"La majorité des LR soutenait la nécessité de la réforme des retraites et ne se prêtera pas à une espèce de facétie. Ce texte ne sera pas adopté au Sénat, donc c’est simplement l’occasion pour Charles de Courson de faire un peu de buzz", estime Olivier Marleix, président du groupe LR à l’Assemblée nationale, député de l’Eure-et-Loir.
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00:00 – Et notre invité politique ce matin c'est Olivier Marlex, bonjour.
00:02 – Bonjour.
00:03 – Merci beaucoup d'être avec nous, vous êtes député de Rélois,
00:05 président du groupe Les Républicains à l'Assemblée Nationale.
00:07 On est ensemble pendant 20 minutes pour une interview en partenariat
00:09 avec la presse régionale, représentée par Christelle Bertrand du groupe La Dépêche.
00:13 Bonjour Christelle.
00:14 – Bonjour Yann, bonjour Olivier Marlex.
00:15 – Bonjour.
00:16 – On va évidemment parler longuement de l'actualité de l'Assemblée aujourd'hui
00:19 et ses propositions de loi du groupe Lyott,
00:21 mais d'abord un mot sur ce qui s'est passé hier en Conseil des ministres.
00:24 Olivier Marlex, Elisabeth Borne qui a été recadrée par Emmanuel Macron.
00:27 Elle avait estimé, Elisabeth Borne, que le Rassemblement National
00:30 était l'héritier de Pétain.
00:32 Emmanuel Macron lui répond qu'il ne faut pas combattre l'extrême droite
00:34 par des arguments moraux, des mots des années 90 qui ne fonctionnent plus.
00:38 C'est ce que dit le chef de l'État.
00:39 Est-ce que ce recadrage à Elisabeth Borne, qui on le rappelle est effi de déporter,
00:43 était-il opportun ?
00:45 – Il est assez malvenu de la part du président de la République
00:49 qui a quand même été élu et réélu en appelant les Français
00:53 à faire barrage à l'extrême droite.
00:56 Sans cette diabolisation, le président Macron ne serait pas président de la République.
01:04 Donc venir maintenant qu'il n'est plus rééligible,
01:08 nous dire qu'après lui, finalement, le déluge,
01:11 je trouve ça extrêmement malsain de sa part.
01:13 Je trouve que c'est un cynisme assez incroyable.
01:17 Il a fait la diabolisation et maintenant il va nous faire la banalisation
01:21 du Rassemblement National.
01:22 – Il banalise le Rassemblement National pour vous ?
01:24 – Son propos ne vise à rien d'autre.
01:27 Sur le sujet, on pourrait discerner longtemps.
01:30 Je pense qu'évidemment, les gens qui votent pour le Rassemblement National
01:32 aujourd'hui sont très très loin de cette histoire.
01:37 Ils ne connaissent pas les fondateurs du Front National.
01:41 Et moi, je n'oublie pas, parce que je pense qu'il y a des moments de l'histoire
01:44 qui sont révélateurs, je n'oublie pas que dans les fondateurs
01:47 du Rassemblement National, il y a quelqu'un comme Pierre Bousquet
01:50 qui a porté l'uniforme, qui a été un officier de la Waffen-SS pendant deux ans.
01:56 – Donc vous dites comme Elisabeth Borne que le Rassemblement National
02:01 est l'héritier de Pétain aujourd'hui ?
02:02 – Non, je dis qu'aujourd'hui, le Rassemblement National,
02:05 je ne sais plus exactement ce que c'est.
02:08 Bon, force est de se souvenir, ils ont fêté leurs 50 ans
02:12 que dans les fondateurs du Front National.
02:15 Aujourd'hui, vous tapez "Front National" sur Google,
02:17 ça n'existe plus, vous tombez sur Rassemblement National directement.
02:19 Et donc dans les fondateurs de ce parti,
02:21 il y a des gens qui ont porté l'uniforme SS.
02:23 Voilà, moi à titre personnel, c'est une lignée
02:27 dans laquelle j'aurais un peu de mal à m'inscrire, je suis gaulliste.
02:29 Et le vrai point commun dans l'histoire du Front National
02:34 ou Rassemblement National, c'est l'antigaullisme, ça c'est sûr.
02:37 – On va parler de Lyot.
02:38 Oui, aujourd'hui commence en Commission des Affaires Sociales
02:41 l'étude de la proposition de loi Lyot
02:45 qui vise à abroger la réforme des retraites.
02:47 Quelle sera la position des députés LR ce matin en Commission ?
02:51 – Écoutez, on verra, je ne suis pas membre de cette Commission des Affaires Sociales.
02:56 – Vous en avez discuté avec votre groupe.
02:57 – On respecte leur vote, discutez avec eux.
03:00 Je pense que la majorité soutenait la nécessité d'une réforme des retraites
03:06 et ne se prêtera pas à ce qui en réalité est quand même
03:10 au fond une espèce de facétie parce que chacun sait
03:14 que ce texte ne pourrait pas être adopté au Sénat
03:17 et donc que c'est un coup pour rien.
03:20 C'est l'occasion pour M. Charles Abbé de Courson
03:23 de faire un peu de buzz mais tout ça n'aboutira à rien.
03:26 – Vous comprenez sa position à Charles de Courson ?
03:29 – Non, je ne sais pas.
03:30 Faire croire aux Français que ça pourrait déboucher sur quelque chose,
03:33 ça ne sert pas à grand chose.
03:34 Bon, après on a le droit de mener les combats qu'on veut.
03:37 Moi ce qui me stupéfait chaque jour quand j'entends parler de retraite
03:40 c'est que plus personne dans ce pays ne parle de la situation des retraités.
03:44 On a l'impression que les retraités doivent être devenus des nantis,
03:47 que tout va très bien, qu'il n'y a plus de retraités pauvres dans notre pays.
03:49 Enfin la réforme des retraites elle est d'abord faite pour eux,
03:51 pour qu'on retrouve une capacité demain, et ça va arriver d'ailleurs très vite,
03:55 à augmenter, on s'est battus nous les Républicains
03:58 pour qu'il y ait une revalorisation de 1,8 million de retraites
04:02 les plus modestes dès la fin de cette année.
04:04 C'est ça l'enjeu de la réforme des retraites,
04:06 plus personne n'en parle, tout le monde s'en fiche.
04:07 – Non mais qu'est-ce que vous allez faire aujourd'hui ?
04:09 Est-ce que vous allez tenter de torpiller ce texte avec la majorité
04:13 pour qu'il n'y ait pas de débat le 8 juin ?
04:15 Ou est-ce qu'il faut qu'il y ait un débat le 8 juin ?
04:17 Est-ce qu'il faut qu'il y ait un vote le 8 juin ?
04:18 – Je peux le torpiller, respectant la procédure parlementaire,
04:21 il y a un débat en commission, il y aura un vote en commission,
04:24 on verra quel texte sort de la commission et on verra après.
04:26 – Vous n'avez donné aucune consigne de vote à vos députés ?
04:29 – Non, sur le sujet des retraites, l'histoire a montré
04:33 qu'il fallait un tout petit peu d'humilité
04:34 et que les consignes ne suffisaient pas toujours.
04:37 – Votre groupe a été divisé dans l'hémicycle il y a quelques semaines.
04:41 – Il y avait ceux qui de toute façon sont contre cette PPL Lyot,
04:48 parce qu'ils étaient pour la réforme,
04:50 et il y a ceux qui considèrent que de toute façon,
04:52 même s'ils étaient contre la réforme des retraites,
04:56 considèrent que ce texte est un coup d'épée dans l'eau,
04:57 que ça ne sert à rien et qu'il y a un moment,
04:59 il ne faut pas non plus tromper les Français
05:01 en faire croire qu'il peut sortir quelque chose de ce texte.
05:03 – Justement Olivier Merleix, expliquez-nous,
05:05 hier soir il y a eu un petit jeu de chaises nues musicales
05:07 au sein de votre groupe, les députés qui avaient voté
05:10 pour la motion de censure ou qui s'étaient abstenus
05:12 il y a quelques semaines ont été remplacés
05:14 au sein de la commission des finances par des députés
05:18 plus favorables à la réforme.
05:21 – Toutes les semaines, dans toutes les commissions,
05:24 dès lors qu'il y a des votes un peu importants,
05:26 on remplace des députés.
05:29 Je crois que le groupe de la France Insoumise,
05:30 ils ont été très discrets,
05:31 mais a remplacé 5 députés au sein de la commission
05:35 des affaires sociales aujourd'hui.
05:37 – Sauf qu'eux, en vote de motion,
05:39 – Je pense que tous les groupes,
05:40 – Eux votent de la même manière.
05:41 – Pour remplacer les députés.
05:42 Vous imaginez bien qu'un député ne se fait pas débrancher
05:46 de fils comme ça, donc il n'y a pas de sujet de ce côté-là.
05:51 – Éric Coquerel, parce que vous parlez de la France Insoumise,
05:53 il a déclaré la proposition de l'Olympe, "Recevablia".
05:56 Pour vous c'est une décision politique ou c'est une décision justifiée ?
06:00 – C'est une décision quand même un peu politique.
06:04 L'article 40 de la constitution, il est très clair.
06:07 Après, il y a des usages qui sont différents,
06:10 tradition parlementaire, on est un peu plus souple sur les PPL
06:13 que sur les amendements qui sont en décharge.
06:16 Sur les propositions de loi, le fait est qu'il y a, depuis 2009,
06:20 qu'il y a un président, que le règlement a changé, etc.
06:23 et que la présidence de la commission des finances revient à l'opposition
06:26 et qu'il y a quand même eu, je crois, 8 PPL
06:28 qui n'ont pas été examinées en tout ou partie,
06:30 qui ont été censurées parce qu'elles aggravaient les charges politiques.
06:35 – Donc il aurait dû la censurer pour vous ?
06:37 – En droit, j'ai un peu de mal à partager son analyse, oui.
06:40 – Alors lui, par exemple, il a certainement…
06:42 – Je pense qu'il a agi de façon un peu politique dans cette affaire.
06:46 Voilà, alors après, c'est un vaste débat,
06:48 il faut aussi faire attention à respecter les droits du Parlement.
06:52 On est dans une situation totalement inédite où jusqu'à présent,
06:54 tout ça n'avait pas de valeur de laisser venir des PPL
06:56 dans les niches d'opposition, ça n'avait pas d'importance,
06:59 il n'y avait pas d'enjeu.
06:59 Aujourd'hui, ça en a un peu plus,
07:00 mais comme il n'y a plus de majorité pour les bloquer,
07:04 évidemment, il y a un peu plus de "risques" entre guillemets pour…
07:08 – Mais est-ce que respecter les droits du Parlement,
07:10 ce n'est pas aller au débat, ce n'est pas aller au vote le 8 juin ?
07:12 – Donc il y a plus d'enjeu, parce qu'en réalité,
07:14 si voter le risque qu'on court désormais,
07:18 je parle de risque en termes juridiques,
07:20 c'est de laisser voter des textes qui seront censurés après
07:23 par le conseil constitutionnel parce qu'ils aggravent les charges
07:25 et qu'ils sont contraires à la TP40.
07:27 Et donc, ce n'est pas la peine de tromper, une fois encore, les Français
07:31 en votant au Parlement des choses dont on sait tous pertinemment
07:35 qu'en réalité, elles seront censurées si jamais elles étaient votées.
07:37 – Dans son argumentation, on lui dit "certaines propositions de loi
07:40 sont passées en étant aussi mal gagées que la proposition de la loi",
07:43 il cite "Bien vieillir" par exemple, qui ont été gagées de la même manière
07:47 sur les taxes pour le tabac et elles n'ont pas été censurées au départ.
07:50 Pourquoi celle-là ? Fallait-il qu'elle soit absolument…
07:52 – Non mais il y en a d'autres qui l'ont été,
07:53 il y en a sur les retraites en 2009, du temps de Didi Migaud et…
07:58 – Voilà, chacun a ses exemples.
08:00 – Oui, oui, bien sûr, c'est pour ça que c'est une question de jurisprudence,
08:03 c'est pour ça que moi je suis assez…
08:05 mon type personnel est assez ouvert sur le sujet,
08:06 je pense qu'il faut faire preuve d'une certaine souplesse,
08:10 même s'il faut quand même être un peu honnête
08:12 et se rendre compte des conséquences de tout ça,
08:14 et notamment on ne peut pas faire croire qu'il n'y a pas de sujet
08:16 de constitutionnalité et que si un texte venait un jour à être voté
08:20 alors qu'on sait pertinemment qu'il crée une charge,
08:23 eh bien il serait forcément annulé,
08:25 et donc on n'est pas là pour faire semblant,
08:27 on est là pour voter des lois qui ont une chance de prospérer.
08:30 – Mais est-ce que du coup ça veut dire que vous allez contribuer
08:32 à la suppression de l'article 1er de ce texte qui abroge la retraite…
08:36 – Je pense que la majorité des députés de mon groupe
08:37 voteront la suppression de cet article, bien sûr,
08:40 en cohérence avec ce qu'était leur position.
08:42 – Et vous soutiendrez Yael Brune-Pivet
08:44 si jamais elle active l'article 40 en séance la semaine prochaine,
08:47 elle aura raison de le faire ?
08:48 – Je ne sais pas si elle le fera ou pas,
08:50 si l'article 1er était supprimé,
08:53 elle n'aurait plus besoin de le faire.
08:54 – Mais si il le redéposait en séance la semaine prochaine ?
08:57 – Ce sera la responsabilité de M. Coquerel d'abord.
08:59 – Est-ce que vous entendez l'opposition qui dit que s'il n'y a pas de débat,
09:04 s'il n'y a pas de vote, il y a un risque d'une crise institutionnelle
09:06 et démocratique majeure ?
09:09 – On ne peut pas dire qu'il n'y a pas eu de débat,
09:12 s'il n'y a pas eu de débat, d'ailleurs c'est étonnant,
09:13 ce sont ceux qui ont fait en sorte qu'il n'y ait pas de débat
09:15 qui disent qu'il n'y a pas de débat, c'est quand même assez stupéfiant,
09:18 il faut un tout petit peu de bonne foi aussi dans la vie politique,
09:20 il y a plein de sujets dont j'aurais aimé qu'on discute,
09:23 dans la réforme de retraite, la pénibilité on n'en a pas parlé, pourquoi ?
09:26 Parce que la France Insoumise a bloqué le travail parlementaire
09:29 avec des milliers et des milliers d'amendements.
09:31 – Il dit surtout qu'il n'y a pas eu de vote.
09:32 – Non mais pardon, sur ce point-là, sur une retraite factuelle,
09:35 ils ont tout fait pour qu'on n'arrive pas au vote sur l'article 7,
09:38 il y a un moment dans le débat qui était celui qui portait le report de l'âge légal,
09:42 où plusieurs groupes, y compris la NUPES,
09:45 ont retiré les amendements pour qu'on accélère,
09:47 la France Insoumise est restée bloquée, ils ne voulaient surtout pas de vote,
09:50 mais souvenez-vous de l'histoire quand même, on ne peut pas la réécrire comme ça.
09:53 – Mais Olivier Marmel, c'est pas une vote…
09:54 – Pardon, donc ils ne voulaient pas de vote,
09:55 après notre constitution prévoit qu'à un moment, le 49-3,
10:01 ce n'est pas non plus totalement, ce n'est pas la solution idéale,
10:04 mais ce n'est pas non plus totalement une forfaiture.
10:06 – Mais puisqu'il n'y avait pas eu de vote sur la totalité de la réforme des retraites,
10:09 est-ce que ce n'était pas l'occasion justement,
10:11 l'étude de ce texte, qu'il y ait un vote ?
10:13 – Non mais on ne va pas faire des votes tous les ans sur le sujet,
10:15 soyons un tout petit peu sérieux, une fois encore, ce n'est pas ceux qui ont empêché.
10:20 Une réforme de retraite, il ne faut pas s'en raconter d'histoire,
10:22 c'est toujours un moment douloureux.
10:24 Je dirais Nicolas Sarkozy qui avait fait un peu plus de concertations en 2009,
10:27 il y a quand même eu 2 millions de personnes dans la rue.
10:29 Donc tous les gens qui me disent, évidemment ils ont été très mauvais en méthode,
10:32 évidemment tout ça a été très incohérent vis-à-vis pour les Français,
10:35 avec un président de la République, Emmanuel Macron, qui expliquait il y a 3 ans,
10:38 n'imaginez pas faire travailler les gens à 64 ans, etc.
10:41 Tout ça a été… on aurait pu faire un peu mieux en termes de concertation,
10:46 voire beaucoup mieux, c'est une méthode,
10:48 je pense que ça n'aurait pas empêché qu'il y ait des manifestations
10:52 et une mobilisation sociale assez vive.
10:55 – Vous qui connaissez bien votre groupe,
10:57 combien de députés Les Républicains sont prêts à voter cette proposition de l'Halliott ?
11:00 – Je n'en sais strictement rien, on n'en est pas là,
11:03 on verra la semaine prochaine ce qui sort de la commission.
11:06 – 20, 21, 25, vous n'avez pas de chiffre ?
11:08 – Franchement, vous connaissez mieux mon groupe que moi visiblement,
11:10 mais je n'en sais rien.
11:11 – M. Plancher, qui est le président du groupe Lyaute, qui était à votre placière,
11:14 il fait planer la menace d'une notion de censure,
11:16 si jamais il n'y a pas de débat, s'il n'y a pas de vote, c'est justifié pour vous ?
11:21 – Non, mais je pense qu'il y a un moment où on veut que ce pays avance,
11:25 où est-ce qu'on est décidé.
11:26 Une fois encore, cette réforme de retraite, elle est aussi faite pour les retraités.
11:29 Vous savez, le premier incident qu'on a eu dans cette Assemblée nationale élue,
11:32 ça a été quand il y a eu un amendement de M. De Courson,
11:35 c'est quand même incroyable, de M. De Courson,
11:38 pour aller piquer 400 millions d'euros sur le budget des anciens combattants
11:40 pour augmenter les petites retraites qui n'étaient pas assez revalorisées.
11:44 Et aujourd'hui, plus personne n'en parle, des retraités modestes.
11:46 Moi, ce que je trouve les situations les plus douloureuses
11:50 auxquelles je vais faire face comme député dans ma circonscription,
11:53 c'est des gens très âgés à la retraite qui ne s'en sortent plus,
11:56 et qui me disent "je ne vais pas me remettre à travailler à 90 ans".
11:58 Et ça, j'aimerais qu'on se souvienne que cette situation existe,
12:01 et que la réforme de la retraite, elle est faite pour remédier un peu à cette situation.
12:05 – On va parler d'un autre sujet, Christelle.
12:07 – À l'autre gros dossier qui vous concerne en ce moment,
12:10 le projet de loi immigration qui est étudié en ce moment par Gérald Darmanin.
12:15 Où en êtes-vous de vos discussions ?
12:16 Il a semblé vous tendre la main à plusieurs reprises.
12:19 On a du mal à comprendre les positions des LR.
12:22 – Ah non, on ne pourrait pas dire qu'on a du mal à comprendre les positions des LR.
12:25 Nous, on a mis des positions sur la table qui sont très claires.
12:28 Un projet de loi ordinaire, un projet de loi constitutionnelle.
12:31 Ce qui est incompréhensible, c'est la position du gouvernement.
12:33 Vous avez M. Darmanin qui vous explique un jour qu'il fait un texte pour durcer l'immigration.
12:38 Et vous avez Olivier Véran, porte-parole du gouvernement,
12:41 c'est pas n'importe qui, qui va au Danemark pour dire "non, non, non, non,
12:44 regardez un texte trop dur sur l'immigration, c'est pas possible".
12:47 Vous avez la Première Ministre qui dit "non, non, on ne touchera pas à la Constitution".
12:51 Et Darmanin qui dit "oui, touchez à la Constitution, pourquoi pas,
12:54 mais ça ne dépend pas de moi".
12:55 Moi sincèrement, on a des propositions, on les a mises sur la table,
12:59 on peut les envoyer, aller les porter à pied, à cheval, comme il veut.
13:03 À M. Darmanin pour qu'il en prenne connaissance.
13:06 – Visiblement, il les a reçus, il vous dit "travaillons ensemble".
13:08 – On attendra de savoir ce qu'est la position du gouvernement.
13:12 Moi je ne la comprends pas.
13:13 En matière d'immigration, on ne peut pas avoir plus d'immigration
13:16 et moins d'immigration en même temps, ça n'existe pas, il faut qu'ils choisissent.
13:18 – Il voulait un certain nombre de vos demandes quand même,
13:19 sur le conditionnement des visas, l'instauration des quotas annuels d'immigration.
13:24 C'est pas suffisant, parfois ?
13:25 – Évidemment que c'est pas complet, notre projet il n'est pas là.
13:27 Nous on a mis deux textes sur la table.
13:31 En fait, c'est quoi ce deux textes en un mot ?
13:33 Le premier c'est, en position de loi ordinaire,
13:36 c'est pour aller au plus loin possible à droit constitutionnel
13:42 et convention internationale constante.
13:45 Et le deuxième texte, c'est adapter notre droit constitutionnel
13:50 pour se protéger un peu plus des jurisprudences de la CEDH.
13:54 Ce qu'il faut que les Français comprennent, c'est que aujourd'hui
13:56 l'Assemblée nationale et le Sénat peuvent voter une loi en matière d'immigration,
14:00 elle peut être considérée comme conforme à la constitution par le Conseil constitutionnel,
14:04 et dès le lendemain, des juges chargés d'appliquer la loi en France
14:08 peuvent s'asseoir sur cette loi au nom de la jurisprudence de la CEDH.
14:14 C'est totalement incompréhensible pour les Français,
14:17 ça caractérise l'impuissance politique dans ce pays,
14:20 donc c'est pour ça qu'on pense qu'il faut aussi changer notre constitution.
14:24 Moi je n'ai pas de réponse de la part du gouvernement
14:26 et de la part de la majorité sur ce sujet-là.
14:29 – Mais vous discutez ? Il n'y a pas du tout de discussion qui a été entamée,
14:32 parce qu'Elisabeth Bande, ça fait quelques semaines
14:33 qu'elle a demandé à Gérald Darmanin d'entamer les discussions.
14:35 – Ça fait un an, pourquoi est-ce qu'on a pris cette initiative ?
14:37 – Il n'y a aucune discussion entre vous et Gérald Darmanin ?
14:39 – Pourquoi est-ce qu'on a pris cette initiative de mettre nos textes sur la table ?
14:41 Parce que ça fait un an que le gouvernement balade tout le monde
14:44 avec ses histoires de textes sur l'immigration,
14:47 qui est devenu une espèce de texte fantôme,
14:51 sur lequel le gouvernement a changé 7 fois de pied.
14:56 Il a été décalé 3 ou 4 fois, le président de la République lui-même a dit
15:00 "bon on va le saucissonner", et puis après il dit
15:03 "bon non finalement on ne le saucissonnera pas, on n'y comprend plus rien".
15:06 Mais il y a un moment en fait, la réalité c'est quoi ?
15:08 C'est qu'en matière d'immigration, on ne peut pas faire en même temps,
15:12 on ne peut pas vouloir plus d'immigration et moins d'immigration.
15:14 Alors c'est ce que nous propose ce texte.
15:15 – Vous voulez dire que, par exemple, la question des régularisations
15:19 dans les secteurs en tension, pour vous ça reste une ligne rouge ?
15:22 – Ce qui est une ligne rouge c'est d'aller créer un titre de séjour spécifique
15:26 et d'annoncer un mouvement de régularisation,
15:30 massif par définition, de gens en situation irrégulière.
15:34 Bien sûr c'est une ligne rouge, en réalité si on veut régler
15:37 la situation des métiers en tension ponctuellement,
15:41 on peut tout à fait le faire.
15:43 Il y a une loi, ne votez pas, en 2007, qui crée un titre de séjour
15:49 qui s'appelle "compétences et talents" qui permet,
15:53 il y a une liste de métiers en tension, on n'a pas besoin de ce nouveau texte.
15:55 – Donc il faut régulariser au cas par cas avec une loi existante.
15:57 – C'est un appel d'air, c'est un appel d'air que va faire le gouvernement,
16:01 mais pourquoi ils ont rajouté ça dans le texte ?
16:02 Pourquoi M. Darmanin a mis ça dans le texte ?
16:03 Parce que c'est une concession à l'aile gauche de la majorité…
16:05 – Mais pas uniquement Olivier Roland, les patrons, les petits patrons
16:08 le demandent aussi actuellement, ils ont du mal à recruter, on le sait.
16:11 – Bien vu, mais le gouvernement peut très bien, dans tous les départements,
16:15 les préfets, ponctuellement, peuvent prendre, d'ailleurs en 2021,
16:18 après 10 ans de silence, le ministère de l'Intérieur
16:22 a ressorti cette liste des métiers en tension, elle a réactualisé.
16:25 Donc aujourd'hui, ils ont tous les outils.
16:27 Vouloir aller plus loin, c'est juste pour donner un signe
16:29 à l'aile gauche de la majorité.
16:30 D'ailleurs, c'était très intéressant,
16:31 depuis qu'on a mis notre proposition sur la table,
16:33 vous avez des députés de la majorité qui ont dit
16:38 "oui, oui, la proposition des Républicains, ça nous va très bien,
16:40 c'est peut-être parce que je viens de la droite, donc oui, ça nous va",
16:43 et puis vous avez M. Sachaoui, président de la commission des lois
16:47 de l'Assemblée nationale, qui a fait une tribune pour dire
16:49 "hors de question, c'est pas possible".
16:52 – Mais vous en connaissez pas trop quand même.
16:54 – Il y a une ambiguïté terrible dans la majorité,
16:55 et nous on ne veut pas d'ambiguïté,
16:57 on ne votera jamais une loi pour faire semblant.
16:59 – Et chez vous, tout le monde est sur la même ligne ?
17:00 – Mais bien sûr, bien sûr, on ne votera pas un texte qui fait semblant,
17:06 on devrait dire la question.
17:06 M. Macron a abusé du faire semblant, a abusé de la communication,
17:10 je pense que la question de l'immigration, c'est un sujet,
17:13 pas le seul, mais c'est un sujet assez essentiel aujourd'hui dans notre pays,
17:17 et que les Français ne supporteraient pas qu'on fasse semblant
17:20 de régler le sujet.
17:23 – Mais est-ce qu'à force de dire "Gérald Darmanin a des lignes rouges,
17:25 vous avez des lignes rouges, elles sont très claires",
17:27 est-ce que le résultat, ça ne va pas être qu'il n'y aura aucun texte
17:29 sur l'immigration et que ça n'avancera pas sur les fichiers ?
17:31 – C'est au gouvernement de prendre ses responsabilités,
17:33 si le gouvernement veut vraiment, comme le prétend M. Darmanin…
17:35 – Oui mais vous en disant "c'est tout ou rien",
17:37 est-ce que ça ferme pas un peu la porte au communique ?
17:39 – Pour l'instant, la situation c'est qu'on ne sait pas
17:41 quelle est la position du gouvernement,
17:43 on ne sait pas quelle est la position du gouvernement,
17:45 on ne sait pas ce qu'ils veulent, ce qu'ils ne veulent pas, etc.
17:47 – Alors Gérald Darmanin, il propose soit d'étudier la proposition du Sénat,
17:52 parce qu'il avait déjà été voté en commission ce texte d'ici…
17:54 – C'est la sienne, c'est sa proposition.
17:56 – Soit le texte du gouvernement, en l'amendant avec vos propositions,
17:59 soit un texte commun avec vous mais qui serait discuté avec les centristes.
18:02 – Nous on a mis notre texte sur la table,
18:04 je lui demande de prendre connaissance de ce texte,
18:07 il a répété dans son interview que plein de choses ne dépendaient pas de lui,
18:11 le fait de faire un référendum ça ne dépend pas de lui,
18:13 le fait de modifier la constitution ça ne dépend pas de lui,
18:15 – Le 49.3 ça dépend.
18:16 – Bien qu'il aille en parler à son patron.
18:19 – Au fond, est-ce qu'après avoir soutenu le gouvernement
18:21 sur la réforme des retraites, il ne vous fallait pas acter
18:24 un point de désaccord sur ce projet de loi immigration
18:26 de manière à marquer votre position ?
18:27 – Pardon de vous contredire, on n'a pas soutenu le gouvernement
18:29 sur la réforme des retraites, on a voté une réforme de retraite
18:31 parce que ça correspondait à nos convictions,
18:33 d'ailleurs le gouvernement il y a 3 ans,
18:35 M. Macron il y a 3 ans a fait une réforme des retraites
18:37 qui cassait la sécurité sociale, on a voté contre,
18:39 j'ai été personnellement très engagé dans ce combat
18:42 contre ce projet de réforme de l'époque,
18:44 et le projet qui a été voté c'est un projet sur lequel
18:48 nous avons pesé de manière importante, en modérant,
18:51 le gouvernement voulait aller à 65 ans,
18:53 j'assume d'avoir dit que ça me paraissait un peu brutal
18:55 et qu'il fallait faire seulement 63 ans à la fin du quinquennat,
18:59 une clause d'envoyure, 64 ans, donc ce n'est pas le projet,
19:03 on a imposé qu'une revalorisation des retraités actuels
19:06 les plus modestes, donc ce n'est pas le projet du gouvernement,
19:08 on n'a pas fait ça pour faire plaisir au gouvernement,
19:10 on a fait ça par conviction, et là par conviction,
19:13 on dit au gouvernement qu'on ne votera pas un texte laxiste
19:16 en matière d'immigration, par conviction,
19:18 j'ai voté le texte sur le nucléaire,
19:20 donc on se prononce par rapport à nos convictions,
19:24 à la conviction qu'on a de savoir si c'est utile ou pas,
19:26 à l'intérêt du pays.
19:28 – Un dernier mot là-dessus, puisque dans son interview,
19:30 Gérald Darmanin a cette phrase, il dit "travaillons dans l'intérêt du pays",
19:33 il y a plein de gens comme Messieurs Buffet, Retaillot, Larcher et Ciotti
19:36 qui y sont prêts, pas vous ?
19:38 – À travailler dans l'intérêt du pays, je pense que…
19:40 – Ah vous n'êtes pas cité ?
19:41 – Je pense que l'histoire montre qu'on n'est pas d'accord
19:48 avec le gouvernement sur beaucoup de choses,
19:50 qu'on est souvent dans le bras de fer,
19:52 mais qu'on est dans un bras de fer constructif.
19:55 – Vous êtes plus dur en affaires que les autres ?
19:56 – On ne peut pas me reprocher, je suis peut-être plus dur en affaires,
19:58 voyez ça comme ça.
20:00 – Mais vous travaillez, vous parlez avec Gérald Darmanin ou pas du tout ?
20:03 – Le problème c'est que je ne suis pas sûr que Gérald Darmanin
20:05 ait vraiment totalement les manettes dans cette affaire,
20:08 ce n'est pas lui qui fait les arbitrages,
20:09 et on sent bien qu'il y a, il le dit lui-même,
20:12 une espèce de division au sein même du gouvernement,
20:16 entre M. Véran, qui ne veut surtout pas qu'on durcisse les règles,
20:19 et M. Darmanin qui veut qu'on les durcisse.
20:20 – Si le gouvernement devait dégainer le 49.3 sur ce texte,
20:23 parce que vous ne lui apporteriez pas votre soutien,
20:25 quelle serait la position ?
20:26 – J'ai dit très clairement que si le gouvernement voulait passer
20:28 à l'Assemblée nationale en force sur un texte qui est laxiste,
20:32 qui aggrave les choses en matière d'immigration,
20:35 plutôt que de les régler à titre personnel,
20:38 moi je souhaite qu'on dépose une motion de censure,
20:40 c'est un sujet sur lequel on n'a pas le droit.
20:41 – Même si ce n'est pas laxiste, Gérald Darmanin dit que ce ne sera pas laxiste,
20:44 ce sera le texte le plus ferme de ces dernières années.
20:47 – On n'a pas le droit de faire semblant que les Français sur ce sujet-là…
20:51 Regardez les sondages aujourd'hui, les Français veulent vraiment
20:55 qu'il y ait une reprise en main, veulent qu'il y ait plus de fermeté,
20:58 on n'a pas le droit de faire semblant.
21:00 – Sur un autre texte, puisque les députés examinent en ce moment
21:03 la loi de programmation militaire,
21:04 est-ce que les députés, les républicains la voteront ?
21:07 – On attendra d'être à la fin du débat, en réalité là encore,
21:11 il y a beaucoup de communication dans ce texte,
21:13 on nous présente un texte, une nouvelle LPM avec un effort très important,
21:19 mais l'effort le plus important ce sera après l'quinquennat d'Emmanuel Macron,
21:22 donc ça ne coûte pas très cher comme promesse,
21:25 ça n'engage que ceux qui y croient, comme disait un sénateur célèbre.
21:31 Donc c'est pas…
21:33 – Qu'est-ce qui va décider votre vote ?
21:34 – On avait demandé un certain nombre de choses au gouvernement,
21:37 notamment de rééquilibrer l'effort, d'anticiper l'effort,
21:40 la guerre sur le territoire européen, c'est pas après 2027,
21:45 c'est maintenant, tous les pays voisins font un effort de défense,
21:50 de réarmement beaucoup plus important, beaucoup plus massif, tout de suite,
21:53 il n'y a que la France qui en réalité ne le fait pas,
21:55 les plus 3 milliards par an que nous annonce M. Lecornu,
21:59 c'est ce qui était déjà prévu au terme de la précédente LPM,
22:02 et en réalité on aura moins de rafales avec cette LPM en 2030
22:08 qu'il était prévu d'en avoir, on aura moins de griffons,
22:11 véhicules terrestres pour la matière, qu'il était prévu d'en avoir,
22:14 on met même certaines de nos industries de défense en difficulté,
22:17 en reportant ces programmes, donc voilà…
22:19 – Donc on fera quoi, un vote contre, une abstention, ou vous pourriez voter ?
22:22 – Ce n'est pas les Français qu'il faut que M. Lecornu impressionne
22:25 avec cet effort de défense, ce ne sont pas les Français,
22:28 ce sont nos potentiels adversaires.
22:30 – Vous organisez aujourd'hui à l'Assemblée Nationale
22:32 une convention sur le logement, est-ce que vous jugez
22:35 que c'est l'angle mort de la politique d'Emmanuel Macron aujourd'hui ?
22:37 – Oui, je crois que c'est un sujet qui n'a jamais beaucoup intéressé
22:40 Emmanuel Macron, qui considère que l'argent investi dans l'immobilier
22:44 c'est l'argent qui dort, on le voit avec sa réforme de l'impôt
22:46 sur la fortune immobilière de l'ISF devenue IFI,
22:50 et vraiment c'est un engouement.
22:51 – Ce n'est pas de l'argent qui dort l'impôt qui…
22:53 – Ce n'est pas du tout, mais d'ailleurs on en a la preuve,
22:57 avec 100 000 logements en moins par rapport à ce qu'il se faisait
23:00 il y a une dizaine d'années, aujourd'hui, depuis le début de l'année,
23:04 35% de maisons individuelles en moins, derrière c'est immédiatement
23:08 des dizaines de milliers d'emplois qui sont menacés dans notre pays,
23:11 ce sont aussi des milliers de Français qui se voient refuser des prêts
23:17 avec la hausse des taux d'intérêt et qui ne peuvent pas accéder à ce rêve
23:21 d'accéder à la propriété, et en fait, chez M. Macron
23:23 il y a beaucoup d'idéologie là-dessus, il s'est converti, je crois,
23:26 à cette idéologie qu'il fallait à tout prix faire renoncer les Français
23:29 à leur rêve de la maison individuelle, d'où une politique très dure,
23:34 d'où ce zéro artificialisation qui aujourd'hui bloque complètement la construction.
23:38 – Merci Olivier Marlex, merci beaucoup d'avoir été notre invité ce matin.
23:42 La une de la DPH Christelle, c'est cette question mort au vache,
23:45 c'est à la une de votre journal, merci beaucoup Christelle.
23:49 On passe au Club des Territoires.