victor ne va pas rester entre deux eaux,
01:04:42 mais descendre pour atteindre le plancher océanique.
01:04:46 ...
01:04:49 -Oui, j'écoute.
01:04:51 -On peut se stopper ici, c'est bon pour nous.
01:04:54 -OK, je me stoppe. -Merci.
01:04:57 ...
01:04:59 -A 1 700 m de fond, Victor nous offre en direct
01:05:03 cet incroyable spectacle.
01:05:06 ...
01:05:09 ...
01:05:12 ...
01:05:15 ...
01:05:18 Une cathédrale de lave brûlante.
01:05:21 Au fil des décennies, ces spectaculaires panaches
01:05:25 ont édifié une centaine de cheminées,
01:05:28 des fumeurs noirs.
01:05:30 Découvert en 1993, ce volcan actif,
01:05:33 nommé Lucky Strike, coup de chance en français,
01:05:37 n'a pas encore livré tous ses secrets.
01:05:40 ...
01:05:44 -Est-ce que tu pourrais te décaler de 100 m vers le nord ?
01:05:48 -OK, 100 m vers le nord. -Merci.
01:05:51 -Géologue au CNRS, Mathilde Cana
01:05:54 veille depuis 25 ans sur cet édifice.
01:05:57 -Un fumeur, c'est une sortie de fluide chaud.
01:06:00 Et étant chaud, il est encore chargé de particules métalliques
01:06:04 qui viennent des métaux qu'il a dissous dans les roches
01:06:08 en profondeur. A 3-4 km sous nous,
01:06:11 il a dissous des métaux parce qu'il était très chaud.
01:06:15 Dès que le fluide sort en contact de l'eau de mer,
01:06:19 il se refroidit et les métaux précipitent
01:06:22 et forment ces petites cheminées.
01:06:25 Les cheminées poussent très vite, 4-5 cm de cheminée.
01:06:29 -On va fonctionner la sonde pour qu'elle soit le plus possible...
01:06:33 -Cette sonde de titane mesure la température
01:06:36 des colonnes de soufre qui crachent une eau
01:06:39 venue du centre de la Terre, chauffée à 350 degrés
01:06:42 par le volcan sous-marin.
01:06:44 -Tu vois ? -Oui, c'est bête.
01:06:46 ...
01:06:48 -Tu vois celui qui fume un peu dehors ?
01:06:51 -Oui, celui-là.
01:06:53 -Au coeur de ces geysers brûlants, acides,
01:06:56 sont-elles pour l'homme des animaux prospères ?
01:07:00 Une quantité phénoménale de bactéries,
01:07:03 vers, moules, crevettes aveugles.
01:07:06 60 espèces différentes.
01:07:08 Jusqu'à leur découverte,
01:07:10 personne ne croyait à l'existence d'une vie sans lumière
01:07:14 dans un univers si hostile.
01:07:16 -C'est chouette.
01:07:18 C'est impressionnant.
01:07:20 C'est émouvant aussi.
01:07:22 C'est émouvant parce que c'est une espèce
01:07:25 qui est complètement étrangère à la nôtre.
01:07:28 C'est hors photosynthèse.
01:07:30 ...
01:07:32 -Ces oasis de vie profitent de la chaleur
01:07:35 de ces monts hydrothermaux et de leurs minéraux.
01:07:38 Au fil des millénaires, ces cheminées ont constitué
01:07:41 d'immenses dépôts de métaux au fond des océans.
01:07:44 ...
01:07:51 -Soulaille-sous.
01:07:53 ...
01:07:56 -Dans ces roches, du cuivre, du zinc,
01:07:59 de l'argent et même de l'or.
01:08:02 De quoi alimenter l'industrie mondiale
01:08:05 pendant des années.
01:08:07 -Donc maintenant, on va aller faire une manip.
01:08:10 Il faut que j'aille chercher le suivant.
01:08:13 On va faire une manip d'écologie.
01:08:16 -Jour et nuit, expériences, prélèvements,
01:08:19 explorations s'enchaînent pour profiter
01:08:22 de chaque minute de plongée du robot.
01:08:25 Victor met près de 2 heures pour remonter des abysses.
01:08:29 -Ca a un peu secoué.
01:08:31 J'espère qu'ils ne sont pas tous mélangés dans le panier.
01:08:35 -Grâce à ce robot, Mathilde plonge toute la nuit
01:08:38 par procuration, bien au sec, les yeux rivés sur ses écrans.
01:08:42 -Quelle est l'ampleur des dégâts ?
01:08:45 Ca va, ça n'a pas trop bougé. Ca, c'est le 7.
01:08:48 -Oui, 7.
01:08:50 -Est-ce qu'on sent quelque chose de particulier
01:08:53 en voyant les roches, Mathilde, qui émergent de 1700 m ?
01:08:57 -Je suis tellement fatiguée par la plongée de cette nuit
01:09:01 que je suis un petit peu...
01:09:03 Je ne suis pas très émotionnelle.
01:09:06 -Celui-là, c'est le mien. Ca, c'est ceux.
01:09:09 -Ca ?
01:09:11 -Les chercheurs se partagent le butin
01:09:13 et rapportent leurs trésors au labo
01:09:15 pour analyser, disséquer, résoudre les énigmes
01:09:18 posées par ces échantillons venus des grands fonds.
01:09:22 -Comme minéraux, ce qu'on voit, c'est essentiellement des sulfures.
01:09:29 Ceux qui sont jaunes, c'est des sulfures de cuivre.
01:09:32 Ceux qui sont plus gris ou foncés
01:09:34 sont des sulfures essentiellement de fer.
01:09:37 -Mais aussi les fameuses "terres rares"
01:09:39 présentes dans tous les composants électroniques
01:09:42 de votre téléphone et de votre ordinateur.
01:09:45 -Le tonnage n'est probablement pas négligeable sur Lucky Strike,
01:09:49 mais les estimations dont on dispose au niveau mondial
01:09:52 sur ces ressources minérales associées aux sources hydrothermales
01:09:56 montrent plutôt que ce sont des ressources qui ne sont pas illimitées.
01:10:00 C'est pas comme si on avait le choix inéluctable
01:10:03 de se lancer dans l'exploitation, car notre avenir en dépendait.
01:10:07 Au rythme de consommation actuel,
01:10:09 c'est un ou deux ans de consommation mondiale
01:10:12 de cuivre et de terres rares.
01:10:14 -Les ressources, c'est déjà pas mal, vous me direz,
01:10:17 mais en contrepartie, on sacrifierait un écosystème
01:10:21 qui est absolument unique et qui, lui, est irremplaçable.
01:10:25 -Des centaines de nouvelles sources hydrothermales
01:10:29 resteraient à découvrir.
01:10:31 Des centaines de mines sous-marines potentielles
01:10:34 pour les industriels, une source d'inquiétude
01:10:37 pour Pierre-Marie Saradin, chef de mission de l'expédition.
01:10:41 -L'avenir, en partie, est sûrement dans les océans,
01:10:45 mais par contre, il faut que cet avenir,
01:10:48 cette exploitation, si jamais exploitation,
01:10:51 il y a un jour, soit vraiment raisonné, réfléchi
01:10:54 et qu'on ne fasse pas les mêmes erreurs qu'on a pu faire sur Terre.
01:10:58 -Déjà, les nations du monde entier se sont lancées
01:11:06 dans une véritable course pour exploiter ce fabuleux butin,
01:11:10 le compte à rebours est lancé.
01:11:13 Au nord de l'Angleterre,
01:11:17 Kevin Kane est le chef de projet d'une compagnie minière canadienne.
01:11:21 Nautilus Minerals est la première
01:11:23 à avoir reniflé la bonne odeur du filon.
01:11:26 A l'abri des regards, son armée est en route.
01:11:30 -Nous avons 3 machines qui vont extraire
01:11:38 un maintenant massif de sulfure
01:11:40 dans les fonds marins de Papua-New Guinea.
01:11:43 Ils se trouvent à 1 600 m sous l'eau.
01:11:46 -Cette armada de machines révolutionnaires
01:11:49 a demandé 7 ans de recherche
01:11:51 et une toute nouvelle technologie d'extraction sous-marine.
01:11:55 Fierté de l'ingénieur Roger White.
01:11:57 -C'est plus agressif que Terminator.
01:12:00 Quand elles sont sous tension, ce sont des machines très agressives.
01:12:04 Mieux vaut ne pas vous approcher.
01:12:08 -Le 2e véhicule, ce bulldozer des Cooper, pèse 300 tonnes.
01:12:12 C'est le plus grand véhicule du monde,
01:12:15 le plus gros véhicule d'extraction du monde.
01:12:19 -Imergées grâce à ce vaisseau de 230 m de long
01:12:30 dont on termine la construction,
01:12:32 ces machines devraient fonctionner 24 heures sur 24.
01:12:36 Première vague d'assaut, les véhicules des Cooper.
01:12:40 Ils font place nette, rasent les cheminées,
01:12:44 aplanissent le terrain.
01:12:47 -Sur les fonds marins, on peut détruire toute une montagne.
01:13:00 Ca, ça peut creuser 4 m au-dessus de lui et 2 m en dessous,
01:13:04 et faire tomber tout un pan de montagne.
01:13:07 -Une montagne ? -Oui, sur le plancher de l'océan.
01:13:10 -De quelle taille ? -Je dirais plus de 200 m de haut.
01:13:14 -2e salve.
01:13:17 Ces trancheurs découpent et broient les précieuses roches.
01:13:21 Enfin, les rassembleurs aspirent
01:13:24 et envoient le minerai broyé par ce flexible de plus de 2 km
01:13:28 vers le navire de surface.
01:13:32 -C'est beaucoup d'argent.
01:13:35 On parle de plusieurs millions de livres pour une seule machine.
01:13:40 -35 millions d'euros par machine exactement
01:13:44 pour un gain incertain mais prometteur.
01:13:48 L'épuisement des gisements à terre,
01:13:57 l'envolée des cours de l'or et du cuivre ces dernières années
01:14:01 ont fait l'échec de l'industrie.
01:14:04 Après 6 ans d'exploration dans le Pacifique,
01:14:10 la compagnie canadienne a découvert 19 dépôts hydrothermaux
01:14:14 et les bénéfices potentiels qui vont avec.
01:14:17 -Parmi les millions de tonnes qu'on aura extraites,
01:14:26 nous espérons récupérer 74 000 tonnes de cuivre
01:14:30 et 65 000 g d'or.
01:14:33 Nous avons un nombre de permis d'exploitation
01:14:37 pas seulement en Papouasie-Nouvelle-Guinée
01:14:41 mais aussi des licences dans les îles Salomon,
01:14:45 Vanuatu, Fidji, Tonga et en Nouvelle-Zélande.
01:14:49 La totalité de notre périmètre
01:14:52 est aux environs de 800 000 km2,
01:14:55 ce qui, je crois, est plus grand que la France.
01:14:59 -Dans moins d'un an, de l'or, du zinc et surtout du cuivre
01:15:03 devraient émerger de la mer de Bismarck,
01:15:06 chez les Papous.
01:15:08 Cette compagnie canadienne réalisera
01:15:11 la 1re extraction au monde de minerais sous-marins.
01:15:15 L'enjeu est si grand que les Etats qui mènent la charge
01:15:19 veulent leur part du butin.
01:15:21 Chine, Russie, Corée, Inde, Allemagne
01:15:24 ont obtenu des permis d'exploration
01:15:27 de la mer de Bismarck.
01:15:29 La France, 2e territoire maritime au monde,
01:15:32 est dans la course.
01:15:34 Le gouvernement a chargé l'Ifremer
01:15:37 de chasser au large de Wallis et Futuna.
01:15:40 Avec le Nautil, un sous-marin habité
01:15:43 qui a permis d'explorer l'épave du Titanic,
01:15:46 pilotes et scientifiques multiplient les plongées
01:15:50 et traquent les panaches de fumée.
01:15:54 Après plus de 3 mois d'exploration sur le plancher océanique,
01:15:58 les scientifiques ont découvert, grâce au Nautil,
01:16:02 des volcans inconnus
01:16:04 et surtout les 1res sources hydrothermales
01:16:08 dans les eaux françaises.
01:16:10 Yves Fouquet,
01:16:21 chef de mission, revient à la surface
01:16:24 avec les échantillons prometteurs.
01:16:27 Dans son labo de géochimie à Brest,
01:16:38 le géologue en a pour des années
01:16:41 à analyser ces morceaux de cheminée
01:16:44 prélevés au fond du Pacifique Sud.
01:16:48 - On est à l'intérieur d'une cheminée,
01:16:51 dans les zones où on a des températures
01:16:54 de 300 à 350 degrés.
01:16:56 On voit apparaître dans ce minéral de cuivre
01:17:00 des petits points beaucoup plus brillants,
01:17:03 qu'on verra mieux en passant au grossissement supérieur.
01:17:07 Là, on a le nez sur des grains d'or
01:17:10 qui font pour les plus gros une dizaine,
01:17:13 une vingtaine de microns.
01:17:15 Là, c'est une zone particulièrement concentrée
01:17:19 en or associé à du cuivre.
01:17:21 Dans la partie cuivreuse,
01:17:23 on peut avoir entre 25 et 30 % de cuivre.
01:17:26 - La teneur en cuivre de ces roches sous-marines
01:17:30 est 15 fois supérieure à celle d'un minerai terrestre.
01:17:34 De quoi faire rêver les industriels.
01:17:37 Mais attention, c'est pas si simple.
01:17:43 - Si on veut parler de ressources,
01:17:46 il faut que ça soit riche,
01:17:48 qu'il y ait des volumes suffisants.
01:17:51 Et en plus, si jamais un jour l'industrie
01:17:54 veut s'y intéresser du point de vue de la ressource,
01:17:58 il faut trouver des dépôts inactifs.
01:18:01 On a des fluides qui sont très chauds,
01:18:04 très acides, très corrosifs.
01:18:06 - Seuls les volcans étains
01:18:08 intéressent les sociétés minières comme Nautilus.
01:18:12 On ne connaît presque rien de ces sites inactifs.
01:18:15 La compagnie minière est pourtant prête à braver le danger.
01:18:19 - C'est comme dans toute zone inexplorée.
01:18:27 Il y a toujours des risques.
01:18:29 Le sol sous-marin est volcanique.
01:18:36 Et vous pouvez imaginer ce qui se passerait
01:18:39 si on mettait une bouteille de champagne
01:18:42 dont on ferait sauter le bouchon.
01:18:44 On ne veut vraiment pas ça, mais il y a des risques.
01:18:47 Ça peut arriver sur le plancher océanique
01:18:50 quand on foire autour de ces fumeurs.
01:18:53 - Retour en Californie.
01:18:57 Le capitaine Haddock découvre ces bulldozers sous-marins
01:19:01 pour la première fois.
01:19:07 - Personnellement, je n'investirais pas
01:19:10 dans une compagnie qui considère ça comme une ressource.
01:19:14 Ça devrait être préservé pour l'humanité.
01:19:17 Ce genre d'activités peut affecter
01:19:24 le milieu marin de différentes façons.
01:19:27 Les changements de température ou l'acidité, par exemple,
01:19:31 tout ça peut nuire aux eaux profondes.
01:19:34 En fait, le risque est simple.
01:19:36 C'est ce qui motive mes recherches.
01:19:39 Si on détruit ce milieu,
01:19:41 on ne saura jamais ce qu'on a perdu.
01:19:44 - Il y a 30 ans, lors de la découverte
01:19:56 de la première source hydrothermale,
01:19:59 aucun scientifique n'avait évalué le danger.
01:20:03 (musique douce)
01:20:06 La géologue française Mathilde Cana n'imaginait pas
01:20:19 que ses recherches puissent un jour servir l'industrie minière.
01:20:23 Plus la vie est profonde, plus elle est vulnérable.
01:20:31 - Je suis désolée, mais je suis mal à l'aise
01:20:34 de parler de gisements tout le temps.
01:20:37 Pour moi, c'est pareil gisement.
01:20:39 - Pourquoi êtes-vous mal à l'aise?
01:20:41 - C'est comme citoyenne, je suis révoltée par la perspective
01:20:45 qu'on puisse dévaster des endroits pareils.
01:20:48 Ça serait vraiment l'aveuglement humain.
01:20:51 - Le risque est grand de détruire
01:20:54 une biodiversité pourtant précieuse pour notre avenir.
01:20:59 (bruit de la mer)
01:21:02 - Il y a une perception qu'au-delà d'une certaine profondeur,
01:21:08 là où les gens ne vont pas nager, par exemple,
01:21:11 ce qu'ils ne voient pas, ça n'a pas d'importance.
01:21:14 Mais bien sûr que ce n'est pas vrai,
01:21:17 car il y a tout un écosystème unique en bas
01:21:21 et surtout très fragile.
01:21:24 Je ne pense pas qu'utiliser ces ressources soit durable.
01:21:28 Ce n'est pas une vision à très long terme.
01:21:31 - Mais c'est une mine d'or.
01:21:33 - C'est rentable, mais ce n'est pas un bienfait pour la société.
01:21:37 - Malgré les risques élevés de pollution,
01:21:46 la conquête a commencé.
01:21:48 Dans cette course aux abysses, le chef du gouvernement
01:21:52 sait que les chercheurs peuvent perdre leur avance.
01:21:56 - Le défaut d'un chercheur,
01:21:58 c'est de ne presque jamais apporter de réponse.
01:22:01 On se pose une question, on va sur le terrain
01:22:04 et on va se poser deux autres questions.
01:22:07 On a un rythme de travail très différent des industriels
01:22:11 qui, à partir du moment où on a une possibilité d'exploitation,
01:22:15 vont aller très vite.
01:22:17 Cette différence de temps de travail,
01:22:20 peut faire très peur aux chercheurs.
01:22:23 - A peine connus, les grands fonds marins sont déjà menacés.
01:22:42 Ce poulpe à oreille semble bien fragile
01:22:45 face à une armée de bulldozers.
01:22:48 Permis d'exploitation en poche,
01:22:51 la société Nautilus est prête à envoyer ses vaisseaux sous l'eau,
01:22:55 cap sur la Papouasie-Nouvelle-Guinée.
01:22:58 Une nouvelle ruée mondiale se prépare.
01:23:03 Mais serons-nous plus raisonnables avec la mer qu'avec la terre?
01:23:08 La question est inévitable.
01:23:11 Sur la terre, nous sommes allés trop loin.
01:23:14 Et en mer.
01:23:16 Depuis des siècles, nous puisons dans les océans
01:23:19 des protéines et des acides gras nécessaires à la vie.
01:23:23 Parfois, nous avons trop pêché, jusqu'à l'épuisement de la ressource.
01:23:28 Alors, nous avons trouvé les algues
01:23:32 comme un nouveau pari sur l'avenir.
01:23:35 Et puis, aux confins de l'Antarctique,
01:23:38 nous avons découvert un super-aliment
01:23:41 qui pourrait résoudre bien des problèmes pour le futur.
01:23:45 Une belle promesse.
01:23:48 Pour la trouver, il faut partir de l'autre côté de la terre,
01:24:00 au pôle sud.
01:24:02 Les marins qui la traquent
01:24:04 savent qu'ils vont devoir passer des mois à pêcher,
01:24:08 de jour comme de nuit, et par tous les temps,
01:24:11 dans l'une des mers les plus inhospitalières de la planète.
01:24:15 Ballotés par la houle, malmenés par des vents glacials
01:24:18 et des tempêtes dévastatrices,
01:24:20 loin, bien loin, de toute assistance et de tout secours.
01:24:24 - Who is that?
01:24:26 - Ces nouveaux aventuriers
01:24:28 slaloment entre les icebergs de l'Antarctique
01:24:31 pour trouver une crevette de quelques centimètres de long
01:24:35 et qui, pourtant, vaut de l'or...
01:24:38 le krill.
01:24:44 Une petite crevette rose, très riche en protéines
01:24:46 et dont certains prédisent
01:24:48 qu'elle permettra de nourrir l'humanité de demain.
01:24:51 Rien que ça.
01:24:53 Cap au sud, donc.
01:24:58 Une équipe de thalassa est partie sur la piste de l'or rose
01:25:02 dans l'océan Austral, ce nouvel eldorado
01:25:05 où se pressent des centaines d'hommes et de femmes
01:25:08 pour y pêcher le krill au large de la péninsule antarctique.
01:25:13 Dans l'avion qui nous mène aux îles Falkland,
01:25:15 nous retrouvons des marins scandinaves, russes ou philippins
01:25:19 qui endurent le décalage horaire
01:25:21 après deux jours de saut de mouton d'un aéroport à l'autre.
01:25:25 Et parmi eux, Kjell Olle, le capitaine du Saga Sea,
01:25:29 l'un des deux navires usines norvégiens
01:25:32 qu'ils vont rejoindre au large du continent blanc.
01:25:35 - Ça nous prend 5 jours, porte à porte,
01:25:38 jusqu'au bateau de pêche.
01:25:41 - C'est vrai que c'est un sacré voyage.
01:25:43 - 3 heures de vol,
01:25:45 l'occasion de plonger dans nos dossiers consacrés au krill.
01:25:49 Cette crevette minuscule se déplace
01:25:52 en de gigantesques esseins de plusieurs centaines de kilomètres de long
01:25:57 pour tenter d'échapper aux oiseaux de mer,
01:26:00 aux phoques et aux baleines qui s'en régalent.
01:26:03 Présent dans tous les océans,
01:26:05 ce crustacé est considéré comme l'une des espèces
01:26:09 la plus dangereuses sur Terre.
01:26:10 Sa biomasse est estimée à 500 millions de tonnes,
01:26:13 l'équivalent de celle de la population humaine,
01:26:16 mais dont l'avenir fait pourtant l'objet de bien des inquiétudes.
01:26:20 Si les Japonais le considèrent depuis toujours
01:26:23 comme un aliment de haute gastronomie,
01:26:26 ses qualités nutritionnelles intéressent surtout l'aquaculture mondiale
01:26:30 qui peine à trouver de quoi nourrir ses poissons d'élevage.
01:26:34 Quant à son huile, elle recèle des oméga-3 et des antioxydants
01:26:38 dont les multiples vertus pharmaceutiques ouvrent bien des espoirs.
01:26:42 Le krill est à la mode
01:26:44 et attise depuis quelques années toutes les convoitises.
01:26:48 Mais déjà, les côtes de l'archipel des Falklands
01:26:51 apparaissent dans le hublot.
01:26:53 Et l'équipage du Sagasi se retrouve brinc-balé
01:26:56 sur la route qui mène à la capitale, Port Stanley.
01:26:59 Les Falklands, l'une des principales portes de l'Antarctique,
01:27:03 un territoire qui abrite
01:27:05 quelques 3 000 habitants, 20 fois moins nombreux, dit-on,
01:27:09 que les moutons qu'ils élèvent.
01:27:11 Pas question de traîner.
01:27:13 Kajil Olé et ses collègues sont attendus nettement plus au sud
01:27:17 et avant cela, il reste encore quelques étapes.
01:27:20 Alors, Capitaine, on va rejoindre le Sagasi ?
01:27:23 Non, on va rejoindre la Manche
01:27:26 qui va nous emmener jusqu'au bateau dans le détroit de Braunschweil.
01:27:30 Alors, c'est pas encore la fin du voyage ?
01:27:33 Non.
01:27:34 Ça commence à peine.
01:27:36 Encore 2 ou 3 jours de patience.
01:27:39 La Manche, le navire ravitailleur
01:27:53 qui assure les livraisons de matériel,
01:27:56 de carburant et d'hommes d'équipage.
01:27:59 Entre les Falkland et les 2 navires de pêche de la compagnie
01:28:03 basés en Antarctique.
01:28:05 172 m de long,
01:28:09 4 grues de déchargement et des allures de vieux rafio.
01:28:13 Un cargo hors d'âge, construit du temps de l'URSS
01:28:19 et qui s'aborde à l'ancienne par l'échelle de pilote.
01:28:23 Il n'y a plus qu'à croiser les doigts pour qu'il soit solide.
01:28:29 De quoi nous donner quelques sueurs froides
01:28:32 pour notre matériel de tournage et la suite du voyage.
01:28:36 2 à 3 jours de mer séparent les Falkland
01:28:46 de la péninsule antarctique, le territoire du Krill.
01:28:50 Une traversée de l'Atlantique Sud,
01:28:53 le passage obligé pour rejoindre le Sagassi
01:28:56 et le passage local ne nous réserve pas trop de mauvaise surprise.
01:29:00 A la passerelle du ravitailleur,
01:29:04 nous rencontrons le capitaine Dimitri Bogdanov,
01:29:07 originaire de Vladivostok, comme tous les marins du bord.
01:29:11 - On devrait retrouver le Sagassi dans Discovery Bay.
01:29:19 Mais si le temps ne le permet pas,
01:29:21 on devra se rabattre rapidement sur un meilleur endroit
01:29:25 pour le faire.
01:29:26 Il ne faut pas perdre de temps.
01:29:28 - A bord de la Manche, le temps passe au rythme lancinant de la houle
01:29:50 qui, de jour comme de nuit,
01:29:52 malmène le vieux cargo et ses passagers.
01:29:55 Une attente interminable pour Kegil Oley et ses hommes
01:30:07 qui trompent l'ennui comme ils le peuvent,
01:30:10 tout en sachant que c'est le prix à payer
01:30:13 pour aller traquer le Krill au Pays des Glaces.
01:30:16 Silja et Georgia, les petites nouvelles du bord,
01:30:21 découvrent pour la première fois le navire ravitailleur
01:30:24 et les joies du rouler de l'Atlantique Sud.
01:30:27 - Je travaille comme directrice du développement durable
01:30:38 pour l'armateur.
01:30:39 Je vais visiter le Sagassi pour mieux comprendre
01:30:42 les techniques de pêche,
01:30:44 mais aussi regarder ce qui concerne l'énergie,
01:30:47 le carburant et tout ce qui génère des émissions de CO2.
01:30:51 C'est essentiel pour moi de bien connaître ces fonctionnements
01:30:55 pour essayer de les améliorer.
01:30:57 - Après trois longs jours de mer,
01:31:05 les premières terres de l'Antarctique, enfin.
01:31:09 Un soleil timide éclaire Discovery Bay
01:31:15 et bientôt, le Sagassi se présente à bord
01:31:18 tel un bateau fantôme rescapé d'une de ses tempêtes
01:31:22 dont l'Atlantique Sud a le secret.
01:31:25 Même s'il lui tarde de retrouver son poste,
01:31:34 Keji Lollé pense surtout aux hommes qu'il est venu remplacer.
01:31:38 - Ils sont sur le bateau depuis deux mois,
01:31:43 deux mois et demi pour certains.
01:31:46 Alors j'imagine qu'ils sont plutôt contents de rentrer chez eux, oui.
01:31:50 - Les deux navires sont enfin reliés
01:32:00 à l'abri du vent du Sud et de la houle.
01:32:03 Le changement d'équipage va pouvoir commencer.
01:32:06 - Et au fait, comment on va faire pour monter à bord ?
01:32:11 C'est très... Avec ça ?
01:32:13 - Jetez plutôt un oeil.
01:32:16 - On doit monter dans cette cage ?
01:32:18 - Oui, exactement.
01:32:20 - Tout le monde ? Et nous aussi ?
01:32:22 - Oui.
01:32:24 - Et c'est parti pour l'habituel chasse-croisée des vacances.
01:32:34 Musique douce
01:32:37 ...
01:32:57 Des hommes et des femmes arrivent, d'autres repartent,
01:33:00 et la relève prend des allures de chaleureuse retrouvaille
01:33:03 même si chacun sait qu'elles ne dureront que quelques minutes.
01:33:07 Vrombissement du moteur
01:33:13 Car bien vite, le Sagasi doit reprendre la mer.
01:33:18 Le Krill n'attend pas.
01:33:20 - Yo. Tiens. Allez.
01:33:24 Il va quand même falloir tout faire rentrer, là.
01:33:27 Une cabine exiguë, deux lits superposés
01:33:30 et un hublot pour la vue sur mer.
01:33:33 Les 10 jours que nous allons passer à bord
01:33:36 ne s'annoncent pas vraiment comme une croisière de luxe.
01:33:39 Un silence religieux règne à la passerelle
01:33:46 où Kejil Olle, le nouveau capitaine, a pris les commandes.
01:33:50 Le début de campagne s'annonce bien fastidieux.
01:33:58 Le Krill n'est pas au rendez-vous
01:34:01 et le sonar du bord reste désespérément muet.
01:34:04 - On devrait voir apparaître des nuages de couleurs
01:34:09 qui nous diront que le Krill est bien là.
01:34:12 Mais il bouge sans cesse avec les courants.
01:34:15 Alors c'est possible qu'il soit un peu plus au sud qu'hier.
01:34:19 Une fois qu'on va commencer à pêcher, on va se déplacer lentement.
01:34:23 Alors c'est important de trouver une zone
01:34:26 qui vaille vraiment le coup avant d'envoyer les filets.
01:34:31 - On va se déplacer lentement.
01:34:34 - On va se déplacer lentement.
01:34:37 - On va se déplacer lentement.
01:34:40 - On va se déplacer lentement.
01:34:43 - On va se déplacer lentement.
01:34:46 - On va se déplacer lentement.
01:34:49 - On va se déplacer lentement.
01:34:52 - On va se déplacer lentement.
01:34:55 - On va se déplacer lentement.
01:34:58 - On va se déplacer lentement.
01:35:01 - On va se déplacer lentement.
01:35:04 - On va se déplacer lentement.
01:35:07 - On va se déplacer lentement.
01:35:10 - On va se déplacer lentement.
01:35:13 - On va se déplacer lentement.
01:35:16 - On va se déplacer lentement.
01:35:19 - On va se déplacer lentement.
01:35:22 - On va se déplacer lentement.
01:35:25 - On va se déplacer lentement.
01:35:28 - On va se déplacer lentement.
01:35:31 - On va se déplacer lentement.
01:35:34 - On va se déplacer lentement.
01:35:37 - On va se déplacer lentement.
01:35:40 - On va se déplacer lentement.
01:35:43 - On va se déplacer lentement.
01:35:46 - On va se déplacer lentement.
01:35:49 - On va se déplacer lentement.
01:35:52 - On va se déplacer lentement.
01:35:55 - On va se déplacer lentement.
01:35:58 - On va se déplacer lentement.
01:36:01 - On va se déplacer lentement.
01:36:04 - On va se déplacer lentement.
01:36:07 - On va se déplacer lentement.
01:36:10 - On va se déplacer lentement.
01:36:13 - On va se déplacer lentement.
01:36:16 - On va se déplacer lentement.
01:36:19 - On va se déplacer lentement.
01:36:22 - On va se déplacer lentement.
01:36:25 - On va se déplacer lentement.
01:36:28 - On va se déplacer lentement.
01:36:31 - On va se déplacer lentement.
01:36:34 - On va se déplacer lentement.
01:36:37 - On va se déplacer lentement.
01:36:40 - On va se déplacer lentement.
01:36:43 - On va se déplacer lentement.
01:36:46 - On va se déplacer lentement.
01:36:49 - On va se déplacer lentement.
01:36:52 - On va se déplacer lentement.
01:36:55 - On va se déplacer lentement.
01:36:58 - On va se déplacer lentement.
01:37:01 - On va se déplacer lentement.
01:37:04 - On va se déplacer lentement.
01:37:07 - On va se déplacer lentement.
01:37:10 - On va se déplacer lentement.
01:37:13 - On va se déplacer lentement.
01:37:16 - On va se déplacer lentement.
01:37:19 - On va se déplacer lentement.
01:37:22 - On va se déplacer lentement.
01:37:25 - On va se déplacer lentement.
01:37:28 - On va se déplacer lentement.
01:37:31 - On va se déplacer lentement.
01:37:34 - On va se déplacer lentement.
01:37:37 - On va se déplacer lentement.
01:37:40 - On va se déplacer lentement.
01:37:43 - On va se déplacer lentement.
01:37:46 - On va se déplacer lentement.
01:37:49 - On va se déplacer lentement.
01:37:52 - On va se déplacer lentement.
01:37:55 - On va se déplacer lentement.
01:37:58 - On va se déplacer lentement.
01:38:00 - On va se déplacer lentement.
01:38:03 - On va se déplacer lentement.
01:38:06 - On va se déplacer lentement.
01:38:09 - On va se déplacer lentement.
01:38:12 - On va se déplacer lentement.
01:38:15 - On va se déplacer lentement.
01:38:18 - On va se déplacer lentement.
01:38:21 - On va se déplacer lentement.
01:38:24 - On va se déplacer lentement.
01:38:27 - On va se déplacer lentement.
01:38:31 - Perdu au milieu de nulle part.
01:38:34 Dans les coursives du Sagacy,
01:38:37 nous croisons quelques femmes et surtout des hommes
01:38:41 qui enchaînent quart de jour et quart de nuit.
01:38:45 Des Norvégiens au poste clé et des dizaines de Russes
01:38:49 qui viennent griller un peu de leur jeunesse en Antarctique.
01:38:53 Seul moyen de s'échapper, les réseaux sociaux,
01:38:57 qui permettent à Anton de communiquer régulièrement
01:39:01 avec son fils et sa femme Elena.
01:39:04 - Quand je suis parti, mon fils avait 4 mois.
01:39:08 Et quand je reviendrai, il en aura 9 ou 10, peut-être.
01:39:12 On est en contact tout le temps avec sa mère,
01:39:16 qui lui montre des photos de moi pour qu'il ne m'oublie pas.
01:39:20 Drôle de vie. 5 mois à bord, 5 mois à terre.
01:39:24 - Une vie à des milliers de kilomètres de la mer Patrie,
01:39:28 mais pour un salaire de 2 500 euros par mois.
01:39:32 Une petite fortune en Russie.
01:39:35 - Moi, ça me plaît de travailler ici.
01:39:38 La nature est belle, on travaille à l'air libre.
01:39:42 On est pas mal payés pour faire ce travail.
01:39:45 Mais j'aimerais pas que mon fils fasse ça.
01:39:48 Je lui souhaite de pouvoir passer plus de temps
01:39:51 à devenir quelqu'un de bien, avec un bon salaire,
01:39:54 et en travaillant sur la terre ferme.
01:39:57 - Une fumée blanche doublée
01:40:02 d'un délicat fumet de crevettes grillées.
01:40:05 Pour Silja, il est temps de nous emmener visiter
01:40:10 les entrailles du Sagassi.
01:40:12 Des kilomètres de tuyaux, des pompes, des cuves, des fours.
01:40:16 Et au début de cette chaîne infernale,
01:40:19 le krill, tout droit sorti des eaux glacées de l'Antarctique.
01:40:23 L'usine du bord tourne à plein régime.
01:40:26 - Quel est l'intérêt de ce krill pour l'aquaculture ?
01:40:38 - En utilisant 5 à 10 % de farine de krill dans l'élevage,
01:40:42 on a un gain en protéines très important.
01:40:45 On peut nourrir beaucoup plus de poissons d'élevage
01:40:48 en utilisant moins d'aliments.
01:40:50 - Jugez plutôt.
01:40:53 Pour produire 1 kg de saumon d'élevage,
01:40:56 il faut pêcher plus d'un kilo et demi d'anchois ou de sardines,
01:41:00 alors que moins d'un kilo de krill suffit pour obtenir le même résultat.
01:41:04 Cette purée de krill, riche en protéines,
01:41:07 serait donc une solution d'avenir pour une aquaculture mondiale
01:41:11 de plus en plus confrontée à l'épuisement des stocks de poissons sauvages.
01:41:15 Cuite à haute température,
01:41:17 il ne reste bientôt plus grand-chose de la petite crevette des glaces
01:41:21 à part sa belle couleur rouge-brique.
01:41:24 Mais lorsque nous découvrons l'entrepôt du Sagassi,
01:41:29 c'est le choc.
01:41:31 Des dizaines, des centaines de sacs de farine de krill
01:41:35 qui s'accumulent au rythme des pompes et au fil de la pêche.
01:41:39 De quoi s'inquiéter pour les baleines, non ?
01:41:44 -Quand on voit autant de sacs, on dirait que vous allez prendre tout le krill.
01:41:49 -C'est vrai que c'est un peu trompeur, quand on voit tous ces sacs.
01:41:53 On pourrait croire que nous prenons tout le krill de l'Antarctique.
01:41:57 Mais en fait, notre bateau,
01:41:59 comme l'ensemble des navires qui pêchent dans cette région,
01:42:03 prennent moins de 0,5 % de la biomasse totale de krill
01:42:07 de cette zone de pêche.
01:42:10 ...
01:42:14 -Sale temps sur la zone 48.1.
01:42:18 Mais la pêche continue.
01:42:20 Une tempête est annoncée pour la nuit.
01:42:23 C'est le branle-bas de combat sur le pont arrière.
01:42:26 -On doit remonter un des deux chaluts à côté de la pêche.
01:42:33 -On va faire un petit tour.
01:42:35 -On va faire un petit tour.
01:42:37 -On doit remonter un des deux chaluts à cause de la météo
01:42:41 et de ce gros temps qui arrive ce soir.
01:42:44 Quand le temps est vraiment mauvais,
01:42:46 on n'a pas le choix, on doit accepter de pêcher avec un seul chalut.
01:42:50 ...
01:42:52 -La nuit promet d'être courte pour Peter et ses hommes.
01:42:58 Pas question de traîner.
01:43:00 Il faut rendre le bateau un peu plus manœuvrant
01:43:03 avant l'arrivée du gros temps.
01:43:05 ...
01:43:08 Remonter un chalut est finalement aussi difficile et périlleux
01:43:14 que de le mettre à l'eau.
01:43:16 -C'est fini, Captain ?
01:43:21 -Oui, c'est terminé, maintenant.
01:43:23 On est prêts pour une nuit agitée.
01:43:25 ...
01:43:29 ...
01:43:32 -Quand le vent et la neige se déchaînent sur la péninsule antarctique,
01:43:39 la passerelle devient un refuge.
01:43:41 ...
01:43:44 Le Sagassi n'est pas le seul à slalomer entre les icebergs.
01:43:55 Des baleines à bosse participent au festin
01:43:58 et nous croisons régulièrement cinq autres navires usines
01:44:02 qui, comme le nôtre, traquent le krill depuis des mois.
01:44:06 Si l'Antarctique est une zone internationale
01:44:11 où toute activité est réglementée
01:44:13 et la pêche au krill soumise à des quotas très stricts,
01:44:17 cette pratique affole les protecteurs de la nature.
01:44:21 Kegil Olle accepte de nous donner quelques expériences
01:44:25 et des explications sur les restrictions qui lui sont imposées.
01:44:29 -Les quotas sont répartis sur différentes zones.
01:44:33 Lorsqu'ils sont atteints dans l'une d'elles,
01:44:36 elle est fermée jusqu'à l'année suivante.
01:44:39 -Vérification faite, c'est un comité scientifique
01:44:44 qui établit chaque année ses quotas pour la pêche au krill.
01:44:48 Une pêche qui, depuis 1982,
01:44:50 est autorisée exclusivement sur quatre zones
01:44:53 au nord de la péninsule.
01:44:55 48.1, 48.2, 3 et 4.
01:44:59 -Le quota de la zone 48.1
01:45:04 où nous sommes actuellement est de 155 000 tonnes.
01:45:07 On l'a bientôt atteint.
01:45:09 On va sans doute devoir bouger la semaine prochaine
01:45:12 pour commencer à pêcher ailleurs.
01:45:14 -Pour être bien certains que cette réglementation est respectée,
01:45:21 des observateurs indépendants sont présents
01:45:24 à bord des navires de pêche.
01:45:26 Sur le Sagacie, c'est Georgia Robson qui veille au grain.
01:45:30 Fraîchement débarquée de Londres,
01:45:32 elle est chargée de contrôler
01:45:34 les quantités de krill déclarées chaque soir par l'équipage.
01:45:38 Mais la mission de Georgia ne s'arrête pas là.
01:45:43 On peut même dire qu'elle a le souci du détail.
01:45:49 Deux fois par jour, elle prélève 25 kg de krill
01:45:52 pour les passer au peigne fin
01:45:54 et tenter de repérer les prises accidentelles
01:45:57 les plus imperceptibles.
01:45:59 -C'est un poisson des glaces, un juvénile.
01:46:05 C'est ce genre de petits poissons
01:46:07 qu'on trouve dans nos échantillons
01:46:09 et qui sont pêchés par erreur.
01:46:11 C'est très important car ce krill
01:46:17 fait partie d'un écosystème plus vaste.
01:46:20 C'est grâce à ce type de suivi très précis
01:46:23 qu'on peut vérifier s'il y a des conséquences négatives
01:46:27 sur d'autres espèces présentes dans le secteur.
01:46:30 -Une pêche sous haute surveillance, donc,
01:46:33 même si des voix s'élèvent
01:46:35 et s'inquiètent pour l'avenir
01:46:37 d'une ressource de plus en plus convoitée.
01:46:40 -Le risque dans l'avenir, ce serait la surpêche,
01:46:46 mais c'est le cas pour toutes les pêcheries du monde.
01:46:49 En attendant, cette pêche est l'une des plus suivies
01:46:52 et des plus contrôlées qu'il soit.
01:46:54 Pour moi, c'est un excellent exemple à suivre.
01:46:57 -En quête de krill, le capitaine a décidé de changer de zone.
01:47:05 Une petite journée de navigation
01:47:09 et le sagaci rejoint le secteur 48-2
01:47:12 où les quotas sont encore importants.
01:47:16 L'occasion pour Georgia de découvrir les Orcades du Sud,
01:47:20 des îles appartenant à l'Antarctique,
01:47:23 mais revendiquées par son pays, la Grande-Bretagne.
01:47:26 -Je suis quasiment à la maison, oui.
01:47:31 Le temps n'est pas très différent.
01:47:33 Il manque juste le thé et les biscuits.
01:47:36 -Seul souci, le krill n'est pas au rendez-vous.
01:47:40 Voilà des heures que le sagaci pompe de l'eau,
01:47:43 pas la queue d'une crevette à l'horizon.
01:47:46 Sur le pont arrière, le chef d'équipe
01:47:49 ne s'explique pas la disparition du krill
01:47:52 d'une zone où il est d'habitude très abondant.
01:47:55 -Ca n'a jamais été comme ça avant.
01:47:57 Ca fait des années que la pêche au krill est bonne par ici
01:48:00 à cette période de l'année.
01:48:02 Mais là, je sais pas ce qui se passe.
01:48:07 Ce qui est sûr, c'est que la température de l'eau
01:48:10 est sans doute trop élevée pour le krill.
01:48:13 Si on parle des effets d'El Niño ou de trucs comme ça dans la mer,
01:48:17 c'est peut-être une explication à tout ça.
01:48:20 -L'équipage du sagaci n'est pas le seul à s'inquiéter.
01:48:24 Depuis quelques années, les scientifiques pointent du doigt
01:48:27 les effets du réchauffement climatique
01:48:29 sur les zones polaires et leur écosystème.
01:48:32 A commencer par le début de la chaîne alimentaire, le krill.
01:48:36 Certains évoquent même une diminution de sa population
01:48:42 de 50 à 90 % depuis les années 70.
01:48:45 L'enjeu est de taille, car le krill se nourrit de micro-algues
01:48:51 et contribue ainsi à piéger une part importante de CO2,
01:48:55 le principal responsable du réchauffement climatique.
01:48:58 Sa disparition serait donc dramatique
01:49:02 pour l'avenir d'une planète déjà bien menacée.
01:49:05 Installée dans l'hôpital du bord, Silya Hindal
01:49:10 occupe les derniers jours de son étrange croisière
01:49:13 en peaufinant son rapport sur le sagaci.
01:49:16 Elle tente de nous rassurer sur l'avenir d'une ressource
01:49:19 dont on ne peut prélever que 0,5 % de la population.
01:49:22 -Il y a quelques années, on pensait que le krill
01:49:26 donnerait lieu à une véritable ruée vers l'or,
01:49:29 que tout le monde irait pêcher le krill en Antarctique.
01:49:32 On s'est rendu compte qu'il y avait quelques étapes à franchir
01:49:35 avant de pouvoir venir pêcher ici
01:49:37 et d'en faire une activité rentable financièrement.
01:49:40 Et finalement, la pêche au krill n'a pas explosé
01:49:43 comme tout le monde le pensait.
01:49:45 -Seulement, voilà.
01:49:49 Depuis quelques années, la pêche au krill
01:49:52 connaît un nouveau débouché à haute valeur ajoutée.
01:49:55 -Je suis de retour avec comme nouveau défi
01:49:58 de devoir trouver le même krill que celui qu'on trouve dans l'huile de krill.
01:50:02 Elle est naturellement bourrée d'antioxydants et d'oméga-3.
01:50:07 Faut juste que j'attende la maréaute.
01:50:10 -Pas de soucis, peut-être qu'il va plus vite.
01:50:13 -Car derrière la carapace de ces petits crustacés
01:50:16 se cache une huile,
01:50:18 une huile aux propriétés miraculeuses.
01:50:21 Bien plus assimilable par le corps humain
01:50:24 que ceux issus de l'huile de poisson traditionnelle,
01:50:27 les oméga-3 et les antioxydants tirés du krill
01:50:30 seraient donc le nouveau remède miracle
01:50:33 contre la pression artérielle, le cholestérol
01:50:36 ou encore l'arthrose.
01:50:38 -La majorité de la population mondiale
01:50:41 montre des carences en oméga-3.
01:50:43 Et à condition, bien sûr, qu'on puisse exploiter le krill
01:50:47 sans impact sur l'écosystème,
01:50:49 c'est une solution très prometteuse pour le futur.
01:50:53 -Décidément, les propriétés du krill
01:50:57 semblent intéresser de plus en plus de monde.
01:51:00 Après deux semaines de pêche,
01:51:03 les cales du Sagacie sont pleines à craquer.
01:51:06 Il est temps pour l'équipage de retrouver la manche,
01:51:10 le navire ravitailleur.
01:51:12 Des centaines et des centaines de sacs
01:51:17 passent bientôt d'une cale à l'autre.
01:51:20 1 600 tonnes de farine de krill transbordées pendant des heures.
01:51:24 Et nous nous interrogeons.
01:51:29 Cette pêche va-t-elle suivre le destin tragique
01:51:32 de celle de la morue de Terre-Neuve
01:51:34 et de la chasse balénière en Atlantique Nord ?
01:51:37 Ou l'humanité va-t-elle se montrer capable
01:51:40 de préserver une ressource essentielle
01:51:43 à l'équilibre de notre climat ?
01:51:45 ...
01:51:58 Musique douce
01:52:01 ...
01:52:08 -Voilà, j'espère qu'après ce voyage au coeur des océans,
01:52:13 on ne voit plus la mer comme avant.
01:52:15 La mer est notre avenir, il faut la protéger.
01:52:18 Vous pouvez nous retrouver sur Internet et les réseaux sociaux.
01:52:22 Toute la rédaction de Thalassa vous remercie de votre fidélité.
01:52:26 A bientôt et bon vent !
01:52:29 ...
01:52:58 ...
01:53:14 Sous-titres réalisés para la communauté d'Amara.org